Leena remue nerveusement sur son siège. Se redresse, croise les jambes, les décroise, pose ses mains sur ses cuisses, sur la table. Elle prend son téléphone, ouvre la caméra en mode selfie, regarde longuement son reflet. Ce qu'elle voit ne lui déplaît pas ; elle s'est même prêtée au jeu du maquillage, pour la soirée. Pas trop son genre d'habitude, pourtant. Leena n'avait jamais été très coquette, elle avait même été carrément garçon manquée, quand elle était plus jeune. Maintenant, elle blâmait le manque de temps, le manque d'argent, le manque d'envie, en réalité. Il n'y avait littéralement que pour les fêtes et les anniversaires qu'elle prenait la peine de se poser dix minutes devant un miroir pour tenter de faire quelque chose de ses dix doigts. Ce soir, elle était plutôt satisfaite de ce qu'elle avait réussi à faire. Un trait d'eye liner à peu près correct, un peu de mascara, et un rouge carmin sur ses lèvres. Elle se demandait si elle n'avait été trop audacieuse en tentant cette couleur. Leena n'était pas du tout habituée à se voir sous ce jour ; en même temps, elle n'était pas non plus habituée à avoir des rendez-vous avec des inconnus. Si la jeune femme était aussi stressée, ce n'était pas à cause de son apparence, mais bien à cause de la personne qu'elle attendait.
Elle n'avait jamais été du genre à traîner sur des sites de rencontre ; elle n'y était pas non plus opposée. Pour Leena, les rencontres pouvaient se faire partout, dans un bar, sur Internet, peu importait. Elles en avaient plaisanté, quelques temps plus tôt, avec Kelly, s'étaient dit qu'à force de ne jamais trouver la bonne personne, elles allaient finir par se mettre à l'ère des rencontres 2.0. Curieuse, Leena avait cédé, elle s'était inscrite, et elle avait trouvé le principe particulièrement addictif, bien qu'éthiquement questionnable. Swipe left, swipe right, c'était incroyablement facile. Un peu trop, peut-être, vu le nombre de garçons bizarres sur lesquels elle était tombée. Et puis, il y avait eu lui, Matthias. Joli garçon, elle n'avait pas tellement hésité en voyant sa photo. Ils s'étaient mis à parler, il est photographe, porté sur l'art, et encore plus important, il n'avait pas l'air d'être un psychopathe. Malgré ça, Leena avait un peu hésité avant d'accepter le rendez-vous. Et si il était déçu par elle, ou pire, si elle était déçue ? S'il n'était pas du tout comme sur les photos, et si, au final, c'était vraiment un psychopathe ? Leena était si perdue dans ses pensées et ses inquiétudes qu'elle ne le vit pas s'approcher de la table, et sursauta presque quand elle se rendit compte de sa présence. "Matthias !" s'exclama-t-elle, tout sourire. Une chance, elle était de nature extravertie et très amicale, aussi n'avait-elle pas le moindre problème à converser avec les inconnus. "J'espère que tu as trouvé facilement" continua-t-elle en le serrant rapidement dans ses bras. C'était sa façon à elle de dire bonjour. Elle se rassit à sa place, et le regarda un peu plus longuement. Pas de doute, c'était bien lui, et il ressemblait parfaitement à ses photos. Mieux encore, il était encore plus mignon en vrai. Pour l'instant, tout se passait bien. "Hm, je t'ai attendu pour commander, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Tu es plus vin, ou bière ?" demanda-t-elle avec un sourire un peu nerveux.
Je ne me rappel pas la dernière fois que j’ai été aussi nerveux pour un rendez-vous. Bien sûr, j’ai déjà fait, des tonnes de fois. J’ai eu des petites amies, même des coups d’un soir, mais cette fois-ci je suis nerveux. Depuis mon divorce, en 2016, j’ai toujours pris soin de ne jamais partager plus d’une nuit avec quelqu’un. Je ne veux pas d’attacher, pas de choses qui peuvent me faire autant de mal que mon divorce en avait fait. Il m’arrive toujours de penser à Julia, de penser à notre vie ensemble, à tout ce que nous avions travers ensemble durant notre relation, et c’est lorsque je pense à tout cela que je me dis que je suis bien mieux seul. Mon histoire avec Julia me rappel de bons souvenirs bien sûr, de très beaux mêmes mais aussi beaucoup de souvenirs douloureux. La perte de notre futur fils, les disputes, les prises de têtes, les paroles blessantes, et puis bien sur le divorce final. Si je n’ai jamais vraiment parler de tout cela à qui que ce soit, que je ne me suis jamais permis de montrer ma douleur et ma peine c’est parce que je suis ainsi. En grandissant, j’ai appris que c’est mieux de ne rien montrer, de ne rien partager non plus des fois. Alors depuis 2016, je me contente d’une nuit de temps en temps. Pourtant cette fois-ci c’est différent. Cette fois-ci, j’ai un rendez-vous, un vrai premier rendez vous et cela me rend nerveux. Leena elle s’appelle. Une belle brune au yeux bleu et qui a l’air vraiment gentil et avec qui la conversation via Tinder a été plutôt facile. Elle a proposé qu’on se rencontre, qu’on aille se prendre un verre à boire et j’ai accepté. Je me suis surpris moi-même en disant oui, mais j’ai accepté.
Je tente, tant bien que mal, depuis environ cinq minutes d’aplatir un épie sur l’arrière de ma tête mais fini par abandonner. Je remarque alors ma chienne, assise derrière moi, qui me fixe. « Me regarde pas comme ca toi. » Je lui dis et elle me répond en jappant doucement avant d’aller s’installer sur le canapé. J’attraper mes clés, mon téléphone et m’installe au volant de ma voiture. Il ne me faut qu’une vingtaine de minutes pour me garer près du bar et cinq de plus pour y rentrer et chercher la brune du regard. « Matthias ! » Je me tourne vers l’endroit d’où provient la voix et me retrouve face à la dénommée Leena. Elle est belle, encore plus belle que ses photos tinder et son sourire est presque contagieux. « Hey salut Leena. » Je lui adresse à mon tour un sourire. « J'espère que tu as trouvé facilement. » Une accolade rapide et je me rend compte à quel point tout cela parait facile, naturelle pour elle. Elle a l’air d’avoir une sacrée énergie et surtout un sacré facilité à parler avec les gens, un peu au contraire de moi. « Oui, oui, je connais déjà l’endroit. » En presque quatre ans à Brisbane j’ai eu le temps de connaitre la vie et pas mal de ces endroits.
Je prends alors place à côté de la brune au bar. « Hm, je t'ai attendu pour commander, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Tu es plus vin, ou bière ? » Je me tourne vers elle et lui adresse un sourire. « Ca sera une bière pour moi. Mais je t’invite. » Je n’allais quand même pas la laisser payer lors d’un premier rendez-vous. Je fait signe au barman et commande nos deux boissons avant de lui donner ma carte de crédit et de lui demander de laisser ma ‘tab’ ouverte. « Qu’est ce qui t’a fait choisir cette endroit ? » Je tente de lancer la conversation.
Le rendez-vous commençait plutôt bien. Peut-être que Leena s'avançait un peu, mais elle se sentait déjà fort rassurée de voir que l'homme dont elle avait espionné le profil Tinder correspondait bien à celui qu'elle avait en face de lui. Il était plutôt beau garçon. Pas qu'elle soit particulièrement difficile, en vérité ; elle n'avait pas un type particulier, et elle apportait une importance considérable au caractère. Mais sur ce point-là, la brisbanienne ne se faisait pas trop de soucis. Ils avaient quand même beaucoup conversé, et elle avait un bon feeling avec lui. Encore fallait-il qu'il soit le même dans la vraie vie que sur les réseaux. Leena le salua chaleureusement, de cette manière si particulière qui était la sienne. Peu importait, au final, que quelque chose de vraiment romantique et sérieux sorte de ce rendez-vous. Elle souhaitait avant tout passer un bon moment, et advienne que pourra ; même s'ils ne devenaient qu'amis, Leena ne disait pas non à n'importe quel type de nouvelle relation. « Oui, oui, je connais déjà l’endroit. » répond-il à sa question. Un bon point pour lui, se dit la jeune femme en son for intérieur. Ce bar était probablement l'un de ses endroits préférés de la ville, et si il en était aussi un habitué, alors ils ne pouvaient que s'entendre. Du moins sur ce point.
Leena lui demanda ensuite ce qu'il préférait boire, entre une pinte de bière fraîche et un verre de vin plus sophistiqué. Pour elle, ça lui était égal ; tant que c'était de l'alcool, elle ne se refusait rien. « Ca sera une bière pour moi. Mais je t’invite. » Leena lui répondit avec un sourire sincère. « Oh. Je vois que monsieur est galant » plaisanta-t-elle doucement avant de se demander s'il n'allait pas se sentir mal à l'aise face à la boutade. La brune était naturelle, peut-être un peu trop – elle se comportait presque de la même manière avec tout le monde, qu'elle est en face d'elle un de ses amis proches ou un parfait inconnu. Et parfois, ce trait de caractère avait le don de déconcerter totalement les gens. Avec une légère hésitation, Mathias tâcha de lancer la conversation. « Qu’est ce qui t’a fait choisir cette endroit ? » Leena pouvait voir qu'il n'était peut-être pas aussi doué qu'elle pour discuter avec des inconnus ; après tout, ce n'était pas une mince affaire. Elle n'y accorda pas trop d'importance, et mit en tête de le détendre un peu. De toute façon, il n'y avait aucune raison d'être intimidé face à elle. « C'est un de mes bars préférés. C'est pas trop cher, en plus, donc c'est aussi le bar préféré de ma banquière » lança-t-elle avec un sourire. « Et puis je devrais peut-être pas le dire, mais c'est vraiment pas loin de chez moi ». Leena se rendit soudainement compte de ce que ses paroles sous-entendaient. « Enfin, c'est pas ce que je veux dire ! Je pensais plutôt, disons que ça tourne mal, ben je peux toujours prendre mes jambes à mon cou et me carapater chez moi ». Le serveur arriva pile à ce moment-là avec leur deux boissons. Et Leena se rendit compte que sa vraie explication n'était pas tellement mieux que la première. « Pas que j'ai envie de partir, hein !! Mais pour être honnête, c'est mon premier rendez-vous de ce type et j'avais un peu peur que tu sois un genre de serial killer en vrai. Du coup je suis contente de voir que tu n'as pas l'air d'en être un ». Elle lui lance un sourire taquin avant d'avaler une gorgée de bière. « Enfin j'espère ». Leena espérait surtout que ce n'était pas lui, désormais, qui allait prendre ses jambes à son cou. « Enfin, du coup, est-ce que tu es familier de ce genre de rendez-vous ? Ou c'est ta première fois ? ».
Leena semble simple, pas le genre de femme a trop se prendre la tête et c’est d’ailleurs cela qui, en parlant sur internet, m’a fait accepter se rendez vous dans un bar. Après des années à éviter de genre de chose, ce genre de conversations souvent gênantes, j’ai accepté pour la brune. Il faut croire qu’il aura fallu presque quatre ans après mon divorce pour que je me dise qu’il est temps de me lancer dans quelque chose de nouveau, quelque chose de non-familier. Depuis mon divorce, tout, ou presque, est devenu sur dans ma vie. Mon boulot, je sais où je vais. Mes amis, ce sont les mêmes depuis des années. Ma famille, cela n’a pas vraiment changé et j’en suis toujours au même niveau. Ma maison, c’est la même depuis quatre ans. Alors voilà, Leena est la nouveauté, quelque chose pour lequel je prends un nouveau risque, pour me sentir de mon quotidien, de ma vie de confort que je me suis créé si on peut dire cela. Et de ce fait, je suis nerveux. Je n’ai pas été aussi nerveux depuis des années et cela me donnerais presque l’envie d’annuler. Je veux donner une bonne impression et le sourire qui apparaît sur les lèvres de la brune en me voyant me donne du courage. « Oh. Je vois que monsieur est galant. » Je ris légèrement. « Je fais de mon mieux on va dire. »
Je prends nos commandes et fait signe au barman avant de jeter un coup d’œil autour de moi. Ce bar, je l’aime bien, j’y viens de temps en temps depuis mon arrivée à Brisbane et visiblement, il plaît bien à Leena aussi. « C'est un de mes bars préférés. C'est pas trop cher, en plus, donc c'est aussi le bar préféré de ma banquière. Et puis je devrais peut-être pas le dire, mais c'est vraiment pas loin de chez moi. » Je ne peux m’empêcher de rire un peu lorsqu’elle parle de sa banquière. Je connais très peu de monde qui parlerait de leur banquier et cela me fait sourire. Je tourne la tête vers elle. « Enfin, c'est pas ce que je veux dire ! Je pensais plutôt, disons que ça tourne mal, ben je peux toujours prendre mes jambes à mon cou et me carapater chez moi. » Le serveur dépose les boissons devant nous, mais je ne suis pas prêt de laisser cette remarque passer. « Tu sais, si tu espérais me mettre dans ton lit aussi vite, il suffisait de le dire. » Je laisse échapper un rire avant de trinquer avec la brune. Elle a cet air un peu maladroit, mais j’aime beaucoup cela, je trouve que ca lui va bien. Avec un mec qui voulait vraiment rentrer dans sa petite culotte sa remarque serait surement passé différemment, mais pas avec moi, pas ce soir. « Pas que j'ai envie de partir, hein !! Mais pour être honnête, c'est mon premier rendez-vous de ce type et j'avais un peu peur que tu sois un genre de serial killer en vrai. Du coup je suis contente de voir que tu n'as pas l'air d'en être un. Enfin j'espère. » Le fait qu’elle continue sur sa lancée me fait sourire d’avantage. Si je ne l’avais pas en face moi pour de vrai et que je ne voyais pas qu’elle semblait sincèrement penser ce qu’elle dit, je pourrais presque croire qu’elle pique les répliques d’un film. « T’en fait pas, je ne vais pas te tuer. Pas ce soir du moins. On se connait pas encore assez. » Je réponds dans une tentative de la détendre un peu. Au final, c’est elle qui a l’air nerveuse maintenant.
« Enfin, du coup, est-ce que tu es familier de ce genre de rendez-vous ? Ou c'est ta première fois ? » Tinder, rencontre en ligne, ce genre de chose ce n’est pas vraiment mon truc. En général, je préfère les vraies rencontres, celle dans un bar ou alors par hasard. « Première fois que je fais ca. Je suis pas un grand fan de sites de rencontres. Et toi ? » Je lui adresse un sourire et bois une gorgée.
Ce qui devait arriver arriva. Les mots se mirent à inonder la bouche de Leena, ils s'enchaînaient beaucoup trop vite pour qu'elle ait le temps de les contrôler. C'était tout à fait typique de la Maddox. Elle n'était pas tellement impulsive, elle réfléchissait généralement avant de parler ; mais quand elle se sentait stressée, la jeune femme parlait. Beaucoup trop, histoire de ne pas laisser s'installer ces fameux silences gênés qui la mettaient si mal à l'aise. Et, face à Matthias, elle se sentait effectivement très stressée. Pourtant, elle n'avait pas vraiment de raison : il était mignon, semblait sympathique, pour le peu qu'elle en avait vu. Mais c'était sûrement tout le contexte de cette rencontre qui provoquait son mal-être. C'était étrange, non, de rencontrer quelqu'un sur internet et de décider de se voir en vrai dans une optique romantique ? Leena n'était pas habituée à ça. Et l'australienne se sentit terriblement bête lorsqu'elle se rendit compte de tout ce qu'elle avait dit. Matthias allait sûrement la prendre pour une folle désormais. « Tu sais, si tu espérais me mettre dans ton lit aussi vite, il suffisait de le dire. » Leena lui répondit par un sourire soulagé. Bon, au moins, il n'avait pas encore pris ses jambes à son cou en entendant les inepties qui sortaient de la bouche de la jeune femme. Mais, paradoxalement, son mal-être pris une autre tournure : et s'il n'était là que pour la mettre dans son lit ? Pas que Leena soit forcément contre l'idée, mais ce n'était pas ce qu'elle recherchait. Les relations sans lendemain, ça n'avait jamais été trop son genre. Et maintenant, elle estimait qu'elle n'avait plus de temps à perdre dans ce genre d'histoires.
« T’en fait pas, je ne vais pas te tuer. Pas ce soir du moins. On se connait pas encore assez. » Leena laissa échapper un petit rire nerveux. Matthias n'a pas l'air d'être particulièrement gênée par les gaffes de la jeune femme, c'est un bon point – car, si la soirée devait se prolonger, il était fort probable qu'elle en fasse d'autre. Le stress la rendait terriblement maladroite. « Espérons que l'on arrive jamais à ce degré de proximité alors ! » plaisanta-t-elle, avant de se rendre compte – trop tard, encore une fois – du double sens que pouvaient avoir ses paroles. Elle avait essayé de faire un trait d'humour, mais maintenant elle craignait que Matthias ne pense qu'elle ne voulait pas le connaître plus que ça. Bravo, Leena. La jeune femme tenta un changement radical de conversation, histoire de limiter la casse. Elle n'était pas encore prête pour l'humour, elle était encore trop nerveuse et elle ne voulait pas le faire fuir. « Première fois que je fais ca. Je suis pas un grand fan de sites de rencontres. Et toi ? » Leena avale une gorgée, pose son regard sur son nouveau compagnon, l'examine un instant. Il est encore plus beau de près. Tout à fait son style. « Moi aussi, première fois ! » s'exclame-t-elle d'un ton peut-être un peu trop enthousiaste. « En vrai, j'ai jamais été trop opposée à ça ; on peut faire des rencontres n'importe où, pourquoi pas depuis son téléphone. Mais je me suis toujours dit que c'était pas fait pour moi, que la plupart des gens ne cherchaient que des plans cul, ce genre de choses ». Habile moyen pour tenter de sonder Matthias sur ses intentions. « Mais enfin, vu ma vie amoureuse ces derniers temps, je me suis dit, pourquoi pas tenter. On sait jamais » sourit-elle. Elle boit une nouvelle gorgée. « Et toi alors, qu'est-ce qui t'a poussé à t'inscrire et à accepter ce rendez-vous si tu n'es pas un grand fan de tout ça ? ».
Elle babille, s’emmêle un peu dans ses paroles, parle beaucoup, mais cela me fait sourire. Elle est naturelle, et c’est ce que je remarque tout de suite chez elle. C’est d’ailleurs ce qui me plait. Elle n’a pas l’air d’être le genre de nana qui se prend la tête pour des broutilles, elle a l’air plutôt chill et c’est pour cela que je me mets à la taquiner un peu. Je ne veux pas que la situation devienne gênante alors je tente de détendre un peu l’atmosphère et cela a l’air de plutôt bien marché. « Espérons que l'on arrive jamais à ce degré de proximité alors ! » Je lui adresse un sourire. « Espérons oui. Mais sache que si tu veux en venir là, tu laisserais une chienne et chaton orphelin et très malheureux que leur père disparaisse. » je lui répond avec un sourire en coin en pensant à ma chienne Nanka et à mon chaton Arlo. Bien sur, je ne le pense pas vraiment, c’est juste pour continuer sur un point plus léger.
Leena me demande alors si j’ai déjà fait cela ; m’inscrire sur un site de rencontre et rencontrer des gens comme cela. Et a vrai dire, c’est bien la première fois que cela m’arrive. « Moi aussi, première fois ! En vrai, j'ai jamais été trop opposée à ça ; on peut faire des rencontres n'importe où, pourquoi pas depuis son téléphone. Mais je me suis toujours dit que c'était pas fait pour moi, que la plupart des gens ne cherchaient que des plans cul, ce genre de choses. » Je ne peux m’empêcher de sourire. Il est vrai que sur Tinder, c’est assez rare de trouver des gens qui veulent vraiment apprendre à se connaitre et qui ne veulent pas simplement faire un tour dans le lit l’un de l’autre. « Ouais, c’est souvent ce qui se passe. Mais faut croire que ce n’est pas le cas de tous le monde. » Je prend une gorgée de ma bière avant de relevé à nouveau la tête vers Leena. Son sourire est vraiment contagieux, et cela me plait. « Mais enfin, vu ma vie amoureuse ces derniers temps, je me suis dit, pourquoi pas tenter. On sait jamais. Et toi alors, qu'est-ce qui t'a poussé à t'inscrire et à accepter ce rendez-vous si tu n'es pas un grand fan de tout ça ? » J’hausse les épaules. A vrai dire, je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis mis à Tinder, surement pour me changer un peu les idées de ce qu’il s’est passé ces derniers temps avec ma cousine et son père, ou alors peut être parce qu’il est temps que je donne une chance à quelqu’un depuis mon ex-femme. « C’est une bonne question. Je sais pas trop à vrai dire. » Je lui souris. « Mais en tout cas, je ne suis pas déçu pour le moment. Loin de là. » C’est vrai, après tout Leena est belle, elle a l’air vraiment gentille et au moins elle a le sens de l’humour.
« Espérons oui. Mais sache que si tu veux en venir là, tu laisserais une chienne et chaton orphelin et très malheureux que leur père disparaisse. » Leena répond par un rire franc, sincèrement soulagée que Matthias ne se vexe pas de ses innombrables digressions et autres paroles nerveuses. Elle en connaissait d'autres qui aurait déguerpi à sa première maladresse, et elle était heureuse de voir qu'apparemment, ce n'était pas son cas. Enfin, pas pour l'instant ; peut-être qu'après la centième blague douteuse aurait-il envie de prendre ses jambes à son cou. « S'il s'agit de chien et de chat, je veux bien me porter volontaire pour les recueillir » dit-elle dans un sourire. La jeune femme porte son verre à sa bouche, avale quelques gorgées. Nouveau bon point pour le bel inconnu qui se tient devant elle : il aime les animaux. Leena n'avait jamais eu la chance d'en posséder, excepté ce hamster que ses parents lui avait acheté après la disparition de son frère. La pauvre bête n'avait pas vécu plus que quelques mois, surtout parce qu'à cette période, Leena avait bien d'autres soucis en tête que de nourrir l'animal. Mais l'australienne n'eut pas le temps de réfléchir davantage aux animaux de compagnie que Matthias pouvait avoir qu'elle embrayait déjà sur un nouveau sujet de discussion. Ses paroles, encore une fois, allaient plus vite que ses pensées. Et elle préférait jouer franc jeu avec lui, lui avouer qu'elle n'était pas habituée à ce genre de rendez-vous, et que c'était sa première fois. Sûrement que ses maladresses passeraient mieux une fois le secret révélé. Leena lui raconte, dans une flopée de mots nerveusement assemblés, qu'elle ne cherche pas de plan-culs. Au moins, c'est dit, les conditions sont posées. Elle se demande si elle n'a pas manqué de subtilité en lui annonçant ça. « Ouais, c’est souvent ce qui se passe. Mais faut croire que ce n’est pas le cas de tous le monde. » Elle hausse les sourcils, la réponse la satisfait. Apparemment, ce n'est pas son cas à lui. Tant mieux. Les années filaient, et Leena avait déjà perdu assez de temps avec des histoires sans lendemain. Maintenant, ce qu'elle souhaitait, c'était trouver le bon. Et pourquoi pas sur Tinder.
Leena enchaîne les questions, lui demande désormais pourquoi lui s'est inscrit sur l'application, maintenant qu'elle a révélé ses propres raisons. « C’est une bonne question. Je sais pas trop à vrai dire. Mais en tout cas, je ne suis pas déçu pour le moment. Loin de là. » La jeune femme sent le rouge lui monter aux joues face au compliment que Matthias vient de formuler. Ses yeux s'attardent sur le sourire que le jeune homme arbore. Il est vraiment mignon. Et pour l'instant, ce qu'elle entend lui plaît. « Moi non plus » dit-elle plus doucement, presque un peu timidement. Au moins, lui, ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu'il pensait. Et ça lui plaisait. « Mais assez parlé de moi. J'ai tendance à être trop pipelette » reprend-elle en avalant de nouvelles gorgées de bière. Elle sent l'alcool qui monte, doucement mais sûrement – pas très étonnant, avec son gabarit. « Redis-moi ce que tu fais dans la vie ? Enfin je sais que tu es réalisateur, mais comment tu en es venu à faire ça ? ». Leena remet une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. « C'est hyper stylé, comme profession. Tu dois être plutôt doué, pour avoir réussi à percer dans ce milieu ». Beaucoup d'appelés pour peu d'élus, à ce qu'elle en savait. « Dans une autre vie, j'aurais adoré travailler là-dedans ». La vie en avait décidé bien autrement, cependant.
Je ne suis, d’habitude, pas un grand fan des gens qui parle trop, qui s’emmêle dans leur parole mais avec Leena il y a quelque chose de différent. Peut-être que c’est ce sourire qu’elle a caler sur les lèvres, ce sourire qui pourrait illuminer une pièce et qui me fait me sentir bien, ou alors peut être que c’est cette énergie, ce rayon de soleil qu’elle semble procurer dans la pièce. Avec elle, cela la rend plus craquante et cela me fait grandement sourire. « S'il s'agit de chien et de chat, je veux bien me porter volontaire pour les recueillir. » Je ris légèrement alors qu’elle m’annonce cela. Au moins, je sais qu’elle aime les animaux, tout comme moi. Je me demande d’ailleurs si elle a chez elle, mais je n’ai pas trop le temps de lui demander que la conversation part dans une autre direction. Avec elle la discussion se fait simplement, et je ne me sens pas forcé de parler, ou de choisir qui je veux être. Je suis moi-même et cela ne semble pas la faire fuir, tout comme elle semble être elle-même et cela ne me fait pas fuir non plus. Dans ce genre de rendez-vous, on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre à vrai dire.
« Moi non plus. » Je lui souris et bois une gorgée de ma bière. « Mais assez parlé de moi. J'ai tendance à être trop pipelette. Redis-moi ce que tu fais dans la vie ? Enfin je sais que tu es réalisateur, mais comment tu en es venu à faire ça ? C'est hyper stylé, comme profession. Tu dois être plutôt doué, pour avoir réussi à percer dans ce milieu. » Je relève la tête vers elle. Elle ne sait pas dans quoi elle s’engage parce que lorsqu’on me lance sur ce sujet, je peux en parler pendant des heures et des heures. « Je sais pas trop à vrai dire. Depuis que je suis tout petit j’ai toujours adoré les films, les détails dans la manière de filmer, de monter une scène. J’ai toujours presque préféré regarder les behind the scenes que le film en lui-même. Alors quand j’ai dû choisir quoi faire de ma vie… Eh bien c’est un peu venu tout seul. » Je marque une pause. « Après ce n’est pas un domaine facile. Mon film de fin d’étude m’a permis de partir aux Etats Unis pour quelques années, c’est là-bas que j’ai plus ou moins vraiment commencer ma carrière mais je n’ai jamais vraiment fait de gros film. Mon tout premier gros film je l’ai fait en revenant en Australie, il sort d’ailleurs bientôt, donc je serais ravi d’avoir ton avis. Après, ce n’est pas un domaine facile, il faut l’avouer. » Je lui adresse un sourire et prends à nouveau une gorgée de bière. « Dans une autre vie, j'aurais adoré travailler là-dedans. » « Je pourrais peut-être te montrer un jour, qui sait. » Personne ne sait ou nous serons dans six mois, dans un an, ou même quand je ferais mon premier film d’ailleurs.
Leena a du mal à contenir le sourire qui s'affiche largement sur son visage. Sûrement parce que Matthias, en face d'elle, lui sourit lui-même. Elle est du genre à sourire par instinct, parce que d'autres lui sourit, parce que c'est dans sa nature. C'est une souriante, Leena, elle pourrait sourire pour tout et rien. On lui avait souvent dit que le sien était contagieux, d'ailleurs, qu'elle aurait pu faire sourire un mort. Elle avait des doutes quant à la dernière affirmation, cependant. En tout cas, face à lui, elle souriait. Largement, sincèrement. Elle se sentait étonnamment très à l'aise avec lui. Elle était de nature plutôt sociable, de toute façon, mais la nervosité qu'elle avait éprouvé avant de le voir passer la porte lui avait fait craindre le pire. Du genre, perdre tous ses moyens devant lui. Elle les perdait un peu, c'était clair, vu la façon dont elle parlait. Mais ça n'avait pas l'air de le déranger, bien au contraire. Tant mieux. Leena se sentait à l'aise, avec lui, et bien qu'ils ne se connaissaient que très peu, elle avait bon espoir quant à la suite de la soirée. Toutefois, histoire de ne pas paraître comme une pipelette égoïste qui ne savait que parler d'elle, elle tourna la conversation vers Matthias en lui demandant des précisions sur son métier. Ça l'intéressait sincèrement ; des réalisateurs, ça ne courait pas les rues.
« Je sais pas trop à vrai dire. Depuis que je suis tout petit j’ai toujours adoré les films, les détails dans la manière de filmer, de monter une scène. J’ai toujours presque préféré regarder les behind the scenes que le film en lui-même. Alors quand j’ai dû choisir quoi faire de ma vie… Eh bien c’est un peu venu tout seul. » Leena lui sourit doucement. À l'entendre, il a effectivement l'air passionné par ce qu'il fait. Et elle peut le comprendre aisément ; bien qu'elle n'ait absolument aucune formation là-dedans, sa curiosité naturelle l'aurait également poussée à aller voir ce fameux « behind the scenes » qu'il évoquait. « Après ce n’est pas un domaine facile. Mon film de fin d’étude m’a permis de partir aux Etats Unis pour quelques années, c’est là-bas que j’ai plus ou moins vraiment commencer ma carrière mais je n’ai jamais vraiment fait de gros film. Mon tout premier gros film je l’ai fait en revenant en Australie, il sort d’ailleurs bientôt, donc je serais ravi d’avoir ton avis. Après, ce n’est pas un domaine facile, il faut l’avouer. » Leena écarquilla les yeux. « Je n'avais pas réalisé que je parlais à une célébrité ! » dit-elle avec un petit rire. Elle était vraiment admirative de son parcours. « Les États-Unis et tout... wow ! En vrai j'ai cru comprendre que c'était un domaine vraiment compliqué. Genre, le nombre d'amis que j'ai eu qui rêvait de devenir acteur ou réalisateur... ! Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Donc, bravo ». Elle avale quelques gorgées, espérant ne pas avoir fait déborder son rouge à lèvres. « Et je serai vraiment ravie de voir ton film. Même si je suis loin d'avoir un avis de professionnel » dit-elle plus doucement. Est-ce que c'était une invitation à un date quelconque ? Peut-être pas. Ou peut-être que oui. Elle n'en savait que trop rien. Leena lui confesse brièvement qu'elle aurait rêvé d'avoir une carrière dans ce milieu. Pas qu'elle soit particulièrement artiste dans l'âme en vérité – de toute façon, elle aimait beaucoup trop son métier pour envisager une reconversion professionnelle. Mais elle aurait aimé vivre ce genre de carrière palpitante. « Je pourrais peut-être te montrer un jour, qui sait. » Elle lui sourit doucement. « Ça serait avec grand plaisir. Peut-être que tu as devant toi la future Steven Spielberg » dit-elle avec un rire. « Enfin, l'inverse est plus probable ». La jeune femme boit quelques nouvelles gorgées. « C'était comment les États-Unis, d'ailleurs ? Je veux dire, c'est comment de vivre là-bas ? American Dream et tout le tintouin ? ».
Elle est naturelle, simple et j’aime beaucoup cela. Malgré le fait que je n’ai pas eu de rendez-vous depuis des années et que cela fait des années que je n’ai pas été sur un site de rencontre, je ne le regrette pas. Il peut arriver que l’on tombe sur des gens bizarres, mais Leena ne l’est pas. Elle sourit, parle beaucoup, mais ca me plaît. La conversation se fait simplement, sans moment étrange et sans vraiment de trou. On ne s’arrête de parler que pour prendre une gorgée de la boisson qui se trouve devant nous. Elle me parle d’elle, et je l’écoute, un sourire posé sur les lèvres. Puis c’est à son tour de me poser des questions sur mon métier, sur comment je me suis retrouvé producteur et si je n’aime pas me vanter, j’adore parler de ce que je fais. Alors je lui en parle, de ma passion, de mes années d’études, des Etats Unis, et puis de mon film en Australie. Elle boit mes paroles, ne me lâchant pas du regard et je me sens rougir légèrement. « Je n'avais pas réalisé que je parlais à une célébrité ! » Je laisse échapper un rire avant de secouer la tête. « Oh non, je suis très loin d’être une célébrité, crois moi. » et puis je n’aime pas ce terme, célébrité. Je veux bien avouer que j’ai quelques personnes qui suivent mon travail, qui sont ‘fan’ mais je suis loin d’être connu à ce point là, et cela me va parfaitement bien. « Les États-Unis et tout... wow ! En vrai j'ai cru comprendre que c'était un domaine vraiment compliqué. Genre, le nombre d'amis que j'ai eu qui rêvait de devenir acteur ou réalisateur... ! Beaucoup d'appelés pour peu d'élus. Donc, bravo. Et je serai vraiment ravie de voir ton film. Même si je suis loin d'avoir un avis de professionnel. » Je lui souris. « Tu le rend beaucoup plus glamour que ca ne l’était crois moi. Mais j’ai de la chance de vivre de mon rêve oui. Assez connu pour que je gagne assez pour ne manquer de rien. » Et bien sur, je lui propose de voir mes films, de voir le milieu, parce que c’est toujours ce que je fais. J’adore partager ma passion, mon métier alors j’emmène les gens des que je le peux.
« Ça serait avec grand plaisir. Peut-être que tu as devant toi la future Steven Spielberg. Enfin, l'inverse est plus probable. » je ris à nouveau avant de prendre une gorgée et de lui répondre. « Je suis bien loin d’avoir son talent. Tu me mets la pression là. » Je lui dis avec un peu d’humour. Arriver au niveau de Spielberg demande beaucoup plus de travail et un talent que je ne pense pas avoir. « C'était comment les États-Unis, d'ailleurs ? Je veux dire, c'est comment de vivre là-bas ? American Dream et tout le tintouin ? » Différent est le premier mot qui me vient à l’esprit, avec difficile, traumatique et un peu décevant. Hollywood, Los Angeles, tout ca, ce n’est pas pour tous le monde. Le monde du showbiz là-bas je n’y ai pas énormément accroché, du moins pas autant que j’aurais surement du. Et puis il y avait eu Julia, mon premier amour, mon mariage, la fausse-couche et la divorce. La goutte d’eau qui m’a fait revenir en Australie pour prendre un nouveau départ. « C’était… Différent. C’est un super beau pays, avec des coins absolument splendides et j’ai eu de la chance de pouvoir bosser sur des projets cool. Mais la vie Hollywoodienne… C’est particulier on va dire. Ce n’était pas vrai ma tasse de thé. »
Je fais signe au serveur et lui commande une assiette de gâteaux apéritifs. « Et toi, tu fais quoi dans la vie déjà ? »
« Oh non, je suis très loin d’être une célébrité, crois moi. » Matthias parle de son travail avec passion, et Leena peut clairement voir qu'il est passionné par ce qu'il fait. Rares sont ceux qui peuvent vivre en faisant ce qu'ils aiment. C'était son cas à elle aussi – elle adorait son métier et ne le considérait pas vraiment comme tel – mais elle était bien consciente que les gens étaient loin d'être très intéressée par ce qu'elle faisait. Ce n'était pas aussi glamour que d'être réalisateur. « Tu le rend beaucoup plus glamour que ca ne l’était crois moi. Mais j’ai de la chance de vivre de mon rêve oui. Assez connu pour que je gagne assez pour ne manquer de rien. » Leena trouvait cela absolument fascinant. Peut-être que c'était une réaction que Matthias suscitait régulièrement, quand il disait ce qu'il faisait dans la vie, et que la réalité était moins glamour ; ce n'était toutefois pas tous les jours que l'on pouvait rencontrer quelqu'un qui travaillait dans le cinéma, et surtout qui pouvait en vivre. « C'est dingue, vraiment je trouve ça dingue » dit-elle avec un grand sourire. « Enfin je suis sûre que tu as bien assez de groupies déjà, je ne veux pas en être une aussi ». Elle se sentait d'humeur plus taquine maintenant qu'elle se sentait à l'aise, qu'elle avait vu que ce n'était pas un tueur en série prête à la découper en morceaux et surtout qu'il lui plaisait.
« Je suis bien loin d’avoir son talent. Tu me mets la pression là. » Petit rire de Matthias. Oui, définitivement, il lui plaisait bien. Il était totalement son genre de garçon, physiquement, comme mentalement apparemment ; elle ne le connaissait pas encore, mais elle sentait qu'il était doux, agréable, sociable. Bref, ce qu'elle appréciait chez quelqu'un. Surtout, lui aussi semblait l'apprécier ; il n'avait pas eu l'air d'avoir trop peur d'elle, de ses blagues douteuses, de son rire nerveux et de sa façon de boire un peu trop rapide. Alors, Leena se sentait parfaitement à l'aise, et continua sans hésiter la conversation, rebondissant à chacune de ses paroles – il était de toute façon fascinant de pouvoir parler avec un garçon comme lui. « C’était… Différent. C’est un super beau pays, avec des coins absolument splendides et j’ai eu de la chance de pouvoir bosser sur des projets cool. Mais la vie Hollywoodienne… C’est particulier on va dire. Ce n’était pas vrai ma tasse de thé. » Leena l'avait écouté avec attention, sirotant de temps à autre quelques gorgées et avalant quelques gâteaux apéritifs. « Hm, c'est vrai ». Elle passe une main dans ses cheveux. « Enfin, je dis ça, je n'y connais rien, mais c'est un milieu qui à l'air difficile à vivre. La célébrité, tout ça... attends, me dis pas que tu as une page wikipédia ou un truc du genre ? Je vais me retrouver dans les magazines peoples ? » dit-elle en plaisantant. Et en même temps, si c'était le cas, ça la ferait rire que sa famille apprenne qu'elle avait eu un date par ce biais. Elle ne l'avait encore jamais fait, ça.
« Et toi, tu fais quoi dans la vie déjà ? » Demanda-t-il ensuite. « Ouh là, j'espère que tu as du temps, je suis bavarde ». Leena aimait trop son travail et était une véritable pipelette. Mais elle allait essayer de la faire courte. « Je suis travailleuse sociale. En ce moment, je travaille dans une association qui aide les réfugiés à s'insérer dans la société. On est très polyvalent, on s'assure que ces personnes sont suivies, psychologiquement, légalement, etc. On coordonne tout ça, on les aide pour les démarches administratives, on s'assure qu'ils aient un toit, qu'ils aient des cours d'anglais s'ils ne parlent pas la langue... » Et elle avait déjà sortie une logorrhée alors qu'elle s'était promis de ne pas trop parler. « Enfin, je ne veux pas t'embêter avec ce travail. Je l'adore mais c'est vrai qu'il n'intéresse pas grand monde, c'est très administratif, et pas très joyeux parfois ». Autrement dit, elle peinait parfois à trouver le sommeil après avoir entendu les histoires de certains d'entre eux. « Parlons d'autre chose, d'être truc plus gai. Dis-moi, qu'est-ce que tu cherches dans la vie ? » Leena était passée du coq à l'âne sans prévenir. « Je veux dire, niveau relation amoureuse ». Peut-être que la question, ainsi posée, brusquerait Matthias. Mais la jeune femme estimait avoir perdu assez de temps dans sa vie avec des hommes qui ne cherchaient pas la même chose qu'elle. Et puis, l'alcool lui donnait du courage.
« C'est dingue, vraiment je trouve ça dingue. Enfin je suis sûre que tu as bien assez de groupies déjà, je ne veux pas en être une aussi. » Je ris légèrement et secoue la tête. J’ai quelques fans, quelques personnes qui suivent ma carrière, qui regarde les films que je sors à chaque fois, pour qui mes films ont un sens particulier, pour qui cela les touchent, mais je ne dirais pas non plus que j’ai des groupies. Je n’ai jamais eu ce souci et à vrai dire, je pense que c’est mieux comme cela parce que je ne suis pas sur qu’avoir plus de reconnaissance que ce que j’ai me réussirait. J’aime ma vie simple, faire ce que j’aime et pouvoir en vivre, c’est l’essentiel. « Ca va, je ne me plais pas. » Je lui adresse un sourire avant de prendre une gorgée de mon verre. Nous parlons un peu d’Hollywood, de ce que j’ai pu y faire, et je ne pars pas non plus dans les détails, ne voulant pas trop m’étaler. Ces années aux Etats Unis ont étaient de très bonnes années pour certaines choses et pourtant aussi certaines de mes épreuves les plus difficiles. Si les choses avaient marché différemment peut être que j’y serais encore, qui sais ? « Hm, c'est vrai. Enfin, je dis ça, je n'y connais rien, mais c'est un milieu qui à l'air difficile à vivre. La célébrité, tout ça... attends, me dis pas que tu as une page wikipédia ou un truc du genre ? Je vais me retrouver dans les magazines peoples ? » Je ris à nouveau. « T’en fais pas pour ca, je suis pas assez connu pour avoir des paparazzis coller aux bottes H-24. » Et bien heureusement d’ailleurs. Cela me rendrait fou. « Mais j’ai une page Wikipedia oui. » Une page ou l’on peut trouver tous mes films réalisé mais heureusement, rien sur ma vie personnelle.
Puis c’est à mon tour de questionner la brune sur ce qu’elle fait dans la vie. Si dans mon métier j’ai appris à parler de moi, de mon métier, je n’aime pas vraiment cela, et je préfère écouter les autres parler de leur vie. Je n’ai jamais été doué pour parler de moi et à part le cinéma, c’est assez difficile de percer la carapace il parait. « Ouh là, j'espère que tu as du temps, je suis bavarde. » Je lui adresse un sourire et prend une gorgée de ma bière avant de m’installer bien face à elle pour l’écouter. Ce rendez-vous se passe définitivement bien mieux que je l’ai espérer. « Je suis travailleuse sociale. En ce moment, je travaille dans une association qui aide les réfugiés à s'insérer dans la société. On est très polyvalent, on s'assure que ces personnes sont suivies, psychologiquement, légalement, etc. On coordonne tout ça, on les aide pour les démarches administratives, on s'assure qu'ils aient un toit, qu'ils aient des cours d'anglais s'ils ne parlent pas la langue... » Wow, c’est le premier mot qui me vient en tête lorsque je l’écoute parler de son métier. Elle a l’air tout aussi passionné que moi lorsqu’on parle de notre métier. « Enfin, je ne veux pas t'embêter avec ce travail. Je l'adore mais c'est vrai qu'il n'intéresse pas grand monde, c'est très administratif, et pas très joyeux parfois. » Je secoue la tête. « Non, non je trouve ca génial ce que tu fais. Mais je me doute que ca ne doit pas être facile tous les jours, c’est sûr. Et puis du moment que ca te plait, c’est l’essentiel. » Je lui adresse un sourire. « Je fais partie d’une association un peu du même style, mais qui aide les adolescents avec des situations familial difficile. » Des situations comme la mienne il y a des années.
« Parlons d'autre chose, d'être truc plus gai. Dis-moi, qu'est-ce que tu cherches dans la vie ? Je veux dire, niveau relation amoureuse. » Et là voilà, la question à 1 million de dollars, la question au quel je ne sais pas vraiment comment répondre. Est-ce que je dois parler de mon divorce, c’est peut être quelque chose qu’il vaux mieux garder pour moi, pour le moment du moins. « Je sais pas vraiment à vrai dire, c’est un peu… Compliqué. » compliqué parce que c’est le premier rendez vous que j’ai depuis mon divorce en 2016, la première fois que je pense peut être à rencontrer quelqu’un. « Et toi alors ? »
Leena était plutôt excitée de rencontrer quelqu'un d'aussi accompli que Matthias. Ce n'était pas tous les jours qu'elle rencontrait des gens comme lui, qui pouvaient vivre ainsi de leur passion – un métier où il y avait beaucoup d'appelés, mais très peu d'élus. Néanmoins, elle n'était pas impressionnée, elle était même plutôt à l'aise avec lui compte tenu qu'elle ne le connaissait presque pas, aussi se permettait-elle de faire des blagues. « T’en fais pas pour ca, je suis pas assez connu pour avoir des paparazzis coller aux bottes H-24. Mais j’ai une page Wikipedia oui. » La jeune femme écarquilla les yeux. Une page Wikipédia, pour elle, signifiait être au sommet de la célébrité. « C'est fou ! Tu aurais du me dire que tu étais une star ». Elle se trompait probablement, mais pour le coup, ce n'était vraiment pas tous les jours qu'on rencontrait quelqu'un ayant une page wikipédia. « Mais c'est toi qui l'a rempli ? Ou c'est une personne lambda que tu connais qui l'a fait ? Je me suis toujours demandée comment ça fonctionnait ». La question était sûrement stupide, pourtant, elle se l'était posée à de nombreuses reprises. Une chance qu'elle ne l'avait pas stalké sur internet avant de venir à ce rendez-vous, elle aurait peut-être pris ses jambes à son cou avant même de l'avoir rencontré. Ou alors aurait-elle était beaucoup trop impressionnée.
Matthias lui demanda ensuite ce qu'elle faisait dans la vie, et elle tenta de lui répondre sans trop digresser. Leena avait la fâcheuse tendance de s'étaler quand on lui posait des questions sur son travail. Elle le trouvait vraiment passionnant, et elle ne se voyait pas faire autre chose de sa vie. Ce n'était toutefois pas aussi intéressant que d'être réalisateur, elle en était consciente, c'est pourquoi elle tâcha de faire court. « Non, non je trouve ca génial ce que tu fais. Mais je me doute que ca ne doit pas être facile tous les jours, c’est sûr. Et puis du moment que ca te plait, c’est l’essentiel. » Leena lui sourit, contente de voir qu'il appréciait ce qu'elle faisait. Il lui était déjà arrivé de rencontrer des personnes qui considéraient que son métier était parfaitement inutile. « C'est vraiment passionnant oui. Mais pas toujours facile, comme tu dis. Disons que ça met beaucoup de choses en perspective » dit-elle simplement. Quand elle entendait les histoires des personnes qu'elle aidait, elle se disait finalement que sa vie était incroyablement facile, malgré toutes les épreuves qu'elle avait pu subir. « Je fais partie d’une association un peu du même style, mais qui aide les adolescents avec des situations familial difficile. » Le sourire de Leena s'élargit encore davantage. Beau, intéressant, et avec le cœur sur la main... décidément, Matthias avait tout pour lui plaire. « Ah oui ? Trop bien ! C'est important de s'engager dans ce genre de projets, je trouve. Il y a tellement de gens qui ont besoin de notre aide ».
Puis, Leena changea complètement le sujet de conversation, comme elle savait si bien le faire quand elle se sentait à l'aise avec quelqu'un. Ses pensées couraient un peu trop vite dans son esprit, parce qu'elle se sentait parfaitement enthousiasmée de ce rendez-vous. Elle lui demanda ce qu'il cherchait au niveau romantique, puisqu'elle estimait avoir déjà perdu assez de temps avec des relations qui n'aboutissaient à rien. Autant qu'elle soit directe avec lui. « Je sais pas vraiment à vrai dire, c’est un peu… Compliqué. » Matthias semblait cette fois un peu mal à l'aise, pas vraiment prêt à en parler à Leena. La jeune femme se demanda immédiatement si elle n'était pas allée un peu vite, s'en voulut un peu. « Et toi alors ? » Elle pouvait se rattraper comme ça. « Pour être vraiment honnête, je recherche du sérieux. J'en ai marre des relations sans lendemains, qui ne mènent à rien... » Elle se tait un instant, essaie de bien choisir ses mots. « Désolée si je suis un peu directe, mais disons que j'ai vraiment... j'en ai marre des faux espoirs ». Leena lui sourit doucement. « J'ai envie d'aller de l'avant, quoi, mais avec la bonne personne ». Est-ce que cette personne pourrait être Matthias ? Peut-être bien.
« C'est fou ! Tu aurais du me dire que tu étais une star. » Je secoue une nouvelle fois la tête et lui sourit tendrement. « Je t’assure que j’en suis pas une. Je suis juste un mec qui a la chance de vivre de son rêve tu sais. » Cela n’a pas été facile de me lancer dans la production, dans la photographie, mais aujourd’hui j’ai une chance inouïe de pouvoir vraiment en vivre et j’espère que cela pourra continuer encore des années. Je ne demande pas à gagner de millions par an, ce que je gagne en ce moment me permet largement de vivre bien, même très bien et c’est ce qui compte. Cela me permet de prendre soin de moi, mais aussi de pouvoir aider mes proches si le besoin en est nécessaire. Je lui dis alors que j’ai une page wikipedia, ce qui a l’air de la faire un peu halluciner et cela me fait rire. « Mais c'est toi qui l'a rempli ? Ou c'est une personne lambda que tu connais qui l'a fait ? Je me suis toujours demandée comment ça fonctionnait. » « Non, je sais pas vraiment qui l’a rempli, mais je crois qu’elle est plus ou moins juste. Du moins il y a bien tous mes films dessus. » Je lui souris une nouvelle fois. Cela serait quand même sacrément forcé si c’était moi qui avais créer ma propre page wikipedia, cela ne m’a d’ailleurs jamais effleuré l’esprit.
C’est à mon tour de question la brune un peu sur sa vie, sur son boulot et je l’écoute avec attention. Elle a l’air tellement passionné que je ne peux m’empêcher de sourire en l’entendant en parler. Cela ne doit cependant vraiment pas être facile tous les jours de bosser avec des familles qui ont tout abandonné pour partir dans un autre pays, des familles qui tentent de survivent dans un pays ou elles n’en connaissent pas forcément la langue. Déjà lorsque je me rends aux réunions pour mon association, des fois d’entendre les histoires de ses jeunes est difficile, alors je ne peux qu'imaginer ce qu’elle peut entendre. « C'est vraiment passionnant oui. Mais pas toujours facile, comme tu dis. Disons que ça met beaucoup de choses en perspective. » J’hoche la tête. « Oui, je comprends bien. » Je lui parle d’ailleurs un peu de mon association, sans lui dire que moi aussi à une époque j’aurais eu besoin de ce genre d’association, de ce genre d’aide. Je ne veux pas entrer dans les détails de ma vie, surtout que ma vie n’a rien de bien rose avant que je commence mes études universitaires et que je rencontre ma meilleure amie. Elle m’a sauvé la vie, avant cela, les choses étaient très compliquées. « Ah oui ? Trop bien ! C'est important de s'engager dans ce genre de projets, je trouve. Il y a tellement de gens qui ont besoin de notre aide. » « Oui, c’est vrai. » Je lui souris.
C’est à ce moment là que vient la question sérieuse, celle pour savoir ce que je recherche vraiment de ce rendez-vous. J’apprécie beaucoup Leena, je suis déjà sûr que j’aimerais beaucoup la revoir, mais je ne veux pas lui mentir et lui dire que je cherche une relation alors qu’en réalité, je n’en sais rien. Depuis mon divorce, je n’ai jamais rien eu de sérieux, simplement des histoires sans lendemain de temps en temps. Pourtant, je me dis des fois qu’il est peut-être temps de retrouver quelqu’un. « Pour être vraiment honnête, je recherche du sérieux. J'en ai marre des relations sans lendemains, qui ne mènent à rien... Désolée si je suis un peu directe, mais disons que j'ai vraiment... j'en ai marre des faux espoirs. » Je secoue la tête et lui sourit pour la rassurer un peu, mais à vrai dire, je n’ai pas envie de lui donner de faux espoirs. « J'ai envie d'aller de l'avant, quoi, mais avec la bonne personne. » Et je comprends où elle veut en venir. Elle est franche, et je crois qu’au final je lui dois la même chose. « Oui, je vois. Tu sais… J’ai vécu un divorce difficile il y quatre ans, alors je ne veux pas vraiment te promettre des choses tu vois. J’aimerais beaucoup te revoir, mais… Enfin je veux faire les choses doucement, tu vois ? » Au moins les choses seront clair entre nous si l’on se revoit une deuxième fois et plus.
« Je t’assure que j’en suis pas une. Je suis juste un mec qui a la chance de vivre de son rêve tu sais. » Matthias continue à sourire et à répondre aux questions – un peu étranges – que Leena lui pose. La jeune femme est plutôt touchée par son attitude ; beaucoup se seraient sûrement demandé ce qu'il pouvait bien lui passer par la tête. Mais lui continue à répondre, poliment, en souriant. La nervosité qui l'agitait quelques instants auparavant avait définitivement disparu sous cette affirmation : elle l'appréciait beaucoup. L'alcool aidait, aussi ; bière et vin se mélangeaient maintenant dans son ventre, puisqu'elle avait continué à commander quand Matthias parlait, et elle buvait à intervalles régulières. Peut-être allait-il finir par se dire que Leena avait un sérieux problème avec l'alcool, mais au moins, ç'avait l'avantage de calmer sa nervosité. Et c'était pas comme si elle avait commandé un martini, un gin tonic ou un cocktail à base de vokda, whisky ou rhum. Elle restait soft. Ça ne l'empêcha tout de même pas de demander à Matthias s'il avait lui-même écrit sa page wikipédia ou non. « Non, je sais pas vraiment qui l’a rempli, mais je crois qu’elle est plus ou moins juste. Du moins il y a bien tous mes films dessus. » Il semblait à la fois surpris et amusé de la question. Leena rougit, devint presque aussi rouge qu'un verre de porto – qu'est-ce qu'il lui avait pris de demander ça ? « Ça doit être stylé, quand même, d'avoir une page wikipédia. Un peu effrayant aussi j'imagine ».
Leena lui parle ensuite de son travail, se retient de trop s'étaler. Elle ne veut pas l'ennuyer, même s'il paraît trop poli pour, de toute façon, lui faire savoir si c'était le cas. Au contraire, Matthias a même sincèrement l'air de trouver ça intéressant, et lui avoue travailler également bénévolement pour une association. Décidément, elle était vraiment bien tombé. « Eh bien, champagne pour nous deux et nos engagements » dit-elle sans trop réfléchir – encore une fois. L'alcool lui monte à la tête, elle ne fait que de se le répéter, se dit aussi qu'elle devrait descendre son verre un peu moins vite ; mais elle se sent bien, avec Matthias. Elle ne le connaît pas et pourtant elle trouve son sourire et ses paroles rassurantes. Peut-être même qu'elle pourrait s'imaginer son cœur battre pour lui. Pourquoi pas ? Il avait tout pour plaire. Alors, l'esprit un peu embuée par ce qu'elle vient d'ingurgiter et par des émotions un peu anarchiques, elle ose lui poser LA question sérieuse, celle qui devrait être interdite pendant les premiers rendez-vous. Mais à Leena, ça ne fait pas peur. Ce qui lui ferait vraiment peur, en revanche, serait de gaspiller davantage de temps et d'énergie pour des amours éphémères, dérisoires. Trente-deux ans cette année et toujours incapable d'entretenir ses relations, disait sa mère. Elle avait raison, même si ça ne plaisait jamais à Leena quand sa génitrice pointait du doigt son incapacité à garder ses petits copains. Donc, la jeune femme n'hésita pas une seconde pour poser la fameuse question à Matthias.
« Oui, je vois. Tu sais… J’ai vécu un divorce difficile il y quatre ans, alors je ne veux pas vraiment te promettre des choses tu vois. J’aimerais beaucoup te revoir, mais… Enfin je veux faire les choses doucement, tu vois ? » Leena sourit doucement. La réponse de Matthias était pour elle aussi délicieuse qu'un verre de Soho ou de tequila, avait sur elle l'effet claquant d'un bourbon, d'un cognac ou d'un triple-sec. Peut-être que d'autres n'auraient pas été ravies d'apprendre qu'il sortait d'un mariage malheureux, mais pas Leena. Leena n'avait pas vécu ça, certes, mais elle n'avait jamais été très heureuse en amour. Toutes ses relations, plus ou moins longues ou intenses, s'étaient soldées par de cuisants échecs. Au moins, elle était sûre que Matthias et elle avait la même perspective. « Je vois, oui » dit-elle en lui souriant de toutes ses dents. « Doucement, ça me va bien ». Quiconque la connaissait savait bien que c'était faux. Leena, elle ne savait pas faire les choses doucement. Mais peut-être que pour Matthias, elle pourrait essayer. « Du coup, si je comprends bien... un deuxième rendez-vous est de mise ? ». Elle se sentait un peu timide, d'un coup, presque effrayée que Matthias brise ses espoirs et refuse cela, alors que tous les indices indiquaient qu'il avait envie de la revoir. Leena regarda d'un coup d'oeil l'heure sur son téléphone. Il se faisait déjà tard. « Je vais devoir y aller, mais je serai vraiment ravie de te revoir... tu as mon numéro de toute façon ». Leena récupéra son sac, ses affaires et le serra dans ses bras – sa façon à elle de saluer tout le monde. Mais contrairement au moment où il était arrivé, son étreinte se fit un peu plus longue, un peu plus forte, pour lui signifier qu'il avait su taper dans son cœur. Elle avait presque envie de se commander un dernier verre de vermouth, au bar, pour célébrer ça – alors qu'elle détestait.
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Je ne me rappel pas la dernière fois que j’ai été aussi nerveux pour un rendez-vous. Bien sûr, j’ai déjà fait, des tonnes de fois. J’ai eu des petites amies, même des coups d’un soir, mais cette fois-ci je suis nerveux. Depuis mon divorce, en 2016, j’ai toujours pris soin de ne jamais partager plus d’une nuit avec quelqu’un. Je ne veux pas d’attacher, pas de choses qui peuvent me faire autant de mal que mon divorce en avait fait. Il m’arrive toujours de penser à Julia, de penser à notre vie ensemble, à tout ce que nous avions travers ensemble durant notre relation, et c’est lorsque je pense à tout cela que je me dis que je suis bien mieux seul. Mon histoire avec Julia me rappel de bons souvenirs bien sûr, de très beaux mêmes mais aussi beaucoup de souvenirs douloureux. La perte de notre futur fils, les disputes, les prises de têtes, les paroles blessantes, et puis bien sur le divorce final. Si je n’ai jamais vraiment parler de tout cela à qui que ce soit, que je ne me suis jamais permis de montrer ma douleur et ma peine c’est parce que je suis ainsi. En grandissant, j’ai appris que c’est mieux de ne rien montrer, de ne rien partager non plus des fois. Alors depuis 2016, je me contente d’une nuit de temps en temps. Pourtant cette fois-ci c’est différent. Cette fois-ci, j’ai un rendez-vous, un vrai premier rendez vous et cela me rend nerveux. Leena elle s’appelle. Une belle brune au yeux bleu et qui a l’air vraiment gentil et avec qui la conversation via Tinder a été plutôt facile. Elle a proposé qu’on se rencontre, qu’on aille se prendre un verre à boire et j’ai accepté. Je me suis surpris moi-même en disant oui, mais j’ai accepté.