”Je fais attention, je les mettrai pas en danger.” Elle regarde son mari dans les yeux pour appuyer ses propos. Elle l’a déjà fait une fois, et ça n’arrivera plus. Ce n’est plus seulement sa vie à elle qui compte désormais, mais aussi la vie de ce petit garçon et de cette petite fille. Le médecin continue de parler, elle l’écoute, elle prend les prochains rendez-vous et ils sortent tous les deux du cabinet médical. Elle ne parle pas vraiment, elle reste un peu dans ses pensées en jouant avec le dossier qu’elle a entre les mains.

Et Bailey lui demande comment elle se sent, elle sourit. Elle le voit que lui est l’homme le plus heureux sur cette Terre après avoir vu ses enfants sur cet écran. Et elle est sincère. Elle aimerait tellement ne pas douter de ce qu’elle ressent, être sûre qu’elle les aimera d’un amour inconditionnel à la seconde où ils seront venus au monde. Mais elle n’en sait absolument rien. Elle est encore complètement perdue, mais elle n’est pas seule. Bailey est là, et il le sent, il ne pose pas plus de questions. Alors elle souffle un peu. “Je sais, ça va aller.” Elle essaie de s’en convaincre en même temps que lui. Mais ça encore, ni lui ni elle ne peut le savoir. Mais elle reprend son ton taquin et son sourire amusé quand elle sait que c’est l’heure du départ. Elle met l’adresse de la maison sur son téléphone pour avoir le GPS. Elle hausse un sourcil avant d’éclater de rire quand il vient lui chatouiller les côtes. “Justement t’es mon mari j’ai encore plus le droit de me moquer qu’avant.” Et elle hoche la tête avant de rentrer dans la voiture.

Les minutes passent et Logan chouine à l’arrière pour venir sur les genoux de Jill. Et elle craque bien évidemment, ça s’annonce sympa l’éducation des enfants. Et il se cale entre ses jambes pour le reste du trajet. “J’aurais peut-être dû me marier avec Logan.” Et elle fait une fausse moue déçue Jill avant de lever les yeux au ciel en écoutant la musique. Toujours les même musiques, pourquoi ils ont pris la voiture de Bailey déjà ? Elle grogne avant de jeter la tête en arrière. “A part se détendre et aller se baigner tant qu’il fait encore un peu chaud rien de spécial. Et même si j’avais prévu un truc tu le saurais pas” Elle n’aime pas trop prévoir Jill, et elle avait déjà fait pas mal de plans pour cette escapade. “Tu comptes mettre ça tout le trajet ? Parce que je peux toujours sauter par la fenêtre avec Logan.” Elle rit alors que Bailey monte le son de Starman. Elle finit pas la connaître par coeur cette chanson.

« Justement t’es mon mari j’ai encore plus le droit de me moquer qu’avant. » J’éclate de rire face à sa répartie. « Tu as le droit de faire ce que tu veux. » Parce que jamais in a million years, j’aurais imaginé qu’elle puisse un jour m’appeler comme cela. Alors, elle gagne carte blanche pour se moquer tant qu’à la fin de la journée elle utilise toujours le terme ‘mon mari’ pour parler de moi. On a laissé le monde décider pour nous trop longtemps. Aujourd’hui, on profite pleinement de ce que l’on a, rien que nous. Et cela commence par partir en week-end tous les deux. Profiter de nos derniers instants en tant que couple sans enfants avant que les jumeaux ne viennent bouleverser le reste de nos vies.

Le paysage défile sous nos yeux, la radio diffuse mon morceau préféré et Logan, ce fayot, ne cesse de faire les yeux doux à Jill comme si j’avais promis de le laisser sur le bord de la route. Il me tue ce chien. Il sait parfaitement que je cède moins facilement qu’elle, alors il va toujours vers la brunette pour obtenir ce qu’il veut. Que l’on ne vienne plus jamais me dire qu’un chien n’es pas intelligent, il sait très bien ce qu’il fait ce petit malin. « J’aurais peut-être dû me marier avec Logan. » La preuve. « Il aurait été ravi de partager son os avec toi. » Ou peut-être pas en réalité. Et voilà que la boule de poil se colle encore plus contre le corps de Jill. Je lève les yeux au ciel en riant. « Peut-être que je devrais vous laisser tous les deux ce week-end, ne pas trop m’imposer. » Et bien sûr, j’exagère. Et bien sûr que je commence à faire ma moue d’enfant parce que c’est mon anniversaire. « Et j’irais faire mon anniversaire tout seul, comme une âme perdue. » Too much ? Peut-être un peu, mais ça me fait rire.

L’ambiance est détendue dans la voiture, on ne pense plus au rendez-vous médical, Jill semble un peu plus sereine et on prendra le temps d’aborder le sujet de nos enfants plus tard, lorsque l’on sera au calme. Et on ira à son rythme à elle ce week-end, parce qu’être enceinte la chamboule complètement et je me dois de faire attention à ses émotions. « Tu comptes mettre ça tout le trajet ? Parce que je peux toujours sauter par la fenêtre avec Logan. » Mes yeux triplent de volume alors que je tourne la tête vers elle. « Mais dit pas des trucs comme ça ! » On ne s’attaque pas à ma chanson préférée, jamais ! Sous aucun motif, c’est quelque chose d’acceptable. « Insulte pas Bowie ! » Et peut-être que j’exagère, mais cette chanson a une telle signification pour moi. Peut-être que je l’écoute un peu trop souvent, mais je ne sais pas faire sans. « Écoute ça. » Et je monte encore un peu le son pour le refrain et surtout le solo de guitare, je pourrais en avoir des frissons. « T’es pas obligée de tout aimer, jurer, mais juste celle-là Jill. » Et je lui souris probablement comme un gamin, tout en surveillant la route. « Je suis sûr qu’eux, ils aiment. » dis-je en venant faire glisser ma main sur son ventre.

”Oh tu sais qu’il faut pas me dire ça deux fois.” Et la voilà qui hausse un sourcil avant d’aller poser ses lèvres sur celles de Bailey qui démarre tout juste la voiture. Elle peut faire ce qu’elle veut, elle sourit comme une gamine qui cherche un mauvais coup à préparer alors que le le chien chouine derrière pour avoir ce qu’il veut. Et elle s’amuse Jill alors que Bailey serait presque jaloux de son chien alors que Jill a encore craqué pour lui faire un calin. Elle le laisse s’installer comme il le souhaite en regardant Bailey du coin de l’oeil. Elle secoue la tête quand il parle de partage d’os, et rien qu’en entendant le mot les oreilles du chien se lève. “Oh non Logan on a rien pour toi.” Et il repose sa tête sur la cuisse de Jill pour se rendormir à vitesse grand V. “Oui je crois aussi qu’on a besoin de temps tous les deux avec Logan.” Elle le regarde avec l’air le plus sérieux possible avant de pouffer de rire. “Ouais tu fais ton anniversaire tout seul comme une âme perdue quelque part où je peux te surveiller quand même.” Il n’a plutôt pas intérêt à aller faire son anniversaire avec une autre personne qu’elle. Même enceinte, Jill peut être très dangereuse.

Elle parle de la musique. Est ce que c’était une bonne idée ? Sûrement pas. Mais elle le fait quand même parce que cette musique, elle doit l’entendre au moins une fois par jour. Le regard de Bailey se tourne vers elle, et il pourrait presque crier. Prévisible. Et elle s’amuse Jill, elle est ravie. Mais elle en a quand même marre de cette chanson. Elle lève les mains en l’air en signe d’innocence. “J’ai pas insulté Bowie.” Terrain trop dangereux pour qu’elle s’y risque. Et il monte le son, comme si c’était pas déjà assez fort. Elle roule encore plus des yeux en s’enfonçant dans son siège. “Je la connais je dois l’entendre au moins 1000 fois par jour.” Ok elle abuse juste un peu. “J’ai pas dit que j’aimais pas Bowie.” Elle aime bien la musique, quand ce n’est pas trop répétitif. Il faut bien qu’ils aient quelques différences quand même. Et Jill adore jouer avec ça. Il ramène sa main sur son ventre et Jill tourne la tête en ouvrant de grands yeux étonnés. “Et imagine si ils aiment pas Bowie.” Tragédie, il pourrait certainement les renier si c’était le cas. Mais elle pouffe de rire, fière de dire n’importe quoi.

Quelques heures plus tard, ils se retrouvent devant la maison et Jill se précipite vers le coffre avant que Bailey ne lui dise qu’elle n’a pas le droit de porter de sac. Logan court un peu partout et Jill cherche les clés avant de paniquer un peu. “C’est moi qui ai les clés ?” Parce qu’elle ne les a pas du tout dans ses affaires. Elle attrape un sac et fouille avant de se souvenir qu’elle les avait donné à Bailey. “Non j’ai pas les clés.”

« Oui, je crois aussi qu’on a besoin de temps tous les deux avec Logan. » Je lève les yeux au ciel. Donc je me fais clairement voler la vedette par mon propre chien. Il en est fier en plus, à se lover contre Jill. Dans le fond, je suis si heureux qu’ils s’entendent aussi bien ces deux-là. J’avais pris Logan pour ne pas me retrouver seul du jour au lendemain dans une maison après le divorce. Il a été celui qui m’a aidé a garder la tête hors de l’eau, et même s’il fait le petit favori près de Jill, je sais qu’il serait perdu sans moi comme je serais perdu sans lui. « Ouais, tu fais ton anniversaire tout seul comme une âme perdue quelque part où je peux te surveiller quand même. » J’éclate de rire. Elle ne perd pas le nord ma femme. Elle a toujours été jalouse Jill et je crois que cela ne changera jamais même si nous sommes mariés et qu’elle porte nos enfants. « Promis, je n'irais pas trop loin. » que je lui affirme en tentant de garder mon sérieux. On se taquine, on se cherche et je sais que ce week-end d’anniversaire sera parfait.

Enfin… Sauf si Jill continue de critiquer aussi ouvertement ma chanson préférée. Là ça ne va pas le faire. « Je la connais, je dois l’entendre au moins 1000 fois par jour. » « T’as signé pour ça. » Elle a décidé d’épouser un musicien, il fallait bien que les meilleurs artistes s’invitent dans notre relation. Non ? « C’était écrit en touuuuuut petit en bas du contrat, fallait bien tout lire. » Je hausse les épaules en tentant de garder mon sérieux, alors que j’ai déjà envie d’exploser de rire. « J’ai pas dit que j’aimais pas Bowie. » « HEUREUSEMENT ! » que je m’offusque alors que je vois à sa tête qu’elle me cherche. « On pourrait divorcer pour ce genre de propos. » Et bien sûr que je plaisante, mais elle à l’air de vouloir me taquiner Jill, on va jouer sur le même terrain. Mais elle est clairement plus douée que moi à ce jeu. « Et imagine s’ils n'aiment pas Bowie. » qu’elle me dit alors que ma main vient de se poser contre son ventre. « Tu veux ma mort en fait ? » Je lui lance un regard rieur avant d’agiter ma main sur son ventre. « Je vous préviens les twix papa va vous faire une éducation musicale irréprochable ! » Et j’ai à peine fini ma phrase que l’un d’entre eux donne un coup contre ma main ce qui me fait éclater de rire. « Y en a au moins un qui est d’accord avec moi. »

***

« C’est moi qui ai les clés ? » Elle fouille dans tous les sacs de manière frénétique et mon cœur s’emballe lorsqu’elle commence à fouiller dans le mien. « Non, j’ai pas les clés. » Et déjà, j’agite le trousseau sous son nom pour détourner son attention. « Tu me les as donnés, tête en l’air ! » Je lui donne les clés et me dépêche pour tirer la fermeture de mon sac. « Va ouvrir, je prends les sacs. » Oui, parce que je n’oublie pas ce que le médecin nous a dit même si je sais parfaitement que Jill va essayer de m’avoir sur ce point-là.

La maison est magnifique, pas très grande, mais tout ce qu’il faut pour un week-end en amoureux. Je remarque la baignoire dans la salle de bain, le lit immense et surtout la baie vitrée en face de dernier qui s’ouvre directement sur la plage. « On va être bien ici. » Je viens me glisser derrière Jill pour passer mes bras autour de sa taille et venir embrasser son épaule. « Merci d’avoir prévu tout ça. » Il reste encore toute une fin d’après-midi et toute une soirée pour profiter de ma journée d’anniversaire. « C’est pas si mal d’avoir trente-huit ans finalement. » Enfin, je crois.

Elle lève les yeux au ciel Jill, elle n’a pas changé. Même enceinte et mariée elle reste jalouse. Mais là, elle en joue. Plus le temps passe et plus elle accorde une confiance de plus en plus indéfectible à son mari. “J’espère bien.” Et elle hoche la tête en continuant de l’observer alors qu’il rit. Et elle aime parler de musique avec lui. Ils échangent et Jill joue en critiquant plus ou moins son idole, et la réaction ne se fait pas attendre. En moins de 10 secondes il pourrait presque se garer au bord de la route pour exprimer son point de vue. “Tu sais bien que je lis rarement les contrats jusqu’au bout.” Et elle secoue la tête avec une mine faussement boudeuse. “T’as essayé de m’arnaquer !” Elle hoche la tête en continuant de caresser le museau du chien qui dort encore sur ses genoux. “Oh donc si je dis que j’aime pas Bowie tu divorces ?” Ses yeux et son ton sont joueurs, pleins de défi et d’amusement. “Fais gaffe parce que je pourrais te prendre la moitié de tout ce que tu as.” Elle pourrait être le genre de femme qui fait ça si les choses finissaient par mal tourner. “Ca aussi c’était dans les tout petits caractères en bas de la page.” Elle fait mine de chuchoter en se rapprochant de son oreille. Et elle lance la pire bombe de tous les temps, et si les jumeaux n’aimaient pas Bowie. Il doit certainement faire une minie crise cardiaque alors que Jill est hilare sur le siège passager. “Non pas tout de suite t’es pas si vieux que ça quand même.” Et la main de Jill rejoint celle de son mari sur son ventre. Il parle aux bébés et un des deux bouge. “Vous êtes des traîtres.” Et elle secoue la tête Jill en tournant la tête vers Bailey qui a l’air ravi. “On devrait les appeler twix 1 et twix 2” Parce qu’elle adore ce surnom Jill.

***

Elle panique une seconde Jill, avant de se rendre compte que c’est effectivement Bailey qui a les clés. Elle souffle, elle n’avait vraiment pas envie de refaire tout le trajet. Elle aurait sûrement pu crocheter la serrure dans tous les cas. “Je suis pas tête en l’air.” Oh que si elle l’est, et encore plus depuis qu’elle est enceinte. Elle grogne quand il lui lance les clés et qu’il attrape tous les sacs. “La prochaine fois tu m’en laisse au moins un.” là c’est trop tard, mais ce n’est que partie remise.

Jill entre et les sacs sont posés sur le lit. Les clés sont posées quelque part dans la maison, elle ne sait déjà plus où. Elle dira que c’est Bailey qui a ouvert si ils finissent par perdre les clés. Ils ont un accès direct à la plage, loin de tout. Il y a de quoi manger dans les placards et les frigos, ils n’ont même pas besoin de sortir du lit si jamais ils le décide. Jill pourrait bien le garder dans le lit pendant un très très long moment. Jill se pose devant la baie vitrée et elle se tourne vers Bailey quand il décide d’enrouler ses bras autour de sa taille. “Bon anniversaire.” Et ses lèvres se posent à de nombreuses reprises sur ses lèvres, puis sa mâchoire, puis son cou. Des points sensibles que Jill connait bien maintenant. “Ca fait quoi d’être marié à une petite jeune ?” Elle hausse un sourcil avant de continuer son assaut de baisers.

Tout le long du trajet, on se taquine de manière légère. Je sais que rien de tout cela n’es sérieux, ce n’est que plaisanterie, parce que Jill aime jouer avec les mots, mais l’émotionnel que je suis, n’est pas toujours à l’aise d’évoquer le divorce avec autant d’aisance. J’ai déjà divorcé d’une femme que je n’ai jamais aimée comme je l’aurais dû, maintenant que je suis avec celle que j’attendais depuis des années, je ne veux plus jamais entendre ce mot. Alors, je ne peux m’empêcher de glisser, entre deux sourires et deux blagues. « J’ai attendu dix ans pour que tu sois ma femme, j’ai pas l’intention de divorcer. » Goûts musicaux qui divergent ou non. À mes yeux, aucun motif ne semble valable. Pas alors que l’on est enfin libre de vivre notre histoire.

***

« Je suis pas tête en l’air. » Je pourrais la contredire, mais je préfère hocher la tête et laisser couler. Elle n’aime pas qu’on lui rappelle constamment qu’elle est enceinte, Jill. Elle a toujours aimé son indépendance et ce n’est pas ce gros ventre qui va la faire changer du jour au lendemain. Elle grogne dans mon dos lorsque j’attrape les sacs et je lui fais mon plus grand sourire en réserve. « La prochaine fois, tu m’en laisses au moins un. » « Oui… Dans trois mois babe. » Autrement dit, lorsque l’on sortira de la maternité et que j’aurais les deux mains prises pour porter les couffins des jumeaux. Dans trois mois, ils seront là et cette idée me fait frissonner quelque peu. Le temps passe si vite.

On fait un tour de la maison. On apprécie le calme et la vue imprenable sur l’Océan. Logan est déjà parti explorer le jardin et je ne m’inquiète pas, il sera de retour tout seul. Jill est devant la baie vitrée, elle semble soudainement bien pensive. Je profite de l’instant et sors mon téléphone pour capturer le moment. Je n’ai pas beaucoup de photos de Jill enceinte. Mais là, face à la lumière naturelle, dans sa robe toute neuve qui embrasse parfaitement ses formes, elle est magnifique. Je vérifie le cliché et l’impose déjà comme le fond d’écran de mon mobile avant d’aller me glisser près de ma femme. « Bon anniversaire. » Je m’en souviendrais de celui-là. Probablement comme l’un des meilleurs jusqu’à présent même si la journée n’a rien d’exceptionnelle en soit. On est ensemble et les lèvres de celle que j’appelle désormais ma femme viennent courir sur mon visage. Je frissonne lorsqu’elle vient embrasser le point sensible qu’elle connaît si bien. Avec notre dispute et le reste, cela fait bien trop longtemps que l’on n’a pas pris le temps de s’embrasser, vraiment, de s’aimer, autrement. Mes mains glissent sur ses hanches alors que mes lèvres rejoignent les siennes, pour un baiser bien plus empressé que les autres.

« Ca fait quoi d’être marié à une petite jeune ? » « C’est rajeunissant. » Que je plaisante entre deux baisers. Et déjà, j’ai envie de plus. De son corps contre le mien, de nos soupirs qui se mélangent. Les battements de mon cœur s’accélèrent au fur et à mesure de ses baisers, de ses mains qui fouillent mon corps. J’ai envie d’elle. Mais Jill est enceinte, elle a les hormones qui partent dans tous les sens en quelques secondes. Alors c’est elle qui décidera de la suite, rien qu’elle. « Tu es pas trop fatiguée ? » Ce week-end va se vivre à son rythme.

La maison est magnifique. Pas très grande, mais bien assez pour eux deux. Ils sont seuls, complètement seul. Personne ne viendra les déranger dans cet endroit, et c’est exactement ce dont ils avaient besoin. Ils sortent de la voiture, sans que Jill n’ait le droit de porter aucun sac et elle grogne en guise de réponse à Jailey. “C’est long trois mois.” Pas si long que ça quand elle se dit que ça fait déjà presque 6 mois qu’elle est enceinte. Le temps passe à une vitesse folle. Il y a 4 mois ils se mariaient sur une plage de Bali, aujourd’hui, ils sont sur une autre plage où ils vont certainement échanger leur liste de prénom. Tout évolue vite, et pourtant, elle ne se sent pas brusquée Jill. Elle profite de chaque moment, de chaque détail parce qu’elle aime cette nouvelle vie qu’elle est en train de construire. Alors Jill sourit un peu comme une enfant en faisant le tour de toutes les pièces (surtout de la cuisine mais ça ça n’étonne plus personne maintenant). Et Bailey la rejoint sur la terrasse.

Et elle l’enlace, elle pose ses lèvres partout sur son visage et dans son cou. Elle profite du moment et elle écoute ses envie. Elle lui souhaite une nouvelle fois un joyeux anniversaire, et elle se rend compte que c’est le dernier qu’ils passeront seulement tous les deux. Alors ils doivent en profiter, ils ne pourront plus faire tout ce qu’ils veulent quand ils le veulent dans quelques mois, et c’est important qu’ils prennent du temps pour eux. Les baisers de Bailey se font eux aussi plus pressant, ils ont envie de la même chose. Alors Jill continue, elle laisse ses mains glisser le long de ses bras et sous son tee-shirt. Et elle rit quand il lui dit qu’être mariée à une femme plus jeune, c’est rajeunissant. “Je suis encore mieux qu’une crème anti-rides.” Et elle pouffe de rire contre son cou alors qu’elle se rapproche encore un peu de lui. Elle n’est pas trop fatiguée alors elle secoue la tête à la négative en s’éloignant un peu du visage de son mari. “Je suis en pleine forme, et tu vas certainement devoir me supporter comme ça tout le week end.” Il y avait tout ici. Une baignoire, de la nourriture, un grand lit et la plage. Ils pourraient rester seuls ici pendant des années si ils n’avaient pas des obligations à Brisbane. “Tu veux aller prendre un bain ?” Et les yeux de Jill sont pétillants de malice.

« Je suis encore mieux qu’une crème anti-rides. » J’éclate de rire au même moment où elle pouffe contre ma peau. Même dans un moment aussi doux, Jill est capable de sortir une connerie qui ne fera rire que nous. Au départ, je la trouvais toujours un peu bizarre, maintenant je m’y suis tellement habitué que je trouverai cela anormal qu’elle ne place pas au moins l’une de ses punchline dans la journée. « Tu es bien mieux que ça. » C’est notre rituel ça. Elle dit quelque chose d’idiot et je réplique avec quelque chose de complètement niais. Ce n’était qu’un jeu au départ, parce que j’ai toujours été plus romantique qu’elle et qu’à une époque elle ne supportait pas cela. Alors, parfois, juste pour la titiller, juste pour l’énerver, je lui sortais les phrases les plus clichées du monde. Aujourd’hui encore, je m’amuse à le faire. La différence ? Ces phrases un peu niaises ont pris une toute autre saveur, car désormais, elles seront à jamais réservées qu’a elle.

Mes lèvres se perdent contre les siennes tandis que ses mains remontent lentement sous mon tee-shirt, provoquant une vague de frisson sur ma peau. C’est doux, c’est tendre. C’est des millions de ‘je m’excuse’ pour avoir fait la tête si longtemps. C’est la promesse d’un avenir que l’on affrontera à deux. Mes mains glissent sur son ventre et mes lèvres capturent les siennes un peu plus intensément. C’est la promesse que tout ira bien même si elle ne semble pas encore le voir pleinement. Je commence à distinguer ses craintes et ses peurs, je compte bien l’aider à les exprimer, ce week-end ou plus tard. C’est la promesse d’aller à son rythme et seulement le sien pour une fois. « Tu veux aller prendre un bain ? » Et j’adore le sourire si malicieux qui se dessine aux coins de ses lèvres. « Oui, on va faire ça. » J’ai conduit pendant un moment, elle est restée assise longtemps. Se détendre dans un bon bain avant d’entamer notre première soirée dans cette maison du bout du monde. Mes lèvres rejoignent les siennes pour un dernier baiser. « Je vais aller préparer tout ça. » Et alors que je pars en direction de la salle de bain, j’aperçois Jill se faufiler dans la cuisine.

Quelques minutes plus tard, l’immense baignoire se rempli doucement d’eau tandis que sors des serviettes du placard. Jill me rejoint, un petit plateau rempli de snack dans les mains ce qui me fait rire aux éclats. « C’est que pour toi ou je pourrais en avoir un peu ? » Je la taquine. Exercice périlleux quand on sait qu’elle ne partage pas souvent sa nourriture encore moins depuis qu’elle a le droit à l’excuse ‘je mange pour trois’. Je lui souris malgré tout et commence à me déshabiller. La baignoire est si grande que l’on pourrait presque y rentrer à trois. Je me glisse dans l’eau en premier avant de relever les yeux vers Jill qui finit d’enlever ses vêtements. Je l’ai toujours trouvé magnifique, mais depuis qu’elle est enceinte, j’ai la sensation de la désirer autrement. Je laisse mes yeux courir sur les courbes de son corps, je me perds dans mes pensées, dans ce désir qui naît dans le bas fond de mon ventre. Tellement que je sursaute lorsqu’elle vient enfin me rejoindre dans l’eau.

Elle grimace un peu Jill, elle se tortille dans un sens, puis dans l’autre. « Tu es pas confortable ? » Je crois que quelque chose la gêne et je viens replier mes jambes près de moi pour lui laisser tout l’espace dont elle a besoin. Je vois à son visage qu’elle ne contrôle plus trop les émotions. Ohoh les hormones sont de retour.

Elle taquine Jill, elle joue. Et ça leur fait du bien de se retrouver comme ça, aussi complice, et aussi bien ensemble. C’est ce qu’ils avaient cherché et attendu depuis des années déjà. Ce qu’ils ont enfin de droit d’afficher. Bailey lui sort une phrase niaise et elle lève les yeux au ciel en souriant avant de froncer le nez. “Je suis mieux que tout sur cette planète.” Et elle hoche la tête avant de glisser ses mains dans le cou de Bailey. Elle est bien moins romantique que lui, elle ne dit pas des phrases mignonnes à longueur de journée, mais c’est leur dynamique. Une routine à deux qu’ils ont prise après 10 ans.

Et les lèvres de Jill se perdent sur celles de Bailey quand continue de se serrer un peu plus contre lui si c’est possible. Elle enlace ses doigts à ceux de Bailey en lui proposant un bain. Il va tout préparer alors qu’elle pose une dernière fois ses lèvres sur son épaule avant de se diriger vers la cuisine. Elle prépare des tas de choses, finalement ils devront peut-être refaire des courses si elle continue comme ça. Le plateau déborderait presque et elle a déjà volé pleins de choses qu’elle a déjà mangé. “T’auras peut-être le droit à une chips si t’es sage.” Elle hausse les sourcils en déposant le plateau avant de se déshabiller pour aller dans la baignoire. “Pas touche aux crevettes par contre.” Et se tourne rapidement vers lui pour surveiller ce qu’il fait.

Elle s’installe en face de lui, et une vague d'émotion la submerge. Encore. Elle essaie de bouger, de changer de position même si ça ne changera rien à ce qui se passe dans sa tête. Elle souffle, elle tourne, elle évite le regard de Bailey. Pourquoi ces hormones gâchent toujours tout. Elle profite de ce moment, et elle a peur que ça n’arrive plus jamais. Ils ne trouveront peut-être plus le temps de se retrouver seuls ensemble, peut-être que leur couple ne sera plus jamais vraiment comme ça quand les jumeaux seront là. Et il le voit Bailey qu’elle réfléchit un peu trop. Elle aurait dû le pousser dans le lit au lieu d’avoir l’idée de prendre ce bain. “ca va... “ C’est pas le bain le problème, loin de là. Elle croise son regard et elle s’explique, il faut qu’elle explique. “Tu crois que c’est nos derniers moments ensemble ?” Elle est triste, tellement triste et elle ne saurait pas expliquer pourquoi maintenant alors que tout allait bien quand elle était encore sur cette terrasse. “Tu crois qu’on aura le droit à nos moments ensemble après qu’ils soient arrivés ?” Elle la connait la réponse au fond. Et elle n’a pas le droit d’être égoïste au point de jalouser ses enfants quand ils seront là. “Pardon c’est bête.” Elle ferme les yeux une seconde. “J’en ai marre de chouiner tout le temps.”

« T’auras peut-être le droit à une chips si t’es sage. » Une. La générosité sans faille de ma femme m’arrache un rire. « Une ? Wow, j’ai de la chance. » Mais déjà elle contre-attaque. « Pas touche aux crevettes par contre. » Je me redresse dans un statut militaire parfait. « Oui chef ! » Je crois que je ne vais pas trop toucher tout ce que contient ce plateau. Je la connais, Jill. D’un coup d’un seul, elle ne voudra plus trop partager les petits toasts et la seconde d’après elle me tendra une crevette pour que je goûte à mon tour. Vraiment à son rythme, rien pour la contrarier, un week-end en douceur.

Je vois dans le regard de Jill que soudainement, dans l’éclat de l’instant, quelque chose à changer. Je pense d’abord au fait que la baignoire est probablement inconfortable pour elle ou qu’un des bébés à décider de boxer sa vessie, mais elle évite mon regard Jill et je comprends que c’est bien plus profond que cela. Elle tourne, elle soupire. Elle rumine, mais je n’insiste pas. J’attends qu’elle m’explique, qu’elle s’ouvre à moi. Ma main glisse sur sa jambe pour lui rappeler que je suis là, que je ne pars pas. « Tu crois que c’est nos derniers moments ensemble ? » « Qu’est-ce que… » Je fronce les sourcils. « Tu crois qu’on aura le droit à nos moments ensemble après qu’ils soient arrivés ? » « Oh Jill… » Oh mon amour. Je les vois les larmes qui menacent de couler aux bords de ses yeux. Je la vois sa détresse. À son rythme.

Lentement, je force Jill à baisser ses jambes pour venir glisser les miennes de chaque côté de ses hanches et nous rapprocher. Mes mains glissent sur ses bras, s’arrêtent dans le creux de son cou. Avance à son rythme, dans sa respiration, au gré de ce qu’elle ressent. Nos fronts se collent alors qu’elle s’excuse de ne plus gérer ses émotions. « Ne t’excuse pas. » Jamais. Je connais tout cela. Les tempêtes émotionnelles. L’angoisse inexpliquée, la peur de déranger, de ne pas être compris. J’embrasse lentement ses lèvres, je gagne quelques instants avant de lui répondre. Je dois trouver les bons mots. « Les choses vont forcément changer. » Je ne peux pas lui promettre que notre vie de couple ne va pas se retrouver chambouler. Je ne peux pas promettre l’impossible. La naissance des jumeaux va bouleverser notre quotidien. « Mais on aura toujours nos moments à nous, Jill. » Et ça, je lui en fais la promesse, quoiqu’il en coûte, même si ce sera dur. Et je sais que j’y ferais particulièrement attention, elle exprime ses doutes, j’y suis attentif. « Quand ils dormiront au départ et puis… On pourra les faire garder pour avoir des moments pour nous. » Il existe tout un tas de possibilités, je suis persuadé que petit à petit, on pourra aménager, on pourra rester nous, mais avec eux. « Je te promets que l’on ne perdra ni nos moments, ni notre complicité. » Ce sont les échanges de cette après-midi, les petites plaisanteries, le ton léger qui l’ont fait douter, j’en suis certain désormais.

Elle est encore gênée par ses émotions Jill. Je le vois dans son regard encore si fuyant. Elle ne devrait jamais l’être. Mes mains viennent lentement glisser vers ses joues pour un énième baiser toujours plus tendre. « Laisse tout sortir Jill. » Je me fiche que ce soit mon anniversaire. Je me fiche que tout allait bien jusqu’à présent. Elle n'est pas bien pour l’instant et on doit d’abord gérer cela même si cela doit passer par les larmes.

Elle a préparé à manger, elle meurt de faim. Bien évidemment elle a prévu pour deux, mais Bailey continue de la taquiner. Il l’a bien vu qu’elle mangeait encore plus qu’avant depuis que deux habitants vivaient sous son nombril. Elle s’inquiète de temps en temps pour tous les kilos qu’elle va devoir perdre après la grossesse. Mais, elle n’en a pas tant pris que ça en réalité, les jumeaux sont de vrais gloutons. “Non j’ai prévu pour toi aussi tu peux même prendre des toasts.” Elle hoche la tête en entrant dans la baignoire. “Mais j’ai vraiment une envie folle de crevettes ce soir.” Ses envies changent presque tous les jours. La seule chose qui était à peu près constante, c’était son envie irrationnelle de chips à chaque heure de la journée.

Mais elle a trop réfléchi Jill, elle veut profiter de cet instant en se disant que c’est peut-être le dernier. Mais elle ne veut pas que ce soit le dernier. Pas alors qu’ils se sont retrouvés il y a quelques mois. Tout va vite, peut-être un peu trop pour elle à ce moment là. Il le voit Bailey, et elle parle Jill. Elle a promis de parler, et elle ne gardera pas toutes ces questions pour elle, ça finirait par gâcher son week-end et c’est bien la dernière chose qu’elle souhaite. Il doit flipper, elle le fait certainement souvent flipper avec toutes ses sautes d’humeur. Et elle essaie de sourire Jill, parce qu’elle se rend compte qu’elle prend les choses beaucoup trop à coeur, et qu’ils ont du temps pour s’adapter. Mais elle reste terrifiée sans pouvoir le contrôler. Elle s’excuse parce qu’elle pleure souvent, parce qu’elle s’inquiète trop et qu’elle l’entraîne dans son sillage à chaque fois. Les choses vont changer… Elle soupire un peu. Elle le sait, elle s’y prépare, mais l’idée qu’ils ne puissent plus être exactement comme avant lui fait un peu mal au coeur. Mais il la rassure Bailey, comme il le peut. Ils s’aiment et l’arrivée des jumeaux ne pourra pas changer ça. “On doit faire une carte de meilleure nounou de tous les temps pour Lola.” Elle sourit un peu en se rappelant du sourire de la jeune femme quand elle l’a appris. Elle plonge dans son regard. “Promis ?” Elle cherche à être sûre. Elle veut vraiment être sûre qu’ils veulent la même chose. “Je veux pas qu’on devienne ces parents qui prennent plus soin d’eux ou qui s’oublient pour les enfants. Je veux pas qu’on se perde.” C’est vraiment la seule chose qu’elle veut, et il doit le savoir.

Elle rit un peu quand il lui dit de tout laisser sortir. Elle avait encore les larmes aux yeux il y a quelques phrases. Mais elle secoue la tête en posant de nouveau ses lèvres sur la mâchoire de Bailey. “Je veux pas pleurer.” Et elle se rapproche pour enrouler ses bras autour du cou de son mari. “Ca doit être affreux de vivre avec une femme enceinte.”

D’un coup d’un seul, Jill semble complètement paniquée, complètement transcendée par ses émotions. Elle prend les devants, elle pense déjà à l’après. Lorsque les bébés seront là, lorsqu’ils accapareront tout notre temps. Elle s’imagine le pire, la future maman et ses questions me serrent le cœur. On a tellement attendu pour trouver un équilibre dans notre couple. On a tellement attendu pour devenir un vrai couple qui ne se cache plus, qui peut vivre librement. Et voilà que deux petits êtres vont venir chambouler tout cela d’une manière qui sera non négligeable. Bien sûr que je pense à l’après, parfois. Bien sûr que je me demande ce qui va bien pouvoir changer et pourtant… Je tente de rester confiant. Je le vois, je le ressens que notre dynamique à deux est devenue plus forte, qu’elle se solidifie à chaque moment que l’on s’accorde comme ce week-end loin de nos habitudes. Alors j’ose espérer que la parentalité ne fera que venir souder encore plus ce lien. Ce sera différent, on sera quatre au lieu de deux, mais ce sera notre famille. Je n’ai pas pour habitude d’être aussi confiant et bien entendu que ses doutes me font frissonner. Et probablement que je ne vais pas trop fermer l’œil cette nuit, parce que je vais ressasser tout cela en boucle, mais Jill n’a pas besoin de le savoir. « On doit faire une carte de meilleure nounou de tous les temps pour Lola. » « Elle aura un rôle spécial Lola. » J’en suis certains. Elle se fait sa petite place dans notre famille, la jeune peintre. Elle aura sa place auprès de nos enfants, cela ne fait plus aucun doutes. « Promis ? » « Promis. » Promesse scellée par un baiser. Promesse que je tiendrais coûte que coûte. Promesse de toujours.

« Je veux pas qu’on devienne ces parents qui prennent plus soin d’eux ou qui s’oublient pour les enfants. Je veux pas qu’on se perde. » Je hoche la tête, affirme ses propos. « On sera toujours Bailey et Jill. » que je lui affirme d’un air si certain que j’espère la convaincre. « Et parfois, on sera Bailey, Jill, twix 1 et twix 2. » que j’ajoute en souriant de manière rieuse. « Certains de nos moments à deux se transformeront parfois en moment à quatre et ce sera nouveau. » Mes doigts frôlent sa joue en douceur. « On apprendra ensemble Jill. On part de zéro ensemble. » On la trouvera, probablement, là notre force, dans la construction de notre famille. Et peut-être que l’on trouvera notre rythme autour de celui de nos enfants. Une intimité volée entre deux siestes, entre deux biberons au départ. Puis une sortie quand on se sentira prêt. On trouvera un moyen.

Et la seconde d’après, un rire s’échappe d’entre ses lèvres. La tempête est passée. Elle sourit à nouveau Jill, elle veut profiter pleinement de l’instant présent. On éclabousse tout lorsqu’elle vient se coller encore plus à moi. J’embrasse son épaule nue et souffle contre sa peau. « Ça doit être affreux de vivre avec une femme enceinte. » Je pouffe à mon tour. « C’est épuiiiiisant. » que je plaisante avant de reculer pour plonger mon regard dans celui de ma femme. « C’est de vraie montagne russe, mais c’est ça aussi la vie de couple. On n’avait tout simplement pas l’habitude. » Pas l’habitude de se soutenir quand l’un et l’autre fuyaient à la première difficulté. Pas l’habitude d’être un vrai couple tout simplement. « Je ne peux pas vraiment me mettre à ta place, je fais de mon mieux. » Je hausse les épaules.

Il faut lui changer les idées, lui faire garder son sourire. Alors j’attrape le bol de crevettes et l’amène entre nous pour qu’elle puisse se servir. « Tu veux entendre ma liste de prénoms ? » On s’installe plus confortablement dans le bain, son ventre qui sort presque de l’eau me fait sourire. « Ou tu veux un massage ? » Et mon regard devient bien plus malicieux. « Demande ce que tu veux. »

Elle a des doutes, des tas. Et elle arrive à mettre des mots sur certains. Et elle se calme petit à petit parce qu’elle sait qu’ils ne peuvent rien prévoir tant que les deux petits ne sont pas là. Alors elle tente de respirer, de calmer toutes les émotions qui arrivent trop vite et trop fort. “Oh que oui.” Elle hoche la tête, elle n’est pas près de laisser sortir Lola de sa vie aussi facilement. Alors elle aura un rôle spécial, elle sera là pour eux en tant que meilleure nounou de tous les temps pour quand ils voudront partir de la maison quand les jumeaux crient trop. Est ce qu’elle est douée avec les enfants Lola ? Jill n’en a absolument aucune idée. Il faudra vraiment qu’elle aient une discussion avant que les bébés soient là.

Ils sont un duo depuis un bout de temps maintenant. Un duo qui devient de plus en plus fort, de plus en plus soudé après chaque minute qui passe. Il les appelle twix 1 et twix 2 et elle rit Jill, elle rit vraiment. C’est sûrement quelque chose qui va rester longtemps. C’est original et ça va très bien à des jumeaux, alors Jill hoche la tête. “Tu vois pas besoin de liste de prénoms finalement.” Le visage de Bailey se retrouve proche de celui de Jill et elle continue de le regarder dans les yeux. Il est là pour elle, pour la rassurer depuis le premier jour. Elle est tellement fragile depuis le début de cette grossesse, et c’est lui qui devient le roc de cette relation pour pas que Jill ne finisse par perdre pied. Elle hoche la tête, ils recommenceront tout ensemble. “On part de 0” C’est aussi rassurant que terrifiant, donc pour vous dire à quel point les sentiments de Jill sont opposés et compliqués à gérer.

Il doit en avoir marre de vivre avec elle et ses sautes d’humeur. Alors elle retrouve son sourire, et ses lèvres parcourent de nouveau les lèvres et le cou de Bailey avant qu’elle se retourne pour poser son dos contre son torse. “Je sais pas ce qui est le plus difficile à gérer.” Elle laisse planer le silence quelques instants. “Les envies de nourriture ou les sautes d’humeur.” Pour lui, les deux doivent être affreuses. “Et j’ai une mauvaise nouvelle.” Elle hoche la tête de manière solennel. Ca peut vraiment être considéré comme une mauvaise nouvelle. “On a qu’un seul paquet de chips et aucun pot de crème glacée.” Et ça, ça veut dire qu’il aura le droit à au moins un caprice dans le week-end, c’est certain.

Elle se pose quelques minutes en silence contre lui en profitant de la température de l’eau et de la mousse. Son visage est toujours tourné vers celui de Bailey et leurs bouches sont proches. “C’est moi qui dois te la donner en première normalement.” Parce qu’elle a perdu le pari. Mais il lance une autre idée Bailey, et elle ouvre de grands yeux malicieux. “Un massage…” Et ça c’est ce qui l’intéresse le plus pour le moment. “Mais faut que tu fasses ça bien avec de l’huile et tout.” Elle en a vu des tas sur la table de nuit. “On pourra toujours faire les prénoms un peu plus tard… Quand t’auras fini.” Et elle hausse un sourcil en attrapant une, deux, peut-être 6 ou 7 crevettes avant de se préparer à sortir de l’eau.

Les humeurs de Jill sont un véritable yo-yo depuis des mois. Elle est au bord des larmes et la seconde d’après en train d’éclater de rire. C’est souvent compliqué à suivre, parce que je suis une véritable éponge et que je pourrais pleurer avec elle tout autant que je pourrais la suivre dans la vague suivante. C’est typiquement le cas ce soir dans cette baignoire. Je trouve les mots pour la rassurer même si au fond, elle vient de me transmettre ses doutes et son inquiétude. Je ravale les émotions, ce n’est pas le moment alors que Jill a déjà retrouvé son beau sourire et qu’elle plaisante sur le nom de nos enfants. « On part de 0. » J’embrasse ses lèvres. « Tout ira bien. » C’est tout ce que je peux lui promettre. « On sera une famille. » Et ces quelques mots-là… J’en frissonne rien que de les prononcer lentement. Une famille. À nous. Que l’on construira à deux, sans jamais reproduire les erreurs du passé. Malgré les doutes, je reste persuadé que l’on peut le faire.

Elle vient se caler contre mon torse et mes mains glissent sur son ventre arrondi. Ils s’agitent les jumeaux comme s’ils savaient que l’on est en train de parler d’eux. Elle parle des changements Jill et je comprends que c’est beaucoup pour elle. Je note dans un coin de ma tête qu’il faudrait en parler lors de son prochain rendez-vous avec le psychiatre. Tout va vite pour elle. Deux bébés qui prennent possession de son corps, ses hormones qui ne cessent de lui jouer des tours, l’angoisse de la suite. « Tu as le droit d’être perdu. » que je lui assure. Elle ne doit pas avoir honte, elle doit pourvoir exprimer tout ce qui la gêne, tout ce qui la travaille. J’attrape l’une de ses mains pour venir lier nos doigts tandis que mes lèvres se posent lentement sur son épaule mouillée. Le silence retombe entre nous, on profite de l’instant, de la tendresse de cette étreinte.

« Et j’ai une mauvaise nouvelle. » Mon cœur s’emballe. Je crains le pire. « On a qu’un seul paquet de chips et aucun pot de crème glacée. » Soupire de soulagement mêlé à un rire nerveux. Dieu soit loué rien que je ne puisse pas régler facilement. « J’irais à la supérette que l’on a passée en venant. » J’irais faire le plein, sinon elle va pleurer que le petit veux de la glace et que sa sœur veut des chips. Je commence à avoir l’habitude maintenant.

Elle est d’humeur câline Jill. Elle enchaîne les baisers, elle me taquine un peu et finit par accepter ma proposition de massage. « Attends. » Je sors du bain en premier afin de prendre les mains de Jill pour l’aider à se relever. J’ai à peine le temps de vider l’eau que ma femme m’entraîne déjà dans la chambre à coucher. Elle me donne un flacon d’huile et s’allonge sur le lit, complètement nue. Et peut-être que je bloque un peu en l’observant. Et peut être que je viens l’embrasser avec ferveur, avant de venir embrasser son ventre puis le creux de ses cuisses. Et peut-être que j’oublie un peu le massage une seconde pour me glisser entre ses jambes, juste le temps d’un gémissement. Mais elle me rappelle à l’ordre Jill et je me relève en riant un peu. « Oui le massage. » Clairement, je ne peux plus vraiment cacher mon excitation et je rougis quelque peu. Je récupère le flacon et le regard longuement. Comment on masse une femme enceinte qui ne peut plus s’allonger sur le ventre. « Euh… Tu te mets sur le côté ? » Je fais couler un peu d’huile entre mes mains pour déjà venir les glisser entre les épaules de Jill.