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 The bake sale fiasco (Byron Oberkampf)

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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyDim 3 Mai 2020 - 8:10

The bake sale fiasco
"Let me see through the cracks"

*************PROLOGUE*************
Victoire, qui n’était pourtant pas une personne très sociable, se retrouvait à faire du bénévolat dans une association. Comment en était-elle arrivée là ? Et bien, la culpabilité tout simplement. Dernièrement, elle faisait une rechute assez sévère dans les excès d’alcool et de fumette. Ca ne l’avait jamais vraiment quittée mais elle avait appris à se maîtriser et à limiter les soirées catastrophes où son esprit voyait tout en noir et où le seul remède était de l’enfumer et de le noyer de whisky. Dernièrement cependant, le rythme était un peu trop soutenu. Surtout depuis qu’elle avait vu sur internet un article sur Justin Riddle, son ex-mentor, photographe et violeur. Le mouvement #MeToo n’avait pas suffit à le faire plonger, il faut dire qu’à l’époque déjà il était très précautionneux de ne laisser aucune trace : pas de sms, de mail, ni de messages vocaux compromettants. Il ne devenait manipulateur, menaçant et entreprenant qu’une fois en tête à tête avec sa victime jeune et influençable. Il savait repérer celles qui avaient tout à perdre et les abreuver de compliments pour ensuite les rabaisser plus bas que terre. Vic avait culpabilisé très longtemps de s’être laissée avoir, de s’être laissée faire durant toutes ces années. Mais aujourd’hui, elle savait que ce n’était pas de sa faute, elle avait appris avec ses psys successives quels étaient les mécanismes et leviers psychologiques que ces prédateurs utilisaient.

Elle n’aurait jamais dû chercher son nom dans la barre de recherche, ça n’avait fait que remuer la merde qui stagnait dans sa tête et réveiller des souvenirs douloureux. Voir sa sale face de gros dégueulasse afficher un sourire de contentement sur une photo volée par des paparazzis sur une plage de Bali, ça l’avait mise dans tous ses états. Surtout que dans l’article, ils parlaient de ses « victimes présumées » qui n’avaient « pas su prouver leurs allégations ». Il y avait leurs photos à elles aussi, le site d’information avait choisi de les montrer à l’âge qu’elles avaient quand elles avaient été « supposément abusées par le photographe à la renommée mondiale ». Les visages innocents de ces jeunes adolescentes qui étaient passées entre ses griffes après Victoire, c’en était trop pour elle. Elle s’accablait intérieurement, se répétant qu’elle aurait dû faire plus, qu’elle aurait dû obtenir des preuves avant de s’émanciper de ce prédateur quand elle avait 18 ans, qu’elle n’aurait pas dû fuir avec un nouveau nom dès l’émergence du mouvement #MeToo… Peut-être que si elle s’était joint aux deux autres victimes qui avaient parlé, il y en aurait eu d’autres et le dossier contre Riddle aurait été plus épais…

Mais elle n’avait rien fait de tout ça, et maintenant il était trop tard. Sa psy lui avait de toutes façons fortement déconseillé de se mêler de cette affaire « pour le bien de sa santé mentale ». *C’est vrai que ma santé mentale est au beau fixe, on voudrait pas compromettre ce parfait équilibre* avait-elle ironisé en pensée lors de cette séance de thérapie. Au moins sa psy lui avait donné un conseil concret pour combattre ce sentiment de culpabilité : aider d’autres jeunes ayant subi des épreuves similaires, donner de son temps pour une association contre les violences faîtes aux enfants et adolescents. Elle lui avait même sorti un flyer annonçant une conférence donnée par cette asso sur le sujet. Ca semblait une bonne idée, pour une fois qu’une de ses psy se mouillait un peu et donnait un conseil utile !

Elle avait été à cette conférence et quelle n’avait pas été sa surprise de voir apparaître sur l’estrade une tête connue. A son arrivée à Brisbane, elle avait multiplié les extras en plus de son boulot de pâtissière afin de se faire un petit pécule dans le but d’acheter une voiture. Elle avait donc travaillé avec cette tête de mule à deux reprises pour une boîte d’intérim qui cherchait des traiteurs de mariage. Le moins que l’on puisse dire c’est que le courant n’était pas passé, mais après tout, pour que le courant passe entre Victoire et un mec, il fallait un miracle. Lors de la conférence, il n’y eut pas de miracle mais Vic découvrit l’histoire de Byron : son enfance maltraitée, sa mère qui avait fini par tuer son bourreau sous ses yeux. Brusquement, son regard sur Byron avait changé, il était victime comme elle, traumatisé par les violences subies alors qu’il était sans défense. Elle se sentait étrangement proche de lui, comme s’il venait de lui révéler son passé intime à elle seule et non pas à une salle bondée. Elle avait pleuré beaucoup pendant cette conférence et après avoir séché ses larmes à la fin, elle avait pris son courage à deux mains pour aller lui demander comment elle pouvait devenir bénévole dans cette association.

Et voilà que deux semaines plus tard, elle organisait une vente de gâteaux au profit de l’association. Elle s’était dit que la pâtisserie étant sa spécialité et la récolte d’argent étant le nerf de la guerre de toute association, ce serait une bonne idée. Son initiative fut bien accueillie par les autres membres de l’asso et on lui donna le feu vert. Elle avait donc passé son dimanche à faire de la pâtisserie : macarons à la framboise, cupcakes au citron, coulants au chocolat et elle avait même confectionné des petits assortiments de chocolats faits maison. Elle s’était couchée éreintée et n’avait même pas eu besoin de s’assommer d’alcool pour trouver le sommeil.

************

Le lundi matin, en chargeant sa petite voiture de cet amas de gourmandises, Victoire avait commencé à réaliser ce qu’elle allait passer sa journée à faire : être au contact des gens. Et ce n’était pas son fort. Heureusement, il y avait deux autres membres qui s’étaient portés volontaires pour l’accompagner : Byron Oberkampf et une dame d’une cinquantaine d’années dont elle avait oublié le nom. Elle espérait que leur présence dissuaderait les potentiels dragueurs qui ne manqueraient pas de provoquer chez Victoire une de ses fameuses réactions disproportionnées.

Le début de matinée s’était très bien passé, ils s’étaient installés en plein centre du quartier d’affaires de Spring Hill et de nombreux travailleurs en costumes hors de prix s’étaient achetés un petit-déjeuner pâtissier à leur stand. Beaucoup d’entre eux avaient donné bien plus que le prix minimum demandé pour la pâtisserie. Byron et Mme Garber, la fameuse cinquantenaire, avaient profité de ces rencontres pour parler des actions de l’association, des évènements à venir, du besoin de bénévoles etc. Vic, quant à elle, était soulagée de ne pas être encore rodée sur le discours à tenir, elle se contentait donc de répondre aux questions sur les pâtisseries, de les servir et d’encaisser l’argent. Elle avait amené beaucoup de stock et ses deux compères avaient eux-mêmes cuisiné des mets sucrés. Il leur restait encore de quoi vendre quand Byron s’éloigna du stand en prévenant qu’il revenait dans quelques minutes. Où allait-il ? Après tout, ça ne regardait pas Victoire qui se concentra donc sur la monnaie qu’elle était en train de rendre à une femme en tailleur.

Puis un homme d’une quinzaine d’année de plus que Vicky, vêtu d’un costard impeccable, s’approcha de leur stand d’un pas décidé. Il prit le temps de détailler Victoire de la tête aux pieds. Elle portait un jean tout simple et un chemisier ample en coton bleu ciel. Dans sa croisade sans fin pour passer inaperçue elle avait pris l’habitude de ne rien porter de trop moulant ou tape à l’œil. Mais ça n’était pas toujours suffisant. Victoire se retint de lui jeter un regard noir directement *C’est pour la bonne cause, prend sur toi ma vieille* et le salua :

« Bonjour Monsieur. Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? » Elle désigna les douceurs joliment agencées sur la table devant elle. « Un petit cupcake ? Ils sont sans gluten et c’est pour soutenir la lutte contre les violences faîtes aux enfants. »

«  C’est surtout le joli cupcake derrière le stand qui m’intéresse. » Répondit-il avec un clin d’œil et l’air très fier de sa répartie. « Ecoute ma belle, je te fais un don de 500 dollars pour ton association si tu acceptes de dîner avec moi ce soir. » Pour prouver qu’il ne plaisantait pas, il sortit de gros billets de la poche intérieure de sa veste et les aplatit de la main sur la table.

Victoire resta bouche bée pendant une seconde, puis la colère commença à l’emplir. *Tu crois que ton argent te permet de traiter les gens comme de la viande, vieux porc ? Tu me fais gerber… En plus, tu lui ressembles...* Un frisson de dégoût la parcourut et elle fut prise d’une envie impérieuse de cracher des insultes à ce vieux beau. *Reste calme, ne fais pas d’esclandre ce serait mauvais pour l’image de l’association. Contrôle-toi, merde!*

« Gardez votre argent, on vend des pâtisseries ici, vous vous êtes trompé d’endroit je crois. » Elle planta fermement son regard intense dans le sien mais ses mains tremblantes trahissaient son état d’esprit. *Va-t-en maintenant, connard, n’insiste pas*

« Tu ne sais pas ce que tu perds, ma petite. Tiens, prends-les quand même et achète-toi un sourire, tu serais bien plus jolie avec. » En disant cela, il jeta les billets par terre derrière la table du stand avec un sourire moqueur.

Une grande inspiration. Victoire ne savait pas si elle avait envie de pleurer, de crier, de mettre un coup de poing à l’homme, de partir en courant ou tout ça à la fois. Les billets commençaient à voleter et Victoire se retourna machinalement pour les ramasser ce qui lui donna la possibilité de cacher les larmes de rage qui commençaient à couler sur ses joues. Puis, elle sentit la main de l’homme sur ses fesses. Il venait de lui assener une claque sur la fesse ! Dans le temps, c’était le seul geste déplacé que Justin Riddle se permettait de faire en public avec elle, et quand il le faisait, la jeune Juliette qui s’appelait désormais Victoire savait qu’il allait trouver une raison pour qu’ils s’isolent et la forcer à coucher avec lui. Ce geste fut comme un électrochoc, elle se retourna et se mit à frapper l’homme de toutes ses forces en hurlant entre deux sanglots : « Sale vieux pervers, ne me touchez pas ! NE ME TOUCHEZ PAS !! NE ME TOUCHEZ PAS !! CONNARD ! SALAUD ! » Elle le frappait encore et encore, au visage, au torse, elle ne devait pas lui faire bien mal mais elle y mettait toute sa rage. Malheureusement, il commença à renvoyer les coups pour se défendre sous le regard médusé de Mme Garber…

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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMer 6 Mai 2020 - 16:00




The bake sale fiasco
Une petite salle. Joliment garnie. L’annonce de la conférence a fait son chemin. Ils sont venus nombreux. Jeunes. Et moins jeunes. Avec mes acolytes de l’association de lutte contre les violences aux enfants et adolescents nous montons sur l’estrade. Le président est le premier à prendre la parole. Discours introductif. Des chiffres. Beaucoup de statistiques. Dans l’assistance, je perçois des visages choqués par les données annoncées, et pourtant tellement vraies. Après cette mise en contexte, le schémas et le même. La parole est donnée. Aux témoins. Aux acteurs bien malgré eux de ces atrocités. Une de mes camarades ouvre le bal. Raconte sa vie. Son calvaire. Les douleurs profondes qui l’ont marqué. Chantage affectif. Psychologique. Menaces. Menaces de mort. Tentative de viol. Coups. Trop nombreux. L’ensemble de l’auditoire écoute. Des bouches ouvertes. Sous le choc. Des regards attristés. Compatissants. Lorsqu’elle finit son récit. Grand silence. Les gens ignorent s’ils doivent applaudir pour cette intervention. Quelques timides applaudissement, avant de le président de l’association reprennent la parole. Elle remercia mon acolyte pour son témoignage bouleversant, et proposa éventuellement qu’une ou deux personnes puissent poser une question. Pour détendre l’atmosphère. Ne pas passer à un second témoignage tout aussi poignant. Puis vient mon tour. Où je décris l’enfer que j’ai pu vivre. Les coups, les gifles. Les brûlures à la cigarette. Les cicatrices. L’absence de tout soutien maternel. La sensation d’être seul au monde, face à son bourreau. De ne rien pouvoir faire. Seulement subir. Ses coups. Ses phrases assassines. Ne rien dire. Faire comme si de rien n’était. Malgré les regards. Interrogateurs du directeur d’école. Indifférents de camarades de classe. Jusqu’à la délivrance. Cet acte héroïque accompli par sa mère. Qui me sauva. Mais à quel prix. Au prix de nombreuses larmes, de douleur et de sacrifices. Je termine mon allocution par cette note d’espoir. Malgré tous les sévices vécus, je suis tombé dans ma vie sur des gens bien. Une famille d’accueil aimante. Qui m’a élevé presque comme leur propre fils. Tous les hommes ne sont pas des salops. Il y a toujours de l’espoir en une vie meilleure. Nouveau silence. Nouveaux applaudissements timides. Nouvelle prise de paroles du président de l’association. Et les questions reprennent. Les gens sont intéressés. Par nos récits, par nos vies. Ils veulent en savoir plus. Parfois même, les discussions poussent certains à s’ouvrir. À témoigner à leur tour. Crever un abcès. Un mal qui les ronge depuis des années, des décennies. Toujours émouvant.

Ce soir là, dans la foule, une jolie rousse vint à ma rencontre. Nous nous connaissions. Nous avions eu l’occasion de collaborer ensemble. Dans le cadre de notre travail. Chez un traiteur. Elle avait des mains de fée pour confectionner des gâteaux absolument délicieux. Pourtant, nous n’avions jamais vraiment eu l’occasion de faire connaissance. Les coups de bourre au travail ne sont pas propices aux rencontres. Surtout si nos nerfs sont mis à rude épreuve. Ce soir là, nous échangeâmes ensemble. Et elle proposa ses services comme bénévole. Le président accepta. Et elle lança même l’idée d’une vente caritative. Une vente de gâteaux pour soutenir l’association. Riche idée, que le président me proposa de superviser.

Deux semaines plus tard, en lien avec la jeune femme qui répond au doux nom de Victoire, nous organisons une action caritative, avec l’aide d’une de nos collègues : Madame Garber, fine pâtissière mais certainement pas autant que la rousse. Notre point de chute. Le quartier d’affaire de Brisbane. Une population en col blanc qui n’hésiterait probablement pas à mouiller le maillot pour soutenir l’association. Nous nous installâmes sur une place ceinturée par de grands buildings, près d’une entrée de métro. Endroit stratégique où nous espérerions attirer, contre des petites douceurs sucrées, les nombreux employés de bureau qui foulent ces pavés. Notre activité commence timidement. Quelques parts de tarte partent ici ou là. Des muffins aussi. Puis des moments de rush intenses. Vers dix heures notamment. Heure de la pause café, clope, détente. Puis le flot de personnes s’amenuisent à nouveau.  Je profite d’un moment d’accalmie pour abandonner mes deux camarades. Certaines choses ne se commandent pas. La nature reprend ses droits. Une fois mes affaires faites, je ressors. Je suis apostrophé par une connaissance avec qui je discute quelques instants. Elle s’interroge sur ma présence dans le quartier d’affaires qui est loin d’être mon point de chute préféré. Nous plaisantons quelques instants, lorsque j’entends le début d’une conversation qui semble tourner au vinaigre. Victoire semble au prise avec un homme un peu lourdingue. Bien trop insistant. Je prends congés de mon amis et tourne le regard vers le stand. Je vois des billets verts voler sur la table. La jeune femme les récupère. Je vois sur son visage qu’elle est à deux doigts d’exploser. Mise mal à l’aise par cet homme. Soudain, je vois l’homme d’une cinquantaine d’année mettre une main baladeuse aux fesses de la jeune demoiselle. S’en est trop pour elle. Sa voie devient tonitruante. Des jurons sortent de sa bouche. Elle déverse sa haine contre l’homme. Elle le frappe. Mais lui répond par des coups en retour. Il ne m’en faut pas plus pour réagir. J’accours. J’apostrophe l’homme. Je lui demande d’arrêter cela. Il ne réagit pas. Sans crier gare, je lui colle une droite. Il tombe au sol. Sonné. Il me jette un regard assassin. Je le menace : « Casse-toi ! Ou j’appelle les flics ! ». Il se relève, titube, toujours sous le choc. Et s’en va, en me menaçant que nous allions nous revoir : « C’est ça ! ». Je me tourne à présent vers Victoire. Elle est sous le choc. Prostrée. Immobile. La tête dans les mains. Je l’interroge : « Ça va ? ». Je m’approche d’elle. J’essaie de voir comment je peux la réconforter. Je n’ose la toucher. Choquée. « Tu veux quelque chose ? Un verre d’eau ? ». Silence. « Assis-toi quelques instants ! ». Il y avait un banc non loin du stand. Je l’accompagne et l’aide. Elle fait une réaction d’autodéfense. Elle se protège. Cela a réveillé chez elle un souvenir enfoui. Une souvenir qu’il faut qu’elle externalise : « Son attitude a ravivé des souvenirs ? » Difficiles certainement. Si elle souhaite en parler.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyJeu 7 Mai 2020 - 11:56

The bake sale fiasco
"Let me see through the cracks"
Victoire avait les yeux emplis de larmes et le visage déformé par la rage. Non, elle ne se laisserait plus jamais faire, elle ne serait plus cette victime docile et anesthésiée qui avait supporté les abus du photographe pendant trois longues années. Elle frappait sans savoir vraiment ce qu’elle visait, par automatisme, comme si un système d’auto-défense s’était déclenché et avait pris le contrôle de son corps. Puis elle reçut une gifle et un coup de poing dans le thorax qui la fit reprendre conscience de son corps et de ses esprits. Le deuxième coup la fit vaciller en arrière. Douleur, difficulté à respirer. Puis le sentiment de danger et de peur prit le dessus, elle était à sa merci et il fallait fuir. Heureusement, en une seconde, Byron était là et son point se fracassa sur le visage de l’homme. Celui-ci tomba à la renverse et Byron lui cria quelque chose mais Victoire n’entend plus rien, elle voit seulement son agresseur fuir. Elle a les oreilles qui bourdonnent, le cœur qui bat la chamade, la vision troublée par les larmes et la colère. Ses jambes flagellent et elle s’accroupit au milieu des billets abandonnés au sol. Elle se recroqueville sur elle-même, secouée de sanglots. La table couverte de pâtisseries et d’une nappe longue lui offre un certain camouflage, mais elle sait que tous les regards sont tous tournés vers eux, vers elle.

Elle entend la voix de Byron, comme si elle venait de très loin. Il lui demande si elle va bien. Elle relève la tête vers lui et se sent soudain stupide d’être ainsi accroupie. Elle se redresse et acquiesce mollement à la question du jeune homme. Mais elle ne trompe personne avec ses bras fermement croisés et enroulés autour d’elle pour camoufler ses tremblements. Elle ne va pas bien, non. Elle est essoufflée comme si elle avait couru un marathon. Quand Byron lui demande si elle veut quelque chose, pour seule réponse elle recule, sur la défensive. Il est trop près d’elle. Elle le regrette tout de suite, après tout il vient de la sauver. Il lui propose de s’asseoir et elle se dirige lentement vers le banc qu’il lui indique. Ce n’est pas plus mal, ses jambes étaient prêtes à lâcher sous son poids. Elle retrouve la parole difficilement et comment par s’excuser : « Désolée, je… J’ai pété un plomb… Il… Il m’a touchée… » Un nouveau sanglot la secoue alors qu’elle essaye de s’expliquer, elle sent encore la main de l’homme sur son corps. Ce qu’elle voudrait là tout de suite, c’est prendre une douche, mais elle ne pourra pas le faire avant d’être chez elle.

Byron est à ses côtés, tout en gardant ses distances pour ne pas la mettre mal à l’aise. Elle est plutôt rassurée qu’il soit là, pourtant ça ne lui plait pas d’avoir eu besoin de lui, d’un homme, pour se sortir de cette situation, mais c’est la vérité. Et elle se dit amèrement que si il n’avait pas quitté le stand pendant quelques instants, l’agression qu’elle venait de subir n’aurait probablement pas eu lieu. Ou en tous cas, les choses ne seraient pas allées aussi loin. Victoire se sentait vulnérable, plus encore qu’à son habitude et elle plongea son visage dans ses mains. Si elle fermait les yeux, peut-être que la situation disparaîtrait ? En tous cas, ainsi, elle ne voyait plus les regards d’incompréhension ou de jugement que les passants lui jetaient.

Byron lui posa une question, une de ces questions qu’elle redoutait qu’on lui pose depuis qu’elle avait rejoint l’association. Ca aurait pu être le président de l’association qui lui demandait pourquoi la cause des violences faîtes aux enfants lui tenait à cœur. Mais non, ce fut Byron qui lui demanda si cette agression avait ravivé des souvenirs. Victoire ne douta pas que Byron avait déjà la réponse à cette question, mais c’était une manière de lui offrir de se confier. Elle le regarda et se mit à triturer le bas de son chemisier avec nervosité, les larmes continuaient de couler mais les sanglots s’étaient calmés. Elle ne savait pas quoi répondre, elle ne se confiait qu’à sa psy depuis son arrivée à Brisbane, elle avait bien laissé entendre qu’elle avait vécu des abus sexuels auprès de certaines personnes, des femmes uniquement, mais elle n’en avait pas parlé ouvertement. Et surtout pas à un homme. Mais Byron n’était pas n’importe quel homme, c’était une victime comme elle, un enfant violenté qui avait grandi... Elle soupira et se contenta, dans un premier temps, d’acquiescer en fixant le sol.

Victoire resta une longue minute en silence, perdue dans ses pensées. Elle se demandait si elle devait ajouter quelque chose. Si elle devait une explication à Byron. Puis elle finit par dire d’une voix chevrotante : « Contrairement à toi, j’ai pris peu de coups quand j’étais jeune. C’était… un autre type de violence… »

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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyVen 8 Mai 2020 - 10:40




The bake sale fiasco
Bouleversée. Elle m’avoue avoir pété un plomb. Légitime. Ce lourdaud  a semble-t-il été très insistant. Trop. Elle n’a fait que se défendre. Je tente de la rassurer. À bonne distance.  Ne supportant pas le contact de cet homme, je doute qu’elle accepte que je l’effleure, par réconfort. « Que t’a-t-il fait ? ». N’étant pas là au début, je n’ai pas vu la scène qui a créé cet emballement. Geste obscène. Probablement. Je la regarde, elle est flageolante. Ses jambes sont à deux doigts de lâcher. Voyant qu’elle est au bord du gouffre, le me dédit. Inutile de la faire souffrir utilement. « Ne me réponds pas, si tu n’en as pas envie ! ». Je ne veux pas qu’elle se remémore ce geste traumatique. Je l’aide, à rejoindre le banc le plus proche. Pour qu’elle se pose. Qu’elle respire. Doucement. Tranquillement. Je jette un œil sur le stand. Madame Garber gère. Je peux me concentrer sur Victoire. Je ne connais pas son histoire. Nous ne nous sommes jamais réellement côtoyés. Mais sa réaction n’est pas anodine. Une réaction d’autodéfense. Je regarde autour de nous. Nous sommes sur un lieu passant. Un lieu stratégique. Une sortie de métro. Des immeubles d’affaires. Des cols blancs à foison. Un lieu surveillé. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je me lève et je fais un tour complet sur moi-même. Chorégraphie particulière. Que je réitère à deux reprises. J’attire quelques regards. Qu’importe. Finalement, j’atteins mon objectif. Sans mauvais jeu de mots. La vidéo-surveillance. Trois d’entre elles sont positionnées sur la place. Trois possibilités de connaître l’identité du fautif. «  Si tu veux aller porter plainte, je peux t’accompagner, d’autant plus que son geste a peut-être été filmé ». Il faut l’espérer. Que son attitude ne reste pas impunie.

Comprenant que celle-ci avait remué un souvenir désagréable, je tente ma chance, pour la pousser à se confier. À se libérer de cette charge qui la pèse terriblement. Je sens qu’elle se renferme sur elle. Elle le sait. Je ne suis pas dupe. Entre personnes qui ont souffert, il est aisé de se comprendre. De lire entre les lignes. Elle me regarde. Je ressens dans son regard toute sa souffrance. Ses mains deviennent incontrôlables. Elles s’amusent avec son chemisier. Ses larmes coulent. Toujours. J’aurais envie de prendre un mouchoir, sécher ses larmes. Ce n’est pas l’instant. Ce n’est pas le moment. Je ne peux qu’être là, moralement. Elle soupire. Puis acquiesce à ma question. Il faut être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Elle m’annonce qu’elle aussi a connu de la violence dans son enfance… « Tu sais, il n’y a pas que les violences physique qui laisse des traces, des cicatrices... ». J’ai connu cela. Elle ne le sait que trop bien. Elle était là, lors de ma dernière intervention. Et la violence psychologique. Des menaces, contre ma mère, contre moi-même. Les violence invisibles. Celles qui ne laissent pas de trace. Qui réapparaissent lorsqu’il ne faut pas. Dans un moment de faiblesse. « Je peux comprendre que tu ne veuilles pas te confier. Moi-même, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’exprimer sur la chose, à parler aux gens… Je ne suis sûrement pas la personne la plus indiqué... ». Sur la défensive. Vraiment surtout avec les hommes. Je ne peux lutter contre les peurs qui la hantent et pourrissent sa vie. Mais je tente de ma chance. Il faut qu’elle se débarrasse du trop plein d’émotion qui la submerge. « Si tu veux en parler, je suis là... » Silence. Je me tourne à nouveau vers le stand sur lequel il restait suffisamment de pâtisseries pour combler un manque. « Sinon, nous pourrions nous rabattre sur ces délicieux gâteaux... » Merci le sucre, les calories, la ligne. Mais si c’est pour la bonne cause...


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyDim 10 Mai 2020 - 19:46

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Victoire encore sous le choc entendit Byron proposer de l’accompagner porter plainte. Porter plainte… Ce serait un désastre assuré. Quand il suggéra cela, elle aurait pu lui rire au nez mais elle n’était pas en état, trop concentrée à essayer de calmer les tremblements qui agitaient son corps entier. Si on lui avait demandé ce qu’elle ressentait à ce moment précis, Victoire aurait probablement été incapable de faire le tri pour discerner ses émotions. Ce qui la préoccupait pour l’instant, c’était l’autre question de Byron, celle qui concernait ses fameux souvenirs. Elle prit son temps pour parler et quand elle finit par articuler difficilement sa réponse, celle-ci était vague et concernait davantage les souvenirs qu’elle n’avait pas. Pas de coups. Son père ne l’avait jamais frappée, de toutes façons s’il l’avait fait elle ne s’en rappellerait pas puisqu’il était parti quand elle avait 3 ans. Sa mère n’avait jamais ne serait-ce que menacé de lui mettre une fessée. Elle était son héroïne, celle qui avait sacrifié sa santé dans un travail épuisant pour assurer un avenir à sa fille. C’est pourquoi la petite Juliette, mannequin à quinze ans et victime d’un prédateur pédophile, s’était laissée manipuler si longtemps. Car le début de sa carrière de top model avait marqué la fin de celle de sa mère et un repos bien mérité pour cette mère célibataire au corps usé par une vie de dur labeur.

Byron n’avait pas vraiment compris à quel type de violence elle faisait référence. Ou alors peut-être qu’il n’avait pas vraiment tord ? L’homme qui avait été omniprésent dans sa vie pendant trois années avait-il exercé une violence psychologique sur elle ? Elle s’était tellement centrée sur la violence sexuelle qu’elle en avait occulté toutes les petites phrases qui la faisaient se sentir comme une moins que rien, qui lui faisaient croire qu’elle n’était rien sans lui, que sa mère et elle finiraient à la rue si elle lui refusait leurs « séances photo privées ». Effectivement, elle n’avait aucune marque visible, aucune preuve, les cicatrices étaient intérieures et elles ne lui avaient pas permis d’obtenir justice.  Byron disait comprendre si elle ne voulait pas se confier, mais il lui disait tout de même être là si elle avait besoin de parler. Son interlocutrice aurait bien aimé dire quelque chose mais elle avait l’impression qu’une énorme boule obstruait sa gorge. Elle pensait à sa mère décédée deux années plus tôt, elle pensait aux victimes de Riddle, celles qui étaient passées après elle…

Devant son mutisme, Byron lui proposa une pâtisserie. Une petite étincelle s’alluma dans le regard de Victoire qui se sentit aussitôt coupable de se réjouir autant à l’idée d’engloutir un coulant au chocolat alors que quelques instants plus tôt elle pensait à sa défunte mère. Même si elle se sentait mal, elle acquiesça et précisa d’une petite voix : « J’en veux bien un au chocolat… ». Elle prit la pâtisserie que lui tendit son sauveur du jour et croqua dedans. Le chocolat coula dans sa bouche comme promis par l’intitulé de la pâtisserie et elle se sentit un peu mieux, un peu plus maître de ses émotions. C’est à ce moment qu’elle réalisa qu’elle n’avait pas remercié Byron, elle se retourna vers lui et lui adressa un demi-sourire qui traduisait une gratitude sincère : « Merci beaucoup d’être intervenu… J’imagine que ça n’a pas dû être agréable pour toi de devoir le frapper… »

*La violence fait partie de nous autant qu’elle est notre pire ennemi, je suppose* Victoire croqua à nouveau dans la bouchée au chocolat pour se donner une contenance mais également car ça lui apportait un réel réconfort. Elle sentait le besoin de s’expliquer et elle retint des larmes de colère en racontant : « Ce con m’a pris pour une escort apparemment. Il a fini par me jeter les billets et quand je me suis retournée, il m’a touché les fesses. » Elle eut un frisson de dégoût et enfourna le reste de la pâtisserie dans sa bouche. Elle avait gardé son regard rivé sur le sol pendant qu’elle lui décrivait l’agression, elle finit par ajouter dans un murmure : « C’est ce qu’il faisait toujours avant de me forcer à coucher avec lui… »

Voilà elle l’avait dit. Pourquoi maintenant ? Pourquoi à lui ? Pourquoi sur ce banc en plein centre de Brisbane ? Elle ne le savait pas. Est-ce qu’elle se sentait mieux maintenant que c’était sorti ? Pas vraiment, elle se sentait plus vulnérable que jamais. Est-ce qu’il allait lui demander comment elle était habillée quand c’était arrivé ? Ou si elle s’était débattue et avait crié ? C’était toutes ces questions qu’on lui avait posé en boucle : la police, la presse, les gens dans la rue, les avocats, le juge… Elle aurait voulu disparaître et ne pas entendre ce qu’il allait dire, elle était à deux doigts de se lever et de s’enfuir en courant jusqu’à sa voiture.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptySam 16 Mai 2020 - 8:40




The bake sale fiasco
Devant l’état de Victoire, je prends toutes les précautions possibles. Je ne veux pas la brusquer. Je ne veux pas qu’elle se renferme sur elle-même. Elle vient de vivre un moment compliqué. Lorsque je lui signale la présence de vidéo-surveillance. Lorsque je lui propose de porter pleine, elle reste mutique. Ne dit rien. Toujours sous le choc. J’essaie de trouver un moyen pour la rassurer. Un regard vers l’étal de pâtisserie. Du sucre. Pour la calmer. Je lui en propose une. Son regard s’éclaire. Revit. Elle éprouve un certain intérêt à ma proposition. D’une voix faiblarde, presque blanche, elle demande une pâtisserie au chocolat. Gourmandise. Ni une, ni deux, me voilà partie en quête de la fameuse pâtisserie au chocolat. J’en prends une. J’en profite pour voir si Madame Garber s’en sort. Elle hoche de la tête, avant de regarder vers Victoire. Elle me glisse à l’oreille qu’elle gère la situation. Je peux retourner sereinement auprès de la rouquine. Près d’elle, je lui tends le gâteau, qu’elle s’empresse de saisir. Morte de faim ? Elle croque dedans. Sans attendre. Elle ferme les yeux. Profite de ce délice. Elle apprécie, visiblement. « Ça fait du bien ? » demande-je calmement tandis qu’elle rouvre les yeux et savoure.

Finalement, elle reprend ses esprits. Le sucre a fait son effet. Et elle commence par me remercier. « Ce n’est rien. Je pense que ma réaction était légitime... » Silence. Je reprends ma respiration. La fin de sa phrase sous-entend que mon passif aurait pu créer chez moi une animosité à donner un coup. Certes, je préfère éviter. Ou alors sous contrôle (lors de mes entraînements de boxe). Toutefois, j’estime que parfois, il y a des cas de force majeure. L’agression de Victoire en est un. Je n’ai eu aucun scrupule à mettre une droite à cet homme un peu trop insistant. « Peut-être que je vais te choquer, mais pour moi, il y a deux poids, deux mesures. Je n’ai aucun remord à l’avoir frappé. Cette homme a dépassé les bornes avec toi. Je ne faisais que te défendre contre ce lourdot ! » Silence. « Et mon passé ne doit pas justifier une quelconque clémence à son égard ! ». La jeune femme mord une nouvelle fois dans la pâtisserie. Puis, elle se confie. Doucement. Sur les événements. L’approche peu académique de l’homme. Il avait eu l’approche d’un client de call-girl. Donner de l’argent. Attendre quelque chose en retour. Pas des pâtisseries. Et il avait dépassé les bornes. Lui avait tâté les fesses.

Et cet acte a fait ressurgir des souvenirs douloureux. L’élément déclencheur. « Je suis navré que tu ai dû subir cela ! ». Je m’installe à côté d’elle, gardant néanmoins une distance respectable. Je sais ce que cela fait, de perdre pied lorsque le passé refait surface, de manière inopinée. « Ça remonte à longtemps ? » Quelques mois, des années. Sa réaction me laisse supposer qu’elle a subi des violences pendant son adolescence. Le traumatisme semble tellement profond. Son langage corporel me permet d’émettre cette hypothèque. Cela pourrait expliquer qu’elle n’est pas supporté qu’il la touche. Comme s’il la salissait. Comme lorsque son prédateur, son cauchemar l’a souillé quand elle était plus jeune. La voyant encore tremblante, je lui propose : « Tu veux qu’on aille marcher ? » Pour décompresser, pour évacuer ce trop plein d’émotion. « Et si tu veux me raconter ton passé, tu peux te confier... » Si ça peut la libérer d’un poids. Il faut qu’elle le fasse. Pour elle. Pour aller de l’avant. Et se reconstruire.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMar 19 Mai 2020 - 11:09

The bake sale fiasco
"Let me see through the cracks"
Pendant que Victoire se tapissait la bouche de chocolat, Byron lui avoua qu’il n’avait aucun problème à avoir recours à la violence dans ce genre de situations, il n’avait pas de remord et cela rassura Victoire. Elle se sentait un peu coupable de ne pas avoir pu réagir comme une personne normale : repousser la personne dans le calme et s’éloigner. Avec sa psychologue, elle avait comparé sa sérénité à un fil tendu au point qu’il pouvait rompre au moindre effleurement. C’était plutôt difficile à vivre de se sentir toujours au bord du précipice, au bord de la crise de nerfs… Victoire s’interdisait plein de choses à cause de cela, comme les cours d’auto-défense qu’on lui avait conseillé pour se sentir plus en sécurité. Comment pourrait-elle se retrouver à lutter physiquement avec quelqu’un sans paniquer ? Il y avait bien des cours réservés aux femmes, mais elle n’avait toujours pas sauté le pas. Elle fit un pâle sourire à Byron pour lui indiquer qu’elle l’avait écouté et était contente que cette altercation n’ait pas été difficile à vivre pour lui. Elle pouvait avoir l’air perdue dans ses pensées mais elle savait penser à plusieurs choses en même temps.

Puis, elle lui raconta ce qu’il s’était passé et elle laissa entendre qu’elle avait subi des violences sexuelles par le passé, pour le regretter tout de suite et avoir envie de s’enfuir à toutes jambes. Mais Byron ne lui posa pas de questions blessantes, il lui dit simplement qu’il était désolé et s’assit sur le banc. Instinctivement et bien que Byron ait gardé ses distances, Victoire se décala le plus possible sur l’extrémité du banc, encastrant son flanc dans l’accoudoir qui l’empêchait de s’éloigner plus. Il lui demanda à quand remontait les faits, et à cette question elle pouvait répondre. Mais sa méfiance naturelle reprit le dessus, elle ne put s’empêcher de préciser avec fermeté : « C’est pas parce que je me confie à toi que tu dois t’imaginer des choses, ok ? Je ne suis disponible pour personne, ok ? » *Ok, quelle amabilité ma chère Victoire… Et en plus, tu viens de mentir, bien sûr que t’es disponible, mais seulement pour la mystérieuse brune qui vient dévaliser la pâtisserie tous les deux jours*

Sa réaction d’anticipation, ça aussi c’était un réflexe, un instinct. Elle avait tellement l’habitude que les hommes tentent de la draguer, qu’elle partait du principe que TOUS les hommes allaient tenter de la draguer un jour ou l’autre. S’ils se rapprochaient d’elle en tant qu’ami, c’était pour pouvoir la séduire plus tard… S’ils étaient en couple, ils ne feraient que s’imaginer des choses, flirter « pour rire » et puis le jour où leur relation deviendrait bancale, Victoire deviendrait une vraie option qu’ils auront gardé de côté. Et cette prétendue amitié n’existerait plus… Cette logique imparable lui avait probablement fait perdre de nombreuses occasions de lier une relation amicale ou ne serait-ce que normale avec des hommes. Elle préférait les repousser dès le départ, se montrer impolie ou passer pour une fille imbue d’elle-même et érotomane. Ainsi, elle ne laissait aucun membre de la gent masculine se rapprocher d’elle et ne laissait aucune place pour une déclaration d’amour tardive ou une tentative de baiser qui tournerait mal. Mais comment allait-elle avancer si elle repoussait tout le monde ?

Est-ce que ce serait différent avec Byron ? Parce qu’il était une victime de violence comme elle ? Parce qu’ils étaient tous deux bénévoles dans cette association ? Parce qu’elle connaissait son passé ? Est-ce qu’elle ne pouvait pas prendre exemple sur lui ? Le voir raconter son calvaire devant une salle bondée, ça l’avait impressionnée et terrifiée à la fois. Elle n’aurait jamais la force de parler aussi ouvertement de ses traumatismes de jeunesse, et en avait-elle envie ? En avait-elle besoin ? Sa psy aurait probablement répondu que oui, mais Victoire ne comprenait pas toujours en quoi ressasser les évènements douloureux de sa vie allait l’aider à se sentir mieux. Pourtant, malgré cela, elle continuait à aller le faire chaque semaine chez cette fameuse psy… Ces pensées traversèrent son esprit en quelques secondes et elle décida de s’excuser encore une fois auprès de Byron : « Désolée mais je veux seulement que les choses soient claires… Je crois que j’ai envie de parler mais j’ai peur de paniquer si… Si tu réagis d’une certaine façon… »

*Voilà, entrouvre la porte. Tu as encore la chaîne de sécurité enclenchée. Tu peux toujours claquer le battant et partir en courant si tu ne le sens pas* Il lui proposa d’aller marcher, oui c’était une bonne idée, elle ne se sentait pas bien sur ce banc qui facilitait la proximité. Et elle commençait à avoir mal aux côtes à cause de l’accoudoir contre lequel elle était pressée. Elle acquiesça du menton et se leva, il lui offrait à nouveau l’occasion de parler de ce qui lui était arrivé. Elle se dirigea vers Mme Garber, s’excusa auprès d’elle, la remercia et lui dit qu’ils allaient s’éloigner un peu. Ils s’étaient de toutes façons échangés les numéros de téléphone et au moindre problème, elle lui assura qu’il ne fallait pas qu’elle hésite à les appeler. *Quelle bénévole de merde tu fais… Tu proposes un stand de pâtisserie et tu l’abandonnes…*

Victoire se mit à marcher aux côtés de Byron en gardant une bonne distance pour ne pas se toucher mais assez près pour qu’ils puissent s’entendre sans avoir à parler trop fort. Bien sûr, elle surveillait les gens autour d’eux, ne parlait pas quand quelqu’un était trop proche et évitait soigneusement tous les hommes. Zigzaguant au milieu de l’agitation du quartier des affaires, elle finit par répondre à la première question qu’il lui avait posé : « La première fois que c’est arrivé, j’avais quinze ans… Puis ça a duré trois ans… »

Elle soupira bruyamment et inspira profondément dans une tentative vaine de se détendre. Elle était stressée, c’était très étrange de parler de ça à un inconnu, un homme d’autant plus. Les hommes avaient toujours été les plus virulents envers elle, ceux qui criaient à la fausse accusation et la traitaient de profiteuse ou encore ceux qui disaient qu’elle aurait parlé avant si c’était vrai, que si ça avait eu lieu, elle l’avait bien voulu… Bien sûr, il ne faut pas croire que les femmes étaient toutes des féministes convaincues, beaucoup ne la croyaient pas non plus et se montraient hostiles, mais les attaques des hommes étaient vécues comme des agressions à répétition. Elle se sentit obligée d’expliquer pourquoi ça avait duré trois ans :

« Il avait trente ans de plus que moi et une position de pouvoir sur moi… Il me menaçait et me manipulait pour que je me taise… » Des larmes se mirent à couler sur ses joues mais elle les essuya aussitôt d’un geste rageur. Elle ne voulait pas verser une larme de plus pour lui.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMar 19 Mai 2020 - 14:50




The bake sale fiasco
Je suis assis près d’elle. Mais suffisamment loin. Pour ne pas qu’elle soit sur la défensive. Malgré toutes mes précautions. Mais je ne peux pas effacer ses craintes. Physiquement, elle ne supporte pas une présence masculine à proximité. Je respecte. Même si, je l’avoue, cela ne fait pas plaisir. La voir s’éloigner autant que possible sur le banc, m’attriste. Même si son éloignement est rapidement stoppé par l’accoudoir métallique. Mais je ne suis pas au bout de mes surprises. Les propos qui suivent sont assez blessants. Elle imagine que je profite de son moment de faiblesse pour me rapprocher d’elle. Que je peux profiter de la situation. Et elle me crache au visage. Je reste calme. Je connais sa situation. Je l’ai vécu. Il y a quelques années. Après l’assassinat de mon tortionnaire par ma mère. Lorsque je me suis retrouvé en famille d’accueil. J’étais sans cesse sur la défensive. Je ne faisais absolument pas confiance au père et à la mère de ma famille d’accueil. Ils étaient gentils pourtant. Mais, au début, il était difficile pour moi de les laisser s’approcher de moi, de leur faire confiance. Malgré la bonne volonté qu’ils y mettaient. Finalement, avec de la persévérance, beaucoup de patience, je me suis petit à petit ouvert à eux, à leur famille. Je dois l’avouer. La cuisine y a fait beaucoup. J’ai trouvé dans cet art un moyen d’occuper mon esprit. Et j’ai partagé des bons moments avec mon père de substitution. C’est avec la cuisine que j’ai commencé à parler avec lui, à lui faire confiance. Mais avant cela, j’étais comme la jeune femme. Enfermé dans mon mutisme. Silencieux en toutes circonstances.

Finalement, elle tente une explication. Immédiatement, je la rassure : « Tu n’as pas à être désolée ! C’est compréhensible ! ». Il faut qu’elle combatte ses démons. Tous les hommes ne sont pas des bêtes qui prennent les femmes pour des objets sexuels. Avec ce qu’elle a vécu, je ne peux pas lutter. Essayer de me dédouaner  par rapport aux hommes qui l’ont fait souffrir ne servirait à rien. Je ne peux que tenter de lui faire prendre confiance. Et petit à petit, peut-être, elle s’ouvrirait un peu plus à moi. Sans crainte d’une quelconque réaction. Je tente de la rassurer, sans aucune arrière pensée : « Quand on a connu des horreurs, comme c’est notre cas, c’est toujours extrêmement difficile de réapprendre à faire confiance aux gens. Ça prend du temps. Beaucoup de temps. Et je ne vais pas te forcer à quoique ça soit aujourd’hui. Tout vient à point à qui sait attendre. Dès que tu te sentira en confiance, tu t’ouvriras. Ça sera peut-être demain, dans un mois, dans six mois… Peu m’importe. Il faut du temps pour se reconstruire ! ». Et, comme je le fais depuis le début, je ne veux surtout pas la brusquer. Elle a assez souffert. Pour éviter d’être plus mal à l’aise, je lui propose d’aller marcher. Je la sens inconfortable sur ce banc, appuyée contre cet accoudoir. Elle accepte. Toujours à bonne distance. Mais ce qui compte, à mes yeux, c’est qu’elle accepte. Avant de nous éloigner du stand, nous rejoignons Madame Garber. « Nous allons marché un peu, si vous avez le moindre problème, vous nous bipez. Et on arrive ! » J’espère qu’en notre absence, elle ne connaîtra pas la même mésaventure que la rouquine. Nous nous éloignons. Côte à côte, mais à bonne distance, Victoire finit par lâcher le morceau. Elle a été abusée à quinze ans. Et durant trois ans. Un véritable enfer.

J’ai l’impression que cela a été compliqué de me le dire Mais c’est un début. Sans forcément  en avoir conscience, à l’instant, elle s’est libérée d’un poids. C’est une étape importante. « Merci de me l’avoir dit ! Je sais combien s’est difficile de se confier quand on souffre autant, surtout à un inconnu ! » Et à un homme, comme moi. Mais il ne faut pas qu’elle ait honte de ce qu’elle a vécu. Avec la vague ‘Me too’, je nourris l’espoir que les femmes qui subissent des abus sexuels ne se taisent plus, luttent contre leur tortionnaire et assument ce qu’elles ont vécu, car elles ne sont que des victimes. Pourtant, des personnes continuent à les juger, même si elles n’ont rien à prouver. Nous continuons de marcher et elle continue à m’éclairer sur son parcours… Comme mon tortionnaire, le sien avait instauré un sentiment d’infériorité chez elle, et la maintenait sous sa coupe psychologiquement : « Mon tortionnaire avait aussi une ascendance psychologique ! Mais maintenant, tu es libérée de son emprise. Tu ne peux pas oublier ce que tu as vécu. Personne ne le peux » Et moi le premier. J’ai des traces indélébiles sur la peau. « Il faut vivre avec. Et faire de cette épreuve une force ! ». C’est peut-être plus facile à dire qu’à faire. Mon bénévolat dans l’association m’a permis de me transcender. Certes, raconter ma vie, mes épreuves à une foule attentive n’est pas toujours évident. Mais j’ai saisi cette chance, pour aller de l’avant. Et me reconstruire.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMar 19 Mai 2020 - 16:58

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Byron se montrait très compréhensif face au comportement vexant de Victoire. Il lui dit comprendre tout à fait qu’elle ne soit pas prête à s’ouvrir aujourd’hui. Il lui fallait réapprendre à faire confiance aux gens, et cela lui paraissait aussi difficile que de gravir le Mont Blanc avec les yeux bandés. Il faut se reconstruire… Cette reconstruction qu’on lui promet depuis des années de thérapie et qu’elle ne voit jamais arriver…

Cela faisait seize ans que Justin Riddle l’avait forcée à coucher avec lui pour la première fois. Bien que Victoire savait que légalement ce qu’il avait fait été considéré comme un viol, elle avait toujours du mal à utiliser ce terme. Cela faisait treize ans qu’elle lui avait dit d’aller se faire voir pour se rendre compte que la seule emprise qu’il avait sur elle était psychologique et qu’elle aurait pu mettre fin à ce calvaire bien plus tôt. Cela faisait onze ans qu’elle avait décidé de le dénoncer à la justice et dans les médias, s’infligeant une double peine avec les auditions inquisitrices au poste de police et sa parole remise en question tous les jours dans les journaux. Cela faisait huit ans que le procès était terminé et que la justice s’était prononcée en sa défaveur, laissant un prédateur côtoyer d’autres jeunes filles influençables. Huit ans qu’elle avait décidé de retourner en France avec sa mère. Elle aurait dû aller mieux après tout ce temps, elle aurait dû avancer dans sa vie. Et la pâtisserie était ce qui lui maintenait la tête relativement hors de l’eau, sa passion. Mais ça ne suffisait pas à la sortir de ces dépression et phobie sociale qu’elle avait développées et qui persistaient. Elle buvait trop, elle fumait trop…

Cela faisait quatre ans que le mouvement « Me Too » était venu remuer le couteau dans la plaie, que les journalistes avaient voulu la recontacter et que le stress et le chagrin avaient fini par tuer sa mère. Cela faisait deux ans que Juliette était devenue Victoire et qu’elle avait déménagé à Brisbane. Deux longues années qu’elle essayait de se convaincre qu’elle allait pouvoir recommencer à zéro sur ce nouveau continent, sur cette île gigantesque et éloignée de tout. Mais ses addictions étaient toujours là, sa méfiance toujours présente et les séances de psy ne lui avaient jamais permis de tourner la page, elle n’arrivait pas à passer à autre chose et c’était frustrant et désespérant.

Elle avait lâché le morceau auprès de Byron, est-ce qu’elle se sentait mieux ? Peut-être un peu ? Elle n’en était pas sûre. Le jeune homme essaya de lui rappeler qu’il la comprenait car il avait vécu une situation similaire avec son beau-père et son ascendant psychologique. « Tu es libérée de son emprise. » Victoire serra les dents, pourquoi n’avait-elle pas l’impression d’être libérée de lui, même après treize ans sans qu’il ne l’ait touchée, même après huit sans qu’elle ne l’ait vu ? « Il faut faire vivre avec. Et faire de cette épreuve une force ! » Ca avait l’air si simple dit comme ça et pourtant… Sa voix se brisa quand elle répondit : « Je n’y arrive pas, je ne sais pas comment tu as fait toi… »

Elle déglutit et continua à marcher droit devant, inconsciemment elle croisa les bras, s’enserrant elle-même tout en crispation, son corps tout en tension. Elle se rendit compte qu’elle avait accéléré le pas et s’arrêta brusquement de marcher pour se tourner vers Byron dont elle avait évité méticuleusement le regard pendant toute cette confession-promenade. La détresse. C’était l’émotion principale qui était lisible sur son visage, elle ajouta : « J’en suis incapable, je n’y arriverais jamais. Mon tortionnaire n’est pas mort. Il n’est pas en prison non plus. Il est libre comme l’air. Il a continué après moi et il continuera encore. »

Ce constat, ce n’était pas la première fois qu’elle le faisait. Mais elle ne l’avait jamais formulé à voix haute avant, pas même chez sa psy où elle évitait soigneusement d’aborder le sujet. Tant que Justin Riddle serait libre, elle ne pourrait se reconstruire. Et si même le mouvement Me Too et les nouvelles victimes qui avaient porté plainte n’avaient pas réussi à l’envoyer derrière les barreaux, alors rien ne le ferait. Elle se sentait condamnée et sa respiration se fit difficile et saccadée, la crise d’angoisse n’était pas loin à nouveau. Elle voulait que ce sentiment s’arrête, elle voulait endormir ses émotions et anesthésier son cerveau. Elle avait envie de boire et de fumer dix pétards pour s’endormir complètement nébuleuse et oublier qu’elle était vouée à revivre son traumatisme chaque jour. Elle aperçut un petit bar qui avait l’air vide, une ardoise indiquait la tenue d’un « after work » d’une société quelconque le soir même. *Parfait, il n’y aura quasiment personne avant des heures, ils sont tous au bureau à cette heure-ci* Avant de se diriger vers le bar, elle dit à Byron : « J’ai besoin d’un verre, tu viens ? » *Ouais un verre ou quatorze, hein… Qui tient les comptes après tout ?* Elle espérait sincèrement qu’il la suive, premièrement il dissuaderait d’autres hommes de venir lui parler, et puis au fond, même si elle ne se l’avouait pas vraiment, elle avait envie de continuer à lui parler. Echanger avec une autre victime était à la fois douloureux et libérateur, il ne la jugeait pas, il la comprenait.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMer 20 Mai 2020 - 13:21




The bake sale fiasco
Elle ne baisse pas la garde. Elle reste agressive. Je reste calme. Stoïque. Il est inutile de prendre la mouche. Je ne peux la changer, d’un seul claquement de doigt. C’est plus compliqué. Tandis qu’elle me met en garde. Qu’elle me reproche d’être un homme. Qu’elle a peur que j’agisse comme les hommes qu’elle a pu côtoyer, je tente de la rassurer. Lui dire que je comprends son attitude. Qu’il faut laisser le temps au temps. Que j’étais comme elle, à une époque. J’ai l’espoir qu’elle prenne conscience, qu’elle saisisse que sa reconstruction ne se fera pas en un instant. Il faut qu’elle franchisse des étapes, une à une. Pour se sentir renaître, revivre.

Nous quittons le banc. Nous marchons. Elle me délivre son terrible secret. Sa crainte d’être touchée, me conforter dans l’idée qu’elle avait été abusée dans sa jeunesse. Lors des rencontres que je peux effectuer au sein des établissements scolaires, les enfants qui subissent des violences sont facilement repérable. Ils sont souvent seuls, renfermés sur eux même. Dans un silence de mort. Combien ont réagi comme la jeune femme quand je me suis approché d’eux, comme un acte d’autodéfense ? Beaucoup. J’étais d’ailleurs l’un d’eux, il y a de cela presque deux décennies. Lorsque des cas suspects sont signalés, il faut alors faire preuve de diplomatie pour que les enfants puisses s’ouvrir à un inconnu. Et, sur ce point, j’ai un avantage sur beaucoup d’autres personnes, j’ai vécu ce traumatisme, je les comprends, je sais ce qu’ils vivent. Mais je reviens au moment présent. À Victoire. À sa blessure indélébile. Je la remercie de s’être confié. J’ai conscience de la difficulté que cela représente. Mais elle l’a fait. Et pour sa reconstruction c’est capital.

Elle me parle ensuite de l’emprise que ce dernier avait sur elle. Une différence d’âge importante. Un sentiment de puissance. Comme mon tortionnaire. Je lui explique qu’elle est désormais libérée de son emprise. C’est vrai. Mais les démons d’une ancienne vie ne partent pas comme cela. Même si, comme un phénix, elle renaît de ses cendres, quelque chose ne tourne pas rond. Quelque chose s’est brisé, qui rend sa nouvelle vie impossible. En l’état actuel des choses. Même si c’est compliqué, il faut faire de cette épreuve une force. Pour repousser ses limites. Elle semble dubitative face à mes propos. Elle n’arrive à se transcender. C’est normal. Nous ne sommes pas tous construits avec le même bois. Les embûches sont différentes en fonction des caractères, des personnes. Elle n’arrive pas à se défaire de ce passé de souffrances car elle n’a pas encore trouvé le bon remède.  

Elle me demande comment je m’en suis sorti. Ça n’a pas été une partie de plaisir, pour moi, pour les autres. Ceux qui m’ont permis de m’en sortir. « Après que ma mère m’est libérée de mon tortionnaire, et par la même occasion du sien, j’étais comme toi. Perdu. Certes, j’étais libre. Mais j’avais perdu ma mère. Durant toute mon enfance, son attitude peut être blâmable. Au fond, elle n’a jamais été présente pour me défendre. Sauf le jour du meurtre. Emprise physique. Psychologique. Déjà sans père, je me suis retrouvé du jour au lendemain, sans mère. Orphelin. Seul. » Je reprends ma respiration. C’est compliqué de ressasser le passé, même si j’en ai l’habitude, les circonstances ne sont pas les mêmes que lors d’une conférence. Ici, je parle à cœur ouvert. Pour me mettre sur un même pied d’égalité avec la jeune femme. « Mais j’ai eu de la chance. Une rencontre a tout changer. Celle du policier qui m’a retrouvé, près du corps inerte de mon tortionnaire. Sous le choc. Grâce à lui... » Les démarches ont dû être grandement facilitées « j’ai trouvé une famille d’accueil qui s’occupa bien de moi... » Silence. « Au début, j’étais comme toi. Renfermé. Je ne parlais à personne. Je me réfugiais dans la lecture. Le psychologue, malgré toutes les pincettes qu’il prenait avec moi n’était pas d’un grand secours… J’en voulais au monde entier. À ma mère particulièrement. Ce ressentiment éclaboussait sur ma famille d’accueil. Comme un effet papillon ». Je continue à me confier à la jeune femme. Je n’étais jamais allé aussi loin dans l’introspection sur ma vie passée lors des conférences. Mais là, je dois lui montrer le parcours du combattant que j’ai connu, pour arriver à m’en défaire. Je dois lui montrer que c’est loin d’être simple. Je reprends. « Un jour, le père de ma famille m’a proposé de cuisiner avec lui. Je n’ai pas décroché un mot lors de cette première séance. Je l’ai écouté religieusement. Imprimant chaque conseil dans mon esprit. Nous avons réitéré l’expérience plusieurs fois. Toujours à l’écoute, sans dire un mot. Toujours dans mon mutisme. Pour autant, j’ai eu un déclic. La cuisine m’a sauvé. Et m’a permis de m’ouvrir à un premier adulte. À un homme. Les premières étapes ont été timides. Un petit sourire, un hochement. Rien d’extravagant. Mais c’était un début. » Et la cuisine a été ma thérapie. Cela a été plus bénéfique que mes séances chez le psychologue, car le père de famille me comprenait et il m’a laissé du temps pour lui faire confiance. « Par la cuisine, je me suis rouvert au monde, j’ai appris à aller de l’avant. Mais, je suis tombé sur les bonnes personnes. Ce policier. Ce père de famille qui m’a élevé comme un enfant normal, comme son propre fils. Et m’a compris dans toute ma complexité ». J’ai parlé à cœur ouvert. Et j’espère que ces confidences aident la jeune femme à se libérer véritablement de son passé.

Mais quelque chose la bloque. L’homme qui a détruit sa vie est toujours là. Dans la nature. Impuni. La justice est mal faite. Je sens la crainte qui l’anime. La peur de tomber sur lui à un coin de rue, dans le métro. Comme si de rien n’était. Je saisis la balle au bond. « Éviter que cela se reproduise avec d’autres personnes pourrait être un but pour te défaire de ton passé. Laver ses souillures ». Mais cela impliquerait qu’elle doive s’y replonger. « Tu sais que l’association peut t’aider. Elle compte parmi ses membres bénévoles, des avocats spécialisés sur la question ». Reprendre le dossier à zéro. Punir le fautif. En a-t-elle le courage ? Elle semble ne plus faire confiance à la justice, qui l’a trahi, en ne le condamnant pas pour ses fautes. « La société évolue… Le regard change… Les témoignages affluent… C’est peut-être le combat que tu dois mener… Même si c’est difficile et douloureux. Que ça fait ressurgir de mauvais souvenirs ». Avec l’association, elle ne serait pas seule si elle décide de reprendre le combat. Pour de bon. La balle est dans son camp. Elle me propose d’aller boire un verre. Elle en a besoin. Je tourne la tête vers le stand. Madame Graber gère très bien. « Un verre… Oui ! » Boire à outrance n’est peut-être pas la solution. Je vais la surveiller. « Où allons nous ? ». Je balaie la place et les devantures devant nous. Je vois plusieurs bars. À elle de faire son choix.



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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyMer 20 Mai 2020 - 16:25

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Victoire tout à son désespoir avait demandé à Byron comment il avait fait pour se sortir de ce cercle vicieux de la méfiance et du repli sur soi. Elle avait formulé sa question de manière quasi rhétorique, pour souligner sa propre incapacité à aller de l’avant. Mais Byron ne l’avait pas entendu de cette oreille, il ne comptait pas la laisser croire que ça avait été facile pour lui, qu’il avait suffit du décès de son tortionnaire pour qu’il tourne la page. Il se confia, ouvrit son cœur et raconta des tranches de sa vie passée. Ca n’avait rien à voir avec le récit qu’elle avait entendu à la conférence, il lui parlait comme on parle de ses souffrances à un ou une ami-e. C’était intime, c’était émotionnel et cela captiva Victoire qui n’en eut que plus d’admiration pour Byron d’avoir surmonté ses traumatismes.

Il est vrai que le jour où il avait été débarrassé de son beau-père violent était également le jour où il se retrouva séparé de sa mère qui devait affronter la justice. Il avait été mutique, renfermé, méfiant et en colère contre sa mère et le monde entier. Un peu comme Victoire, sauf qu’elle, elle était restée bloquée à ce stade. Les séances de psy s’étaient montrées inefficaces pour lui aussi mais heureusement, il avait rencontré un policier qui lui avait trouvé une bonne famille d’accueil. *J’aurai bien aimé tomber sur des policiers bienveillants moi aussi* pensa-t-elle amèrement. Il lui avoua que c’était la cuisine qui lui avait permis de créer des liens avec le père de sa famille d’accueil, que c’était la cuisine qui l’avait réouvert au monde. Tout s’était joué dans les rencontres pour lui : ce policier, ce père de substitution…

Victoire se sentait plus proche que jamais de celui qu’elle ne pouvait plus vraiment qualifier d’inconnu, la pâtisserie, comme la cuisine pour lui, avait joué un rôle important dans sa vie d’après. Même si pour Victoire c’était surtout un échappatoire, une manière de fuir la réalité, ses émotions et la vie en général avec tout ce qu’elle a de compliqué. Mais même sa passion de la pâtisserie ne lui avait pas permis de s’ouvrir au monde, car il était encore là, maintenant une emprise sur elle simplement par sa liberté insolente, son impunité répugnante. Elle était incapable de d’aller de l’avant dans ces conditions et elle le confia à Byron.

Et il répondit ce que toute personne sensée aurait répondu à son aveu précédent. Si ce qui l’empêchait d’avancer était l’impunité de son agresseur, alors elle devait se battre pour que justice soit faite. Il ne pouvait pas savoir qu’elle s’était déjà battue, que ce combat avait déjà eu lieu et que c’était elle qui avait finie K.O.. Il lui parla des avocats spécialisés que pouvait lui fournir l’association, elle se contenta de répondre : « Je ne crois pas que les avocats Australiens seraient compétents devant un tribunal Américain… ». Elle venait de lâcher une info supplémentaire sur son passé, une info qui pouvait paraître déroutante pour un interlocuteur qui ne connaissait pas Juliette Pottier mais seulement Victoire Laclos : française expatriée en Australie. Que pouvait donc bien venir faire les Etats-Unis dans cette histoire ?

Il insista sur ce combat qui devait être le sien et s’il reconnaissait que le chemin serait probablement difficile et douloureux, il mettait en évidence que les choses avaient changées depuis ses quinze ans. Il faisait référence au mouvement Me Too et à tous ces témoignages qui avaient inondé la toile et les écrans. Mais ce qu’on ne disait pas du mouvement Me Too, c’est que tous ces témoignages avaient donné lieu à bien peu de procès, et ces rares procès à encore moins de condamnations. Pourtant, elle le savait, il avait raison, c’était ce combat qu’elle devait mener. Et ça la paniquait totalement, car elle avait fui ce passé pour ne pas avoir à se battre à nouveau, elle avait changé de nom espérant mettre cela derrière elle. Il lui fallait un verre pour continuer cette conversation, un très grand verre. Elle l’invita à la suivre et après qu’il ait jeté un œil à Mme Garber, il acquiesça et demanda où ils allaient. Elle lui indiqua le petit bar repéré plus tôt et s’y dirigea sans attendre.

Elle pressa le pas, l’appel de la bouteille était plus fort que tout à présent. Chaque seconde sans sentir la chaleur de l’alcool frayer son chemin dans son œsophage amplifiait le sentiment d’oppression qu’elle ressentait dans sa poitrine. La crise d’angoisse qui s’installait, celle à laquelle elle ne voulait pas faire face. Elle pénétra dans le petit bar au décor moderne et pompeux, un vrai repère de traders et autres cols blancs en goguette. Elle aurait fui ce lieu comme la peste s’il avait été fréquenté par son public cible, mais pendant les heures de bureau il était presque désert, seul un couple de touriste semblait s’être perdu au quartier des affaires et sirotait une limonade à l’ombre d’un parasol sur la terrasse. Victoire se dirigea directement vers la barmaid et commanda sans préambule : « Bonjour, une bouteille de Jack Daniels, s’il vous plait. Avec deux verres. Sans glace pour moi. »

Elle n’avait pas demandé son avis à Byron mais il pouvait toujours commander autre chose si ça lui chantait, de toutes façons, cette bouteille ne serait pas perdue. Sans se soucier de ce que pourrait penser la barmaid ou même Byron, elle se servit un premier verre sur le comptoir et l’avala aussi sec. Elle se sentit légèrement mieux, comme débarrassée d’une partie du poids qui compressait sa cage thoracique et l’empêchait de respirer correctement. Elle paya la bouteille, récupéra sa monnaie et se dirigea vers une petite table au fond de la salle, la plus éloignée possible du comptoir et de l’entrée. Elle se laissa tomber sur la banquette faisant face à l’entrée du bar, c’était un réflexe de garder un œil sur la sortie et surtout sur les gens qui entraient. Repérer les potentielles menaces pour les éviter avant qu’elles ne s’approchent d’elle. Elle se resservit un verre et l’engloutit à nouveau. Elle se sentit enfin prête à continuer leur conversation douloureuse et plongea son regard dans celui de Byron pour lui raconter d’une voix chargée d’amertume : « Ce combat qui est sensé être le mien, le problème c’est que je l’ai déjà mené. Et je l’ai perdu, mais en beauté en plus. J’ai dû lui verser des dommages et intérêts. Tu te rends compte ? C’est moi qu’ils ont condamnée pour diffamation ! Ils m’ont traînée dans la boue… » Le regard rageur et les yeux pleins de larmes, elle se resservit un autre verre.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyJeu 21 Mai 2020 - 8:09




The bake sale fiasco
Discussion à cœur ouvert. Même lors des conférences, je ne parle pas de l’après. De la manière dont j’ai surmonté le traumatisme. Si ce n’est que je donne à l’auditoire une note d’espoir. Être tombé sur les bonnes personnes, cela m’a sauvé. Tout le monde ne peut pas en dire autant. Victoire est l’une de ces personnes. J’espère que, par mes propos francs, directs, sans ambages, elle prenne conscience que je ne suis pas un prédateur. Mais plutôt une personne qui est là pour l’aider. L’épauler s’il le faut. Comme d’autres membres de l’association m’ont soutenu lorsque je suis arrivé. Quand j’avais dix-sept ans.

Elle est pâtissière. Nous avons un parcours professionnel similaire. Mais la cuisine ou la pâtisserie n’ont pas eu le même rôle. Si, pour la jeune femme, la pâtisserie avait été une thérapie efficace, elle aurait déjà remonté la pente. Ou serait en bonne voie de voir le bout du tunnel. Ce n’est pas le cas. Elle est toujours hantée par son passé. La pâtisserie n’a pas joué le même rôle que la cuisine pour moi. C’est indéniable. Outre la cuisine. Il y avait cette personne, ce père de substitution, qui partageait ses moments avec moi. Et qui m’aidait à passer des caps. Si étrange que cela puisse paraître, chaque cap traversé, chaque obstacle dépassé est symbolisé par un plat, une préparation. Le premier plat qui a une signification pour moi : la moussaka. Lors de ma première séance de cuisine avec le père de ma famille d’accueil, ce fut le premier plat que nous préparions. J’ai encore la mémoire olfactive de ce plat. Son goût. Ce jour là, nous n’avions échangé aucune parole constructive. Pourtant, la préparation de ce plat reste gravé dans ma mémoire. Un autre étape : un coq au vin ; une autre : des fish and chips. Il y a cinq ou six plats, comme ça qui ont une réelle signification pour moi et qui symbolise, un à un les étapes de ma reconstruction.

Face à la situation qu’elle vit, je lui conseille de se battre, de lutter pour que justice lui soit rendue, considérant qu’il s’agit là, de son combat. À elle. C’est une manière pour elle d’opérer une catharsis intérieure et de tourner la page de ce douloureux passé. Rien n’est jamais simple, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi complexe que le viol. C’est à ce moment là qu’elle me dévoile les subtilités de l’affaire. Elle a mené un combat judiciaire aux États-Unis. Là-bas, les avocats sont de vrais charognards (même si en Australie c’est également le cas parfois) et si elle n’avait pas l’argent pour une défense digne de ce nom. « Tu as vécu aux USA ? » Et, il ne faut pas être devin pour imaginer qu’elle a fuit ce pays pour se reconstruire. « Et tu es arrivée en Australie pour effacer l’ardoise et recommencer une nouvelle vie ? ». Mais cela n’est pas évident. Elle a trop souffert, pour passer d’un revers de main à autre chose. Dans le fonds, son histoire n’est pas terminée, n’a pas connu de point final. Si son tortionnaire n’est pas en prison, elle peut toujours le croiser, que sais-je encore, le voir à la télé, continuer sa vie, comme si de rien n’était tandis qu’il a détruit des dizaines de vie, comme celle de Victoire.

« Je ne connais pas ton tortionnaire, et je pense que si je le connaissais, à l’image de l’autre homme, il se prendrait une bonne droite, mais, si j’ai compris ton calvaire, tu es loin d’être la seule victime. Il a peut-être commis des actes répréhensibles en Australie. Dans ce cas là, malheureusement, des victimes australiennes existent. Elles permettraient de le juger en Australie. » Silence. « Ça ne changerait probablement rien pour toi, s’il a déjà été jugé aux États-Unis, mais s’il est condamné par la justice de notre pays, tu éprouverais la satisfaction du travail accompli ». Et elle pourrait réellement tourner la page.

Elle me propose de boire un verre. J’acquiesce après m’être assuré que Madame Graber s’en sorte. Elle m’entraîne vers un bar, quasi désert, un seul couple boit des limonades, à l’ombre d’un parasol, en terrasse. Elle entre et au bar, elle hèle la barmaid qui arrive sans attendre. J’écarquille les yeux. Elle lui commande une bouteille de whisky et deux verres. La barmaid rapporte le précieux breuvage. Sans même payer, la rousse se sert un premier verre. Elle le boit cul sec sous nos yeux éberlués à la barmaid et moi-même. Puis s’acquitte de la bouteille, avant de tout embarquer avec elle. Sans parler la barmaid m’interroge du regard. Je n’ai d’autres moyens d’expression que le haussement des épaules. Il faut que je la retrouve. Que je veille sur elle. Elle pourrait boire l’entièreté de la bouteille en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Elle m’attend. Et continue les confessions. Dur. Payer des dommages et intérêts alors qu’elle n’était que la victime. C’est une bavure de la justice à mes yeux. Face à ses révélations, je retourne à la charge, tandis qu’elle se sert un nouveau verre de whisky. Ainsi qu’un premier pour moi, par la même occasion : « Raison de plus, pour tenter de trouver une faille dans laquelle s’engouffrer en Australie. Comment as-tu rencontré cet homme ? » Connaître sa manière d’approcher les jeunes femmes, son mode opératoire, permettrait de trouver de potentielles victimes australiennes. Bien évidemment, ça ne serait pas aisé. Mais le combat en vaut la chandelle. Encore faut-il que la jeune femme veuille encore se confronter à lui. Une nouvelle fois. Pour gagner cette fois-ci. J’attrape le verre qu’elle avait préalablement rempli et je bois un petite gorgée de whisky.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyJeu 21 Mai 2020 - 11:49

The bake sale fiasco
"Let me see through the cracks"
Avant de se diriger vers le bar, Byron rebondit sur sa révélation concernant les Etats-Unis. Elle se contenta de hocher la tête à deux reprises. Oui, elle avait vécu aux USA et oui, elle avait atterri en Australie pour fuir ce passé qu’elle voulait éviter à tout prix. Puis, Byron évoqua une possibilité qu’elle n’avait jamais envisagée. L’éventualité qu’une ou plusieurs victimes Australiennes puissent exister. Victoire tiqua légèrement, comment Byron avait-il pu deviner que son prédateur avait pu exercer ses actes abjects à l’internationale ? Elle ne lui avait pourtant toujours pas parlé de sa carrière de mannequin et du travail de son agresseur… Savait-il quelque chose sur elle ? L’avait-il reconnue ? Une bouffée de paranoïa l’envahit mais elle la chassa aussitôt, sa crise d’angoisse naissante était déjà bien assez pour ses frêles épaules. L’explication la plus simple était probablement qu’il était très observateur et avait déduit certaines choses, pourquoi une française aurait-elle vécu aux Etats Unis à 15 ans ? Et puis, malgré le fait qu’elle ne s’efforçait plus de conserver une silhouette squelettique pour les podiums, sa beauté était toujours frappante, son corps toujours celui d’un mannequin, peut-être pas d’un top model mais l’on pouvait déduire qu’elle avait été dans un milieu artistique ou autre.

De toutes façons, tout ce qui importait à Victoire c’était de trouver un breuvage alcoolisé. Elle le coupa presque pour lui proposer d’aller boire un verre, sans répondre à ses suppositions concernant d’éventuelles victimes Australiennes. Enfin, ils étaient dans un bar, elle avait engloutit déjà deux verres de whisky et se servant son troisième, elle remplit également le deuxième verre pour Byron. Il n’avait pas commandé autre chose, elle prit ça pour une acceptation tacite. Alors que j’avale mon troisième verre de whisky, il revient à la charge sur cette hypothèse selon laquelle Justin Riddle aurait pu faire des victimes au pays des kangourous. Il lui demandait comment elle l’avait connu. Victoire resta silencieuse un moment, fixant Byron en réfléchissant.

Allait-elle réellement tout raconter à cet homme ? Allait-elle se livrer autant en seulement une heure ? Elle sentait son cerveau tirer sur les freins de toutes ses forces alors que ses émotions dévalaient la pente dans une gerbe d’étincelles. Oui, il s’était confié à elle, oui il était une victime également et elle avait envie de lui faire confiance. Son cœur lui disait qu’elle pouvait lui faire confiance, qu’elle pouvait lui parler. Mais sa raison tirait la sonnette d’alarme. Victoire baissa le regard pour fixer à présent ses mains enserrées autour du verre vide. Ce n’était pas du tout dans ses habitudes de s’ouvrir comme ça, d’autant moins à un homme qu’elle n’avait côtoyé que quelques fois. Et puis, il y avait cette déduction incroyable comme quoi il pourrait y avoir des victimes ici également. Maintenant que son angoisse commençait à s’adoucir sous l’effet de l’alcool, la paranoïa refaisait surface. Elle n’avait pas encore assez bu pour endormir son cerveau et l’empêchait d’imaginer et d’anticiper les pires scenarios possibles. Elle se resservit un verre en silence et le but aussitôt.

Elle finit par relever les yeux pour les poser sur Byron à nouveau et répondit par une question avec un air suspicieux : « Pourquoi tu penses qu’il pourrait y avoir des victimes en Australie ? Les Etats-Unis sont loin d’ici et il y a déjà un territoire bien assez étendu là-bas pour se taper des gamines… Pourquoi tu en sais autant ? Tu es journaliste, c’est ça ? » Elle regrettait déjà de s’être confiée à lui, s’il avait fait son enquête sur elle, qu’il soit journaliste ou pas, tout ceci n’était peut-être pas un hasard ? Bien sûr, c’était la paranoïa qui parlait. Comment aurait-il pu orchestrer tout cela ? Elle était venue d’elle-même à cette conférence, elle avait décidé elle-même de rejoindre l’association et de mettre en place cette vente de gâteaux. Est-ce que c’était lui qui avait envoyé cet homme pour l’agresser et ainsi la mettre à fleur de peau, la rendre vulnérable ? Victoire commençait réellement à envisager cette possibilité aussi affreuse qu’illogique. Elle s’était enfoncée dans la banquette et jetait un regard mi-indigné, mi-bouleversé à Byron. Il sirote son whisky comme une limonade, boit une petite gorgée.

*Et il n’a pas une descente d’ivrogne… Encore une chose qu’il a mieux fait que moi dans sa vie. Surpasser son traumatisme (s’il en a vraiment eu, peut-être qu’il ment là dessus aussi ?), ne pas tomber dans la boisson… Bravo, Monsieur Parfait !* Victoire nageait dans un parfait délire, alors qu’il niait en bloc, elle s’écria avec agressivité tandis que la barmaid se retournait vers eux interloquée : « Tu mens, tu essaies de me soutirer des informations. Qui es-tu vraiment ? Dis-moi la vérité ! » Ils l’avaient retrouvée, elle en était maintenant convaincue et elle n’allait pas se laisser embobiner par cette histoire de garçon traumatisé…



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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyVen 22 Mai 2020 - 16:05




The bake sale fiasco
Lorsqu’elle m’apprend qu’elle a vécu aux Etats-Unis, me voilà étonné. Une expatriée. Elle a fuit son passé pour se reconstruire ici, en Australie. Elle répond à mes interrogation simplement. En hochant la tête. J’arrive sur un terrain glissant. Elle se renferme sur elle-même. Elle ne pipe plus un mot. Même lorsque j’évoque une possibilité. La possibilité que son bourreau ait pu agresser des jeunes filles, des jeunes femmes au pays des kangourous. Toujours aucune réaction de sa part. Comme si elle n’était plus récepective à mes propos. Je lis sur son visage un crainte. Une panique l’envahir. Elle me regarde avec dureté. Je n’ose plus rien dire. De peur qu’elle se referme comme une huître. Elle est à deux doigts de sombrer. J’ai la sensation que je suis allé trop loin, pout lui venir en aide.

Au bar, elle retrouve la parole. Pour commander à la barmaid une bouteille de whisky. Complète. Elle boit un premier verre. Cul sec. Je sens que cette histoire va mal finir. J’ai l’impression qu’elle va sombrer. Et son goût prononcé pour l’alcool ne présage rien de bon. Elle part avec la bouteille. Nos regards se croisent avec celui de la barmaid. Tous les deux, interrogatifs. Je rejoins la jolie rouquine, qui vide déjà son deuxième verre. Je suis inquiet. Je m’approche. Elle m’a servi mon premier verre. Je la sens complètement perdu dans ses pensées. Je reviens à la charge. Sur cette possibilité de condamner au pénal son tortionnaire.Je bois une gorgée de whisky. Mieux vaut être prudent. Quand je la vois s’enfiler les verres, il est préférable que je reste sobre. Au cas où. Tandis que j’ai donné un nouveau coup de semonce, elle devient soupçonneuse. Parano. Elle m’assaille de questions, pour finir en pensant que je suis journaliste. « J’émets simplement une possibilité ». Je ne sais pas comment aborder les choses. Un simple mot et elle peut prendre la mouche. Je bois une nouvelle gorgée. Cela me donne le temps de réfléchir. Comment formuler les choses, sans qu’elle s’emporte, qu’elle s’imagine des choses qui n’existent pas. Je prends des pincettes : « Tout à l’heure, tu m’as confié qu’il a continué après toi, qu’il continuera… Les prédateurs sexuels sont insatiables… Ils ne peuvent retenir leurs pulsions. Même s’il n’a pas été condamné, il s’est peut-être mis au vert et a parcouru le monde, pour se faire oublier... » Je n’émets qu’une simple hypothèse. Il suffit de regarder les affaires ultra-médiatisées qui secouent le pays de l’oncle Sam. Harvey Weinstein, Jeffrey Epstein… Les deux affaires ont débuté là-bas… Et, comme une déferlante, comme un tsunami, les voix des victimes se sont élevées dans le monde. Même la couronne britannique a été éclaboussée par la dernière affaire. Même le prince Andrew a commis des actes fâcheux. Je continue mes propos « Nous vivons dans un monde mondialisée, où les frontières tombent une à une... » Même si certains au Brésil, aux Etats-Unis ou encore en Hongrie souhaitent les réhabiliter et rétablir un certain protectionnisme pour leur peuple. « Et où plus rien n’arrête les prédateurs. Ils n’en ont que faire des frontières, des lois... ». Silence. « Et non, je ne suis pas journaliste. Je tente simplement de te comprendre. De comprendre ton parcours, ce que tu as vécu, avec les informations que tu accepte de me dévoiler ». Silence. « Et, avec l’expérience que j’ai, les rencontres que j’ai pu faire dans le cadre associatif, le parcours du combattant d’autres personnes comme toi, j’essaie de trouver des solutions… Des possibilités non envisagées jusqu’à maintenant… J’essaie simplement de t’aider ! »

Mais elle ne veut pas l’entendre. Hélas. Elle perd pied. Elle a déjà trop bu. J’aurais dû refuser que nous allions boire un verre. Qu’elle commande cette bouteille de Jack Daniels. Qu’elle en boive comme du petit lait. Je suis fautif de la tournure des événements. Elle n’est pas convaincu par mes propos. Bien au contraire. Elle croit toujours que je suis à la solde de quelqu’un. De son tortionnaire vraisemblablement. Elle perd ses nerfs, croyant que je veux lui soutirer des informations. La barmaid nous regarde. Éberluée. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe. Pourquoi ce haussement de voix ? Pourquoi cet emballement ? Je lui fais un signe discret de la main, pour qu’elle s’approche. J’attrape la bouteille de whisky que je m’empresse de donner à la barmaid… « Prenez ça, je crois que nous avons assez bu... » Surtout la rousse. J’attrape son verre. Le mien. Mais il me glisse des mains et se fracasse au sol, répandant le reste de whisky que je n’avais pas encore bu. La barmaid s’éclipse un instant, avec la bouteille et le verre survivant. Et revient avec une pelle, une balayette et une serpillière humide. Elle s’active à faire disparaître toutes les traces de cet incident. Tandis qu’elle repart, dans un souffle, je glisse un « Désolé ! ». Je reporte mon attention sur la rouquine et daigne lui répondre : « Je ne suis à la solde de personne. Je veux juste t’aider ». Rien de plus. Son attitude. Le simple fait qu’elle descende, à elle toute seule, la quasi totalité d’une bouteille de whisky. Tout cela montre dans quel état psychologique la jeune femme se trouve. Je ne peux rester de marbre face à sa détresse. Je me répète : « Je veux juste t’aider. À aller mieux et à vaincre tes démons ». Simplement.


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Message(#)The bake sale fiasco (Byron Oberkampf) EmptyVen 22 Mai 2020 - 19:08

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Malgré les arguments valables qu’énonçait Byron, Victoire était entrée en phase paranoïaque et elle écoutait à peine son argumentation pour la réfuter immédiatement dans sa tête. Il parlait de mondialisation, de prédateurs qui ne connaissaient ni les frontières, ni les lois, puis il se défendait d’être un journaliste. *Mais bien sûr, et il faudrait le croire sur parole, c’est exactement ce que dirait un journaliste infiltré !* Elle ne se laisserait pas berner par ses grands discours et ses expressions de fausse empathie. Elle voulait savoir la vérité avant de le planter là et de rentrer chez elle, bouteille sous le bras. Elle voulait savoir quel journal l’envoyait ou s’il était simplement un mec lambda qui l’avait reconnue et avait décidé de se rapprocher d’elle meut par une horrible curiosité morbide. Elle ne se laisserait pas terroriser à nouveau, pas dans ce nouveau pays, pas encore.

Elle éleva donc la voix, accusant Byron, si c’était bien son prénom, de mentir et exigeant de connaître la vérité. Au lieu de me répondre, il se tourna vers la barmaid qui s’avança vers eux, un air gêné sur le visage. Avant que Victoire ne l’ait réalisé, la bouteille de whisky et son verre se retrouvaient dans les mains de la jeune femme et le deuxième verre s’éclatait au sol répandant le breuvage salvateur sur le carrelage. Victoire ne put s’empêcher de jeter un regard noir à Byron qui se permettait de décider qu’elle avait assez bu. Alors que la barmaid s’éloignait, elle s’énerva à voix basse cette fois-ci : « Journaliste et police de la sobriété aussi ? Je suis assez grande pour prendre mes propres décisions. » *Oui, des décisions super mâtures comme le fait que tu prévoies de rentrer chez toi en voiture alors que t’es clairement ni en état physique, ni en état psychologique de prendre le volant*

La barmaid revint pour nettoyer le verre brisé et la flaque de whisky, Victoire avait envie de lui ordonner de ramener la bouteille mais elle vit le malaise sur son visage et un peu d’agacement. Elle eut un instant de lucidité où elle se rendit compte qu’elle faisait une scène et que cette barmaid n’avait pas à subir sa colère. La cible de son courroux ne devait être que l’imposteur qui se trouvait en face d’elle. Ce dernier finit par se retourner vers elle après s’être excusé auprès de la barmaid et lui assura qu’il n’était à la solde de personne et qu’il voulait simplement l’aider. Elle ne put s’empêcher de répondre : « Mais pourquoi je te croirais ? Pourquoi tu voudrais m’aider ? Tu ne me connais pas… »

C’était vrai après tout, tellement peu de gens lui avaient tendu la main depuis ces épreuves qu’elle avait vécues. Sa mère avait toujours été là bien sûr, mais Victoire lui cachait son mal-être autant que possible car se santé fragile l’inquiétait. Elle ne lui avait jamais vraiment raconté les faits, sa mère avait simplement entendu ses témoignages durant le procès. Victoire était persuadée que le deuxième infarctus, celui qui l’avait tuée, avait été causé par le stress du retour des journalistes après Me Too. Elle était persuadée que c’était de sa faute si sa mère était morte. Si ses « amies » top-models de l’époque ne lui avaient donné aucun soutien de peur de mettre en jeu leur carrière, si même son père n’avait pas essayé de reprendre contact avec elle après avoir vu son propre nom porté par sa progéniture sur les unes des journaux… Alors pourquoi, lui, Byron, voudrait l’aider ?

Il se répète, il veut juste l’aider à vaincre ses démons, à aller mieux. Victoire le fixe, il garde son calme, il affiche un regard bienveillant et compréhensif. *Il essaye de te manipuler, ma vieille !* Et pourtant, elle aimerait tellement se tromper… Elle voudrait tellement arrêter de se méfier, pouvoir lui faire confiance. Machinalement, elle tâtonna la table pour attraper son verre et le porter à ses lèvres. Mais le verre n’était plus là, l’alcool s’était envolé et maintenant que cette béquille lui avait été enlevée, elle ne savait pas si ça allait l’aider à voir plus clair. Une petite voix continuait à lui murmurer que l’homme mentait, comme tous les hommes, soit pour la mettre dans son lit, soit pour écrire un article… Il lui avait raconté son histoire. Il l’avait racontée dans une conférence devant un public, cette histoire ne pouvait pas être fausse… Et pourtant, des gens avaient élaboré des mensonges plus compliqués que cela… S’il avait vraiment vécu ce qu’il disait avoir vécu, alors il ne pouvait pas lui vouloir du mal, s’il était vraiment un ancien enfant battu, alors elle pouvait croire qu’il voulait vraiment l’aider.

Elle croisa les bras devant elle, ce qu’elle s’apprêtait à demander était d’une violence extrême. Combien de fois lui avait-on demandé la même chose : la police, l’avocat, le juge, les jurés, les journalistes, les gens du milieu de la mode, les gens dans la rue… Autant de fois qu’elle avait été incapable de convaincre ses interlocuteurs avec sa réponse. Sa colère était retombée aussi vite qu’elle était montée, elle avait l’air honteuse en demandant : « Si tu veux vraiment m’aider… Prouve-moi que tu me dis la vérité. Prouve-moi que tu as vraiment subi tout ce que tu dis avoir subi… » S’il n’était pas journaliste ou stalker, s’il était vraiment une victime qui s’engageait auprès des autres, alors ce qu’elle lui demandait était indécent. Mais tant qu’elle n’aurait pas vu ses cicatrices, le doute resterait ancré et elle ne pourrait pas lui faire vraiment confiance. Malgré le fait qu'elle ait besoin de ces preuves, elle se sentait nulle de les exiger et précisa : « Je suis désolée de te demander ça, je veux pouvoir te faire confiance mais on m’a menti tant de fois… »


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