Les évènements des jours, des semaines précédentes même, avaient chamboulé l’esprit de Lennon. Bien qu’ils n’étaient pas si transcendants qu’ils pouvaient paraître et que d’autres personnes sur Terre avaient des problèmes bien plus graves que les siens, Lennon ne s’était jamais sentie aussi triste depuis un moment. Et seule aussi, pour être juste. Elle avait eu beau faire appel il y a quelques temps aux précieux conseils de Mila (une personne importante de sa vie désormais), elle avait encore la dure impression d’être incomprise. C’était dur de l’être surtout quand elle avait du mal à comprendre ce qu’elle ressentait depuis quelques temps. La dernière conversation avec Jordan datait d’une semaine, mais pour Lennon ça semblait être une éternité. Pas un seul message, pas un signe de vie sur les réseaux sociaux. Pas étonnant, en fin de compte, quand on se remémore la nature de leurs échanges et le comportement de la jeune femme. Elle avait été imbuvable avec lui, comme elle avait tendance à l’être en sa présence lorsqu’elle était à son travail ou dans un endroit où elle ne devait pas perdre le contrôle de ses émotions. C’était tout à fait normal qu’il l’ignore depuis les faits. D’ailleurs, il ne lui avait pas adressé un seul regard au moment où elle avait quitté le vernissage.
Tous ses souvenirs, Lennon les remémorait sans cesse, allongée sur son lit fixant le plafond. Elle avait déjà tenté d’envoyer des messages en écrivant maintes formules d’excuses, mais les supprimait aussitôt, se ravisant de mettre sa fierté de côté. Puisque c’était toujours ce défaut qui lui faisait faire de la merde dans ses relations, peu importe la nature de celle-ci. Aujourd’hui sa fierté nuisait clairement à sa relation complexe avec Jordan. Elle essayait de comprendre ce sentiment qu’elle ressentait quand elle le voyait et pourquoi elle s’efforçait à le refouler. Pourquoi se sentir si bien avec lui ? Ils n’avaient rien à voir tous les deux. Elle ne savait pas si c’était de l’amour ou de l’affection, elle ne savait pas si elle était amoureuse de lui. Mais tout ça la faisait clairement chier et brouillait son esprit depuis une semaine, l’empêchant d’être productive ou de penser à autre chose. Il fallait que tout ça cesse, il fallait que ce silence entre eux cesse. Lennon voulait faire en sorte d’arranger les choses. Elle avait trop été habituée à avoir un signe de vie régulier de Jordan, trop habituée à ce que le destin le mette sur sa route. Ça faisait une semaine qu’elle ne l’avait pas vu et lui manquait presque. C’était elle la seule responsable de cette distance et la seule solution (pour ne pas compliquer la situation plus qu’elle ne l’était déjà) était de s’excuser. Tout simplement. La jeune femme déglutit à cette pensée. Elle n’était pas du genre à reconnaître ses torts et c’était assez compliqué pour elle, en général, de lui arracher un simple « désolée ». Lennon soupira et se leva d’un bond de son lit, enfilant son manteau sans réfléchir cette fois-ci.
« S’en est assez. » Elle ne prit pas le temps de se changer et resta vêtue de son pyjama rose et blanc, coiffée de son chignon approximatif. Elle savait que si elle prenait le temps de se préparer, elle changerait d’avis. Une quinzaine de minutes plus tard, elle trouvait devant la porte d’entrée de la maison de Jordan, sa voiture garée à quelques pas d’ici. S’en était assez de cette situation. Elle en avait assez de cette situation, de ces chamailleries et cette ambiguïté avec Jordan. Elle en avait marre de ressentir quelque chose qui n’était pas réciproque. Marre de se torturer l’esprit, marre d’avoir de faux espoirs. Il était temps d’arrêter tout ça, mais de tout d’abord s’excuser. Lennon prit une grande inspiration. C’était sans doute la décision la plus mature qu’elle avait pris depuis un moment. Le poignet levé devant la porte, prêt à taper plusieurs coups pour signaler sa présence au propriétaire de la maison. La tension était palpable, son cœur se serrait et son rythme s’accélérait. Au dernier moment, elle fit volteface se résignant à retrouver sa voiture mais à rentrer chez elle.
« Bon, allez. » Une faible décharge d’adrénaline lui fit changer d’avis et se retrouva une seconde fois devant la porte. Lennon toqua sans réfléchir.

@Jordan Fisher

Dans ton studio - pour changer - tu passes tes nuits à bosser en ce moment. Est-ce que c’est pour t’occuper l’esprit ? Peut être. Mais tu répondras que tu es passionné et que t’as plein d’idées qui se bousculent dans ta tête ces derniers temps. Tu as écrit quelques chansons. Tu finalises les démos - qui soyons honnêtes, sont d’une pure qualité. Tu les appelles juste démo parce qu’elles vont certainement changer par la suite, comme… ne pas être chanté par toi au final. Tu sais pas encore si t’as véritablement envie de percer à jour en tant qu’artiste solo. Ca te fait flipper en réalité d’affronter tout ça seul sans personne. T’as pas non plus envie de monter un groupe parce que c’est beaucoup de prise de tête. T’as jamais été dans un groupe toi même mais t’es pas du genre à aimer faire des concessions quand les chansons te tiennent fort à coeur. C’est pour ça que t’as fait tout tout seul pour les chansons à ton nom. Bref, c’est un bordel sans nom dans ta tête, ces mixed feelings de tous les côtés. Alors tu continues surtout ton boulot de producteur et compositeur. T’as pas prévu de sortir une nouvelle chanson originale à ton nom, même si t’en as finalisé une y’a pas longtemps. Ce genre de chansons qui sont beaucoup trop perso pour que tu la donnes à qui que ce soit. Elle a juste été rejoindre la centaine de chanson que t’as jamais sorti. Peut être un jour.

Tu as envoyé quelques extraits du son sur lequel tu bosses et ton pote Johnny t’a envoyé en retour quelques vibes qui collent grave. Oh my god. T’aimes trop. Il a une bien meilleure voix que toi. La sienne s’apparente plus à Tyler Carter ou Kellin Quinn et c’est justement ce dernier que tu vises pour cette chanson. Tu veux en faire une qui pète le feu, la lui proposer et voir ce qu’il en dit, s’il veut collaborer avec toi. T’aimerais trop. T’as son numéro… T’as son email… I’ll send an email. Tu oseras jamais lui téléphoner.

Ca frappe à ta porte et tu sais que ça doit être Johnny. Il habite pas loin, dans le même quartier. Ce serait pas la première fois qu’il fait irruption chez toi en pleine nuit pour faire quelques améliorations de la chanson en cours de création. Tu sors du studio, la porte d’entrée juste en face. T’es vêtu d’un débardeur noir et d’un short rose pâle Trophy Eyes. T’as un large large sourire aux lèvres parce que tu sais que c’est Johnny. Tu ouvres la porte.

« You fuck so much with… » that song, you couldn’t help coming around within a few minutes. Mais t’as pas le temps de dire la suite de ta phrase parce que c’est pas du tout Johnny en face de toi. C’est Lennon. What ? En plus y’a un truc pas comme d’habitude mais t’arrives pas à mettre le doigt dessus. C’est juste qu’elle est pas coiffé et elle est en pyjama mais tu captes pas vraiment. Juste y’a un truc différent. Et t’es bloqué de la voir là. « Hi… » T’es confus. La main sur la poignée de ta porte toujours, tu jettes un coup d’oeil dans la rue derrière si y’a pas quelqu’un d’autre ou quoi. Johnny. Tu sais pas mais t’es confus là. Tes yeux qui se reposent sur Lennon et toi qui essaie de pas penser trop fort combien elle ressemble à Rosa.  

La clé dans le verrou se fit entendre, la poignée se baissa. Tout ça dura quelques secondes mais pour Lennon, ce fut une éternité. Elle avait arrêté de respirer et arrêté de penser. Ses yeux et son esprit étaient seulement concentrés par la poignée. C'était sur et certain qu'il ne s'attendrait pas à la voir. Peut-être allait-il être étonné ou choqué ? Peut-être énervé au point de la jeter dehors ? Enfin, elle était déjà dehors techniquement, mais peut-être qu'il lui ordonnerait de rentre chez elle. Ce moment durait une éternité et Lennon allait mourir de stress sur le seuil de la porte. « Hi… » Lennon se sentit moins seule dans son pyjama car il n'était pas très bien habillé non plus. Au moins, ils seraient deux dans le ridicule vestimentaire. Il était confus et ça se voyait à sa façon de la regarder et à la façon dont il avait prononcé cette simple syllabe en guise de salutations. Et là voilà plantée là, sur le paillasson, en face de la cause de tous ces maux. Maintenant, Lennon, la suite du plan c'est de répondre et pas de s'enraciner sur le seuil de sa porte. « Je sais que c'est un peu tard, je dois sans doute te déranger mais... J'ai deux/trois choses à te dire. » Les mains jointes, les doigts entremêlés, elle inspira profondément. Elle plongea son regard dans celui de Jordan pour capter son attention au maximum. Elle ne devait pas réfléchir au pourquoi du comment elle en était arrivée là, ni au pourquoi du comment elle voulait dire tout ce qu'elle avait sur le coeur ce soir. Elle ne devait pas réfléchir car elle risquerait de faire marche arrière. Dans ce cas-là, elle n'aurait pas de seconde chance. C'était maintenant ou jamais. « Je suis désolée. Désolée de t'avoir ignoré et d'avoir été froide avec toi la semaine dernière au vernissage. La rancœur m'a rendue odieuse. Savoir que tu as parlé de toute cette histoire à Grace m'a rendue intérieurement furieuse parce que ta liste m'a humiliée. Mais je ne peux pas t'en vouloir éternellement, c'est la vie. C'est comme ça. Je suis d'ailleurs désolée de t'avoir envoyé chier l'autre fois aux studios. En fait, je crois que je suis désolée pour mes changements d'attitudes. Pour être honnête, c'est en partie de ta faute. » Ce n’est pas ce qu'elle voulait dire, et ce n'était pas la bonne formulation non plus quand on voulait se faire excuser. Mais elle allait s'expliquer. « Je veux dire... Lorsque l'on s'est croisé aux studios d'ABC, j'ai compris que tu me plaisais. Tu me plais alors que rien ne nous rassemble. Ça m'a effrayé parce que ce n'était pas la seule chose que je ressentais. En rentrant, je me suis remémorée le mariage, et la soirée sur la plage... J'ai remarqué qu'avec toi je me sentais moi-même, la vraie Lennon. Celle que tu vois actuellement en chignon et en pyjama. Pas la Lennon toujours présentable, tirée à quatre épingles, overbookée, control freak, stricte avec ses collègues de travail. Non avec toi je suis moi. C'est pour ça que des fois j'étais imbuvable. Tout simplement parce que j'avais peur de ce que je ressentais à tes côtés. Et ce baiser n'avait que confirmé les choses. Et ça m'a fait peur. Puis ta stupide liste, je l'ai pris comme une trahison indirecte parce qu'avec toi ma carapace s'était naturellement envolée, et ton message eut l'effet d'une claque. Ce n'était pas réciproque de ton côté et je l'ai mal vécu. Mais je veux m'excuser pour mon comportement, m'excuser d'avoir compliqué les choses avec ce baiser. Parfois je regrette juste la soirée du mariage, on ne se connaissait pas et tout était simple pour moi. » Lennon respira enfin. Tout était dit, elle avait craché le morceau. Elle avait ravalé sa fierté et ça faisait des lustres qu’elle ne l’avait pas fait. Les choses étaient claires désormais pour Jordan.
« J’ai bien compris qu’il n’y aura rien de ton côté. Je ne veux pas forcer. Je pense que la meilleure chose pour nous deux est de ne plus se voir. Bref, je t’ai tout dit. Tu en fais ce que tu veux. Bonne fin de soirée. » Le temps qu’elle le sorte de sa tête et le temps qu’il gère ses problèmes de son côté. Elle lui tourna le dos, et descendit les petites marches qui menaient au trottoir. Elle n’attendait pas qu’il la retienne ou qu’il lui réponde. Elle avait tout dit, ça lui avait fait mal de mettre sa fierté de côté. Mais au moins, elle était soulagée.

« Je sais que c'est un peu tard, je dois sans doute te déranger mais... J'ai deux/trois choses à te dire. » Oh my god. T’as aucune idée de ce qu’elle va dire mais tu sais pas pourquoi tu te dis que ça pue cette affaire là. Qu’elle se pointe au milieu de la nuit en pyjama. Nah she’s not in pyjamas. Is she? Ca y est, t’as peut être remarqué alors qu’elle se triture les mains. « Je suis désolée.  » What?
« Désolée de t'avoir ignoré et d'avoir été froide avec toi la semaine dernière au vernissage.   » What?
« La rancœur m'a rendue odieuse. » What?
« Savoir que tu as parlé de toute cette histoire à Grace m'a rendue intérieurement furieuse… » Fuck.
« Mais je ne peux pas t'en vouloir éternellement, c'est la vie. » What?
« C'est comme ça. Je suis d'ailleurs désolée de t'avoir envoyé chier l'autre fois aux studios.  » What?
« En fait, je crois que je suis désolée pour mes changements d'attitudes. » Oh my god.
« Pour être honnête, c'est en partie de ta faute.» What? Confirmation que t’as été un connard sans t’en rendre compte. Ca te rend triste.
« Je veux dire... Lorsque l'on s'est croisé aux studios d'ABC, j'ai compris que tu me plaisais. » Oh my god.
« Tu me plais alors que rien ne nous rassemble. » Fuck.
« Ça m'a effrayé parce que ce n'était pas la seule chose que je ressentais. » What?
« En rentrant, je me suis remémorée le mariage, et la soirée sur la plage... J'ai remarqué qu'avec toi je me sentais moi-même, la vraie Lennon. » What?
« Celle que tu vois actuellement en chignon et en pyjama. » She is in pyjamas.  
« Pas la Lennon toujours présentable, tirée à quatre épingles… Non avec toi je suis moi. » Oh my god.
« …j’avais peur de ce que je ressentais à tes côtés. » Oh my god.
« Et ce baiser n'avait que confirmé les choses. » I’m an ass.
« Et ça m'a fait peur. Puis ta stupide liste… » I’m a fucking ass.
« …Ce n'était pas réciproque de ton côté et je l'ai mal vécu. » I’m sorry.
« Mais je veux m'excuser pour mon comportement… » What?
«… m'excuser d'avoir compliqué les choses avec ce baiser. » What?
« Parfois je regrette juste la soirée du mariage, on ne se connaissait pas et tout était simple pour moi. »  I’m sorry. Elle s’arrête. Dis un truc Jordan. Mais tu vas éviter de parler trop vite pour dire encore de la merde et aggraver tout ça. Sauf qu’elle reprend, elle a pas fini. « J’ai bien compris qu’il n’y aura rien de ton côté. Je ne veux pas forcer. Je pense que la meilleure chose pour nous deux est de ne plus se voir. Bref, je t’ai tout dit. Tu en fais ce que tu veux. Bonne fin de soirée. » Et elle est déjà en train de se tourner pour partir. Définitivement tu peux pas la laisser filer sans avoir rien dit après tout ça.

« Attend… » Tu fais quelques pas pour la suivre, tu poses une main sur son épaule pour qu’elle se retourne de nouveau. « Je suis désolé moi aussi… Je… » Tu veux t’excuser pour plein de trucs, tu précises pas aussi clairement qu’elle parce que t’as pas de cerveau et qu’elle t’ait dit tout ça n’aide en rien à réfléchir correctement. Tu t’y attendais pas du tout. Rassemble tes pensées ET PLUS VITE QUE CA JORDAN. Elle doit être en train de mourir intérieurement d’avoir oser te dire tout ça.

« Je sais pas quoi dire je… C’est con que ce soit devenu compliqué. » Tu te mordilles la lèvre. « Je comprends que tu veuilles plus me voir… » Même si je vais être triste parce que j’aime passer du temps avec toi. « Je sais pas si c’est une bonne idée ou quoi mais… » Tu marques une pause avant de reprendre. Clairement pas une bonne idée Jordan. Tu le sais. « I really wanna hug you right now. » Confirmation. Pas une bonne idée. Mais c’est aussi ce que t’as envie de faire là maintenant. Elle a l’air tellement triste et toi aussi t’es triste parce que t’aimes sa compagnie à cette meuf lunatique qui t’en fait voir de toutes les couleurs.

Jordan posa sa main sur son épaule alors qu’elle avait à peine eu le temps de fouler le trottoir. Mais son esprit ne fit pas attention à sa main, trop occupé à s’auto-insulter d’avoir tout déballé. « Attend… » Elle avait comme vomi sur son paillasson tout ce qu’elle ressentait depuis les dernières semaines. Chacun de ses mots lui avaient arraché la gorge, mais cela la soulageait indéniablement. Comme quoi, mettre sa fierté de côté et dire tout ce qu’on avait sur le cœur avait du bon. « Je suis désolé moi aussi… Je… » Non, tais-toi Jordan. Elle était déjà assez mal comme ça, pas besoin d’en rajouter plus. Surtout qu’il n’avait rien à dire, rien à répondre. Mis à part, peut-être, s’excuser de l’avoir laissé dans la confusion en lui écrivant une chanson ? Même pour ça elle ne lui en voulait plus. Il devait être perdu, entre sa femme décédée et tout ce qui s’en suivait… Lennon faisait enfin preuve d’empathie à son égard. Si elle voulait passer l’éponge sur cette histoire, il fallait essuyait l’amertume qui allait avec et se mettre à la place de l’autre. « Quoi ? » Elle se retourna vers lui, un air lassé sur le visage. Elle avait juste envie de rentrer chez elle, de se cacher sous la couette et attendre le lendemain. Demain sera un autre jour et toute cette histoire ne sera que du passé. « Je sais pas quoi dire je… C’est con que ce soit devenu compliqué. Je comprends que tu veuilles plus me voir… » Elle n’aurait pas dû se retourner quand il l’avait rattrapé. Continuer cette conversation était inutile, et ne servirait qu’à radoter ce qui s’était déjà dit. Mais elle resta silencieuse, parce qu’il avait tout d même droit à son temps de parole lui aussi. C’était ce soir ou jamais pour s’excuser ou se reprocher des choses parce qu’en suite ils ne passeront plus de temps ensemble. « Je sais pas si c’est une bonne idée ou quoi mais… » Elle haussa un sourcil. « I really wanna hug you right now. » Le visage impassible, elle l’analysait pendant de longues secondes. Immobile en face de lui, incrédule. Mais il était juste totalement con. Cette idée ne lui avait pas du tout traversé l’esprit, elle n’en avait pas envie et ça n’allait que compliquer les choses. Encore plus. Ce type était juste incompréhensible et sur ce coup-là difficile de se mettre à sa place pour comprendre ce qui se tramait dans ses pensées. « Why… » Pourquoi vouloir la prendre dans ses bras ? Lui faisait-elle pitié ? C’était pas bien difficile, une Lennon à 23 heures sur le palier en pyjama, ça faisait plus que pitié. Elle la toisa pendant quelques secondes. Sa tête de con, ses idées débiles, ses tatouages, leur complicité… Pleins d’éléments qui lui firent changer d’avis, et elle fit un pas vers lui. Un pas mesuré, prudent. « I know it's complicated to follow me, but you're not easy to understand either. » Entre son premier pas et ses mots, elle s’était lentement et prudemment rapprochée de lui et sa tête se posait précautionneusement sur son torse, ses bras enserrant doucement sa taille. Elle ne savait pas pourquoi il avait besoin d’un câlin maintenant tout de suite. Mais si c’était ce qu’il voulait… Après tout, elle lui avait demandé un baiser et il lui avait donné, sans discuter, sans chercher à comprendre. Elle n’allait pas rechigner pour un câlin, parce qu’elle le voulait aussi surtout. « I thought about everything I said to you, but I am reluctantly making this decision. I wish it had happened otherwise. » Elle se blottit un peu plus dans ses bras. « But… nothing. » Rien, en fait. Elle n’avait plus rien à dire ou du moins elle se retenait de lui demander pourquoi, parfois, il agissait en total désaccord avec ses paroles.

Ca se voit dans ses yeux qu’elle a pas envie que tu dises de la merde mais toi t’y vas à fond. Elle t’implorait silencieusement d’arrêter tes conneries mais… Nope. Tu te rends pas compte. T’as juste vraiment envie de la prendre dans tes bras là et… C’est assez notable comme action de ta part. T’es pas du genre à te laisser aller de la sorte avec le premier venu. Mais là, t’en meurs d’envie de la tenir contre toi et de lui enlever cette moue toute triste qu’elle a sur le visage. Mais c’est trop compliqué. « Why… » Oh bordel elle veut que tu mettes d’autres mots sur ton envie. Why not? Nan ta gueule Jordan dit pas ça. Why is this all that much complicated? « I know it's complicated to follow me, but you're not easy to understand either. » Tu fronces le nez en l’entendant. Elle a raison. She is also coming closer. Pour finir par posé sa tête contre ton torse. T’aurais pas cru qu’elle te laisserait faire. Ses bras qui se glissent autour de toi. Tu fais de même, la serrant doucement. Tes yeux qui se ferment. Ton coeur qui bat légèrement plus vite de part ce geste qui est intime pour toi. Thank you. Parce que visiblement, t’en avais plus besoin pour toi, même si t’espères qu’elle va aller mieux au passage. Tu rêves. Tu restes silencieux. Tu veux pas rompre ce moment de manière prématuré. Tu sais très bien que tu peux dire une belle connerie qui va l’enrager et la faire partir au pas de course. On va éviter. « I thought about everything I said to you, but I am reluctantly making this decision. I wish it had happened otherwise. » I wish too… Pourquoi c’est si compliqué ? « But… nothing. » Hmmm… Elle se retient d’ajouter un truc et toi tu serres un peu plus tes bras autour d’elle.

« I… »

ATTENTION JORDAN, réfléchit avant de parler. Du coup tu te coupes et tu prends le temps.

« You’ve been so honest I’m trying to do the same. I… » Toi qui est toujours honnête Jordan pourquoi tu galères autant ce soir. L’avoir dans tes bras ça te perturbe ? Tu flippes d’arrêter d’être dans le déni et te mettre devant la réalité de la situation ? Parce que ouais, y’a quelques éléments qui sont entrés en lumière ces derniers jours. Murphy a quitté la ville. Tu dois te faire une raison. Tu poses ton menton sur sa tête. She’s so small. « I’m just… Lonely. So yeah maybe I needed this hug more than you. I’m sorry. I’m an ass. If you want to slap me, I take it… » Tu murmures. Tu sens que tu dis rien pour arranger tout ça mais de toute façon, c’est mort. Elle veut plus te voir alors autant juste dire le fond de ta pensée. Comme elle l’a fait. « Seems like I don’t mind your hands on me. » Franchement Jordan ferme ta gueule. Elle va vraiment t’en mettre une. Come at me. Mais c’est que tu as envie en plus ? Maybe… Tu penses que tu le mérites. I’m an ass… Parce que t’es en train de faire pareil qu’avec ta liste. C’est juste à toi que tu penses là. T’es égoïste.

Elle ne se défait pas de toi pour autant. Après que tu aies fini de parler. Tu l’entends même soupirer. Tu sais pas si c’est bon signe ou pas. Elle peut soupirer en roulant des yeux parce qu’elle en a marre de ce que tu racontes. Mais non. Elle bouge pas. Elle est toujours contre ton torse. T’as toujours ton menton sur le haut de sa tête et t’aimes beaucoup trop cette étreinte. Elle se resserre même. Ok… Y’a plus de doute qu’elle n’a sûrement pas rouler des yeux. Elle serait pas en train de chercher encore plus de proximité. Elle caresse ton dos. Ok… Tu sais qu’elle a sa tête sur ta poitrine. Tu sais aussi que y’a ton coeur qui bat dans ta poitrine. Tu sais parce que combien de fois Rosa t’a taquiné de sentir ton coeur battre si vite. C’était juste le résultat de sa proximité et tout l’amour que tu lui portais. J’ai bien peur que ça veuille dire que tu ressens des trucs pour Lennon, Jordan. Hmmm… Cependant t’essaies de te mettre dans la tête que c’est que de l’égoïsme. Normal. Tu veux juste des câlins avec une personne qui a envie de t’en donner aussi. Une personne avec qui t’aimes passer du temps. Yeah ok, I have feelings for her. But it’s not love. Ca n’a tellement rien à voir avec ce que tu as connu jusque là dans ta vie en matière d’amour. Elle est juste la bonne personne, au bon moment. Ce moment où tu te sens vraiment très seul. « I feel alone too.  » Oh my god. Tes bras qui se resserrent plus autour d’elle. « I hide behind my timetable, but at night in my bed, I remember that I am alone. And it makes me sad, until the morning and I go to work and I forget the time of a day. » Tu comprends tout à fait ce qu’elle veut dire. Ces derniers jours c’était le pire niveau solitude. Ces jours depuis cette nouvelle… « So your hug is a good bad idea. » Tu souris en l’entendant dire ces mots là. « I don't want to stop seeing each other, actually. » Oh my god… Et ton visage qui se baisse pour que se soit ton nez qui se retrouve sur le haut de sa tête. Ton nez, mais aussi tes lèvres. Tu restes un moment sans parler parce que t’es en train de traiter les infos de tout ce qu’elle vient de te dire. Ton coeur qui bat plus vite et tu respires l’odeur de ses cheveux qui est plus qu’agréable. Tu caresses doucement son dos et brise le silence… « Do you want to come in ? »

Elle se sentait toute petite dans les bras de ce grand Jordan et lui aussi semblait se plaire dans cette étreinte. Rien qu’à en juger la façon dont il la collait plus à lui. Il accentuait d’ailleurs son emprise au moment où elle lui avouait se sentir seule aussi. Elle ne s’était pas imaginé la situation comme ça. Sur le trajet en voiture, elle avait pourtant anticipé mille et une situations. Toutes, mais pas celle-là. Il l’avait prise au dépourvu avec son câlin et c’était peut-être la meilleure finalité de cette histoire. Mais elle devait rentrer chez elle, même si c’était à contre cœur. C’était nécessaire. Pourtant, Jordan ne semblait pas du même avis. « Do you want to come in ? » La situation prenait un tout autre tournant, ça aussi elle ne l’avait pas envisagé. Arrêter de parler à Jordan allait être définitivement compliqué. Puisque même sur le point de se dire au revoir, ils trouvent un moyen de relancer. Ce n’était pas une bonne idée du tout. Lennon était venue pour dire tout ce qu’elle avait sur le cœur pour se l’alléger et puis rentrer chez elle. Il n’était pas question de faire un détour dans le salon de Jordan. « Yes. » Un tout petit oui murmurré du bout de ses lèvres, qu’elle n’avait pas hésité à sortir. Ils se séparèrent de leur étreinte, coupant la connexion qui s’était créé entre eux durant. Elle se détachait lentement de lui. Évidemment, elle dit oui. Lennon ne suivait rien du plan qu’elle s’était fixée. De sa to do list, elle avait seulement coché « tell him what you think » mais en ce qui concernant les tâches « go home » et « don’t see him again » : c’était un flop total. Elle pouvait les raturer désormais. De toutes façons, avec Jordan elle ne suivait rien pas étonnant que maintenant, elle le suivait déjà à l’intérieur dans sa maison longeant un couloir menant à une porte et à un escalier. Jordan prit les escaliers. « What is that door over there ? » Elle montait les escaliers derrière lui et il ouvrit une porte. Ils étaient sans doute dans son appartement. Lennon remarqua tout de suite le portrait de Grace accroché à son mur. Il l’avait acheté finalement. Elle sourit. « What were you doing before I got there? you were waiting for someone? » Elle s’appuyait au plan de travail de sa cuisine et le regardait ranger de trois bricoles. Elle avait l’impression de sentir ses bras chauds autour d’elle. Lennon, en tant qu’architecte d’intérieur ne pouvait s’empêchait d’analyser les lieux. C’était très spacieux et rangé. Même s’il s’affairait quand même à remettre certaines choses à sa place il n’y avait rien à dire. Lennon portait énormément d’importance au rangement, et Jordan gagnait des points. Son regard se posa sur un meuble avec beaucoup de photos, dont une qui semblait représenter la femme de Jordan. Mais elle n’osait pas scruter la photo de plus près pour voir si leur ressemblance légendaire était avérée. Elle ne voulait pas mettre mal à l’aise Jordan ou créer une gêne entre eux. Ok, il avait fait certains trucs motivés par cette ressemblance, elle lui en avait voulu, elle avait trouvé ça creepy mais en y réfléchissant… C’était peut-être logique. Elle fermait les yeux sur tout ça, en espérant que maintenant il n’agirait plus dans ce sens. Elle l’avait envie de soulever le fait qu’il avait énormément de CD’s, mais préférait se taire parce qu’elle savait qu’il allait vouloir écouter de la musique ensuite. Ce n’est pas qu’elle détestait ce genre de moment avec Jordan, mais pour l’instant, elle n’avait pas envie d’en écouter. Cela aurait pour effet de briser ce calme, sérénité qui s’était installée entre eux. « You are well here, you decorated everything well. I like your decorations "skulls of all colors"»

« Yes. » And breathe. Tu t’étais même pas rendu compte que tu avais retenu ta respiration jusqu’à ce qu’elle réponde à ta question. C’est carrément pas une bonne idée mais apparemment tu décides de proposer toutes les mauvaises idées. Apparemment, elle décide de te suivre encore. Two wrongs make a good time. L’étreinte touche à sa fin mais tu prends sa main pour l’entrainer jusqu’à l’intérieur. Un geste qui se fait le plus naturellement du monde et tu essaies de ne pas y réfléchir plus que ça. « What is that door over there ? » Tu regardes de quoi elle parle même si ça ne peut être que la porte du studio puisqu’il n’y a que celle là. Ton garage est accessible par une porte plus loin dans ce même couloir.

« My office. » Pourquoi t’es obligé de faire genre. Tu reprends ton sérieux. « My studio. » Et puis une fois dans ton appart’ tu regardes un peu partout si c’est présentable. Tu lâches la main de Lennon maintenant que vous êtes à destination. « What were you doing before I got there? you were waiting for someone? » C’est vrai ça, t’étais en train de faire un truc et t’as complètement zappé. Tu vas enlever ton assiette et tes couverts utilisés un peu plus tôt, de ta table basse pour aller les mettre dans l’évier de la cuisine. C’est pas le bordel en vrai. Y’a juste une pile de CDs posé sur la table à manger. Tu viens de les recevoir. Ils sont pas encore rangés. T’as acheté le dernier album de Loathe, le dernier de Holding Absence, y’a un EP de Simple Creatures et quelques classiques qui manquaient à ta collection. Parmi eux, la bande original de Twilight et Moulin Rouge. Y’a juste un vinyl parmi tout ça, de Simple Creatures encore mais l’autre EP qu’ils ont sorti.

« I was working on a new song… » Cliché de fou mais aussi la vérité. Comme elle, tu as mis ton nez dans ton travail encore plus ces derniers temps. Tu prends tellement ton pied à chaque fois que tu te rends pas totalement compte que tu essaies juste de te changer les idées. C’est juste comme ça depuis toujours dans ta vie. Tu t’évades dans la musique pour pas penser à tout ce que tu ressens. Pour en faire de l'art.

« A mate gave me a few inputs on it. He lives nearby. » Tu remets ta bouteille d’eau au frais alors que tu regardes Lennon appuyé sur le plan de travail. Elle t’observe. Une fois le frigo fermé tu cherches quoi faire de toi pour pas que ce soit gênant. Elle analyse l’endroit t’as l’impression, ses yeux qui sont allés un peu partout. « You are well here, you decorated everything well. I like your decorations "skulls of all colors » Tu t’appuies aussi sur le plan de travail en face d’elle.  « Thanks. » Tu laisses passer un moment dans ce silence qui vous enveloppe aussitôt à chaque fois.

« Are you cold ? » Parce qu’elle a toujours son manteau sur elle. Tu sais pas pourquoi tu dis ça à voix haute. Ca sous entend tellement que tu peux lui rendre de la chaleur si elle a envie. T’es en shorts débardeur et elle a un manteau et un pyjama long. « Come on, show me your pyjama. » Ca te fait sourire mais ça te fait aussi grave kiffer. I really love it. Surtout que ce que tu portes sur toi fait office de pyjama pour toi aussi même si ça n’a pas le titre officiel de pyjama, c’est juste un short et un débardeur. Est-ce que tu te rends compte que tu sonnes comme un gosse à lui demander de te montrer son pyjama?

« I was working on a new song… » C’était so predictable. Évidemment, qu’il devait travailler sur ses musiques. Elle ne le connaissait que depuis deux mois, mais elle pouvait se permettre de prétendre savoir ce qu’il pouvait faire le soir. Il rangeait lentement son appartement comme s’il ne voulait pas se retrouver rapidement sans rien faire. L’atmosphère était électrique, étrange. Chaque geste était réfléchi, prudent comme si le moindre geste brusque pouvait avoir de lourdes conséquences. La respiration de Lennon était prise par un sentiment d’appréhension, elle ne savait pas ce qu’elle appréhendait mais ce n’était pas anodin de se retrouver chez Jordan ce soir. Même si leur étreinte a pris fin il y a quelques minutes, la connexion était toujours présente. Il était un peu plus loin dans le salon, mais elle le sentait toujours près de lui. « A mate gave me a few inputs on it. He lives nearby. » Elle hocha sagement la tête, prenant en compte l’information donnée par Jordan mais restait silencieuse. Il s’adossa lui aussi sur le plan de travail en face d’elle, et la tension était plus que palpable. Elle regardait ses chaussures afin de ne pas se concentrer sur le regarde Jordan, au risque d’être tentée de le prendre dans ses bras une seconde fois. Il la remercia pour son compliment, et le silence s’installa. C’était sans doute le silence le plus long de toute sa vie. Bon, elle exagérait mais ce moment devait être un des moments les plus complexes de leur relation. Elle était venue ici juste pour lui dire ce qu’elle pensait pour rentrer chez elle juste après. Il n’était pas question de se retrouver en tête à tête dans sa cuisine, avec l’envie terrible de sentir son corps près du sien. « Are you cold ? » Non. Mais en baissant le regard sur sa tenue, elle remarquait qu’elle avait toujours son manteau. C’est vrai qu’il lui tenait un peu chaud, ou peut-être était-ce l’envie de le serrer fort dans ses bras qui lui brûlait la peau. Elle en avait marre de réfléchir, et secoua la tête pour chasser ses pensées. Elle répondit tout de suite après à Jordan pour ne pas qu’il remarque qu’un combat intérieur avait lieu entre la raison et le cœur de Lennon. « No, I just forgot that I had put on a jacket. » Elle haussait les épaules, riant nerveusement avant d’enfouir ses mains dans les poches de son manteau. Le regard toujours vers ses chaussures ou plutôt ce qui lui servait de pantoufles. « Come on, show me you pyjama. » Son cœur sortit de son de son cœur et si elle était en train de boire à ce moment, elle se serait sans doute étouffée avec sa boisson. Voulait-il sa mort ? Elle ne savait pas quoi faire ni quoi dire face à l’homme qui se tenait en face d’elle. Elle savait juste qu’un mélange de sentiments se tramait dans son estomac et que la connexion entre eux l’attirait inexorablement vers lui. Il a dit tout ça avec un sourire. Envolée la Lennon sûre d’elle, fière. D’ailleurs, elle était actuellement en train de rougir et ne pouvait se cacher derrière ses cheveux relevés en un chignon bâclé. « I won’t to show you my pyjama. » Dit-elle en s’enveloppant dans son manteau, le sourire malicieux, le regard timide et fuyant. C’était totalement bête de réagir de cette façon parce qu’elle pourrait enlever son manteau pour se sentir plus à l’aise. Mais non, elle préférait rougir comme une idiote se cachant dans son manteau. « You see it enough, right? » Il voyait son pantalon c’était suffisant non ? Mais le regard de Jordan sur elle ne faisait qu’empirer la situation. « Roh, you make me blush, you are boring ! » Elle se leva du plan de travail  et se dirigea vers la baie vitrée donnant sur le balcon, s’appuyant sur le mur, les yeux rivés sur la vue de son balcon. Dos à lui, elle pouvait retrouver le contrôle de ses émotions.

Elle est définitivement intimité dans cette situation et toi tu sais plus quoi faire de toi. Y’a une tension plus que palpable et t’es en train de te dire que tout ce que tu vas dire ou faire à la suite là, ce sera que des mauvaises idées. « No, I just forgot that I had put on a jacket. » Elle a oublié. Elle a autant la tête ailleurs que toi. Elle s’emmitoufle encore plus dans son manteau. Esquivant ton regard. Elle est si nerveuse. Et toi aussi. Pourquoi t’es autant nerveux Jordan ? I don’t know. Alors t’essaie de passer du côté de la plaisanterie pour alléger cette ambiance électrique. Tu t’attendais pas à une si vive réaction de sa part suite à ta question. She is blushing omg. « I won’t to show you my pyjama. » Elle referme encore plus son manteau autour d’elle. Ca te fait grave rire de la voir faire. Elle a l’air toute timide, ça fait bizarre. T’as jamais vraiment vu cette Lennon là. Elle était plus réservé sur la plage et au mariage mais pas timide comme ça. « You see it enough, right? » Le large sourire que tu ne peux pas t’empêcher d’avoir la gène vraiment. She is just adorable fucking hell. Genre, trop. « Roh, you make me blush, you are boring ! » Et elle coupe le contact visuel. Pour que t’arrêtes de la regarder comme ça. Pour que tu ne puisses plus voir ses joues rosies. Mais elle ne va pas bien loin. Devant ta baie vitrée et toi tu restes planté là où t’es un moment parce que, ce que t’as envie de faire c’est certainement pas une bonne idée. Ca n’empêche pas que tu t’approches d’elle au bout d’une minute ou deux de répit. Tu t’arrêtes dans ton avancé. Tu te sens bête. Tu fais demi tour. Et puis non. Tu te retournes de nouveau, te mordillant la lèvre inférieure. Tu regardes sa nuque, son dos. T’es toujours dans tes réflexions.

« I don’t know why this is all awkward now but… You are fucking adorable and I really want to hold you… » T’es juste derrière elle là. T’attends le feu vert avant de passer tes bras autour d’elle. Un mélange de traumatisme du passé quand t’as été trop loin avec Murphy et d’exposition des faits. T’es en train de rien lui promettre. Tu veux juste un hug parce que tu te sens très seul ces derniers temps, et elle aussi. Tu comprendrais qu’elle veuille pas. T’es juste en train de tout compliquer et c’est pas du tout une bonne idée nope. Mais tu tentes…

La vitre devant elle, elle observait la vue qu’il avait depuis son appartement, les bras croisés. Même si le rouge de ses joues s’était évaporé, elle sentait son regard lui brûler le dos. Elle le sentit arriver derrière elle, à pas de loup. L’envie de sentir son corps près du sien se fit plus forte, mais elle ne bronchait pas. Ce silence entre eux était bien trop précieux. Un des rares moments où ils n’étaient pas en train de se chamailler, d’écouter de la musique ou de se détester. « I don’t know why this is all awkward now but… You are fucking adorable and I really want to hold you… » Fucking adorable. Bien sûr. Elle avait plus que honte de s’être retrouvée rouge écarlate devant lui. Il fallait qu’il trouve son attitude fucking adorable. Bien qu’elle n’allait pas s’en plaindre, et qu’il fallait mieux qu’il la trouve adorable que unbearable. Lui aussi, il avait envie de la prendre dans ses bras. Un léger sourire en coin. Cette soirée ne se passait pas du tout comme elle l’avait prévue. Comme d’habitude quand Jordan était dans les parages. Les choses se compliquaient alors qu’au départ elle était venue pour les simplifier. Même si elle était attirée par lui, elle était aussi motivée par sa solitude. Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que du côté de Jordan, il y avait quand même un petit quelque chose. Pas quelque chose de transcendant, mais un petit truc pour Lennon. La solitude pouvait nous faire quémander de l’affection, mais pas avec le premier venu non plus.

« Come. » Sa voix était douce et elle restait calme lorsqu’il se décidait enfin à glisser ses bras autour de sa taille. Lennon toujours dos à lui, ses mains jointes aux siennes, la tête sur son torse. Elle ferma instinctivement les yeux, profitant de chaque seconde de cette deuxième étreinte. Il était chaud et rassurant. Ce câlin avait le don de combler la solitude qui l’attendait tous les soirs après une longue journée de travail. « I realize that i needed a hug too. » Elle caressait sa main. Ce moment était étrangement agréable.  « I think I'm going to praise your arms for hugs. » Elle n’avait plus envie de rentrer chez elle, et c’était de la faute de Jordan. Il n’aurait jamais dû lui donner le gout de ces étreintes réconfortantes. «  you’re at 80%, unbereable boy. » Un petit clin d’œil à d’anciens messages échangés. Elle était sûre qu’il capterait la référence. « I will never go home if you hold tight me every time » Elle se mordit la lèvre, c’était sorti tout seul. « Sorry, I said nothing. »

« Come. » And breathe. Ca commence à devenir régulier ce genre de truc et ça te fait bizarre. Un bizarre bien. Parce que pourquoi tu serais si nerveux si tout ça ne voulait rien dire ? Et très lentement, tu vas glisser tes bras autour d’elle. Elle pose ses mains sur les tiennent automatiquement. Hmmm… Toute cette proximité te fait beaucoup trop plaisir. Ton nez qui retourne sur le dessus de sa tête. Tes lèvres aussi… Tu fermes les yeux. Profitant de la chaleur de son corps contre le tient. « I realize that i needed a hug too. » Un sourire se forme sur tes lèvres. Tu sens très bien ses caresses sur ta main. Tu aimes beaucoup trop ces attentions. « I think I'm going to praise your arms for hugs. » Et tes bras qui se serrent un peu plus du coup. Un léger soupire s’échappe. Tu aimes beaucoup trop tout ça et t’arrives même pas à le cacher. «  you’re at 80%, unbereable boy. » Ton visage qui s’incline en arrière parce qu’elle te fait franchement, vraiment rire avec sa joke. Tu sais bien à quoi elle fait référence.

« I still hear adorable. » Insupportable. Mais tu plaisantes, elle le sait. Elle est beaucoup trop soft là pour partir en mode psycho Lennon et se défaire de toi. Vous profitez autant l’un que l’autre de cette étreinte qui n’a pas l’air de voir une fin sous peu. « I will never go home if you hold tight me every time » Elle confirme ce que tu viens de penser et c’est ton menton qui est de retour sur sa tête un bref instant. « Sorry, I said nothing. » Tu la regardes, ou plutôt, ses cheveux. Le dessus de sa tête. Elle est si petite par rapport à toi.

« We can make it better… Tell me boy now wouldn’t that be sweet? » C’est un peu votre chanson signature à tous les deux. La chanson qui fait penser au baiser que vous avez échangé. Tu pries que soft Lennon reste parmi vous. Tu sais qu’elle pourrait prendre la mouche que tu mettes la chanson sur le tapis, et donc le souvenir. C’était pas une bonne idée. « Sorry… Forget that. » Tu veux essayer de reprendre ses mots pour que ça passe crème. Un point chacun. Tu ignores, elle ignore, mais en vrai personne va rien ignorer du tout. Tu enchaînes avec un truc moins con, ou du moins tu crois. « You can have my arms for hugs any time you want. » T’es sérieux. T’es très sérieux. Y’a même un baiser qui se pose sur le dessus de sa tête alors que tes bras la garde bien contre toi. T’aimerais bien qu’elle enlève ce manteau… Mais tu dis rien. T’aimerais bien qu’elle reste dormir aussi et tu le diras pas non plus nope.

« We can make it better… Tell me boy now wouldn’t that be sweet? » Lennon se secouait la tête, il était irrécupérable. Il y a quelques jours lorsqu’elle et Lola avaient bu un verre ensemble, cette musique était passé et cela avait eu le don d’agacer Lennon. Vous savez, ce moment où vous entendez une musique qui vous rappelle un moment précis mais que vous êtes trop biaisés par l’amertume pour l’apprécier. Mais cette amertume envers cette chanson s’était comme envolée depuis que Lennon s’était pointée chez lui. En temps normal, elle lui aurait demandé ce qui ne tournait pas rond chez lui. Mais il fallait avouer que ce baiser était un bon souvenir, et qu’il était quand même « romantique ». Peu importe les raisons de chacun, Lennon semblait en paix avec elle-même ce soir. Pour la première fois depuis des années. « Sorry… Forget that. » Elle rit discrètement et lui pinça doucement la main comme pour le punir de s’excuser d’avoir prononcé quelques bribes de cette chanson. Bien qu’elle se fût retenue de chanson la suite, mais ça aurait été plus étrange qu’autre chose. « You can have my arms for hugs any time you want. » Oh my god. Lennon couinait intérieurement telle une groupie devant son chanteur préféré. Une groupie qui avait eu le droit à sa propre chanson d’excuses, si ce n’est pas un privilège ça. Elle pouvait lui reprocher sa maladresse, et toutes les choses qui n’étaient pas en adéquation avec ses dires, mais jamais elle ne lui reprocherait sa gentillesse et sa sincérité. C’était peut-être aussi pour ça qu’elle avait réussi à tout déballer ce soir, parce qu’elle savait que Jordan était quelqu’un de bien. Malgré son manque de tact. Le bisou qu’il déposa sur le haut de sa tête la fit rougir et elle se blottit encore plus dans ses bras. Décidément, ils enchaînaient les faux pas ce soir. Tout partait de travers. « Is it possible to have your arms for the whole night? » Se mettre un film et se blottir dans les bras l’un de l’autre pour s’endormir après. Jordan débordait de cuteness et le coeur de Lennon allait exploser parce qu’elle ne pouvait gérer autant de gentillesse. L’envie de se retourner et de déposer un petit baiser sur ses lèvres fut comme un éclair de lucidité. Ça ne devait pas se diriger vers cette direction une seconde fois. Pourtant ça faisait plusieurs minutes qu'ils se serraient dans les bras. Mais c'était pas pareil, c'était autre chose ça encore. Chaque geste était compliqué dans leur relation et avait son sens. Peut-être qu’elle devait rentrer chez elle et ne pas se laisser tenter par tant de tendresse. C’était peut-être plus raisonnable. « Maybe i should leave you, your friend must arrive right? » Et pourtant, elle restait bien enserrée dans les bras Jordan, son corps trahissant sa volonté.