On l’avait attendu cette conversation et les prénoms fusent entre nous, elle a tout un tas d’idées Jill. Elle sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle n’aime pas pour nos enfants. J’aime la voir aussi investie, je sais que c’est un peu compliqué pour elle, mais là a cet instant, on semble être sur la même longueur d’ondes. Et même si nous n’avons pas les mêmes avis ou les mêmes goûts, la conversation est fluide. Je donne mon véto pour un prénom, elle fait de même de son côté. Mais on n’arrive pas vraiment à se décider. Une chose est sûre, nous avons les six prénoms que l’on aime le plus, maintenant, il va nous falloir trouver celui qui aura le droit à la première place et on se rend compte que c’est loin d’être simple. C’est un prénom que nos enfants porteront pour le reste de leur vie. « Je crois qu’on va galérer pour les deux. » Un rire m’échappe. « Je crois aussi. » Mais au moins, elle a un petit rire aussi ma femme. Et on y va à notre rythme, on fait comme on peut.

Désespérer à l’idée de prendre une décision radicale, je finis par proposer de tourner tout cela en jeu. Au pire, on ne sera pas d’accord avec le choix de la pièce et on pourra en discuter encore un peu. Au mieux, ce sera une belle histoire à raconter aux enfants quand ils nous demanderont comment on a choisi leur prénom. C’était l’idée. Jusqu’à ce que la pièce se fasse la malle sous le meuble de la cuisine et que l’on soit incapable de lire le résultat. « T’as loupé le pile ou face. » « Maiiiiiiiis… » Et je boude comme un enfant alors qu’elle ne cesse de rire Jill. C’est si simple, c’est tellement nous. Elle passe ses bras autour de mon cou et je souris à nouveau. « On demandera aux parrains et marraines de choisir ! Ce sera leur première décision pour les bébés. T’es d’accord ? » Oh. Je crois que son idée est encore plus originale que la mienne. « J’aime bien ! » Pas sur que les intéresser soit très fan de devoir faire un tel choix pour nous, mais on va tenter. « Au moins, on pourra être un peu aider et je crois que ça va être drôle. » Oh oui, j’ai déjà hâte de voir leurs têtes quand on leur demandera.

Les pizzas sont cuites, on passe à table et la conversation continue à être tout aussi fluide. On oublie un peu les bébés, on parle de nous, de tout et de rien aussi. C’est simple et ça fait tellement de bien. Rapidement, je n’ai plus faim, mais Jill commence à piquer mes restes. « C’était super bon, on refera des pizzas à la Jill. » C’est un peu mieux que les pizzas à la Noah déjà. « On va faire un tour sur la plage ? » J’ai envie de profiter avant que la nuit tombe complètement. « Et après, on fera ce que tu veux. » Je lui souris tendrement avant de me lever pour commencer à débarrasser la table.

La pièce passe sous le meuble, et Jill se met à rire alors que Bailey fait la moue quelques secondes. Elle passe de son côté pour l’enlacer et lui proposer une autre idée. Une bonne idée. “Et si personne arrive à se décider ce sera twix 1 et twix 2” Et Jill pouffe de rire de nouveau. Elle ne pensait pas que tout ça allait se passer aussi bien, qu’elle n’angoisserait finalement pas tant que ça alors qu’ils parlaient de bébés et de prénoms. Ces deux petits avaient déjà des prénoms même si ils n’avaient pas encore trouvé l’ordre. Plus les jour passent et plus ils deviennent de petites personnes qui seront bientôt dans leur vie. Ca la stresse encore, mais aujourd’hui, elle a décidé de prendre tout ça avec le sourire, et tout se passe pour le mieux. C’est rassurant qu’elle arrive tout de même à en discuter vraiment de temps à autre.

Les pizzas sont cuites et Jill en dévore rapidement une grande partie. Elle est toujours affamée, même si l'apéritif dans la baignoire n’est pas si loin que ça. “Tu vois je suis une super cuisinière.” Quand elle en a envie et quand elle le décide. Parce que ce n’est pas le genre de Jill de rester des heures derrière les fourneaux. “J’ai même le droit à une pizza à mon nom je suis flattée.” Un clin d’oeil et le sourire de Jill qui s’agrandit alors qu’elle mange la dernière part sans même demander à Bailey si il la veut. Elle hoche frénétiquement la tête quand il lui demande si elle veut aller sur la plage, elle a bien envie de se balader sur cette plage déserte. Il se lève pour débarrasser la table en continuant de parler et Jill passe entre les assiettes pour atteindre les lèvres de son mari. “Encore ?” Elle fronce le nez et l’embrasse fougueusement avant de sortir sur la terrasse pour partir marcher.

Elle attend quelques minutes avant qu’il arrive vers elle, elle enlace ses doigts aux siens et commence à marcher sur le sable frais. Le soleil se couche et la vue est magnifique. “Elle est belle cette maison.” Pas loin de Brisbane, et pourtant, elle est totalement dépaysée. Et après quelques mètres, elle se retrouve les pieds dans l’eau à regarder vers l’horizon. “On pourra certainement revenir un jour.”

« Et si personne arrive à se décider ce sera twix 1 et twix 2 » J’éclate de rire en la voyant hocher de la tête de manière aussi convaincue. « Et s’ils nous demandent, on dira que c’est un Noah hyper au sucre qui a trouvé l’idée. » Je suis affreux à mettre la responsabilité sur les épaules d’un gamin alors que je suis le premier à leur avoir donné ce surnom un peu débile. Quoiqu’il arrive, il semblerait que l’on se soit au moins mis d’accord sur les prénoms qui nous plaisent le plus. Une étape supplémentaire de franchie. On avance à notre rythme, ce n’est pas toujours simple et probablement que je vais angoisser dès ce soir d’avoir pris la mauvaise décision. Je vais probablement questionner nos choix pendant des jours, parce que c’est ce que je sais faire de mieux douter de tout, dans mon coin. Je ne veux pas inquiéter Jill, elle n’a pas besoin de cela.

Après avoir, littéralement, dévorer les pizzas, on se prépare à sortir pour profiter de la plage. Le programme que j’expose semble plaire à Jill. « Encore ? » Je ris contre ses lèvres. « Hmhm. » Un dernier baiser avant qu’elle ne s’échappe sur la terrasse. J’abandonne la vaisselle au fond de l’évier, ça peut bien attendre et rejoins ma femme. Logan se faufile entre mes jambes et pars en courant dans le sable.

On se balade un moment sans rien dire. On profite de l’air iodé de l’Océan, du calme qui nous entoure. Le bruit des vagues a toujours été un de mes sons préférés. Je pourrais rester des heures assis sur le sable, c’est apaisant. « Elle est belle cette maison. » Je hoche la tête alors que Jill se détache pour laisser les vagues venir lécher ses chevilles. Je la revois, le jour de notre mariage, sur cette plage du bout du monde. Sa silhouette a bien changé depuis, mais elle reste magnifique, Jill. « On pourra certainement revenir un jour. » Mon regard se perd sur la maison derrière nous. « Et si on en avait une ? » La plage a toujours été son endroit préféré. D’une certaine manière, c’est devenu un endroit symbolique entre nous. On, c’est souvent retrouver sur une plage. On s’est marié sur une plage. Je ne veux pas vraiment vendre ma maison à Bayside, mais on pourrait se trouver quelque chose bien plus éloigné. Un endroit rien qu’à nous. Juste nous deux et les jumeaux. « Peut-être à Gold Coast ou Byron Bay. » Je viens me glisser dans son dos, mes mains se posent sur ses hanches, tout contre son ventre. « Tu aimerais ? »

Jill regarde l’eau et le soleil qui se couche à l’horizon. C’est beau ici, c’est calme, c’est loin de tout. Une bulle dont il avait besoin pendant ce week-end. Et Jill est ravie d’avoir eu cette idée, d’avoir organisé cet anniversaire. L’air est doux, il y a un léger vent agréable et Jill profite de chaque instant de tranquillité avant d’enfin aller se balader sur le sable avec son mari. “Vendu, Noah est le fautif.” Jill sourit en pensant à son filleul, il va sûrement vouloir les appeler comme ça tout le temps de toute manière. Alors Il range un peu la table et Jill se poste rapidement proche de lui en lui disant qu’après ils feront ce qu’elle veut. Un sourire malicieux passe sur ses lèvres alors que Bailey l’embrasse une nouvelle fois. “Ce week-end va t’épuiser.” Elle rit vraiment avant de rejoindre la plage quelques minutes seule. Et il la rejoint, prêt pour aller visiter les alentours.

Elle reste les pieds dans l’eau, seule, quelques secondes face à la mer. Elle aime cette maison, cet endroit, elle aime découvrir des tas de nouveaux endroits avec Bailey à chaque fois qu’ils voyagent. Elle a besoin de nouveauté, d’air frais, elle qui a toujours voyagé partout dans le monde. Elle fronce les sourcils quand Bailey donne l’idée d’acheter une maison de vacance. Une maison juste à eux loin de Brisbane, et elle garde pour elle le fait qu’il en a déjà une avec Ginny à Londres. Elle n’est pas là pour lui reprocher quoi que ce soit, et certainement pas le jour de son anniversaire. Elle soupire, pas trop bruyamment et il vient s’installer derrière elle en enlaçant ses bras autour de ses hanches et de son ventre. Elle réfléchit, elle ne répond pas tout de suite. “Tu veux acheter une maison dans chaque endroit qu’on aime ?” Elle pouffe un peu, elle ne veut pas faire d’erreur. Acheter une maison, des bébés, un mariage, et tout deviendrait presque suffocant pour Jill si elle ne s’était pas tournée vers Bailey pour passer de nouveau ses bras autour de son cou. “Pourquoi acheter une maison quand on peut aller partout dans le monde ?” Ils ne pouvaient pas avoir une maison dans chaque ville que Jill aimait, il y en avait bien trop. Alors elle propose son idée, l’idée de juste pouvoir voyager absolument partout sans avoir de pied à terre sauf à Brisbane. Elle ne perd pas son sourire, ni sa bonne humeur, rien ne pourrait venir gâcher ce week-end. “On pourra décider quand on pourra de nouveau sortir de la maison.” Parce qu’elle le sait que pendant les premiers mois ce sera difficile, et ils n’auront pas la tête à voyager ou à acheter une maison au bord de l’eau.

Je n'aurais pas pu rêver mieux pour mon anniversaire. Une journée tout en douceur ou l'on à se retrouver apaisé tout en parlant d'avenir dans cette maison au bord de l'eau. Désormais, le soleil entame sa descente vers l'horizon et j'observe, le sourire aux lèvres, Jill qui marche quelques pas devant moi, les pieds dans l'eau, les yeux perdus dans le vague. Mon électron libre qui a tant de mal à se poser dans cette situation stable. Je le sens depuis le début, mais les indices se font de plus en plus probant. Notre situation l'inquiète, elle qui a toujours tant aimer sa liberté. Alors je m'inquiète aussi, même si ce soir, j'ai envie de faire taire toutes ces émotions contradictoires. On verra plus tard, il faut profiter du moment présent, avant tout. Et il est là, mon présent, juste sous mes yeux, dans la silhouette de la brunette colorier par les reflets du soleil couchant. À cet instant précis, je mesure ma chance, car rien ne nous prédestinait à tout ce que nous sommes en train de vivre.

On s'enlace sur cette plage, en parlant maison et voyage. « Pourquoi acheter une maison quand on peut aller partout dans le monde ? » Je comprends alors que Jill n'a pas encore assoiffé sa curiosité du monde et soudainement, j'imagine que c'est quelque chose que l'on pourrait partager avec nos enfants. « C'est vrai. » Je souris contre la peau de sa nuque avant d'y déposer un baiser. Elle ne veut pas trop se prononcer sur la suite des évènements et je le comprends, mais il n'y a rien de mal à rêver un peu après tout. « On les amènera à Bali. » Pas à Londres, pas tout de suite, mais sur le lieu de notre mariage. Sur cette plage qui a signé cet immense tournant dans notre vie. « On continuera à voyager, je te le promets. » Ça ne changera pas, alors que c'est quelque chose qui coule dans ses veines. Elle aura probablement refilé le virus aux enfants. Ils apprendront des autres en voyageant, ils découvriront le monde au travers des yeux de leur maman. Je tente de m'en convaincre.

On reprend notre balade, Logan ne cesse de passer entre nous avant de courir vers l'avant. Il est essoufflé, mais ne s'arrête pas pour autant, ce qui me fait rire. Mes doigts s'entremêlent à ceux de Jill alors que je pense à une chose qu'elle m’a dit il y a peu. « Un jour, tu m'as dit que tu voudrais utiliser ton diplôme. » Je suis simplement curieux et espère ne pas me diriger en terrain miné, on ne sait trop jamais avec ses hormones dernièrement. « Tu as des idées "concrètes" de ce que tu aimerais faire ? » Parce qu'elle va devenir maman, certes, mais elle reste avant tout une femme et je serais si fier d'elle, si elle arrivait enfin à trouver un job qui la passionne réellement.

Elle regarde vers l’horizon, profite d’avoir les pieds dans l’eau quelques minutes. Elle aime cet endroit Jill, elle sourit, ils sont bien. Et s’ils restaient là sans jamais retourner à Brisbane ? Il finit toujours par se passer des drames dans la ville natale de Jill. Mais elle secoue la tête, ce n’est pas le moment de se concentrer sur autre chose que l’anniversaire de Bailey et ce beau moment qu’ils passent ensemble. Ils ne parlent pas beaucoup, et surtout pas des sujets compliqués. Ils font des projets, ça ne la rassure pas forcément, mais ça lui permet de ne pas penser à tous ses doutes sur ce qu’il se passe au présent. Elle a déjà exprimé quelques unes de ses peurs à Bailey, et il y en a encore beaucoup dont elle ne parle pas. Certaines dont elle n’est même pas consciente en réalité. Alors elle profite de la brise et du couché de soleil. Elle enlace ses doigts à ceux de Bailey alors qu’il dépose un baiser au creux de son cou. Ils emmèneront les enfants à Bali, sur leur plage. Et elle compte bien continuer de voyager. Elle veut pouvoir continuer de découvrir tout ce qu’il se passe dans le monde, et donc faire découvrir tout ça à ses enfants aussi. “On a encore beaucoup de plages à visiter.” Parce que la plage reste l’endroit préféré de Jill, certainement pour toujours.

Elle s’imagine déjà continuer de voyager Jill, elle aurait aimé aller plus loin pour l’anniversaire de Bailey. Changer de pays, de paysages, mais le médecin a dit que c’était trop risqué. Elle était un peu déçue mais a réussi à trouver une autre alternative. C’est beau ici aussi, vraiment apaisant. Ca ressemble aux plages que l’on retrouve sur les cartes postales, et ils sont seuls, isolés. Et le sujet change, elle se concentre Jill, elle sourit. C’est vrai qu’elle lui a parlé de son diplôme, et, plus le temps passe, plus elle a envie de s’en servir. Depuis le début de sa grossesse, elle a déjà dû faire des centaines de dessins au moins. “Faudrait que je fasse des recherches, je me sens pas vraiment de bosser pour quelqu’un.” Elle a tout les diplôme qu’il faut pour créer sa propre entreprise Jill. Mais c’est un énorme engagement, quelque chose dans quoi elle va devoir mettre du temps et de l’énergie. “J’ai peur que ce soit trop tard.” Peut-être qu’elle aurait dû faire ça avant les bébés, avant d’être dans cette situation. “Ca va me prendre du temps, vraiment beaucoup, si je me lance.” Parce que rien n’est sûr encore. Jill ne fait que des suppositions, elle essaie d’écouter ses envies, et de rendre sa vie un peu plus stable aussi. Elle ne pourra plus faire n’importe quoi après avoir accouché, elle ne pourra plus retourner à sa vie d’avant.

À deux, sur cette plage, on réinvente le monde et nos voyages. Elle a fait le tour du monde Jill, mais elle ne s’en lasse jamais et savoir qu’elle compte m’embarquer avec elle désormais, cela compte plus que tout le reste. Je n’en doute pas, on fera les meilleurs voyages avec nos enfants. Jill leur apprendra tout ce qu’elle connaît des autres cultures, on les entraînera dans les musées. « On a encore beaucoup de plages à visiter. » Et ils connaîtront toutes les plages du monde, il faut croire. « On a encore tout le temps du monde pour les voir. » On se fera une liste de tout ce qu’il nous reste à voir et on prendra le temps de le faire, j’en suis certain que ce soit rien que tous les deux ou avec nos enfants. Ce sera notre truc à nous.

Rien ne pourra venir nous déranger ici. Comme seul au monde, on prend le temps de se retrouver, de profiter de l’un et de l’autre. C’est simple, ça fait du bien, c’est tout ce que je voulais pour mon anniversaire. Rien de plus que nous et nos projets du futur. Nos enfants, mais aussi les projets de Jill. Je n’ai pas oublié sa petite confession autour de son diplôme et tout ce que je souhaite, c’est qu’elle puisse s’épanouir pleinement dans sa vie. « Faudrait que je fasse des recherches, je me sens pas vraiment de bosser pour quelqu’un. » Un petit rire m’échappe. « Ah bon ?! » que je la taquine quelque peu. Bien sûr que je ne suis pas étonné. Ce n’est pas son genre d’avoir un patron, de répondre à des ordres. Elle a besoin de voler de ses propres ailes, c’est son motto. Tout simplement. Pourtant, je sens qu’elle n’ose pas en exprimer plus, qu’elle se retient. « J’ai peur que ce soit trop tard. » Je voudrais contester, mais elle ne m’en laisse pas le temps. « Ça va me prendre du temps, vraiment beaucoup, si je me lance. » Je m’arrête de marcher et tire légèrement sur sa main pour qu’elle se retrouve en face de moi. Ma main vient se glisser sur sa joue alors que je lui souris tendrement. « Il est jamais trop tard, Jill. » Jamais. Surtout lorsqu’il s’agit de nos rêves, j’en suis persuadé. « Et quoiqu’il arrive, quoique tu souhaites faire, je serais toujours là pour t’épauler et te soutenir. » Je viens embrasser ses lèvres lentement. « N’abandonne pas ton rêve. » Je la connais, elle finira par s’en vouloir ou pire m’en vouloir si elle ne va pas jusqu’au bout de son idée.

Mais on ne se prend plus la tête avec cela pour le reste de la soirée, et même du séjour. On prend le temps de vivre un peu plus calmement, on profite, on discute de tout et de rien, on se met à rire comme des gamins, Jill me fait goûter à ses créations culinaires, parfois douteuses – merci les hormones.

Le meilleur anniversaire de ma vie et pour le prochain, je serais papa.