| (#)Mer 5 Aoû 2015 - 5:54 | |
| Je ne sais absolument pas d'où je sors cette idée de bain de minuit. Les images ont simplement traversé ma tête, et cela me semblait amusant. Néanmoins, c'est absurde, cela fait partie des choses que je n'oserais jamais faire, ce n'est pas moi. Ne serais-ce que pour éviter de me faire tuer par Joanne si elle venait à l'apprendre. Et peut-être pour éviter de renforcer l'ambiguïté avec Hannah. Je ris à sa remarque, n'étant même pas étonné que l'idée lui ait plu -et ne doutant pas qu'elle restera dans un coin de son crâne, même si j'essayais de l'en dissuader. Elle suppose que ceci n'est qu'une excuse pour la voir nue. Je lève les mains en l'air, l'air coupable ; « Démasqué. Mais il faudra que ça reste notre secret. » dis-je avec un sourire complice. Je ne vais pas nier qu'Hannah est une très belle femme -elle non plus d'ailleurs, elle en a bien conscience- et c'est une chose qui m'a frappé lorsque je l'ai vue. J'ai pour elle cette admiration physique, cette attirance dénuée de sexualité vis à vis de cette silhouette androgyne, ce visage d'une grand harmonie, sa chevelure brune, son regard noisette d'une intensité qui plaque mon coeur au fond de ma cage thoracique. Elle est belle, m'intrigue, m'inspire cette étrange fascination, mais je ne la désire pas. Je crois que c'est une chose que je ne lui avouerais pas dans l'immédiat ; il ne faudrait pas toucher dans son ego une femme aussi sûre de son charme, sûrement trop habituée à inspirer de l'envie au premier coup d'oeil. Hannah se relève avec mon aide, prenant ses chaussures en main. Sans ses immenses talons, son allure est un peu plus humaine. Néanmoins, c'est étrange de remarquer que son regard ne se retrouve plus au même niveau que le mien. Elle doit se complaire à surplomber toutes les femmes, se dressant face à elles de toute sa hauteur, pouvant les voir littéralement de haut, et se mettre au niveau des hommes concrètement, ne laissant ainsi personne lui faire peur. Finalement, la jeune femme me tire hors du parc où nous nous trouvions. Je la garde à mon bras, silencieux, comme à mon habitude lorsque je suis en balade. Je ne sais jamais quoi dire en marchant, et je suis fort mauvais dans l'exercice de parler pour ne rien dire. Je préfère simplement observer la ville, la nuit, les lumières, les passants, et ne pas user de ma voix pour perturber ce tableau. Je laisse Hannah faire la conversation un instant, déclarer son amour à la vie nocturne à Brisbane, acquiesçant ; je me suis toujours trouvé plus noctambule que diurne, mais mon travail ne me permet pas de veiller et profiter de la nuit comme je le voudrais. Et lorsque je le peux, eh bien… J'avoue préférer récupérer mon sommeil du reste de la semaine. Je lance un regard faussement accusateur à la belle lorsqu'elle me laisse finalement le choix de ce que nous allons faire désormais. L'air de dire qu'elle n'est qu'une tricheuse, à s défausser de la sorte. Puis j'hausse les épaules. « Eh bien… » Je fais le tour des activités possible, jette un coup d'oeil à la montre offerte par Joanne -et qui ne quitte jamais mon poignet- pour avoir une idée du temps qu'il me reste avant de devoir nécessairement rentrer chez moi. Mais, en soi, je ne suis pas pressé. Il n'y a personne qui m'attend à la maison. Seulement le travail, demain matin. « J'ai toute la soirée. » dis-je finalement. Je resserre un peu l'étreinte de mon bras tenant le sien et me penche vers elle avec un sourire. « Je crois que nous allons simplement voir où nos pas nous mènent. » En improvisation. C'est ainsi que j'aime mes balades ; sans aucun plan, à l'instinct, décidant toujours à la dernière seconde de tourner dans une rue ou dans une autre, finir par ne plus savoir où l'on se trouve, et continuer jusqu'à retrouver la maison – car si Rome fait un peu trop loin, je crois que tous les chemins mènent chez soi. Nous restons tout de même dans les quartiers sud, où nous croisons en effet le musicien dont Hannah avait parlé au début de la balade. Celle-ci se termine sur la plage -cette plage que j'adore-, les pieds dans le sable, régulièrement atteints par l'écume des vagues.
- Spoiler:
Je te laisse faire archiver quand tu auras lu
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