| | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 13:20 | |
| « Justement pour ca. On profite pas quand c'est trop lisse. » Trop lisse. Comment mieux te décrire ? Impossible. Tu n'en a pas profité. Jamais. Tu n'en a jamais eu le droit. Tu as toujours été trop docile. Il pouffe, lui, Jack. Mais toi, ton regard est sérieux quand il se pose dans le sien. « J'serais morte. Si je t'aurais remarqué » Tu aurais probablement finit dans un couvent pour soeur. Ce qu'ils pouvaient être cruel, tes parents. Ils le sont encore. Moins tu les vois, mieux tu te portes. « T'inquiètes, je partirai une seconde juste avant. » Tu secoues la tête, lèves les yeux au ciel, amusé. Il joue avec le feu.
« Parce que j'étais trop amoureux, trop malhabile. » À l'entendre parler, tu as l'impression de ne rien y connaître à l'amour. Ce qui est plutôt pathétique après vingt ans de mariage. Comment peut-on être trop amoureux ? Est-ce que c'était elle le problème ? Était-ce elle qui ne l'aimait pas assez ? Tu n'y comprenais rien. « Tu étais malheureux ? Avec elle ? » Tu aurais presque envie qu'il te dise que oui. Juste parce que ce serait rassurant d'entendre qu'un autre mariage, aussi long que le tien, n'était pas tout rose, qu'il était compliqué, qu'il faisait plus de mal que de bien.
« C'est plus compliqué que ça. » C'est toujours plus compliqué que ça. Et il n'y a pas plus compliqué que ton mariage. « C'est pas tout noir ni tout blanc, y'a des nuances de gris à travers » Bien sûr qu'il en a, mais c'est quand la dernière fois que ça n'a pas été tout noir ? Dans combien de semaines, combien de mois ça redeviendra gris ? « Quand on trompe, ça a rien à voir avec l'autre, et ça a tout à voir avec nous. » « C'est pas vrai ça. Tout le monde à sa part de responsabilité. Un couple, ça se construit à deux et ça se détruit à deux. » Tristement. Tu n'étais pas stupide. La maîtresse, tu l'attendais depuis des années. Tu savais qu'un jour elle viendrait. Tu ne savais pas quand et encore moins qui, mais tu savais. Tu as ta part de responsabilité là dedans et tu es prête à la prendre. Mais lui ? Il ne semble pas vouloir prendre la sienne. « Et s'il ne le regrette pas ? » Et ton verre est vide à nouveau. Ce serait tout sauf raisonnable d'en prendre un autre.
« Tu as intérêt à ce que je retrouve pas des miettes de pain partout demain » que tu finis par lui lancer. À quel moment ta cuisine était-elle devenue un tel bazard ?
@jack epstein
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| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 18:11 | |
| « J'serais morte. Si je t'aurais remarqué » « On a bien fait d'attendre quelques années, alors. » quelques années, une conversation aux milliers de sens, une demie-bouteille de gin à l'érable et une tentative de grilled cheese, donc.
La cuisine est immense, les tasses à café ne sont pas dépareillées, le plancher est en marbre et pas en bois qui craque à chaque fois qu'on en frôle les joints. Les placards sont aussi bien rangés que le frigo, il n'y a aucune trace de doigts sur la plaque du four et Jack se sent dans un magazine, là. Il aurait envie de mettre de la musique, il aurait envie d'ouvrir les volets, il aurait envie de foutre le bordel en vrai ; rien que pour que la pièce en soit une qui pue la vie et le quotidien éparse. Il s'attaque sagement aux fromages, pourtant. « Tu étais malheureux ? Avec elle ? » un cheddar, un brie, un bufala pour la finale. « Parfois. Mais j'ai tout fait pour qu'elle ne sache pas. » il n'était pas malheureux à cause d'elle, il l'était à cause de lui-même, avec elle. De comment il la traitait, de comment il était. L'anneau au doigt, la femme dans un autre état. « C'était une erreur de croire qu'elle l'ignorait. » elle savait tout Jude, elle voyait tout aussi. Ils auraient dû en parler, ils ne le pourront plus jamais.
La croûte craque sous ses doigts, il déchire le pain en inspirant doucement. « C'est pas vrai ça. Tout le monde à sa part de responsabilité. Un couple, ça se construit à deux et ça se détruit à deux. » elle a raison, et pourtant il en prend tout le blâme, les épaules voûtées, le gin comme excuse, comme alibi pour masquer le rictus las, la ride du lion qu'il entraîne en fronçant. « Et s'il ne le regrette pas ? » « Tu en doutes? » ses yeux viennent retrouver ceux d'Elise, quand ses mains ont depuis longtemps lâché l'assemblage approximatif pour remplir son verre à elle, et bien sûr le sien. La bouteille est presque vide, pendant que la cuisine se remplit de leurs secrets. « Tu voudrais reconstruire ou détruire? » il ose, il s'avance, sa voix est douce, si douce, il se veut presque rassurant. « Je devrais pas te demander ça. » mais il recule, et dans ses mots et dans ses gestes. La poêle crépite et les sandwichs à griller s'y retrouvent l'un à côté de l'autre. Elle ne répondra pas et elle ne devrait pas - il ne peut pas être impliqué dans tout ça.
« Tu as intérêt à ce que je retrouve pas des miettes de pain partout demain » elle a la décence de changer de sujet, il souffle un peu, retrouve son sourire en coin à la seconde où il remarque le sien. Elle est belle à nouveau, elle l'est toujours au final, mais elle se l'autorise si peu que son coeur s'en serre à Epstein de le remarquer. Il ne remarque pas ça, d'ordinaire. Ne s'en donne pas le droit de le faire. « Je finirai bien par trouver un balai quelque part, après. » lui qui fouille partout, lui qu'elle accuse de prendre tant et aussi bien ses aises.
L'assiette en commun se monte, il voit son intérêt envers un grilled cheese qu'elle n'a jamais vraiment accepté, qu'il lui a imposé comme le reste. D'un sourire, d'un coup d'oeil espiègle, il la met en garde. « Attends, c'est meilleur tranché. » partant à la recherche d'un couteau avant de revenir se poster près d'elle, s'installant sur l'un des bancs surélevés. Il s'est vanté d'en faire d'excellents, il a une réputation à tenir. Il est lent Jack, il prend son temps, avant de tourner la part la plus généreuse vers elle, d'attendre le verdict avec tout l'intérêt dont il se surprend sans s'en déplaire.
@elise williams |
| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 19:20 | |
| « On a bien fait d'attendre quelques années, alors. » Ton regard qui se perd dans le sien, qui scrute le sien plutôt. Ça en dit des choses, un regard.
« Parfois. Mais j'ai tout fait pour qu'elle ne sache pas. » Tu gobes ses paroles, carrément. Tu as l'étrange impression que c'est de toi qu'il parle. Parce que parfois t'es malheureuse, parfois tu l'aimes, parfois vous arrivez à vous entendre, souvent pas. Il est compliqué votre mariage. Personne pourrait vraiment le comprendre. Peut-être que lui si ? « C'était une erreur de croire qu'elle l'ignorait. » « Pourquoi t'es resté ? » L'amour assurément. Parce qu'il était trop amoureux. Toi ? Pourquoi tu restes ? Tu ne le sais même plus. En ce moment même, blessé, un peu trop affecté par l'alcool, non, t'as plus envie de rester. Tu manques clairement de jugement.
« Tu en doutes? » « Je le sais. » Tu les attends toujours les excuses. Tu l'attends toujours, lui, qu'il revienne. Il est pas là. Il est avec qui ? Tu sais pas. Il regrette pas. Pas encore. Il va regretter quand il sera trop tard. « Tu voudrais reconstruire ou détruire? » Et il s'avance. Réponds pas. Réponds pas que tu répètes sans cesse à ton cerveau qui réfléchit mal. Ne réponds pas. Pourquoi est-ce que les mots se bousculent dans ta bouche pour sortir ? « Je devrais pas te demander ça. » Non, il devrait pas. Et il ne devrait pas non plus avoir cette discussion avec toi. Il devrait l'avoir avec Saül. C'est lui son ami et non l'inverse. « Tu devrais surtout pas remplir mon verre. Je vais finir par m'endormir si je bois trop, et tu vas en profiter pour aller voir la verrière » que tu l'accuses presque.
« Je finirai bien par trouver un balai quelque part, après. » Pas possible. Il prévoit encore fouiller partout ? Elle s'arrête où son aisance ? Où tu lui dira d'arrêter. Et ce fameux grill cheese finit par arriver sans que tu ne t'en rende vraiment compte. « Attends, c'est meilleur tranché. » Tu ris. Il va quand même pas -? Ah oui, il le fait. « Tu lui tranches aussi ses grill cheese à ta fille ? Je la comprends de vouloir se rebeller. » Tu deviens définitivement un peu trop à l'aise. Tu niera tout demain matin sans aucun doute. Tu viens donc attraper un part de ce fameux grill cheese avant de prendre la première bouchée. Les femmes d'abord. « J'ai connu pire. » Ton regard qui se tourne vers lui qui venait tout juste s'installer à tes côtés alors qu'un sourire amusé, complice, s'installe sur tes lèvres. C'est un compliment. Qu'il le prenne. « Tu as bien fait. D'arriver à l'improviste. » Et tu as bien fait de ne pas le chasser comme tu l'avais pensé dès la seconde où il s'était imposé.
@jack epstein
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| | | | (#)Dim 17 Mai 2020 - 0:57 | |
| « Pourquoi t'es resté ? » pourquoi Jude est restée plutôt? Pourquoi a-t-elle supporté tout ça, quand lui ne la méritait clairement pas? « Ça me faisait plus mal de penser à partir que de tenter de tout réparer. » chaque jour il tentait un peu plus fort, se servant de sa multitude d'échecs pour espérer arriver à apprendre, à ainsi se racheter à un moment ou un autre. 5 ans après son décès il ne se le pardonnait toujours pas.
Est-ce qu'elle lui pardonnera? « Je le sais. » il est pudique Jack, quand personne ne croirait vraiment que cela fasse partie de sa liste de qualificatifs. La pudeur en son sens n'avait pas lieu d'être mais pour les autres, pour Saül et Elise, il se gardait cette rigueur de se mêler de ses affaires à un point où il l'empêcha même de répondre à ses intrusions. La ligne est mince, trop. « Tu devrais surtout pas remplir mon verre. Je vais finir par m'endormir si je bois trop, et tu vas en profiter pour aller voir la verrière » « La verrière? Quelle verrière? » innocent personnage à la voix espiègle, remplissant son verre évidemment, plongeant son regard dans le sien un temps. Elle semble aller un peu mieux, juste un peu. Ça lui suffit.
L'assiette est pleine, les grilled cheese sont servis, il attend le plus sérieusement du monde son verdict en s'amusant de la lueur qui fait scintiller les iris de la brune. « Tu lui tranches aussi ses grill cheese à ta fille ? Je la comprends de vouloir se rebeller. » « Goûtes au lieu de te moquer. » du menton, presqu'en la grondant, il lui montre son dû attendant qu'elle attaque pour faire de même. « J'ai connu pire. » ses lèvres sont tartinées de beurre fondu, elle a des miettes à leur commissure. Il ne s'y aventure pas Jack, même si son pouce le démange. « Tu veux dire "J'ai jamais connu mieux". » et il s'y aventure, finalement, nettoyant d'un geste vif, si vif qu'il en est volé, la bouche rieuse de celle qui semble ne pas avoir ri depuis une décennie, une autre aussi. « Tu as bien fait. D'arriver à l'improviste. »
L'arrêt sur image fait du bien, pour une immensité de raisons, mais surtout la plus évidente : il est rassuré de la savoir rassurée elle-même. Il n'a pas menti ; ce qui trône encore dans le plat à partager a fait de la magie. « Je ne recommencerai plus. » il jurerait presque Jack, si son expression ne suggèrerait pas sa prochaine malice, sa prochaine limite. Il se penche à son oreille aussi Epstein, il y chuchote la suite, le sourire qu'elle dénotera dans ses mots pour sûr. « Comme ça, la prochaine fois, tu pourras encore dire que je suis arrivé à l'improviste. » et qu'il a bien fait.
@elise williams |
| | | | (#)Dim 17 Mai 2020 - 3:20 | |
| « Ça me faisait plus mal de penser à partir que de tenter de tout réparer. » « Ça en a valu la peine ? » Les moments heureux suffisaient-ils à combler les périodes plus sombres ? Est-ce que ça valait vraiment la peine de continuer d'essayer quand les réparations ne duraient jamais longtemps ? Tu te le demandes parfois. Pas souvent. Mais lui, c'est pas pareil. Il ne pouvait pas regretter d'avoir été là pour l'accompagner jusqu'à son dernier souffle.
« Goûtes au lieu de te moquer. » « J'oserai jamais. » Il s'efface quand ce sourire stupide de ton visage ? C'est l'alcool, bien sûr, et ce troisième verre qui est de trop, celui qui n'était pas supposé exister. Sous le regard observateur de Jack, tu prends donc une première bouchée de ce tant attendue grilled cheese. « Tu veux dire "J'ai jamais connu mieux" » « Quoi ? Tu- » Et il s'approche Jack, sa main s'approche alors qu'elle vient essuyer de la nourriture, tu supposes, au coin de tes lèvres. Soudainement, ton sourire s'envole. Il se passe quoi là ? Pourquoi t'arrives pas à décrocher ton regard du sien ? Pourquoi, soudainement, l'ambiance a changé ? « Je ne recommencerai plus. » Hen ? De quoi on parle déjà ? Et il s'approche petit sournois. Il s'approche pour murmurer à ton oreille. Va pas là Jack. C'est pas raisonnable. Il est avec qui ton mari ? Il est avec son frère. À te le répéter, tu vas peut-être finir par y croire. « Comme ça, la prochaine fois, tu pourras encore dire que je suis arrivé à l'improviste » Et tu sens son souffle sur ta peau. Et ça t'empêche de bien réfléchir.
« Il fait chaud là, non ? » Oui. Terriblement chaud. Tu te redresses de ta chaise un peu trop vite. C'est que tu l'a presque assommé au passage. C'est que t'en a presque perdu ton équilibre toi-même. Tu as la tête qui tourne un peu. La faute à ce gin à l'érable. Mais tu pars quand même en mission à ouvrir toutes les fenêtres possible dans cette cuisine. Le nombre est surprenant pour une seule pièce. Malgré la fraîcheur qui traverse presque immédiatement la pièce, c'est pas suffisant pour vraiment faire descendre la température dans cette pièce.
@jack epstein
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| | | | (#)Lun 18 Mai 2020 - 15:14 | |
| Parler de Jude lui fait toujours autant de mal que de bien. C'est ce qui arrive quand on n'est encore moins en paix avec la façon dont les choses se sont terminées que la façon dont elles se sont écoulées. N'en reste que Jack s'assure de cacher le voile qui a élu domicile contre ses prunelles derrière des frasques de pseudo-cuisinier qui a appris à maîtriser l'art des grilled cheese entre une tournée et une autre. À l'époque, il les faisait griller à même le moteur encore bouillant du van de tournée, ses sandwichs de musicien de fortune. Jamais elle n'en aurait pris une bouchée, à l'époque.
« Ça en a valu la peine ? » « C'était la meilleure comme la pire décision de ma vie. » et pour ça, il ne regrette pas. Égoïstement, il se dit qu'il a pleinement vécu ainsi, naïvement aussi. Ils se sont faits du mal à rester, Jude et lui, mais jamais ils n'auraient été capables de se quitter quand bien même n'ont-ils jamais essayé.
Et Elise goûte, et il est le plus heureux des hommes pendant une fraction de seconde. Une petite victoire pour le reste du monde, une immense pour lui. « J'oserai jamais. » ses yeux qu'il n'a pas lâchés dès qu'il s'est posé à ses côtés. « J'espère bien, je pourrais en finir blessé. » il ne se brusque de rien Epstein, sa voix est douce, lui-même ne se souvient pas la dernière fois où il s'était fâché. Ah si, dans un bar, y'a une vie, ou plutôt à peine quelques mois. Il en a encore une cicatrice à l'intérieur de sa paume, en souvenir d'une bouteille de bière cassée et utilisée comme arme de légitime défense, surtout.
Sa paume et sa main elles dérivent maintenant, sur la peau glacée de la brune qui la seconde qui suit s'évapore, s'enflamme ailleurs. « Il fait chaud là, non ? » il fait tout, absolument tout pour retenir un sourire en coin de naître au creux de ses lèvres, il fait tout et il y arrive sûrement derrière un rire qu'elle masque d'un volet ouvert et un autre. « Il fait toujours chaud dans ce pays. » râler sonne faux, sur sa langue. « Ça va aller? » s'inquiéter vaut mieux. C'était qu'à peine un contact, non? Non.
« T'as qu'un mot à dire et je fouille pour cuisiner un dessert. » t'as qu'un mot à dire et je pars, qu'il semble dire, qu'il devrait dire, surtout.
@elise williams |
| | | | (#)Lun 18 Mai 2020 - 17:53 | |
| « C'était la meilleure comme la pire décision de ma vie. » « Moi aussi » que tu lui réponds dans un souffle. Tu ne peux pas dire que tu regrettes en général. Tu as surtout du mal a t'imaginer ce qu'aurait été ta vie si tu n'avais pas épousé Saül. Tu en aurais sûrement épouser un autre comme lui, peut-être pire, peut-être mieux. Mais sans lui, tu n'aurais jamais eu Cosimo. Il n'aurait jamais garder tes secrets comme tu gardais les siens. Vous formiez une belle équipe malgré tout. Même si aucun de vous deux ne l'avouera jamais. Même si aujourd'hui, ce n'est peut-être plus le cas, peut-être plus jamais.
« J'espère bien, je pourrais en finir blessé. » Et il y a ces sourires, ces regards a profusion qui n'annonce rien de bon. C'est la goûte de trop quand tu frissonnes au souffle sur ta peau, quand tu sens la paume de sa main frôler ta peau à toi. Tu peux pas. Il peut pas. Même si ce serait si facile, si tentant. Il est là tout prêt. Il n'y a que quelques centimètres à briser. Pourtant à la seconde suivant, tu te retrouves à l'autre bout de la pièce tentant tant bien que mal de venir à bout de cette bouffée de chaleur inacceptable qui venait de te traverser. « Il fait toujours chaud dans ce pays. » « Pas comme ça » que tu penses. Ah non. Tu l'as dit sans même t'en rendre compte. « Ça va aller? » « Non. » C'est que tu n'apprécie pas vraiment quand tu ne contrôle pas la situation. Et là, tu ne contrôle rien du tout.
« T'as qu'un mot à dire et je fouille pour cuisiner un dessert. » C'est pas une bonne idée. C'est la pire idée du monde. Tu devrais surtout pas le regarder, pourtant tu te retournes à la recherche de son regard à lui. « Tu devrais pas rester. » Parce que tu vas faire de ma vie un enfer. Elle ne l'est pas déjà ? Parce que c'est pas raisonnable. Rien ne l'est plus. « Elle arrive bientôt la seconde de trop. » Celle où tu vas regretter de l'avoir laisser s'imposer, absolument pas dans le sens auquel tu aurais pensé. Celle qu'il regrettera autant que toi. À moins que ce me soit que dans ta tête à toi ? C'est l'alcool qui te fait imaginer des choses ? Parce que lui, il semble tout-à-fait serein, alors que toi, c'est le bordel tout simplement.
@jack epstein
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| | | | (#)Lun 18 Mai 2020 - 19:53 | |
| « Pas comme ça » une seconde elle est là, et l'autre elle ne l'est plus. Il en vient à humer son parfum, il en vient à y chercher des notes de fleurs, d'autres de bois. Elle a du caractère et on le sent jusqu'à chacune des parcelles de sa peau, sa peau de laquelle ses doigts effrontés sont dérobés, rangés dans une cruelle boîte de Pandore imaginaire. Elle file et il reste dans son sillage, immobile, le simple bruit des fenêtres entrouvertes qui pompe le reste de l'air qui s'est tout sauf allégé entre eux. Qu'est-ce qui vient de se passer? Elle arrive d'où, la décharge?
Il n'a même pas le temps de peser le pour du contre qu'il renchérit d'un dessert, qu'elle complète d'une fuite empressée. « Tu devrais pas rester. » et pourquoi? Ils ne font rien de mal, ils ne font rien du tout, qu'il pense, à la va vite. Il y croit le pire, l'idiot, quand il réalise l'instant suivant qu'il ne tenterait pas tant de se justifier si justement, le pourquoi ne faisait pas aucun sens. Il se répète pourtant, il continue et il pourchasse les explications que personne ne lui demande. Pourquoi tu es venu Jack? Pourquoi tu veux tant rester? « Elle arrive bientôt la seconde de trop. » elle est déjà arrivée, si vous lui demandez.
« Je sais. » il se lève le musicien. Il se lève et prend l'assiette vide, la dépose au creux de l'évier. Les verres la suivent, il range tout avec une lenteur méthodique, comme chacun de ses pas à travers une cuisine vide qui est devenue la leur pour une seconde de trop. Il a dit qu'il partirait lorsqu'elle le lui demanderait, il se l'est promis et l'a probablement promis encore plus à elle ; il est un homme de parole malgré ses trop nombreux défauts, malgré tout ce qu'il fait de faux. Il est vrai, ça au moins il le sait. Il espère stupidement qu'Elise le sait elle aussi.
Ses pas, eux, en décident autrement. Quand il fait le tour de l'îlot de travail, quand il s'approche en la voyant qui reste stoïque, stable malgré ses joues rosies par l'alcool - et que par l'alcool, dirons-nous. Il a remarqué la lueur qui brille dans les prunelles d'Elise au fil de la distance qui se réduit entre eux, mais il n'en dira rien. La seule chose, qu'il dira, une fois ses lèvres posées sur son front à elle, c'est ceci : « Bonne nuit, Elise. » il aurait voulu la voir, la verrière. Il aurait voulu la voir avec elle. La prochaine fois, peut-être.
@elise williams |
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