Honnêtement, Andrew ne pensait pas, au départ, qu'il se pointerait au festival. Non pas parce qu'il n'aimait pas. C'était plutôt parce qu'il n'avait pas le temps. Il avait un emploi du temps assez chargé avec son boulot. Ses opérations. Les heures supplémentaires qu'il avait l'habitude de faire. A dire vrai, c'était bien différent de ce qu'il avait pu vivre lorsqu'il était à l'armée ou bien même au Mali. Ses journées étaient, quand même, bien plus calmes. Et surtout, il perdait beaucoup moins de patients. Ca pouvait arriver qu'il y en ait un qu'il ne pouvait pas sauver. Parce que ses blessures étaient trop graves. Parce que c'était pas possible de le sauver, quoi qu'il arrive. Enfin, heureusement que ça n'arrivait pas tous les jours. Parce que notre cher médecin traumato aurait de quoi se remettre en question, c'était certain. En tout cas, il avait décidé de se détendre en ce début de soirée. Car oui. Le soleil commençait doucement sa descente dans le ciel. Se rendre au festival à la tombée de la nuit, c'était mieux. Parce que y'avait des jolies couleurs. Parce qu'il faisait moins chaud. Et parce que c'était bien plus sympa selon Andrew. Il y allait ... simplement pour s'amuser. Passer un peu de bon temps. Et il rentrerait chez lui. L'esprit bien plus tranquille. Sans doute qu'il aurait dû demander à Duncan de libérer sa soirée. Ils auraient pu passer une bonne soirée entre potes. A boire quelques bières. A manger des cochonneries. Et à s'amuser. Ouais ... Bah, de toute manière, ce n'était pas comme si le festival allait se terminer le jour suivant. Ils auraient bien l'occasion de s'y rendre tous les deux à un autre moment. Le brun avait eu un hochement de la tête. Il avançait, tranquillement, regardant les différents stands, les différents manèges qu'il y avait. De belles choses. De chouettes choses. Il ne savait pas sur quoi il allait jeter son dévolu. Du moins, jusqu'à ce que son regard croise celui d'une jolie brune qu'il avait rencontré ... y'avait pas si longtemps que cela. Elle semblait être seule ... Et se diriger vers les auto-tamponneuses. S'il avait pensé une seule minute à la croiser ici ! Le monde est petit. En tout cas, Andrew s'était également dirigé vers les auto-tamponneuses. Il voulait pas jouer les mecs collants. Mais qu'on se le dise. Elle lui avait tapé dans l'oeil avec sa répartie. Elle l'intéressait. Oui. C'était certain. De là à ce que l'inverse soit vrai ... Enfin, en même temps, comme le dit le vieux proverbe, qui ne tente à rien. C'était sa chance. Ou pas.
Une fête foraine ? Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Cet endroit grouillait de monde, c'était peut être même l'un des pire lieux qui existait sur terre en matière de rassemblement humain. Elle était là, debout au milieu de la foule. Une robe blanche, une paire de ballerine rouge aux pieds et un sac noir à la main. Le vent qui battait dans les cheveux, et l'angoisse qui courait dans les veines. Et la perpétuelle question qui planait comme une épée de Damoclès au dessus de son crâne ; qu'est-ce qu'elle était venu faire ici ? A vrai dire, elle n'en avait aucune idée. La vie était faite de ces petits moments d'impulsivité. De décision prise sur un coup de tête, ou peut être voulait-elle prouver quelque chose. Au monde, à elle même. Prouver qu'elle était capable, malgré les apparences, de côtoyer d'autres enveloppes charnelles, de bousculer d'autres âmes ; se perdre dans la toile des liens humains. Elle prend son courage à deux mains, une boule dans le ventre, de légers tremblements qui animait son corps. Lentement, un pas devant l'autre, elle s'avance. Ses pupilles dorées observent les alentours, tentent de capturer les moindres parcelles de décor. Ses tympans captent toutes sortes de bruits, de rires qui se mélangent aux hurlements. Un sentiment de joie qui devait être une sorte d'épidémie par ici. Comme si c'était contagieux. Pouvait-elle l'attraper ? Le risque n'était pas des moindre. Si elle se laissait aller, elle pourrait sûrement s'amuser. Encore fallait-il se détendre.
Elle ne se rendait même pas compte que perdue dans ses pensées, elle s'était égarée dans un coin de la fête foraine. Il y avait cependant toujours autant de monde. Elle soupira. Il fallait qu'elle s'assoit, elle commençait à avoir mal aux jambes à force de marcher sans but. Un banc, elle devait trouver un banc. Et justement, il y en avait un. Mais avec la chance d'un Vendredi treize, il y avait quelqu'un dessus. Tournant la tête, elle remarque un stand, celui des auto-tamponneuse. Quoi de mieux pour luter contre son aversion de la foule en lui fonçant dessus? Le modèle turquoise lui faisait de l’œil, elle grimpa aussitôt dedans. Son regard se ballade sur les autres auto-tamponneurs. Elle plisse les yeux, intriguée. Un des visages lui parait familier. John ? Mathew ? Comment il s'appelle déjà ? Un client de la bibliothèque ? Un des ex-petits d'une de ses sœurs ? Impossible de se souvenir. Puis soudain, l'illumination. Monsieur le forain ? Je pourrais avoir les papiers de ce véhicule, la police des parkings est là ! scanda t-elle assez fort pour être entendu par le jeune homme mais pas assez pour vraiment l'être du forain. Elle n'aimait pas la foule, mais une personne à la fois, elle savait gérer et à dire vrai, elle attendait beaucoup de la possible répartie du jeune homme. Être seule à une fête foraine, c'est triste mais se trouver un possible adversaire à énerver juste avant de commencer un tour d'auto-tamponneuse, ça pouvait être sympa.
Il ne savait pas pourquoi. Mais y'avait un truc chez cette femme. Ils ne s'étaient rencontrés qu'une fois. Ils n'avaient discuté qu'une fois, là, sur cette place de parking. Ils n'avaient pas fait grand chose de plus que se parler et rire un peu. Et pourtant ... Andrew ne savait pas. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il y avait une connexion avec elle. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il pouvait y avoir quelque chose entre eux. Mais elle l'intriguait. Et dire qu'il ne connaissait que son prénom. Malia. C'était tout ce qu'il savait d'elle. Et la marque de sa bagnole. Et c'était bien tout ce qu'il connaissait d'elle. Mais ce n'était pas pour autant qu'Andy allait lâcher l'affaire. Non. Qu'elle soit ici, c'était une preuve, une chance pour lui qu'ils pourraient, à nouveau discuter. M'enfin, en même temps, ça allait être compliqué ... Dans le sens où elle venait de s'installer dans une voiture. Faire des auto ? Ca faisait super longtemps qu'il n'avait pas été dans l'une d'entre elles. La dernière fois, ça devait remonter à quelques années, qund il était en permission et que sa petite soeur l'avait tanné durant des lustres et des lustres pour qu'il l'emmène à la fête foraine et qu'ils passent un bon moment tous les deux. Alors, pour éviter une grosse colère, il avait fini par céder. Et il l'avait emmenée. Tout simplement. Et il n'avait pas regretté. Y réfléchissant à deux fois, il avait fini par se rapprocher du forain afin de prendre un jeton. Il aurait pu en prendre plus. Mais il ne savait pas trop si ... Et bien, ce qu'elle ferait ... Après ce premier tour. En fait, ça dépendrait d'elle. Il avait fini par se rapprocher d'une voiture. Une rouge. Tandis qu'elle se foutait de sa gueule. "La police des parkings va vous verbaliser." Lui avait-il dit dans un sourire, tout en s'installant. "A moins que la police des parkings oublie carrément son boulot et qu'elle finisse par emboutir toutes les voitures sur son passage." Ouais. Il aimait bien les auto-tamponneuses. Pourquoi ? C'était sympathique. Il est vrai qu'il fallait éviter d'y aller comme un bourrin ... pour pas voir trop de bleus. Mais à dire vrai, il s'en foutait. "A croire qu'on est destinés à se croiser au détour d'une voiture à chaque fois." Ouais. Sans doute le destin. Non, pas vraiment. Il l'avait vue. Et il avait fait exprès de venir jusqu'à elle. C'était tout.
La fête foraine, Malia y avait vue bien plus de choses en l'espace de ce laps de temps, que dans sa vie toute entière. Elle avait découvert des gens, au talents exceptionnels, aux personnalités qui sortaient de ce qu'on aurait pu qualifier de "normal". Tout le monde ici, semblait être arrivé avec sa valise de problèmes, de secrets. Pas un seul instant, elle n'avait croisé quelqu'un qui ne souffrait pas, se remettait en question, ou se méfiait des autres. Et elle, dans tout ça ? Elle avait changé. Était devenue plus froide, plus méfiante, plus distante. Elle avait déversé du béton tout autour de sa bulle, histoire d'être sûre que personne n'essaie d'y rentrer. Un son strident retentit. Le son annonçant la fin officiel du tour précédent, donc le début de son tour d'auto-tamponneuse. D'un mouvement rapide, tout le monde se dirigea vers la sortie. Pourquoi autant d'agitation ? C'est vrai qu'ils manquaient d'air. Que les tensions semblaient avoir aspirés tout l'oxygène dans l'amphithéâtre de la fête, et que lentement, les poumons se meurent. Elle, elle resta là. A regarder cette marée humaine se bousculer pour franchir la sortie. Qu'ils étaient fatigants. Qu'ils étaient épuisants. Leurs voix se mêlaient dans une cacophonie assourdissante. Elle perçue quelques bribes de paroles, où l'avis était plus ou moins général. Puis, son regard se reposa sur son futur adversaire. Sans savoir pourquoi, en croisant son regard, elle se pu s'empêcher de sourire. Son regard se posa successivement sur ses bras et son torse, et ne pouvant réprimander un soupir devant cette musculature.
Malia resta comme ça de longues secondes, ni trop loin, ni trop près. A observer ce garçon qui se découpait entre les couleurs vives des attractions, et les rires des enfants. La voix de l'inconnu parvient à ses oreilles. Sa voix grave l'interpella. Il avait un timbre neutre, avec une pointe de chaleur. Il ne semblait pas froid, ni même méchant. Son ton était sarcastique, mais amusant voire plaisant. Que fallait-il répondre ? Elle ouvrit la bouche pour répondre quelque chose d'aussi sophistiqué que son interlocuteur. Elle se tourna légèrement, haussa un sourcil. Allait-elle continuer ? Elle ne pouvait tout de même pas s'arrêter sur une remarque aussi légère, pas comme ça. Elle se tourna entièrement pour lui faire face, tout en restant assise dans son auto. Elle enleva son gilet qu'elle posa sur la rambarde, espérant secrètement qu'un coup de vent ne viendrait pas le kidnapper et l'emporter. Votre travail ne se limite qu'aux places de stationnement ? Pourtant ces pauvres auto innocentes sont par extension des voitures... Et sans voiture pas de parking... Pas de parking, pas de police des parkings ! Cherchant une pique à renvoyer, elle se rétracta à sa dernière phrase. Un compliment ? Il était heureux de la revoir ? Non, impossible. Comment pouvait-elle émettre une telle déduction ? Et puis, le destin elle n'y croyait pas trop. Avait-il une vision spéciale, ou quelque chose dans le genre ? Malia n'avait toujours rien dit. Elle oubliait parfois qu'en présence d'humain, il fallait poursuivre la conversation, et ne pas laisser planer les paroles de l'autre dans le vide. Secouant la tête, la naturel revient au galop. Le naturel de sa carapace. Je vais devoir m'opposer à vous pour vous empêcher d'emboutir tout le monde ... Votre sacrifice profitera à la tranquillité des usagers de la piste !Elle passa une main dans ses cheveux, démêla quelques nœuds au passage.
Si ça n'avait pas été pour discuter avec Malia et passer du temps avec elle, par la même occasion. Oui, bon, il était vrai qu'ils étaient dans deux voitures différentes et que ça aurait pu être bien plus amusant s'ils avaient été dans la même. Mais en même temps, voilà, ils allaient, en quelque sorte, jouer l'un contre l'autre. Et ils seraient comme des gamins qui s'amusaient. Ni plus. Ni moins. Elle avait fait tomber son gilet et elle attendait, tranquillement, à présent, que le manège se mette en route. Elle venait de lui balancer une pique. Sur le fait que les auto-tamponneuses étaient des voitures. Et qu'il faudrait qu'il finisse par faire son boulot. Enfin, c'était ce qu'il avait compris. Mais il n'était pas certain d'avoir réellement compris toute la logique de la demoiselle. Alors, il s'était contenté d'un léger haussement des épaules. "Mais si y'a pas de police des parkings, alors, les gens, ils mettraient leurs voitures n'importe où. Et ça provoquerait des accidents." En gros, ouais, Andrew défendait la police des parkings. Même si, dire vrai, ça devait pas être un vrai métier. Sans doute qu'elle en tomberait des nues quand elle apprendrait qu'il était même pas flic mais médecin. Bah ouais ... Est-ce qu'il devait lui dire ? Faudrait bien ... Faudrait bien. Sans doute qu'il ferait durer le suspens encore un peu. En tout cas, oui, à sa manière, il venait de lui dire qu'il appréciait de la revoir. Même si elle pouvait se montrer un peu peste avec lui. En même temps, hein, c'était lui qui avait commencé la dernière fois. En tout cas, Malia semblait prendre ça avec le sourire et elle allait faire en sorte d'empêcher Andrew d'emboutir tout le monde. "J'dirais plutôt que c'est votre sacrifice qui va profiter aux autres." Il s'était quelque peu penché au niveau de son volant, posant ses deux bras dessus en attendant que ça veuille bien commencer. "Venez pas vous plaindre, hein, si j'vous rentre dedans." C'était elle qui avait lancé les hostilités, cette fois-ci. "Moi j'dis que si j'arrive à vous bloquer, vous serez obligée de boire un verre avec moi." Ouais. Une manière déguisée de lui dire qu'il avait bien envie de boire un verre avec elle. "Et si c'est vous qui arrivez à me bloquer ... j'vous dirais en fait quel boulot je fais." Ouais. Bon. C'était un pari un peu stupide. Mais amusant quand même. "Et si jamais on s'fait coincer par des plus jeunes ... Et bien, on passera un moment à la fête foraine." Oui, en gros, il n'avait pas envie de la lâcher tout de suite et ça lui plairait beaucoup de passer un peu de temps avec elle. "Deal ?" avait-il fini par lui demander. "A moins que vous ayez peur." Oui, bon, c'était pas très sympathique de sa part de dire cela. Mais au moins, il était à peu près sûr qu'elle accepterait le défi. Enfin, il l'espérait.
Cette fête foraine compte une grande roue, des montagnes russes, des carrousels, la pêches au canard, une maison hantée, un palais des glaces, des tasses tournantes, un stand d'auto tamponneuse et pleins d'autres surprises... Et pourtant, au hasard d'un seul stand, son premier arrêt d'ailleurs, elle croise ce jeune homme pour la deuxième fois. Leur première rencontre l'avait prise de court. Il l'avait surprise, elle ne l'avait pas vu venir et il l'avait prise au dépourvu. Malia n'avait eu comme réflexe que de montrer les griffes. Cette fois ci, elle essayait, à sa manière, d'être un peu plus amicale mais elle avait perdu l'habitude de le faire. En y réfléchissant, provoquer un homme en duel et lui foncer dessus avec une auto-tamponneuse n'était peut-être pas le meilleur moyen de lui faire comprendre qu'il lui plaisait. C'était peut-être un peu tôt pour dire s'il lui plaisait en fait... Elle ne savait pas, peut-être même n'était-elle plus très sur de savoir ce qu'on ressentait dans ce cas là. Cinq ans après son divorce, elle n'avait pas eu de vie sentimentale. Ni flirt, ni rendez-vous, rien. Pourtant, même en ignorant tout de ce jeune homme, elle ne pouvant plus s'empêcher de le regarder. Il était plaisant, ça au moins, elle en était sûr. Ce dont elle était sûr également, c'est qu'elle fut toute chamboulée quand il énonça les enjeux de leurs duels. Très bien, j'accepte le deal ! Dans deux cas sur trois, ils passeraient un moment ensemble. L'idée lui parut aussi séduisante que le jeune homme lui même.
Mais en même temps, cette même idée la pétrifia. Pour ne rien laisser transparaître, elle posa ses mains sur le volant et répondit sur un ton de défi. Je ne perd jamais ! Autant me donner votre curriculum immédiatement... Je le transmettrais à la mairie pour que soit vraiment crée une brigade de police des parkings. Ça vous va bien comme métier en fait. Malia avait quand même l'impression de s'enfoncer dans son délire. La première fois avait été drôle, la seconde fois était limite, mais le comique de répétition était lassant. D'habitude, elle n'avait pas ce problème, pourtant, aujourd'hui quelque chose la troublait. Ce pourrait-il que le jeune homme lui fasse cet effet ? Elle préféra se concentrer sur son auto pour se plus se laisser distraire. Bien sûr, elle était tenté par l'idée de le laisser gagner pour passer du temps avec lui mais elle détestait perdre. D'autant plus qu'elle paniquait déjà à l'idée de ne pas savoir quoi dire ou faire dans le cas d'une sortie. Malia rapporta donc son attention sur l'attraction elle-même. Elle sonda le terrain en position de combat, elle attendait, elle avait des envies de tout chambouler. Le jeu démarra, Malia appuya sur la pédale puis soudainement, une panne, qui arrêta son auto brusquement. Elle manqua de s'envoler à cause de l’arrêt forcé.
Honnêtement, Andrew espérait l'avoir piquée au vif. Il espérait qu'elle allait accepter le défi. Dans le cas contraire, il en serait profondément déçu, oui, mais il ne lui en voudrait pas pour autant. Alors, il attendait tranquillement qu'elle veuille bien lui répondre. Elle n'avait pas réfléchi bien longtemps. Durant une fraction de secondes. Peut-être un peu plus. Il n'aurait su dire combien de temps cela faisait réellement. Il se pinçait les lèvres. Il était pendu aux lèvres de la jolie brune. Il attendait. Patiemment. Et puis, finalement, elle prononça un mot. Un seul mot. Mais il en était ravi. Elle venait d'accepter. "Bien, vendu alors !" avait-il ajouté dans un sourire. "Mais si d'aventure vous souhaitez modifier le pari ou bien rajouter un gage ou que sais-je encore, j'suis prêt à vous entendre." Ouais, parce qu'il avait dit ce qui venait de lui passer par la tête. Et peut-être que Malia avait des choses à ajouter. Peut-être qu'elle voulait rajouter autre chose. Un gage. Ou que sais-je encore. En tout cas, il avait très envie de gagner. Parce qu'il avait très envie de passer du temps avec elle. Parce qu'il avait très envie d'apprendre à la connaître et que c'était une bonne occasion de le faire. Malia avait renchéri sur le fait qu'elle ne perdait pas et qu'elle ne comptait pas perdre. Et elle avait continué avec la blague sur la police des parkings. "Et bien, au moins, quand je me ferais virer de mon boulot, je saurais où postuler alors." Enfin, ça existait pas vraiment mais bon. C'était pas bien grave. En tout cas, il était temps. Temps de mettre les engins en route. Et temps, bien évidemment, de commencer le jeu. Ca aurait été amusant s'ils avaient été dans le même véhicule et qu'ils s'étaient amusés à foncer sur les autres. Mais là, ils n'étaient que des adversaires. Là, ils allaient faire en sorte de blesser l'autre. Enfin, blesser n'était pas vraiment le bon terme puisque c'était pas aussi dangereux que cela des auto-tamponneuses. On pouvait se retrouver avec quelques bleus. Oui. Andrew le concevait. Mais bon, il espérait bien que ça n'irait pas jusque là. Il n'avait clairement pas envie de faire mal à la jeune femme. Il n'avait pas envie qu'elle lui en veuille ou un truc dans le genre. Le top fut donné. Et Andrew avait appuyé sur la pédale d'accélérateur, tout en tournant son volant vers la droite, avant de le rabattre vers la gauche. Et il avançait, tranquillement, enfin, rapidement quand même, vers Malia. "Et bien alors ? Vous avez un souci ? Vous abandonnez déjà ?" avait-il demandé dans un certain sourire. Il se rapprochait dangereusement d'elle. Et bang. Il y eut un premier contact entre les deux véhicules. Oh, pas de quoi fouetter un chat parce qu'il avait levé sur le pied de l'accélérateur quelques secondes avant de la toucher. Il se montrait ... clément. Pour le moment. Mais il n'était pas certain qu'il continuerait comme ça tout le temps. "Allez, allez ... j'vous attends." Il la narguait. Un peu. Beaucoup. Andrew se fit rentrer dedans, mais pas de quoi de le faire décoller de son siège. Il avait fait en sorte de tourner autour du véhicule de Malia. Il attendait. Qu'elle réagissait. Il se méfiait quand même. Mais bon. Ca l'amusait. Il jouait avec ses nerfs.
L'auto-tamponneuse ne redémarrait toujours pas, et Malia fut frappée de pleins fouet par son adversaire. Non seulement par son auto-tamponneuse mais aussi, par les traits de son visage. Il lui avait pourtant été donné de croiser un bon nombre d'hommes conséquent mais pas comme celui là. Ses yeux étaient très clair. Bleu. Un bleu si pâle qu'il semblait limpide, transparent. Quelques tatouages le long de ses bras. Il semblait être à lui tout seul, une œuvre d'art. Quelque chose de ténébreux. Mais rien de dangereux. Alors, quand elle eu finit de se remettre de toute ces émotions dans sa tête, elle rougit. Comme une enfant devant son idole, ou face à une figure mythique, un super-héros, un ours en peluche de quatre mètres. Elle se demandait quelle impression elle lui faisait. Il semblait vraiment sorti d'un roman. Peut être qu'à cette heure-ci, son créateur était à sa recherche. Il se met à lui sourire. C'était un réel paradoxe. Un mouvement si simple, si banal, mais pourtant tellement chaleureux. Et d'une simple phrase, son cerveau entra en ébullition. Mais si d'aventure vous souhaitez modifier le pari ou bien rajouter un gage ou que sais-je encore, j'suis prêt à vous entendre. Sa proposition fut alléchante, même parfaite pour Malia, qui se bascula en avant, faisant craquer les jointures de ses doigts en souriant. Le retour du sourire polisson, longtemps porté disparus, faisait son retour. Celui des deux qui se fait le plus percuter, invite l'autre à dîner dans le restaurant de son choix ! proposa la demoiselle, s'étonnant elle-même d'une aussi soudaine confiance, d'une telle spontanéité avec un inconnu qui plus est... Mais quelque part, ne rien savoir de lui rajouter un peu de piquant à l'histoire. Je préviens à l'avance, j'ai des goûts de luxe et j'adore les grands restaurants ! renchérit-elle, de manière à sous-entendre qu'elle se voyait déjà gagner. Alors que même si elle perdait, elle se savait gagnante de passer une potentielle soirée en sa compagnie.
Il fallait agir et rapidement. Malia refit démarrer son engin. Que le spectacle commence ! Rapidement et comme une fusée, elle reprit route avec son auto-tamponneuse. A chaque fois qu'elle passait à côté de quelqu'un, elle désignait son adversaire, souriante comme une enfant, en disant à qui voulait bien l'entendre Visez le monsieur là ! Malia appuya sur la pédale, et d'un ronronnement satisfait, la voiture se mit à avancer plus vite. Elle filait comme le vent la petite princesse, sur son beau destrier blanc vers le prince charmant. Bon, ce n'était peut-être pas tout à fait ça mais après des années sans hommes dans sa vie, c'était tout comme. Oubliant les limites, filant entre les autres joueurs, souriant comme une idiote. Elle s'amusait, ça, c'était un fait. Voilà même qu'elle faisait des bonds partout sur son siège. Bien qu'en réalité elle cherchait du regard le beau-gosse. Malia était légèrement déstabilisé par ce type, un peu trop sexy pour n'être que balayé du regard, et un peu trop charmeur pour ne pas rougir comme une imbécile. Elle ne mit pas longtemps à le chercher d'ailleurs. Mais voilà qu'il se mit en recul, une faille, il fallait en profiter de ce pas ! Malia appuya sur la pédale et fonça, laissant ses cheveux bruns voler derrière elle. GERONIMO Idée relativement merdique visiblement. Le choc fut assez violent pour Malia, pas pour le jeune homme visiblement. Ses cheveux lui tombaient devant les yeux, et c'était assez embêtant, d'un geste de la main elle se recoiffa en les basculant en arrière. Tournant la tête, elle laissa s'échapper un petit gémissement et posa instinctivement sa main sur sa nuque. Dieu que ce jeu était atroce pour les cervicales. Et voilà que son auto refusa de nouveau d'avancer. Ainsi à l'arrêt, elle n'était plus qu'une proie facile...
Les auto-tamponneuses, mine de rien, c'était une grande histoire qu'il entretenait avec ces dernières. Parce que combien de fois il s'était rendu à la fête foraine avec sa petite soeur. En fait, à chaque permission qu'il avait, il y allait. Pour lui faire plaisir. Et lui montrer qu'il était là. Et qu'il continuait de penser à elle, et ce même si elle était loin de lui. Sa petite soeur, oui, c'était son petit rayon de soleil. Il l'adorait. Et c'était sa manière à lui de se faire pardonner pour toutes les fois où il avait été loin d'elle. Et maintenant ... Et bien, il allait songer à la ramener au festival, même si elle était un peu grande. mais bon. Il était sûr et certain qu'elle allait adorer cela à nouveau. Ca lui permettrait de passer un peu de temps avec son frangin. Mais revenons-en plutôt à ce qui nous intéresse et au fait que ... Et bien, qu'Andrew venait de lui lancer un petit défi. Elle n'était pas obligée d'accepter. Elle pouvait très bien refuser ou bien même se défiler mais à dire vrai, tout ce qui lui importait, c'était de passer un peu de temps avec elle. Ouais. Alors, il espérait sincèrement qu'elle n'allait pas se défiler. La laisser gagner ? Hors de question. Il n'avait pas envie que ça se produise. Mais peut-être qu'il devrait la laisser gagner. A voir. Il allait y réfléchir. La jeune femme renchérit sur le deal qu'ils venaient de faire. Celui qui se faisait le plus percuter devait inviter l'autre dans le restaurant de son choix. "C'est pas vraiment un gage si c'est plaisant. Non ?" avait-il demandé en haussant des épaules. "Mais vendu. On l'fait." avait-il dit en hochant la tête. Il était même ravi de le faire. De perdre rien que pour passer un peu de temps avec elle. Ca serait sympa. De cela, il en était pratiquement certain. Elle ajouta, également, qu'elle avait des goûts de luxe. "Au pire, on fera la planche tous les deux si on peut payer le resto." Andrew n'avait pas problème d'argent. Non. Mais il ne voulait pas lui laisser croire qu'il claquait ses tunes également. En tant que chirurgien, il gagnait bien sa vie. Pas de doute là dessus. Quoi qu'il en soit, le jeu avait fini par démarrer. Malia avait eu un peu de mal avec sa voiture. Un peu récalcitrante l'engin. Mais ce n'était pas grave. Parce qu'elle avait fini par réussir à la démarrer. Andrew se faisait, de temps à autre, un peu heurter par les autres. Il avait été pris pour cible. Mais c'était pas bien grave. Il perdrait volontiers si ça lui permettait de passer une chouette soirée avec Malia. Alors, pourquoi pas ? "Visez la brune ! Elle pense pouvoir nous foutre la honte à tous !" Elle avait utilisé un coup bas. Il en avait fait de même après tout. Cette fille ... Ouais. Cette fille l'intriguait. Il souhaitait en savoir plus sur elle. Il avait envie de savoir qui elle était. Ce qu'elle faisait dans sa vie. Il était curieux. Parce qu'elle lui avait tapé dans l'oeil. Parce qu'il se verrait bien tenter quelque chose avec elle. Enfin, si elle était intéressée. Ce n'était peut-être pas le cas. Peut-être qu'elle ne voyait en lui qu'un gros lourd. Peut-être bien. Qu'elle lui dise tout de suite. Ca l'ennuierait fortement mais bon. Au moins, il ne perdrait pas son temps ... Quoi que ... Andrew pouvait se montrer acharné. Contre toute attente, Malia était revenue vers lui. Une attaque frontale à laquelle elle ne s'était pas vraiment préparée. Mal à la nuque. Le pire, c'était qu'Andrew n'avait pas hésité une seule seconde à revenir à la charge et à la percuter par derrière. "Faites gaffe quand même. Ca serait dommage que vous vous fassiez mal." Quoi que si elle perdait connaissance, il serait le premier à lui faire du bouche à bouche. D'une, parce que c'était son boulot. De deux, parce qu'elle était jolie et que ça lui plairait bien de la sauver. Mais boulot avant tout quand même.
Il y avait quelque chose d'agréable dans le regard et l'attitude de ce jeune homme, avec un peu de chance elle allait pouvoir s'amuser en bonne compagnie pour le reste de l'après-midi ! Oh, avant que vous acceptiez j'ai peut-être oublié de préciser que le perdant irait au restaurant en maillot de bain ? Elle lui adressa un large sourire. En fait, elle n'imaginait même pas une seconde de perdre. D'ailleurs, même si elle n'avait pas vraiment l'avantage pour l'instant, elle avait déjà tout prévu dans sa tête. Elle savait comment elle finirait par gagner. Malia se rendait compte qu'elle agissait comme une enfant de maternelle. Elle avait clairement le béguin pour lui et, plutôt que d'agir en adulte et l'aborder clairement, elle préférait lui déclarer la guerre de l'auto-tamponneuse. Bien. Très Mature. Manquerait plus qu'il s'enfuit en courant et c'est la cerise sur le pom-pom, ou sur le gâteau peu importe... A l'instant où il l'a mis en garde, elle craqua complètement, elle tombait sous le charme. En plus, il était attentionné ? En définitive, c'était impossible, Malia devait être en plein rêve éveillé. Sa nuque s'était brisé, elle était morte ou dans le coma sans doute. Vous comptez justifier votre défaite comme ça ? En me disant que c'était pour me préserver ? souria Malia sur un ton de défi tout en arquant un sourcil, Vous êtes dans une auto-tamponneuse, pas sur un cheval blanc alors, qu'est-ce que vous attendez pour me rentrer dedans ? ... Ok. C'était quoi le dicton déjà ? Tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ? Un truc dans le genre qui lui aurait éviter de prononcer les mots rentrer dedans, lourd de sens et d’ambiguïté. Malia devint écarlate et braqua le volant de son auto qui redémarra finalement au quart de tour. Elle priait dans sa tête pour qu'il ne la prenne pas pour une dévergondée ou une folle furieuse, au quel cas, il serait bien déçu.
Des gamins. Ils se comportaient tous les deux comme des gamins alors qu'ils étaient tous les deux des adultes et qu'ils avaient passé la trentaine. C'était dingue, quand même, de se retrouver à faire des bêtises de ce genre. A s'amuser comme des petits fous. Mais ça faisait du bien. Ca faisait beaucoup de bien même. Il fronça quelque peu des sourcils tandis qu'elle ajoutait que le perdant irait au restaurant en maillot de bain. "Perdant et gagnant je dirais. Parce que c'est pas drôle sinon." Et puis, hein, il avait plein de short de bain. Donc, ça le dérangerait sans doute pas. Surtout s'ils se trouvaient un chouette petit restaurant au bord de mer. Ils pourraient éventuellement manger dehors également. Ouais, ça pourrait être sympathique. Pour sûr. Après, est-ce qu'elle allait pas se rendre compte qu'elle exagérait un peu et que ça pouvait finir par se retourner contre elle ... En tout cas, ça amusait notre grand brun et pas qu'un peu. Il était comme un adolescent d'une quinzaine d'années qui tournait autour de la demoiselle. Ouais. C'était un peu puéril tout ça. Mais bon, ce n'était pas bien grave. Ca l'amusait. Et c'était bon de rire. De déconner. De penser à autre chose que le travail. De se dire qu'il se foutait bien que sonne son téléphone. Qu'il ne répondrait pas si l'hôpital appelait. Enfin, si y'avait vraiment de grosses urgences, ouais, il serait obligé d'y aller. Mais il ne voulait pas y penser, préférant ne pas se porter la poisse. En tout cas, ils se tournaient autour. Parfois, un autre véhicule le percutait lui. Ou bien même la jolie brune. C'était du beau. Y'avait pas à dire. Ca partait dans tous les sens. Et il riait de bon coeur. Inquiet, quand même, quand elle se faisait percuter fort par un autre véhicule que le sien. Manquerait plus qu'elle se fasse mal. "Vous n'arrêtez pas de dire que c'est moi qui vais perdre. Mais ça sera peut-être vous au final." Ou pas. L'important, ce n'était pas de gagner. L'important, c'était de passer du temps avec Malia. C'était tout ce qui lui importait. Elle renchérissait. Il était pas un prince. Elle était pas une demoiselle qu'il devait sauver. Alors, qu'il se bouge le cul. Il la regarda, étonné. Heureusement qu'il n'avait pas l'esprit mal tourné mine de rien. Parce que ça aurait pu porter à confusion ce qu'elle venait de lui dire. Enfin, c'était carrément une invitation, ou presque, si on y regardait de plus prêt. Mais en même temps, ça le ravissait. Parce que ça voulait peut-être dire qu'ils pourraient bien s'entendre tous les deux. "Puisque vous insistez madame, en ancien militaire que je suis, je vais vous rentrer dedans." Et il était arrivé à toute balle sur la voiture de Malia. Non, il n'y avait pas été doucement. Elle voulait de l'action ? Du rentre-dedans ? Et bien, il allait le faire. Pour sûr. Avec ce petit sourire au coin des lèvres. Et tandis qu'il tournait le volant pour revenir vers elle à toute vitesse, les véhicules s'arrêtèrent. "Oh mince ... On s'est trop cherchés !" Ils n'avaient pas pu bien en profiter. Enfin, ils avaient, au moins, établi le contact.
Ses joues se teintèrent de rouge à sa vue, toujours gênée par sa précédente remarque. Heureusement, il avait l'air de plutôt bien le prendre, sans doute c'était-il rendu compte qu'elle avait parlé trop vite, sans réfléchir. Un ancien militaire. Décidément, il semblait être un jeune homme pleins de surprises. Très à foncer sur l'auto de Malia, elle fut sauvée quand le tour prit fin et que les autos s'arrêtèrent toutes. Le problème était là finalement, tant qu'elle pouvait se cacher dans son auto, elle se sentait en confiance mais là, elle devait en descendre et affronter le jeune homme en face à face. Cette idée la terrifiait. L'idée qu'il lui plaisait la terrifiait. Tout la terrifiait. Et pourtant, quand elle plongeait ses yeux dans les siens, tout était calme et serein. Il était temps qu'elle se prenne en main. Malia prit une profonde respiration, sortie de son auto et d'un pas rapide, se dirigea vers le véhicule de la police de parking... Alors que, visiblement, il s'apprêtait également à en descendre, elle posa sa main sur épaule et appuya dessus, comme pour l'empêcher de se lever et le forcer à se rassoir. De son autre main, elle planqua sa robe blanche fermement contre sa cuisse avant d'enjamber l'auto et s'installer confortablement à ses côtés. Elle se pencha vers l'avant du véhicule et y inséra un jeton pour permettre à l'auto de démarrer au prochain tour. Et si on partageait une auto ? proposa, ou plutôt imposa Malia avec un sourire pétillant. D'ailleurs... Je n'ai pas l'habitude de monter dans la voiture d'un inconnu, il serait peut-être temps que je m'inquiète de ne rien savoir sur vous ? Son impulsivité soudaine l'avait conduit directement aux côtés de cet homme dont elle ne savait rien, à part le fait qu'il lui avait tapé dans l’œil. Mais sa méfiance naturel revient au galop, lui faisant remarquait qu'elle ne c'était pas présentait mais qu'il l’appelait par son prénom depuis le début. Une fois n'était pas coutume, elle tentait de faire taire son fort intérieur qui lui disait de prendre ses jambes à son coup et de s'enfuir. Pour une fois, elle voulait écouter cette toute petite voix au fond de sa tête qui lui disait de se laisser aller, de vivre sa vie à fond.
Diantre ! Le tour était fini. Et c'était bien dommage. Andrew aurait bien aimé la percuter un peu plus. Histoire ... Et bien, histoire qu'ils passent un peu plus de temps ensemble. Il n'avait pas envie de s'en aller. Il n'avait pas envie de lui tourner le dos. Il avait envie de rester un peu plus longuement avec elle. Il avait envie d'apprendre à la connaître. Il avait envie de savoir qui elle était. Ce qu'elle pouvait faire dans la vie. Ce qu'elle aimait faire. Il avait envie de la découvrir. Oui. Peut-être que ce n'était pas réciproque et qu'elle n'avait clairement pas envie de savoir qui il était. Mais qu'importe. Andrew était du genre acharné à dire vrai. Et il lâcherait pas facilement. En tout cas, le tour était terminé. C'était fini. Mais contrairement à toute attente, c'était pas totalement fini. Dans le sens où, alors qu'il commençait à se lever, elle s'était rapprochée de lui. Et elle s'était même installée dans la même voiture que lui. Elle avait de l'audace. Il était étonné. Très étonné. Voilà qu'elle lui proposait de partager une voiture. De la surprise pouvait se lire sur son visage. Mais il était également heureux qu'elle ait pris les devants et qu'elle soit venue le rejoindre dans son véhicule. "Et bien ... Euh ..." Il cligna des yeux. C'était étonnant. Il était bouche bée. Y'avait pas à dire. Mais il était ravi. "Oui, on a qu'à faire ça." avait-il dit dans un hochement. "Et comme je suis galant, c'est vous qui allez conduire." Ouais. Ou pas. Ca dépendrait de ce que la jeune femme allait lui répondre. D'ailleurs, en attendant que le manège redémarre, elle avait envie, semble-t-il, de faire un peu la conversation. "On dirait pas. On dirait justement que vous avez l'habitude de le faire." Oui, il se moquait un peu. Et alors ? "J'sais pas grand chose sur vous non plus. Moi j'dis qu'il faudrait qu'on trouve un coin sympa pour boire un verre ensemble et pour mieux apprendre à nous connaître." avait-il dit dans un hochement de la tête. "Non pas qu'on pourrait pas discuter dans cette petite voiture. Mais le truc, c'est qu'on risque de se faire bousculer par les plus jeunes et on arrivera pas à causer correctement." Enfin, si, mais bon, c'était une manière de lui dire qu'il avait envie de passer un peu de temps avec elle. "Moi, au passage, c'est Andrew." avait-il fini par lui dire. Parce que oui. Il ne connaissait pas son prénom. Elle non plus. Ils ne s'étaient pas vraiment présentés lors de leur première rencontre, sur la place de parking. Il était peut-être temps de se présenter ?
Ainsi donc, le jeune homme répondait au doux prénom d'Andrew.Enchanté, moi c'est Malia ! Il lui proposait de choisir un lieu plus tranquille, qu'ici au milieu des autos, ils seraient déranger par les bruits et les chocs. Le danger ? Moi je ris du danger !Oh. Mon. Dieu. Venait-elle sérieusement de citer le Roi Lion, à ce moment précis ? Il n'y avait pas à dire, Andrew lui plaisait tellement qu'elle en perdait les pédales et disait un peu trop souvent n'importe quoi depuis tout à l'heure. Il risquait de la prendre pour une folle. Hors de question ! La jeune femme ne cherchait pas spécialement à le draguer, elle était juste gentille et avait envie de donner le sourire à ce garçon qu'elle trouvait sympathique. D'accord, d'accord, elle cherchait à le draguer ! Un peu. Beaucoup. Passionnément ? On verra. Concentrée dans la conversation, elle n'aperçut que relativement tard que l'attraction recommençait et qu'un auto-tamponneuse fonçait droit sur eux. Attention ! Malia se retourna instinctivement en voyant l'auto arriver sur eux à pleine vitesse, avant de se jeter dans les bras d'Andrew et de se serrer dans ses bras. Instinctivement elle resserra son étreinte, son souffle caressant la nuque du jeune homme, s'apercevant au passage qu'il sentait divinement bon. Le bruit de l'impact la fit sursauter et reprendre ses esprits. Elle aller surement passer pour une froussarde. Elle avait presque peur d'ouvrir les yeux et affronter son regard. En même temps, elle était agréablement bien blottit contre lui. Ses quelques secondes lui parurent une éternité. A son plus grand plaisir. Que ne donnerait-elle pas pour prolonger se moment. Quand ses yeux s'ouvrirent enfin et qu'elle les plongea à nouveaux de ceux d'Andrew, son cœur s'arrêta. Le temps s'était encore stoppé. Dieu qu'elle avait envie de l'embrasser. Elle resta muette un instant avant de murmurer sans relâcher son étreinte: Un verre se serait peut-être pas de refus en fait... Malia se recula lentement et passa sa main sur le bras d'Andrew avec un geste empli de douceur avant de lui adresser un sourire.
Malia ... Malia ... Malia ... Quel charmant prénom, il n'y avait pas à dire ! C'était original. C'était charmant. C'était doux. C'était sympathique. Ca lui allait bien, pour sûr. "Enchanté également Malia." Au moins, maintenant, il avait son prénom. Au moins, maintenant, il savait comment elle s'appelait. Est-ce que ça voulait dire qu'ils allaient apprendre à se connaître ? Elle ne semblait pas accepter, pour le moment, d'aller boire un verre avec elle. Peut-être qu'elle n'en avait pas envie. Peut-être qu'elle ne savait pas comment se débarrasser de lui. Non. Impossible. Elle semblait être bien, là, avec lui. Elle lui lança une réplique qu'il lui semblait déjà avoir entendu. Mais il ne savait pas où à dire vrai. Il fronça quelque peu les sourcils. "Ah, vraiment ? J'aimerais bien voir ça." avait-il dit dans un hochement de la tête. Le danger, lui, ça le connaissait bien. Et pas qu'un peu. Après tout, il avait fait l'armée. Après tout, il avait été au Mali. Il avait vu beaucoup de choses. Et il en était toujours revenu. Ouais, le danger, ça le connaissait. Mais il n'allait pas lui en parler. Pas maintenant. Pas ici. Une voiture leur fonçait dessus. La jeune femme eut une réaction des plus étranges. Elle venait de se serrer contre lui. Etrange. Vraiment étrange. Est-ce qu'elle avait eu peur ? Non, il ne pensait pas que ça soit le cas. En tout cas, elle avait un parfum des plus agréables. Elle resta bien blottie dans ses bras durant ... Andrew n'aurait su réellement dire combien de temps. Mais elle finit par relâcher son étreinte au bout de quelques instants. A croire qu'elle avait apprécié cette proximité. Lui, oui, en tout cas. Les yeux dans les yeux. Ils se regardèrent les yeux dans les yeux durant quelques instants. C'était intense. Sacrément intense. Elle acceptait de prendre un verre avec lui. "Bien. Terminons notre tour alors et on ira se boire un verre." avait-il dans un hochement de la tête. "Ca nous permettra de faire plus ample connaissance." Et il avait envie d'en savoir plus sur elle. Il avait envie qu'elle lui parle de sa vie. Qu'elle lui dise qui elle était. Ce qu'elle faisait. Si elle était mariée. Ou pas. Oui, il voulait tout savoir d'elle. Dans les moindres détails. "A part les voitures que vous semblez bien aimer, vous faites quoi dans la vie miss Malia ?" avait-il fini par lui demander en reprenant le volant et en appuyant sur l'accélérateur afin d'aller rentrer dans quelques personnes. Parce que oui, hein, ils étaient pas là pour faire du sur place non plus.
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