turn around. look at what you see. in her face, the mirror of your dreams. - @raphael elly
It’s a date. En quelques sortes. Plus ou moins. Plus moins que plus, d’ailleurs, mais en tous cas, Diana avait bien rendez-vous. Mais ce n’était pas quelque-chose avec un fond amoureux dans l’air et qui se terminerait avec un baiser tant attendu lorsque retentiraient les cloches annonçant minuit. A reconsidérer la chose, ça n’avait donc rien de l’allure d’un vrai rendez-vous amoureux. Mais Diana s’en allait rencontrer quelqu’un ce soir. Plus tôt dans le mois, alors qu’elle était allée assister à une représentation d’un spectacle de danse - seule, puisque Max l’avait lâchée au dernier moment pour faire des heures supplémentaires au travail -, elle s’était retrouvée avec comme voisin de rangée Raphael Elly. Tous deux avaient été élèves dans la même école de danse, des années de cela, alors que les petits garçons tiraient encore sur les cheveux des filles à la cours de récréation. Dire que leur rencontre avait été des plus agréables serait mentir, et pour rattraper le coup, la demoiselle avait proposé à Raphael qu’ils se voient de nouveau. Dans un cadre différent, moins formel et qui serait plus adapté à ce qu’était leur relation dans le passé. En effet, quelques temps auparavant, l’une de leurs anciennes professeurs de danse avait demandé à Diana si elle pouvait se rendre disponible le temps d’une fin d’après-midi, une soirée, voire toute la demi-journée pour être présente lors de portes ouvertes de l’école. A contre coeur, elle s’était contentée à la base de lui adresser un sourire poli, en lui promettant qu’elle ferait son possible pour être présente. Diana adorait danser. Vraiment. Mais sa vie ne tournait pas qu’autour de ça et surtout, elle avait pleinement à faire avec son boulot sur les bras. Mais là était l’occasion de pouvoir revoir Raphael et que ça puisse être réellement agréable. Pas de malaise ni de mauvais reconnaissance - absence de reconnaissance serait plus juste - au programme, elle lui avait promis. Venant enfiler les manches de sa veste en jeans, jetant un regard dans le miroir du couloir de son appartement, Diana soupira quelque peu. Son regard naviguait en réalité à travers la pièce depuis plusieurs instants, la rendant hésitante, un brin nostalgique pourrait être même de mise. Elle se rappelait toutes ces fois où elle s’était habillée, sac sur le dos, pour se rendre au studio. Elle en avait passé, des heures, à répéter et s’acharner et à se relever pour apprendre parfaitement les pas, les enchaînements - quitte à rêver de certaines mélodies la nuit. Ses pieds lui avaient fait mal, ses bras avaient tiré jusqu’aux limites de ses muscles. Mais pourtant, elle revenait de ces cours toujours le coeur d’autant plus chargé de passion. C’était impressionnant à voir, qu’elle avait toujours dit sa mère, un part de fierté dans le regard - peut-être même la seule émotion positive qu’elle lui avait accordé à travers les quinze dernières années. Alors, après un instant de plus d’hésitation, Diana avait glissé dans son sac à main sa paire de chaussures de danse. Juste quelques pas, là, ni vu ni connu dans une salle où il n’y aurait personne. Ca ne mangeait pas de pain et ça lui rappellerait les vieux jours. Sans Max, mais avec la passion toujours présente. Les danses de couple avait toujours été vers quoi son coeur balançait le plus, mais quelques pas en solo ne pourrait que lui apporter du baume au coeur. Deux minutes plus tard, sur son vélo, ses cheveux volaient au vent et pour la première fois depuis que Miss Steadworthy lui avait parlé de cette histoire de portes ouvertes, elle y pensait avec le sourire accroché aux coins des lèvres. Ca ne pourrait pas être un mauvais moment. Elle serait là où son coeur avait battu plus vite, plus fort, des dizaines et des centaines de fois. Là où l’amour et la passion étaient parfaitement réunis. Et qui plus, elle ne serait pas seule. Attachant son vélo au premier poteau qui se tenait en bas du bâtiment, elle vint utiliser sa main comme visière pour se protéger les yeux du soleil. Ce dernier ne tarderait pas à rejoindre l’horizon et à gagner sa course, et en attendant, elle avait une bonne figure à tenir. Tirant son téléphone de sa poche, elle vint taper un message rapidement - Je suis arrivée au studio, je monte ! Si t’es pas encore là, rejoins moi en haut. -, avant de monter les marches quatre à quatre jusqu’à que cette odeur si particulière, si familière, vint lui chatouiller les narines. Elle râlait quand à l’idée de venir ici aujourd’hui, Diana, mais elle avait toujours autant l’impression d’arriver à la maison.
Les lieux semblent plus petits ; ou alors c’est Raphael qui a grandi en laissant tout derrière lui. Le plafond ne semble plus inatteignable comme le pensaient ses yeux de gamin ébahi. Il ne peut pas tendre le bras et le frôler de ses doigts, pourtant, il a l’impression que la magie n’a toujours pas quitté la salle. Une odeur familière flotte dans l’air et il s’y accroche pour laisser la nostalgie le bercer. Il ne s’en rend pas compte : un sourire étire ses lèvres et il a oublié la raison de sa venue. Ce sol, il l’a déjà piétiné, son nez l’a déjà rencontré mais il a aussi volé au-dessus de lui comme un oiseau profitant de sa liberté fragile.
Il pivote la tête et une image le happe. Il détaille son reflet dans le miroir et, juste à côté de lui, il revoit la jeune fille hautement perchée sur ses pieds tendus. Elle maintient son équilibre sur la pointe de ses orteils et elle ne semble pas avoir besoin de réfléchir. Diana. Elle le regarde, du moins, comme un souvenir peut regarder celui qui le revit, mais elle ne peut que lui offrir ce silence qu’elle lui a toujours réservé. Il s’approche de sa silhouette, la contourne pour ne pas déranger le rêve, mais elle disparaît avant qu’il ne puisse revoir la couleur de ses yeux. Il se retrouve à nouveau seul et le miroir le lui rappelle. La lumière du soleil filtrée par les rideaux ne veut plus l’éclairer puis son cœur s’arrête sans qu’il n’en meure.
Je suis arrivée au studio, je monte ! Si t’es pas encore là, rejoins moi en haut. C’est le message qu’il lit après avoir rapidement empoigné son téléphone dans sa poche. Il n’entend plus la musique imaginaire et il se rappelle la raison pour laquelle il se trouve dans cette salle de danse qui l’a accueilli pendant toute son enfance. Sans répondre au message de Diana, il s’empresse de trouver le chemin vers les vestiaires qu’il fréquentait sans jamais les animer de ses rires. Devant le miroir si bas destiné aux courtes jambes, il s’abaisse et grimace en découvrant son visage couvert de sueur. La nervosité ne l’a pas quitté depuis la matinée parce que Diana ne l’avait pas oublié. Que signifiait une telle attention provenant d’une femme qui ne se souvenait pas son prénom une semaine auparavant ? Il est perdu, Raphael, et il a besoin de couvrir ses joues d’eau glaciale pour éteindre la braise qui s’est enracinée sous sa peau pour mieux le faire trembler.
Non. Non non non. Ce n’est pas le moment de se replier et de disparaître. Tu as eu l’occasion de le faire tous les jours de ton ennuyante vie. Aujourd’hui, c’est ta chance de briller et de rappeler au continent qu’il héberge une âme qui n’a demandé qu’à se faire entendre. Replace cette coiffe désordonnée, resserre ton nœud papillon et retrousse tes manches (il paraît que les femmes aiment bien les avant-bras). « HEEEEeeeey ! » Salutations en décrescendo. Diana se tourne en entendant sa voix à travers le faible brouhaha qui s’élève dans la salle de réception. Aussitôt que Raphael croise son regard, ses mains se joignent devant lui et il s’arrête à quelques centimètres d’elle. Il ne fallait donc pas porter des habits aussi chics. « Oh. » Il observe les autres personnes présentes et ne dénote que des vestes et des t-shirts. « J’en ai encore trop fait. » qu’il marmonne pour lui-même, seul témoin de sa mauvaise habitude de ne jamais se présenter aux événements avec un accoutrement de circonstance. Ce n’est pas grave, la prochaine fois, il portera lui aussi sa veste en jean et il passera inaperçu (on a qu’à croiser les doigts pour que Diana ne l’invite pas à la piscine). « Tu es… Ravissante ! » Il s’exclame enfin en ouvrant les bras avant de s’avancer pour poser un baiser sur sa joue. Oulaaaaa. Elle sent la noisette. Ça donne envie de se lancer dans la pâtisserie et d’écrire un bouquin culinaire dans lequel toutes les recettes portent le même nom : je vous laisse deviner duquel il s’agit, il rime avec « avocat ». « J’ai apporté une bouteille de vin, je ne sais pas s’il fallait mais j’avoue que je n’ai toujours pas compris la nature de ce regroupement. » Ils n’ont pas beaucoup discuté entre temps et il n’a pas osé demander plus d’informations. Il se trouve là, au milieu de gens qu’il ne connaît pas, et il a encore et toujours envie de disparaître. On ne change pas les vieilles habitudes.
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Les personnes présentes étaient déjà nombreuses lorsque la jeune femme vint pénétrer dans le bâtiment. Elle n’était pas en retard, mais apparement il y avait bien plus ponctuel que sa propre personne. Ou alors, les futurs enfants présents aujourd’hui était si pressés de rejoindre les rangs de la danse que les parents n’avaient pas eu d’autre choix que de tirer sur le temps, de s’avancer quelque-peu, d’arriver en avance. Les conversations allaient bon train, quelques visages lui semblaient familier. Il y avait là des personnes qu’elle n’avait surement pas croisé depuis des années, et elle était réellement étonnée de voir qu’autant de monde avait répondu à l’appeler de la vieille Miss Steadworthy. Elle n’avait jamais été la plus douce des enseignantes, mais elle devait avoir marqué assez les esprits pour que certains, comme Diana, daignent revenir aujourd’hui. « HEEEEeeeey ! » Elle n’eut pas le loisir de se perdre dans la foule bien longtemps, que déjà la voix de Raphael se faisait entendre derrière elle. Il faisait donc partie des personnes arrivées bien avant elle. Au moins, ça lui éviterait de chercher une autre personne à qui tailler une bavette en attendant son arrivée. Pas qu’elle n’aimait pas discuter, mais Diana était toujours en réflexion avec elle-même quant à savoir si elle était contente de se trouver ici aujourd’hui. Finalement, elle vint se tourner sur elle-même, faire un demi-tour pour tomber nez-à-nez avec son date du jour. Immédiatement, un fin sourire vint se glisser sur ses lèvres, alors qu’un air décontenancé vint s’afficher sur le visage du jeune homme. Elle n’eut d’ailleurs pas le temps de venir le saluer à son tour qu’il prenait de nouveau déjà la parole. « Oh. » « Qu’est-ce qui se passe ? » Ses sourcils étaient déjà quelque peu froncés, son sourire perdant de son éclat. L’air qu’il affichait semblait assez sérieux. « J’en ai encore trop fait. » Le regard de la demoiselle vint suivre celui de Elly, passant des parents d’élèves mal à l’aise et ne sachant trop où ils mettaient les pieds, à ceux qui semblaient déjà prêts à s’exercer aux pointes et à chorégraphies le spectacle de fin d’année. Ensuite, ses iris vinrent se poser sur le noeud papillon qui ornait le col de son ancien camarade de cours. Et elle comprit qu’il pensait détonner. Il le faisait surement, ceci dit, paraissant même trop jeune pour porter un tel accoutrement à une rencontre de la sorte. Mais ce n’était pas pour autant qu’il se devait d’être mal à l’aise. Diana tenta de lui faire comprendre d’abord par les gestes, laissant son sourire reprendre sa place habituelle - avant de venir joindre les paroles aux actions. « Mais non ! T’es chic comme ça, ça prouve que tu veux faire bien en plus. J’aime beaucoup le noeud. » Et elle était sincère, le compliment n’était pas forcé. Ca lui donnait un air adulte, un air responsable, à Raphael. Ca lui allait bien. Finalement, l’attention du jeune homme revint vers leur conversation et vers la présence de Diana à ses côtés. « Tu es… Ravissante ! » A ces mots, le sourire de Diana fut tellement grand qu’il vint manger une bonne partie de son visage, et que ses yeux ne formaient plus que deux lignes fines où il était devenu impossible d’en déceler la couleur. Raphael vint déposer une bise sur sa joue. Le geste fut aussi normal qu’étrange, autant bienvenue que mal placé. La semaine passée, elle était incapable de replacer ne serait-ce que le regard qu’il abordait dans une situation, et désormais il semblait lui avoir tout pardonné - c’était l’image qui s’imposait lorsque Diana y prêtait attention. Elle ne fit cependant aucun commentaire, le moment n’était pas à remuer le couteau dans aucune plaie. « Merci, c’est gentil. » Elle vint replacer une mèche rebelle derrière son oreille. « J’ai apporté une bouteille de vin, je ne sais pas s’il fallait mais j’avoue que je n’ai toujours pas compris la nature de ce regroupement. » Ses yeux naviguèrent en direction de la dite-bouteille, et elle ne retint pas le petit rire qui s’en vint. Elle vint jeter un regard aux alentours, s’assurant que toutes les personnes présentes n’en avaient que faire d’un duo de jeunes gens se retrouvant après des années de totale ignorance l’un envers l’autre - plus l’un envers l’autre que l’inverse, d’ailleurs. « Raphael ! » Ses yeux se plongèrent un instant dans ceux de son camarade, amusés qu’il ait osé. Il était vrai que ce geste quelque peu déplacé était peut-être de sa faute à elle. La demoiselle était restée vague sur les raisons de ce rassemblement et sur les modalités qui s’y accompagnaient. « Faut que tu ranges ça, il y a des enfants qui sont là aujourd’hui. Je ne suis pas sûre que ça plaise aux professeurs de te voir déambuler dans les salles de cours avec ça à la main. » Ses paroles n’étaient en aucun cas des remontrances, l’air abordé était taquin et le ton employé rieur. Jetant un dernier coup en arrière pour être sûre que Miss Steadworthy ne les avait pas encore repéré, Diana vint attraper la main libre de Raphael. « Viens. » Elle était à mille lieux au minimum de se dire qu’un contact physique de la sorte serait potentiellement un problème pour le jeune homme. Ca n’avait jamais été un soucis pour elle, habituée à partager quelques parcelles de sa peau dénudée avec ses camarades de danse. Rapidement, elle vint l’attirer dans un couloir, à travers une volée d’escaliers, afin de rejoindre une série de vestiaires. Ces derniers étaient ceux des adultes, ceux que Diana utilisait désormais depuis des années, ceux qui l’avaient accueilli une fois qu’elle avait quitté la compétition et les paillettes. « On va la mettre dans mon casier, pour être sûrs qu’un gamin ne tombe pas dessus par hasard. »
C’est évidemment un sourire niais et débordant de timidité qui étire les lèvres de Raphael lorsque la jeune femme complimente son accoutrement ainsi que son nœud papillon qu’il avait pensé superflu en réalisant qu’il était le seul qui avait repassé ses fringues avant de les enfiler. Il n’avait d’ailleurs pas encore remarqué la présence d’enfants – normal, ils sont tous cachés entre les parents trois fois plus grands qu’eux – et ne se gênait pas pour brandir sa bouteille d’alcool comme le ferait le populaire du collège qui ramène le fun au party. « Merci beaucoup, j’ai dû regarder un tuto sur YouTube pour l’enfiler correctement. » Il répond, toujours doté de sa gêne spectaculaire, en resserrant le nœud de l’artifice en question – il en profite d’ailleurs pour ramener ses cheveux bouclés en arrière alors que son regard se perd un peu trop longtemps sur les épaules de la jeune femme qu’il complimente en retour. Naturellement, il suit des yeux le mouvement de la main de Diana quand elle s’attelle à replacer elle aussi une mèche rebelle et il se racle la gorge avant de présenter sa bouteille de vin rouge, fier comme un lion mais incertain d’avoir opté pour la bonne stratégie. Il faut dire que la belle ne lui a pas donné de détails concernant cette rencontre et qu’il a dû miser sur sa chance. Il aurait dû avoir le courage de lui écrire quelques mots pour s’informer davantage mais, à chaque fois qu’il regardait son numéro dans le petit écran de son portable démodé, ses doigts se figeaient automatiquement. Et s’il la dérangeait ? Et si elle oubliait encore une fois quel nom se cachait derrière ce nouveau contact ? Il s’était déjà senti bien assez humilié. Ce soir, c’est une seconde chance de faire bonne impression. Peut-être qu’elle acceptera enfin d’aller dévorer des hot-dogs en sa compagnie : il comptait d’ailleurs sur l’alcool pour devenir plus… marrant. « Raphael ! » Même si elle dit son prénom sur un ton faussement sévère, il ne peut s’empêcher de remarquer que c’est étrangement agréable de l’entendre prononcé par la voix de celle qui a trop longtemps inspiré sa machine à rêves. Encore… Dis-le encore. « Faut que tu ranges ça, il y a des enfants qui sont là aujourd’hui. Je ne suis pas sûre que ça plaise aux professeurs de te voir déambuler dans les salles de cours avec ça à la main. » Les yeux du prévenu s’écarquillent automatiquement et, dans un réflexe aussi rapide que maladroit, il dissimule sa bouteille derrière son dos en redressant celui-lui. Deuxième échec de la soirée : peut-être qu’au troisième la chance lui sourira. « Des gosses ? Je ne savais pas ! Je pensais que c’était un truc d’adultes ! » Il lance, pour se défendre, les traits paniqués et les joues à nouveau rougies. Décidément, son sang a trouvé refuge dans sa tête, ce soir, et il ne redescendra pas de sitôt. Et, là, wow, elle attrape sa main. Même s’il est fautif, même s’il est l’inutile villageois du village qui crèvera en premier par la gueule des loups : elle. Lui. Prend. La main. C’est naturellement qu’il sert ses doigts quand elle l’invite à le suivre, bien qu’il craigne déjà qu’elle sente la moiteur de sa paume. « Viens. »À vos ordres. Je ferai tout ce que vous voulez. Comme deux gamins détournant les règlements de l’établissement scolaire, ils disparaissent dans le premier corridor et la sérénité des lieux happe Raphael de plein fouet. Il ne s’est jamais trouvé entre ces casiers dans le plus silencieux des silences : ces lieux étaient habituellement animés par les fous rires des enfants et le brouhaha de l’abondance. Comme un fidèle chien, Raphael suit Diana sans poser de questions, jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant un casier qui lui semble familier. « On va la mettre dans mon casier, pour être sûrs qu’un gamin ne tombe pas dessus par hasard. » Il observe la cachette en question en hochant la tête, ne réalisant pas tout de suite que sa main est encore dans celle de la jeune femme. C’est au moment où il soulève la bouteille qu’il se rend compte de leur contact continu. Dans un mouvement plutôt robotique, il se délie de sa prise en faisant mine d’avoir besoin de ses deux mains pour ranger leur petit secret dans la case bien organisée et, une fois la tâche complétée, il referme la petite porte métallique et un gloussement s’échappe de ses lèvres. Ses pupilles rivés vers le dos de sa main encore posé sur le casier clos, il tente : « On pourra en faire bon usage plus tard, quand il n’y aura plus d’enfants. Enfin, si tu veux. » Il s’humecte les lèvres, la gorge séchée – mettons la faute sur la course folle dans les corridors – et lance d’un ton innocent : « Je promets, c’est le seul truc illégal que j’ai apporté. »
Quelques minutes plus tard, les deux hors la loi retrouvent la salle principale, là où enseignants et parents discutent et là où enfants agités et enfants fatigués se glissent entre les silhouettes géantes pour s’amuser. Certains semblent avoir lancé une partie du jeu du chat et de la souris. Il était bel et bien aveugle, Raphael, s’il n’a pas remarqué ces petites têtes hyperactives. « Oh, Diana ! Viens, viens. » S’exclame une dame plus âgée en invitant la brune à la rejoindre. « Et amène ton ami, aussi ! » Elle ajoute après avoir observé Raphael, le piquet de nervosité qui s’était immobilisé. « Tu me présentes ce charmant jeune homme ? » Elle demande une fois que les deux danseurs se sont rapprochés.
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Le rire était naturel en cet instant, pour Diana. Que ce fut en posant ses iris sur la bouteille que Raphael sortit de nulle part, ou lorsque les yeux de ce dernier vinrent faire la taille de soucoupes-volantes, la surprise de mise. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui rappelle la présence des enfants, en cet instant, et il vint cacher rapidement derrière son dos la dite-bouteille. « Des gosses ? Je ne savais pas ! Je pensais que c’était un truc d’adultes ! » Elle se mit à rire de plus belle, Diana, car elle ne croyait pas un seul instant qu’il ait pu les louper. Ils courraient partout, s’infiltraient dans toutes les salles et le doux son de leurs voix cristallines se diffusaient là où l’air se faufilait. Il ne pouvait les avoir loupé, il ne pouvait avoir occulté complètement cette information - si seulement elle se rendait compte d’à quel point ses yeux à lui n’avaient regardé qu’elle depuis qu’elle avait mis un pied dans l’établissement. Alors, elle vint lui attraper la main, l’emmener dans sa course folle afin d’échapper aux regards des autres, des enfants et surtout des adultes présents. Pas eux, les autres adultes, les responsables. Ils ne faisaient pas partie de ce groupe là encore eux, considérés plus comme des élèves que comme de vrais adultes, malgré leur âge. Leurs pas les menèrent dans un dédale d’escaliers et de couloirs avant d’arriver devant le casier de la jeune femme. Le seul endroit où elle était sure que personne ne viendrait fouiller. Il était fermé par un cadenas, et elle était la seule détenante du code. Au moins, les yeux curieux d’un enfant ne pourraient pas venir s’y poser de si tôt, et ils ne seraient pas responsables de quelque-chose qui ne dépendrait pas réellement d’eux finalement - les parent n’avaient qu’à faire attention aux allers et venues de leurs progénitures. Raphael vint glisser la bouteille à l’intérieur, avant de refermer avec soin le pan en acier, le bruit mélodieux allant de paire avec. La demoiselle vint refermer le cadenas à sa suite, sourire satisfait sur les lèvres. « On pourra en faire bon usage plus tard, quand il n’y aura plus d’enfants. Enfin, si tu veux. » Diana vint tourner son visage vers le jeune homme, sourcil quelque peu haussé, interrogation dans son regard. « Je promets, c’est le seul truc illégal que j’ai apporté. » Un petit rire malicieux fit son chemin jusque ses lèvres, avant de lever quelque peu les yeux au ciel. Il était plus à l’aise que la dernière fois, Raphael, et elle également. Elle avait fait s’envoler la gène due à son manque de mémoire et de tact, surtout, de la dernière fois, pour se concentrer uniquement sur la partie bon enfant que cette soirée pourrait apporter. Elle disait vrai la dernière fois, lorsqu’elle avait annoncé vouloir se rattraper. « Je prends note que tu es un petit criminel alors. » Elle prit note qu’il était un petit criminel mais ne revint pas sur sa proposition quand à consommer la boisson à l’abri des regards plus tard en soirée - pour elle, il était logique que ça irait de paire s’ils survivaient à la suite de la présentation de l’école, s’ils arrivaient à garder la conversation fluide et sans accrocs jusque là également. Elle attendait de voir le déroulement de la soirée, Diana, pour ne pas s’embarquer dans quelque-chose qui ne lui plairait guère par la suite. « Remontons avant qu’on remarque notre absence. Ca pourrait être vu comme louche sinon. » Elle vint froisser le bout de son nez, malice jusqu’au bout des cheveux, avant de repartir en direction des escaliers. Un petit rire lorsque son regard vint se poser, d’un coup d’oeil en arrière, sur Raphael qui semblait être toujours perplexe de la situation dans laquelle il s’était trouvé. « Tu sais que je rigolais en disant que tu étais un criminel ? » Parce-qu’il était évident qu’il n’y avait aucun autre souci dans ses paroles, dans ses phrases et ce qu'elle lui donnait comme éléments. Il ne pouvait que tiquer sur cette partie là, alors elle y ajouta un petit rire et se retourna, montant les escaliers quatre à quatre. Le bruit des discussions revenant jusque leurs oreilles, ils se mêlèrent de nouveau à la foule, se faufilant entre les enfants qui courraient dans tous les sens, lorsqu’une voix vint les interpeler. « Oh, Diana ! Viens, viens. Et amène ton ami, aussi ! » Elle vint tendre le cou, arquer un sourcil, chercher du regard vers l’endroit d’où la voix de Miss Steadworthy se hissait. Elle finit par repérer son visage dans la foule, et vint aborder un sourire de circonstances. Et, avant qu’ils n'avancent à sa hauteur, Diana vint glisser quelques mots à Raphael. « Elle nous a vu, elle va plus nous lâcher, je m’excuse d’avance. » Et la seconde suivante, ils étaient aux côtés de la directrice de l’établissement, grand sourire aux lèvres pour Diana. « Miss Steadworthy, bonsoir à vous. » Elle se tourna ensuite quelque peu vers les parents qui se tenaient aux côtés de la dame. « Bonsoir à vous également. » S’il y avait bien quelque-chose que les parents Rhodes avaient inculqué à leurs enfants dès leur plus jeune âge, et qui était resté chez tous les membres de la fratrie, c’était la politesse à toutes épreuves. La demoiselle ne dérogerait pas à la règle ce soir. « Tu me présentes ce charmant jeune homme ? » Ses yeux naviguèrent un instant ou deux entre la vieille femme et Raphael, avant de tirer davantage son sourire. « Bien sûr, bien sûr. » Diana vint s’éclaircir la gorge, un brin mal à l’aise dans cette situation. Si la légèreté avait été de mise pendant la poignée de minutes précédant cette instant, une nervosité certaine prenait part en son sein. « Raphael Elly, il faisait partie de mes cours de danse lorsque j’étais petite. » Elle savait que Miss Steadworthy se faisait vieille, mais elle pensait que sa mémoire n’en était pas encore à lui jouer des tours à ce point là. Après, il était facile de dire ça de son côté, tout en sachant qu’elle n’avait pas eu meilleur comportement une semaine plus tôt. « Il y a quelques années de ça, maintenant. Que de souvenirs ! » Elle tenta un petit rire, mais même elle pouvait entendre qu’il était faux. Elle offrit cependant son sourire au couple de parents assistant à cette discussion, alors que son ancienne professeur de danse venait froncer quelque peu les sourcils. « Ah oui ? Peut-être bien ! En tous cas, c’est parfait ! » Le sourire qu’elle portait désormais n’était en rien rassurant. Diana haussa un sourcil, s’osa à lancer un regard rapide à Raphael, avant de reprendre la parole. « Parfait, Miss Steadworthy ? » Oh, la suite n’allait guère lui plaire, elle le sentait d’avance. Elle n’ajouta mot, cependant, préférant laisser le temps nécessaire à la dame pour lui exposer son plan. « J’avais espéré réussir à convaincre Max de passer également, mais il m’a dit ne pas pouvoir se libérer à cause de son travail. Mais si… » Elle fronça les sourcils. « Raphael ? A dansé ici aussi, il n’y a aucun inconvénient à ce que vous nous fassiez une petite démonstration tous les deux, plutôt que Max et toi. » Et, venant apposer sa main dans le dos de Diana, Miss Steadworthy incita les deux jeunes gens à venir se diriger vers le centre de la pièce. Les pieds de la demoiselle se laissaient faire, mais son cerveau allait désormais à mille à l’heure. Les mots qui ne sauraient franchir la barrière de ses lèvres se précipitaient, s’entrechoquaient, se mélangeaient. Pardon ? aurait été sa première réaction à cette nouvelle, cependant.
« Je prends note que tu es un petit criminel alors. » Et ? Ensuite ? Y’a une suite ou pas ? Allez, stp. Ignore-pas ma première proposition. Ça m’a épuisé de simplement trouver le courage de te proposer de boire avec moi. Ma batterie est faible, y’a une petite lumière qui clignote dans ma tête et qui m’aveugle. NE M’IGNORE PAS ! « Remontons avant qu’on remarque notre absence. Ca pourrait être vu comme louche sinon. » NOooooooOOONnnnnnnnn ! Ah ? Attends, quoi ? Notre absence pourrait être louche ? Diana, il va falloir que tu sois plus précise parce que je ne sais pas où me positionner sur la clôture. J’ai l’impression que je vais tomber d’un côté de celle-ci et soit atterrir dans les fleurs, soit dans un lit de rochers pointus. Y’A UNE GROSSE DIFFÉRENCE DE CONFORT ENTRE LES DEUX. Je vais avoir une crise d’asthme, si ça continue, et je n’en ai jamais eu avant. Sois plus précise, arrête de jouer avec les mots, tu ne réalises pas que le simple fait d’être seul avec toi dans ce corridor me tort les tripes.
« Tu sais que je rigolais en disant que tu étais un criminel ? » Il sort enfin de ses pensées et redresse la tête, une expression indescriptible plaquée sur son visage. Il semble perdu mais aussi perplexe, et frustré, et déçu, mais il affiche un large sourire pour chasser ce qui le troublait. « Oui, tu rigolais. Je n’en ai pas douté une seconde ! » Il répond, réactivant enfin son protocole de la presque normalité et il rejoint la jeune femme qui s’était aventurée plus loin en direction des escaliers qui les mèneraient à nouveau vers les festivités. Si ça ne dépendait que de Raphael, il aurait évidemment décidé de faire son nid dans ces corridors calmes et de rester ici toute la soirée, pour seule compagnie la jeune femme qui a nourri ses rêves pendant trop longtemps. « J’arrive ! » Il lance, sur un ton qui se veut enthousiaste, mais libre à Diana d’interpréter le tremblement dans sa voix comme elle le désire. Il emboîte le pas de la belle, remarquant que ses jambes gobent les marches des escaliers quatre par quatre : c’est bon, il a compris. Elle préfère ne pas éterniser le moment avec lui. Si ça ne dépendait que d’elle, jamais Raphael n’aurait pensé amener une bouteille d’alcool et ils ne se seraient pas retrouvés seuls dans l’école. Eh merde.
La salle est aussi bondée que dans ses souvenirs et, cette fois, il voit les gamins surexcités plus que jamais. Son instinct de professeur lui donne envie de réclamer le silence mais il n’est pas particulièrement en situation d’autorité, ici. Et puis, il n’est pas là pour faire une démonstration de danse à des gamins, pas vrai ? « Elle nous a vu, elle va plus nous lâcher, je m’excuse d’avance. » Surpris, Raphael croise le regard de Diana, puis celui de cette inconnue qui leur fait signe de les rejoindre. Il était bien en dehors de la foule, c’est malheureux. « C’est ma faute, je suis trop grand, impossible de me manquer dans un groupe de gamins et d’adultes au dos courbé. » Il est vrai qu’il ressemble à une girafe au milieu de zèbres, ici. « Miss Steadworthy, bonsoir à vous. » Oh, c’est donc elle la dame qui organisait l’événement. Il se souvient de ce nom, Diana l’a prononcé la première soirée. C’est donc tout naturellement qu’il salue la dame d’un signe de la tête, les lèvres étirées en un sourire presque professionnel. C’est sans surprise qu’elle demande à rencontrer cette girafe qu’elle n’a jamais vu dans les parages et, heureusement, Diana se propose pour lancer les présentations. « Bonjour madame. Heureux de faire votre connaissance. » Il répond en hochant la tête avant de se pincer les lèvres. « Il y a quelques années de ça, maintenant. Que de souvenirs ! » Il ne peut s’empêcher de tiquer à cette phrase qu’il sait mensongère. Si quelqu’un a gardé des souvenirs de cette époque, c’est bien lui. Légèrement hébété, il lorgne la jeune femme pour lire ses expressions faciales : elle sait elle aussi qu’elle vient de mentir. Elle est un livre ouvert. « Des beaux souvenirs, pas vrai ? » Il marmonne pour lui-même ne sachant pas si elle l’entendra à travers le brouhaha. « Ah oui ? Peut-être bien ! En tous cas, c’est parfait ! » L’inquiétude prend le dessus sur les deux jeunes qui ne semblent pas comprendre en quoi cette information serait parfaite pour miss Steadworthy. Heureusement, Diana pose la question avant lui – il n’aurait de toute façon pas eu le courage de la poser à voix haute. « J’avais espéré réussir à convaincre Max de passer également, mais il m’a dit ne pas pouvoir se libérer à cause de son travail. Mais si… Raphael ? (Il hoche la tête) A dansé ici aussi, il n’y a aucun inconvénient à ce que vous nous fassiez une petite démonstration tous les deux, plutôt que Max et toi. » Oh… Attends… Quoi ? Nooooon. Raphael ne pourra jamais remplacer Max. S’il se souvient parfaitement de cette alchimie entre lui et Diana, il ne pourrait pas la reproduire sans pratique. Et puis, il est un danseur solo : marcher sur les pieds de sa partenaire ne l’a jamais inquiéter. « Mais… » Il arrive à prononcer alors qu’il se fait conduire vers le centre de la pièce, là où, justement, il ne voulait pas aller. « Tout le monde, s’il-vous-plaît ! » S’exclame la dame en claquant des mains pour attirer l’attention de tous et réclamer le silence. Quand elle l’obtient, elle se lance à nouveau en désignant fièrement le nouveau couple déjà bien logé dans un cercle dégagé de foule : « Diana et Raphael, ici présents, se sont proposés pour nous offrir une petite démonstration de danse ! » Et la musique d’ambiance s’arrête pour repartir plus forte. Une chanson de Lewis Capaldi, il semblerait, Raphael reconnaît rapidement le rythme lent de cette dernière. Les yeux pétrifiés, il se tourne vers Diana et l’interroge du regard, la sueur déjà condensée sur son front nu. « Je sais pas faire… » Il murmure pour que seule elle puisse l’entendre. « Je suis un danseur solo. » Voilà une information qui aurait été intéressante à donner dès la première minute. Mais, poussé par la musique qui semble les attendre, il soulève sa main afin d’y accueillir celle de Diana.
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La situation pouvait être décrite avec beaucoup d’adjectifs, aussi disparates les uns que les autres, détonnant avec ce qui se passait autour d’eux. Mais dans aucun de ces cas, elle ne pouvait être qualifiée de parfaite - et Diana avait beau remuer ciel et terre dans ses pensées pour trouver l’élément qui avait donné l’idée à Miss Steadworthy de décrire la situation comme parfaite, elle faisait beaucoup d’efforts, mais elle n’y arrivait pas. A la place, ses pas se laissaient porter alors qu’à l’intérieur, elle était à deux doigts de paniquer. Bien sûr qu’elle possédait les capacités d’adaptation nécessaires pour passer outre cette situation quelque peu gênante et inopinée. Elle avait été habituée, dès le plus jeune âge, à participer à ces exercices où les partenaires de danser variaient afin de savoir danser même dans l’inattendu, dans le flou et l’artistique. Au fond d’elle, elle savait comment faire pour canaliser l’appréhension qui grandissait en elle et pour la transformer en énergie positive et moteur - mais elle peinait à retrouver les traces de ces gestes là, de ceux qui étaient attendus à être effectués aujourd’hui pour ne faire que frôler la catastrophe et non pour y plonger. « Tout le monde, s’il-vous-plaît ! » Diana profita des quelques secondes qu’elle avait devant elle où l’attention de la foule commençait à se concentrer, arrêtant d’être dissipée, pour s’éclipser. Un instant, un moment, juste le temps pour elle de changer de chaussures et d’enfiler sa paire pour danser. Elle pouvait affronter n’importe quelle situation, presque, seulement si elle était équipée. Ce serait un élément de moins sur lequel se concentrer, également. Elle n’avait, d’ailleurs, pas par hasard sa paire de chaussures de danse dans son sac. Si la jeune femme ne s’attendait pas à ce que l’organisatrice de l’événement les jette sous le feu des projecteurs de la sorte, elle s’attendait cependant à avoir quelques moments de répit en fin de journée pour emprunter une salle de danse et se déhancher jusque l’épuisement. C’était sa technique, sa botte secrète, pour passer une bonne nuit à la suite. Ni Raphael, ni miss Steadworthy eurent le temps de remarquer sa brève absence qu’elle était déjà de nouveau aux côtés du jeune homme, scrutant la foule, attendant les prochaines paroles de sa professeure. La situation n’étirât guère idéale, mais ils étaient désormais sous le regard de tous et n’avaient plus réellement le choix que de participer à l’exercice. Et malgré tout, au fond, Diana savait que c’était le meilleur des moyens afin de montrer aux parents la qualité des cours dispensés ici. Cependant, elle en voulait une fois de plus à Max de ne pas avoir pu se libérer. Avec lui à ses côtés, à virevolter dans ses bras, les étoiles seraient restées dans les yeux toute la soirée et les inscriptions auraient été tant nombreuses qu’il aurait fallu ouvrir des cours supplémentaires. Elle n’était pas avare de compliments quand il s’agissait de parler du couple que Max et elle formait - elle savait ce qu’ils valaient, même après tout ce temps. Cependant, ce n’était pas la même chose qui les attendaient ce soir, Max n’étant pas à ses côtés pour venir lui faire perdre la tête. « Diana et Raphael, ici présents, se sont proposés pour nous offrir une petite démonstration de danse ! » Elle vint tirer un sourire faux, Diana, un sourire de façade mais qui ferait amplement l’affaire. Elle n’avait qu’à paraitre pendant quelques minutes, elle n’avait qu’à enchainer les pas et tout irait bien - ou du moins, pour le mieux. Ensuite, la professeure les oublierait et ils pourraient réellement aller boire cette bouteille en plaisantant sur la situation de laquelle ils venaient de s’extirper. « Je sais pas faire… Je suis un danseur solo. » Les mots murmurés, prononcés du bout des lèvres, de la part de Raphael furent cueillis par Diana, et cette dernière releva un regard quelque peu paniqué vers le jeune homme. Ca, c’était l’élément qu’elle n’aurait su anticiper, qu’elle n’avait pas pris en compte dans ses calculs. Pour elle, la danse de couple était et avait toujours été une évidence, si bien qu’elle semblait parfois oublier que d’autres personnes ayant partagé son cours n’avaient pas pris la même direction. Et cela semblait être le cas de Raphael, dont les yeux semblaient prendre un degré de panique à chaque seconde qui s’écoulait et où la jeune femme ne prononçait mot. Inspirant un bon bol d’air, Diana vint alors déposer sa main dans celle du jeune Elly, reconstituant son sourire de façade, déposant sa seconde paume sur son épaule. « Alors laisse toi guider, et évite au maximum de me marcher sur les pieds. Je vais rester sur des pas simples. » Le rôle qu’elle n’avait jamais à jouer, qu’elle n’endossait que lorsqu’elle devait montrer un mouvement à quelqu’un d’autre que Max: mener la danse. C’était son rôle à lui, normalement. C’était celui qu’il jouait à la perfection et pour lequel elle l’avait toujours admiré. Et alors que les quelques premières notes se firent enfin entendre, Diana vint plonger son regard dans celui de Raphael, afin d’y montrer toute la concentration et la détermination qu’elle avait réussi à rassembler dans le but de mener à bien cette danse. Et à son grand étonnement, ils réussirent à s’en sortir. Les pas ne furent pas fluide de suite, quelque peu hésitants toujours sur la fin, mais au moins ils réussirent à faire une chorégraphie quelque peu potable et surtout croyable. Au fond d’elle, Diana avait du mal à réaliser qu’ils n’avaient pas été évincés de la piste de danse alors que la dernière note de musique retentissait et qu’elle se retrouvait lovée dans les bras de Raphael. Certes, ce dernier n’avait pas réussi à éviter à tous les coups ses pieds, mais il avait fait du mieux qu’il avait pu avec le peu d’éléments qu’on lui avait donné - lire ici, par conséquent, aucun. « Bravo, bravo ! » Les applaudissements se firent entendre, alors que la jeune femme rouvrait les yeux, le souffle quelque peu court. Ils avaient réussi et elle avait l’impression d’avoir relevé le défi le plus compliqué de sa courte vie - et pourtant, des défis, elle en voyait tous les jours lors de l’exercice de sa profession.
Les applaudissements ne sont pas effrénés mais ils se déchaînent, se ruent vers les tympans de Rafael pour les assommer. Comme dans ses rêves où la timidité ne fait pas partie de son ADN, tous les regards sont rivés vers lui et des sourires s’étirent à l’horizontale dans les visages des parents présents dans la pièce. Les dernières notes de musique s’évanouissent en decrescendo et il sent son cœur battre dans sa poitrine, contre Diana qui s’est glissé dans ses bras pour amorcer la finale. Tout semble flou autour de lui : les mouvements dans son champ de vision son saccadés, ralentis, mais il ne voit que le dessus de la tête de la jeune femme, parce que c’est la seule chose qui l’intéresse. Pendant un instant, il est la star du public : mais Diana est sa star à lui. Certes, leurs pas ne se sont pas emboîtés à la perfection, même le plus habitué des couples de danseurs confronte des erreurs de cadence, de synchronisation. Il ne pensait pas y arriver. Pendant les deux minutes que constituait la chanson envoûtante, il avait oublié que jamais il n’avait tenu la main d’une partenaire en envoyant ses membres vers tous les points cardinaux. Il a su bercer sa silhouette comme s’il connaissait la chorégraphie depuis le début. Comme s’il avait trop observé Diana quand elle se laissait guider par la poigne de Max, sous les feux des projecteurs. « Bravo, bravo ! » La voix de la professeure ne sort pas le jeune homme de ses rêveries. Il a enroulé ses bras autour de Diana, a posé son menton sur le dessus de son crâne et a fermé les paupières sans se rendre compte qu’il se laissait emporter par une joie aussi pure qu’humaine. La paume de sa main semble collée dans la sienne, loin de lui l’envie de rompre ce lien qui les unis enfin. Il laisse les secondes s’écouler sans se rendre compte du temps qui passe trop rapidement et c’est un mouvement chez Diana qui le réveille enfin. Aussitôt, il redresse son dos, se sépare de son parfum fruité et la laisse instaurer la distance qu’elle le souhaite entre eux deux. Il croise enfin son regard brillant et, quand elle tourne la tête en direction des acclamations contenues, il continue de la fixer, un sourire béat soulevant la commissure de ses lèvres. Il ne sent pas la soif dans sa gorge. Pas tout de suite. Ses cheveux bouclés se prennent dans ses cils, il les renvoie vers l’arrière de sa tête d’un geste ample tandis qu’un gloussement de surprise soulève sa poitrine battante. C’est à ce moment qu’il doit faire sa demande en mariage ou ça se passe comment ? « Voyez ! C’est ce qu’apprendront vos enfants si vous décidez de les inscrire à ce programme. » Continue miss Steadworthy, profitant du moment pour rappeler aux parents la raison de leur présence ici. Naturellement, la nature de Raphael reprend le dessus sur lui et il recule discrètement pour retrouver un peu d’ombre, là où il pourra être oublié. Il croise le regard de la jeune femme qui remerciait d’un sourire la foule et il l’observe en silence, plusieurs secondes, avant de lui faire un signe de la main, l’invitant à s’approcher de lui, à laisser derrière elle les parents à nouveau absorbés par les mots de la dame emballée et pas peu fière de ses danseurs improvisés. « C’est à ce moment qu’on s’éclipse ? » le garçon demande en déboutonnant sa manche, bouillant par l’effort. « Si tu veux bien, évidemment. » Il s’empresse d’ajouter, pour ne pas l’inquiéter, les deux yeux à nouveau inquiets. À vrai dire, c’est son côté asocial qui l’a encouragé à faire la demande, bien qu’il saurait ravaler sa déception si Diana préférait passer un peu plus de temps en compagnie des gens qu’elle était venu voir à la base. Elle l’a invité, au fond, et il ne veut pas briser les plans de sa soirée en lui imposant une autre direction. Déjà qu’ils avaient tous les deux été surpris par cette démonstration de danse improvisée.
Malgré tout, elle accepte de déserter le public. Le petit cœur amoureux de Raphael hurle de joie mais il arrive à étouffer son enthousiasme en se raclant la gorge. Rapidement, les deux jeunes retrouvent la case de Diana ainsi que la bouteille d’alcool qu’ils avaient caché. Alors qu’ils s’apprêtaient à emprunter de nouveau les escaliers pour retourner au rez-de-chaussée, le danseur s’arrête devant un ascenseur et le pointe, revendicateur : « Ça ne ferait pas de mal à mes pieds ! » Parce que la danse imprévue avait surpris lui tout autant que son corps qui n’avait pas été bien échauffé. Il attend évidemment l’avis de Diana, qui s’avère favorable, et il appuie sur le bouton pour appeler la grosse boîte en métal. Pour ne pas laisser le temps au silence de s’installer pendant l’attente, il reprend : « On a été pas mal ! Enfin… Je crois. Les gens n’ont pas ri de nous, en tout cas. » Les lèvres pincées, il baisse le regard pour ne pas être témoin de sa réaction, faisant pianoter ses doigts sur la bouteille de vin pour empêcher les cigales de chanter.
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« Voyez ! C’est ce qu’apprendront vos enfants si vous décidez de les inscrire à ce programme. » Miss Steadworthy ne perdit pas un seul instant pour venir faire la promotion de ce qu’elle venait d’avoir sous les yeux, elle aussi étonnée que l’un ou l’autre n’ait pas renversé le deuxième à travers la pièce. Raphael et Diana n’avaient jamais dansé de la sorte ensemble et pourtant, leurs quatre pieds s’en sortaient indemnes aujourd’hui. Un vrai miracle. Les applaudissements continuèrent encore pendant une minute et puis une autre, pendant que les regards des deux jeunes gens vinrent se croiser. Diana tira un léger sourire en direction de son partenaire d’une danse alors que ce dernier semblait se replier sur lui-même à peine l’instant de gloire passé. Elle avait eu l’habitude, elle, de ce genre d’attention. Elle l’avait vécu une centaine de fois différents lorsqu’elle parcourait les parquets, au bras de Max, à travers toute l’Australie. Mais Raphael n’y était pas habitué et elle pouvait comprendre que ce n’était pas forcément très agréable pour tout le monde à supporter. Il vint finalement capter son attention d’un signe de la main et la jeune Rhodes fit les quelques pas nécessaires afin de s’approche de lui. « C’est à ce moment qu’on s’éclipse ? Si tu veux bien, évidemment. » Il était attendrissant, en réalité, Raphael. Ce fut alors avec un sourire tout doux aux coins des lèvres que Diana vint hocher de la tête, là, par deux fois, avant de prendre la parole à son tour. « Ca ma va, partons d’ici. » Parce-qu’il n’y aurait pas plus divertissant du reste de la soirée que la danse qu’ils venaient de partager. Elle connaissait ces portes ouvertes par coeur, Diana. Tous les ans elle y mettait les pieds et tous les ans c’était la même histoire - le reste de la soirée servait à faire des éloges presque toutes vraies sur l’école. Alors, partir de la grande salle en saluant quelques parent et en brandissant son plus grand sourire paraissait être une bien douce solution. Leurs pas s’éloignèrent du centre d’attention alors que Miss Steadworthy venait répondre à mille et une question. Peut-être que le parcours, bien loin d’être méconnu en ces lieux, de Diana aurait fait une belle histoire explicitée en quatre chapitres et cinq sous-parties pour le reste de la soirée, mais elle ne désirait guère venir en discutant de suite. Les deux jeunes danseurs finirent par revenir au casier de Diana, là où la bouteille de Raphael les attendait sagement. « Je pense qu’on va l’avoir mériter désormais ! » Pour leurs efforts incroyables durant cette danse improvisée, pour leurs patience légendaire d’avoir accepté un tel défi. « Ça ne ferait pas de mal à mes pieds ! » Les mots de Raphael lorsqu’ils passèrent devant l’ascenseur. Ce n’était pas dans ses habitudes d’ordinaire, mais Diana vint hocher la tête. Elle l’avait mis dans une situation assez embarrassante pour tout le reste de la soirée, elle pouvait lui accorder au moins ça. « On a été pas mal ! Enfin… Je crois. Les gens n’ont pas ri de nous, en tout cas. » Un sourire à la fois tendre et amusé vint se greffer aux lèvres de la demoiselle. « Pas mal ? On a été extra même, je dirais. » Ses pupilles vinrent se tourner vers le jeune homme qui évitait avoir soin, de son côté, son regard - raison de plus pour élargir gentiment son sourire sur ses lippes. L’ascenseur vint s’ouvrir à la suite, et elle y prit place, attendant qu’il soit à ses côtés pour indiquer à la machine l’étage qu’ils désiraient atteindre. « Pour quelqu’un qui ne sait pas s’y prendre soit-disant, tu t’es débrouillé comme un chef. » Venant poser sa main sur l’avant-bras du jeune homme, elle tenta de venir capter son regard, capter son attention.
Avant d’arriver sur les lieux du rendez-vous, Raphael avait longuement réfléchi dans l’allée de l’alcool à l’épicerie. Il avait d’abord été accueilli par des bouteilles de tequila trop chères, d’autres de cognac, puis, un peu plus sur la droite, des énormes bouteilles de bourbon. Malheureusement pour ces premiers choix si tentants, le jeune homme ne pensait pas qu’ils seraient de circonstance à un événement scolaire, bien que, à ce moment-là, il ne savait toujours pas que des enfants se présenteraient sur les lieux. C’est pour cette raison qu’il a continué son chemin dans la rangée, passant le coin du gin, du brandy et du rhum. Il s’est toutefois longuement arrêté devant une bouteille de vodka pour imaginer toutes les possibilités qui s’offraient à lui. Il aurait pu préparer à Diana un mojito ? Ou un bloody Caesar, peut-être. Il ne sait pas encore quel est son cocktail préféré : en fait, il ne sait pas grand-chose sur elle, seulement qu’elle apprécie encore la danse et qu’elle voit Max de temps en temps. Ce n’est pas grave. Le smouzi, le martini et le Rhum & coke, ce sera pour une autre fois. Et, de toute façon, Raphael aurait franchement été ridicule d’arriver à l’école armé d’alcool, de jus et de toutes les épices qui constituent un cocktail réussi. Ainsi, il avait seulement hésité entre bouteille de rosé, une bouteille de vin blanc et une bouteille de vin rouge. Trois choix humbles qui se glissaient facilement dans toutes les occasions.
« Je pense qu’on va l’avoir mériter désormais ! » Il est rassuré, le jeune homme. Même s’il a fait l’erreur de présenter son vin à un groupe d’enfants qui, heureusement, ne regardaient pas en sa direction, il pensait que Diana jetterait immédiatement l’idée de boire avec lui. Pourtant, elle ne semble pas montrer la moindre hésitation quant à la suite de la soirée. Tous les deux trinqueront ensemble et, Raphael l’espère, sa timidité d’envolera au fur et à mesure qu’il avalera des gorgées. Il voit ce moment comme une occasion de se rapprocher de celle qui a trop longtemps fait battre son cœur sans qu’il ne puisse lui prendre la main. « Pas mal ? On a été extra même, je dirais. » Un sourire timide plaqué sur le visage, il hoche doucement la tête. Pendant un instant, son regard se perd sur les motifs en forme d'ocelle sur ses converses colorées et les portes coulissantes de l’ascenseur s’ouvrent devant eux. Les mots enthousiastes de la jeune femme transforment son cœur en une bouillie. Il aimerait avoir l’aisance de n’importe quel extraverti pour s’exciter avec elle mais il est plus discret : bien qu’il pense réellement qu’ils ont fait un superbe duo de danse et que ce sport aurait dû les unir depuis plus longtemps. Comme le parfait gentleman qu’il est, il laisse Diana pénétrer dans l’ascenseur avant lui et il s’y glisse à son tour, serrant la bouteille de vin contre lui pour s’attacher à la réalité. Il l’observe du coin de l’œil tandis que son fin doigt appuie sur le bouton qui les mènera à la sortie. « Pour quelqu’un qui ne sait pas s’y prendre soit-disant, tu t’es débrouillé comme un chef. » Il aimerait avoir le temps de la complimenter en retour – parce que, s’il y en a un des deux qui brille en dansant, c’est bien elle – mais sa main vient se poser sur son avant-bras et il fige comme de la glace. Il déglutit difficilement, les deux yeux obstinément rivés vers les portes fermées devant lui, cherchant les mots introuvables. « Je… Toi tu es…. » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase qui aurait été un échec grammatical qu’une vibration inquiétante traverse l’entièreté de son corps, des pieds jusqu’à la tête. Cette dernière provient du sol de l’ascenseur qui vient de s’arrêter brusquement à mi-chemin. Aussitôt, il écarquille les yeux et ses doigts viennent danser sur les boutons. Il tente de provoquer la moindre réaction mais tout s’est arrêté. La lumière clignote quelques secondes mais revient rapidement à la normale, gardant sa luminosité rassurante. « C’est dans son habitude de faire ce genre de caprice ? » Raphael demande en interrogeant Diana du regard, elle qui connait mieux les lieux que lui. L’inquiétude montant en cran dans sa gorge, il appuie à nouveau sur tous les étages, puis sur le bouton d’ouverture des portes, puis celui de la fermeture des portes. Son talon se met à claquer contre le sol, signe de sa nervosité croissante. Il a déjà oublié cette main qui s’est posée sur sa peau quelques secondes plus tôt.
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Elle n’était pas avare de compliment quant à la prestation qu’ils venaient de livrer car elle était objective, ils s’en étaient bien sortis. Ils auraient pu faire bien pire alors qu’ils n’avaient jamais dansé ensemble et que Raphael ne se trouvait en rien dans son élément. Il semblait donc plus que mérité à la jeune femme de lui assurer, de vive voix, qu’il s’en était bien sorti. Elle ne s’était pas posée la question, en revanche, de savoir si le fait de poser sa main sur l’avant-bras du jeune Elly allait être approprié ou, plutôt, reçu correctement. Cela ne lui semblait en rien détonnant dans son comportement de tous les jours, mais elle n’avait pas la précision que pour lui, tout geste de la part de la demoiselle était perçu comme un cadeau le jour de noël. « Je… Toi tu es…. » Il n’eut cependant pas le loisir de pouvoir venir terminer sa phrase que l’ascenseur se mit à faire un bruit monstre, qui ne donnait en rien confiance. Retirant sa main de sur la peau de Raphael, Diana vint froncer les sourcils, regardant tout autour d’elle là où son regard arrivait à capter un endroit faisant du bruit. Le seul soucis, c’était que tout l’ascenseur faisait désormais sud bruit et que, surtout, il venait de stopper sa course en plein élan. « Qu’est-ce que… » C’était bien étrange, tout ça. Et si elle restait calme car n’ayant pas assez d’éléments sous ses yeux pour paniquer, Diana, apparemment ce n’était en rien le cas de Raphael qui avait déjà commencé à appuyer sur tous les boutons disponibles dans l’ascenseur, de façon séparée puis regroupée à la suite. « C’est dans son habitude de faire ce genre de caprice ? » Et pour la première fois depuis qu’ils avaient cessé de danser sur le parquet plusieurs minutes plus tôt, il vint plonger son regard dans le sien. Ici, la gêne et la timidité avaient disparu. Ils s’étaient envolé et avaient laissé place à quelque-chose de bien moins attendrissant et surtout de bien moins sympathique à regarder. Diana pouvait voir que l’inquiétude faisait son nid dans son regard. Alors, inspirant une bouffée d’air et une deuxième, elle vint tente d’étirer un semblant de sourire sur son visage. Elle ne savait pas si ça pouvait y faire quoi que ce soit, changer le moindre élément dans la situation, mais au moins c’était toujours plus agréable d’avoir à ses côtés quelqu’un qui tentait de vous donner le sourire lorsque vous ne vous sentiez pas forcément en sécurité. « Dans son habitude, non, pas vraiment… » Ne sachant rester là sans rien tenter cependant, elle vint à son tour appuyer sur le bouton d’ouverture des portes, ainsi que sur celui de l’alarme. Cependant, elle n’eut pas plus de chance que le jeune homme. « Et je ne sais même pas si c’est déjà arrivé ici. Je crois qu’il sert surtout pour déplacer le matériel, donc pas si souvent que ça au final… » Sa voix mourut alors que son regard se concentrait sur tout le reste qui les entourait, cherchant la moindre faille qui pourrait leur donner un vrai indice sur l’état de la situation. Car ils ne savaient même pas l’étage auquel ils venaient de s’arrêter - si seulement ils avaient pu atteindre le moindre étage. « Et si tu me faisais la courte échelle pour que je regarde si on peut ouvrir la trappe ? » Elle vint indiquer cette dernière du doigt, le visage légèrement relevé vers le plafond.
Il suffit que le briquet allume la queue de la dynamite pour que Raphael change drastiquement. Il suffit d’une pince de poudre magique pour qu’il se transforme en bombe à retardement. Il est impulsif, le jeune homme et, s’il était incapable de lier son regard à celui de Diana dans les dernières minutes, il n’a présentement que cette seule option pour trouver le moindre réconfort. Elle doit savoir. Ce n’est probablement pas la première fois qu’elle utilise cet ascenseur. Elle va certainement lui annoncer une bonne nouvelle, puisqu’elle s’est mise à sourire sans raison apparente. Peut-être qu’elle a possède une clef qui leur permettra de redémarrer le moteur qui semble s’être étouffé – oui, les théories de Raphael ne font aucun sens mais, dans un état de panique, ce ne sont pas les idées les plus claires qui lui viennent à l’esprit. Il n’est plus question de jouer au brave garçon et au danseur exemplaire. Il veut sortir d’ici et terminer la soirée en beauté en compagnie de celle dont il rêve jour et nuit. Il avait enfin sa chance et voilà que la technologie lui balance son pied dans les couilles. « Dans son habitude, non, pas vraiment… » C’est donc une mauvaise nouvelle. Au ton de sa voix, Raphael devine que c’est la première fois qu’elle se trouve dans cette situation : ça leur fait un autre point commun. « Et je ne sais même pas si c’est déjà arrivé ici. Je crois qu’il sert surtout pour déplacer le matériel, donc pas si souvent que ça au final… » Un rire nerveux se met à faire vibrer les cordes vocales du jeune homme qui glisse ses ongles entre la fente qui sépare les deux portes coulissantes, comme s’il allait réussir à ouvrir la voie. « Super. » Il n’arrive à obtenir aucune bonne prise, la fente étant trop étroite pour qu’il y enfonce un doigt en entier (contexte). « Et si tu me faisais la courte échelle pour que je regarde si on peut ouvrir la trappe ? » Il abandonne la lutte inutile contre la porte et soulève la tête, suivant le regard de la jolie brune. Il hésite un moment en examinant les vis qui maintiennent la trappe en place et il se mord la lèvre inférieure avant de secouer la tête de droite à gauche. Il ne pense pas que c’est aussi que dans les films et il n’a pas les outils nécessaires. « Non, il nous faudrait un tournevis, je ne crois pas que tu peux les dévisser avec tes ongles. » Il passe sa main dans ses cheveux et marmonne : « Et on n’a pas d’outil... Sauf… » Il enfonce sa main dans sa poche et récupère son téléphone simplement pour le désigner. « Tu as certainement miss Steadworthy dans tes contacts, non ? Tu p-pourrais l’appeler, ou appeler l’école, même, pour qu’ils nous envoient des s-secours ? » Sa voix bégaye à deux instants, mais ce n’est plus la faute à la timidité. Se retrouver coincé dans un ascenseur ne fait pas partie de ses fantasmes, même s’il est en présence Diana. « Au moins, on a encore la lumi… » Il n’a pas le temps de terminer sa phrase que l’ampoule de l’ascenseur s’éteint, les plongeant dans le noir. « J’ai rien dit. » La situation aurait été hilarante s’il ne craignait pas de passer une nuit entière ici. Par réflexe, il pose sa bouteille de vin au sol et allume le flash de son téléphone, envoyant l’ombre de Diana s’étendre contre le mur derrière elle.
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Elle sentait que ses paroles se devaient être rassurantes, seulement elle ne pouvait pas se permettre un tel zèle, Diana. Elle n’avait jamais connu telle situation dans cet ascenseur et ne saurait trop comment s’en défaire. Elle avait vu des films sur cette fameuse malchance de l’ascenseur et avait lu bien plus de livre sur cette histoire, mais ce n’était jamais pareil que de le vivre. Car si la demoiselle arrivait à garder son calme face à la situation qui s’imposait à eux, elle n’en était pas autant sûre pour Raphael. « Super. » Si jusque maintenant, la timidité et la maladresse semblait être les deux éléments qui avaient animé le plus le jeune homme, désormais le malaise quand à l’idée de rester enfermé dans cette boite de métal prédominait. En réalité, le malaise d’être aux côtés de Diana jusqu’alors était le sentiment dominant, mais la jeune femme ne s’en rendait pas compte. Elle ne voulait cependant pas le laisser dans cet état et son cerveau était déjà en train de chercher mille et une solution pour les sortir de là. La trappe au dessus d’eux semblait être la seule autre issue disponible et ce fut donc naturellement qu’elle proposa que leurs efforts se portent vers cet endroit - car elle n’était en rien convaincue qu’il était possible d’écarter les deux portes avec seulement la force de ses mains. « Non, il nous faudrait un tournevis, je ne crois pas que tu peux les dévisser avec tes ongles. Et on n’a pas d’outil... Sauf… » Glissant une petite moue un brin dessus sur ses lèvres, la jeune femme vint tourner cependant de nouveau son attention sur Raphael. « Sauf ? » Parce-que s’il possédait un couteau suisse dans ses affaires, c’était le juste moment pour en parler. Elle ne vint cependant pas le presser ou rien de tout ce domaine car elle savait que ce n’était pas le genre de méthode qui fonctionnait réellement. Le jeune homme semblait réfléchir à toute vitesse et elle ne voulait pas le déranger dans ce processus. « Tu as certainement miss Steadworthy dans tes contacts, non ? Tu p-pourrais l’appeler, ou appeler l’école, même, pour qu’ils nous envoient des s-secours ? » Il en était venu à carrément sortir son propre téléphone de sa poche pour venir illustrer ses propos, et bien sur que cela venait rendre le sourire de Diana d’avantage attendri. Ca n’allait pas les aider dans grand chose, mais le voir tenter de cette façon alors que la panique faisait clairement partie intégrante de son état actuel, elle trouvait ça touchant, vraiment. « Au moins, on a encore de la lumi… » Il avait parlé trop vite. « J’ai rien dit. » L’instant d’après, il se servait de son téléphone comme lampe torche. Diana ne perdit pas un instant de plus, alors que la lumière était dirigée vers elle, pour venir chercher son propre téléphone portable dans son sac. Il lui fallut une petite dizaine de secondes pour venir localiser l’engin et pour finalement l’avoir en mains. « Voyons voir… » Elle vint allumer l’écran, et le scénario typique de ces fameuses scènes d’ascenseurs se produit: son téléphone ne pouvait capter le réseau dans cette boite de métal. « Les parois doivent être trop épaisses, je capte rien du tout… » La demoiselle releva son regard désolée vers le jeune Elly. « Je suis désolée Raphael, apparement c’était une mauvaise idée jusqu’au bout de venir ici aujourd’hui… » Et elle s’en voulait énormément de l’avoir entrainer dans une idée de la sorte. Car il ne vouait pas venir à la base, elle avait pu le sentir dès qu’elle lui avait proposé, l’autre soir, au spectacle. Il était pourtant venu, tout sourire, et était désormais bloqué avec elle pour une durée indéterminée. « Tu passes une sale soirée par ma faute. »
Il aurait aimé être le portrait craché du père de famille qui pense à tout, qui se prépare pour toutes les éventualités, même les plus improbables. De sa poche, il aurait pu sortir un tournevis, un levier, même, mais il n’a rien de tout cela sur lui. Il n’a apporté que le nécessaire : son téléphone, ses clefs et son portefeuille. Et sa bouteille de vin, évidemment, en espérant que la soirée ne se termine pas trop tôt. En un sens, on pourrait dire que ses souhaits sont exaucés mais il aurait préféré passer davantage de temps avec Diana en dehors d’un ascenseur qui fait naître en lui la claustrophobie. Ils auraient dû emprunter les escaliers, quelle idée il a eu d’appuyer sur le bouton pour appeler l’ascenseur. La flemme aura eu raison de lui pour la énième fois. « Voyons voir… » Il éclaire la jeune femme comme s’il ne voulait pas la perdre de vue dans la noirceur. Il a jeté un coup d’œil rapide à l’indicatif du niveau de la batterie de son téléphone afin de s’assurer qu’il pourrait éclairer la boîte étouffante assez longtemps. Il avait été rassuré de constater qu’il n’avait pas franchi la barre des cinquante pour cent. L’espoir dans le regard, il fixe Diana alors qu’elle tente de contacter la dame qui les a invités à la soirée mais il constate rapidement dans son visage des rides de déception. Quelque chose cloche, mais il n devrait pas être surpris. La soirée se déroulait beaucoup trop bien pour qu’elle se termine dans une piscine de paillettes. « Les parois doivent être trop épaisses, je capte rien du tout… » Il déglutit, les yeux ronds. Il ne manquerait plus qu’un rire diabolique s’élève dans l’ascenseur pour qu’ils deviennent les parfaites victimes d’un tueur sanguinaire qui a donné son nom à un film d’horreur. « Putain. » C’est une première injure qui s’échappe de ses lèvres, lui qui est plutôt poli quand la situation ne devient pas aussi inquiétante. Il n’a pas envie de passer la nuit ici : et ce n’est pas parce qu’il est en compagnie de la femme de ses rêves, bien que cela ne l’aide pas à garder sa concentration. Il regarde une nouvelle fois dans tous les recoins en éclairant les boutons, la caméra en haut à droite, devant laquelle il fait des signes de main, mais absolument rien ne se produit. « Je suis désolée Raphael, apparemment c’était une mauvaise idée jusqu’au bout de venir ici aujourd’hui… » Le ton de sa voix est triste et cela perce un trou dans le cœur de Raphael qui retrouve immédiatement son calme. Ce qu’elle ne semble pas réaliser, c’est que le jeune homme passe la plus belle soirée de toute sa vie. Seulement, il ne pouvait pas camoufler sa panique jusqu’à présent. « Tu passes une sale soirée par ma faute. » Aussitôt, il secoue la tête de droite à gauche avec ferveur. Il étire son visage en un sourire forcé, pour la rassurer. Certes, la soirée semble vouloir s’écrouler mais il ne souhaite pas laisser cette panne d’ascenseur la gâcher jusqu’au bout. « Mais non, arrête. C’était marrant, de danser. » Il aimerait lui dire qu'elle a réalisé l'un de ses plus grands rêves mais il en a pas le courage. Il tapote la porte de l’ascenseur en serrant les dents : « Et puis, c’est moi qui a eu la mauvaise idée de zapper les escaliers. » Et, ça, c’est la vérité. Parce que Diana n’a pas commis la moindre erreur. Il est celui qui s’est ramené avec une bouteille d’alcool devant les enfants, celui qui a marché sur les pieds de la danseuse en plein milieu du refrain et celui qui s’est arrêté devant l’ascenseur. Le souffle rapide, probablement à cause de la nervosité, il étire son bras vers le sol pour récupérer la bouteille de vin et il tapote le bras de Diana avec pour attirer son regard. « Tu sais, rien ne nous empêche de profiter un peu de ce qu'on a à notre disposition. » Ils ont perdu leur liberté mais rien ne les empêche de faire passer le temps avec l'alcool. Il hausse les épaules, nerveux, ses dents s’enfonçant dans sa lèvre inférieure. Il a peur que son idée soit rejetée, que Diana prétende qu’il vaudrait mieux pour eux de rester à jeun pour sortir d’ici avant Noël.
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Et de suite, elle vint s’en vouloir, Diana. Parce-que les coups de malchance venaient s’enchainer et s’acharner, ils venaient leur barrer la route et leur mettre des bâtons dans toutes les roues à la fois. Ce n’était pas comme ça qu’elle avait envisagé la soirée, loin de là. Elle s’était imaginée quelque-chose de simple et qui sortait un brin de l’ordinaire. Quelque-chose où ils pourraient tous les deux passer un bon moment, observant un art en commun qu’ils appréciaient particulièrement. Quelque-chose où, si une fois de plus ses souvenirs n’étaient pas toujours parfaitement au rendez-vous, il n’y aurait pas trop de malaise car ils ne seraient pas seuls dans un lieu clos et que le monde autour d’eux pourrait les faire tourner vers autre chose de moins embêtant. En somme, elle avait imaginé tout sauf la situation dans laquelle ils se trouvaient désormais tous les deux. Et elle s’en voulait, vraiment. Le but était loin de là. « Mais non, arrête. C’était marrant, de danser. » Relevant son regard vers le jeune homme, elle haussa un sourcil, petite moue accrochée au coin de ses lèvres. « C’était marrant même si c’est pas ce que t’aimes ? » La taquinerie n’était pas de mise, présentement. Elle se demandait réellement si le jeune Elly avait pu passer un bon moment alors qu’il s’était retrouvé dans une situation dont il n’avait guère l’habitude. « Et puis, c’est moi qui a eu la mauvaise idée de zapper les escaliers. » Sur ce point là, il n’avait pas tord, il était vrai. Là où ils auraient pu repartir par le chemin qu’ils avaient emprunté dans un sens, Raphael avait proposé de se faciliter la tâche en passant par un raccourci, en emprunter une aide. Mais là n’était qu’un infime élément dans une soirée où la demoiselle avait pris une bonne partie des décisions. « Tu pouvais pas savoir qu’il allait tomber en panne. » Tout comme tous les êtres vivants sur Terre ne savait pas que le big-bang allait arriver et pourtant, c’était quand même arrivé, qu’importe ce qu’ils auraient pu mettre en place pour l’éviter. Finalement, Raphael vint attraper la bouteille de vin qu’il avait déposé au sol lorsque la boite métallique avait commencé à faire des siennes. Il n’avait encore prononcé aucune parole explicative que déjà, un début de sourire amusé se dessinait sur les lèvres de Diana. « Tu sais, rien ne nous empêche de profiter un peu de ce qu'on a à notre disposition. » Son sourire vint s’agrandir. Elle avait donc anticipé et vu juste dans la suite de ses idées. « Raphael, voyons… Ce serait pas sérieux, en vrai. » Ce ne serait pas sérieux s’ils étaient ivres lorsque les secours viendraient les retrouver dans cette boite métallique qui semblait plus à l’aise à les garder en son sein qu’à les laisser sortir. Ce ne serait pas sérieux que les enfants puissent les voir de la sorte alors que l’instant d’avant, ils montraient l’exemple sur le parquet de danse et que Miss Steadworthy les indiquait comme étant un exemple à suivre. Ce ne serait pas sérieux d’utiliser la seule ressource qu’ils avaient avec eux s’ils devaient tenir plusieurs heures ici avant que l’on puisse les retrouver et - oh wait, c’était bien moins drôle d’un coup d’un seul ça. « Mais en même temps on est bloqués ici et on a pas mieux à faire je crois. Alors… » Alors, haussant les épaules, elle vint finalement s’assoir à même le sol de l’ascenseur. Ce serait toujours mieux que de faire le pied de grue. « Tu t’assoies aussi ? » Et elle vint tapoter le sol à ses côtés.