Elle parle encore et toujours même si elle est une place plus loin. Une place trop loin. Il bouge Yele, il prend encore plus ses aises donc. Il étend ses jambes, ses bras, il est grand Yele. Et pas vraiment à son aise dans les petits sièges d’une salle de cinéma. “Bah non je suis pas branché petite blonde sans cerveau.” Et sa voix est un peu excédée alors que Lola cherche complètement à l’énerver pour que ce soit lui qui lance les premières vraies piques. Alors il va la poser la question, il va lui demander ce qui ne va pas. “Je me moque pas de la valise je rêve de cette valise.” Et si il pouvait vivre à l’intérieur il serait sûrement bien mieux. Il en apprendrait beaucoup sur la magie et les animaux qui n’existent pas. Pourquoi il n’a jamais reçu sa lettre pour Poudlard ? Le monde entier se le demande.

Le sujet change, elle ne parle pas beaucoup parce qu’elle ne veut pas. Il le sent, ça va bien plus loin que ce qu’elle dit. Elle est énervante, et elle continue de chercher le conflit. Le visage de Yele fait des allers-retour entre l’écran géant et la silhouette de Lola. “Si je peux saboter la roue pour que tu te vautre je veux bien.” Et il grogne parce qu’il sait qu’elle ment et pourtant ça l’énerve lui aussi. Il n’a rien pour lui ce type à part une baguette magique et une valise remplie d’animaux extraordinaires. Ok, ça y est, il déteste cet acteur.

“T’excuses pas, je serais pas allé dans cet appart si t’avais pas été à l’intérieur.” Il hoche la tête, la seule chose plaisante qu’il y avait dans cette idée c’était d’avoir Lola comme colocation. “Ca va aussi bien que quand on s’est vu à l’atelier.” C’est pas totalement vrai, parce qu’il avait vu Sebastian depuis, il avait aussi vu Saül et tout semblait changer dans sa vie. “Pourquoi t’es dans cet état Lola ? Reviens sur la deuxième meilleure place du cinéma s’il te plaît.” Il fait la moue quand la lumière de l’écran est assez forte pour qu’elle voit son visage.

Yele commençait à s'énerver, et tout doucement, la stratégie de Lola marchait. Un peu plus et il allait lui crier dessus, et elle pourrait lui dire toutes les horreurs qu'elle ne pensait pas. Comme ça, ils se détesteraient, et elle aurait perdu encore une personne à laquelle elle tenait. C'était un plan parfait. "Ah bon ? Je pensais que c'était pour ça que t'étais sorti avec moi." Elle provoquait, toujours plus loin. Sauf sur la valise. La valise, c'était un sujet sacré. "Justement, je voulais te dire, si tu sais pas quoi m'offrir pour mon anniversaire, la valise serait un bon choix. Et comme t'as raté les trois derniers, techniquement tu peux me l'offrir demain." Pourquoi demain ? Ils se croiseraient à la galerie, sûrement, là où il vivait et là où elle travaillait, pour le moment. Elle n'avait pas encore dit à Yele qu'Auden et Ginny vendaient la galerie, parce que ce n'était pas à elle de le faire. La relation qu'il avait avec Ginny le regardait. Et puis être la porteuse de mauvaises nouvelles, ce n'était pas son truc.

Il se mettait à détester Newt juste assez pour que ça en devienne amusant. Qu'il la menace comme ça, c'était une victoire. Elle n'aurait jamais cru être aussi satisfaite de l'entendre parler de violence sur un vélo à une roue. "En vrai de vrai, tu veux que je te dise ce que je pense de Newt ?" Et elle souriait, car elle s'amusait tant, maintenant. Elle s'amusait à tout détruire. "Il ferait un bon mari." Elle vit le visage de Yele se métamorphoser, et avant qu'il ne réponde, elle ajouta, enfin, bonne joueuse : "Pour quelqu'un d'autre. Je trouve qu'il a l'air d'un enfant de huit ans, et je ne fais pas dans la pédophilie." Il pouvait donc arrêter de détester l'acteur principal du film.

Ils parlèrent de l'appartement, et la réponse de Yele l'étonna. "Ah, je pensais que..." Elle s'était trompée, apparemment. Ce n'était pas juste un toit qu'il voulait. C'était être proche d'elle, retrouver un peu de ce qu'ils avaient eu il y avait des années. Un peu, ou tout ? "Donc t'as bu avant de venir ? T'as une gourde secrète dans ta poche ?" Il ne sentait pas l'alcool, donc elle en doutait, mais s'il en avait, elle se servirait sûrement. Ils avaient assez de popcorn pour éponger. Et il lui demandait de se rapprocher, et il s'intéressait vraiment, et elle n'avait plus envie de se battre soudain. Elle changea de place pour la dernière fois, se posa à côté de lui doucement, et mit le paquet de popcorn sur ses genoux à lui. Se servit une poignée, les mangea un par un.

"J'ai parlé de toi à Grace et elle m'a dit qu'elle avait besoin de réfléchir. On n'a pas parlé depuis." Elle leva le doigt pour qu'il la laisse finir. Elle avait besoin de tout sortir d'un coup. "J'ai parlé avec Auden pour essayer de rabibocher le truc, et en fait ça s'est fini en je pars de l'appartement et on ne se parle plus jamais." Pas la joie. "Je vais aussi ne plus avoir de job bientôt, donc je cherche. Je pense que je vais demander à Jill de la remplacer au bar où elle travaillait. Donc, en quelques jours, je suis devenue sans-abri, plus ou moins célibataire parce que j'ai pas trop bien compris les règles du jeu, et serveuse." Elle eut un rire nerveux, parce que le dire à haute voix à quelqu'un, ça lui permettait d'enfin lâcher. D'arrêter de s'énerver contre tout le monde et de juste être triste et avoir peur. "Je ne comprends rien. Je ne sais pas. Je pensais avoir tout bien fait, tout réussi, je pensais avoir trouvé une stabilité pour longtemps. Et en fait, c'est un château de cartes, c'est rien, ça s'effondre en deux secondes, et j'en ai marre d'essayer."

Et le film continuait, et elle maintenait ses yeux vers l'écran, tout en sentant que Yele la regardait, à côté. C'était à lui, maintenant. Mais que pouvait-il bien répondre ? "Je sais que ce n'est pas aussi grave que ce qui t'est arrivé. Je sais que je devrais être reconnaissante pour tout ce que j'ai. Je suis découragée, c'est tout, mais ça va aller." Elle ne s'autorisait pas à être triste parce qu'elle sentait qu'elle n'en avait pas le droit. Elle n'était pas légitime. Elle était née avec une cuillère en argent dans la bouche, et elle se plaignait ? Non. Ce n'était pas son genre. "Je suis ridicule, putain." Elle passa une main exaspérée dans ses cheveux. Et s'en voulait déjà d'avoir fait toute cette tirade à Yele.

@Yelahiah Blythe

Elle est énervante, vraiment énervante. Et il lève les yeux au ciel encore et encore parce qu’elle raconte tout un tas de conneries. “T’as été la seule exception !” Et il la regarde en utilisant le sourire le plus faux qu’il puisse faire. Ils se taquinent, ils se cherchent, comme ils l’ont toujours fait d’ailleurs. “Je vais acheter une valise assez grande pour pouvoir t’enfermer à l’intérieur.” Il hoche la tête en essayant d’être le plus sérieux possible alors que son paquet de maltesers et déjà presque fini et que ça c’est vraiment triste en sachant que Lola ne partage pas ses pop corn bizarres. Il a loupé plusieurs anniversaires, elle en a loupé aussi. Ils en sont à 3 chacun donc c’est équitable pas vrai ? Et elle parle de Newt pour le faire enrager, comme il parle de Queenie pour la faire enrager elle. Elle est sympathique cette séance de cinéma. Mais il sourit un peu à la fin de sa phrase. “La seule chose qu’il a pour lui c’est d’être anglais, au moins dans le film”

Il ne serait pas allé dans cet appartement si elle n’avait pas été là. Il n’aime pas vraiment l’idée d’avoir un colocataire, mais Lola ça aurait été différent. Il a déjà plus ou moins vécu ensemble alors ça n’aurait pas été la première fois. “Peut-être bien.” Il a bu dans son café avant de partir parce que c’est dans ses habitudes malheureusement. Mais il ne se bourre pas la gueule du matin au soir. Il n’est pas le genre de type qui se retrouve à se balader avec avec une avec une gourde remplie de vodka au lieu d’eau. Pas encore du moins.

Elle parle vraiment, enfin. Et il décroche son attention de l’écran pendant quelques minutes pour bien l’écouter. Elle a enfin arrêté de chercher à s’embrouiller avec Yelahiah pour un rien. Il garde un visage impassible et hoche la tête quand il enregistre ce qu’il dit. “Tu pensais avoir tout bien fait… Mais est ce que t’étais vraiment bien dans ta vie ? Est ce que c’est tout ça que tu voulais vraiment ?” Parce qu’elle a bien fait pour tout le monde, mais elle pense rarement à ce qu’elle elle veut. Il le sait. Elle est perdue la brune, et personne ne peut rien faire pour elle à part elle. “Y’a pas de plus grave ou moins grave, t’as pas besoin de comparer. Chacun vit ses épreuves.” Et il déteste l’idée d’être une référence de chute ou de malheur. Il déteste être pris en pitié alors peut-être que Lola vit plus mal ses épreuves que lui les siennes. Instinctivement sa main passe sur l’épaule de Lola pour la serrer un peu contre elle, c’est la meilleure manière de la réconforter non ? “T’es pas ridicule, t’as le droit de pas être bien de temps en temps tout ne doit pas constamment être parfait.” Et il sait que pourtant, elle veut toujours l’être : parfaite.

La seule exception. Le sourire mutin de Lola se transforma en un air vaguement gêné et ravi en même temps, car pendant des années, Yele avait été sa seule exception à une vie de célibat, d'erreurs, et de rencontres sans conséquences. Depuis, il y avait eu Grace, et tout était un peu plus compliqué. "Tant que tu mets des créatures magiques dedans, ça me va", ça ne la dérangeait pas d'être enfermée dans une valise avec des animaux aussi beaux que ceux de Newt. Elle en prendrait soin, et puis elle écrirait des livres sur eux aussi. Ils étaient Poufsouffle l'un comme l'autre, c'était comme prédestiné. Elle vivrait une vie d'ermite dans une valise, voilà, tous les problèmes étaient réglés. "Tu peux être si patriotique, parfois", plaisanta-t-elle en levant les yeux au ciel.

"Peut-être bien." Lola soupira. Elle devait se répéter qu'elle ne pouvait rien faire pour lui sur ce plan-là. Il n'y avait que lui qui pouvait décider d'arrêter. Elle qui avait toujours envie de sauver le monde, elle devait justement apprendre à calmer ses ardeurs et à se sauver un peu plus elle-même. Un apprentissage qui lui coûtait, somme toute.

Et elle finit par raconter à Yele ce qui n'allait pas, et elle apprécia tellement qu'il réagisse par une question, pour mieux comprendre, qu'il ne soit pas dans le jugement ou les conseils immédiatement. "C'est compliqué. J'avais toujours rêvé de travailler dans l'art, oui, mais dernièrement je me disais qu'il était temps de me mettre à mon propre compte, de reprendre des jobs moins prenants pour passer plus de temps à peindre. Mais je ne pensais pas que la transition serait si difficile, et j'aurais aimé qu'elle soit moins conflictuelle. Je n'aime pas partir et que les choses ne soient pas vraiment réglées." Comme avec Yele, en somme. Ils avaient mis tant de temps à se retrouver, et ils n'avaient pas vraiment parlé de la rupture, mais ça pouvait attendre. Elle n'était pas dans la meilleure humeur pour évoquer le sujet. Quant à Grace, elle ne comptait pas en parler avec Yele. Oui, c'était ce qu'elle avait voulu, et ç'avait été magique, mais que tout se soit effondré aussi facilement, qu'elle ait évité toute la relation plutôt que de s'accrocher, ça la faisait douter.

Lola acquiesça lorsqu'il balaya le sujet de la gravité de ce qu'elle traversait, et elle se sentit rassurée, mais ridicule malgré tout. "Si je ne suis pas parfaite, je suis quoi ?" Elle s'était toujours définie à travers le regard des autres, l'approbation qu'elle recevait, et maintenant elle était démunie. Comment devait-elle se définir ? Qui était-elle ? "Je peux peut-être changer de nom et tout recommencer et être parfaite pour d'autres gens. Une fois, deux fois, trois fois. A la fin j'aurai vécu mille vies." Elle sourit, car c'était une plaisanterie ; elle revenait sans cesse à l'humour lorsque Yele était là. "I'm Batman", imita-t-elle du mieux qu'elle put.

@Yelahiah Blythe

Ils parlent de valises, d’animaux magiques, de monde imaginaire. Sûrement parce qu’ils voudraient tous les deux être loin de ce monde là. Mais pour le moment, Yele aimerait juste l’enfermer dans une valise sombre pour qu’elle arrête de dire n’importe quoi. “Non c’est moi qui aurais la valise avec les animaux.” Il hoche la tête en râlant parce qu’il n’a plus rien à manger et le premier film n’est même pas fini. “Bien évidemment” Elle le sait qu’il est patriotique, et il va certainement abuser son accent anglais jusqu’à ce qu’elle reparte chez elle.

Elle parle réellement, elle lui raconte ce qui ne va pas. Et il essaie de l’aider comme à son habitude, même si il n’est pas vraiment doué pour ça. Il lui parle sincèrement, il ne ment pas, il ne prend pas la discussion avec des pincettes et c’est sûrement pour ça qu’elle accepte de lui parler. Il n’est pas du genre à la prendre en pitié. “Fais le alors, trouve des petits boulots et dessine la journée, expose autant que tu peux et partout, il faut que t’essaie si c’est ce que tu veux. Prends du temps pour te concentrer sur toi.” Et elle dit qu’elle n’aime pas partir en conflit, certainement Auden. Elle a dit avoir eu des problèmes avec lui mais ça ne l’étonne pas vraiment. “Tu penses que la discussion est possible ?” Il ne connait pas bien Auden, il n’a jamais cherché à le connaître et ça ne l’intéresse pas, mais Lola avait l’air de tenir à lui.

Elle se sent ridicule et il lui fait comprendre que non. “Tu es Lola Wright” et il tourne la tête vers elle en souriant et en mangeant tous les M&M’s qu’il trouve dans les pop corn. “Personne n’est parfait.” Il fronce les sourcils. “Sauf moi.” Il fallait bien qu’il la sorte celle la. “Et si t’essayais de vivre la vie que t’as envie de vivre ?” Au lieu de vivre pour les autres comme elle le sous-entend. Il secoue la tête quand elle dit être Batman. “J’aurais jamais deviné.” Et sa tête se tourne de nouveau vers le grand écran.

“Non c’est moi qui aurais la valise avec les animaux.” Ah, dans ces cas-là, ce n'était pas du tout la même chose. "Mais je vais m'ennuyer, toute seule dans la valise." Elle se projetait complètement dans la situation improbable, et elle se dit qu'il lui faudrait bien des livres et des carnets pour faire passer le temps. Le confinement solitaire est une situation difficile où le temps passe lentement (comme on l'a appris récemment). “Bien évidemment” Oui, son patriotisme n'était pas un mystère, et il surjouait l'accent anglais juste pour s'enorgueillir un peu plus de ses origines. Lola souriait. Il n'avait pas tant changé que ça, malgré les années écoulées.

“Fais le alors, trouve des petits boulots et dessine la journée, expose autant que tu peux et partout, il faut que t’essaie si c’est ce que tu veux. Prends du temps pour te concentrer sur toi.” Lola hochait la tête. "Tu sais que tu donnes de bons conseils ?" Elle éclata de rire juste après avoir posé la question et hocha la tête : "Tu vas dire que oui, tu le sais parfaitement." Elle n'avait pas besoin qu'il réponde ; les vieux automatismes se remettaient en place. Ils se connaissaient par coeur et rien ni personne ne viendrait changer ça. “Tu penses que la discussion est possible ?” Lola soupira et haussa les épaules. "Je ne pense pas. Auden n'est pas quelqu'un qui discute beaucoup de base, mais alors quand il est blessé ou qu'il se sent trahi, laisse tomber." Elle secoua la tête. Quand elle était enfant, elle rêvait qu'on lui donne un manuel pour savoir gérer les interactions humaines ; adulte, elle se rendait compte qu'elle en avait toujours le plus grand besoin.

“Tu es Lola Wright” Justement. Est-ce que c'était suffisant ? Est-ce que c'était souhaitable ? Dans le ton de voix de Yele, oui, mais elle avait du mal à penser qu'il pourrait être objectif. Ils avaient trop tenu l'un à l'autre depuis le début pour qu'il puisse émettre un jugement impartial sur elle. “Personne n’est parfait.” Sauf lui. “Sauf moi.” Un grand sourire sur le visage de Lola. "Tu sais que je pourrais faire tes répliques et mes répliques sans problème ? Comme si c'était un scénario que j'avais appris par coeur." Et elle le disait avec humour mais aussi avec tendresse, car il y avait peu d'êtres humains avec qui c'était le cas. “Et si t’essayais de vivre la vie que t’as envie de vivre ?” "Gna, gna, gna", répondit-elle encore une fois, mais c'était plus faible, moins assuré, car elle considérait la possibilité de juste faire ce qui lui plaisait, et elle y trouvait beaucoup d'espoir - et de doutes. Elle avait encore tout un chemin devant elle.

A l'écran, l'Obscurus tuait le fils politicien, et Lola réfléchissait. "Je les aime pas mais je suis quand même triste pour eux. Aucun parent devrait faire le deuil de ses enfants." Elle eut une pensée émue pour Amos, en espérant qu'il allait bien, où qu'il soit. Ou à défaut d'aller bien, qu'il survivait, car c'était tout ce qu'on pouvait attendre lui, au fond. Elle se promit d'être moins enquiquinante sur l'alcool, et savait très bien qu'elle ne tiendrait pas sa parole. A cause de Tina, tout le joyeux groupe se faisait enfermer au ministère, et Lola grimaça. "Je ne pourrais jamais pardonner une trahison comme ça." Elle supposa que ce serait pareil pour Yele, parce qu'il était très radical en général. Et ils recevaient un verdict mortel, et Lola secouait la tête. "Même les magiciens avaient la peine de mort. Le problème, c'est vraiment les humains." Elle aboyait moins sur Yele, mais elle restait d'une humeur tout aussi défaitiste.

Et Graves allait réconforter Credence, et Lola faisait la moue. Elle croisa les bras sans même s'en rendre compte. "Les gens puissants n'agissent que par intérêt propre. On ne peut pas leur faire confiance." Elle détestait les abus de pouvoir, et c'était si évident que c'était le cas dans le film.

@Yelahiah Blythe

”Je te rendrai visite de temps en temps.” Et il lui lance un regard amusé qu’elle pourra deviner parce qu’elle ne le verra pas vraiment dans le noir. Si seulement cette valise pouvait réellement exister, il y vivrait depuis des années déjà. Et ils parlent sérieusement, parce que Lola est perdu et qu’il est toujours là pour l’aider quand elle en a besoin. C’est comme si toutes ces années de séparation n’avaient jamais vraiment existées. Lui aussi il est perdu, mais ce n’est pas lui le centre de la conversation aujourd’hui, et ça lui va. “Tu sais qu’on dirait que ça t’étonne ?” Il se tourne vers elle et il ne se concentre plus vraiment sur le grand écran. Elle répond presque en même temps que lui, elle le connait bien et il pouffe de rire en jetant sa tête en arrière. Et comme à son habitude, il écoute et il pose des tonnes de question. Elles s’enchainent rapidement et il se concentre pour comprendre pourquoi Lola est dans un tel état. “Laisse du temps, peut-être que ça ira mieux un jour. Il oubliera certainement pas mais il sera peut-être un peu plus conciliant.” Lola n’est pas une personne méchante, et Auden ne peut pas vraiment la détester.

“Si tu faisais ça tu perdrais tout le plaisir de discuter avec moi.” Il fait la moue, il n’est prévisible qu’avec Lola. Elle le connait trop bien et depuis de nombreuses années maintenant. Mais il sourit, c’est presque rassurant de voir qu’au fond ça n’a pas vraiment changé entre eux. Qu’il en faudrait peu pour que tout revienne comme avant. Alors il continue de faire des allers-retour entre le ton de l’humour et le sérieux. Il essaie de l’aider et de lui changer les idées. C’est assez compliqué mais il gère comme il le peut. “Wahou gros argument.” Il hoche la tête faussement sérieux. C’est au moins la troisième fois qu’elle dit gna gna gna mais ça l’amuse assez. Elle a entendu ses conseils, à elle de voir si elle compte les suivre ou non.

Ils se concentrent de nouveau sur le film et Yele mange une bonne partie du pop corn de Lola. “C’est pour ça qu’il vaut mieux pas avoir d’enfants.” Il est à moitié sérieux, il n’a jamais voulu d’enfant et il peut rajouter ça dans ses arguments. Il le note dans un coin de sa tête. “Tu peux pardonner beaucoup de choses Lola.” Il ne sait pas si elle parle uniquement du film, mais peut-être que lui veut s’assurer qu’elle est capable de pardonner. “T’es contre la peine de mort ?” Une vraie question alors qu’il continue de regarder le film. Sa dernière phrase tourne dans la tête de Yelahiah. Elle parle des gens puissants et il ne peut pas s’empêcher de penser à ses envies et ses plans pour son futur. “Tu penses vraiment ce que tu dis ?” Il se reconnaissait dans sa description. Et ça ne l’aurait pas gêné si c’était une autre personne qui l’avait dit. Mais il n’avait jamais été comme ça avec elle. "Tu te rends compte à quel point ce type a toujours tout gardé en lui ?" Il parle en regardant obscurus qui commence à détruire la ville.

"C'est combien, de temps en temps ? C'est tous les jours ? Toutes les semaines ? Tous les mois ? Une fois par an pour Noël ? A chaque Champions League pour qu'on puisse faire semblant de soutenir un club dont on n'a jamais entendu parler ?" L'ennui, avec Lola, c'est que c'était soit tout, soit rien : soit elle se taisait, soit elle redevenait l'éternel moulin à paroles. "Ca m'étonne un peu", avoua-t-elle, "je pense que pour me remettre de la rupture, je t'ai un peu imaginé comme quelqu'un qui ne veut pas parler de ses émotions ni de celles des autres." C'était plus facile d'accepter la pilule de la séparation s'il semblait un peu moins idéal, un peu moins parfait pour elle. Alors elle avait inventé, et soudain elle était face à lui, et il était à la fois pareil que dans son souvenir et complètement différent. Au sujet d'Auden, Lola acquiesça : "J'espère que t'as raison."

Lola imita la moue de Yele. "Plaisir, plaisir, t'y vas un peu fort." Et elle eut un rire ravi de pouvoir recommencer à l'embêter. Au fond, ils étaient d'un naturel désarmant l'un face à l'autre, eux qui d'habitude se protégeaient de tous par une carapace de tortue ancestrale.

Elle se demanda si elle lui parlerait de Sofia, et eut l'instante conviction que oui, mais pas tout de suite, pas pendant que Rowling les enchantait comme elle sait si bien le faire. "Les enfants, ça ne sait pas s'essuyer aux toilettes. Au cas où tu cherchais d'autres raisons de ne pas en avoir." Yele inspirait de la loufoquerie dans son cerveau au milieu de toutes les pensées négatives. "Oui, c'est vrai", et elle réfléchissait, car elle avait tant pardonné dans sa vie. (Et d'ici la fin du film, elle réaliserait qu'en effet, elle avait pardonné Tina.) "Bien sûr que je suis contre la peine de mort", elle se tourna lentement vers Yele, avec une grimace un peu terrifiée de ce qu'il allait répondre, "pas toi ?"

Yele semblait perturbé par son commentaire sur les gens puissants, alors elle prit le temps de faire la part des choses. Pensa à Jamie, et combien elle l'appréciait dans le cadre de la thérapie, mais combien ce serait probablement différent hors de cette structure ; il y avait des comportements qui allaient avec le pouvoir et qu'elle ne supportait pas. "Oui, vraiment. Pourquoi ? T'as décidé de devenir un politicien véreux ? Un patron d'entreprise qui a des comptes bancaires en Suisse et des îles à son nom ?" Ca l'amusait, car tout cela était tellement loin de son monde. Son coeur se serra à la pensée que Grace aurait expliqué tout un tas de choses par rapport à ça, elle qui était si énervée, elle pour qui tout cela comptait tant.

L'Obscurus et sa souffrance. "Oui, pour survivre, il a bloqué des parties entières de lui-même, c'est si triste." Elle éprouvait une compassion infinie pour Credence, et comprenait complètement son choix de la fin du deuxième film. Toutes les séquences suivantes jusqu'à la fin, Lola était fascinée par l'écran. Elle gigota sur son siège lorsque Colin Farrell se transforma en Johnny Depp. "Ohlala, j'ai hâte d'arriver à son monologue du 2." Elle mit une main à côté de son visage pour que Yele ne puisse pas la voir avoir les larmes aux yeux lors des au revoir entre Queenie et Jacob, puis entre Tina et Newt.

Le film se termina, et ils avaient quinze minutes avant le suivant. "CAFE", s'écria Lola en bondissant de son siège.

@Yelahiah Blythe

”Si c’est toi dans la valise je peux passer tous les jours si t’es pas trop chiante.” Elle parle de foot et il pouffe de rire. “Quand y’a les champions league je viendrai dans la valise pour me cacher et pas voir un seul match.” Il hoche la tête parce qu’il déteste le foot et elle le sait très bien Lola. Il n’a pas besoin d’argumenter, elle savait sûrement déjà qu’il allait dire un truc pareil. Elle n’a pas tort, Yelahiah n’est pas du genre à parler de ses émotions, ni à passer des heures à écouter quelqu’un qui a un problème. “Ca a jamais été le cas avec toi.” Rupture ou non, il a toujours été là pour l’écouter et lui poser des questions sur tous les sujets qu’elle abordait. Il fronce les sourcils, c’est dommage qu’elle ait réussi à se convaincre de ça à cause de la fin de leur relation. “J’ai toujours raison.” Et le voilà qui retrouve un peu son sourire.

Elle taquine Lola, elle a l’air de bien meilleure humeur que quand le film a commencé. Il lève les yeux au ciel en lui jetant de nouveau un pop corn au visage. Il est pas vraiment concentré sur le film. “Arrête je vais vomir dans tes pop corn.” Il hoche la tête avec une expression de dégoût ancré sur le visage quand elle parle d’enfant. Ce n’est vraiment pas son domaine tout ça. Elle pardonne, et, même si la phrase n’est pas destinée à lui, un soupir de soulagement s’échappe d’entre ses lèvres sans qu’il ne le contrôle vraiment. “Oh sujet sensible, je ne pense pas qu’une salle sombre et fermée soit le meilleur endroit pour aborder la peine de mort.” Parce que c’est un sujet compliqué, et qu’il faut des arguments, des explications, des détails et qu’ils sont censés regarder un film. Alors ce n’est pas le moment, et il espère s’en sortir avec cette esquive.

Elle n’aime pas les gens puissants, et Yele aspire à faire partie du cercle des gens puissants. Mais elle ne le sait pas encore ça la brune. Elle ne le saura peut-être pas aujourd’hui, peut-être même jamais si il n’arrive pas à ses fins. Mais il finira par atteindre son but parce que c’est Yele. “Non, je mettrai pas mes comptes en Suisse.” Et le voilà qui pouffe de rire de nouveau en tournant la tête vers Lola. Finalement, il aurait dû l’envoyer ce texto pour lui demander de l’accompagner au moment où il a vu la liste des films. Le hasard fait bien les choses. “Les îles Yelahiah par contre ça me plaît.” Et il rigole à peine quand il dit ça.

Il se réintéresse au film, et ils commentent presque tous les moments. Heureusement qu’ils sont seuls, sinon la moitié de la salle aurait eu envie de les étriper. “Ne fais jamais ça.” Elle vient de donner la définition de l’obscurus et il a l’impression qu’elle aussi elle bloque des parties entières d’elle-même pour être parfaite aux yeux de tout le monde. Ils sont bien différents sur ce point aussi. “Ne bloque jamais qui que ce soit de toi pour plaire à tout le monde. J’ai pas envie de devoir gérer une fumée noire qui a décidé de détruire Brisbane.” Parce qu’il faut bien rajouter la touche d’humour. Et ils ne parlent plus, ils se concentrent vraiment pour la deuxième ou troisième fois depuis le début du film. Il hoche la tête mais ne réplique pas quand elle parle du monologue, bien trop absorbé par ce qu’il était déjà en train de dire. Elle a les larmes aux yeux à la fin du film et ça ne l’étonne pas Yele. Alors il se penche vers elle pour se rapprocher de son oreille. “Dans le deux il retrouve la mémoire, mais surtout tu dis pas que je te l’ai dit.” Elle l’a déjà vu, et il espère la faire rire alors qu’elle essaie de cacher son visage derrière sa main.

“POP - CORN” Et ils se lèvent tous les deux pour rejoindre l’accueil. Il s’occupe des pop-corn (et des M&M’s puisqu’apparemment l’un ne va pas sans l’autre) Et Lola s’occupe du café. “Prends en pour qu’on tienne encore les 2h de film.” Et il la rejoint avec la nourriture, prêt pour s’asseoir et discuter pendant encore 2 bonnes heures.

”Si c’est toi dans la valise je peux passer tous les jours si t’es pas trop chiante.” "Tu m'as déjà vue chiante ?" Question piège, parce que s'il disait oui, elle ferait l'indignée, et s'il disait non, elle l'appellerait menteur. Parfois, il n'y a pas de bonne réponse. “Quand y’a les champions league je viendrai dans la valise pour me cacher et pas voir un seul match.” Lola éclata de rire. Il n'était pas devenu plus passionné par les prouesses athlétiques et sportives. Sauf peut-être un : "Tu penses qu'on pourra jouer au Quidditch dans la valise ? Je veux être batteur ! Est-ce qu'on dise batteuse ? On va dire que oui. Je veux être batteuse !" Elle reprit son souffle, et remercia Yele d'un sourire, d'être là, d'écouter, de prendre le temps de donner des conseils, de faire les plaisanteries d'avant.

“Arrête je vais vomir dans tes pop corn.” "Si tu vomis, je vomis." Bon appétit et bonne séance. “Oh sujet sensible, je ne pense pas qu’une salle sombre et fermée soit le meilleur endroit pour aborder la peine de mort.” Lola était figée comme un arrêt sur image, car seul quelqu'un qui serait pour la peine de mort dirait une phrase comme ça. Yele ? Impossible. Mais comment ? Et comment n'avaient-ils pas abordé le sujet jusque là ? Peut-être qu'elle devrait le mettre dans son questionnaire de dating. Et sinon, pour ou contre la peine de mort ? Pour l'heure, s'il refusait d'en parler, il ne servait à rien d'insister.

“Non, je mettrai pas mes comptes en Suisse.” Bon, c'était déjà ça de gagné. “Les îles Yelahiah par contre ça me plaît.” Lola lui mit un coup de poing dans l'épaule, mais c'était très modéré, car elle n'avait pas survécu grâce à sa force physique. "Tu feras construire des hôtels ? Ou des petits bungalows sur la mer !" Elle s'adaptait vite à ses nouveaux plans, finalement, car tout cela lui semblait être une vaste plaisanterie. Elle sentait, cependant, combien un mode de vie comme celui-là serait toujours incompatible avec elle. “Ne fais jamais ça.” Lola se tourna vers Yele en fronçant les sourcils : de quoi ? “Ne bloque jamais qui que ce soit de toi pour plaire à tout le monde. J’ai pas envie de devoir gérer une fumée noire qui a décidé de détruire Brisbane.” Elle eut un sourire attendri, et acquiesça. "C'est promis."

“Dans le deux il retrouve la mémoire, mais surtout tu dis pas que je te l’ai dit.” Lola mit la main sur sa bouche, feignant un choc, mais très vite, leurs priorités se remirent en place : pop-corn et café. “Prends en pour qu’on tienne encore les 2h de film.” "Prends les petits M&Ms, les nouveaux, là." C'était sur cette injonction mystérieuse qu'il allait devoir se débrouiller, car Lola fila comme une furie en-dehors du cinéma, au café le plus proche, où elle parvint à les convaincre de verser le café dans le grand thermos vide qu'elle avait apporté (toujours prévoyante). "Mission accomplie", s'écria-t-elle en revenant dans la salle, réjouie d'y voir Yele installé à côté d'un pop-corn géant. "Je peux verser les M&Ms s'il-te-plaîîîît ?" C'était un acte délicat et décisif qui déterminait, en fonction du mouvement exact, le goût final. Ou pas. En tout cas, Lola aimait bien les verser.

Le film ne tarda pas à commencer, et Lola bondissait furieusement de bonheur sur son siège.

”Je suis pas sûr que tu veuilles vraiment une réponse à cette question.” Il ne l’a jamais vraiment trouvé chiante, mais il y a sûrement eu quelques moments qu’il a oublié. Mais il ne lui dit pas ça, il préfère laisser planer le mystère et les doute encore quelques temps. Il ne se concentre toujours pas vraiment sur le film. Il préfère se concentrer sur sa conversation avec la jeune femme. “Moi je suis au moins attrapeur.” Qui ça étonne ? C’est le rôle le plus important, et celui qui peut faire gagner “On est dans la même équipe ou adversaire ?” Son sourcil se hausse quand il se tourne de nouveau vers la brune. Il n’y aura jamais de match, mais il préfère parler d’un match de quidditch imaginaire plutôt qu’un simple match de foot. C’est bien plus intéressant une équipe de personnes qui volent sur un balais et tentent de marquer des points. Il menace de vomir dans ses pop corn et elle répond. Il a une mine dégoûtée à cette image. C’est glamour comme conversation.

“Des bungalows sur la mer sans hésiter.” Il réfléchit et imagine la situation. Il aimerait vraiment que ça arrive un jour. Il sait que c’est possible, grâce à ses nouveaux projets, ses nouveaux rêves. “Ceux avec des vitres au sol pour pouvoir voir l’eau.” C’est non négociable. Il a toujours aimé la mer et la plongée, donc c’est certainement la meilleure des idées. Ses yeux s’arrondissent quand il a une idée encore meilleure. “Oh non tu sais les bulles sous l’eau ? T’as déjà vu ça ?” Lui il a déjà épié des centaines de photos en se disant qu’il le ferait un jour. Et le voilà en train de faire encore quelques plans sur son futur. Le futur qu’il aimerait avoir.

La conversation passe des idées sur les magiciens, au futur de Yele a des conversations sérieuses sur l’état de Lola. Elle ne va pas bien, et il l’a vu à la seconde où elle est entrée dans cette salle de cinéma. Alors il fait ce qu’il peut pour lui remonter le moral, il le fait sans même y réfléchir. C’est naturel. Le premier film se termine et ils partent chercher à manger et des boissons. C’est vital si ils veulent tenir encore plus de 2h de film. C’est Yelahiah qui se charge de la nourriture, et Lola qui se charge des boissons. “Pourquoi les nouveaux ? Ceux de base sont très bien !” Il hésite mais fini par prendre un paquet de normaux et un des nouveaux en grimaçant. Il ne sait même pas si c’est bon, peut-être que Lola en a déjà mangé elle.

Il tente de tenir toute la nourriture entre ses mains sans rien faire tomber. Et il arrive à son siège quand les pub recommencent. Il espère que Lola ne sera pas trop longue, et surtout, qu’elle reviendra vraiment avec du café. Il grogne quand elle revient et qu’elle veut verser les M&M’s dans les pop corn. “Je pense toujours que c’est affreux.” Et pourtant il tend les pop corn et les paquets de M&M’s à Lola. Elle bondit sur son siège et Yele tourne la tête vers elle. “On passe la journée ensemble ?” c’est une question, elle peut toujours refuser.