| memories burn like a forest fire (willer) |
| | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 11:04 | |
| L'avion contre la première page. « Tu sais que la première page, c'est celle où y'a que le titre? » non. Ça, c'est la page de couverture. La première page, c'est véritablement là où y'a les premiers mots, où y'a les premiers pas, les premiers tout. C'est la première impression et ce sont les premiers éléments, les détails qui se gravent dans la tête du lecteur, ceux qu'il retiendra indistinctement sans vraiment le réaliser, jusqu'à ce qu'il se retrouve confronté à un exercice de mémoire plus loin au fil des chapitres. Qu'il s'y rappelle de tout, tout ce qui compte. Ça, c'est la première page.
Mais il la verra pas, il veut pas la voir de toute façon, et je veux pas la lui montrer.
Y'a même pas eu de oui, y'a juste eu un bref hochement et encore, à peine remarquable et remarqué, qu'il a noyé dans d'autres critères, dans d'autres petits caractères, dans une infinité de détails et de dossiers imaginaires. Son contrat pèse, le mien s'envole, les kilomètres se dessinent derrière sa voiture trop grande et trop confortable et trop clichée, le parfait archétype du CEO qui se définit par son volant et par ses quatre roues. Et ça serait beau, je pense, sa liberté qui transparaît dans une scène aussi prévisible pour moi qu'elle ne l'aurait jamais été pour lui si j'étais pas occupée à l'emmerder depuis qu'il a mis la clé dans le contact. Il rage parce que j'appuie sur tous les boutons à ma disposition, il rage parce que j'ouvre la fenêtre même s'il fait nuit, même s'il fait froid, même si c'est dangereux parce qu'il y a un risque que ses pauvres mèches bien placées se retrouvent devant ses yeux et lui bloquent la vue ohla le danger le vrai est à nos trousses gars. Mais à peine, elles sont figées dans tous les produits de merde qu'il y appose, et c'est sûr et certain que rien ne bouge de là. Au point où à la seconde où il ignore la dernière sortie d'autoroute avant la prochaine annoncée pour un long moment, je laisse ma main faire dériver une couette et une autre, le pauvre type piteux et décoiffé en pleine nuit quand y'a personne sauf peut-être le sigle de sa bagnole de luxe qui peut faire état du désastre capillaire qu'il exhibe. Ma plus grande fierté.
On aurait pu faire pire, vraiment.
On aurait pu prendre l'avion, on aurait pu en acheter un. Et par "on" là évidemment, je parle que de lui. Mais prendre la route c'était la logique, c'était le plus simple. Il a parlé d'une destination de merde que j'ai même pas retenue parce que d'office qu'il le propose j'ai tout de suite associé au fait que mes choix à moi, que mes options à moi seraient meilleures. Qui s'en étonne. Par contre, j'ai pas demandé où il allait, après qu'il ait lui-même refusé mes propres suggestions, qu'on soit passés par autant de grognements que de silences, le froid qui se heurte au chaud constamment.
Il joue à être Kerouac, en vrai. Il joue à s'émanciper de lui-même, de sa vie trop lisse, de ses ententes trop lourdes, de ce qu'il laisse derrière sans que jamais je ne questionne, surtout pas là-dessus. La seule chose qui est derrière pour moi, c'est le dernier signe qui annonce que Brisbane est bien loin, signalisation qu'on a vue dans le rétroviseur sans même le mentionner une seule fois. J'ignore à quelle heure se termine son couvre-feu, mais désormais, on parle en jours bien plus qu'en minutes.
« Arrête, ici. »
Y'a rien, ici. Y'a juste la côte, ici. Y'a pas d'immeuble d'en face, y'a pas de suite présidentielle, y'a pas de truffe et y'a encore moins de caviar.
Y'a juste un boardwalk à perte de vue, la plage en bas, les vagues qui rendent la brise particulièrement glacée, le beau milieu de la nuit bordée par l'air salé.
J'attends pas qu'il sorte, j'ai été assez patiente pour attendre qu'il coupe le moteur et déjà c'était amplement suffisant. Ma portière s'ouvre et je file dans la nuit. La vérité c'est qu'il pourrait en profiter pour se tirer, qu'il pourrait décider que son ère On The Road se termine drastiquement en me laissant sur le bas-côté. Certains diraient que je lui fais confiance, d'autres diraient que s'il fait ça je le retrouve à la trace et je l'assassine violemment pour le ramener à la vie et le tuer encore plus fort. La légende se divise en deux camps et le mien je l'oublie, quand mes Converse se retrouvent à même le sable, et que mes orteils se noient dans l'eau agitée.
Dernière édition par Ariane Parker le Jeu 23 Avr 2020 - 20:43, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 20:42 | |
| « Tu sais que la première page, c'est celle où y'a que le titre? » « Non, moi je veux la première première page. Tu ne m'auras pas. »
Je veux. Son leitmotiv, pour faire l'homme exigeant. Mais s'il avait eu de la vraie volonté, Saül ne serait pas assis dans cette maudite voiture, à continuer de conduire malgré les indications de Ariane, à rester sagement sur la route qui les éloigne de Brisbane.
Et c'est la bataille, encore pour empêcher Ariane, à l'aveuglette, de triturer l'intégralité des boutons composant le tableau de bord - non mais touche pas à ça, arrête bon sang, tu vas me faire faire une connerie. La bataille, la vraie, s'engage pour fermer la fenêtre du côté de la jeune femme et c'est évidemment elle qui gagne lorsque Saül, résigné, fixe son regard las sur la route. « Ne me rappelle pas pourquoi j'ai accepté qu'on prenne ma voiture. » Non, il n'a pas oublié le contrat, cette histoire de couvre-feu. Les français qui l'attendront éternellement, aux mains d'une Anja furax de tout devoir gérer seule. Les conducteurs qui passent à leur hauteur doivent les prendre pour des fous, surtout depuis que Ariane a décidé d'enterrer réellement toute la dignité de Saül en dérangeant son bien le plus précieux : ses cheveux. Pourtant, il jurerait bien qu'il a fait un effort, l'italien. Il a laissé de côté ses costumes, s'est encombré de chemises - les habitudes ont la vie dure - moins haut de gamme. Bien sûr qu'il a pris avec lui son ordinateur, de quoi "travailler", parce que c'est l'excuse officielle. C'est celle donnée à Elise, les yeux dans les yeux.
Et l'avion n'est toujours pas à lui, parce qu'elle n'a rien avancé de sa part du contrat. Un avion contre une page, une seule. Le deal lui suffit, à lui en tout cas. L'avion lui servira à autre chose. Il a toujours rêvé d'en avoir un, de toute façon, pas vrai ? C'est un truc qui manquait à sa collection. Rien de tout ça n'est personnel. Pas plus que de ne pas s'engager sur la prochaine sortie. Est-ce qu'il sait réellement où il mène la voiture ? Pas vraiment. Saül n'a jamais voyagé ainsi de sa vie, de toute manière. D'ordinaire, tout est prévu, orchestré, millimétré. C'est à cela qu'il reconnaît la praticité des voyages organisés - oui, ceux-là même qu'il paye pour Elise sans s'offrir un billet pour lui, quel gentleman.
« Arrête, ici. » « Y'a rien ici. » Mais Saül ne cherche pas à comprendre. S'il s'arrête, c'est bien évidemment parce qu'il est las de conduire. Rien d'autre. Elle n'a pas gagné.
Dehors, la nuit est froide et silencieuse. Personne autour, sinon le vrombissement léger des autres véhicules sur le bitume qui, parfois, fend le dense silence de l'environnement. Mains dans les poches, le quarantenaire observe un instant la promenade et la plage sur laquelle Ariane a déjà filé. Vers l'eau. Tout son corps à lui hésite, se donne un millier de raisons de ne pas la rejoindre. D'abord, il y a le sable, tout simplement. Le sable sur les pieds, c'est détestable. Il y en aura dans la voiture - elle vient d'être nettoyée, ça m'emmerde, tu comprends. Et puis, il fait froid, dehors. L'habitacle, c'est plus tranquille. Et puis, merde, il fait nuit et ils n'ont toujours pas d'hôtel. Ça, c'est un point majeur. Non, définitivement, c'est mieux si Saül reste de côté, sur la promenade, les mains dans les poches, à attendre qu'Ariane revienne de son échappée.
C'est pour toutes ces raisons là qu'environ une minute après la jeune femme, c'est au tour de l'italien de délaisser ses chaussures pour aller rejoindre le bord de l'eau. D'ici, on n'entend même plus les roues, sur le bitume. On ne voit même plus la ville qui sommeille. C'est l'eau, l'eau à perte de vue. « Tu vas mettre du sable partout dans la voiture. » Lui aussi. « On devrait continuer. Je ne sais même pas où on va s'arrêter pour dormir. » On devrait. Pourtant, ses pieds s'enfoncent de plus en plus dans le sable - en attendant, là, j'y suis, j'y reste., l'italien te va mieux que le français. |
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 21:46 | |
| « Y'a rien ici. » « Arrête quand même. »
Si ça ne sonne pas comme une négociation, c’est que ça n’en est pas une du tout. Il ralentit et mon sourire lui il est immense, tellement qu’il le verra dans l’angle sans même avoir besoin de tourner la tête complètement vers moi. Je le tiens en place et je le tiens haut, je jubile et s’il reste fièrement figé, le plus longtemps possible, c’est juste parce qu’il s’agit là d’une autre éternelle carte joker, d’un autre pion exclusivement placé pour l’enrager, le faire bouillir, brûler. Et c'est ça, en soit, la vraie victoire. J’ai gagné et à ce point, je différencie plus trop les guerres des batailles, je différencie plus rien de rien parce que la porte de sa voiture s’ouvre. Et parce que derrière restent les non-dits et les demi-mots, les explications et les justifications, la ville qu’il a laissée à sa manière pendant que j’attendais dans sa voiture en changeant la langue de son panneau de bord de l’italien au français – il part à Paris, c’est de l’immersion avant l’heure. La ville que j’ai laissée et les problèmes avec, tous, ceux que je ravale d’une autre inspiration glacée teintée des vagues qui se cassent à mes pieds.
« Tu vas mettre du sable partout dans la voiture. » « Toi aussi. »
Mes yeux finissent par lâcher l’horizon à grand regret et me visser sur sa silhouette qui est facile à discerner dans la pénombre parce que qui a les doigts qui brillent autant de bagues en pleine nuit sur le bord de la plage en vrai. Y’a son associée ou sa secrétaire ou son patron ou sa cliente ou son énième maîtresse qui avait des tas de bagues elle aussi, ça pourrait être elle qui l’a suivi comme son ombre et rien que d’y penser ça me fait éclater de rire, encore heureux. Elle a arrêté de lui téléphoner un peu après le kilomètre +20, je l'ai vu quand j'ai réouvert son portable rien que pour l'énerver, ou c’était parce que je voulais m'assurer qu’il avait manqué de batterie et ça a absolument rien à voir avec le fait que quand il a branché son portable pour le charger j’ai détaché l’autre extrémité du fil en appuyant sur tous les boutons oups si maladroite Ariane, t’as des doigts partout t’es si empotée – yeah right. « On devrait continuer. Je ne sais même pas où on va s'arrêter pour dormir. »
« T’es fatigué? » la pique part, elle s’additionne d’un nouveau rire, du ton le plus critique que j'ai en banque, d’un autre sourire avec. « Laisse-moi tes clés si t’abandonnes déjà. » on a passé son heure de coucher apparemment, et je note mentalement de regarder sur le cadran de sa montre quand j’en aurai quelque chose à faire de quelle heure il est. Rien que pour l’enregistrer comme une obosolète défaite d’une longue lignée sur son tableau de bord depuis qu’on a tout quitté pour mieux faire le vide, ou le plein, j'ai oublié.
Ma paume se tend vers lui, ma voix qui chante d’énièmes bêtises alors que mes paupières battent la cadence. « Tu pourras mettre ton siège chauffant de vieux riche. » ouh, la classe en vrai. Et un pas de plus vers lui, vers les clés qu’il garde encore en otage sans que j’ai la moindre chance de pouvoir les avoir ni maintenant ni d’ici à ce qu’on soit à la veille de s’entretuer aka de rentrer. « C’est sûr qu’il masse aussi. » il a sûrement pris la totale rien que parce que c’est son truc, de pas choisir, de tout prendre, de tout exiger, de tout vouloir. C’est son truc d’avoir le menu en entier et de pas juste se contenter de la première page. La première page contre l’avion. Il la lira, j’en rage déjà, bien sûr qu’il la lira, je sais, déjà.
« Et doit y avoir une voix robotique qui te murmure à l’oreille en mode ASMR les hausses et les baisses des actions à la bourse. » là j’abandonne, ou du moins, je dévie, dérive, ma paume tendue qui finit sur son torse et l’autre qui suit avec. La poussée que j’initie et le rêve éveillé que ça suffise à l’encourager vers l’arrière, à ce qu’il tombe dramatiquement dans le sable pour qu’au moins si je cède, j’ai quelques têtes de plus que lui à le faire. « On dort ici. »
Dernière édition par Ariane Parker le Mar 28 Avr 2020 - 12:52, édité 2 fois |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 1:11 | |
| « Toi aussi. » Bien sûr, que lui aussi. Mais c'est sa voiture. Pas de protestations, le temps de faire une pause, de se tenir, de ne pas encore dériver dans les enfantillages. Encore. Même la plage est silencieuse. Pas d'autres imprudents, juste eux. Pas de quoi jouer au poker, non plus. Saül les entendrait presque en faisant quelques efforts d'imagination, les rires cristallins des marquises de pacotille qui jouent leurs colliers, parfois en grinçant des dents. Il entendrait aussi les verres qui se brisent, à mesure que les hommes ivres se désinhibent et perdent la notion de l'argent. Ariane et lui étaient - sont - les seuls éveillés de cette grande pièce de théâtre qui découche, la nuit. Tous dorment debout. Et eux, ils raflent la mise.
« T’es fatigué? » « Non. » Pourtant, il bâille. Pour une fois, la nuit l'appelle, lui qui dort si mal de nuit qu'il s'octroie habituellement de courtes siestes dans son bureau. C'est la plage, c'est forcément la plage et rien d'autre. Le bruit des vagues et rien d'autre. « Laisse-moi tes clés si t’abandonnes déjà. » « C'est beau de rêver. » Rien que pour la narguer, l'italien se met à jouer avec les clefs de sa voiture, juste devant le nez de Ariane. Elle ne les aura pas, encore moins si elle les demande et elle le sait. S'il s'endort au volant, ça sera de sa faute à elle. « Tu pourras mettre ton siège chauffant de vieux riche. » Les clefs qui tournaient jusque là autour de son index s'immobilisent brusquement dans un cliquetis de métal. « Tu viens de me traiter de vieux, là ? » Sa ride du lion est bien visible, éclairée par la lune, alors que ses sourcils froncés l'accentuent encore un peu plus - si c'est encore possible. « C’est sûr qu’il masse aussi. » « Possible, mais t'en sauras rien. Je ne te dirais pas le bouton pour l'activer, mon siège chauffant-massant de vieux. » Est-il vexé ? Oui, un peu, juste un peu. Les clefs sont hors de portée, maintenant que Ariane tend les mains. Elle peut toujours courir.
« Et doit y avoir une voix robotique qui te murmure à l’oreille en mode ASMR les hausses et les baisses des actions à la bourse. » Elle le pousse, Ariane. Elle réussit même à le déséquilibrer, alors qu'il grogne par dessus de silence en se rattrapant aux poignets de la jeune femme. « Mieux que la tienne qui a détruit mes oreilles toute la soirée, en tout cas. » Mais si, la bataille pour la fenêtre fermée, les trop nombreux "non je prendrai la prochaine sortie puisque c'est comme ça", "touche pas à mon téléphone" et tout et tout.
« On dort ici. » « Tu vas mourir de froid. »
Mais non, c'est lui le grand frileux qui grelotte déjà intérieurement alors qu'il ne fait pas non plus -70°c en dehors de sa voiture de vieux aux sièges chauffants de vieux. « Bouge pas. » Oui, même si on part et c'est la dernière fois que tu me dis quoi faire. Il ne manquerait plus qu'elle file juste par esprit de contradiction. Pour aller où ? Dans l'eau ? Il ne faut à Saül qu'un aller-retour pour ramener une veste sur la plage. Un veste chère, qu'il jettera en rentrant, et prétendra qu'elle est perdue quelque part. « C'est pour moi, la veste. Rêve pas. » Frileux qui partage, quand même, même si ce n'est pas tout de suite parce qu'il ne faudrait pas céder de terrain à Ariane. Avec trop de précautions, Saül se laisse glisser dans le sable, sans attendre qu'Ariane fasse de même. Mieux de précipiter sa chute, en lui attrapant la cheville, juste assez pour qu'elle se déséquilibre et qu'elle tombe sur le côté. Oops. Pas de bagarre de sable, pas de bagarre de sable, pas de bagarre de sable, supplient intérieurement les cheveux de l'italien. « Tu vois, c'est comme ça qu'on fait tomber les gens par terre. », qu'il ricane, victorieux, en jetant la veste sur ses genoux à lui.
« Si t'as dans l'idée de partir avec la voiture pendant que je dors, tu peux toujours courir. J'ai planqué la clef. » Très planquée dans une de ses poches. Original, jamais vu, créatif. Des adjectifs qui le définissent à merveille. « Et ne mets pas tes pieds froids sur moi. » On peut déjà l'entendre se plaindre de son dos fourbu et de ses fringues pleines de sable. Mais tout va bien. Tout va bien. |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 6:31 | |
| « Tu viens de me traiter de vieux, là ? » « Et de riche aussi. » « Possible, mais t'en sauras rien. Je ne te dirais pas le bouton pour l'activer, mon siège chauffant-massant de vieux. » « T’entends vraiment que ce que tu veux, c’est lassant. » c'est l'âge, qui fait ça?
Pauvre gars. Pauvre, pauvre gars qui range ses clés et qui rage au passage. Pauvre type qui râle comme si c'était la fin du monde quand je pouffe à la place. Il est offusqué Saül, il a presque le temps de se dégager avant que je lui vole un baiser qui se noie dans ses grommellements de type qui s'imagine avoir 25 ans encore une fois de temps en temps, rien qu'une. À mes yeux ça sert foutument à rien parce que le Saül de 25 ans j'en ai rien à faire, et il m'ennuie, il me lasse, il est pas lui. Le Saül de 25 ans est blasant, c'est celui de 1000 ans et des poussières qui est là, qui est devant moi, et c'est celui-là que je veux. Ce soir, rien que ce soir, voilà.
D'homme d'affaires buté il passe à gamin effronté en un claquement de doigts. On dira que je lui ai tout appris, et ça serait très flatteur. « Mieux que la tienne qui a détruit mes oreilles toute la soirée, en tout cas. » « Ma plus grande fierté. Imagine demain au réveil tout ce que je pourrai accomplir. » au réveil, quand on aura pas son agenda qui le tirera à droite et le mien qui me poussera à gauche. J'ai parlé sans penser et je pense encore moins là maintenant de suite, parce que ça sert à rien et parce que c'est la nuit, le matin n'en sera que l'extension. C'est pas dans nos habitudes et c'est pas une habitude, on est juste partis sur un coup de tête parce qu'on le fait jamais et qu'on ne le refera probablement plus, on est ailleurs et ça compte autant pour la géographie que pour la bribe de temps qui s'y rattache. Au réveil, donc. Avant qu'on revienne, avant que les matins ne servent plus à rien parce que de toute façon, on leur a jamais donné d'importance. Avant demain.
Il titube, j'éclate de rire, il grogne, c'est du pareil au même. « Tu vas mourir de froid. » « C’est beau de rêver. » ses mots que je reprends en chantant comme s'ils coulaient de source et que sa menace n'en était même pas une. Mon sourcil se hausse et l'autre le suit d'office quand il scande de pas bouger et qu'il se tire le bâtard. Pars, c'est ça, vaut mieux. Donne des ordres et reviens une minute seulement après, la veste du gentleman que j'essaie de dérober mais qu'il garde jalousement à la clé. « C'est pour moi, la veste. Rêve pas. » t'inquiètes pas mon gars, j'aurai pas froid, je bouille là, je rage, surtout parce qu'il me pousse et me tire. Surtout parce qu'il est traître et que j'y peux rien si dans ma chute désarticulée y'a un coude qui va se loger direct dans ses côtes. « Tu vois, c'est comme ça qu'on fait tomber les gens par terre. » « Connard. » et non, je rigole pas vous avez mal entendu. Non, c'est pas un autre sourire en coin qui remonte se loger sur mes lèvres vous avez mal vu. Et c'est certainement pas une lueur d'amusement qui vient faire briller mes prunelles, limite c'est la lune qui fait ça, l'excuse est parfaite, tirée à quatre épingles, pliée, réglée, assumée. « Pardon. Vieux connard. » le murmure raille à son oreille. Juste assez.
« Si t'as dans l'idée de partir avec la voiture pendant que je dors, tu peux toujours courir. J'ai planqué la clef. » je lui ai dit en plus, de pas me dire quoi faire. « Et ne mets pas tes pieds froids sur moi. » je lui ai dit, mais il réitère. « Sinon quoi? »
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| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 8:53 | |
| « Ma plus grande fierté. Imagine demain au réveil tout ce que je pourrai accomplir. » « Tu ne vas rien accomplir du tout sinon je te laisse là et je repars. Seul. »
C'est ça qu'il devrait faire tout de suite, là, maintenant. Reprendre sa voiture de vieux riche, retourner dans sa grande maison aux murs froids. Ne pas lui laisser le temps de mettre du sable partout. Il faut partir maintenant, parce que Ariane propose déjà de dormir ici, quoi ici ? ici ici, dans le sable, devant l'océan tranquille. « C’est beau de rêver. » Ce soir, il ne peut pas accuser le champagne d'être responsable de l'humour de la jeune femme. Ce soir, c'est juste elle qui l'embête. Juste elle.
Elle est restée, Ariane, le temps que Saül aille chercher sa veste pour lui rien que pour lui qu'il ne partagera jamais. Le froid le gagne déjà. La fatigue, aussi, qu'il met sur le dos de cette affreuse affreuse journée de travail. Fatigue qui n'empêche pas l'italien de la tirer avec lui, sur le sable fin. Le coup de coude lui arrache un autre grognement. Heureusement, la pénombre empêchera probablement Ariane de déceler toute la douleur qu'il porte un instant dans le regard. « Connard. » « Merci, toi aussi. », qu'il souffle en jetant la veste sur ses genoux. Le sourire d'Ariane appelle le sien, lui qui tente déjà de retirer tous les grains de sable éparpillés sur sa belle veste-couverture. « Pardon. Vieux connard. » Ses yeux retrouvent ceux de la jeune femme. C'est le retour de la ride du lion, qui fend son front comme une vieille cicatrice. « Le vieux connard te prête sa voiture, jeune ingrate. » Dans sa bouche, ça ressemble beaucoup plus à une plaisanterie qu'à une insulte. La faute à la fatigue, voilà.
Nouvelles consignes. Enfin, ce sont surtout des moqueries dont elle se servira probablement contre lui. Il n'a toujours rien retenu, Saül. C'est que la habitudes ont la vie dure. « Sinon quoi? » « Sinon... »
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| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 16/12/2014 | (#)Ven 24 Avr 2020 - 8:53 | |
| Le membre ' Saül Williams' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 12:49 | |
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Dernière édition par Ariane Parker le Ven 24 Avr 2020 - 22:16, édité 2 fois |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 20:37 | |
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| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 0:30 | |
| « Ta gueule tu vas nous faire repérer. » il nous fera pas repérer par personne, parce qu'il y a personne. La salle est vide, les sièges sont tous à nous, l'écran est immense et je sais même pas quel film de merde y joue en dolby stéréo devant aucune trace du moindre spectateur tellement j'ai rien regardé. On est entrés par la porte donnant sur la ruelle, ouais, encore une, il a râlé comme c'était prévisible mais ça aussi, j'ai rien regardé, encore moins porté la moindre attention. Le voilà qui détonne dans un méfait d'adolescent qui jure avec ses dizaines de milliers de chevalières dorées aux doigts et sa chemise décontractée qui est pas décontractée du tout parce que j'ai vérifié la marque en ligne pendant qu'il faisait ses appels de merde d'adulte de merde, et son truc décontracté vaut deux fois mon mois de loyer. La blague.
Il rage assurément, et je m'amuse, évidemment. « Chuuuuuut. » c'est la thématique, quand ma silhouette se cale dans l'un des sièges, que lui il se gère comme il peut. La prochaine manche sera de souffler plus fort que son propre cas de figure parce que dans notre envolée de malfrats qui s'incrustent dans une salle de cinéma sans payer, il a pas été foutu de me voler du popcorn. Gentleman de merde. |
| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 6:55 | |
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« C'est une idée de merde. » « Ta gueule tu vas nous faire repérer. » « C'est quand même une idée de merde. »
N'empêche qu'il la suit, Ariane, à travers le labyrinthe des sièges de la salle obscure. Passer dans le cinéma sans payer était déjà une épreuve - pour Saül, du moins - et ne pas tomber dans les escaliers qui mènent aux rangées du milieu de la salle en est une autre. Les yeux plissés, l'italien s'affaire à ne pas se vautrer, très concentré sur sa tâche. Des années qu'il n'est pas allé au cinéma, l'homme d'affaires pressé, plus habitué des sièges des grands restaurants que des sièges de cinéma feutrés. Ceux-là sentent la vieille sueur. Toute la salle est glauque, étroite. Vide, aussi. Complètement vide. Le film a déjà commencé. A une heure pareille, ils doivent jouer un film que personne n'a envie de voir.
Saül se laisse tomber à côté d'Ariane, qui étouffe le son du film de sa seule présence. « Chuuuuuut. » « Ta gueule, tu vas nous faire repérer. », qu'il grince à l'oreille de la jeune femme, le sourire goguenard et le soupir qui suit largement. C'est un vieux film. Un très vieux film, même. Une vieille scène de valse, des femmes et des hommes qui tournent dans un très vieux salon. Le Guépard, et personne ne s'est déplacé pour voir ce chef-d'oeuvre. Elle va détester, que Saül pense tout de suite en posant ses yeux sur Ariane. Déjà, les premiers mots en italien raisonnent dans la salle. « C'est un truc de lutte des classes. Je ne me souviens plus bien. » Il y a des mois qu'il n'a pas entendu de l'italien paisible, un autre lexique que celui de la dispute - Auden - et des remontrances - la matriarche. « Y'a Alain Delon, dedans. » Il est français, elle doit aimer le film, non ? Logique.
Ce devait être beaucoup de péripéties, pour l'époque. Rien d'aussi fun que le poker, cependant. Saül a déjà écrasé sa joue contre son poing, prenant toute la place sur l'accoudoir à sa gauche - celui d'Ariane. La grande aristocratie a arrêté de danser la valse. « Qu'est-ce qu'il se la pète, Delon. Il est bien français. », qu'il chuchote à la jeune femme, grand sourire aux lèvres.
Bientôt, le sommeil le gagne et il râlerait presque, l'italien, à propos de tout un tas de trucs qui l'ont empêché de dormir. Le froid, le sable, les cheveux de Ariane. « Si je m'endors, ne me réveille pas avant le générique. », qu'il grommelle encore, alors que ses yeux passent de l'écran à Ariane. Saül se souvient pourquoi le cinéma, ça n'a jamais été son truc. L'italien le berce. « T'as les sous-titres, t'as pas besoin de moi de toute façon. » Jamais, jamais.
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| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 12:13 | |
| « C'est une idée de merde. » « Ta gueule tu vas nous faire repérer. » « C'est quand même une idée de merde. » « Chuuuuuut. » « Ta gueule, tu vas nous faire repérer. » « C'est pas une idée de merde. Tu souris. »
Et okay, c'est moi au final, qui va nous faire repérer. Quand j'éclate de rire à le voir pas arriver du tout à s'adapter à la pénombre, le roi de la nuit d'une autre vie. Il jongle avec les sièges et avec les escaliers trop larges pour son goût, il titube et il se rattrape sur les rampes poisseuses que même moi je toucherais pas mais que je lui encourage à prendre. Qu'il se réduise au petit peuple un peu, ça fera du bien à son égo de voir comment les paysans vivent quand ils ont pas 40 salles de cinéma dans leurs 40 pièces en marbre faites rien que pour ça.
Je sais pas pourquoi il se sent l'âme d'un narrateur et je sais encore moins pourquoi je l'écoute. « C'est un truc de lutte des classes. Je ne me souviens plus bien. » « Attends... » alors j'improvise, dégaine mon portable, cherche le titre, en ai rien à faire des détails que sa mémoire ressasse quand Wikipedia se charge de me souffler les réponses, que mon cerveau absorbe toutes les informations possible me permettant d'avoir l'impression de maîtriser mille fois plus de références sur ce film que lui. « Y'a Alain Delon, dedans. » « ... Saül s'te plaît. » je défile la fenêtre sur mon écran à la luminosité éclatée qui dérangerait le monde entier si notre monde se constituait pas à deux seules personnes, soupire de façon exaspérée quand il poursuit, monsieur-je-sais-tout alors qu'en vrai j'en sais bien plus. « Qu'est-ce qu'il se la pète, Delon. Il est bien français. » « Arrête, deux secondes, ferme-la, juste arrête, c'est important, genre vraiment important. » et ça y est, c'est là la chute, c'est là que c'est important genre vraiment important. Quand j'abandonne tout pour me tourner vers lui, lover ma main sous son menton, presser ses joues vers sa bouche, et planter mon regard inquisiteur dans le sien pour une longue, énorme, intense et glorifiante seconde de suspens supplémentaire. « J'ai besoin de me concentrer pour calculer si en 1860 t'avais déjà fini le lycée ou si tu graduais juste. »
« Si je m'endors, ne me réveille pas avant le générique. » « Me dis pas quoi faire. » s’il dit rien, alors je ferai gaffe à rien dire sur le fait que ça doit venir avec l'âge, rien dire sur le fait qu'il dort partout et que sa tête est lourde sur mon épaule et qu'il est lourd et que tout est lourd, rien dire sur le fait que l'appui-bras est à moi, tout à moi, et que s'il dégage pas son coude de là le mien va aller retrouver sa place habituelle à travers ses côtes flottantes, rien dire sur le fait qu'il va ronfler et que c'est clairement ça qui va nous faire repérer. « T'as les sous-titres, t'as pas besoin de moi de toute façon. » « J'ai jamais besoin de toi. » j'ai jamais besoin de personne, de toute façon. Il dort pas?
« Hey. » s'il dort, là, il dormira plus. « Saül. » je chuchote, bouge l'épaule, il grogne et ça a jamais été aussi drôle de le faire chier pour si peu. « Heeeeey. » mon index qui passe de son front à son nez, qui pique quand mon pouce s'en mêle, et qui pince, dérive à sa joue. « Dude? » y'a un de mes doigts qui se plante au creux d'un de ses yeux, ah, il dormait finalement, ou au moins y'avait une paupière de close-là, je crois pas l'avoir rendu borgne ; encore. « Tu dors? » à question obsolète, réponse obsolète. « Ah non laisse, j'ai oublié. » s'il dort, là, il dormira plus. Oups. |
| | | | (#)Dim 26 Avr 2020 - 5:10 | |
| « C'est pas une idée de merde. Tu souris. » « Je ne souris pas. »
Et si, ok, mais juste parce qu'il se moque d'elle. Juste parce que la situation est risible, lui l'homme intègre - si, c'est un adjectif valide - qui entre sans payer dans un cinéma, comme un ado en manque de sensations. Le film n'est pas mauvais - à la hauteur de la salle glauque et de l'horaire creuse, de l'intérêt du public inexistant aussi. Italien avec un acteur français - si ça ce n'est pas un comble. « Attends... » Elle dégaine sont téléphone, Ariane, et Saül ne se gêne pas pour jeter un coup d’œil par dessus son épaule. « C'est de la triche. » Elle ne pouvait pas lui demander des informations à lui, bien sûr. Ça serait trop facile, ça serait lui céder du terrain. En attendant, la luminosité de l'écran pique les yeux de l'italien. C'est la pire des sensations. « ... Saül s'te plaît. » « Saül s'te plaît ? Il va neiger demain, je ne pensais pas que ça faisait partie de ton vocabulaire. » Pourtant il voudrait épiloguer, l'homme d'affaires, à se moquer de Delon et de son sourire de jeune premier qu'on aurait envie de gifler - pardon, Alain - il voudrait continuer dans la brèche, Saül, railler jusqu'à ce qu'elle brise le silence assez fort pour les faire repérer. Juste pour pouvoir l'accuser ensuite de la mésaventure. « Arrête, deux secondes, ferme-la, juste arrête, c'est important, genre vraiment important. » Saül retient un rire, secoue la tête avant de s'appuyer complètement sur l'accoudoir, las des scènes qui défilent en italien, sans qu'il n'y porte vraiment attention.
C'est là qu'elle le rattrape, Ariane, qu'elle plante son regard dans celui de l'italien qui se libère déjà d'entre ses doigts, piqué au vif. « J'ai besoin de me concentrer pour calculer si en 1860 t'avais déjà fini le lycée ou si tu graduais juste. » « J'étais déjà à la tête d'une multinationale, en 1860. T'as du retard. », qu'il souffle en lui attrapant le bras au vol. Pour avoir le dernier mot, toujours. « C'est en quelle année, toi, que t'es devenue auteure de best-sellers mondialement reconnue ? » Tout pour le dernier mot, même celui qui pique.
« Me dis pas quoi faire. » « D'accord. Réveille moi quand même avant le générique. », qu'il répète encore en soupirant, la tête appuyée sur le poing. On dort mieux que sur la plage, ici. C'est plus confortable, on se rapproche de son minimum syndical. S'il fallait choisir, pourtant, la plage remporterait probablement les suffrages. Pour sa tranquillité, surtout. « J'ai jamais besoin de toi. » « Non, t'as raison. Je te laisse là, tu rentres à pied ? » Un bâillement étouffe la fin de sa phrase, alors que les personnages à l'écran se disputent encore. Tout cela semble très familier, trop familier.
« Dude? » « Mmh. » « Tu dors? » « Tu m'emmerdes. Ecoute le film. » Le contact l'a réveillé, pour sûr. Pas pour autant qu'il bouge de sa place, l'italien, appuyé contre Ariane, qui n'avait qu'à pas se mettre en travers de sa sieste. Sa faute, encore. « Ah non laisse, j'ai oublié. » C'est là qu'il se redresse un peu, Saül, les yeux même agressés par la lumière de l'écran. « J'ai jamais besoin de toi, mmh? », qu'il ricane à l'oreille de Ariane, mimant ses mots en s'efforçant de copier au mieux - au pire - sa voix. « Le film te fait peur ? T'as besoin que je te tienne la main ? » Le seul truc qui fait peur, c'est la salle. Et le probablement grincheux maître des lieux, que Saül espère trop vieux pour être en capacité de leur courir après. L'écran tourne au noir. Les crédits apparaissent, sur une musique qui paraît plus vieille encore que le film lui-même. « Tu pilotes. Je finirai ma sieste sur les sièges chauffants. Si tu me réveilles, je te dépose sur le bas-côté de la route. » Son murmure semble taire la salle, avant que la musique ne se coupe pour de bon et que les derniers mots défilent mollement à l'écran. Derniers instants des crédits, remplis de dizaines de gens que tout le monde a déjà oublié. Juste le temps de voler à la jeune femme un espiègle baiser, sous la ligne de sa mâchoire, juste pour l'embêter et poser un point final à la discussion. Les cheveux d'Ariane sentent le bord de l'océan.
Lumière sur la salle, qui paraît plus glauque en plein jour que dans l'ombre, si c'est possible. Saül écrase une main sur ses yeux en râlant, ses yeux qui sont à la torture. « Si on se fait chopper en sortant, je gagne une page de plus. Non, attends : je veux lire le résumé. Tu gagnes ce que tu veux dans le cas contraire. Sauf un jour de plus parce que c'est de la triche et que je vais juste gagner toutes les pages de ton livre à force. » C'est qu'il prend son temps, avant même d'amorcer le départ vers la sortie de la salle. Heure creuse, personne ne viendra pour le film suivant, de toute façon. L'endroit était déjà complètement silencieux à leur entrée, et cela n'étonnerait pas Saül de savoir qu'ils étaient les deux seuls spectateurs des dernières heures. Des salles, il doit y en avoir trois à tout casser. « On trouvera un restaurant, aussi. » Ce qu'il tuerait, pour - presque - n'importe quoi à manger. Les fraises lui manquent.
Dédédédéééés (édition 2):
Action réussie - L'échappée se fait sans encombre. Action mitigée - Le guichetier rôde. Autant se planquer le temps qu'il retourne faire la sieste - lui aussi - quelque part. Action ratée - Bon, les jambes, c'est fait pour courir non ? |
| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 16/12/2014 | (#)Dim 26 Avr 2020 - 5:10 | |
| Le membre ' Saül Williams' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Dim 26 Avr 2020 - 7:10 | |
| « J'étais déjà à la tête d'une multinationale, en 1860. T'as du retard. » ma version de sa réaction était meilleure, celle où il explosait de rage en s'arrachant chaque cheveux blanc de la tête - ce qui aurait été vachement long et laborieux - à les tirer dans tous les sens de la salle, à hurler à quel point il vieillit bien et qu'il entre dans son ère Clooney là. Sa répartie me tue. « C'est en quelle année, toi, que t'es devenue auteure de best-sellers mondialement reconnue ? » ouhhhh, il va là? Il pique sur ce que je suis pas? « La même année que t'as commencé à te définir juste par ce qui est écrit sur tes cartes d'affaires. » ok, moi aussi. Je pique sur ce que lâchement il renie.
Il m'arrache un rire, un seul, c'est suffisant. « D'accord. Réveille moi quand même avant le générique. » c'est même pas cool les scènes d'avant le générique. Ce sont celles toutes préfaites et prévisibles, celles où on suggère une fin qui aurait pu être réécrite de mille autres façons et dans mille autres perspectives, celles où on laisse les gens sur leur faim en leur disant d'où les personnages partent et surtout où ils finiront. C'est l'entre-deux qui est le mieux de toute façon. « Non, t'as raison. Je te laisse là, tu rentres à pied ? » il chuchote, je chuchote pas. Personne autour de nous et même si, on sait tous que je le laisserais se faire chopper bien avant de me rendre à la défaite. On le sait tous facilement, ça. « Y'a un truc, tu sais, c'est révolutionnaire et les gens l'utilisent quotidiennement ça s'appelle le bus tu devrais essayer ça te redonnerait peut-être un peu d'humilité. »
Puis, il s'endort. Puis, je m'ennuie. J'ai pensé graver des conneries sur l'appui-bras mais son coude bloque tout. J'ai pensé lui dessiner des merdes au Sharpie sur la joue mais c'est moi qui vais devoir endurer sa rage d'avoir été faussement tatoué pendant des jours après. J'ai pensé me tirer avec sa montre et ses clés, mais sa tête est lourde, trop lourde sur mon épaule. Sa proximité.
« Tu m'emmerdes. Ecoute le film. » « Tu m'emmerdes, tu m'empêches d'écouter le film. »
J'ai rien d'important à lui dire, absolument rien, et c'est bien ça qui est marrant. « J'ai jamais besoin de toi, mmh? » lui, il me parle tout le temps. « Le film te fait peur ? T'as besoin que je te tienne la main ? » « Ma main est occupée à s'assurer d'enlever toutes les puces de sable qui sont accrochées à ton cuir chevelu sérieux c'est deg tu devrais aller voir un médecin j'pense. » il est presque cute en vrai à tenter de se rassurer en le clamant à qui veut l'entendre et surtout à qui ne le veut pas. L'inverse est toute aussi vraie ; on n'a pas besoin ni de l'un ni de l'autre. On l'a décidé, on l'assume (lui bien moins que moi) mais personne est là par nécessité. C'est ça le deal - du moins, de base, ça l'était.
La lumière revient, il râle, j'éclate de rire sans même cacher le moindre décibel. On est personne ici, je vais pas me gêner pendant qu'à ses yeux la simple possibilité de se faire remarquer lui semble être aussi pire qu'un aller simple à Guantanamo. Dude, c'est juste un cinéma vide, un vieux film italien français cliché, personne est mort et j'ai même pas eu de popcorn. Relaxe. « Tu pilotes. Je finirai ma sieste sur les sièges chauffants. Si tu me réveilles, je te dépose sur le bas-côté de la route. » j'ai déjà ses clés dans ma main en plus, how convenient, je les agite sous ses yeux comme il l'a fait autant de fois sous les miens. C'est facile de lui voler ses affaires quand je sais parfaitement où il range tout et où il le déplace ensuite, en se croyant à un geste d'avance sur moi. Je les connais par coeur ses feintes, ses ruses et ses bluffs : on les a inventés ensemble pour la plupart. « Ça c'est si je te tire pas par le toit ouvrant au premier ronflement. » ses lèvres sont encore sur ma peau, les miennes s'égarent sur la sienne. Sa tempe est bouillante et elle pue la sueur, elle goûte salée aussi, faudrait vraiment qu'il prenne une douche il sent presque la même chose que les SDFs qui longeaient le parking en bordure de la plage ce matin.
« Si on se fait chopper en sortant, je gagne une page de plus. Non, attends : je veux lire le résumé. Tu gagnes ce que tu veux dans le cas contraire. Sauf un jour de plus parce que c'est de la triche et que je vais juste gagner toutes les pages de ton livre à force. » « Comment ça c'est de la triche. » il voit de la triche partout le gars, il est parano et je souffle. Minimise absolument pas mes mouvements, le banc que je retiens pas et qui claque en remontant, les clés que je glisse lentement, tortionnaire, sur les barreaux de métal le long de la rampe d'escaliers. Lui il tremblerait presque et c'en est attendrissant, il a quoi maintenant, 15 ans? « Deux jours? » il a dit "un", il a pas dit "deux". « Quatre? » mes prunelles éternellement espiègles le suivent maintenant qu'il regarde à gauche et à droite, l'inverse et encore. Il va se faire un torticolis par-dessus celui d'avoir dormi une nuit entière à la belle étoile et là c'est lui le pire. C'est que sa faute à lui et pas à l'oreiller de fortune que je lui ai imposé pour la dernière fois avec une empathie que je ne me connais pas, que je ne répèterai pas non plus. A one time thing. « J'fais ça pour toi, rajouter des jours, t'as une gueule d'enterrement. » mes paupières battent la mesure, il est lent à attendre que ses prunelles de prince charmant désabusé s'adaptent à la lumière des néons. « On trouvera un restaurant, aussi. » ouais, ouais, t'inquiètes on va gérer ton taux d'hypoglycémie aussi. Oh - j'espère qu'il y a un japonais sur le chemin, je veux des sushis.
« Tu devrais prendre des vacances, des vraies. » la porte de la salle grince derrière nous quand on sort, je suis sûre qu'il entend une sirène de flics en trame de fond tellement il a l'air nerveux. Les cernes aident pas, le fait qu'il fasse mille siestes à la minute non plus. « Sans personne pour te crier dans les oreilles. » qu'il se fasse pas d'idées, je me gratte pas une place dans sa retraite de gars épuisé, sauf si c'est pour profiter du champagne à volonté dans son avion privé qu'il a encore stupidement pas acheté. « Ou je t'enregistre des audios mais juste pour le réveil. Tu peux pas dire que je pense pas à t- et ça allait, genre vraiment. Y'avait personne au stand de popcorn, le même stand sur lequel mes yeux s'accrochent un peu trop longtemps parce que si lui a faim moi je suis affamée. Et c'est con un film sans avoir les doigts beurrés et salés et y'a personne en vrai dans le hall c'est cool, c'est pas stressant du tout et oh, c'est qui lui il était pas là tout à l'heure et oh, il s'avance vers nous, et oh, il a pas l'air cool non il veut les billets les nôtres et on en a pas. Et j'ai Nosferatu à côté de moi, aussi connu comme le président d'une multinationale en 1860 qui va faire 14 crises cardiaques si je le sors pas de là. - dégage, va par là. » mes paumes le poussent vers le couloir de ce qui semble être les toilettes, le temps qu'il s'y planque, que je prenne le blâme.
Mais c'était pas ça le plan. Le plan c'est pas que je doive payer nos foutus billets, ni que je doive redoubler de sympathie avec l'autre nullos qui attend que je sorte l'argent de la poche arrière de mon jeans, que je lui tapisse un tissu de mensonges et d'excuses chantés pour pas me faire chier à être grondée. Le plan, c'était pas que je montre la moindre parcelle de bonne foi. En soit, j'ai pas fini par sortir de monnaie et je me suis juste tirée à la course après l'avoir lui aussi poussé sur le côté, mais les faits sont là. Le plan, c'était de laisser Saül se faire chopper à ma place bien avant de me rendre à la défaite, on le savait tous facilement, ça. Merde.
Il a couru dehors je crois, j'ai fait pareil. On reste des malfrats qui n'ont pas payés, il est juste le lâche qui s'est enfui pendant que j'ai joué l'écervelée qui faisait office de distraction. Que ça.
« Dis merci. » que je t'ai poussé, que je t'ai presque disloqué l'épaule. Pas que j'ai pris le blâme pour toi. Surtout pas. « Dis rien d'autre. » sauf que j'ai perdu le pari à ses yeux, sauf que c'est de la triche, sauf que le plan était tout sauf ça, sauf que voilà. « Je choisis le resto. C'est ça que je gagne. » dans les faits, on s'est pas fait prendre. Sur papier, on s'en sort indemnes, sans la moindre égratignure, sans la moindre faille, sans le moindre doute. Sur papier.
ACTION RÉUSSIE : it's sushi time ACTION ÉCHOUÉE : le seul resto qu'ils trouvent sur le chemin c'est un vieux casse-croûte pas propre qui sent la friture jusqu'à deux rues de distance ACTION MITIGÉE : ils prennent le risque de tester la deuxième page du menu à l'hôtel de vieux riche
Dernière édition par Ariane Parker le Dim 26 Avr 2020 - 7:28, édité 3 fois |
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