| sous les feux d'artifice (ua) |
| | (#)Ven 15 Mai 2020 - 23:44 | |
| Jill hoche la tête, elle aura que ça à faire de toute manière. Elle a pleins de futures activités maintenant. Elle va penser à ce carnet de voyage, à tout ce qu’elle pourrait apprendre sur comment créer une entreprise. Elle aura des livres aussi, Sébastian doit encore faire toute une liste de livres qu’elle doit lire. Il lui donnera des conseils. “Il va falloir être patient.” Elle a déjà entendu son père parler de tout ça, mais elle ne s’est jamais penché sur les détails, elle ne pensait pas en avoir envie un jour. Comme quoi tout arrive.
Elle s’énerve Jill. Sa réaction est certainement exagérée mais elle ne contrôle pas. Alors elle préfère s’éloigner au moins pour quelques minutes, au moins le temps de souffler. Elle profite de la fin du feu d’artifice toute seule sur un rocher, elle le sait qu’il va revenir vers elle, et elle attend. Elle hésite à partir à peine il est revenu devant elle. Il ne comprend pas pourquoi ou comment elle réagit. C’est quelque chose qu’il ne connait pas,qu’il ne ressent certainement pas lui non plus. Elle ne sait rien de ce qu’il ressent. Elle allait partir, vraiment. Mais elle a besoin de savoir. Alors elle se retourne, elle est toujours aussi furieuse. Elle lève les yeux au ciel, elle aurait très bien pu l’appeler Seb mais elle sait qu’il déteste ça.
Elle essaie d’expliquer mais elle est énervée. Donc tout ça ne doit pas être clair pour lui. Elle essaie de respirer et de se calmer, elle voit l’incompréhension sur le visage de Sébastian et elle passe sa main sur son visage à elle le temps de reprendre un peu ses esprit. Il fait un geste vers la nappe et Jill y retourne sans capter son regard de nouveau. Elle ne sait pas pourquoi elle réagit comme ça, elle ne sait même pas si c’est une bonne idée de partir discuter avec lui. Elle ne devrait pas, elle devrait rentrer. Et pourtant, la voilà assise à l’endroit où elle était quelques minutes auparavant. “Non.” Ou peut-être que si, ou est ce que c’est parce que justement il a parlé de Londres il y a une semaine sans qu’elle ne l’ait prévu ? Il parle calmement et c’est encore plus énervant pour Jill. Mais elle ne dit rien, elle sait qu’elle essaie de comprendre alors elle fait des efforts. “Pourquoi t’en as parlé chez toi ?” Elle veut des réponses, les vraies, parce que ces phrases tournent bien trop dans sa tête depuis une semaine. Les besoins physiques ne sont pas le problème, elle le sait ça, elle a compris qu’ils étaient bien différents sur plusieurs points. Le seul moment où elle décide de tourner la tête c’est quand il lui demande de lui expliquer pourquoi elle est énervée. Elle soupire, ça peut être difficile de communiquer des fois. “Tu as dit que tu voulais plus en parler, qu’on en parlerait plus jamais après la soirée. On s’est pas rappelé, on a fait comme si on se détestait devant tout le monde et tu me dis maintenant que t’auras aimé me rappeler ?” C’est épuisant de trouver des explications. “Tu peux pas penser que si t’en parles une fois alors que je m’y attends pas la discussion est close. Tu as lancé la discussion, et maintenant tu veux plus en entendre parler.” Elle secoue la tête, qu’est ce qu’elle doit faire là ? “Si je peux pas être heureuse avec toi tu peux pas l’être avec moi.” Parce que lui aussi n’a pas les même besoin, parce que lui aussi se lassera d’elle quand elle aura fini de le surprendre.
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| | | | (#)Mer 20 Mai 2020 - 15:35 | |
| “Non.” Je n'y comprends rien. L'intensité des émotions de Jill est égale à mon incompréhension de ses ressentis. Elle n'est pas énervée que je refuse de parler de Londres. Est-ce qu'elle est irritée de ce que je lui ai dit à propos de nous ? de notre incompatibilité ? Pourtant, j'ai simplement exprimé des faits. Certes, j'ai avancé une conclusion, qu'elle ne serait pas heureuse avec moi, et peut-être que c'était trop m'avancer. C'était simplement la suite logique. Ou bien était-ce un effort démesuré de l'éloigner ? Et pourquoi, dès qu'elle s'est éloignée, justement, je l'ai rattrapée pour avoir une discussion sur des sentiments ? Je suis très loin de ma zone de confort.
“Pourquoi t’en as parlé chez toi ?” Bonne question. J'essaye de me souvenir. Nous étions chez moi. Elle m'avait montré ses dessins. Je venais d'apprendre qu'elle était enceinte. Elle est allée dans ma chambre, où personne ne va. Elle a vu mes livres. Elle a emprunté un livre. Il y avait tant d'intimité que soudain j'ai imaginé un autre futur. Ah oui, c'est ça. Le moment de silence pendant lequel je visualisais d'autres rencontres possibles entre nous. "Parce que je me suis demandé ce qu'il se serait passé si nous nous étions vus pour la première fois lors d'un concert à Londres", j'ai un sourire car l'image remonte, "et nos familles n'auraient pas été liées, on ne se connaîtrait pas, on parlerait du groupe qui joue, et -" Je soupire. Les jeux d'imagination n'ont jamais aidé personne. "Et ce n'est pas ce qu'il s'est passé."
Jill accepte de m'expliquer sa colère, et je me concentre. “Tu as dit que tu voulais plus en parler, qu’on en parlerait plus jamais après la soirée. On s’est pas rappelé, on a fait comme si on se détestait devant tout le monde et tu me dis maintenant que t’auras aimé me rappeler ?” Elle est énervée parce que j'ai parlé trop tard ? Ou est-ce qu'elle est énervée précisément parce que je ne l'ai pas rappelée il y a si longtemps à Londres ? “Tu peux pas penser que si t’en parles une fois alors que je m’y attends pas la discussion est close. Tu as lancé la discussion, et maintenant tu veux plus en entendre parler.” J'acquiesce. C'est vrai. Vu comme ça, ce n'est pas juste. "Ce que je voulais dire, c'est que je n'ai rien à ajouter. Mais je suis disposé à écouter ce que tu en penses et à en parler avec toi si tu as des questions." Mettre de la méthode dans ce dialogue, une structure. "Jill, est-ce que tu aurais aimé que je te rappelle ?" Au fond, c'est la seule question que je peux lui poser. C'est du passé, mais il dissimule peut-être la raison de son agitation présente.
Il est primordial de réfléchir avant de répondre. C'est ce qui différencie les requins des poissons. On ne survit pas longtemps dans le monde si on se contente de bafouiller la première chose qui nous vient à l'esprit. Pourtant, parfois, dans de très rares cas, une phrase est rejetée par notre corps entier, et la réponse sort immédiatement. “Si je peux pas être heureuse avec toi tu peux pas l’être avec moi.” "Je suis déjà heureux avec toi." Je hausse les sourcils, car je réalise la vérité de ce que je dis. Même mariée, même enceinte, même à des années-lumières de ce que nous aurions pu être, j'éprouve des émotions agréables lorsqu'elle est près de moi.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Ven 22 Mai 2020 - 22:01 | |
| Jill ne sait pas pourquoi elle est autant énervée et elle peut toujours mettre ça sur le compte des hormones. Mais elle est de nouveau assise sur la serviette à regarder dans le vide alors qu’elle essaie de se calmer lentement. Mais elle ne comprend pas tout, elle ne le comprend pas toujours mais elle continue d’essayer malgré la colère. Alors elle demande des détails, elle veut savoir pourquoi il a sorti tout ça après tant d’années. Il s’est imaginé la rencontrer autrement, Jill n’a jamais osé faire ça. Parce qu’elle ne veut pas imaginer ce qu’il aurait pu se passer si il n’avait pas été un Fitzgerald et elle une McGrath, si il n’y avait pas eu Bailey et Ginny, parce que la réponse est un peu trop évidente et qu’elle préfère ne pas y penser. Alors elle secoue légèrement la tête. “T’aurais préféré qu’on se rencontre autrement ?” Est ce que c’est ce qu’il veut dire par là ? Qu’est ce qu’il aurait vraiment voulu changer ? Mais il y a des tas de questions qu’elle garde encore pour elle.
“Tu veux que j’ai des questions sur quoi ?” Ils se sont interdits d’en parler, et c’est juste difficile de changer les règles aussi brusquement. Elle garde ses yeux rivés sur l’horizon, c’est plus simple de discuter quand elle n’essaie pas de lire dans ses yeux ce qu’il pense vraiment. “J’aurais pas voulu que tu ais à choisir entre moi et tout ce que t’avais.” Elle ne fait que reprendre ses mots parce que c’est bien plus facile d’éviter la réponse évidente. Parce que, si il l’avait rappelé, tout aurait pu être différent. Peut-être qu’aujourd’hui ils ne se demanderaient pas ce qu’il aurait pu se passer et qu’ils auraient vécu quelque chose de beau et d’inattendu.
Les conclusions sont là, elle ne pourrait pas être heureuse avec lui il ne pourrait pas être heureux avec elle. Et elle soupire Jill, ça aurait pu être la conclusion de tout si il n’avait pas parlé, si il n’avait pas rajouté cette petite phrase qui l’étonne tellement qu’elle tourne brusquement la tête vers lui. Elle a arrêté de regarder l’horizon pour planter ses yeux dans ceux de Sébastian. Il lui dit être heureux, malgré tout. Elle ne sait pas quoi dire, mais son visage ne bouge plus. “Je le suis aussi.” Et elle ne saurait pas expliquer pourquoi. Mais elle aime être là, elle a aimé être chez lui et faire la visite de cet aquarium avec lui, comme elle a aimé découvrir les monuments de Londres à ses côtés il y des années déjà.
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| | | | (#)Ven 22 Mai 2020 - 22:14 | |
| Peut-être qu'il aurait plu et qu'elle n'aurait pas pensé à prendre son parapluie, mais moi oui ; peut-être que j'aurais moins détesté que d'habitude le groupe sur scène si elle m'avait expliqué ce qu'elle ressentait en les écoutant ; peut-être que je l'aurais convaincue de prendre du gin au lieu de tequila et peut-être que ça lui aurait plu ; peut-être que je l'aurais rappelée la semaine suivante pour la revoir ; peut-être qu'on aurait visité des villes et des pays ensemble ; peut-être qu'elle serait architecte et qu'on passerait la moitié de l'année à Londres et l'autre à Brisbane ; on refait le monde avec des peut-être.
"Oui, j'ai calculé les pour et les contre, et j'aurais préféré qu'on se rencontre autrement. Et toi ?" Bien sûr que j'y ai mis de la méthode, que j'ai fait des listes. Je me suis retenu de faire un tableau Excel, notamment parce que ç'aurait été très embarrassant si quelqu'un l'avait hacké. Il ne manquerait plus que je fasse passer un message dans le ciel.
Jill détourne les yeux. "Je ne sais pas. Des questions." A ce rythme-là, nous ne sommes pas rendus. Elle évite ma question sur l'appel par une pirouette qui mériterait une médaille d'or aux Jeux Olympiques. Je souris. Nous sommes passés maîtres dans l'art de l'esquive, et même lorsque nous essayons d'être transparents à mille lieues au-dessus du monde, nous restons opaques.
"Je suis déjà heureux avec toi." "Je le suis aussi." "Pardon ?"
Je ne m'attends pas à ce qu'elle répète. J'ai très bien entendu. Simplement, le processus de compréhension tarde un peu. Et puis, finalement, je me tourne vers le paysage - ce sont maintenant les lumières de la ville, et on voit les phares des voitures circuler entre les maisons - et soupire. "On devrait rentrer", je dis, car que pourrait-on bien rajouter après ces mots-là, qu'y a-t-il à dire d'autre que dans une autre vie ?
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Jeu 28 Mai 2020 - 21:17 | |
| Elle ne sait pas comment la conversation finie toujours par tourner autour du passé. Peut-être parce qu’ils savent que tout aurait pu être différent si Sébastian avait passé un appel, ou si Jill l’avait fait. Mais les deux ont décidé de suivre ces règles stupides, de suivre les limites qu’ils s’étaient promis de ne pas enfreindre. Pour une fois elle a suivi les limites Jill, elle ne les a pas dépassé. Et pourtant, c’est peut-être les seules qu’elle aurait dû franchir. “Je crois aussi.” Parce que ça aurait été une autre vie, parce qu’elle aurait pas eu tous les aprioris sur la famille Fitzgerald, parce que son père n’aurait pas voulu la forcer à se marier avec Sébastian et qu’elle n’aurait pas eu à lutter pour son ego. “Un concert à Londres ? Vraiment ?” Parce qu’elle se souvient de l’histoire qu’il s’est imaginé, et elle sourit un peu en continuant de regarder vers l’horizon.
“Je saurais pas quoi te poser comme question, je pensais que cette soirée était passée à la trappe. Que tu regrettais juste ce moment et que tu voulais l’oublier. J’aurais jamais pu imaginer que tu veuilles me rappeler.” Et cette nouvelle sonne encore faux dans son esprit, ce n’est pas Sébastian de dire des choses comme ça. Ce n’est pas lui d’avouer quoi que ce soit, ce n’est pas lui de parler de sentiments ou de ressentir des émotions. D’ailleurs, des émotions, est ce qu’il en ressent vraiment là ? Elle ne sait plus Jill. Et elle pourrait rajouter confusion dans son carnet, et incompréhension. Deux émotions qu’elle n’avait pas ressenti depuis une semaine. Mais qu’elle ressent là, en l’écoutant parler de tout ça.
Il est heureux d’être là, et Jill aussi. Et elle le dit, elle n’aurait peut-être pas dû. Elle aurait dû continuer à marcher derrière cette pierre et ne pas se rasseoir à côté de lui. C’est trop compliqué, pourquoi tout est toujours si compliqué ? Elle ne répétera pas, il a très bien entendu. Elle se surprend elle aussi d’avoir prononcé de tels mots. Mais elle les a dit, et c’est la stricte vérité. Il veut partir mais Jill n’a pas l’intention de rentrer chez elle. Pas maintenant, pas alors que le feu d’artifice est fini depuis seulement quelques minutes et qu’il y a encore des gens autour d’eux. “Pourquoi ?” Et elle l’a tourné vers lui sa tête, en attendant de croiser son regard une nouvelle fois. “Moi je reste là, toi tu peux aller où tu veux.” T’es libre Sébastian, libre de redescendre la colline et retourner préparer ta réunion. Libre de t’éloigner le plus loin possible parce que toute cette conversation est trop étrange et trop douloureuse. Pourquoi c’est aussi douloureux d’ailleurs ?
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| | | | (#)Jeu 28 Mai 2020 - 21:33 | |
| "Vraiment. Je n'ai jamais choisi le groupe, en revanche, donc je te laisse imaginer celui que tu préfères." Je sais, je travaille dans un label, j'aurais dû penser à quel concert en particulier, mais tous les boys bands me donnent envie de vomir, et j'ai envie de pousser de la falaise ceux qui prétendent faire du rock. J'ai donc préféré omettre cette partie-là. C'est étrange de partager cette vision avec Jill ; j'ai la profonde conviction qu'elle aurait dû être un secret. Nous voilà à en parler, pourtant, à nous montrer nos cartes, tout en sachant que la mise est de taille. "Je n'ai jamais regretté cette soirée", je dis en toute sincérité. Ma vie aurait été plus simple si je pouvais la compter parmi les moments qu'il m'aurait plu d'effacer, de nier. Ce soir-là fait tâche dans le quadrillage parfait de ma mémoire, comme de l'encre qui suinterait d'un buvard, mais je ne regrette pas.
Parler de notre bonheur présent, en revanche, me dérange. C'est venu dans la conversation, comme des phrases qu'on n'avait pas prévues. C'est posé là, entre nous. On sait ce qu'on a dit. Je regarde les maisons au loin en cherchant un secours, une distraction. Je propose qu'on parte. Jill, bien sûr, refuse. Elle est plus à l'aise dans les conversations émotionnelles que je ne le suis. Je ne sais pas lui expliquer pourquoi j'ai envie de partir. J'hésite à me lever, marcher, descendre cette colline, et la laisser là, face aux lumières de la nuit. J'hésite, mais je ne le fais pas. Je reste assis là, dans mon costume parfait, avec mes cheveux peignés, le regard partout sauf vers elle. "Tu vas finir par me rendre humain", je dis doucement, mes pupilles sur les étoiles qui apparaissent et dont je connais les noms et la date de mort. "Quoique... Je sais que dès que la réunion commencera demain, je serai le même de toujours."
J'ai du mal à croire que les gens puissent changer. On fait de notre mieux. On essaye. On avance. Certains reculent. Je ne deviendrai pas un empathe au grand coeur. Je ne serai jamais Robin des Bois. Quel que soit l'archétype ou le diagnostic qu'on me colle, je serai toujours à mille lieux de la façon d'être de Jill. J'ai beau le lui répéter, elle reste. "Je peux voir ton carnet d'émotions ?" Il ne me reste plus qu'à apprendre à mieux la connaître, puisque nous nous rendons heureux.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Jeu 28 Mai 2020 - 22:11 | |
| La nuit est belle, il n'y a plus une once de lumière hormis celle de la lune et des étoiles. Plus de trace de feu d'artifice, plus rien à part eux et les quelques personnes qui traînent sur la colline. "Je serais pas allée voir un gros concert si j'avais été seulement là pour la musique." Elle réfléchit en souriant, et en regardant Sébastian se concentrer sur la ville. Il ne croise pas le regard de Jill, et elle ne sait pas si c'est bon signe ou non. "ca aurait été un concert simple, de quelqu'un de pas connu dans un coin de Londres." et elle peut très bien imaginer cette soirée, imaginer cette rencontre qui n'a pas eu lieu. Et qu'est-ce qu'elle aurait aimé le vivre plutôt que l'imaginer. "Moi non plus." c'est une des soirées dont elle se souvient, et qui ne sortira sûrement pas de son esprit. Jamais. Ils ont gardé le secret, et ils le garderont encore, puisqu'ils ont été incapable d'oublier.
La conversation va trop loin, elle est trop intense. Elle respire calmement mais ils s'évitent, elle ne peut pas se perdre dans ses yeux là. Ils parlent de bonheur ensemble, un bonheur éphémère puisqu'ils finissent toujours par s'éloigner. Un sourire en coin naît sur son visage. "Tu serais bien ennuyeux si tu n'étais qu'humain" elle n'a jamais voulu le changer, et elle sait comment il est avec tout le monde. Ils st different avec elle, elle ne peut pas le nier, elle le voit très bien. Mais elle n'a jamais voulu rejeter une seule facette du Fitzgerald. "T'as pas besoin de changer." elle ne capte pas son regard, elle parle en regardant dans le vide, c'est certainement mieux comme ça.
Un léger silence se fait, Jill ne sait pas ce qu'ils font encore là, mais elle n'a pas envie de partir. Elle veut rester là, sous les étoiles, et elle sait qu'il va rester avec elle même si il est libre de partir. Elle serait restée elle aussi. Il demande le carnet d'émotions, et elle le sort de sa poche. Il n'y a que des émotions négatives depuis une semaine, elle n'a eu que des problèmes avec les gens qui l'entourent, sauf avec lui. Elle le lui tend en tournant enfin son visage vers lui. "C'est plutôt le mauvais côté des émotions qui a pris le dessus cette semaine, mais c'est pas toujours comme ça." colère, indécision, panique, angoisse, tristesse, regrets…. Cette semaine n'était vraiment pas très agréable. "Je mets uniquement ce que je ressens depuis qu'on a parlé, pour que ce soit le plus vrai possible." elle a joué le jeu, elle l'a vraiment fait.
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 15:43 | |
| Un concert simple de quelqu'un pas connu dans un coin de Londres. J'espérais plus d'informations. "Quel genre ? Rock ? Pop ? Je t'en prie, pas métal." Je déteste d'innombrables chansons, mais me tenir dans une foule d'énergumènes à tatouages, piercings et cheveux longs, ce serait pire que tout. J'apprécie, cependant, de négocier avec Jill sur la teneur d'un concert imaginaire.
Elle me dit que je n'ai pas besoin de changer, et j'acquiesce imperceptiblement. Je sens un soulagement se propager en moi ; c'est léger, ténu, presque aussi froid que le reste, mais ça détend muscle après muscle. Jill ne cherche pas à démasquer un être d'une bonté surnaturelle derrière une façade de grand méchant requin des affaires ; elle n'essaye pas d'exorciser un démon, de révéler le saint qui se trouve niché dans des costumes faits sur mesure. Elle me voit, et elle est là. Cette acceptation est une première. J'ai quarante-trois ans, un père exigeant et froid, une mère qui préfère Bailey, un frère qui me juge en permanence, et des amis qui pourraient me trahir au moindre signe de faiblesse. Que Jill soit assise là, à côté de moi, le regard tourné vers la ville, dans un calme quasi parfait, ça veut tout dire.
Alors, de mon côté, j'apprends à la connaître telle qu'elle est aussi. Le carnet des émotions est né de cette envie, et elle me le prête maintenant avec des avertissements qui me font sourire. "C'est pour ça que les gens disent qu'ils passent une mauvaise semaine ou une bonne semaine. C'est dicté par ces émotions, en fait." J'énonce mes premières conclusions tout en ouvrant le carnet. Dès la première page, je suis en effet stupéfait de constater que Jill vient de traverser des jours compliqués. Je fronce les sourcils. "Pourquoi ?" Je suis déjà furieux contre Bailey, car c'est lui que j'accuse dans ma tête de ne pas rendre son épouse heureuse. Je prends une profonde respiration, pour ne pas partir dans une diatribe ou des plans de vengeance malvenus.
"Si tu ne ressentais que ces émotions négatives, ceci dit, tu ne serais pas ici. Tu ne te serais pas mise face à la beauté d'un feu d'artifices. Hypothèse : peut-être tu éprouves de l'espoir aussi. De l'espoir que ta semaine suivante soit plus heureuse. Et c'est pour ça que tu t'accroches, même quand tu viens de passer des journées décourageantes." Je la regarde comme un étudiant regarde son examinateur : vrai ? faux ? hors sujet ?
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mer 3 Juin 2020 - 2:12 | |
| Ils parlent d’un concert hypothétique. Un concert pendant lequel ils auraient pu se rencontrer. Elle fronce les sourcils, elle réfléchit. Ses goûts en matière de musique sont plutôt éclectiques alors elle en sait pas choisir comme ça. “Pas de métal.” Au moins, ils sont d’accord sur ça. “Pas de classique non plus.” Elle va s’expliquer. “J’aime en écouter seule mais pas en concert.” ça fait déjà 2 styles de musiques qu’ils auraient évité. “ça m’arrive d’apprécier le jazz. Mais sinon de la pop ça aurait pu le faire.” Parce qu’elle n’est pas bien compliqué. Elle ne se préoccupe pas vraiment des styles de musique, ce qui l’intéresse, c’est la personne qui tient le micro et les instruments. Elle aime être surprise, et les concerts peuvent être surprenant. “Ou sinon…” Elle fronce les sourcils, son cerveau tournait à 10000 à l’heure. “On aurait pu assister à un soir où plusieurs personnes auraient chanté.” Et là, elle hoche la tête, parce que c’est vraiment quelque chose qu’elle aurait pu apprécier.
Elle lui dit qu’elle ne veut pas le changer, elle ne veut pas trouver un bon côté alors qu’elle n’a jamais eu contre ce côté qu’il lui montre à chaque fois qu’il est à ses côtés. Il est différent avec elle, elle le sait très bien mais elle ne le dit pas, elle ne l’avoue pas et lui non plus, c’est mieux comme ça. Mais il lui demande son carnet d’émotions, elle l’a vraiment fait, elle y a pensé et elle est la seule avec Sébastian à être au courant qu’il existe. “Les émotions doivent certainement entrer en considération inconsciemment. Mais il y a aussi des choses qui peuvent se passer au travail ou chez soi qui peuvent jouer un rôle.” Elle explique, et elle est bien plus calme que quelques minutes auparavant. Il lui demande pourquoi et elle fronce les sourcils. “Parce que c’est une mauvaise semaine.” Elle ne sait même plus vraiment
Elle est là parce qu’elle avait envie de le voir, parce qu’elle devait lui donner les dessins de Londres. “C’est peut-être parce que j’ai passé de mauvais jours que j’avais envie d’être ici et me changer les idées.” Elle sourit un peu, cette soirée est bien plus plaisante que tout ce qui c’était passé dans sa vie cette semaine, malgré les quelques bas qu’ils avaient vécu ce soir. “Espoir ça rentre, je pense qu’on ressent toujours de l’espoir.” C’est un fait, il y a toujours une once d’espoir pour tout, rien n’est jamais vain. Et c’est sûrement ce qui aide l’humanité à ne pas se laisser dépérir sans faire aucun effort.
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| | | | | | | | sous les feux d'artifice (ua) |
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