Maze soupira une nouvelle fois en regardant l’écran de son téléphone. Elle n’allait quand même pas avoir à rentrer dans le bâtiment pour partir à sa recherche ? Il était de toute manière peu probable que quiconque la laisse librement circuler sans savoir qui elle était. Et même en ayant connaissance de son identité, elle n’avait strictement aucun lien avec l’association Beauregard, si ce n’était Nino qu’elle attendait désespérément. Elle n’avait pas non plus l’intention de rentrer et de faire l’effort de le demander à l’accueil alors que lui ne daignait même pas regarder son téléphone portable en sachant pertinemment qu’ils avaient rendez-vous et qu’elle chercherait certainement à le joindre. Nino et Maze étaient le parfait exemple de l’amour (enfin l’amitié pour être exact) vache. Sans cesse à s’envoyer des piques, à se chercher mutuellement, à se provoquer à la moindre occasion. Alors que Maze s’était amusée à une période à inscrire Nino sur des sites de rencontre sans véritablement avoir son accord préalable, l’italien était quant à lui parvenu à l’emmener passer un casting pour une télé réalité. Maze ne pouvait s’empêcher de penser que, pour le commun des mortels, Nino et elle devaient être sacrément agaçants quand ils étaient ensemble. L’un comme l’autre, ils ne savaient pas faire dans la demi-mesure et c’était certainement la raison pour laquelle ils s’entendaient si bien. A croire qu’ils étaient voués à faire n’importe quoi, à se taper sur les nerfs, à s’adorer, ou les trois à la fois quand ils étaient ensemble. Présentement, Nino avait opté pour l’option « taper sur les nerfs ». Pour sa défense, Maze avait quelques minutes d’avance sur l’heure de rendez-vous qu’ils s’étaient fixés. Mais elle avait cherché à l’appeler pour lui faire savoir qu’elle l’attendait à l’extérieur et qu’elle était déjà sur place, des fois qu’il puisse sortir plus tôt. N’ayant pas de réponse, elle avait plutôt opté pour les SMS.  Elle ne lui demandait pas de répondre dans la minute mais un simple "ok" pour lui signifier qu’il avait bien reçu le message aurait été apprécié. D’autant plus que cela faisait un certain temps qu’elle lui avait envoyé son premier message maintenant. Exaspérée et soupirant une nouvelle fois, elle décida de patienter sur un banc à l’extérieur du bâtiment. Elle n’allait pas non plus faire le pied de grue, debout, devant la porte, ça commençait à devenir suspect et elle avait constaté que le vigile à l’intérieur la regardait d’un mauvais œil. Comme si cambrioler une association était la meilleure des idées, franchement. Tant qu’à faire, elle irait directement dans une banque. Elle avait regardé suffisamment d’épisodes de la casa de papel pour connaître ses options.
Fixant l’écran de son téléphone, elle se décida à envoyer un dernier sms à l’italien, lisant celui-ci à voix haute comme si cela pouvait lui conférer un quelconque pouvoir magique lui permettant d’enfin obtenir une réponse. « Tu. Fais. Chier. Nino. » L’amour vache vous disait-on. S’insulter devenait presque un sport olympique entre eux certaines fois.

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Adèle était dans une phase très particulière et son traitement ne lui faisait plus l’effet désiré du début. Anxieuse, intérieurement, elle se souvenait des mots rassurants de Noa, la directrice à son sujet, et qu’elle lui avait certifié qu’elle pourrait revenir quand elle le voudrait. Assez honteuse de ne pas avoir donné de ses nouvelles durant ses dernières semaines, Adèle s’était bougé malgré tous les fesses pour se rendre jusqu’à l’association Beauregard. En arrivant à l’association où Wylda l’avait déposé rapidement, Adèle reconnaissait les lieux. Depuis mars 2019, elle avait été habituée à s’y rendre presque tous les jours jusqu’à sa première chimio, en septembre, -où elle venait après ça, beaucoup moins régulièrement. Mais pendant des mois, ses murs l’ont entendus crier à deux kilomètres à la ronde, l’ont vu sautiller dans les couloirs à la recherche de l’Italien. La secrétaire à l’accueil qui relève son visage face à son entrée dans les locaux, et Adèle parvient à lui sourire, voulant quand même échanger quelques mots avec elle, et surtout qu’elle lui permette juste de voir la directrice quelques minutes. Elle avait besoin de se confier, de trouver des mots miracles qui ne seraient que pour un temps, un pansement. Mais qui aura au moins le don de lui rendre la vie plus facile. Elle avait juste besoin de ses paroles douces d’une Noa qui sait écouter, et qui donne des conseils appropriés. Et avant de s’installer dans la petite salle d’attente, à cause d’une habitude encore bien trop ancré en elle, elle jette son regard vers le couloir. Ce couloir qui en a entendu avec elle, quand elle courrait derrière Nino, parce qu’il tentait de la fuir, ou parce qu’il jouait. Et parce qu’elle n’a jamais réussi à venir ici, sans le voir, sans lui parler, sans vouloir lui raconter toute sa vie, mais surtout vouloir découvrir toute ses choses sur lui. Parce qu’elle est curieuse Adèle, et parce qu’elle a besoin de toujours mettre des mots sur tout ce qui l’entoure. Elle pourrait faire parler un mur sans problème, et ça a souvent agacé l’Italien, au début. Parce qu’à la fin, il n’aimait pas quand elle restait silencieuse, qu’elle ne disait pas un mot, trouvant n’importe quel prétexte pour l’entendre rire, ou la faire parler. Mais elle a toujours été bon public Addie, et ainsi sans une once de difficulté elle rentrait toujours dans son jeu. Au grand dam de la secrétaire, qui à chaque fois, soupirait. Parce qu’elle les voyait ses petits regards entre eux, ses rires. Parce qu’elle a toujours prit Adèle Shephard pour une pauvre petite innocente et naïve, et l’Italien comme le prédateur. Noa aussi d’ailleurs, elle s’est aventurée à plusieurs reprises à vouloir la mettre en garde sur Nino. Et elle n’a jamais compris pourquoi Adèle, en leur répondant avec cette naïveté quotidienne en haussant les épaules, presque indifférente de cette situation. Mais pour rien au monde elle aurait arrêté, et en cela Noa, devait le sentir. La secrétaire aussi. Finalement plusieurs dizaines de minutes après, et une fois conviée dans le bureau de la directrice, la Shephard en ressort. Souriante, d’apparence parce qu’elle ne sait pas faire autre chose que sourire, et paraître à l’aise, et être optimiste même quand tout décide d’aller de travers, elle finit par sortir des locaux, et surtout qu’elle le voit bien, qu’on la regarde de loin. Elle serait prête à avertir le vigil si Adèle part dans l’autre direction, elle n’avait envie que de lui tirer la langue à cette sorcière à l’entrée, pour l’empêcher de vagabonder dans les couloirs, comme elle le faisait, il fût un temps. Le soleil qui lui tape sur le visage, elle a encore de longues minutes devant elle avant qu’on vienne la récupérer. C’est la raison pour laquelle, elle se dirige vers le petit parc qui borde les locaux, rien de bien grandiose, juste quelques arbres, quelques bancs et de la bordure. C’est là que les fumeurs vont, pour prendre une pause. « Tu. Fais. Chier. Nino. » Elle passe à côté de la nana, qui semble appuyer sur la touche ‘envoyer’ en même temps qu’elle finit de dire à haute voix ce qui ressemble à son sms. Adèle arque un sourcil, bien trop curieuse pour passer à côté. Ici, il n’y a pas cinquante Nino, alors ça l’intrigue, si bien qu’elle arrive par derrière la jeune femme pour s’installer à l’autre bout du banc. Adèle aimait bien faire des rencontres, connaître de nouvelles personnes, elle avait toujours des tonnes de questions à poser. Et puis c’est une vraie pipelette, elle sait faire parler des murs. « Vous attendez quelqu’un ? » Qu’elle demande, en pointant son téléphone d’un signe de tête. « Moi c’est Adèle… On s’est jamais vu… » Elle fronce légèrement les yeux voulant se rappeler si par hasard elle aurait pu croiser la jeune femme par le passé, « vous faîtes partie du corps professionnel ? » Qu’elle demande, lui offrant un sourire, selon elle, elle n’était pas malade. Du moins aucun signe physique ne s’y prête…

L’air encore contrariée, Maze leva les yeux vers la jeune femme qui lui avait adressé la parole et qui s’était installée à l’autre bout du banc sans même qu’elle s’en aperçoive. Elle semblait encore obnubilée par le SMS qu’elle venait d’envoyer et son agacement quelque peu exagéré envers Nino se lisait assez distinctement sur son visage. Elle observa quelques secondes l’inconnue, non pas pour la dévisager comme cela pourrait le laisser croire, mais simplement car il lui fallut bien ce temps pour sortir de ses pensées et revenir dans la réalité. Et puis, soudain, elle sembla enfin se rappeler où elle était. Ça n’était pas simplement l’endroit où travaillait Nino, c’était aussi une association qui avait un but qu’on ne pouvait que louer, et qui permettait aux patients atteints d’un cancer comme à leurs proches de se remettre sur pieds physiquement mais aussi psychologiquement. Elle qui cherchait aujourd’hui plus que jamais un travail qui avait du sens, elle ne pouvait s’empêcher d’envier les gens qui y travaillaient, que cela soit les professionnels de santé comme les agents polyvalents comme Nino. Chacun apportait sa pierre à l’édifice d’une manière ou d’une autre et contribuait au bien-être des gens qui passaient les portes de ce bâtiment. Et c’était tout cela qui venait de se rappeler à elle brusquement. Elle n’était pas juste là à attendre Nino et pester contre lui parce qu’il ne lui répondait pas, elle était aussi potentiellement entourée de patients touchés par le cancer, de leurs proches et des gens qui étaient de manière générale impactés de près ou de loin par cette maladie. Lorsqu’elle réalisa tout cela, les traits de son visage se détendirent enfin et un sourire étira doucement ses lèvres alors qu’elle répondait à la jeune femme : « Oui, quelqu’un qui n’est pas très friand des nouvelles technologies a priori. » Elle imaginait très bien l’italien avec son Nokia 3310 trainant dans un quelconque endroit oublié du bâtiment. Avoir un téléphone pourri ne le dispensait pas de faire un effort pour répondre à ses messages toutefois, et Maze ne manquerait pas de le lui faire remarquer.  « Moi c’est Adèle… On s’est jamais vu… » Le sourire de Maze s’étira un peu plus en constatant que la jeune femme essayait visiblement de la replacer dans son esprit. Elle qui, de son côté, était plutôt physionomiste, était certaine de ne l’avoir encore jamais croisée. « Enchantée Adèle. Moi c’est Maze ! Et non je ne travaille pas ici, j’attends juste un italien qui… » Elle s’apprêtait à ajouter quelque chose comme "qui me tape sur les nerfs à ne jamais répondre à ses messages et qui a l’art de me rendre folle de rage pour des bêtises". Mais, une fois n’était pas coutume, les mots ne s’étaient pas échappés de sa bouche avant qu’elle n’ait eu le temps d’y réfléchir. Elle avait stoppé sa phrase en se rendant compte que ce n’était pas le genre d’informations qui devaient intéresser une parfaite inconnue. D’ailleurs ce n’était pas le genre d’informations qui devaient intéresser quiconque à vrai dire. « J’attends Nino Marchetti. Je ne sais pas si vous le connaissez ? » La britannique n’en était pas certaine, ayant été trop absorbée par son téléphone quelques minutes auparavant pour cela, mais il lui semblait qu’Adèle sortait du bâtiment. Peut-être saurait-elle lui dire, par magie, quand est-ce que Nino s’apprêtait à quitter son travail ? Elle n’y comptait toutefois pas trop. « Et vous, vous travaillez ici ? » On ne change pas une équipe qui gagne : cette fois-ci, les mots s’étaient échappés un peu trop vite et elle ne se rendait compte que maintenant que la jeune femme pouvait très bien être une patiente et se retrouver mal à l’aise face à sa question. Mais c’était trop tard, la question était partie et elle allait avoir du mal à rattraper ce possible faux pas. En témoignait le sourire gêné qui s’affichait maintenant son visage.

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Aussi loin que sa mémoire remonte, elle n’a jamais vu traîner dans le coin la femme assise au bout du banc. Adèle n’a eu aucune gêne de venir s’installer sur le même banc, alors qu’elle aurait pu aisément prendre un de libre. Elle aurait pu continuer un peu sa route et s’asseoir sur celui d’après, Mais la jeune Australienne est du genre pipelette, à vouloir faire parler un mur si on lui donnait l’occasion, ce n’était donc pas anormal sa venue jusque-là.  Elle déteste la solitude, Adèle, toujours ce besoin de parler, de raconter sa vie, d’aller vers les gens. Même si parfois, ça peut surprendre, mais la fille a l’air d’être plus capté par son téléphone que par son arrivée. Elle fronce les sourcils, alors qu’Adèle la regarde du coin de l’œil, s’apprêtant à se faire la conversation elle-même. On est jamais mieux servi que par soi-même n’est-ce pas ? Mais la femme réalise sa présence et l’observe quelques instants, « oui, quelqu’un qui n’est pas très friand des nouvelles technologies a priori. » Elle avait l’air d’en vouloir à la personne pour être aussi fermé. Une habitude peut-être ? « J’en connais un comme ça, dans mon entourage. » Et qui d’autre que Nino Marchetti pouvait tenir ce rôle ? Elle se souvient encore dans le parc, quand elle l’avait vu auprès de Lucia, sa fille, le discours qui lui avait tenu sur les téléphones et sur les réseaux sociaux. Alors que Adèle en raffole de ça, et ne se sépare jamais de son portable dernier cri. Elle doit bien avoir presque 900 photos à l’intérieur. Elle sourit à la femme mais est loin d’imaginer qu’elles pourraient être plus proches qu’elles ne le pensent… « Enchantée Adèle. Moi c’est Maze ! Et non je ne travaille pas ici, j’attends juste un italien qui… » Sans le vouloir, cette fameuse Maze attire son attention plus que nécessaire. Si elle est dans le jardin de l’association Beauregard et qu’elle attend un Italien, ça peut pas être une coïncidence… A moins qu’il y est un patient Italien désormais. Adèle savait mieux que personne qu’il y avait beaucoup de changement, des entrées régulièrement, et elle ignorait depuis combien de temps, elle n’était pas venue ici, alors ce ne serait certainement pas improbable… « Un Italien… » Elle demande, commence sa phrase puis se rétracte, laissant probablement des petits points d’interrogations. Ca la regarde pas vraiment, bien qu’elle l’est piquée au vif, et qu’elle meurt d’envie de savoir maintenant. « J’attends Nino Marchetti. Je ne sais pas si vous le connaissez ? » Elle aurait été en train de boire, elle aurait sans doute avaler de travers, et elle ne peut s’empêcher d’avoir ce sourire au coin des lèvres, le même quand elle voit débarquer au loin, l’Italien. Celui qui lui a permis inconsciemment de prendre l’importance de ses soins, de ses thérapies ici. Sans lui, elle n’aurait rien pris au sérieux, et si le contenu était pour une autre raison, au final le résultat c’est le même : en venant aussi régulièrement à l’association, elle a été suivie de près. Même si la première fois, rien n’était gagner, quand elle a débarqué avec son ami et confident Levi, rien n’avait présagé qu’elle s’attache autant à certains employés, ou membres de Beauregard. « Comment ne pas le connaître… ? » Qu’elle avoue, un peu trop enthousiaste tout à coup, sans que cela ne soit prévu. Mais Adèle ne parvient pas toujours à contrôler ce genre d’entrain soudain, aussi elle se racle la gorge, et reprend, d’une voix un peu plus cadrée, moins laissant croire qu’il s’est dévoilé un peu à elle – ce qui paraît complètement quand on le connaît un minima. « Bien sûr, c’est lui qui s’occupe d’arranger les petits soucis de l’association. » Enfin ça, elle devait le savoir puisqu’elle le connaissait. Adèle trouve refuge à fixer les plantes devant elle, pour paraître un peu moins curieuse, et voulant assurément reprendre contrôle de la situation, « et vous, vous travaillez ici ? » Elle fronce les sourcils. « C’est un peu plus compliqué que ça… » Et plus dérangeant aussi, Adèle n’aime pas vraiment parler de ça, mais après tout, c’est bien elle qui a emmené la conversation. Celle qui n’aime pas être pris à son propre piège. « Mais qui sait un jour, je pourrais peut-être… » Ce n’était pas vraiment dans son intention à l’heure actuelle, et même si Noa lui avait déjà souffler l’idée, elle n’y avait pas encore songé, déjà bien malmené avec ses séances de chimio, et le refuge animalier.

Maze avait toujours tendance à en dire trop, quel que soit le sujet. Elle était bien partie pour commencer à parler sans aucun scrupule de l’italien à une parfaite inconnue. Heureusement pour lui, elle n’aurait certainement pas été jusqu’à partager son adresse et son numéro de téléphone, elle avait ses limites. Quoique…vu l’agacement qu’elle ressentait sur le moment, si cela lui avait permis d’avoir ne serait-ce qu’une minuscule information sur l’endroit où il pouvait se trouver actuellement et sur la raison pour laquelle il ne daignait pas lui répondre, peut-être aurait-elle finalement été capable de délivrer ce genre d’informations au premier venu dans la foulée. Quelle excellente amie elle était. La seule chose qui faisait qu’elle ne culpabilisait pas réellement à cette idée était le fait qu’elle était certaine que Nino aurait agi de la même manière si les rôles avaient été inversées. Enfin encore fallait-il qu’il ait ce genre d’informations à partager ; elle n’était même pas certaine qu’il connaisse son nom de famille. Manque de chance pour lui, Maze connaissait bien le sien et elle venait de le partager sans gêne à la jeune femme qui lui faisait face. Elle avait d’ailleurs observé chez cette dernière une réaction qui lui semblait plutôt particulière alors qu’elle n’avait fait mention que de la nationalité de Nino, mais elle ne s’était pas attardée sur cette intuition un peu hasardeuse. Elle n’était pas toujours la meilleure quand il s’agissait d’analyser les réactions des gens. Toutefois, à l’évocation de son nom, elle n’eut plus aucun doute sur le fait qu’Adèle le connaissait bien, ce qu’elle vint d’ailleurs lui confirmer quelques instants plus tard. La britannique resta silencieuse un instant, observant le sourire qui venait d’étirer les lèvres de son interlocutrice. Sa réaction avait été instantanée et elle ne semblait pas s’en être rendue compte, ce qui rendait la scène assez mignonne. Peut-être se trompait-elle totalement et lisait-elle très mal cette situation, mais Maze avait le sentiment qu’il y avait un lien particulier entre Nino et Adèle. Aucun moyen de s’en assurer pour l’instant en tout cas, mais curieuse comme elle était, elle n’allait pas manquer de creuser cette histoire. L’un de ses passe-temps préférés dans ce genre de situation était de prêcher le faux pour savoir le vrai et tenter de découvrir le fin mot de l’histoire coûte que coûte. Et si, par la même occasion, cela lui donnait l’opportunité de s’immiscer sournoisement dans la vie de Nino, elle aurait tout gagné. Loin d’elle l’idée de lui nuire d’une quelconque manière ; elle avait davantage tendance à faire cela pour essayer de récolter des informations qu’il pourrait chercher à lui taire, qu’elle pourrait utiliser pour se moquer gentiment de lui par la suite, ou qui lui permettrait de le piéger d’une façon ou d’une autre. Comme lui organiser des rencontres avec de parfaites inconnues dénichées sur un site de rencontre par exemple. Mais elle ne s’en faisait pas pour lui car jusqu’à présent il avait toujours été en mesure de parfaitement lui renvoyer l’ascenseur.
Le fait qu’Adèle cherche à camoufler son enthousiasme et reprendre contenance pour retrouver un ton plus neutre concernant l’italien ne manqua pas de faire sourire Maze. Elle ne la connaissait pas, mais elle avait ce petit truc qui faisait que la britannique l’appréciait déjà beaucoup. Elle avait l’air foncièrement et sincèrement gentille.  « Bien sûr, c’est lui qui s’occupe d’arranger les petits soucis de l’association. » Son sourire s’étira davantage encore en voyant son regard se perdre curieusement vers des plantes. Fuyait-elle son regard volontairement ? Qu’avait-elle peur que la britannique puisse y déceler ? « Oui tout à fait. C’est ce qu’il fait quand il n’est pas trop occupé à sauter en caleçon sur le balcon de sa voisine du dessous. » Elle avait lancé ça de manière très nonchalante, le plus naturellement du monde. Elle espérait que cette information fasse l’effet d’une petite bombe et titille suffisamment la curiosité d’Adèle pour qu’elle cherche peut-être à en savoir davantage sur cette histoire. Ça n’était pas très fair play, mais elle n’avait pas trouvé de meilleur moyen de découvrir ce qu’il se passait potentiellement entre eux.  « C’est un peu plus compliqué que ça… » Elle regrettait déjà sa dernière question en constant qu’Adèle était en train de froncer les sourcils. « Mais qui sait un jour, je pourrais peut-être… » Les traits du visage de la brune, qui s’étaient instantanément tendus en réalisant la bourde qu’elle venait de commettre, se détendirent quelque peu. Un sourire doux s’afficha sur ses lèvres alors qu’elle regardait la jeune femme. « Je n’en doute pas un seul instant, si c’est ce que vous voulez vraiment. Vous m’avez l’air d’être quelqu’un de suffisamment tenace et déterminée pour se donner les moyens d’atteindre ses buts. » Elle ne savait pas si cela sonnait comme tel, mais cette phrase se voulait véritablement comme un compliment. Elle venait tout juste de la rencontrer et pourtant elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une instante empathie pour elle.

« rumor has it... »    maze crawley & adèle shephard

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Elle est intriguée la jeune femme comme à son habitude, elle a besoin d'apprendre à connaître. De tout savoir sur ceux qui l'entourent et plus encore quand on fréquente ceux qui sont proches des siens. Elle a toujours aimé jouer à la bavarde, elle n'a pas peur de raconter sa vie, de paraître parfois un peu naïve que de penser que le monde autour d'elle, est beau. Elle n'a pas peur d'être déçue, et même quand elle l'est, elle repart en scelle aussitôt. Mais Adèle aimerait parfois être mystérieuse, comment font ses gens qui arrivent avec facilité à jouer sur deux tableaux en noyant le poisson ? Ce n’est pas de son ressort à Adèle. On lit en elle comme dans un livre ouvert. Il suffit juste de l’observer, juste de voir ce malaise qu’elle installe bien malgré elle, sans l’en empêcher, pour savoir qu’on touche à la corde sensible. Elle ne sait pas vraiment mentir, bien qu’elle est déjà parvenue à cacher à leurs frères, la possible manigance qu’elle a voulu mettre en place pour leurs retrouvailles. Adèle n’a jamais supporté qu’à la mort de ses parents, ses deux frères se déchirent. Et se rejettent la faute l’un sur l’autre, prétextant avoir de la peine plus que l’autre. Adèle n’a jamais été du genre à faire part de ses sentiments avec facilité, plus encore quand ça concerne sa famille. Et parce qu’elle est du genre à tout donner, ou à tout reprendre, Adèle ne connaît pas la demi-mesure. Elle ne connaît pas l’indifférence. Il est donc inutile de préciser que cet air jovial qui se lit sur son visage quand la brune lui parle d’un Italien, et plus particulièrement de Nino Marchetti, la met quand même mal à l’aise. Et que si elle tente d’effacer son sourire, il est déjà trop tard désormais. Elle le voit bien le regard de Maze, ce regard interrogateur. Elle a le même quand elle se retrouve de l’autre côté. Elle allait devoir ruser, Adèle pour pas tomber dans le piège, mais c’est sans compter sur la perspicacité de la demoiselle assise à l’autre bout du banc, et qui semble enfin lâcher son téléphone. « Oui tout à fait. C’est ce qu’il fait quand il n’est pas trop occupé à sauter en caleçon sur le balcon de sa voisine du dessous. » Elle déglutit Adèle, fronçant les sourcils, cherchant à savoir quelle mouche aurait pu piquer cette nana. Elle doit sûrement faire erreur sur la personne. Parce qu’il n’est pas vraiment le type le plus bavard du monde, encore moins celui qui va vers les autres. « Et ça lui arrive souvent ? » Qu’elle demande, intriguée. Elle l’imagine quand même mal à vouloir faire causette avec des inconnues, à moins que ce soit pour une toute autre raison. Est-ce que Adèle Shephard serait en train de tomber dans le panneau, il faut croire que oui. Sa voix n’est que douceur pourtant, elle ne laisse pas grand-chose transparaître, sinon une interrogation qui forcément se lit sur son visage. Et finalement Maze lui sauve la mise en lui demandant plus ou moins avec tact si elle, elle fait partie du clan professionnel. Vu son jeune âge, tout juste vingt-quatre ans, il y avait de quoi se demander. Mais elle ne le prend pas mal, c’est légitime comme question, elle aussi est du genre curieuse, à toujours vouloir poser des questions. Tout découvrir, tout savoir. « Je n’en doute pas un seul instant, si c’est ce que vous voulez vraiment. Vous m’avez l’air d’être quelqu’un de suffisamment tenace et déterminée pour se donner les moyens d’atteindre ses buts. » Elle ne sait pas vraiment si c’est ce qu’elle désire, elle ne s’est encore jamais réellement posé la question. Un jour, peut-être, pour le moment elle préfère songer à son traitement. Ou encore à son boulot de stagiaire dans l’agence immobilière, qu’elle aimerait décrocher cette année. « Merci, j’espère aussi… » Elle sourit légèrement, avant de reposer son regard sur la jeune femme. « Pourquoi vous n’êtes encore jamais venue par ici, avant ? » Elle ose demander, presque doucement, à voix bien plus basse. Elle ne sait pas pourquoi elle demande ça, parce que ça la regarde pas. Mais Adèle doit avoir un sérieux problème avec le silence, contraste absolu avec Nino Marchetti. C’est ce qu’elle doit se dire la femme à côté d’elle. « On pourrait se… Elle s’arrête un instant, quelques secondes, avant de reprendre, un sourire collé à ses lèvres, tutoyer non ? » Ce serait sans doute mieux non ? Elles ne doivent pas avoir beaucoup de différence d’âge. Certainement.

« Et ça lui arrive souvent ? » Maze ne put retenir un sourire amusé. Elle venait de mordre à l’hameçon, pour son plus grand bonheur. « Non, je pense qu’il évite de faire ça tous les quatre matins quand même. Mais c’est comme ça qu’on s’est rencontrés ». C’était véridique et probablement l’histoire qu’elle aimait le plus raconter à ses amis. « Il voulait simplement récupérer un T-shirt propre qu’il s’apprêtait à suspendre pour faire sécher, et qui avait fini sa course sur mon balcon juste en dessous. Je pense que j’ai eu la peur de ma vie ce jour-là, j’ai d’ailleurs manqué de l’assommer à coup de…lampe. » Une arme très efficace, c’était bien connu. Elle observa Adèle avant d’afficher un sourire amusé et de déclarer : « C’est choquant n’est-ce pas ? On imaginerait pas comme ça……qu’il arrive à Nino de faire sa lessive. » Une petite pique gratuite et il n’était même pas là pour en profiter, elle était presque déçue. Et si elle n’était pas rentrée dans autant de détails que quand elle racontait cette histoire à ses amis, elle se rendait compte que cela restait malgré tout tout aussi drôle de la raconter à une personne qu’elle venait à peine de rencontrer. Peut-être devrait-elle un jour songer à rentrer dans les locaux de l’association pour raconter cette mésaventure à qui voudrait bien l’entendre, cela pouvait s’annoncer assez divertissant, et très gênant pour Nino. Même si, au fond d’elle, elle n’était pas certaine que grand chose puisse réellement le déranger. La honte n’avait pas l’air d’être un sentiment qu’il craignait. S’il y avait bien quelque chose d’appréciable chez l’Italien, c’est qu’il avait beau faire les choses les plus stupides au monde, il les assumait toujours jusqu’au bout, et fièrement qui plus est. Maze avait bien envie d’en rajouter une couche sur son ami à présent et, si elle avait commencé cette discussion par une vérité, elle mourrait d’envie de glisser quelques anecdotes complètement fausses. Mais elle attendait, elle patientait. Elle voulait d’abord observer la réaction d’Adèle et déterminer si le sujet Nino était quelque chose qui l’intéressait réellement, ce qui ne rendrait le fait de lancer quelques rumeurs infondées que plus amusant encore. Elle n’avait des scrupules qu’envers une seule personne dans toute cette histoire : Adèle. Elle culpabilisait quelque peu à l’idée de l’impliquer de cette façon en songeant à piéger Nino pour son simple amusement. Mais serait-elle du genre à lui en vouloir pour cela ? Elle le découvrirait certainement plus tard, quand cette discussion aurait porté ses fruits. Et par ailleurs, quelque part, elle avait l’impression que discuter de cette façon à l’improviste avec Adèle lui faisait du bien. Si cela lui permettait de penser à autre chose qu’au retard de Nino, cela lui permettait également de se sortir de ses propres problèmes le temps de quelques instants. « Merci, j’espère aussi… » Elle lui lança un nouveau sourire sincère, comme pour appuyer une nouvelle fois ce qu’elle venait de dire. Elle avait beau être perdue sur le plan professionnel ces derniers temps, elle espérait que cette jeune femme puisse quant à elle s’accomplir dans le domaine qui lui plaisait. « Pourquoi vous n’êtes encore jamais venue par ici, avant ? » C’était une très bonne question à vrai dire, et elle resta silencieuse plus que de raison pour tenter d’y répondre pour elle-même. Après tout, depuis son retour à Brisbane, Maze aurait très bien pu venir à l’association avec Levi. Or c’était bien ce rendez-vous avec Nino qui l’y menait pour la toute première fois. Pourquoi n’avait-elle pas proposé à son ami de l’accompagner ici ? Elle n’avait jamais eu l’impression d’avoir peur de sa propre mort, mais contempler la maladie chez l’un de ses proches était quelque chose qui lui coûtait beaucoup. Peut-être était-ce une réaction égoïste, mais elle se sentait si impuissante face à cette maladie qu’elle n’arrivait pas à la regarder en face. Au fond d’elle, elle ne pouvait que louer la force dont faisait preuve Levi, et espérer qu’elle serait un jour capable de faire preuve d’autant d’abnégation, pour lui. « Je ne sais pas trop, j’en aurais eu l’occasion pourtant… » Elle avait répondu assez évasivement, le regard perdu au loin, devant elle. « En plus me sentir utile me ferait du bien en ce moment. C’est peut-être complètement stupide, mais j’envie quelque peu les gens qui travaillent ici. Ils contribuent à quelque chose d’important, de beaucoup plus grand que leur simple petite personne… » Ses propos lui semblaient confus, même pour elle-même, alors elle n’osait pas imaginer ce que la jeune femme devait penser. Elle ne savait pas non plus ce qui l’avait poussée à avouer quelque chose d’aussi personnel. A croire qu’Adèle était plutôt douée pour faire parler les gens. Maze reporta son attention sur elle et lui offrit un sourire en hochant la tête en signe d’approbation. « Va pour le tutoiement ! »

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Il n’en fallait pas tant pour piquer la curiosité (parfois malsaine) de la jeune malade. Adèle est une vraie boule d’énergie, qui a tendance à vouloir croquer la vie en pleine dent sans se soucier du lendemain. Et plus encore depuis l’annonce de son cancer, elle n’avait jamais cherché à réellement savoir ses pronostics de guérison. Parce qu’elle le sait et Noa l’a, à mainte reprise rappelé à l’ordre, ça ne sert à rien de souffrir ainsi, inutilement. Elle lui avait dit que chaque personne est différente, agit différemment aux traitements, et qu’elle ne se faisait pas de souci pour elle. Que ce serait une étape supplémentaire dans la vie d’Adèle Shephard. Et elle voulait la croire, lui faire confiance, même si Noa veillait aussi aux fréquentations de la jeune femme au sein des murs de l’association, et lui avait explicitement demandé d’arrêter de traîner dans les couloirs avec Nino. Adèle comme toujours, et parce qu’il est plus simple de nier, avait joué la parfaite innocente, avec ses grands yeux de biche paumée et son sourire qui ne la trahissait pas le moins du monde. Même si elle se doutait, que Noa veillait au grain. Et elle l’observait par moment les regardait à travers la grande baie vitrée de son bureau. Forcément la conversation de Nino intéresse Adèle et faudrait vraiment être aveugle (et encore) pour ne pas s’en rendre compte, et cela malgré qu’elle tente de détourner son regard, de paraître la plus indifférente possible : elle n’y parvient que faiblement. « Non, je pense qu’il évite de faire ça tous les quatre matins quand même. Mais c’est comme ça qu’on s’est rencontrés » Elle rigole en s’imaginant la scène, « il a été gêné au moins ? » Est-ce que ça étonnerait Adèle si Maze dirait oui, un peu sans doute, elle hausse les épaules, réfléchit avant d’affirmer quelque chose dont il ne fallait pas sortir de l’ENA pour le deviner. « Vous êtes sa voisine alors… » Et si cette phrase est d’une banalité sans nom, pour Adèle c’est bien plus que cela. Parce qu’elle n’est jamais parvenue à aller aussi loin avec Nino. Elle est déjà aller chez Katherine, la maman de Lucia pour les raccompagner, et si Nino l’a déjà ramené une fois chez elle, à la coloc, elle, elle n’a jamais réussi à lui tirer les vers du nez à ce sujet. Elle n’en a jamais eu l’occasion, il avait prétexté juste une fois que c’était à lui de le ramener, et non l’inverse. Adèle s’était contentée de lever les yeux au ciel, parce que la fierté de l’Italien la faisait rire parfois, et l’agacé parfois. Elle qui est une femme avant tout, qui n’aura jamais besoin d’un homme pour subvenir à ses besoins en matériel, semblait être bien loin du point de vue du macho qui dormait en Nino. Mais elle trouvait ça mignon Adèle et n’a jamais rien trouvé à redire, elle reste une femme qui aime qu’on prenne soin d’elle, par des petites attentions. Et si, Maze était la personne pouvant lui apporter cette touche, elle ne raterait pas l’occasion de faire une surprise à l’Italien pour sonner chez lui. Elle a déjà ce sourire au coin des lèvres d’y penser… Parce qu’elle sait être une chipie parfois, qui profite des situations, qui se présentent devant elle. « Il voulait simplement récupérer un T-shirt propre qu’il s’apprêtait à suspendre pour faire sécher, et qui avait fini sa course sur mon balcon juste en dessous. Je pense que j’ai eu la peur de ma vie ce jour-là, j’ai d’ailleurs manqué de l’assommer à coup de…lampe. » Elle réfléchit un instant, ça la fait sourire, et pour le moins du monde ce n’est pas une rencontre banale. « Avec une lampe ?! C’est pas un peu léger pour assommer quelqu’un de sa carrure ? » A savoir si elle ne disait pas tout haut ce qu’elle pensait tout bas, elle ne s’en rendait pas vraiment compte, probablement un peu trop branché dans l’histoire que Maze voulait lui raconter. Un peu trop dedans. « C’est choquant n’est-ce pas ? On n’imaginerait pas comme ça……qu’il arrive à Nino de faire sa lessive. » Si elle gardait ses grands yeux écarquiller, elle finit par rire à ses derniers mots. Quand même pas à ce point ? En même temps fallait pas croire que Will, son cousin coloc, savait appuyer sur un bouton d’une machine à laver. Les seuls boutons qu’il connaissait c’était ceux de son jeu vidéo. « Je ne sais pas trop, j’en aurais eu l’occasion pourtant… » Elle lui sourit Adèle, elle se voulait rassurante, et n’était pas vraiment certaine de sa question. Peut-être qu’elle ne voulait pas vraiment parler. Beaucoup de gens sont mal à l’aise avec la maladie, elle aussi. « Moi je suis venue la première fois ici, grâce à Levi, un ami, qui… Qui est un peu… Comme moi… » Un peu comme elle, un peu malade. Elle se souvient encore, une rencontre dans une salle d’attente, c’était sa première à Adèle. Elle était seule, lui aussi. Et ce silence pesant dans cette salle. Et ses questions sans réponse alors elle a entamé la première la conversation. Elle aurait pu faire parler un mur. Et si lui, ne voulait pas venir à l’association, elle lui a demandé de l’accompagner la première fois. Parce qu’elle avait peur Adèle, de devoir quitter ce monde, de devoir retrouver aussi vite ses parents. « En plus me sentir utile me ferait du bien en ce moment. C’est peut-être complètement stupide, mais j’envie quelque peu les gens qui travaillent ici. Ils contribuent à quelque chose d’important, de beaucoup plus grand que leur simple petite personne… » Maze qui fait sortir Adèle de ses pensées, « je suis sûr que vous aussi… Elle prend la parole avec douceur, avant de reprendre tournant ses yeux vers elle, vous la trouverez un jour, votre voie… » Comment ça pourrait être différent ? On finit tous par trouver la paix, un jour, elle veut y croire Adèle en tout cas. « Va pour le tutoiement ! » Elle lui sourit avant de détourner son regard autour d’elle. Ce calme c’est rare d’elle, et ça fait du bien, « du coup si je comprends bien, tu es obligée de rester avec moi jusqu’à ce qu’il arrive, Nino… » Elle la taquine, en rigolant. C'est que quand Adèle est arrivée sur le banc, elle n'était pas très joyeuse Maze.

« Il a été gêné au moins ? » Maze se mit à rire spontanément suite à cette question. Non pas pour se moquer d’Adèle, loin de là, mais parce qu’imaginer Nino gêné lui semblait être une telle aberration qu’elle n’avait pu se retenir de rire. « Pas le moins du monde. C’est pas son genre. Non, à vrai dire, je pense même qu’il a trouvé ses cascades parfaitement normales et qu’il a eu du mal à comprendre ma surprise. » Parce que sauter sur le balcon (et pas simplement le balcon d’un voisin au même étage, non, le balcon de la voisine du dessous histoire de bien compliquer la chose) était un geste tout à fait normal pour le commun des mortels, c’était bien connu. Nino avait une façon de penser qui lui échapper quelques fois. « Vous êtes sa voisine alors… » Elle avait réussi à reprendre un peu son sérieux et s’était mise à sérieusement réfléchir à cette question. A croire que le schéma qu’ils avaient tous deux suivis concernant leurs dernières adresses avait été assez chaotique. De son côté, elle avait habité du côté de Redcliffe puis, après ses malheureuses aventures, était repartie du côté de Londres. En revenant à Brisbane, elle avait choisi de louer une chambre d’hôtel qui était tout sauf luxueuse. Et à présent, elle logeait chez son ami et sauveur Anwar, le temps de quelques semaines et ayant la lourde responsabilité de garder en vie son cher perroquet Ibis. « Je l’ai été de manière très provisoire. Je crois que Nino squattait chez une de ses connaissances de l’époque qui habitait au-dessus de chez moi. Ensuite il a déménagé et moi aussi et… » Elle fronça les sourcils, cette histoire n’était pas très claire. « C’est marrant, il a fallu que vous me posiez cette question pour que je me rende compte que je ne connais absolument pas son adresse actuelle. » Etait-ce une information dont elle n’avait pas eu besoin et qui ne l’avait tout simplement pas intéressée jusqu’à là ? Ou bien Nino s’était-il débrouillé pour habillement lui dissimuler depuis tout ce temps ? Elle avait du mal à imaginer que l’Italien puisse faire preuve d’une quelconque subtilité pour dissimuler quoique ce soit, mais toute cette histoire lui semblait soudain étrange. « Enfin bref…j’essayerai d’éclaircir ce sujet, ça m’intrigue maintenant. » Puis, elle secoua la tête comme pour chasser cette idée. Elle était sûrement encore en train de se monter la tête pour rien, c’était sans nul doute sa caractéristique principale. « Avec une lampe ?! C’est pas un peu léger pour assommer quelqu’un de sa carrure ? » Elle fit écho au sourire d’Adèle avant de lui répondre, amusée : « C’est définitivement trop léger. A vrai dire, je suis presque certaine que ça aurait même été trop léger pour mon voisin de 90 ans à l’époque. » Véridique. Il avait beau être vieux, ce voisin avait l’air résolument tenace. Le sourire de Maze s’agrandit un peu plus en voyant Adèle rire à ses blagues stupides au sujet de l’Italien. Quelqu’un qui ne le connaissait pas bien n’aurait certainement pas réagi de cette manière, elle en était certaine. « Moi je suis venue la première fois ici, grâce à Levi, un ami, qui… Qui est un peu… Comme moi… » Une ombre passa furtivement sur son visage alors que la jeune femme prononçait le nom de Levi. Des Levi malades, il n’y en avait certainement pas des centaines à Brisbane. Elle devait certainement parler de son Levi, elle ne voyait pas comment il pouvait en être autrement. Et elle venait par la même occasion de lui confirmer qu’elle était bel et bien malade, comme lui. Elle sourit tristement à la suite de cette information. « Je connais bien Levi… » Bien le connaître était presque un euphémisme. Levi avait été le premier grand amour de Maze à l’époque où ils étaient tous les deux adolescents. Leur histoire avait été belle, mais était terminée à présent. Cependant elle n’en avait jamais gardé aucun ressentiment et leur proximité était restée identique. L’amour avait laissé place à la plus belle histoire d’amitié qu’elle ait connu. Et à chaque fois qu’elle se retrouvait avec Levi, elle avait toujours cette sensation d’être à la maison. Le jeune homme tenait une place toute particulière dans son cœur. Le fait qu’Adèle connaisse non seulement Nino, mais aussi Levi la surprenait et cela pouvait sans nul doute se lire sur son visage. Etaient-elles toutes deux faites pour se rencontrer ? Cela commençait à faire trop de coïncidences pour qu’il n’en soit pas ainsi. « C’est quelqu’un d’exceptionnel. Et s’il a tenu à vous accompagner la première fois pour venir ici, il ne fait aucun doute que vous devez aussi l’être…exceptionnelle. » Son sourire était devenu plus doux et incroyablement sincère. Le simple fait que Levi ait agi ainsi avec elle lui suffisait pour qu’elle soit prête à lui accorder toute sa confiance, les yeux fermés s’il le fallait, et alors qu’elles se connaissaient à peine. « je suis sûr que vous aussi vous la trouverez un jour, votre voie… » Elle avait beau désespérer un peu sur ce plan là ces derniers temps, elle l’espérait de tout son cœur elle aussi. « C’est gentil merci. » Etaient-elles sans même s’en rendre compte en train de créer un club restreint de filles un peu perdues, là, en ce moment même, sur ce banc ? « du coup si je comprends bien, tu es obligée de rester avec moi jusqu’à ce qu’il arrive, Nino… » Elle prit une mine faussement exaspérée à la mention de l’arrivée de Nino qui lui semblait de plus en plus hypothétiques. « C’est exactement ça ! Autant dire qu’on sera peut-être encore là demain matin si on compte sur son sens de la ponctualité pour décoller de ce banc. » Elle sourit, amusée. « Mais je dois avouer que ta compagnie est plutôt agréable, j’aurais pu plus mal tomber ! » Et tous ces points communs qu’elles se découvraient au fur et à mesure, c’était assez surprenant. « Mais t’as l’air de plutôt bien le connaître Nino aussi…Je me trompe ? » Sa question restait prudente. Elle ne cherchait pas à la brusquer dans sa quête d’informations supplémentaires et dans l’attente de savoir si elle pouvait déverser quelques autres anecdotes salées sur l’Italien. Plus elle y réfléchissait, plus elle songeait qu’il était tellement prêt à faire les 400 coups qu’elle disposait aujourd’hui d’un stock d’histoires complètement folles mais véridiques sur lui. Si elle le voulait, elle n’aurait même pas besoin d’en inventer…mais c’était tout de suite moins drôle de penser ainsi.

« rumor has it... »    maze crawley & adèle shephard

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Une chose est sûre, c’est que Nino est bien différent qu’elle. Là où la jeune femme a souvent été sage, et assez timide, le brun ne semble pas être déranger par beaucoup de chose. Elle avait appris à le deviner au fil des conversations qu’elle a eu avec l’Italien, mais ça la faisait sourire quand même. « Pas le moins du monde. C’est pas son genre. Non, à vrai dire, je pense même qu’il a trouvé ses cascades parfaitement normales et qu’il a eu du mal à comprendre ma surprise. » Elle rigole légèrement en compagnie de Maze avant de se souvenir de quelque chose, qui pourrait toutefois contredire son côté cascadeur. « C’est pourtant pas un très grand sportif… » Qu’elle lâche, amusée elle-même par sa réflexion. Il a plutôt l’air fainéant dans ce domaine non ? Sans doute que ça doit dépendre du sport, et elle a un sourire qui se dessine à cause de ses pensées qu’elle fait échapper bien vite, fallait quand même pas que l’autre jeune femme voit un truc louche. « Je l’ai été de manière très provisoire. Je crois que Nino squattait chez une de ses connaissances de l’époque qui habitait au-dessus de chez moi. Ensuite il a déménagé et moi aussi et… Mine de rien, Adèle se rend compte qu’elle écoute très attentivement la jeune femme, serait-elle prête à noter dans un coin de sa tête l’adresse que serait amené à lui donner la jeune femme ? Probablement oui, et pourtant elle n’en avait jamais réellement fais la demande à Nino. Peut-être parce que cela impliquerait qu’il aurait pris une place particulière pour elle, dont elle n’était pas encore prête à laisser entrevoir, à quiconque. C’est marrant, il a fallu que vous me posiez cette question pour que je me rende compte que je ne connais absolument pas son adresse actuelle. » Elle hausse les épaules, détournant la tête, elle ne pouvait s’empêcher de feindre une moue presque triste. Pourquoi en avait-elle autant de valeur cette foutu adresse ? Adèle se ressaisit, jetant un coup d’œil furtif sur sa montre, voulant peut-être savoir dans combien de temps on viendrait la chercher, et ainsi combien de temps pourrait-elle encore parler à la jeune femme ? Parce qu’elle, elle pourrait parler pendant des heures de Nino, mais ce serait étrange non ? Pour quelqu’un qui dit ne pas avoir d’importance particulier pour l’Italien ? « Vous en faîtes pas, c’est pas comme si j’avais l’intention d’y aller toute façon. » Puis d’ailleurs pourquoi elle irait ? Noa avait été clair sans doute davantage avec Nino. Les patients doivent rester à leur place. Même si pour Nino, il n’était pas vraiment un soignant. « Enfin bref…j’essayerai d’éclaircir ce sujet, ça m’intrigue maintenant. » Elle hausse les épaules, elle venait d’éveiller des soupçons et Adèle n’aimait particulièrement pas ça… Et quand elle avoue que sa lampe est trop légère pour assommer quiconque, Adèle rigole. « C’est définitivement trop léger. A vrai dire, je suis presque certaine que ça aurait même été trop léger pour mon voisin de 90 ans à l’époque. » Et elle veut bien le croire, mais ne peut s’empêcher de conclure, rigolant, « j’aimerai pas me retrouver en face de vous… » Et elle sourit la cadette. Parler de Levi apaise son cœur aussi. « Je connais bien Levi… » Elle sur enchérit, avant de poursuivre, un peu plus détendue. « C’est quelqu’un d’exceptionnel. Et s’il a tenu à vous accompagner la première fois pour venir ici, il ne fait aucun doute que vous devez aussi l’être…exceptionnelle. » Elle hausse les épaules, elle n’en sait rien si elle est exceptionnelle. Sans doute pas autant que Levi. Il ne la connaissait pas, et ça ne l’a pas empêché de l’accompagner. Alors qu’il était contre le fait de venir, et de se faire aider. « J’ai eu beaucoup de chance de le croiser sur ma route… » Et c’est ce qu’elle pensait, même si finalement elle est venue pour d’autres raisons après à l’association. Et pas toujours que pour voir les soignants, d’ailleurs. « C’est exactement ça ! Autant dire qu’on sera peut-être encore là demain matin si on compte sur son sens de la ponctualité pour décoller de ce banc. » Elle saura lui dire la prochaine fois qu’elle le verrait, mais elle est sûr que Nino aime se faire désirer. « Peut-être que vous devriez aller le chercher à l’intérieur non ? La secrétaire est pas toujours amicale, mais on arrive facilement à l’amadouer. » Combien de fois elle a demandé à Addie d’arrêter de s’asseoir sur son comptoir, et si la jeune femme en descendait quand elle en avait envie, la secrétaire était certaine qu’elle recommencerait dès le lendemain. Elle avait finis par capituler avec elle. « Mais je dois avouer que ta compagnie est plutôt agréable, j’aurais pu plus mal tomber !» Et ça la touchait. « La tienne aussi, j’ai disons connu pire… » Elle se contente de dire, taquine, avant de lui lancer un clin d’œil amicale. Maze qui laisse son regard se perdre sur Adèle, reprenant son sérieux, elle demande d’une petite voix, « mais t’as l’air de plutôt bien le connaître Nino aussi…Je me trompe ? » Et même si elle aimerait prétendre que non, elle ne le fera pas. Parce que si elle a bien compris quelque chose Adèle, c’est que sa maladie viendra toujours tout foutre en l’air. Il a probablement assez souffert l’Italien pour éviter de s’attacher à quelqu’un dont l’avenir est bancal, précaire. Elle préfère rêver Adèle, il l’a aidé d’une certaine façon à ne pas flancher, à elle aussi, de l’aider de cette façon. « Je sais pas… On a juste sympathisés comme ça… » Elle hausse les épaules. Bien connaître quelqu’un ça implique quoi ? Le connaître depuis plusieurs mois, le côtoyer ou plutôt l’avoir côtoyé presque tous les jours quand elle venait encore à l’association, avant qu’elle soit obligée de commencer sa chimio ? Bien connaître quelqu’un est-ce avoir son numéro de téléphone et pouvoir l’appeler en cas de besoin (encore faut-il qu’il réponde aux messages) ? Bien connaître quelqu’un est-ce se sentir bien avec la personne, au point d’en redemander encore ? Elle n’en sait rien Adèle, si elle le connait bien, elle n’a de sa vie que ce qu’ils acceptent de lui dire, et si elle ne l’avait pas croisé au parc avec Lucia dans les bras, lui aurait-il un jour parlé de sa fille ? Elle n’en sait rien… « Il n’est pas très bavard… » Et elle sourit légèrement. Ou peut-être est-elle pas assez mystérieuse et un peu trop curieuse. Mais elle ne comptait pas spécialement le voir ici, et bien qu’elle avait regardé dans le couloir juste par curiosité, elle n’allait pas partir dans les couloirs de l’association à sa recherche, comme elle l’aurait fait, il fût un temps… « Quand je l’ai vu la première fois, il était en train de déboucher un évier dans les toilettes des femmes. C’était un peu gênant, sauf pour lui je crois… » Qu’elle avoue, un sourire plus sincère sur ses lèvres, parce que si elle tentera de le nier, elle ne peut s’empêcher de sourire en pensant à lui. Et c’est là qu’elle se rend compte qu’elle a été souvent une vraie emmerdeuse avec lui aussi, en se souvenant de tous ses moments passés, à présent en dehors de l’association. Est-ce possible que ce soit les derniers ?

« C’est pourtant pas un très grand sportif… » Elle joignit son rire à celui d’Adèle. « C’est clair que non ! Mais ça ne m’étonnerait pas qu’il ait quand même pensé qu’il pouvait se la jouer Yamakasi. » S’il y avait bien une personne qui était du genre à penser qu’il n’avait pas de limites, c’était bien Nino. Maze souriait intérieurement mais aussi très ouvertement : chaque nouveau mot que prononçait Adèle venait renforcer un peu plus ses certitudes sur le fait qu’elle et l’italien devaient bien se connaître. Elle ne savait pas exactement à quel niveau de "connaissance" ils se situaient tous deux mais avait la ferme intention de le découvrir et elle avait l’impression de progresser quelque peu dans la bonne direction. « Vous en faîtes pas, c’est pas comme si j’avais l’intention d’y aller toute façon. » Elle sourit avant de laisser un « Vraiment ? » lui échapper. La question ne sonnait pas impertinente mais sincèrement curieuse. A vrai dire, elle lui avait échappé un peu vite. A voir les réactions que Nino pouvait provoquer chez elle sans même être présent, elle n’avait pu que répondre du tac au tac à sa phrase et avait rapidement pincé ses lèvres, suivi d’un sourire un peu gêné en signe de bonne foi concernant son dérapage incontrôlé sur cette question. A croire que sa propension à ne pas avoir de filtres et à dire tout ce qui lui passait par la tête commençait à reprendre le dessus. Elle avait pourtant réussi à calmer ce côté de sa personnalité ces derniers temps, et cela lui avait demandé un self control incroyable. « j’aimerai pas me retrouver en face de vous… » Amusée, Maze ne pouvait qu’appuyer ses propos. « Pour être honnête, moi non plus. Je suis surprise par le nombre d’idées complètement stupides et farfelues qui peuvent me traverser l’esprit en une journée. J’imagine que c’est comme ça que je me retrouve à penser que me défendre avec une lampe est une bonne idée. » Des idées saugrenues, il lui en passait effectivement de nombreuses dans un laps de temps très restreint. C’était certainement pour cela qu’elle aimait tant son travail à l’époque : elle pouvait organiser des concerts et concevoir une scénographie avec des professionnels du domaine comme elle le voulait. Elle avait carte blanche, sa créativité n’était nullement bridée et ses patrons se retrouvaient parfois avec des concepts très tordus sur le papier qui finissaient toujours pas rendre de manière fantastique une fois mis en œuvre. Ils avaient été très dubitatifs quant à ses compétences au début mais avaient été forcés de constater que ses idées fonctionnaient. Elle avait fait ses preuves et ils lui avaient fait confiance. A quel moment le challenge et la magie qu’elle avait toujours ressentis dans son travail s’étaient-ils estompés ? « J’ai eu beaucoup de chance de le croiser sur ma route… » Elle resta silencieuse et hocha simplement la tête en signe d’approbation, un léger sourire étirant un coin de ses lèvres. C’était exactement ce qu’elle se disait. Si elle avait réussi à garder la tête hors de l’eau toutes les fois où elle avait rencontré des problèmes, c’était bien grâce à Levi. Ils avaient beau avoir été séparés par des milliers de kilomètres de nombreuses fois, dû principalement au fait que le jeune homme avait une vraie âme de baroudeur, Maze n’avait jamais eu l’impression qu’il était vraiment absent. Si elle avait besoin de lui, elle saurait toujours comment le contacter et se frayer un chemin jusqu’à lui. Si elle allait mal, il serait là. Et elle espérait de tout son cœur qu’elle avait su lui rendre la pareille jusqu’à présent. « Peut-être que vous devriez aller le chercher à l’intérieur non ? La secrétaire est pas toujours amicale, mais on arrive facilement à l’amadouer. » Maze jeta un rapide coup d’œil vers l’entrée du bâtiment avant d’afficher une moue dubitative et de reporter son attention sur Adèle, qui avait l'air connaître parfaitement son sujet concernant cette secrétaire. Elle reprit sur le ton de l'humour : « Je sais pas…Ça me laisserait moins de possibilités par la suite de lui tomber dessus parce qu’il m’a faite poireauter, non ? Et je suis curieuse de voir de combien de minutes il sera en retard cette fois-ci. Pourra-t-il battre son propre record ? L’avenir nous le dira ! » Elle avait adopté sa meilleure voix d’animateur de courses hippiques pour surjouer la fin de sa phrase. En vérité, elle avait surtout peur de provoquer un esclandre si l’Italien se présentait à elle alors qu’ils étaient encore dans le bâtiment. Elle hausserait le ton pour la forme et en ferait des tonnes mais seul lui serait capable de détecter son côté faussement théâtral. Pour ce qui était du reste du personnel et du public à proximité qui ne la connaissaient pas, elle n’avait pas vraiment envie de se donner en spectacle. Et l’alternative de laisser Nino arriver sans faire de réflexion au sujet de son silence radio et de son retard n’était pas envisageable. Et puis, après tout, elle était beaucoup moins pressée de le retrouver maintenant qu’elle avait trouvé de la compagnie. « La tienne aussi, j’ai disons connu pire… » Maze répondit par un haussement de sourcil et un sourire amusé. Elle avait de l'humour et du répondant, et cela lui plaisait. Mais il était temps pour elle de creuser le sujet Nino auprès d’Adèle. Elle n’avait pour l’instant pas avancé très concrètement dans son enquête. Elle resta d’abord assez évasive quand elle lui demanda de but en blanc si elle le connaissait bien. Si ça n’était pas le cas, elle aurait certainement préféré un "Non" à un "Je ne sais pas", c’était évident. C’était un début de piste. Voilà que la britannique commençait à se prendre pour Miss Marple. « Il n’est pas très bavard… » Elle ne put que hocher vivement la tête en signe d’approbation. Il était certain que parvenir à lui faire tenir toute une conversation relevait presque du miracle. « Quand je l’ai vu la première fois, il était en train de déboucher un évier dans les toilettes des femmes. C’était un peu gênant, sauf pour lui je crois… » Elle se mit à rire spontanément suite à cette confession. Adèle avait finalement d'aussi bonnes histoires qu'elle à raconter au sujet de l'italien. « Honnêtement, je pense qu’il devait être aussi à l’aise en train de déboucher un évier dans des toilettes devant toi, qu’en caleçon devant moi après avoir sauté sur mon balcon. J’ai l’impression qu’il n’y aura jamais aucune situation suffisamment étrange sur terre pour réussir à le gêner d’une quelconque manière. » Finalement à bien y réfléchir, n’était-ce pas une qualité plutôt appréciable ? Elle l’enviait presque à ne jamais avoir honte de quoique ce soit. Il ne se posait pas de questions et il ne se prenait jamais la tête pour ce genre de choses. Toutefois, il aurait gagné à avoir un peu plus de pudeur de temps en temps, et de réactions propres au commun des mortels. Maze sourit à cette idée avant de se reconcentrer sur Adèle. « C’est vrai qu’il est pas bavard…alors si je peux partager des informations que j’ai découvertes à son insu ou non pour lui faire regretter de ne pas partager un peu plus spontanément…j’en serai ravie ! Par exemple…Est-ce que tu savais que je l’avais un jour surpris en train de danser chez son coloc de l’époque, seul, en chemise blanche, sur une musique des Backstreet Boys ? Tu vois la scène ? » Elle sourit. La scène était ridicule. Et totalement fictive. Elle n’avait absolument jamais surpris Nino en train de danser sur une quelconque chanson des Backstreet Boys. Ni même en train de danser tout court. C’était un mensonge sans grande importance mais visualiser la scène pour elle-même avait suffi à la faire sourire. Mais elle avait quelques anecdotes, véridiques et fictives, bien pires sous le coude.

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Quand elle observait cette scène, Adèle avait l’impression d’être mauvaise. Mais elle a toujours été une petite chipie et fallait pas lui demander deux fois de raconter des petites histoires croustillantes, ou d’être au première loge pour les écouter. Elle a toujours été ainsi, et probablement le fait d’être la seule fille de la famille n’a fait qu’amplifié ce côté petit enfant qu’on protège malgré soi du mal qui l’entoure. Alors quand Maze lui propose des petites infos croustillantes sur le compte de Nino Marchetti, et bien qu’elle devrait rester stoïque, d’une façade indifférente, elle ne sait pas l’être. Elle ne le sera jamais avec quiconque, et plus encore quand ça le concerne, parce que ça lui permets d’en apprendre un peu plus sur lui, sans se douter que ses infos pourraient en fait être des intox… Qui serait assez saugrenue pour raconter des choses complètement fausses sur le compte d’un ami ? Pas Adèle en tout cas… C’est sans doute un peu enfantin, naïf de croire en tout ce que Maze serait légitime de raconter, mais Addie est quelqu’un qui prend souvent les choses au premier degré. « C’est clair que non ! Mais ça ne m’étonnerait pas qu’il ait quand même pensé qu’il pouvait se la jouer Yamakasi. » Et elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il aurait pu se faire mal et elle rigole quand même Adèle, en échangeant ses quelques mots avec la jeune femme. « J’aurai bien aimé le voir à l’œuvre. Mais elle ne le connaissait pas encore à cette époque. Ca devait être drôle. » Et quand Maze semble embêté de ce que demande Addie, la jeune malade se rétracte parce que c’est pas comme si elle voulait que Nino sache qu’elle parle de lui, à une de ses amies (en plus). Il allait croire des choses… Et même si ce serait légitime, elle n’était pas capable de faire part de ce qu’elle pourrait ressentir pour lui, elle ne sait pas elle-même, réellement où elle en est. Ce qui est sûre c’est qu’elle ne rate jamais une occasion pour le voir, lui parler, vouloir en savoir davantage sur lui, ils ont une connexion qui lui reste encore totalement inconnue, presque étrangère. « Vraiment ? » Non. Bien sûr que non. Elle hausse les épaules, « je doute qu’il apprécie vraiment… » Elle conclut, ne répondant pas vraiment à sa question. Parce que sa réponse ne plairait sans doute pas, et probablement encore moins à l’Italien. Elle n’en sait rien Addie. Le sujet n’a jamais vraiment été abordé, le destin se met toujours à l’œuvre pour les faire se rencontrer à un moment donné ou pas. « Pour être honnête, moi non plus. Je suis surprise par le nombre d’idées complètement stupides et farfelues qui peuvent me traverser l’esprit en une journée. J’imagine que c’est comme ça que je me retrouve à penser que me défendre avec une lampe est une bonne idée. » Et elle veut bien le croire, mais ça la fait rire, « on prend toujours ce qu’on a sous la main. Et là c’est quoi tes idées actuellement ? » Qu’elle demande, avec sa naïveté quotidienne, sûrement, en lui offrant un sourire. Elle pense forcément à quelque chose non ?! « Je sais pas…Ça me laisserait moins de possibilités par la suite de lui tomber dessus parce qu’il m’a faite poireauter, non ? Et je suis curieuse de voir de combien de minutes il sera en retard cette fois-ci. Pourra-t-il battre son propre record ? L’avenir nous le dira ! » Elle tourne aussi son regard en arrière quand Maze regarde la porte d’entrée, et Adèle sourit. « Et il doit battre combien ? » Instinctivement, elle regarde sa montre, un sourire aux lèvres, « que je puisse ouvrir les paris ! » Pourquoi ? Elle n’en sait rien… « Honnêtement, je pense qu’il devait être aussi à l’aise en train de déboucher un évier dans des toilettes devant toi, qu’en caleçon devant moi après avoir sauté sur mon balcon. J’ai l’impression qu’il n’y aura jamais aucune situation suffisamment étrange sur terre pour réussir à le gêner d’une quelconque manière. » Elle sourit amusée à la remarque de Maze, elle aussi aurait bien voulu le voir en caleçon, tant pis… Elle n’a pas été au bon moment, au bon endroit… Elle secoue sa tête légèrement, amusée de sa réflexion qu’elle se gardera bien pour elle, cela dit… « C’est vrai qu’il est pas bavard…alors si je peux partager des informations que j’ai découvertes à son insu ou non pour lui faire regretter de ne pas partager un peu plus spontanément…j’en serai ravie ! Par exemple…Est-ce que tu savais que je l’avais un jour surpris en train de danser chez son coloc de l’époque, seul, en chemise blanche, sur une musique des Backstreet Boys ? Tu vois la scène ? » Et elle lève les yeux vers Maze, un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. « Attends… Backstreet boys… Avec Nick Carter ? » Et ça l’a fait marrer l’Australienne, « non mais j’imagine carrément ! » Qu’elle avoue, d’une voix ponctuée un peu trop dans l’aigu sûrement, pour montrer sa surprise. Et elle n’allait pas le louper la prochaine fois qu’elle le verrait… « Une autre… Une autre… » Qu’elle demande, en tapant ses deux mains sur ses cuisses, encourageant de la pire des manières Maze à poursuivre.

Difficile de se départir de son sourire alors que des images fictives de Nino en mode Yamakasi circulaient encore dans son esprit. « J’aurai bien aimé le voir à l’œuvre. Ca devait être drôle ». Cela avait été assez effrayant à la base, mais une fois la surprise passée, la britannique devait avouer que pour être drôle, c’était sacrément drôle. « Promis, si ça lui reprend, je te filmerai la scène. Mais bon, je pense que d’ici là il aura trouvé d’autres choses bien pires à faire pour notre plus grand bonheur ! » Elle n’en doutait même pas une seule seconde. Il excellait dans les domaines de la spontanéité et de la surprise. « je doute qu’il apprécie vraiment… » Maze plissa légèrement les paupières, comme pour essayer de détecter une émotion particulière chez Adèle. Elle ne répondait pas réellement à sa question et cela venait abonder dans le sens de l’impression qu’elle avait : Nino n’était définitivement pas juste l’homme à tout faire pour elle. Elle n’avait pas fait que le croiser par hasard au détour d’un évier à déboucher dans les toilettes. Mais Maze n’insista pas plus que cela sur la question. Elle avait en quelque sorte sa réponse de manière détournée, et elle n’avait pas l’intention d’insister sur ce genre de sujets et de forcer à Adèle à lui donner des informations qu’elle ne voulait pas forcément partager avec la première personne rencontrée au coin de la rue…ou sur le banc d’à côté en l’occurrence. « on prend toujours ce qu’on a sous la main. Et là c’est quoi tes idées actuellement ? » Un sourire complice s’afficha immédiatement sur son visage. « Là tout de suite ? Je cherche la meilleure façon de faire payer à Nino son retard et son silence radio. » Elle fit mine de réfléchir intensément à la question. « Pour l’instant, j’hésite entre lui faire manger son portable inutile, ou lui en acheter un dernière génération. Parce que ce sera une vraie torture pour lui. Un combo des deux idées n’est pas à exclure non plus. » Et la créativité d’Adèle, qu’en était-il alors ? « Mais si tu as des idées à me soumettre, je suis preneuse ! » A elles deux, elles trouveraient certainement une solution à la hauteur des frasques quotidiennes de Nino. La britannique se mit à rire lorsqu’elle jeta un coup d’œil à sa montre tout en s’enquérant du record actuel qu’il détenait. « Très exactement une heure vingt-trois minutes. J’ai pas été jusqu’à compter les secondes mais après l’avoir attendu aussi longtemps, je ne pensais qu’à une chose : l’étrangler. D’autant plus qu’il a fini par arriver frais et dispo comme si de rien n’était…je crois que c’était ça le pire. » Elle souriait mais elle se souvenait parfaitement qu’à l’époque elle avait très sérieusement songé à l’étriper. Sa capacité à supporter sa nonchalance permanente avait des limites. « C’est pour ça que j’avais l’air un peu crispée quand tu m’as adressé la parole…Excuse-moi encore. Mais maintenant quand on se donne rendez-vous, je ne sais jamais combien de temps je vais devoir l’attendre et ça me rend juste folle. » Elle lâcha un soupire à cette idée non sans départir de son sourire. Elle avait souvent fait preuve de patience et de bonne volonté avec Nino…une fois…deux fois…maintenant elle se contentait juste de se faire une idée et de monter le ton pour la forme quand il finissait enfin par se présenter à elle. « Mais bonne idée d’ouvrir les paris tiens ! Alors, est-ce que tu penses que ce sera plus ou moins qu’une heure et vingt-trois minutes aujourd’hui ? » Elle n’avait pas l’intention de mettre de l’argent en jeu, mais c’était une activité comme une autre pour faire passer plus rapidement le temps, et elle trouvait ça plutôt drôle de s’adonner à ce genre de considérations avec Adèle. « Le connaissant, si je dis qu’il va arriver plus tard, il va se débrouiller pour débarquer comme par magie avec une heure et vingt-deux minutes de retard… » Par simple esprit de contradiction. Et en n’ayant pas du tout été au courant du pari ni même de la durée initiale de ce fameux record. Mais il devait avoir un sixième sens pour réussir à l’énerver. « Attends… Backstreet boys… Avec Nick Carter ? » Ses anecdotes semblaient avoir bien pris avec Adèle. Son sourire s’étira un peu plus « Lui-même ! » Finalement, qu’est-ce qui prouvait qu’elle était en train de mentir ? Si ça se trouvait, il était déjà arrivé à Nino de se déchaîner seul chez lui sur une musique du boy band. A vrai dire, elle imaginait même très bien la scène pour que celle-ci ne se soit pas produite. Bon, elle prenait peut-être ses rêves pour la réalité, mais elle ne pouvait pas effacer son sourire gentiment moqueur à présent. « Une autre… Une autre… » Elle se mit à rire sincèrement en voyant la réaction d’Adèle. Et si cela l’encouragea à continuer, elle ne put s’empêcher de ressentir une petite pointe de culpabilité supplémentaire. Mais cela ne l’empêcha pas d’ajouter : « Tu vois ce que c’est les romans Harlequin ? Ces romans d’amour qui sont les guilty pleasure de pas mal de femmes à travers le monde et sur lesquels on retrouve en général en couverture un homme torse nu en train de sauver une demoiselle en détresse ? La quintessence de l’homme macho et de la faible femme dans toute sa splendeur. » Avait-elle déjà lu certains de ces romans ? Peut-être. « Bref…Nino était un petit peu court niveau argent et…il a posé pour la couverture d’un roman Harlequin…Jusqu’à présent je n’ai pas réussi à mettre la main dessus, mais ma recherche continue. » Un nouveau mensonge…mais encore une fois très crédible dans son esprit. Elle était presque fière de ses inventions tellement elle réussissait à visualiser la scène à chaque nouveau mensonge. Mais histoire de se rattraper un peu, elle avait une histoire plus croustillante et drôle encore à ses yeux à partager à Adèle. Et, si elle parvenait à la lui raconter, celle-ci, pour le coup, était bien véridique. Si elle glissait quelques vérités au milieu de ses mensonges, cela rattrapait un peu la chose n’est-ce pas ?...

« rumor has it... »    maze crawley & adèle shephard

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Elle se sentait bien en présence de Maze, elle rigolait bien avec la jeune femme, qui semblait elle-même bien rigoler des anciennes aventures de Nino. Deux vraies pipelettes qui n’en avaient pas terminés. Elle n’était même pas pressée que son aîné vienne la récupérer, parce qu’elle n’a pas le permis Adèle. Elle n’a jamais voulu le passer, parce qu’elle est très affectée de la mort de ses parents, morts dans un accident de la route alors que les deux adolescents, Ash et elle-même les attendaient après les cours. Et ils n’ont jamais pu leur dire au revoir, pendant des mois, Adèle a refusé de monter dans une voiture, prétextant pour une gamine de quatorze ans, que c’était uniquement la faute des voitures. Les mois ont passés, puis les années, et elle a gardé ce contact très houleux avec les voitures, elle ne les aime et ne les aimera jamais ! Elle vante les mérites du vélo mais parfois il lui arrive d’accepter de grimper dans ses objets à quatre roues – davantage ses dernières semaines, parce que la chimio l’a malgré tout beaucoup fatigué. « Promis, si ça lui reprend, je te filmerai la scène. Mais bon, je pense que d’ici là il aura trouvé d’autres choses bien pires à faire pour notre plus grand bonheur ! » Maze qui rétorque, non sans aucune gêne, et Adèle qui passe du rose au rouge, au blanc et probablement au vert entre temps. Elle vient sérieusement émettre qu’Adèle aimerait voir Nino en caleçon ? Elle panique intérieurement, extérieurement son rire est un peu gêné et elle détourne assez rapidement la tête en direction de l’herbe, y trouvant soudainement un intérêt à la hauteur de ses espérances. « Non non c’est pas la peine… Et manquerait plus qu’elle en touche un mot à Nino… Ca le ferait sourire et probablement même, y trouverait-il quelque chose de plaisant, tu crois qu’il est capable de pire ? » Elle questionne, parce que là, franchement elle voit pas. « Là tout de suite ? Je cherche la meilleure façon de faire payer à Nino son retard et son silence radio. Pour l’instant, j’hésite entre lui faire manger son portable inutile, ou lui en acheter un dernière génération. Parce que ce sera une vraie torture pour lui. Un combo des deux idées n’est pas à exclure non plus. » Et elle rigole bien volontiers, parce qu’elle touche en plein mille ! Adèle est certaine que ça agacerait Nino qu’on touche à son vieux téléphone des hommes des cavernes. « Mais si tu as des idées à me soumettre, je suis preneuse ! » Elle réfléchit parce qu’embêter Nino, elle n’a jamais été la dernière et que surtout elle se souvient de ce qu’il lui avait dis quand elle lui avait montré son téléphone dernier cri et qu’elle s’était moqué du sien en contrepartie. « Lui faire manger son téléphone, je pense pas que ça le dérangera plus que ça… En revanche je pense que tu devrais vraiment songer à un téléphone dernier cri, avec appareil photo, vidéo. Et au couleur rose… » Elle rigolait d’avance mais elle abusait sans doute un peu choisissant une telle couleur. Le macho par excellence prit dans son propre jeu… « Et par exemple en phrase d’accroche tu pourrais mettre ‘tu as l’heure pour arriver à temps à nos rendez-vous, et même un réveil pour te le rappeler’ »  Probablement sur le sien aussi, mais ça l’empêchait pas d’arriver en retard. Et quand Addie demande depuis combien de temps l’Italien est déjà arriver en retard, elle lui répond, « très exactement une heure vingt-trois minutes. J’ai pas été jusqu’à compter les secondes mais après l’avoir attendu aussi longtemps, je ne pensais qu’à une chose : l’étrangler. D’autant plus qu’il a fini par arriver frais et dispo comme si de rien n’était…je crois que c’était ça le pire. » Ah ouais quand même, il fait pas semblant. Elle-même n'est pas celle qui arrive le plus à l'heure mais ça se joue à quelques minutes près. Et ça la surprend Adèle qu’elle se souvienne à la minute même le temps de retard de Nino, pour sa part, elle n’avait pas eu de souci, bien qu’en réalité il lui ai donné rendez-vous qu’une seule et unique fois, officiellement. Quand il voulait s’excuser pour avoir aidé un cambriolage de la maison que l'agence immobilière d'Adèle à la charge pour la vente. Et qu’elle est tombé pile sur lui, il s’est emporté Nino, il n’avait probablement pas apprécié qu’elle puisse voir cette image de lui. « Tu devrais faire pareil et arriver un jour avec autant de retard ! » Qu’elle avoue avec toute sa naïveté. Comme si la vie c’était ça. « C’est pour ça que j’avais l’air un peu crispée quand tu m’as adressé la parole…Excuse-moi encore. Mais maintenant quand on se donne rendez-vous, je ne sais jamais combien de temps je vais devoir l’attendre et ça me rend juste folle. » Elle tourne ses yeux vers la jeune femme, et très certainement qu’elle serait folle Adèle d’attendre plus d’une heure vingt, une personne et cela même si c’est un ami proche ou un membre de sa famille. « Ne t’en fais pas… » Sa voix est rassurante, alors qu’elle poursuit, « mais pour te dire vrai, je n’imagine attendre personne autant de temps… » Pas même son cousin ni ses frères. Adèle n’est pas vraiment une nana très patiente quand il s’agit de ça. Elle a été élevée comme une petite princesse, il ne faut jamais vraiment la faire attendre autant de temps, sinon elle peut râler, ou bouder. « Mais bonne idée d’ouvrir les paris tiens ! Alors, est-ce que tu penses que ce sera plus ou moins qu’une heure et vingt-trois minutes aujourd’hui ? » Prête à répondre, elle fait pourtant durer le suspense avant d’avouer, « honnêtement je dirais moins, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il est au travail, et Nino n’est pas vraiment du genre à prolonger ses heures… » Elle hausse les épaules, est-ce possible qu’il mettent plus de temps ? « et comme je le retiens pas… Mais j’ouvre les paris ! Un verre au bar ? » Qu’elle demande, un sourire au coin des lèvres. Parier un verre au bar c’était quand même sympa, et elles pourraient inviter Nino, histoire de le narguer avec leur pari idiot. Elle avait l’habitude de parler parfois de très longues minutes avec lui, à ne pas voir le temps passer, surtout dans les débuts quand elle cherchait un point d’accroche avec l’Italien et qu’il préférait l’ignorer, ou soupirer devant toutes les questions que Adèle pouvait poser. « Le connaissant, si je dis qu’il va arriver plus tard, il va se débrouiller pour débarquer comme par magie avec une heure et vingt-deux minutes de retard… » Adèle rigole à sa réplique, alors que Maze surenchérit sur une anecdote. « Lui-même ! » On sent tout de suite l’excitation d’Adèle qui s’emballe à imaginer Nino chantait des chansons de boy-bands, c’était presque irréalisable. Impensable. « Tu vois ce que c’est les romans Harlequin ? Ces romans d’amour qui sont les guilty pleasure de pas mal de femmes à travers le monde et sur lesquels on retrouve en général en couverture un homme torse nu en train de sauver une demoiselle en détresse ? La quintessence de l’homme macho et de la faible femme dans toute sa splendeur. Elle fait un signe positif de la tête, bref…Nino était un petit peu court niveau argent et…il a posé pour la couverture d’un roman Harlequin…Jusqu’à présent je n’ai pas réussi à mettre la main dessus, mais ma recherche continue. » Non ?! Adèle ne peut s’empêcher de relever la tête devant cet aveu presque inimaginable. « T’es sur ? » Qu’elle demande, parce que franchement, ce serait un peu étonnant. Lui qui n’aime pas trop être au centre des intérêts et est plutôt discret. « C’est lui qui t’as dit ? » En tout cas fallait qu’elle voit le bouquin pour y croire… « Et tu fais quoi comme boulot ? Journaliste d’investigation ? » Elle demande, un sourire aux lèvres, en référence à toute ses anecdotes.

La britannique ne put que subrepticement se pincer les lèvres pour éviter de se mettre à rigoler -en toute bienveillance- en voyant les réactions par lesquelles Adèle était capable de passer. La voir ainsi se tourner vers l’herbe pour tenter de maîtriser ses émotions et reprendre contenance avait quelque chose de très attendrissant. « tu crois qu’il est capable de pire ? » Elle hocha vivement la tête. Aucun doute n’était possible. « Je ne saurais pas te donner d’exemples concrets là tout de suite mais pour moi c’est évident qu’il arrivera toujours à faire pire. Je crois que c’est un de ses talents. » C’était un talent comme un autre après tout finalement. Comme le fait de réussir à arriver en retard à tous les rendez-vous qu’ils se fixaient. « Lui faire manger son téléphone, je pense pas que ça le dérangera plus que ça… En revanche je pense que tu devrais vraiment songer à un téléphone dernier cri, avec appareil photo, vidéo. Et au couleur rose… » Maze marqua une légère pause avant de se mettre à rigoler bien franchement. L’idée d’Adèle était géniale et lui convenait parfaitement. « Le rose, c’est le détail qui tue, ça lui ira parfaitement ! » Elle imaginait déjà l’Italien contraint de sortir ce téléphone en public et elle se réjouissait du spectacle que cela procurerait. Quoiqu’une autre possibilité était encore qu’avec un tel téléphone, il décide de définitivement abandonner toute forme de technologie. « Et par exemple en phrase d’accroche tu pourrais mettre ‘tu as l’heure pour arriver à temps à nos rendez-vous, et même un réveil pour te le rappeler’ » Son sourire s’étira un peu plus alors qu’elle regardait Adèle. « Mais c’est génial ! Ça ne pouvait pas mieux coller à la situation. Si tu recherchais une quelconque activité récréative à faire pendant ton temps libre, je t’embauche immédiatement pour m’aider à faire la misère à Nino. Au besoin, tu pourras garder ton identité secrète pour qu’il ne sache pas que tu m’aides à son insu à l’élaboration de plans machiavéliques. » Ça y est, elle était lancée dans ses habituelles élucubrations. En général, Maze essayait de se contenir un minimum et de paraître normale pour ne pas être jugée par des gens extérieurs qui n’avaient pas l’habitude de la côtoyer. Mais en présence d’Adèle, son naturel revenait bien vite au galop. Elle avait l’air aussi créative et réactive qu’elle pour trouver des idées saugrenues, et le fait qu’elle connaisse apparemment bien la façon d’être de Nino ne pouvaient que faire d’elles deux un duo de choc. Maze réalisait qu’il était bien agréable pour elle de pouvoir mettre ses soucis de côté le temps d’une agréable discussion. Elle avait même l’impression de retrouver un peu de celle qu’elle était il y a quelques mois encore, qui ne se souciait pas de mille et une choses et qui blaguait pour tout et n’importe quoi. « Tu devrais faire pareil et arriver un jour avec autant de retard ! » Elle sourit à cette idée. Effectivement, elle devrait sérieusement songer à faire ça. « Je crois que j’aurais peur d’arriver quand même la première. Pour bien faire et histoire d’être certaine que la vengeance soit totale, je pense que l’idéal serait de ne pas me rendre au rendez-vous du tout ! » Par esprit de contradiction et par fierté, en se rendant compte qu’elle lui avait fait faux bond, elle soupçonnait toutefois l’italien d’être capable de lui dire qu’il avait complètement oublié le rendez-vous de son côté et qu’il n’avait pas fait l’effort de se déplacer. Leur bataille était sans fin. « honnêtement je dirais moins, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il est au travail, et Nino n’est pas vraiment du genre à prolonger ses heures… » Maze plissa légèrement les paupières tout en agitant bêtement son index pour signifier qu’elle n’avait pas pensé à cela. « C’est pas bête ça… » Il y avait effectivement de grandes chances pour qu’elle ait à attendre moins longtemps que d’habitude car Nino n’était pas du genre à travailler plus longtemps pour la beauté du geste -qui l’était, d’ailleurs ?-. « et comme je le retiens pas… Mais j’ouvre les paris ! Un verre au bar ? » Comment ça elle ne le retenait pas ? Sous-entendait elle donc par là qu’elle discutait souvent avec lui quand ils se croisaient ? Maze n’insista pas sur ce point mais elle le nota néanmoins dans un coin de son cerveau comme une preuve supplémentaire dans son enquête. Elle réunirait plus tard les différents points qu’elle avait notés pour établir son hypothèse finale et voir ce qu’elle pourrait en conclure. Par ailleurs, le verre au bar lui disait bien. « Et volontiers pour le verre au bar ! » Elle n’était pas contre discuter un peu plus longtemps et faire plus ample connaissance avec la jeune femme. Toutefois, elle ne savait pas si l’invitation lui était réservée ou si celle-ci incluait tacitement la présence de Nino. Etant donné qu’elle était tout de même en train d’attendre ce dernier, il y avait de fortes chances pour qu’il soit aussi de la partie. A cette idée, un léger vent de panique souffla sur elle, qu’elle tenta de camoufler du mieux qu’elle pu. Ses mensonges n’allaient certainement pas tarder à lui retomber dessus. « C’est lui qui t’as dit ? » Elle secoua négativement la tête ; elle commençait sérieusement à s’enliser dans ses histoires. « Non, un de ses potes un peu trop bavards. » Bien. Rejeter la faute sur un inconnu. Bonne idée. « Et tu fais quoi comme boulot ? Journaliste d’investigation ? » Tiens…peut-être était-ce une voie de reconversion à étudier après tout ? Maze sourit. « Actuellement, je fais pas grand chose. J’étais Chargée de projet événementiel pour un festival. Mais pendant mon temps libre, diffuser des anecdotes ridicules sur Nino et tenter d’en découvrir de nouvelles, je t’avoue que c’est une de mes activités préférées. Alors j’ai envie de répondre un peu oui pour journaliste d’investigation ! » Bon…si elle rattrapait le coup avec une histoire véridique cette fois-ci, et qu’elle calmait le jeu un peu après, peut-être qu’Adèle ne lui en voudrait pas trop si elle était amenée à découvrir la vérité ?... « Es-tu prête pour la meilleure anecdote qu’il soit ? » Elle marqua une légère pause, prenant un air faussement dramatique pour théâtraliser ce qu’elle s’apprêtait à dire. « Nino a participé au casting pour une télé réalité et…je ne m’explique toujours pas comment, il a réussi à m’entraîner dans cette histoire avec lui. » Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle n’avait pas pris les jambes à son cou ce jour là à vrai dire. « Tu sais, ces émissions dans lesquelles les participants ont tous un secret à conserver ? Et bien Nino avait pour l’occasion décidé que notre secret serait d’être un couple d’acteurs de films X, très connus en Chine. » Elle secoua la tête en repensant à cela, non sans afficher un sourire amusé. Il était énervant, mais il était aussi le meilleur pour la divertir et l’amuser de la plus stupide des façons. Elle reporta son attention sur Adèle avant de réaliser que ce qu’elle venait de dire méritait peut-être de plus amples informations pour que cela ne prête pas à confusion. « Mais on n’est pas en couple évidemment ! » Elle avait répondu de manière assez rapide pour dissiper tout doute. Tout comme elle se hâta de préciser encore plus vite : « Et on est encore moins des acteurs de films X ! Enfin à moins qu’il m’ait caché ça, mais ça n’est pas mon cas. » Elle songea un instant que ce n’était peut-être pas le genre d’informations à délivrer lors d’une première rencontre. Adèle allait-elle la prendre pour une folle finie et décamper à toute allure ? Une fois que Maze était lancée dans ses histoires, elle ne savait plus s’arrêter.