Le gars s’appelle donc Liam et il est chaud comme moi pour gagner. On a pas perdu plus de temps pour filer avec nos sacs sur le dos et être carrément dans le jeu dès la première minute. On rigole pas. On aura le temps de faire connaissance quand on sera dans une voiture ou bien chez l’habitant. Très vite on est au bord de la route, on s’est mis dans un endroit où les voitures peuvent facilement s’arrêter pour pouvoir nous prendre sans soucis. On va pas non plus créer un accident au passage. On va faire ça bien, j’ai pas envie qu’il y ait du sang au milieu. Y’a un camion de pompier qui passe à ce moment là mais vu qu’ils ont la sirène enclenché je ne vais pas leur faire signe pour qu’ils nous avancent sur un petit bout. Ils ont du boulot. « T’es doué pour le stop ? Tu crois que si on se met torse nu ça sera plus vendeur ? T’as l’air bien foutu. » J’aimerai bien être en train de plaisanter mais non pas du tout. Si ça peut faire arrêter des gens je prends. Faut bien trouver une technique pour qu’ils se décident plus nous que les autres. Parce que les autres doivent pas être très loin. « On verra si personne s’arrête. » Autant voir si notre charme naturel et vêtu fonctionne. J’ai regardé beaucoup de saisons de Amazing Race, c’était pas rare qu’ils mettent leurs atouts en avant pour attirer l’attention. J’ai deux t-shirt de pompier dans mon sac, peut être aussi qu’il faudra que j’en enfile un dès que possible. Mais là j’ai carrément pas envie de défaire mon sac, il faut qu’on avance. Je vais perdre trop de temps sinon.

J’ai le pouce levé et y’a une voiture qui ressemble plutôt à un 4x4 qui met son clignotant. « Ok ça commence. Je vais les voir. » Je m’approche de la fenêtre côté conducteur. « Bonjour, on va en direction de Charleville, est-ce que vous pouvez nous avancer par là? » Je donne le petit papier qui va avec le jeu. Y’a toutes les explications, surtout que y’a quand même deux gars qui sont en train de nous filmer. Peut être pour ça qu’il s’est arrêté le gras, il est curieux. Il veut passer à la télé. Tant mieux, ça m’arrange. Un des deux cameraman se prénomme Gerard, je lui ai demandé un peu plus tôt alors que j’avançais au petit trot. C’est lui qui est désigné pour monter avec nous si la voiture nous accepte pour un bout de chemin.


@May Glitters @Liam Taylor

Tout commence à s’accélérer. Après le débriefing les binômes commencent à se séparer et on ne perd pas vraiment de temps avec Kane, il nous faut trouver quelqu’un qui puisse nous avancer un maximum vers Charleville. Il ne faut pas non plus se précipiter, mais on pourra largement réfléchir à notre tactique une fois qu’on aura trouvé une voiture ou même en attendant sur le bord de la route pendant que l’autre fait du stop. Je commence à réfléchir en sortant la carte, le mieux serait de garder nos cinq dollars pour le moment, on en aura besoin plus tard, on va essayer d’économiser un max tant que c’est possible, si jamais on est amené à avoir une grosse dépense on sera bien content d’avoir économisé notre argent. Kane revient vers moi et me demande s’il est possible de se mettre torse nu pour attirer plus de voitures, pas certain que ce soit une bonne idée, mais je rigole et je relève la tête vers lui. « Il doit faire tout au plus dix-huit ou dix-neuf degré, je ne pense pas que ce soit le bon moment pour se mettre à moitié à poile. Mais je t’en prie continue tu te débrouilles bien, je suis certain que ta jolie chevelure dorée va attirer du monde à elle-seule. » Une petite plaisanterie pour détendre l’atmosphère et éviter que le stress s’y mêle. Je replonge sur ma carte et je réfléchis aux routes que l’on pourrait bien emprunter si jamais on n’arrive pas à trouver de moyen de locomotion. C’est très rapide de parcourir le chemin en voiture, mais si c’est pour attendre trois ou quatre heures qu’un se décide à nous prendre avec le cameraman, ça ne sert à rien, ça sera seulement une perte de temps. « Tu t’en sors ? Je pense avoir repéré un chemin pas trop dangereux si jamais on ne trouve rien, on pourra même couper une partie de la route pour gagner un peu de temps. » Un des nombreux points positifs à faire régulièrement de la rando c’est d’étudier les cartes, repérer là où la route semble le plus accessible et le plus rapide. Finalement un 4x4 s’arrête près de nous sur le bas côté, Kane est le premier à l’aborder alors que je me joins à lui à peine quelques secondes plus tard.

Il lui explique la situation, le principe même du ROA et on espère pouvoir monter à bord de la voiture et d’au moins avancer ne serait-ce que des quelques kilomètres ça serait déjà super avantageux. On a dû perdre quoi, seulement une petite heure à attendre que quelqu’un s’arrête, si jamais il accepte de nous prendre ça reste très correct. « Il faudrait au moins nous avancer de quelques kilomètres, le maximum possible pour vous, ça serait vraiment super sympa. » Que j’appuie derrière le blondinet pour préciser encore plus. Même seulement dix kilomètres ça serait déjà bien même si très peu en soit. Il y a quand même plus de sept-cents kilomètres à parcourir, alors il ne faut pas se contenter de quelques minutes de route. Je lance un regard à Kane, le conducteur a l’air d’être plutôt réceptif au principe de l’émission, maintenant il faut espérer qu’il accepte.


@Kane Williamson

ATTENTION:

« Il doit faire tout au plus dix-huit ou dix-neuf degré, je ne pense pas que ce soit le bon moment pour se mettre à moitié à poile.. » Ok alors clairement c’est un bon binôme qui me remet sur le droit chemin. Si je tombe malade maintenant ça va servir à rien du tout et on va devoir quitter la course au milieu. Je refuse. «  Mais je t’en prie continue tu te débrouilles bien, je suis certain que ta jolie chevelure dorée va attirer du monde à elle-seule. » Il me fait rire en plus. J’ai pas envie de parler trop vite mais pour l’instant je l’approuve x10000 Liam. Je remets mes cheveux en arrière avec un peu trop d’exagération du coup avant d’aller vers la première voiture.

Alors que je fais mon stop, Liam me sors quelques alternative si on est planté ici trop longtemps. Il gagne des points, il est pour l’instant le meilleur binôme que j’aurai pu rêver d’avoir Comme si la chance continuait d’être en ma faveur, y’a quelqu’un qui a l’air assez opérationnel pour nous prendre. Je vois qu’il manque pas grand chose pour qu’il cède et qu’on monte. « Il faudrait au moins nous avancer de quelques kilomètres, le maximum possible pour vous, ça serait vraiment super sympa. » Liam aussi l’a vu parce qu’il a dit les mots juste pour que le chauffeur dans sa générosité accepte de nous avancer un petit peu.

« Merci infiniment, vous êtes ma personne favorite de la planète. » Faut peut être que je me calme sur les compliments mais j’ai tellement l’impression qu’on vient d’accomplir un truc de fou d’être pris en stop pour la première fois de l’aventure, je m’emporte pas mal. On met les sacs dans le coffre. Je sais pas trop ce qu'il a dans ses cartons mais mon odorat est assez sensible à la pestilence qui en ressort. Heureusement dans la voiture ça n'est pas aussi fort. On s’installe à l’arrière. Le 4x4 est spacieux. On est tous à l’arrière avec un de nos caméraman. Je remercie encore une fois le chauffeur, je lui demande son prénom. Quand on a fini le small talk de politesse, je garde un oeil sur notre direction au cas où le gars se décide de nous emmener ailleurs, pas dans le bon sens. « Bon c’est un bon début nan ? Je trouve que c’est un bon début. » Je suis soulagé mais quand même encore sur le qui vive. Cette course c’est un jeu qui ne s’arrête jamais tant qu’on est pas exclu de la partie. « Tu fais quoi dans la vie ? » Autant prendre enfin un peu le temps de faire connaissance.

Kane n’a pas l’air de le prendre mal, tant mieux, ce n’est pas du tout contre lui, mais si on peut éviter de tomber malade dès le début de la course ça serait cool. Il est vrai que j’ai un peu rapidement pris le contrôle des choses, mais comme je ne sais pas encore s’il a un peu d’expérience dans ce genre d’expédition, je préfère prendre un peu la casquette de chef pour le moment, histoire qu’on démarre bien et qu’on ne se retrouve pas éliminé dès le début. Mon cerveau s’active, mes yeux parcours toutes les lignes présentent sur la carte à la recherche de la plus simple, plus rapide et pas très isolé au cas où on devrait passer la nuit quelque part. Une caméra se charge de suivre Kane dans ses gestuels toutes plus fofolles les unes que les autres alors que Balthazar, le deuxième, fait un gros plan sur mon visage qui doit se trouver être plus que sérieux. Si les téléspectateurs veulent du fun, il va falloir se tourner vers quelqu’un d’autre que moi pour le moment. Je pourrai me détendre un peu plus quand je serai certain qu’on soit tranquille niveau timing.

Le 4x4 arrêté, nos prières s’exaucent et même si le chauffeur ne peut pas nous emmener bien loin, c’est déjà ça. On pose nos deux sacs dans le coffre, Balthazar nous suit à l’intérieur et nous voilà parti pour Redbank, petite ville à environ trente kilomètres de Brisbane, je la repère sur la carte. Elle n’a pas l’air très loin d’un croisement de plusieurs grandes routes, très bon point, il nous sera plus facile de trouver quelqu’un d’autre pour nous récupérer par la suite. « Exacte, ce n’est pas très loin de Brisbane, mais c’est déjà un bon début et je pense qu’on pourra trouver une voiture qui nous emmènera encore un peu plus loin là-bas. » C’est alors que je suis concentré sur la carte et que nous nous approchons de plus en plus de notre destination que Kane choisit pour faire un peu plus connaissance. « Je suis doctorant en Histoire de l’art et Archéologie. Je suis conservateur au Queensland Museum et j’anime parfois des conférences à l’université ou un peu partout, surtout en Australie. » Que je lui confie, on a un peu de temps devant nous, alors autant en profiter également afin d’un peu mieux se connaître et de saisir un peu plus la personne avec qui on va passer un petit moment. « Et toi, que fais-tu dans la vie ? Laisse moi deviner, t’es dans la musique ? » Je ne sais pas. Il a une tête à être chanteur ou ce genre de chose.

Une fois arrivée à Redbank, le conducteur nous souhaite bonne chance et on le remercie de nous avoir aidés, il va même regarder l’émission et nous supporter jusqu’au bout, si ce n’est pas sympa ça ? « Bon, maintenant il faut trouver une autre personne pour nous aider. On a encore un peu de temps avant qu’il ne soit l’heure de manger. Il faudrait qu’on réussisse à encore un peu avancer. ». Les cameramen n’étant pas vraiment très discret dans la rue, il y a plusieurs personnes, voitures qui s’arrêtent pour nous demander ce qu’il se passe, si c’est un tournage de film, série ou si c’est pour une émission. On leur explique tout. « On a vraiment besoin d’aide, il faudrait qu’on réussisse à avancer encore un peu avant la pause déjeuner. Si vous pouvez nous aider ça serait incroyable. » On a pas mal de chance depuis le début, alors pourquoi pas réussir à trouver une autre voiture à peine quelques minutes après être arrivée ?

ATTENTION:

Liam a l’air tellement dans la course j’espère qu’il va continuer comme ça sur la durée et pas juste parce que c’est le premier jour. Franchement j’ai bon espoir mais dans la vie je me suis fait berner par pas mal de gens donc je ne suis plus trop confiant par rapport à mon propre jugement. Je ne m’avance pas trop et je continue de lancer des bonnes vibes pour que ça continue aussi bien. C’est un marathon le truc, pas un sprint. « Je suis doctorant en Histoire de l’art et Archéologie. Je suis conservateur au Queensland Museum et j’anime parfois des conférences à l’université ou un peu partout, surtout en Australie. »

« Wow. » Le gars c’est une tête en plus. Je suis impressionné par tout ce qu’il vient de dire. Les études ça n’a pas été mon truc du tout. J’ai eu de la chance qu’un métier qui me passionne soit assez facile d’accès, pas de concours ou autre cursus sur 10 ans. « Et toi, que fais-tu dans la vie ? Laisse moi deviner, t’es dans la musique ? » J’ouvre de grands yeux quand il me dit ça. Comment il peut sentir la musique juste avec ma tête ? J’ai même pas encore chanté quoi que ce soit, je l’ai pas saoulé avec les concerts où je suis allé, ou les groupes que j’aime de tout mon coeur.

« J’aime beaucoup la musique, genre vraiment beaucoup beaucoup tu l’aurais découvert tôt ou tard mais quand même t’as un sacré flaire je suis impressionné. J'ai même pas encore sorti mon xylophone de mon sac. » Je me marre sur cette dernière boutade. Je marque une brève pause parce que je suis véritablement sur le cul quand même. Je reprends mon sérieux pour lui répondre. « Je suis pompier depuis une dizaine d’année. » Clairement rien à voir avec sa filière à lui. Je me dis qu’on devrait bien se compléter, c’est déjà le cas je trouve. On verra par la suite si ça s’avère correct.

Nouvelle ville. Pas trop loin. Redbank. Mais rien qu’on soit plus à Brisbane je trouve ça cool. On avance.  « Bon, maintenant il faut trouver une autre personne pour nous aider. On a encore un peu de temps avant qu’il ne soit l’heure de manger. Il faudrait qu’on réussisse à encore un peu avancer. » Il parle de manger, j’hoche la tête, j’ai pas de soucis d’attendre un moment avant de trouver de la nourriture. Je prends ma bouteille d’eau parce que ça c’est important quand même l’hydratation. Et puis y’a des gens curieux avec tout ce show autour de nous. Les caméras c’est ça qui va nous faire trouver des gens plus rapidement et c’est gagné. Liam n’a pas besoin de dire grand chose on a quelqu’un qui dit qu’il peut nous emmené jusqu’à Dalby. Immense sourire sur mes lèvres. Je passe à côté de Liam en allant mettre mon sac dans le coffre. « Bien joué. Tu as clairement l’avantage sur le stop. » Je lui fais un clin d’oeil parce qu’il a vraiment l’air magique.

De nouveau dans la voiture pour un moment cette fois, je reprends la conversation pour en apprendre plus sur lui après avoir appris que le chauffeur s’appelle John. « Un très bon prénom. Comme John Floreani, le chanteur de Trophy Eyes. » Obligé de balancer cette info inutile dès que possible. J’ai même pas honte. Quand la conversation avec John se dissipe je reprends avec Liam. « T’as déjà fait du stop avant ou c’est un don que tu te découvres là ? » Ca me fait grave sourire parce que c’est vrai aussi.

Je me retrouve plus motivé que je ne le pensais, je n’ai pas l’habitude de faire de la télé-réalité, c’est même ma première fois en soit, mais tout ce qui touche à une course, randonnée etc. c’est mon domaine. Ça fait partie de mes plus grosses passions avec l’Art et le surf, alors si Kane se pose la question de savoir s’il est bien tombé avec moi, je pense qu’on peut dire que oui. Bon, après si mon mauvais karma me rattrape là ça ne sera pas de ma faute. Je lui en dis un peu plus sur moi, sur ma profession et il a l’air plutôt surpris. C’est vrai qu’un doctorant chercheur en archéologie ne doit pas courir les rues à la télé pour ce genre d’émission, mais ça me donnera l’occasion de faire de la pub pour le musée et je suis ouvert d’esprit alors c’est tout bénef. « Oh, tu n’as pas besoin d’être étonné, je reste un vrai gosse pour ce genre d’aventure. » Je lui retourne la question alors qu’on s’approche à grands pas de Redbank, petite ville non loin de Brisbane. Il me fait marrer Kane, on a peut-être au moins un point commun, il a l’air de pouvoir parler de musique pendant des heures et des heures comme je peux me mettre à parler d’Histoire durant toute une journée. « Je suis exactement pareil, je pourrais bien te sortir un cours complet sur l’histoire gréco-romaine et de tous les changements que ça a apporté à notre façon de voir les choses. » Et je rigole comme un con dans mon coin alors que lui précise, pompier donc, j’ai affaire avec un héro de la nation, si ce n’est pas beau ça. Il n’y a pas moyen que le public ne nous soutienne pas avec ça, on va être les favoris c’est moi qui vous le dis ! « Franchement, c’est impressionnant, ça a dû être tellement horrible ces dernières semaines avec les incendies… » C’est une catastrophe écologique, rien que d’y repenser ça me désole de voir notre pays brûler de l’intérieur. Il y a régulièrement des feux, mais cette année ça a pris des proportions inimaginables.

On arrive à Redbank et par chance la présence des caméras nous aide beaucoup à trouver des personnes avec qui parler et du coup qui sont susceptibles de bien pouvoir nous aider. Nous avons perdu à peine quelques minutes et on touche le jackpot, on va encore avancer de cent cinquante kilomètres. On n’a quasiment pas parlé ensemble avec Kane, nous étions beaucoup trop occupés à présenter l’émission et de trouver de l’aide. On monte rapidement dans la voiture avec nos bagages, je regarde alors ma montre, on devrait être à Dalby vers dix-sept heures si tout se passe bien sur la route. « C’est plutôt toi pour le physique oui, c’est toi qui les as attirés, je n’ai fait que les convaincre avec des mots. » Kane commence à parler musique, pour le coup il va totalement me perdre, je suis vraiment zéro sur ce sujet, j’écoute très peu de musique et quand c’est le cas c’est plus de l’électro, dj qu’autre chose. « J’ai déjà fait du stop ouais, surtout quand j’ai voyagé dans d’autres pays pour économiser un peu, mais ce n’était pas aussi fructueux. » Que je rigole en lui annonçant ça. Un touriste avec un sac à dos presque aussi grand que lui, une dégaine qui pourrait faire peur et je passe sur les autres raisons, font que je n’ai jamais eu trop de chance pour trouver une voiture qui pourrait m’amener à un point précis. « Du coup c’est un peu par chance là et toi tu as l’habitude de ce genre d’émission ou de voyage ? » On a un peu plus d’une heure de route, je pense qu’on peut relâcher un peu plus la pression pour le moment. Il va être compliqué d’avancer une fois là-bas, il ne nous restera que deux heures pour continuer notre chemin et quelque chose me dit que ça sera plus compliqué pour avancer. « Après je pense qu’on peut remercier Balthazar et son collègue, ils sont tellement cool qu’ils attirent tous les regards. »

« Oh, tu n’as pas besoin d’être étonné, je reste un vrai gosse pour ce genre d’aventure. » Et c’est encore mieux. Je suis un vrai gosse pour pas mal de truc aussi. C’est pas drôle les gens qui se prennent trop au sérieux. On a le droit de continuer à rêver et s’émerveiller même si on a trente ans passé. Il est autant passionné que moi mais dans son propre domaine. Je sens que je vais apprendre pas mal de truc sur l’histoire pendant toute l’aventure. J’espère qu’il a des trucs cool à raconter. « J’adore les fun facts, hésites pas à partager. » Autant joindre l’utile à l’agréable, il va kiffer, je vais kiffer. « Franchement, c’est impressionnant, ça a dû être tellement horrible ces dernières semaines avec les incendies… » « Ouais… C’était pas la joie mais j’étais off duties à ce moment là, timing de merde… Mon année sabbatique a commencé juste avant et j’étais déjà en Angleterre quand c’est arrivé. » J’aime pas ne pas avoir pu aider directement. Alors j’ai fait des dons et j’ai essayé de pas être trop invasif auprès de ma brigade. C’était assez compliqué comme ça pour eux. J’avais juste un collègue qui me tenait au courant quand y’avait des trucs notables. Je l’en remercie encore.


Dans la 2e voiture...
« C’est plutôt toi pour le physique oui, c’est toi qui les as attirés, je n’ai fait que les convaincre avec des mots. » Liam est beaucoup trop gentil, il n’accepte pas mon compliment et j’ai du mal à accepter le sien aussi. Il est grave beau gosse lui aussi, faut pas qu’il fasse genre c’est pas le cas. Il a un air au gars qui joue dans Pearl Harbor. Le plus beau mec du film. Je l’ai revu y’a pas longtemps avec ma mère. J’ai eu l’impression d’avoir 10 ans de nouveau. « J’ai déjà fait du stop ouais, surtout quand j’ai voyagé dans d’autres pays pour économiser un peu, mais ce n’était pas aussi fructueux. » « J’ai jamais fait trop de stop en voyage, on a toujours eu un van avec nous mais pour rentrer chez moi quand j’étais plus jeune ouais. Quand j’avais pas encore de voiture. Les galères d’après soirées surtout. » Ca me fait rire de repenser à ça. « Du coup c’est un peu par chance là et toi tu as l’habitude de ce genre d’émission ou de voyage ? » « J’aime l’aventure, je suis déjà parti en voyages pendant 6 mois d’un coup mais je peux pas dire que j’ai l’habitude. Quand j’ai fait le tour de l’Australie y’a 10 ans on a tout fait par la côte donc rien à voir niveau itinéraire. » Ca reste un peu similaire au fond. Je connais pas beaucoup de monde qui soit parti gambader à ce point là dans notre beau pays. Je suppose. « Après je pense qu’on peut remercier Balthazar et son collègue, ils sont tellement cool qu’ils attirent tous les regards. » « Gerard. » Je lui donne le prénom du 2e cameramen qui vont certainement devenir des potes à nous d’ici la fin de l’aventure. « Ouais en fait j’avais pas pensé à ça mais ils vont nous faciliter la tâche. Les gens sont curieux. J’avoue je viendrais jeter un oeil aussi si je voyais un tournage dans le coin. » Je marque une pause. « Ce serait marrant qu’on tombe sur quelqu’un qu’on connait au milieu de cette course. » Je pars un peu dans mes pensées avant de reprendre. « Y’a quelqu’un que tu voudrais pas croiser du tout ? » Parce que bien sûr ça ne veut pas forcément dire une bonne rencontre.

Si seulement il savait, après je peux toujours être étonné, mais la plupart du temps que je parle Histoire avec des personnes qui n’en connaissent qu’un petit bout ou qui ne s’en intéressent pas vraiment ça part vite sur un ennui total de leur par alors je vais essayer de lui épargner ça. Ouais je sais, je suis un mec sympa, pas besoin de me le dire. « Oh, en soit c’est peut-être pas si mal, ça devait être encore plus dangereux que d’habitude. » Réflexion débile, il connaît son métier et ses risques, donc s’il le fait quand même c’est que ça ne lui importe que peu de mettre sa vie en danger pour sauver celle des autres. J’ai essayé d’aider à ma manière moi aussi, j’ai " adopté " deux koalas et un kangourou dont on me donne régulièrement des nouvelles et je ne regrette pas du tout d’avoir donné de l’argent pour les sauver et aider les secours à ma manière.

On avance tranquillement et je suis bien satisfait de notre départ, ça m’aide pas mal à me calmer sur ma carte et je vais pouvoir mettre mes neurones sur pause le temps de plusieurs minutes. Balthazar continue de tourner et de filmer notre conversation, si c’était gênant au début je commence peu à peu à m’habituer à sa présence et en plus de ça c’est un chic type, tout bénéf pour nous. « Je ne compte plus le nombre de nuit que j’ai pu passer dans un van aménagé de mon pote en allant surfer. Ça me rappelle des souvenirs tout ça. » J’en deviendrais presque nostalgique. Je l’écoute continuer sur sa lancer, à m’en dire un peu plus sur lui.  Ce petit instant me permet également de cerner un peu mieux le personnage en face de moi et contrairement au début de l’aventure il est beaucoup plus calme. « Je vois, je ne suis jamais parti aussi longtemps de l’Australie. J’ai dû partir grand max un mois je pense, peut-être deux si jamais je cherche bien, mais ouais, jamais plus longtemps. Ça doit être tellement plaisant en vrai. » Kane scande le prénom du deuxième caméraman qui nous suit de près derrière avec une voiture de l’émission alors que Balthazar nous fait signe qu’il est le meilleur des deux. « C’est un des trucs qu’on ne pourra jamais retirer à l’Être humain, sa curiosité. » La question de Kane est un peu bizarre, après tout qu’elle est la probabilité qu’on puisse croiser une connaissance dans cette aventure où il n’y a même pas vingt participants ? Si jamais ça doit vraiment arriver, je serais le premier à acheter un ticket de loto en rentrant chez moi, parce que je pense plus de chance de gagner le million que de croiser quelqu’un que je connais. « Franchement ? Personne, je ne suis pas vraiment le genre à me faire des ennemis et toi, quelqu’un que tu aimerais éviter ? » Je lève mes sourcils avec un grand sourire afin d’avoir une anecdote croustillante à me mettre sous la dent. « Ça ralentit là, non ? Il y a un problème John ? » J’espère que ce n’est rien de très grave, on est en plein milieu de rien du tout en fait, ça serait fâcheux qu’on termine bloqué ici.

« Oh, en soit c’est peut-être pas si mal, ça devait être encore plus dangereux que d’habitude. » Totalement. C’était l’enfer. Y’a eu des morts. Ca aurait pu être moi. Au fond c’était encore un timing parfait mon année sabbatique. Vu l’état psychologique dans lequel j’étais en décembre, y’a des fortes chances que j’aurai fait des conneries au boulot et que je finisse six pieds sous terre moi aussi au final.

« Je ne compte plus le nombre de nuit que j’ai pu passer dans un van aménagé de mon pote en allant surfer. Ça me rappelle des souvenirs tout ça. » Un surfeur. Je veux m’y remettre depuis que je suis revenu à Brisbane. C’est sur ma liste des choses à faire pendant tout mon temps libre. Je ne sais pas si je vais véritablement le faire mais si je m’y tiens, je vais être fier de moi. Liam ne lâche pas la carte des mains, des yeux, c’est très bien je la lui laisse. Il a l’air d’aimer gérer ça. Je suis pas contre non plus mais l’important c’est qu’on soit coordonné, pas qu’on commence à se battre sur qui gère la carte. On avance dans la bonne direction, pour l’instant, il gère. On change pas une équipe qui gagne. « J’ai dû partir grand max un mois je pense, peut-être deux si jamais je cherche bien, mais ouais, jamais plus longtemps. Ça doit être tellement plaisant en vrai. » Je confirme d’un signe de tête. C’est plus que plaisant de changer totalement de contexte pendant un moment. Après ça dépend ce dont les gens ont besoin mais de mon côté ça m’a toujours permis de me recalibrer. Dans ma tête, dans mon coeur.

Le signe de Balthazar me fait grave sourire. Si tout le monde a autant d’humour dans cette équipe qu’on forme tous les quatre, ça va être super cool toute cette aventure. Je suis déjà en train d’imaginer un grand barbecue dans le jardin - chez mes parents - avec tout le monde quand ce sera terminé. « Franchement ? Personne, je ne suis pas vraiment le genre à me faire des ennemis et toi, quelqu’un que tu aimerais éviter ? » J’hoche la tête. « Plusieurs même. » Tellement de gens qui m’ont pris pour un con tout le long de ma vie. Des petites amies, des gens que je pensais être des amis. J’ai aucune envie d’apercevoir leur ombre de près ou de loin. « Mais aussi des gens que j’aimerai bien voir. » Comme mon frère par exemple. On sait toujours pas où il est depuis ces années. Il nous donne pas d’info. Il peut être n’importe où dans le monde. Si ce n’était pas pour les quelques lettres qu’il envoie à notre soeur, je pourrais même penser qu’il est mort. Liam a de la chance de n’avoir aucune personne en tête de précis. Il a l’air d’avoir une vie tranquille. Je vais essayer de pas lui coller mes problèmes du coup. Non non, impossible. Je suis une nouvelle version de moi même depuis mon retour. Aucun problème. C’est fini. Je gère.

« Ça ralentit là, non ? Il y a un problème John ? »  Oh oh. Je regarde John, je regarde ensuite par la fenêtre et ouais, on est vraiment au milieu de nul part. Ca risque d’être compliqué de repartir d’ici s’il nous laisse sur le bord de la route. « Ca a l’air d’être juste une réduction de voie plus loin. Dois y avoir eu un accident ou quoi. Des travaux peut être. » John n’a pas l’air de vouloir nous dégager de la voiture. Il va jusqu’à Dalby dans tous les cas donc on y va avec lui. Peut importe le temps que ça prendra. « Je doute qu’il y ait beaucoup de choix de route pour aller jusque là bas. » Que je dis à Liam. Va falloir qu’on prenne notre mal en patience. Je me recale dans le siège avant de reprendre la conversation. « J’avais envie de reprendre le surf d’ici la fin de l’année. J’ai des bases mais je voudrais aller un peu plus loin que ça. Prendre le temps surtout. »

Dé:

Le petit hochement de la tête du blondinet me fait rire. Je m’attends déjà au pire, avec une liste interminable de personne qu’il peut bien détester pour x ou y raison raison, d’un simple mauvais regard échangé en passant par une bagarre après avoir bu un peu trop de bière et un séjour en garde à vue pour ivresse sur la voie publique. Oui j’aime bien me faire des films, la plupart du temps je suis dans le faux, mais je ne désespère pas pour autant. « Je suis avec un vrai petit diable en fait. » Je m’amuse de lui, ce n’est vraiment pas mon genre de me faire des ennemies. J’arrive toujours à trouver un compromis ou laisser tomber quand un sujet devient trop prise de tête. Je pourrais à la limite être plus rancunié et sanguin envers quelqu’un qui s’en prend à ma famille ou mes amis, mais sinon je ne vois pas vraiment ce qui pourrait m’amener à haïr une personne. « J’en ai plusieurs que j’aimerais bien voir moi aussi, mais la plupart ne sont pas du tout adepte de ce genre d’émission et ils doivent même être en train de se foutre de ma gueule à l’heure qu’il est. » Je pense plus particulièrement à Rüya qui m’a bien eu encore une fois, elle doit bien faire sa fière avec Marius en montrant qu’elle a réussi une nouvelle fois à me piéger. « T’es beaucoup moins bavard. J’ai parlé de quelque chose de sensible ? » Je m’excuse dans ce cas, ce n’était pas voulu. Il est vrai que l’on ne se connait pas encore très bien, alors j’ai bien pu faire une bourde en parlant d’un sujet peut-être encore un peu trop tendu.

La voiture ralentit et je commence à m’inquiéter. On est au milieu de nulle part, il n’y a quasiment personne sur la route à part les habitants du coin et pourtant John n’a pas l’air d’appuyer sur la pédale. J’en fais la remarque à Kane qui s’en aperçoit lui aussi tout de suite, il pense à un ralentissement venant de la route, mais j’ai plus l’impression que ce vient de notre voiture et pas autre chose. Je demande à John si tout se passe bien, mais il préfère s’arrêter sur le bas-côté et de relever le capo de la voiture, il nous dit de ne pas nous inquiéter, mais c’est quand même compliqué de l’écouter. « Tu as déjà fait du surf ? » Kane arrive à récupérer mon attention en parlant de quelque chose que je connais. Je ne sais pas trop où il veut en venir, mais on pourrait largement de faire une session de surf à l’occasion, je suis le premier à sauter sur ma planche dès que c’est possible. « Tu en as fait pendant longtemps ? On peut dire que je suis limite né avec une planche entre les deux mains pour ma part. » L’atmosphère se détend un peu plus alors que le temps passe petit à petit et que ça va faire maintenant quinze minutes que John se bat avec sa voiture. J’aime bien discuter avec mon compagnon de route, mais je n’arrive pas à me sortir de la tête que c’est quand même comme une course contre la montre à laquelle on participe. « Tu penses qu’on devrait aller l’aider ? » Je n’y connais pas grand-chose en mécanique, mais je prends quand même la décision de sortir de la voiture et de rejoindre notre nouvel ami qui risque de ne plus l’être très longtemps s’il nous annonce qu’on va rester bloquer ici pour un petit moment en attendant une dépanneuse.

« Je suis avec un vrai petit diable en fait. » Il me fait beaucoup rire de me qualifier de la sorte. Je sais qu’il plaisante mais il a pas tout à fait tort. Je m’identifie tellement à certaines chansons qui parlent d’être un monstre, un démon, quelqu’un d’horrible. Mais je ne vais pas plus loin dans ma réflexion, je vais surtout pas aller là dessus parce que ça serait juste parfait pour casser toute l’ambiance. On est qu’au début de l’aventure. « J’en ai plusieurs que j’aimerais bien voir moi aussi, mais la plupart ne sont pas du tout adepte de ce genre d’émission et ils doivent même être en train de se foutre de ma gueule à l’heure qu’il est. »

« Si ils sont pas adepte ils vont peut être même pas te voir. » Sauf s’il en a parlé de lui même. J’avoue je serai comme ça moi aussi. A dire mes conneries à mes potes même si je sais qu’ils vont se foutre de ma gueule. C’est l’amour vache. C’est l’amour quand même. C’est mieux que l’indifférence. « T’es beaucoup moins bavard. J’ai parlé de quelque chose de sensible ? » J’hausse les sourcils en l’entendant. « Oh. Non. Non je crois pas. Mais je me perds facilement dans mes pensées… »

J’ai pas envie qu’il pense qu’il a fait quelque chose de mal ou quoi. Des chances que je continue de penser à Charlie jusqu’à la fin de cette première étape parce qu’on va à CHARLEVILLE. Comme si le jeu était en train de me mener jusqu’à elle. J’aimerai bien. Peut être, on verra, on sait pas comment sera la suite après l’aventure. « Tu as déjà fait du surf ? » Je fais oui de la tête. « Tu en as fait pendant longtemps ? On peut dire que je suis limite né avec une planche entre les deux mains pour ma part. »

« Wow à ce point là ? Tu dois être super doué. Faudra tu me fasses une démo. » Sauf qu’on est pas du tout au bord de mer pendant cette course. Je suis en train de prévoir l’après jeu, ou peut être à Perth. « Après notre victoire à la ligne d’arrivé. » Large sourire amusé aux lèvres alors que Liam est en train de s’inquiéter de la situation sur la route. C’est vrai qu’on a pas bougé depuis un moment là. C’est pas très bon pour notre partie. « Tu penses qu’on devrait aller l’aider ? »  « Ouais, allons voir. On sait jamais. » J’y connais rien en mécanique mais s’il a vu un truc qui va pas, autant jeter un oeil si jamais on peut faire avancer les choses avec plusieurs de nos cerveaux sur le cas.

Dé: