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 just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen)

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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyJeu 14 Mai 2020 - 4:18

Les aiguilles de la pendule avancent à une vitesse anormalement lente. Enfin, c’est l’impression que tu en as. Seule ta perception a le pouvoir de faire avancer le temps plus ou moins vite. Mais c’est la première fois depuis des années que tu trépignes sur place en attendant que la sonnerie retentisse. La dernière fois que tu avais été aussi pressé de quitter l’université, Moïra habitait encore avec toi … Si tu avais été en cours, face à des élèves, tu aurais été assez distrait pour ne pas penser à ta soirée. La réunion demandée par le doyen pour vous faire un point de l’état de l’université et des objectifs de recrutement de l’année en cours était vraiment le dernier endroit où tu avais envie de te trouver. Tu ne manquais pas de voir quelques regards étonnés de tes collègues se tourner vers toi car d’habitude, tu es le plus attentif de tous à ce genre de réunion. Mais aujourd’hui, tu n’en as rien à faire de savoir que l’objectif de recrutement de l’année prochaine était une augmentation de quelques pour-cent des élèves, notamment des recrutements internationaux. Ton département n’était pas en mal d’étudiants, vous arriviez à en attirer tous les ans dans votre cursus et c’était le plus important à tes yeux. Ton collègue et ami, Keith, te regarda avec un sourire amusé sur les lèvres. Ton comportement devait en effet le faire rire car tu avais l’habitude d’être toujours très patient et de ne jamais trop montrer tes émotions, notamment ton impatience actuelle. Finalement, la réunion toucha à sa fin et tu te levais ne prenant pas le temps d’écouter les questions qui fleurissaient déjà dans la masse de tes collègues. Vous aurez un mail récapitulatif et une autre réunion bien assez tôt pour que tu t’y plonges de manière plus détaillée. Après être passé chercher tes affaires dans ton bureau, tu pris la direction du parking où t’attendait ta voiture pour prendre la direction de ton loft. Ce soir, tu devais retrouver Colleen dans son appartement pour l’aider à avancer dans ses cartons suite à l’achat de sa maison. Tu avais toujours du mal à croire qu’après seulement quelques mois à Brisbane elle ait acheté une maison mais il était évident qu’une fois que la jeune femme avait une idée en tête, elle ne lâchait pas l’affaire. Tu lui avais proposé de l’aider dans vos échanges de textos sans réellement penser qu’elle allait te prendre au mot. Même si faire des cartons n’était pas ton activité favorite, tu n’avais pas pu t’empêcher de sourire à l’idée de revoir Colleen. Depuis votre rencontre au Canvas, tu n’avais pu chasser la sensation de sa main dans la tienne, de ses doigts découvrant les traits de ton visage. Tu frissonnes encore rien qu’en y repensant. Cela faisait un petit moment que tu n’avais pas ressenti ce genre d’attraction pour une femme et tu avais envie d’en savoir plus sur Colleen, d’apprendre à la connaître. Elle était très belle, c’était une évidence, un constat que tu avais pu faire dès votre première rencontre et qui s’était confirmé avec le temps. Mais finalement, tu ne connaissais pas tant de choses sur la jeune femme et maintenant que ta curiosité avait été éveillée, tu n’avais qu’une envie, en savoir plus.

Arrivant chez toi, tu ne perdis pas de temps pour prendre ta douche et te préparer. Tu aurais pu te rendre chez Colleen directement après le travail parce que théoriquement ce n’était pas un rendez-vous galant auquel tu te rendais. Tu avais toutefois envie de bien présenter et une douche était la moindre des choses. Tu enfilais un jean foncé et une chemise dont tu laissais les premiers boutons ouverts et dont tu retournais les manches. C’était ton style habillé mais décontracté, celui que tu préférais porter, loin de la cravate et du pantalon plus habillé que tu mettais à l’université. Tu ne coiffais pas tes cheveux te contentant de les laisser sécher, ils se coiffaient tout seul de manière générale. Tu pars ensuite en direction de la cuisine où tu récupères une bouteille de vin blanc dans le réfrigérateur que tu as acheté à l’épicerie de Livia il y a quelques temps et que tu n’avais pas encore eu l’occasion de goûter. Jetant un dernier coup d’oeil dans le miroir, tu hochais la tête à ton reflet avant d’attraper tes clés. C’était complètement ridicule mais tu avais l’impression d’être un adolescent qui se rendait à un premier rendez-vous. Alors que tu conduisais la voiture vers l’adresse que Colleen t’avait donnée car tu ne te souvenais plus exactement du numéro devant lequel vous vous étiez rencontrés, tu ne pus t’empêcher de penser qu’il y avait quelque chose de plus intime à cette rencontre. Vous en aviez rit la dernière fois de ta maladresse quand tu avais proposé de raccompagner Colleen si nécessaire sans que cela n’implique que tu l’accompagnes à l’intérieur de son appartement. Mais aujourd’hui tu allais mettre un pied dans son intimité, dans l’appartement qui était son chez elle pour encore quelques temps. Et tu n’avais pas envie d’être maladroit, tu n’avais pas envie de la blesser sans le savoir. Pourtant, tu savais que tu ne pourrais pas gérer ta maladresse, elle pouvait se présenter à tout moment, sans prévenir. Tu te garais à quelques mètres de l’immeuble de la jeune femme avant de te diriger vers la porte et de composer le code qu’elle t’avait donné. Tu montais les escaliers, sentant les battements de ton coeur s’accélérer. Une fois devant la porte, tu pris une grande inspiration et tu frappais attendant que Colleen vienne t’ouvrir. Tu ne savais vraiment pas à quoi t’attendre ce soir mais profiter de la compagnie de Colleen était ton seul objectif. Quand la porte s’ouvrit et que tes yeux se posèrent sur la jeune femme, tu lui dis : « Bonsoir Colleen. » Un sourire était dessiné sur ton visage. Malgré les textos que vous aviez pu échanger, la voir était une expérience bien plus plaisante.


@Colleen Sainsbury :l:
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyVen 15 Mai 2020 - 10:36

just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren

Plantée au milieu de la pièce, les mains posées sur ses hanches, Colleen observait le cœur de son appartement d’un air découragé. Il y en avait partout. Des piles de cartons s’amoncelaient aux quatre coins de la pièce, remplis pour certains, encore pliés pour d’autres. Les vases étaient vides, les cadres détachés des murs, les décorations fragiles soigneusement enveloppées dans du papier bulle. En vérité, elle avait déjà bien avancé. Alors que son déménagement n’était prévu que pour le mois suivant, la jeune femme avait souhaité anticiper son départ un maximum afin d’éviter les mauvaises surprises de dernière minute. Elle n’avait pas véritablement instauré un calendrier de préparation mais demeurait organisée malgré tout, ayant suffisamment d’expérience dans ce domaine pour savoir par où commencer. En Angleterre, sa petite famille avait déménagé à trois reprises, et chaque fois Colleen avait mené seule les préparatifs avec une rigueur exemplaire. Car contrairement à ce que la délicatesse de ses traits et la fragilité apparente qui se dégageait de son corps mince pouvaient suggérer, elle n’avait pas peur de se retrousser les manches quand il le fallait, au risque de se casser plusieurs ongles au passage. Elle mettait volontiers les mains dans le cambouis, et du cœur à l’ouvrage. Bien sûr, cela ne rendait pas l'opération moins solitaire pour autant, ni moins répétitive. Ayant emménagé à Brisbane huit mois plus tôt, elle avait eu la sagesse de ne pas déballer l’intégralité de ses cartons, ce qui lui facilitait la tâche. La plupart de ses livres étaient encore emballés, ainsi qu’une partie de sa garde-robe – ses pulls en grosse maille et autres vêtements chauds ne lui étant pas d’une grande nécessité ici en Australie – mais en huit mois seulement, force était de constater qu’elle s’était un peu plus étalée que prévu, et entrepris davantage de choses. Parce qu’elle avait voulu rendre son appartement chaleureux et à son image, elle s’était évertuée à réaliser quelques aménagements et à le personnaliser. Ayant obtenu l’accord de son propriétaire au préalable, elle avait repeint les murs de la pièce de vie d’un vert olive soutenu et avait accordé à la nature une place prépondérante en choisissant des cadres qui faisaient son éloge. Ne voyant pas l’intérêt d’investir dans du mobilier neuf, elle avait restauré l’ancien en grattant le vernis et la peinture, faisant ainsi réapparaître les matériaux bruts. La cuisine avait également subi un ravalement de façade, les couleurs jaunes criardes ayant été remplacées par des teintes crème qui la rendait à la fois plus sobre et plus lumineuse. Elle avait bien eu d’autres projets pour cet appartement, comme installer une verrière entre la salle à manger et le salon, qui étaient en enfilade, ou encore rendre l’entrée plus fonctionnelle en y ajoutant une banquette et des rangements, mais cela aurait occasionné des dépenses inutiles pour un appartement qui ne lui appartenait même pas. Désormais, ses projets d’aménagement et de décoration étaient entièrement concentrés sur sa nouvelle maison, celle qui l’attendait à Logan City dès que les délais légaux pour l’acquisition d’une maison seraient passés et qu’elle aurait terminé ses cartons.

Le signal sonore du four annonçant la fin de la cuisson retentit, ce qui eut pour effet immédiat d’arracher Lynn à sa rêverie. Elle soupira et sans accorder un regard aux deux cartons qui demeuraient à moitié remplis derrière elle, elle pivota et se dirigea vers la cuisine ouverte, la seule partie de la pièce qui n’était pas encore envahie par les cartons. Elle attrapa une manique au passage et s’approcha du four, qu’elle ouvrit. Un sourire satisfait s’installa sur les lèvres de la jeune femme alors qu’une délicieuse odeur s’échappait du four. Elle en sortit le cake végétarien et le posa avec précaution sur le plan de travail, à côté des autres petites douceurs – feuilletés au fromage, assortiment de toasts et bouchées de jambon cuit au chèvre – qu’elle avait préparées en rentrant tôt de l’hôpital. Car ce soir-là, Colleen avait un invité. Certes, l’invitation n’avait rien d’un rendez-vous galant et ne nécessitait pas la confection d’un repas servi dans les règles de l’art, toutefois elle avait tenu à faire un effort. Surtout qu’il y avait fort à parier que la mission « cartons » du soir ouvrirait l’appétit de son invité. Lynn peinait encore à croire que Marius allait vraiment mettre les pieds chez elle et qu’ils se retrouveraient seuls. Cette perspective avait occupé son esprit toute la journée, si bien qu’elle s’était montrée particulièrement distraite au travail le matin même. Après la fameuse soirée passée au Canvas quelques jours plus tôt, la sage-femme s’était jurée de se tenir à une distance raisonnable du beau brun afin d’éviter les complications. Au réveil le lendemain matin, elle s’était sentie un peu honteuse de s’être montrée aussi entreprenante à son égard, et initié des gestes qui lui faisaient monter le rouge aux joues quand elle y repensait. Néanmoins, à la seconde où il lui avait envoyé un message quelques heures plus tard pour s’assurer qu’elle était bien rentrée, sa détermination s’était envolée. S’en était suivie une conversation de laquelle elle n’avait su détacher son attention de tout l’après-midi, éveillant les soupçons de Lou quand cette dernière l’avait vue pianoter avec une rare ferveur sur l’écran tactile de son téléphone. C’est au cours de cette conversation que Marius lui avait proposé son aide pour continuer les cartons, et après un débat intérieur qui avait opposé sa curiosité à sa raison, Colleen avait fini par prendre son offre au pied de la lettre en l’acceptant. Elle s’était persuadée que cette rencontre ne comportait pas le moindre danger, et était bien déterminée à ne plus laisser l’ambigüité s’installer entre eux. Elle l’avait invité, certes, mais ce en tout bien tout honneur. Après tout, elle avait trente-sept ans, elle était donc parfaitement capable de se comporter correctement en sa présence et de calmer ses ardeurs.

Après quelques minutes passées en cuisine pour terminer les préparations, ce fut cette fois-ci la sonnerie de l’appartement qui retentit, faisant sursauter Colleen. Elle se figea une seconde, son cœur s’emballant dans sa poitrine alors qu’elle songeait à la personne qui se tenait derrière la porte. Elle se ressaisit très rapidement cependant, et traversa la pièce afin de rejoindre l’entrée de l’appartement. Parce qu’elle ne pouvait pas s’en empêcher, elle jeta un coup d’œil à son reflet dans le grand miroir de l’entrée. Une demi-heure plus tôt, elle avait passé en revue l’intégralité de sa garde-robe afin de trouver une tenue qui se prêterait à la situation – ce qui n’était pas chose aisée, ayant besoin de vêtements suffisamment confortables pour lui permettre de garder une certaine liberté de mouvements, mais pas trop confortables non plus, car elle avait envie de faire un effort vestimentaire pour Marius. Elle avait finalement opté pour un pantalon ample et fluide resserré à la taille par une ceinture de la même couleur, et une blouse en broderie anglaise blanche. Pour gagner en confort, elle avait aussi chaussé une paire de baskets blanches. Rassurée par le rendu, Lynn détacha son regard du miroir. La main sur la poignée de la porte, elle prit une profonde inspiration et ouvrit enfin. Son regard croisa aussitôt celui de Marius, et un sourire apparut sur ses lèvres. « Bonsoir Marius » Lui répondit-elle. Il avait fière allure dans son jean sombre et sa chemise parfaitement repassée, tout en demeurant plutôt décontracté lui aussi. « Ou devrais-je dire James Bond ? » Lui fit-elle avec amusement, en référence aux messages qu’ils avaient échangés. « Je vois que tu es resté raisonnable et que tu n’as pas enfilé ton costume d’agent secret finalement. A ce propos, d’ailleurs… ». Elle ouvrit davantage la porte et passa sa tête dans l’entrebâillement. Les yeux plissés, elle inspecta le couloir avec méfiance, avant de se redresser. « Je crois que c’est bon, tu ne t’es pas fait repérer ! Bien joué ! » S’exclama-t-elle, ses traits composant un air faussement soulagé. « Allez, viens, entre avant que quelqu’un ne te voit ». Elle esquissa un sourire radieux et écarta la porte pour le laisser passer.
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptySam 16 Mai 2020 - 4:43

Là, à attendre que Colleen ouvre la porte, une bouteille dans la main droite, tu te surprenais à ressentir une sensation que tu n’avais pas connue depuis longtemps. L’anticipation qui t’habitait, mêlée à une certaine anxiété de briser quelque chose sur quoi tu ne savais pas encore poser de nom, te donnait l’impression d’avoir fait un bond dans le passé et d’être de nouveau l’adolescent peu assuré que tu avais été. Les pages moites, tu étais heureux de tenir cette bouteille de vin pour ne pas vraiment y penser. Colleen avait réveillé une partie de toi qui s’était comme endormie depuis des années. Pour la première fois depuis trop longtemps, tu avais envie de croire que quelque chose pouvait se passer. Ambitieux, tu l’étais dans ton travail mais pas dans tes relations sociales et encore moins dans tes relations sociales avec les femmes. L’idée qu’en visitant l’appartement de Colleen et en y passant la soirée tu pourrais terminer la visite par sa chambre ne t’avait pas vraiment traversé l’esprit. Du moins, tu ne l’avais pas envisagé comme un fin possible de cette soirée sur laquelle tu n’arrivais pas à poser de nom. Il était indéniable que Colleen était une femme très séduisante et l’attraction qui était née de votre entrevue au Canvas ne pouvait pas être totalement imaginée de ton côté. Malgré tout, tu n’étais pas du genre à te laisser aller à un contact physique intime de ce genre sans connaître la personne, sans qu’il y ait une possibilité d’un après. Les aventures d’un soir ne t’avaient jamais tenté et cela n’allait pas commencer ce soir. Tu te tenais donc devant la porte, attendant patiemment que celle-ci s’ouvre sur ton hôte. Tu entendais des bruits étouffés venir de l’appartement alors tu savais qu’elle était à l’intérieur. Quand les pas s’approchèrent de la porte, tu pris une dernière grande inspiration que tu relâchais doucement alors que Colleen apparaissait devant tes yeux. Vous aviez échangé par textos ces derniers jours mais les conversations virtuelles ne pouvaient jamais remplacé à tes yeux les échanges que l’on pouvait avoir dans la vie réelle. Tu aimais imaginer les expressions de Colleen quand elle lisait tes textos mais tu ne faisais que ça, les imaginer. Pouvoir l’avoir en face de toi était une bien meilleure expérience. Tes yeux se posèrent sur le visage de Colleen et malgré toi, prirent le temps de l’observer de haut en bas avant de sourire. Tu avais l’impression qu’à chacune de vos rencontres, la jeune femme était un peu plus belle que la fois précédente. Tu avais bien conscience que c’était ridicule mais c’était comme si ton regard se donnait le droit de noter de nouveaux détails à chaque rencontre pour la découvrir un peu plus. « Bonsoir Marius. Ou devrais-je dire James Bond ? » Les paroles de Colleen te sortirent de tes pensées et tu secouais légèrement la tête à ce surnom que la jolie brune semblait décidée à te donner désormais. Levant la bouteille vers ta bouche, tu soufflais dessus comme si c’était un pistolet que tu venais de tirer avant de dire : « 007 à votre service mademoiselle Sainsbury. » Tu gardais ton sérieux quelques secondes avant de lui lancer un clin d’oeil et de laisser échapper un petit rire. Il te manquait quelques kilos de muscles et beaucoup d’autres choses pour pouvoir rivaliser avec l’agent secret britannique. « Je vois que tu es resté raisonnable et que tu n’as pas enfilé ton costume d’agent secret finalement. A ce propos, d’ailleurs… » Tu la laissais s’approcher vers toi et observer le couloir vide. Qui aurait cru que ta petite mention de Bond dans un texto vous permette de jouer à ce genre de chose ? « Allez, viens, entre avant que quelqu’un ne te voit. » Tu ne te fis pas prier et tu passais le pas de la porte. Tu savais que Colleen n’avait pas spécialement envie que Lou entende parler de ta visite dans l’appartement familial ce que tu n’avais pas de mal à comprendre. Bien sûr, tu n’avais pas d’adolescent à ta charge ou dans ton entourage mais vu que quelques semaines plus tôt tu convoquais Colleen pour parler du comportement douteux de sa fille à ton égard, c’était sans doute mieux ainsi, particulièrement quand tu n’étais pas certain du nom à donner à une telle visite. Etait-ce un rendez-vous galant ? Non, tu en doutais fortement mais en même temps, tu n’avais pas le sentiment que c’était simplement le rendez-vous d’un ami venant aider son amie. Tu n’allais pas essayer de poser des mots cette soirée qui ne faisait que commencer, cela allait te donner mal à la tête. « Je suis très déçu que tu doutes de mes capacités à passer inaperçu et à me faufiler dans ton appartement ! » Lui dis-tu avec un sourire taquin sur le visage. Tu lui tendis ensuite la bouteille de vin blanc que tu avais dans les mains en lui disant : « Peut-être que tu douteras moins de ma capacité à choisir un bon vin. » Ajoutas-tu avec un clin d’oeil. « Je me suis dit que ça nous donnerait un peu de courage pour affronter tes cartons. » Lui dis-tu en désignant les cartons qui traînaient un peu partout dans la pièce principale. Tu avais déménagé plusieurs fois dans ta vie, tu savais à quel point cela pouvait être contraignant et fatiguant. Colleen n’était pas arrivée à Brisbane il y a longtemps qui plus est. Mais la jeune femme ne semblait pas trop perturbée par la tâche qui vous attendait, du moins elle ne le montrait pas. Acheter une maison, tu l’avais considéré à l’époque où Moïra habitait avec toi. Tu te souviens d’avoir visité plusieurs maisons avec Jacob avant d’en choisir une. Tu allais signer les papiers quand Tommy était revenu. Tu aurais pu acheter la maison et y vivre seul, cela n’aurait pas été un problème. Mais rester à Brisbane sans pouvoir voir Moïra était impensable alors tu avais tout quitté, précipitamment, en l’espace de quelques semaines. Des souvenirs que tu préférais laisser derrière toi. Acheter ton loft serait potentiellement envisageable si ton propriétaire le voulait bien mais cela voulait dire à tes yeux renoncer totalement à construire une relation, une famille et tu n’étais pas encore prêt à cela. « Je vois que tu as déjà bien commencé. J’attends que tu me dises ce que tu veux que je fasse. » Ce soir, tu allais suivre les directives de Colleen et veiller à ne rien abimer de ses affaires. « Il faut que tu me parles de cette maison cependant car je suis curieux. A quoi elle ressemble ? » Peut-être que Colleen aura des photos ? Dans tous les cas, il te tarde d’en savoir plus.


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Dernière édition par Marius Warren le Dim 17 Mai 2020 - 2:07, édité 1 fois
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptySam 16 Mai 2020 - 10:35

just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren

Colleen avait opté pour l’humour afin de détendre l’atmosphère mais aussi déguiser au mieux l’appréhension qu’elle ressentait à l’idée de faire entrer Marius dans son appartement. Ce n’était pas tant parce qu’il était un homme que cela l’embarrassait – d’autres étaient venus lui rendre visite avant lui et cela ne lui avait pas posé problème. C’est bien parce qu’il s’agissait de lui qu’elle demeurait sur ses gardes. Car si leurs premières entrevues n’avaient jamais comporté la moindre ambiguïté, il fallait bien admettre que cette soirée passée au Canvas en tête à tête avait fait naître une complicité et une tension physique que la jeune femme n’avait pas ressenti depuis très longtemps. Le souvenir était encore frais dans sa mémoire, les mots qu’ils avaient échangés gravés dans son esprit et le toucher de Marius incrusté comme une marque dans son épiderme. Même s’il était évident qu’elle n’aurait pas agi de la même manière si elle n’avait pas été sous l’influence de l’alcool, elle ne regrettait pas ce qui s’était passé pour autant. Bien que dangereuse, la sensation qu’elle éprouvait depuis n’était pas désagréable et d’une certaine manière, elle chérissait le souvenir de cette soirée-là. Alors quand elle avait vu apparaître un numéro inconnu sur son téléphone – n’ayant pas eu le réflexe de l’enregistrer quand il lui avait donné dans le bar – puis découvert son message, l’excitation et l’empressement de le revoir l’avaient aussitôt gagnée. C’était complètement déraisonnable de sa part, mais d’un autre côté elle s’était fait la promesse de ne pas laisser la situation déraper une fois de plus. Elle tenait à être en pleine possession de ses moyens pour cette nouvelle soirée avec Marius, et le prétexte trouvé pour le revoir semblait suffisamment innocent pour leur permettre de faire plus amples connaissances tout en gardant une distance respectable entre eux.

En découvrant son invité derrière la porte de son appartement, Colleen devait toutefois admettre qu’elle se serait bien gardée d’être prudente et de suivre sa raison. Elle ne saurait précisément mettre le doigt dessus, mais il y avait quelque chose chez lui qui la déstabilisait profondément. Était-ce la chaleur qui émanait de lui, cette énergie rassurante qu’il dégageait et l’apaisait ? Ou son regard, si clair et si expressif à la fois, dans lequel elle s’était plongée et perdue à de nombreuses reprises au Canvas. Son accent australien, peut-être ? La façon qu’il avait d’abréger certains mots et d’appuyer les fins de phrase. Cela avait-il un lien avec la culpabilité qu’elle ressentait à l’idée d’être attirée par le professeur de sa fille ? Ou peut-être était-ce un mélange de toutes ces choses à la fois… Quoiqu’il en soit, Colleen n’avait pu se résoudre à détacher son regard du sien pendant quelques secondes avant de le saluer. Saisissant la perche qu’il lui avait tendue lors de leur conversation par SMS, elle fit référence au célèbre agent secret britannique, et rit en découvrant son imitation. Elle nota néanmoins dans un coin de son esprit qu’il lui avait apporté une bouteille de vin, répondant une fois de plus à la description du parfait gentleman, alors même qu’il ne s’agissait pas vraiment d’un rendez-vous officiel entre eux. La main sur la porte, elle le dévisagea, amusée. « La seule chose qui te manque pour être un 007 crédible, c’est l’accent anglais. Heureusement pour toi, je peux te donner quelques conseils là-dessus ». Elle esquissa un sourire et le laissa passer après avoir inspecté le couloir d’un air faussement méfiant. C’était un jeu entre eux, mais en réalité Colleen était bien contente que personne ne l’ait remarqué. Ses voisins avaient beau être adorables, ils n’étaient pas avares de potins et elle n’avait aucune envie que Lou entende parler d’un grand brun séduisant venu rendre visite à sa mère en pleine semaine, et en soirée de surcroît. L’adolescente n’était pas idiote et si la description physique était suffisamment détaillée, elle ne manquerait pas de faire le rapprochement entre l’invité et son professeur d’histoire des arts. Or, si elle lui avait affirmé avoir cessé son petit manège auprès de Marius, le sujet restait épineux et elle préférait l’éviter tant que possible.

Non sans une certaine appréhension, Colleen referma la porte derrière eux et suivit Marius alors qu’ils se dirigeaient vers la pièce de vie encombrée. Il s’amusa des doutes qu’elle avait précédemment émis sur sa capacité à passer inaperçu dans son immeuble, et lui tendit la bouteille de vin. « Mmmh, du vin… » Fit-elle, pensive, en saisissant la bouteille et en inspectant de plus près le nom inscrit sur celle-ci. Elle savait apprécier le vin mais n’y connaissait pas grand-chose à vrai dire. Elle se souvenait avoir lu quelque part que le vignoble australien avait gagné ses lettres de noblesse ces dernières années, et n’avait plus grand-chose à envier aux cuvées françaises – cette soirée serait peut-être l’occasion pour elle de se faire sa propre idée sur le sujet… Mais était-ce vraiment raisonnable ? « Tu devrais pourtant savoir que je ne bois pas une goutte d’alcool » Ajouta-t-elle très sérieusement en relevant la tête et en plantant son regard dans le sien. Elle préférait éviter de faire de leur dernière soirée un sujet tabou et choisit de briser la glace avec humour. Son air sérieux ne dura pas et fut vite remplacé par une expression amusée. « Je plaisante bien sûr. Merci beaucoup, Marius. Si ça ne te dérange pas, je vais la laisser un peu au frais pour qu’on puisse la déguster tout à l’heure ». La bouteille était encore fraiche, mais elle se disait que ce n’était pas plus mal de rester sobre un peu plus longtemps, histoire que l’alcool ne vienne pas altérer son jugement et faire fondre ses bonnes résolutions.

Elle revint à la hauteur de Marius, resté songeur un instant en contemplant l’intérieur de son appartement. « Je suis vraiment désolée, il y en a partout. Un vrai bazar ! » Fit-elle en observant à son tour le désordre qui régnait dans la pièce. Elle avait beau être organisée et mener les préparatifs d’une main de maître, il n’en demeurait pas moins qu’elle s’était clairement éparpillée. Marius lui dit qu’il attendait ses instructions avant de commencer quoique ce soit, et une lueur de gratitude s’alluma dans le regard de Colleen alors qu’elle se tournait vers lui. « Porter des trucs lourds, principalement… J’ai cru comprendre que c’était dans tes cordes » Déclara-t-elle en repensant à leurs deux premières rencontres. Elle lui adressa un clin d’œil. « Non, ne t’inquiète pas, je ne suis pas une tortionnaire. Il s’agit surtout de remplir tous ces cartons » Fit-elle en les désignant d’un signe de la tête, « … pour que je puisse les mettre de côté et dégager un peu d’espace ». Dossiers administratifs, décorations, quelques DVDs qui traînaient encore sur le meuble télé… Voilà en quoi consistait véritablement leur mission du soir. Bien sûr, Colleen avait encore du travail dans sa propre chambre, ses vêtements consistant une partie importante des cartons qui lui restaient à faire. Cependant, elle n’était pas certaine d’être en mesure de soutenir la vision d’un Marius triant avec application ses sous-vêtements pour pouvoir les ranger à leur tour dans les cartons… Et puis, il était aussi plus raisonnable de ne pas le faire entrer dans sa chambre du tout. Secouant la tête pour chasser l’image de ses pensées, Lynn reporta son attention sur le beau brun et sourit quand il s’intéressa à sa future maison. Elle esquissa un pas sur le côté et se baissa pour récupérer son téléphone portable sur la table basse. « Je vais te montrer ». Elle invita Marius à la suivre et se dirigea vers le canapé pour qu’ils puissent s’installer un peu plus confortablement tous les deux, tout en veillant à maintenir une petite distance de sécurité entre eux, fidèle à ses résolutions. Elle déverrouilla l’écran tactile du téléphone de son empreinte digitale pour ouvrir l’applications « photos ». « C’est une petite maison, et elle est un peu dans son jus actuellement mais j’ai l’intention de réaliser quelques aménagements pour la mettre à mon goût ». Elle fit défiler les photos, pas mécontente de focaliser son attention sur son téléphone plutôt que sur la proximité de Marius, qui la troublait autant que la dernière fois. « Ça te plait ? Je ne peux pas encore m’y rendre parce que techniquement, elle ne m’appartient pas encore, mais je pourrai te faire un tour du propriétaire dès que ce sera le cas, si ça te dit » Lui proposa-t-elle.
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyDim 17 Mai 2020 - 3:50

Les personnes qui avaient passées la porte de ton loft se comptaient sur les doigts d’une main. Tu n’aimais pas faire rentrer des inconnus ou des connaissances chez toi car tu ne voulais pas partager cette intimité avec des gens dont tu ne te sentais pas proches. Ça, c’était la règle que tu suivais depuis des années et qui te convenait très bien. Pourtant, avec Colleen, toutes tes règles semblaient sauter par la fenêtre. Cela ne t’aurait pas dérangé de l’inviter dans ton espace et de la laisser s’y faire une place et cette pensée était suffisante pour te signifier que tu étais sur un terrain dangereux et que tu risquais de te faire prendre à ton propre jeu. Colleen avait une élégance naturelle qui t’attirait comme un aimant et son petit accent British qu’elle conservait était on ne peut plus attrayant. Tu avais toujours eu un faible pour les accents étrangers. L’accent australien devait avoir ses sonorités propres aussi mais il manquait d’exotisme à tes oreilles. Il n’était pas difficile de se laisser charmer par la belle brune en face de toi et, pour une fois, tu n’essayais pas de lutter contre cette attirance indéniable qui avait été exacerbée lors de votre soirée au Canvas. Tu n’aurais jamais imaginé que ta relation avec Colleen puisse prendre cette tournure parce que ce n’était jamais quelque chose que tu imaginais mais tu ne regrettais rien. Au contraire même, tu lui étais reconnaissant de t’avoir rappelé que tu avais le droit de ressentir toutes ces émotions et que tu n’étais pas encore assez vieux pour ne plus flirter avec de belles femmes quand elles se prenaient elles aussi au jeu. Oh tu n’allais pas te mettre à courir les bars, ce n’était pas ton genre. Apprendre à connaître Colleen un peu mieux par contre te semblait bien plus intéressant et quoi de mieux que de passer la soirée dans son appartement pour le faire ?

Face à sa taquinerie sur James Bond, tu ne pus t’empêcher de jouer le jeu jusqu’au bout. La bouteille de vin que tu tenais à la main comme unique accessoire, tu faisais de ton mieux sachant que les James Bond n’étaient pas des films que tu avais vus très souvent. Mais tout le monde en a vu au moins quelques uns, tu as vu les derniers ça c’est certain. « La seule chose qui te manque pour être un 007 crédible, c’est l’accent anglais. Heureusement pour toi, je peux te donner quelques conseils là-dessus » Tu n’avais même pas essayé de prendre un quelconque accent britannique car tu n’avais jamais été un bon comédien et donc les accents n’étaient pas ton fort. Le seul que tu seras capable de faire est l’accent français, on t’a souvent fait remarquer que ta voix changeait quand tu parlais la langue de Molière et tu pourrais donc peut-être l’utiliser à ton avantage, bien plus qu’un mauvais accent britannique. « Je préfère te laisser le monopole de l’accent british. » Lui dis-tu avec un sourire amusé. « Il te sied bien mieux que moi. De mon côté je vais me contenter de l’accent français si cela ne dérange pas Mademoiselle. » Ajoutas-tu en prononçant le dernier mot dans ton meilleur français. Tu te rendis soudain compte que tu n’avais peut-être jamais parlé à Colleen de tes années passées en France et elle allait certainement se demander d’où venait cette soudaine connaissance de la langue française. Tes séjours en France étaient de telles années de plaisir pour toi qu’en parler n’était jamais une contrainte. Loin d’être blessé de la vigilance de Colleen envers ses voisins et sa fille, tu pouvais comprendre qu’elle ait envie de ne pas se retrouver au milieu de rumeurs diverses et d’affronter sa fille. En temps que professeur de cette dernière, il était peut-être plus sage qu’elle n’apprenne pas tout de suite que tu rendais visite à sa mère dans son appartement en soirée. Même si cette visite était innocente, tu doutais que Lou vous croit sur parole à ce sujet. Ta mère t’ayant toujours appris à ne jamais arriver chez quelqu’un les mains vides, tu avais donc amené une bouteille de vin. « Mmmh, du vin… Tu devrais pourtant savoir que je ne bois pas une goutte d’alcool » Tu regardais ton air sérieux avec incrédulité. Colleen ayant bu des cocktails lors de votre dernière rencontre, ces paroles te semblaient bien étranges mais elle finit par sourire et te dire : « Je plaisante bien sûr. Merci beaucoup, Marius. Si ça ne te dérange pas, je vais la laisser un peu au frais pour qu’on puisse la déguster tout à l’heure » Colleen fila à la cuisine mettre le vin au frais alors que tu lui répondis : « J’aurais peut-être dû préparer des pina coladas mais je ne voulais pas te rendre malade. » Parler de votre soirée au Canvas ne te dérangeait pas. Même si en y repensant tu ne pouvais t’empêcher de sentir le rose te monter aux joues face à ton audace, tu ne regrettais nullement ce qui s’était déroulé ce soir là, tu avais même beaucoup apprécié cette soirée.

La raison pour laquelle tu étais venu se rappela à vous car la pièce principale de l’appartement qui servait de salon était remplie de cartons et de piles d’objets en tout genre. « Je suis vraiment désolée, il y en a partout. Un vrai bazar ! » Tu ne connaissais personne qui déménageait et préparait des cartons sans mettre le bazar. Cela n’existait pas. Avant de tout ranger de manière organisée dans des cartons, il fallait tout étaler, c’était un sacrifice à réaliser. « Je me serais inquiété si tu réussissais à déménager sans mettre le bazar. » Lui dis-tu un sourire taquin sur les lèvres principalement pour la rassurer. Tu lui dis ensuite que tu étais à son service et qu’elle n’avait qu’à te donner une tâche. Tu étais naturellement quelqu’un de méticuleux et d’organisé, tu devrais faire un bon partenaire pour les cartons. « Porter des trucs lourds, principalement… J’ai cru comprendre que c’était dans tes cordes. Non, ne t’inquiète pas, je ne suis pas une tortionnaire. Il s’agit surtout de remplir tous ces cartons … pour que je puisse les mettre de côté et dégager un peu d’espace » Porter des cartons ou remplir des cartons, les deux étaient dans tes cordes. Après, il ne faudrait pas que les cartons soient trop lourds non plus, tu n’avais jamais appris à porter de lourdes charges, l’idée de mettre les pieds dans une salle de sport te donnait la nausée. Avant de se mettre au travail cependant, tu t’intéressais à la maison de Colleen à Logan City, celle dans laquelle elle allait emménagé. Elle sembla touchée par ta question et t’invita à la rejoindre sur le canapé : « Je vais te montrer. » Ce dernier n’avait pas de cartons, tu pris donc place à ses côtés, assez proche pour sentir la chaleur de son corps près du tient mais pas assez pour que cela soit oppressant non plus. « C’est une petite maison, et elle est un peu dans son jus actuellement mais j’ai l’intention de réaliser quelques aménagements pour la mettre à mon goût » Tu regardais les photos avec attention. Il y aura quelques travaux à faire mais la maison semblait dans un assez bon état malgré tout et semblait plutôt chaleureuse. Dans tous les cas, le sourire de Colleen montrait à quel point elle était sous le charme, c’était le plus important. « Ça te plait ? Je ne peux pas encore m’y rendre parce que techniquement, elle ne m’appartient pas encore, mais je pourrai te faire un tour du propriétaire dès que ce sera le cas, si ça te dit » Tu sentis ton pouls s’accélérer à ces paroles parce que cela voulait dire que cette rencontre ne sera probablement pas la dernière et cette pensée te fait plaisir. Tu espères pouvoir visiter la future maison de Colleen et si elle t’y invite, tu sais déjà que tu ne diras pas non. « Est-ce que c’est une manière déguisée de me demander de t’aider à défaire les cartons ? » Ne pus-tu t’empêcher de demander à la jeune femme un sourire taquin sur les lèvres. Inconsciemment, tu rapprochais un peu ton corps du sien avant de lui dire : « La maison a l’air superbe ! Il y a quelques travaux d’embellissement à faire mais je ne doute pas que tu as déjà pleins d’idées. » L’appartement dans lequel vous étiez était déjà décoré avec goût. Tu n’étais pas un grand connaisseur et ton loft avait été décoré par Beth et une décoratrice d’intérieur mais tu y avais apporté des touches personnelles au fil des années. Tu posais brièvement ta main sur le genou de Colleen avant de lui dire : « Je ne dis pas non à une visite guidée, même si ça me coûte le déballage ou le transport de quelques cartons. » Tu ajoutais un clin d’oeil en direction de la belle brune à tes côtés avant de lui demander : « Tu es passée par une agence pour trouver cette maison ? En tout cas, Logan City est un très bon quartier, mes parents y habitent encore et je te souhaite de ne jamais les croiser. » Dis-tu pour plaisanter mais pas vraiment non plus. Tu aimais tes parents mais les avoir comme voisins devait être un cauchemar.


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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyDim 17 Mai 2020 - 16:34

just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren

Mademoiselle. Le mot avait été prononcé avec un accent français irréprochable, ce qui avait attisé la curiosité de Colleen. Elle se souvenait qu’au cours de leur échange téléphonique Marius lui avait confié avoir appris à surfer en France, mais elle s’était imaginée qu’il y avait passé des vacances – sans doute en amoureux si l’on considérait que la France était une destination des plus romantiques. Elle ne l’avait pas interrogé à ce sujet, mais si elle se fiait à l’aisance avec laquelle il s’était exprimé dans la langue de Molière, il y avait fort à parier qu’une histoire différente se cachait derrière cette anecdote. Jusque-là, il fallait avouer qu’elle ne connaissait pas grand-chose de l’histoire du beau brun. Elle savait qu’il était professeur d’histoire des arts à la Queensland University, et que par conséquent il était un homme cultivé. Il lui avait également prouvé à plusieurs reprises qu’il était un parfait gentleman, doté d’excellentes manières, et elle en avait conclu qu’il avait reçu une bonne éducation. D’ailleurs, elle connaissait quelques détails concernant sa famille, récoltés au détour de leurs conversations au Canvas – détails vagues, certes, mais qu’elle avait enregistrés malgré tout. Elle savait par exemple qu’il avait deux sœurs, Beth et Scarlett, et que cette dernière était plus jeune que lui. Il lui avait révélé qu’elles étaient de sacrés numéros, Scarlett en particulier. Pourtant à la façon dont il lui en avait parlé, elle avait deviné qu’ils n’entretenaient pas spécialement de très bonnes relations, ou du moins qu’ils n’étaient pas proches l’un de l’autre. Après tout, ne lui avait-il pas avoué au Canvas qu’il n’avait pas passé plus de deux heures consécutives avec sa sœur Scarlett au cours des vingt dernières années ? Et que cette dernière avait une image assez négative de lui ? Même après deux piña coladas, Lynn avait été suffisamment lucide pour noter ces informations dans un coin de son esprit. Elle se souvenait également que lorsqu’ils avaient discuté de leurs situations familiales respectives, il lui avait parlé des jalousies qui pouvaient se créer au sein d’une famille quand l’attention parentale se portait exclusivement sur l’aîné de la fratrie. Elle n’était pas certaine qu’il était lui-même l’aîné de la sienne, mais le ton qu’il avait emprunté lui avait révélé un certain nombre de regrets à ce sujet. Enfin, il lui avait confié ne pas être quelqu’un de tactile ; un aveu qui n’avait pas manqué d’étonner Colleen, car elle n’avait pas perçu le moindre trouble chez lui quand elle s’était assise sur ses genoux afin de jouer le rôle de sa petite-amie. La jeune femme espérait le voir s’ouvrir davantage à elle, mais n’avait pas non plus l’intention de le secouer comme un prunier afin de glaner de précieuses informations à son sujet. Elle était curieuse, mais avisée également, et n’avait aucune envie de le brusquer. De plus, elle considérait que tout le monde avait le droit à son jardin secret.

A l’intérieur de l’appartement, Marius plaisanta à propos des piña coladas et elle apprécia le fait qu’ils puissent aborder le souvenir de leur dernière entrevue avec une telle légèreté. S’il y avait bien une chose qu’elle voulait à tout prix éviter, c’étaient les non-dits. Bien sûr, penser à cette soirée au bar du centre-ville suscitait inévitablement chez elle un trouble persistant. Mais à priori Marius n’avait pas pris ses jambes à son cou la dernière fois, et puisqu’il lui avait même proposé de se revoir elle pouvait en conclure qu’elle ne l’avait pas effrayé plus que cela avec ses paroles chargées de sous-entendus et ses gestes audacieux. Peut-être avait-il mis tout cela sur le compte de l’alcool ? Elle avait du mal à cerner ses intentions à son sujet, tout en demeurant intimement persuadée qu’elles n’étaient pas mauvaises. « Tu plaisantes, j’ai eu ma dose de rhum et de lait de coco pour au moins un mois complet, après la dernière fois ! » S’exclama-t-elle, dos à lui, en plaçant la bouteille de vin dans la porte du réfrigérateur. Elle le rejoignit quelques secondes plus tard et ne résista pas à l’envie de s’excuser du chaos qui régnait dans la pièce de vie. C’était plus fort qu’elle, elle était si ordonnée d’habitude qu’elle avait honte de présenter son appartement à Marius alors qu’il y régnait un tel désordre. Il la rassura cependant, lui garantissant qu’il se serait plutôt inquiété du contraire. Soulagée, elle l’invita à s’installer près d’elle sur le canapé pour lui montrer les photos de sa nouvelle maison. Sa proximité était toujours aussi déstabilisante, mais elle préféra focaliser son attention sur son téléphone plutôt que de s’attarder plus que de raison sur la chaleur qui émanait de lui. Il y avait quelque chose de surréaliste dans cette situation ; le fait de se retrouver sagement assise dans son canapé en présence de Marius, à lui présenter sa future maison tout en évitant soigneusement de s’épancher sur l’attraction qu’elle ressentait à son égard. La vérité était qu’elle peinait encore à réaliser qu’elle l’avait véritablement invité chez elle, en faisant fi de sa volonté d’établir une sage distance entre eux.

Concentrée sur les photos de sa maison, elle ne réalisa pas vraiment que ses paroles pouvaient être interprétées comme une invitation. Cela n’échappa à Marius cependant, et troublée, elle releva le menton pour sonder le bleu de ses yeux. La profondeur de son regard ébranla ses résolutions un instant, mais elle ne tarda pas à se ressaisir. « Eh bien… Pourquoi pas ? C’est une option que l’on peut envisager... Si tu es aussi habile pour défaire les cartons que tu l’es pour les porter, on devrait pouvoir s’arranger facilement ». Elle inclina la tête, un sourire dessiné sur ses lèvres, tandis que son esprit enregistrait le mouvement d’approche de son invité. Elle demeura figée pour sa part, se contentant d’opiner du chef quand il lui fit part de son enthousiasme par rapport à la maison. Il était vrai qu’elle ne manquait pas de projets pour cette dernière, ayant déjà établi des plans précis de ce qu’elle souhaitait. « En effet » Fit-elle, songeuse. « Cela ne me gêne pas qu’elle ne soit pas très moderne, dans la mesure où ça me laisse pas mal de possibilités pour l’arranger à mon goût. Ce ne sont pas les travaux qui me font peur, au contraire, je trouve que c’est un challenge plutôt excitant ».

De toute évidence, Marius n’était pas contre découvrir prochainement son futur foyer. Colleen ne pouvait s’empêcher d’être émue à l’idée qu’il s’intéresse sincèrement à elle et à ses projets. Avec August, elle avait eu l’habitude de mener sa barque sans qu’il ne s’en soucie véritablement ; tant que leur maison était rangée et l’intérieur élégant, peu lui importait la manière dont elle avait amené les choses. Elle se rendait bien compte qu’il était assez injuste d’établir des comparaisons entre Marius et August, mais ces dernières s’imposaient naturellement à elle, preuve que son intérêt pour le professeur d’université dépassait le stade de l’amitié futile – elle avait beau entreprendre tous les efforts possibles, il lui était difficile de prétendre le contraire. Comme s’il avait eu accès à ses pensées, il lui expliqua ne pas être contre cette future visite dans la maison qu’elle avait récemment acquise, et posa brièvement sa main sur son genou. Ce geste, anodin en apparence, éveilla des sensations chez la jeune femme qui n’étaient pas sans lui rappeler celles expérimentées au Canvas quelques jours plus tôt. Elle frémit, s’éclaircit la gorge et attrapa un coussin derrière elle pour le presser contre sa poitrine, usant de l’objet comme s’il s’agissait d’un bouclier. Malgré le trouble que Marius semait en elle, elle était déterminée à ne pas laisser les choses déraper et espérait que sa résolution tiendrait jusqu’à la fin de la soirée. Elle répondit au clin d’œil de son invité par un sourire amusé et s’empressa de répondre à ses questions. « Oui, j’ai fait appel à l’agence de Jacob Copeland, tu connais ? Je ne me sentais pas suffisamment à l’aise pour me lancer seule. Je ne regrette pas, il s’est personnellement occupé de ma recherche et a été très professionnel ». Elle étudia un instant les traits de Marius, consciente une fois de plus de leur proximité. Heureusement qu’elle avait saisi le coussin sur le canapé, parce qu’il n’était pas impossible qu’elle aurait pu amorcer une tentative d’approche sans cette barrière matérielle érigée entre eux. Elle se rappela les promesses qu’elle s’était faites et chassa les pensées intruses de son esprit. Il lui parla de sa famille, installée à Logan City, et curieuse d’en découvrir davantage à son sujet, elle saisit au vol la perche qu’il lui avait tendue. « Ah, tu risques de tomber sur eux si tu viens me rendre visite, j’espère que c’est un risque que tu es prêt à prendre ». Elle pivota légèrement vers Marius avant de poser son genou sur le canapé et de coincer son tibia sous son autre jambe. D’une main distraite, elle tapota délicatement le tissu du coussin, comme si ses doigts battaient le rythme d’une mélodie. En réalité, il s’agissait d’un moyen comme un autre d’occuper ses membres sans amorcer de mouvement risqué envers Marius. Elle plissa les yeux. « Ils sont si horribles que ça ? Je veux dire, si tu me souhaites de ne jamais les croiser, j’imagine qu’il y a une raison… ».  
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyLun 18 Mai 2020 - 4:09

Cette soirée, tu voulais la saisir comme une opportunité d’en apprendre plus sur Colleen. Tu avais noté quelques détails de sa vie, un peu donnés au hasard au fil de vos conversations et tu avais envie d’en savoir plus. Il fut un temps où ne pas trop en savoir t’aurait suffit et où tout aurait pu rester plus superficiel mais tu n’arrivais pas à créer de réels attachements avec les gens si tu n’apprenais pas à les connaître. Tu ne te faisais cependant aucune illusion, tu savais que si Colleen te parlait d’elle, il faudra que tu lui parles de toi. Il est facile de laisser filer quelques petits éléments de ta vie par-ci, par-là car la plupart du temps, personne ne relève vraiment et tu t’en sors sans jamais avoir à donner trop de détails. C’était une toute autre histoire quand tu devais parler de toi, vraiment parler de toi. Tu avais l’impression de replonger la tête la première dans un passé que tu essayais d’oublier et avec lequel tu essayais en même temps de faire la paix. C’était toujours aussi compliqué de penser à Alice, de penser à Alice avec Tommy et de repenser à celui que tu avais été à cette époque. Beaucoup de gens ne comprenaient pas que tu sois encore impacté par cette histoire ou du moins, ils ne comprenaient pas que près de quinze ans plus tard, tu en sois toujours aussi marqué. Tu les as entendus les conseils pour laisser ton passé derrière toi, continuer à avancer. Et égoïstement, il t’arrivait de penser que cela aurait été plus simple si Tommy n’était jamais revenu à Brisbane, s’il n’était jamais venu déposer Moïra sur le pas de ta porte. Parce que chacun ne montre à l’autre que ce qu’il veut bien montré, tu savais que Colleen devait avoir une assez bonne opinion de toi pour t’avoir invitée chez elle ainsi. Mais cette opinion pourra être amenée à changer si elle apprenait les actions peu recommandables que tu avais eues à l’égard de ton frère. Tu ne savais pas où t’amènerait cette soirée avec Colleen, tu ne savais pas s’il y avait une chance qu’il se passe un jour quelque chose mais tu savais par contre que tu devais lui avouer certaines choses avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Elle devait savoir que tu étais bien loin d’être parfait, tu n’avais jamais essayé de l’être de toute façon.

« Tu plaisantes, j’ai eu ma dose de rhum et de lait de coco pour au moins un mois complet, après la dernière fois ! » Un sourire amusé était présent sur ton visage. Avec une fille à l’université, Colleen avait raison de profiter de ce renouveau, de cette nouvelle vie qu’elle s’offrait à Brisbane. Et si cela passait par quelques cocktails de temps en temps, tu étais la dernière personne qui allait lui jeter le pierre. Ces cocktails avaient même joués en ta faveur car même si tu n’avais aucun mal à imaginer Colleen comme une femme qui n’avait pas froid aux yeux et qui ne s’en laissait pas compter, elle n’aurait peut-être pas atterrie sur tes genoux de cette manière et la soirée n’aurait jamais pris la tournure qu’elle avait pris. Là, tout de suite, tu avais du mal à te dire que quelques jours plus tôt, les doigts délicats de la jeune femme qui tenaient désormais la bouteille dessinaient les traits de ton visage et glissaient entre tes doigts. Un léger frisson te parcourut et tu la laissais mettre le vin au frais pendant que tu secouais la tête. Tu commençais sérieusement à te demander si tu n’étais pas en manque de contact humain pour être déstabilisé par si peu et pour ressentir cette terrible envie de recommencer. Mais tu n’en feras certainement rien car tu ne veux pas faire croire à Colleen que tu attends autre chose de cette soirée que de l’aider à faire quelques cartons.

D’ailleurs, tu redirigeais la conversation sur ce sujet et tu te montrais curieux de la maison qu’elle avait achetée. L’achat d’un bien immobilier n’était jamais une décision prise à la légère et parler de cette maison illuminait le visage de ton hôte. A son invitation pour la visiter, tu ne pus t’empêcher de la taquiner : « Eh bien… Pourquoi pas ? C’est une option que l’on peut envisager... Si tu es aussi habile pour défaire les cartons que tu l’es pour les porter, on devrait pouvoir s’arranger facilement » Tu répondis à son sourire amusé par un même sourire sur tes lèvres. Elle aura un premier aperçu de ton talent avec les cartons quand vous alliez vous mettre au travail. Mais les déballer était toujours plus compliqué car tu ne savais pas où Colleen voudrait chaque objet. Alors que mettre dans des cartons sur lesquels les objets étaient inscrits, c’était plus simple. Toutefois, tu avais toujours été quelqu’un de méticuleux et d’organisé, tu devrais pouvoir t’en sortir. « En effet. Cela ne me gêne pas qu’elle ne soit pas très moderne, dans la mesure où ça me laisse pas mal de possibilités pour l’arranger à mon goût. Ce ne sont pas les travaux qui me font peur, au contraire, je trouve que c’est un challenge plutôt excitant » Les travaux ce n’était pas ton truc. Tu n’avais jamais été bricoleur et cela n’allait pas commencer aujourd’hui. Tes parents appelaient Tommy quand ils avaient un problème et s’ils t’appelaient, tu te faisais un plaisir de leur faire venir un ouvrier. Pas vraiment doué de tes mains pour ces tâches de bricolage, tu l’étais pour la peinture mais tu n’avais jamais essayé de peindre un mur non plus. Et surtout, tu n’avais pas de grande vision sur la décoration d’un endroit, ce n’était clairement pas le plus important pour toi. « C’est un beau challenge en effet, surtout si tu aimes ça. Tu te lances dans une belle aventure … » Tu admirais beaucoup Colleen d’avoir eu le courage de se lancer dans ce projet parce que ce n’était pas rien, surtout quand elle était à Brisbane depuis si peu de temps. Beth te l’avait bien assez fait remarquer ces derniers temps, tu n’étais pas un homme très courageux.

Dans un moment de bravoure inattendue, tu posais ta main sur le genou de Colleen pour appuyer tes paroles et sa réaction fut immédiate. Tu la laissais s’éloigner légèrement et attraper le coussin qui se trouvait derrière elle pour le mettre entre vous. Même si son visage restait on ne peut plus souriant, tu reposais ta main sur ton genou à toi sans un mot. Le message était passé, tu n’avais nullement envie de mettre Colleen mal à l’aise et tu n’avais pas envie de lui faire croire que tu attendais quelque chose de plus de cette invitation. Tu t’éclaircis légèrement la gorge également, fuyant son regard quelques secondes avant qu’elle ne te réponde : « Oui, j’ai fait appel à l’agence de Jacob Copeland, tu connais ? Je ne me sentais pas suffisamment à l’aise pour me lancer seule. Je ne regrette pas, il s’est personnellement occupé de ma recherche et a été très professionnel » C’est le nom de ton ami qui te fit ramener ton regard sur la jeune femme. Tu n’avais même pas pensé que Colleen ait pu se rendre dans l’agence de Jacob pourtant, c’est celle que tu lui aurais conseillée si elle t’avait demandé des conseils. Et s’il s’était personnellement occupé de la chose, tu étais sûr et certain que la maison qu’il avait trouvée pour Colleen était exactement ce dont elle avait besoin. C’était ce qu’il avait fait pour toi à ton retour de Paris et toutes les fois avant quand tu avais déménagé. « L’inverse m’aurait étonné, Jacob est un grand professionnel et a un vrai don pour trouver te trouver le bien que tu cherches même quand tu ne sais pas exactement ce que tu cherches. » Tu le connaissais depuis assez longtemps pour l’avoir vu grandir et devenir le professionnel qu’il était aujourd’hui. Tu vis les yeux de Colleen se froncer à tes paroles et tu laissais échapper un petit rire avant de lui dire : « Jacob est un très bon ami à moi. On a grandi ensemble et on ne s’est jamais perdu de vue. » Colleen n’avait aucun moyen de savoir que l’agent immobilier qui lui avait trouvé son bien était un de tes plus proches amis si ce n’est le plus proche. C’est amusant toutefois de remarquer comme le monde est petit … Tu lui avais ensuite fait remarquer qu’elle aménageait dans le quartier de tes parents et pour son bien à elle, tu espérais qu’elle ne les croise pas. « Ah, tu risques de tomber sur eux si tu viens me rendre visite, j’espère que c’est un risque que tu es prêt à prendre. » Oh ce n’était pas le problème. Tu voyais tes parents toutes les semaines ou toutes les deux semaines quand tu étais vraiment occupé le week-end. Aller leur rendre visite n’était pas le moment le plus agréable de ta journée mais ils n’étaient pas des monstres non plus. Par contre, Colleen risquait d’être surprise … « Ils sont si horribles que ça ? Je veux dire, si tu me souhaites de ne jamais les croiser, j’imagine qu’il y a une raison… » Il y en avait une mais pas celle qu’elle semblait croire. La relation que tu entretenais avec tes parents avait toujours été compliquée. Elle était bonne, très bonne même mais en vieillissant, tu avais appris à voir les choses autrement. Et plus les années passaient, plus la question de ton célibat et de ton absence d’enfants était abordé, cela devenait lourd à porter. « Tu peux faire confiance à ma mère pour venir sonner chez toi avec des pâtisseries dès que tu aménageras. Mais derrière son sourire se cache la plus grosse langue de vipère que je connaisse. Ma mère pense qu’elle a le droit de juger la terre entière et elle ne se cache pas pour le faire. Le fait que tu sois divorcée et que tu vives seule avec ta fille l’offusquera au plus haut point, il faut que tu sois prête à te prendre des remarques moralisatrices en tout genre. » Le pire c’était que ta mère ne le faisait pas pour être méchante. Elle pensait aider les gens, elle pensait qu’elle faisait une bonne action. « Et ne t’en fait pas pour moi, je les vois très régulièrement. Trop régulièrement si tu veux mon avis car déjouer les manipulations de ma mère pour me faire rencontrer Béatrice la fille de sa copine de l’église ne m’amuse plus depuis longtemps. » C’était épuisant que d’avoir à constamment se justifier, avoir à expliquer encore et encore que ce n’était pas ce que tu voulais et le tout en ne blessant pas tes parents parce que ce n’était pas ce que tu voulais. Devant le regard de Colleen, tu ne pus t’empêcher d’ajouter : « Mes parents ont su construire la famille la plus dysfonctionnelle que je connaisse et c’est ma soeur Beth qui essaie de recoller les morceaux depuis des années. J’espère sincèrement que de ton côté tes rapports familiaux sont plus sains. » Dis-tu avec un léger sourire. Ta famille était un sujet très compliqué, trop compliqué, même pour toi. « Tu veux que je commence avec quel carton ? » Finis-tu par lui demander pour changer légèrement de sujet.


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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyMar 19 Mai 2020 - 17:38

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Marius avait raison, Colleen se lançait dans une belle aventure en faisant l’acquisition de sa propre maison. Une aventure un peu effrayante, mais qu’elle avait mûrement réfléchie. Elle se sentait si bien depuis son arrivée à Brisbane qu’elle n’envisageait pas une seule seconde revenir sur sa décision. L’Angleterre faisait définitivement partie de son passé, plus rien ne la retenait là-bas. Elle n’y avait pas de travail, pas de cercle d’amis, et à défaut d’être en conflit avec ses parents, elle s’en était tellement éloignée au fil des années qu’elle avait appris à vivre sans. C’était peut-être triste, mais elle n’avait plus vraiment d’attaches là-bas et rien ne lui manquait au point de justifier un retour en Grande-Bretagne. La seule personne qui revêtait une réelle importante à ses yeux était Lou, ce qui expliquait pourquoi elle l’avait suivie dans ce pays en particulier, la raison pour laquelle l’Australie s’était imposée à elle comme une évidence. Alors bien sûr, il lui faudrait couper le cordon un jour et laisser sa fille prend son envol car Colleen n’était pas naïve au point de penser que Lou resterait éternellement dans ses jupons. Même si elle craignait voir arriver ce jour, elle ne la retiendrait pas ; elle éprouvait suffisamment de regrets à l’idée d’être passée à côté de sa propre jeunesse qu’elle n’empêcherait jamais délibérément Lou de profiter de la sienne. Et puis, malgré son jeune âge, sa fille était si mâture et indépendante qu’elle ne serait pas étonnée si elle lui annonçait un jour vouloir découvrir le monde. Alors que Lynn soit en Angleterre ou en Australie, finalement, cela ne changeait pas grand-chose. Voilà pourquoi elle en était venue à la conclusion qu’acheter sa propre maison à Brisbane ne pouvait pas être une mauvaise idée. Au-delà de l’aspect financier et du bon investissement qui en découlait – puisqu’elle plaçait dans la pierre une partie de l’argent qu’elle avait touché après son divorce – cet achat était surtout le moyen pour elle de pouvoir vraiment repartir de zéro tout en réaffirmant son coup de cœur pour Brisbane. En l’espace de huit mois seulement, cette ville lui avait permis de s’ouvrir, de s’épanouir dans le milieu professionnel et de faire des rencontres. Colleen était tombée sous le charme des Australiens et de leur bienveillance. Il ne s’agissait pas seulement de leur accent à couper au couteau qu’elle affectionnait tant, ce qu’elle appréciait par-dessus tout, c’était la facilité avec laquelle elle pouvait les aborder et le fait qu’elle n’ait jamais eu le sentiment d’être une étrangère à leurs yeux. Bien loin d’être un mythe, la chaleur qui émanait à la fois de cette ville et de ses habitants était indéniable. Marius en était d’ailleurs l’exemple parfait, lui qui n’avait pas hésité une seconde avant de s’élancer à son secours alors qu’elle se débattait avec de lourds cartons. La familiarité avec laquelle il s’était adressé à elle ne lui avait pas échappait, et plusieurs mois plus tard elle lui en était toujours aussi reconnaissante – si ce n’était encore plus qu’avant, à la lumière des récents événements.

Désireuse de ne pas laisser l’ambiguïté s’infiltrer entre eux, Lynn avait saisi le coussin avec détermination. A défaut de pouvoir enrouler ses bras autour de la nuque de Marius comme elle l’avait fait au Canvas, elle serrait l’objet avec une certaine tendresse. Elle avait bien remarqué l’expression peinée de Marius quand elle s’était éloignée de lui, et la façon qu’il avait eu de détourner le regard. A cet instant, si elle n’avait écouté que son cœur et oublié la force de sa résolution, elle aurait volontiers lancé le coussin à travers la pièce pour pouvoir se jeter dans ses bras et tenter de faire disparaître le regret que le bleu de ses yeux avait exprimé. Si elle s’était laissée guider par son instinct, il ne faisait l’ombre d’un doute qu’elle aurait elle-même amorcé une tentative d’approche. N’était-ce pas ce qu’elle avait d’ailleurs imaginé, si elle était tout à fait honnête avec elle-même ? Le visage de Marius l’avait obsédée ces derniers jours, et ce serait mentir que d’affirmer qu’elle n’avait pas espéré avoir la possibilité de se retrouver aussi proche de lui qu’elle l’avait été au Canvas. Pouvoir sonder son regard, sentir son souffle chaud lui chatouiller le visage et ses doigts glisser délicatement sur la paume de sa main. Faire courir ses propres doigts sur son visage, suivre les contours de sa mâchoire et redessiner la courbe de sa bouche. Ces souvenirs lui arrachaient encore des frissons et d’ailleurs, Colleen serra un peu plus fort le coussin contre elle alors qu’elle tentait de les balayer de son esprit pour mieux se reconnecter à la réalité. Ce n’était pas l’envie qui manquait, mais elle ne voulait pas donner de faux espoirs à Marius quant à l’issue de la soirée.

Alors qu’elle lui expliquait avoir fait appel à Jacob Copeland pour trouver la maison de ses rêves, Marius se redressa et planta de nouveau son regard dans le sien. A la façon dont il lui parla de l’agent immobilier Colleen en conclut qu’il devait très bien le connaître, ce qu’il confirma par la suite. Le hasard faisait décidément bien les choses si l’on considérait que Brisbane comptait plus de deux millions d’habitants, et qu’il se trouvait justement que ces deux-là se connaissaient bien. Elle arqua un sourcil, stupéfaite. « C’est exactement ça, un don… » Commença-t-elle, songeuse. « Ça alors, je n’arrive pas à croire que tu le connais si bien, c’est dingue ! Le monde est définitivement tout petit ». Colleen ne croyait pas vraiment à la fatalité, mais force était de constater que les étoiles étaient alignées en leur faveur. Non seulement leurs chemins ne cessaient de se croiser, mais il était d’autant plus déroutant de constater qu’ils côtoyaient les mêmes personnes. A cela s’ajoutait le fait que Marius enseignait l’histoire des arts à Lou… Il ne manquait plus que les parents de Marius deviennent ses voisins directs dans le quartier de Logan City, et le doute ne serait alors plus permis ; ils étaient faits pour se connaître. En parlant des parents de Marius, Colleen apprit de la bouche de ce dernier que contrairement à ce qu’elle avait imaginé lorsqu’il en avait mentionné l’existence, leurs relations n’étaient pas particulièrement tendues. Certes, le portrait qu’il peignait de sa mère en particulier n’était pas des plus séduisants. Lynn frémit légèrement quand il la qualifia de langue de vipère et détailla ce qu’elle penserait probablement d’elle si elles venaient à se rencontrer. « Mince, je ne suis pas sûre de faire l’unanimité auprès de ta mère alors » S’amusa-t-elle. « Et si elle apprend qu’en plus ma fille a été conçue hors mariage alors que je n’avais que dix-neuf ans, je n’ose même pas imaginer ce qu’elle dirait de moi ! Je risquerais de devenir persona non grata à la fête des voisins… » Dit-elle en feignant la déception. « Je compte sur toi pour ne jamais mentionner ce détail, hein ». Elle lui adressa un clin d’œil complice. En réalité, peu lui importait vraiment ce que pourraient penser ses futurs voisins tant qu’ils restaient courtois à son égard – ce qui semblait fortement compromis avec la mère de Marius. Colleen ne pouvait pas modifier le cours de son histoire, et même si sa réputation en prenait un coup, elle était fière d’avoir divorcé. Juste après la naissance de sa fille, c’était sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivée.

La mention de Béatrice fit naître un sourire sur ses lèvres et une lueur malicieuse dans son regard. Elle comprenait que Marius soit las des tentatives désespérées de sa mère pour le caser, mais pour sa part elle devait admettre que cela l’amusait beaucoup. « Ah, tu ne peux pas lui en vouloir… Tu es un très bon parti si tu veux mon avis. Intelligent, cultivé, séduisant, doté des meilleures manières qui soient… et si l’on considère que les mères sont incapables de faire preuve d’objectivité quand il s’agit de leur fils chéri, je ne suis pas étonnée qu’elle veuille à tout prix te faire rencontrer des femmes respectables – je veux dire par là des femmes qui n’ont pas divorcé, et peut-être même qui n’ont jamais couché ». Elle examina la réaction de Marius avec attention et éclata de rire. « Quoi ? Ne me regarde pas comme ça, c’est la stricte vérité ! » Se défendit-elle en lâchant le coussin et en levant ses deux mains à plat devant elle en signe de capitulation. Elle secoua légèrement la tête, un sourire taquin toujours solidement accroché aux lèvres. Elle déplia sa jambe et se repositionna correctement sur le canapé pour écouter Marius qui lui parla de sa sœur Beth. Lynn ne connaissait pas beaucoup cette dernière, car lors de leur dernière entrevue c’était surtout de Scarlett dont il avait été question. Elle ne put s’empêcher de se demander à quoi ressemblaient ses sœurs et si elle s’entendrait bien avec elle. C’était idiot de sa part de se poser de telles questions puisqu’il était peu probable qu’il la présente un jour à ses proches, mais sa curiosité était néanmoins éveillée. Quand il mentionna sa propre famille, elle se contenta de hausser les épaules. « Je ne peux pas vraiment dire que nos rapports sont plus sains, dans la mesure où ils sont presque inexistants. Ça fait des années que je n’ai pas vu mes parents » Ajouta-t-elle avec un sourire triste. Autre conséquence de son mariage : elle s’était inéluctablement éloignée des siens au fil des années. Elle hésita un instant, ne souhaitant pas vraiment s’épancher sur le sujet, mais parce que Marius s’était lui-même confié il lui semblait plus juste de se livrer à son tour. « Disons que mon mariage était – comment puis-je formuler ça ? » Elle réfléchit un instant afin de trouver les mots justes, mais ces derniers lui échappaient. « Compliqué ? Résultat je me suis éloignée des personnes qui comptaient. Enfin bref, peu importe, c’est du passé » Conclut-elle.

C’était un sacré raccourci que d’énoncer la chose ainsi, mais si elle détaillait davantage sa relation avec August elle en avait pour la soirée et elle n’avait pas envie de plomber l’ambiance avec le souvenir de son mariage raté. Elle soupira, mais retrouva rapidement son sourire. Le changement de sujet offert par Marius fut le bienvenu et elle le dévisagea avec gratitude. « Tu es prêt à passer aux choses sérieuses ? ». Et par choses sérieuses, elle voulait dire les cartons, bien entendu. Lynn retira le coussin de ses genoux et se leva du canapé. « Eh bien, on peut commencer par ces dossiers si ça te va » Proposa-t-elle en désignant d’un signe de la tête les lourds classeurs empilés à côté de la table basse. Elle récupéra le rouleau de gros scotch et la paire de ciseaux qu’elle avait laissés sur le meuble télé et les déposa à côté des deux cartons qu’elle avait à moitié remplis avant l’arrivée de son invité. Elle y avait déjà placé quelques dossiers administratifs importants ainsi que des albums photos. S’installant en tailleur à même le sol, elle invita Marius à la rejoindre et tint à le rassurer. « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de t’exploiter toute la soirée » Fit-elle avec un clin d’œil. Elle détacha son regard du sien et s’affaira près des cartons. « On n’est pas obligés de faire ça très longtemps. Ou même pas du tout si tu n’en as pas envie. Les cartons, c’était juste un prétexte pour te voir » Confia-t-elle avec sincérité, le dos tourné à lui, alors qu’elle saisissait un dossier afin de le ranger précautionneusement dans l’un des cartons.
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyJeu 21 Mai 2020 - 5:14

Pour en avoir plusieurs fois parlé avec Jacob, tu savais qu’il te trouverait exactement le bien que tu cherchais si tu décidais d’investir dans l’immobilier. Même si tu étais de retour à Brisbane depuis un peu plus de deux ans désormais, cela te semblait bien trop tôt pour te lancer dans ce genre de projets. En plus, l’idée d’être propriétaire ne te faisait pas du tout vibrer et tu n’en ressentais pas une envie folle. Ce serait un bon investissement mais tu ne te sentais pas de te lancer dans cette aventure. Malgré le fait que tu n’aimais pas te plonger dans les raisons du pourquoi, tu étais assez honnête avec toi-même pour reconnaître que tu avais toujours associé un projet immobilier de ce type au commencement d’une vie à deux. D’une première étape dans un parcours de vie pour acquérir une maison qui accueillerait les rires, les disputes, les cris d’enfants et tant d’autres choses. C’était peut-être vieux jeu pour certains et tu en avais conscience mais tu ne pouvais pas totalement échapper aux valeurs et aux idées dans lesquelles tu avais grandi. Cela ne t’empêchait pas cependant d’encourager les gens de ton entourage qui se lançaient dans l’achat d’une maison ou d’un appartement, il fallait que chacun fasse les choix qui leur correspondait. Assis sur le canapé aux côtés de Colleen, tu avais posé délicatement ta main sur son genou avant qu’elle ne s’éloigne et ne mette entre vous une barrière invisible symbolisée par le coussin qu’elle tenait contre elle. Tu n’étais pas toujours le meilleur pour lire les réactions des autres mais tu compris le message, du moins, tu pensais l’avoir compris. La mention de Jacob te permit de ne pas te laisser le temps de te faire trop d’idées, de penser trop longtemps à ce que ce geste de recul pouvait signifier. C’était idiot de jouer à ce jeu, tu ne savais pas exactement ce que Colleen pensait mais il était peut-être plus sage de ne pas recommencer car tu ne voulais pas faire croire à Colleen que tu attendais plus que de faire des cartons ce soir. « C’est exactement ça, un don… Ça alors, je n’arrive pas à croire que tu le connais si bien, c’est dingue ! Le monde est définitivement tout petit » Le monde était en effet petit. Et Brisbane encore plus. C’était quelque chose que tu avais appris au fil des années. Tu réussissais à ne pas croiser ton frère et cela ne t’étonnait pas parce que tu doutais que vous fréquentiez les mêmes endroits et les mêmes personnes mais il y avait des gens que tu avais revus grâce à des connaissances communes alors que tu n’aurais jamais pensé les recroiser. Colleen avait fait le meilleur choix qu’elle pouvait faire en termes d’agence immobilière et tu savais déjà que Jacob avait dû lui trouver exactement ce qu’elle cherchait. « Il l’est mais dans ce cas là c’est une bonne chose. C’est Jacob qui m’a trouvé tous mes logements, c’est toujours un bonheur d’y emménager. » En plus d’être un vieil ami, Jacob avait été ton agent immobilier à de nombreuses reprises. Tu étais plutôt du genre sédentaire, à aimer t’installer à un endroit et ne plus en bouger mais ta vie avait été trop chamboulée ces dernières années pour que tu puisses t’installer de manière pérenne dans un logement.

Avec cette nouvelle maison venait un nouveau quartier. Logan City, le quartier de tes parents et de ton enfance. Tu en gardes de merveilleux souvenirs mais tu en gardes aussi de bien moins bon. Tu sais la réputation qu’ont tes parents dans le quartier. Ils sont très impliqués et seront toujours prêts à aider les associations locales autant financièrement qu’avec leur temps en particulier si ces dernières ont un lien avec l’église. Mais avec cette générosité naturelle viennent d’autres mauvais côtés qui ne rendent pas les choses faciles à vivre pour ta fratrie et pour toi aussi. Tu ne manques pas la réaction de Colleen quand tu parles de tes parents. Si elle a de la chance, elle ne les aura pas dans ses proches voisins et c’est ce que tu lui souhaites. « Mince, je ne suis pas sûre de faire l’unanimité auprès de ta mère alors. Et si elle apprend qu’en plus ma fille a été conçue hors mariage alors que je n’avais que dix-neuf ans, je n’ose même pas imaginer ce qu’elle dirait de moi ! Je risquerais de devenir persona non grata à la fête des voisins… Je compte sur toi pour ne jamais mentionner ce détail, hein » Un sourire amusé se dessina sur tes lèvres. Tu ne comptais pas vraiment parler de Colleen à ta mère à vraie dire et même si c’était le cas, la vie de Colleen ne regardait qu’elle. Ta mère faisait partie de ces femmes mariées assez jeunes qui se réservaient pour leur mari. Tes parents ne s’étaient pas mariés par amour. Tu ne savais pas ce que signifiait l’amour pour eux. Ils s’appréciaient et s’estimaient, ça tu en étais à peu près sûr mais tu n’avais jamais voulu reproduire ce schéma. « Je tiendrai ma langue ne t’en fait pas. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil à ton tour. Voir ta mère s’offusquer si un jour elle apprenait le passé de Colleen pourrait être amusant pour toi mais tu espérais pour ton interlocutrice qu’elle n’aurait pas à faire face à cela. « Tu as eu Lou à dix-neuf ans ? » Finis-tu par lui demandé. Tu te surpris toi-même à poser la question. Tu t’étais douté que Colleen avait dû avoir sa fille jeune mais tu ne pensais pas qu’elle l’avait eue aussi jeune. « Ce n’était pas trop dur ? » A tes yeux, cela signifiait beaucoup de sacrifices. On ne peut pas vivre sa vie étudiante normalement en étant enceinte et en ayant un bébé. Tu avais eu quelques étudiantes dans cette situation et la plupart finissaient par prendre quelques années de break avant de revenir ou de ne jamais revenir d’ailleurs. Mais certains s’accrochaient et tu les admirais beaucoup. Tu étais curieux de savoir comment l’avait vécu Colleen à un âge où tout ce qui t’importait était d’être le majeur de ta promotion et de trouver un sujet de thèse digne de ce nom tout en passant ton temps dans les musées et les galeries d’art. Tu n’aurais peut-être pas dû mentionner à Colleen le fait que ta mère essayait de te caser avec les filles de ses amies car son regard malicieux ne te disait rien qui vaille. « Ah, tu ne peux pas lui en vouloir… Tu es un très bon parti si tu veux mon avis. Intelligent, cultivé, séduisant, doté des meilleures manières qui soient… et si l’on considère que les mères sont incapables de faire preuve d’objectivité quand il s’agit de leur fils chéri, je ne suis pas étonnée qu’elle veuille à tout prix te faire rencontrer des femmes respectables – je veux dire par là des femmes qui n’ont pas divorcé, et peut-être même qui n’ont jamais couché » Tu manquais de t’étouffer avec ta propre salive à ces paroles et tu jetais un regard incrédule à ton interlocutrice : « Quoi ? Ne me regarde pas comme ça, c’est la stricte vérité ! » Elle avait peut-être raison, tu ne t’étais jamais posé la question. Tu espérais pour Béatrice qu’elle n’attendait pas de se marier pour coucher avec un homme car de ce que tu avais compris elle avait à peu près ton âge mais avec tes parents et leurs amis conservateurs, tout était possible. « Ma mère n’a jamais voulu le comprendre mais je n’ai jamais été attiré par les femmes respectables. » Dis-tu à Colleen un petit sourire sur les lèvres. Ce n’était pas tant le fait qu’elles soient respectables, c’était plus le fait qu’elles n’avaient aucune personnalité la plupart du temps. Parce que oui, tu avais grandi avec ces jeunes femmes, tu en avais rencontré pour apaiser ta mère, tu savais exactement à quoi t’attendre en rencontrant Béatrice. « Intelligent, cultivé, séduisant …, attention mademoiselle Sainsbury, je vais finir par me faire des idées. » Lui dis-tu avec un air taquin, un sourire en coin sur le visage. Ce n’était pas parce que tu avais pris la décision de ne plus la toucher que tu n’allais pas flirter un petit peu si l’occasion se présentait. Tu verras bien comment Colleen réagira, dans tous les cas, tu auras essayé. Tu dis ensuite à la jolie brune que tu espères que ses relations familiales sont plus saines que les tiennes mais cela ne semble pas être vraiment le cas : « Je ne peux pas vraiment dire que nos rapports sont plus sains, dans la mesure où ils sont presque inexistants. Ça fait des années que je n’ai pas vu mes parents » Tu pouvais lire la tristesse sur ses traits et peut-être des regrets. Assez étrangement, l’idée de ne plus voir du tout tes parents et de couper tout contact ne t’était jamais passé par la tête malgré leurs nombreux tords. Tu allais lui répondre mais tu vis qu’elle hésitait à rajouter quelque chose alors tu restais silencieux, lui laissant le temps de décider. Elle finit par ajouter : « Disons que mon mariage était – comment puis-je formuler ça ? Compliqué ? Résultat je me suis éloignée des personnes qui comptaient. Enfin bref, peu importe, c’est du passé » Le mariage était une institution que tu avais idolâtrée quand tu étais jeune avant de te rendre compte que cela pouvait être une prison dorée. Nombre de tes amis s’étaient mariés au fil des années, certains avaient divorcés, d’autres non et tu savais que le mariage n’était pas toujours l’idylle dont tu rêvais à l’époque. Le mariage de Colleen avait l’air de l’avoir marquée et peut-être que son divorce n’était pas simplement dû à une disparition de l’amour qu’elle portait à son mari. « Je suis désolé de l’apprendre. » Dis-tu simplement avant d’ajouter : « Ton mariage t’a privé de ta première famille mais il t’en a offert une autre, tu as une fille bien trop intelligente et mature pour son âge. » Un petit sourire amusé se dessina sur tes traits. Tu savais que l’ex-mari de Colleen n’était pas en Australie, elle l’avait mentionné lors de l’une de vos rencontres hasardeuses. C’était sans doute mieux, s’il exerçait une emprise sur elle, désormais, elle pouvait être libre.

Etant venu chez Colleen pour l’aider à faire ses cartons, il était peut-être temps de s’y mettre. Tu lui proposais donc de commencer et vous vous leviez bientôt du canapé. « Tu es prêt à passer aux choses sérieuses ? Eh bien, on peut commencer par ces dossiers si ça te va » Tu te contentes d’hocher la tête et de la suivre alors qu’elle récupère le matériel dont vous alliez avoir besoin. Cela fait bien longtemps que tu n’as pas participé à ce genre de préparatifs … Colleen prend place par terre au milieu des cartons et des dossiers et tu l’imites. « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de t’exploiter toute la soirée. On n’est pas obligés de faire ça très longtemps. Ou même pas du tout si tu n’en as pas envie. Les cartons, c’était juste un prétexte pour te voir » Tu laissais tomber un dossier dans un carton à côté de toi quand Colleen prononça ses mots. Tu posais ton regard sur elle mais elle avait le dos tourné. L’entendre dire que les cartons n’étaient qu’un prétexte faisait battre ton coeur plus vite parce que cela pouvait avoir toutes sortes de signification mais celle qui t’importait le plus était que la jolie brune avait envie de passer du temps avec toi, un sentiment partagé de ton côté évidemment. Un sourire idiot devait se lire sur ton visage et quand elle se retourna tu lui dis : « Tu n’as pas besoin de prétexte tu sais ? Passer du temps avec toi est très agréable. Trop peut-être donc fait attention, je risque d’y prendre goût. » Tu étais sincère car tu n’avais pas envie de partir ce soir de chez Colleen sans la promesse d’une prochaine rencontre. Peut-être pas marquée dans le marbre mais la promesse d’une prochaine fois. « Vu que je suis là, profite-en pour m’exploiter un peu, ça ne me dérange pas. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil avant d’attraper un nouveau dossier. Sauf que ce que tu avais dans les mains n’était pas un dossier mais un album photo. Relevant la tête vers Colleen, tu lui demandais : « Je peux ? » Les albums photo, c’était toujours très personnel et même si tu étais curieux, tu n’avais pas envie de l’ouvrir si Colleen ne souhaitait pas que tu l’ouvres.


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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyVen 22 Mai 2020 - 12:24

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Colleen ne pouvait nier l’évidence : devenir maman à l’âge de vingt ans avait été l’épreuve la plus difficile qui lui ait été donnée de traverser. A un âge où son attention avait été entièrement focalisée sur sa réussite universitaire et la perspective de décrocher son diplôme afin de pouvoir à terme exercer le métier de pédiatre, la découverte de sa grossesse avait été un choc. Ses certitudes avaient volé en éclats et le doute s’était immiscé dans son esprit à la manière d’un nuage menaçant venu assombrir un ciel qui jusqu’à présent, avait été d’un bleu limpide. Avant même d’annoncer la nouvelle à August, son imagination débordante avait déjà conçu tous les scénarios possibles et imaginables. Que deviendrait-elle s’il décidait de la quitter ? Que ferait-elle de l’enfant ? La perspective d’avorter ne lui avait effleuré l’esprit qu’un dixième de seconde environ, car elle en était tout bonnement incapable. Celle de permettre à un autre couple d’adopter son bébé avait davantage occupé son esprit, avant qu’elle ne finisse par balayer cette autre possibilité, convaincue qu’elle ne pourrait vivre après avoir abandonné son enfant. Pouvait-elle envisager de poursuivre ses études tout en l’élevant ? Les études de médecine lui demandaient un tel investissement qu’elle en doutait sérieusement. Alors elle avait songé à remettre l’éducation de son enfant entre les mains de ses parents, le temps d’obtenir son diplôme. Ces derniers étaient encore assez jeunes pour s’en occuper, et elle ne doutait pas qu’ils pourraient se débrouiller tous ensemble pour que cela fonctionne. Bien sûr, la nouvelle les affecterait tout autant qu’elle et le regard qu’ils avaient toujours posé sur elle viendrait à évoluer. Elle qui avait toujours été leur plus grande fierté, une enfant facile à élever, naturellement bienveillante à l’égard des autres et si brillante à l’école. Si prudente dans la vie. Si sage avec les garçons... Comme beaucoup de parents, les siens avaient idéalisé leur progéniture, et il ne faisait l’ombre d’un doute que l’annonce de sa grossesse viendrait fracturer leurs illusions.
Après avoir évalué toutes les hypothèses, elle avait donc pris sa décision : qu’importait la réaction d’August, elle se débrouillerait, quitte à faire une croix sur ses études si cela était nécessaire et à enchaîner trois boulots par jour pour subvenir aux besoins de son enfant si ses parents refusaient de l’aider. Jamais elle n’aurait pu imaginer que son petit-ami de l’époque lui serait d’un soutien indéfectible et que bien loin de vouloir la quitter, il mettrait tout en œuvre pour que cela fonctionne pour eux. Deux conditions lui avaient été imposées, conditions que Colleen avait acceptées sans se douter une seconde qu’elles seraient les fondations de son existence pour les dix-sept années à venir : un mariage, pour sceller leur union dans les règles de l’art et permettre à leur enfant de porter en toute légitimité le nom Wells, et l’arrêt des études de Colleen pour son éducation. August avait rejeté la proposition qu’elle lui avait soumise, qui consistait à demander de l’aide à ses parents ; puisque la vie avait décidé de leur offrir un enfant, ils devaient se montrer à la hauteur et former une vraie famille.
Avec du recul, la naissance de Lou était indubitablement la meilleure chose qui lui soit arrivée, mais la jeune femme ne pouvait se résoudre à mentir à Marius en prétextant que cela n’avait pas été difficile. Mettre un terme à ses études lui avait coûté. Devenir maman s’était avéré bien plus difficile que prévu. Et la solitude qui en avait découlé quand elle s’était progressivement éloignée de ses amis, une souffrance qu’elle ne pouvait minimiser.

Elle s’éclaircit la voix alors que les souvenirs remontaient à la surface, et plissa les yeux pour recentrer son attention sur Marius. « Vingt ans » Corrigea-t-elle. Elle dégagea une mèche de cheveux derrière son oreille et remua sur le canapé pour se repositionner. « Lou est née le lendemain de mon vingtième anniversaire. Je suis sûre que tes bonnes manières t’empêchent de me demander mon âge, donc je te laisse faire les calculs » Lui proposa-t-elle avec un sourire. « Et je te confirme que cela n’a pas été évident à gérer ». Elle ne s’épancha pas davantage sur le sujet, préférant détendre l’atmosphère à la mention de Béatrice. Les compliments qu’elle adressa à son invité étaient sincères, elle pensait réellement qu’il était un bon parti pour toutes les raisons qu’elle avait citées. Un constat qui ne manquait pas d’éveiller sa curiosité par ailleurs – comment pouvait-il encore être sur le marché des célibataires à son âge, au point que sa propre sœur cherchait désespérément à le caser avec ses copines, alors que de toute évidence il ne manquait pas de charisme ? La théorie la plus vraisemblable à ses yeux était qu’il était soit veuf, soit divorcé. Pourtant, rien dans ce que lui avait confié Marius ne lui permettait de venir à de telles conclusions, et force était de constater qu’elle avait encore beaucoup de choses à apprendre à son sujet.
Pour le tester, elle choisit ses mots avec précaution, peignant un portrait bien précis des « femmes respectables » qui feraient le bonheur de belle-maman Warren si toutefois son fils cédait enfin à la pression qu’elle exerçait sur lui. La réaction de Marius ne se fit pas attendre et amusa beaucoup Colleen, qui n’était pas peu fière d’elle de l’avoir provoquée. Quand il se ressaisit, il lui annonça posément qu’il n’était pas du tout attiré par les femmes que sa mère jugeait respectables. Lynn pinça les lèvres pour ne pas faire apparaître le sourire satisfaisait que sa bouche menaçait de dessiner, car elle n’était pas certaine que Marius songeait à elle en prononçant une telle phrase. Malgré le jeu de séduction auxquels ils s’étaient livrés tous les deux au Canvas, elle restait prudente et n’osait pas imaginer qu’elle puisse produire le même effet sur Marius que ce dernier provoquait inéluctablement chez elle. Certains hommes avaient tendance à émettre des signaux trompeurs. Même si cela lui semblait peu probable, peut-être que le beau brun était d’un naturel flatteur, et qu’il n’avait pas d’attente particulière concernant l’évolution de leur relation. Le fait qu’il soit venu l’aider avec des cartons ne prouvait rien du tout. Et d’ailleurs, n’était-elle pas supposée elle-même se raccrocher avec détermination à une certaine promesse faite en arrivant en Australie ? Malgré elle, elle sentait bien que le charme de Marius opérait et que sa résolution se fissurait. D’ailleurs, quand il la taquina en répétant les adjectifs qu’elle avait utilisés pour le décrire, elle ne put s’empêcher de sourire franchement cette fois. « Je ne fais qu’énoncer de simples faits de la manière la plus objective qui soit, Monsieur Warren » Se défendit-elle, consciente que l’expression innocente qu’elle avait composée ne serait pas d’une grande crédibilité.

La conversation prit un tournant plus personnel alors que chacun se confiait sur sa propre famille. Peu à peu, Marius s’ouvrait à elle. Même si elle n’osait pas l’interroger davantage, de peur de le brusquer, elle devait toutefois admettre qu’elle appréciait ces confidences, et tant pis si cela impliquait qu’elle devait en faire de son côté également. Marius lui offrit son soutien, trouvant les mots justes en mentionnant Lou. Et il avait raison, à défaut de pouvoir compter sur ses parents elle pouvait compter sur la présence de sa fille à ses côtés, et c’était ce qui importait vraiment. Elle éprouvait un regret certain à l’idée de s’être tant éloignée de ses parents, et peut-être qu’un jour elle reprendrait vraiment contact avec eux, avant qu’il ne soit trop tard. Toutefois, le fait qu’elle soit à l’autre bout du monde n’aiderait sans doute pas, et elle en avait conscience. Elle se contenta d’acquiescer en réponse à Marius, puis l’objectif de la soirée se rappelant à eux, ils quittèrent le confort du canapé pour s’installer par terre afin de commencer les cartons.
Bien à l’aise dans son pantalon confortable et ses baskets, Colleen croisa les jambes en tailleur et saisit un premier dossier afin de le ranger. La présence de Marius à ses côtés était très agréable, et elle lui était reconnaissante de lui avoir ainsi offert son aide. Pourtant elle ressentit le besoin d’être sincère avec lui en lui faisant comprendre qu’elle ne l’avait pas invité chez elle uniquement pour le coup de main qu’il lui avait proposé. Son intérêt n’était pas d’exploiter sa gentillesse, s’il était là c’était avant tout parce qu’elle voulait passer du temps avec lui. C’est pourquoi elle décida d’être honnête et, profitant d’avoir le dos tourné pour éviter qu’il croise son regard à ce moment-là, elle lui confia que les cartons n’étaient en réalité qu’un prétexte. Si elle avait admis toute la vérité, elle aurait pu également dévoiler qu’en son for intérieur ses intentions n’étaient pas uniquement amicales, mais il s’agissait là d’une vérité qu’elle s’efforçait toujours d’ignorer. Elle continua de remplir le carton puis se retourna et, relevant le menton, découvrit le regard que Marius posait sur elle ainsi que l’ébauche d’un sourire ravi sur ses lèvres. Il lui expliqua qu’elle n’avait pas besoin de prétexte et elle ne put s’empêcher de sourire à son tour quand il la prévint qu’il risquait d’y prendre goût. A cet instant-là, l’envie de lui saisir la main fut plus forte que jamais, mais elle resserra l’étreinte de ses doigts autour d’un classeur pour tenir bon. « On devrait tous les deux faire très attention dans ce cas » Fit-elle en scrutant son regard clair alors qu’une tension palpable se manifestait à nouveau entre eux. « C’est dommage, j’allais prétexter une furieuse envie d’apprendre le surf pour te revoir par la suite, mais j’imagine que ce n’est plus nécessaire maintenant que les choses sont claires entre nous ». Elle haussa les sourcils un instant, songeant avec envie à la perspective de découvrir Marius dans sa combinaison de surf. Autant dire que lorsqu’il lui avoua qu’être exploité ne le dérangeait pas – pour faire les cartons, s’entendait – son esprit se brouilla de nouvelles pensées qui étaient tout, sauf vertueuses. Bien consciente du désir que ces suggestions faisaient naître en elle, elle se déroba à son attention en pivotant la tête et en reportant son attention sur son carton, les joues empourprées.

Elle saisit plusieurs dossiers afin de les ranger à l’intérieur et une fois qu’il fut rempli, appliqua le gros scotch sur les bords afin de le refermer correctement. Son regard parcourut la pièce à la recherche du marqueur qu’elle utilisait pour indiquer sur les cartons leur contenu, et le repéra juste derrière Marius. Elle se pencha vers lui en évitant soigneusement son regard, et l’ayant enfin récupéré, nota en grosses lettres DOSSIERS ADMINISTRATIFS – LONDRES sur le carton avant de le pousser contre le mur. Elle s’apprêtait à poursuivre ainsi quand son regard se posa sur Marius et qu’elle le vit hésiter, un album photo familier entre les mains. Quand il chercha son approbation, elle se mordit la lèvre inférieure, confuse. Elle n’était pas sans connaître le contenu de cet album, car c’était elle qui l’avait créé. Était-elle prête à partager ces souvenirs avec lui ? Elle sonda son regard, comme pour y chercher une raison de lui faire confiance, mais n’hésita pas bien longtemps en réalité ; le fait qu’il soit dans son appartement était la preuve qu’elle lui faisait déjà confiance. Alors elle s’approcha et s’installa juste à côté de lui, s’adossant au canapé derrière eux.
« D’accord » Acquiesça-t-elle. Elle le laissa tourner la première page, qui dévoilait deux clichés de Lou quand elle avait neuf ans, si elle se référait à la date inscrite en bas de la page. « Je pense que tu la reconnais, n’est-ce pas ? » Lui dit-elle en souriant. Il tourna les pages suivantes et elle se replongea dans les souvenirs en silence. Sur les prochaines photos, on pouvait apercevoir Colleen également, et elle songea avec regret qu’à l’aube de la trentaine elle paraissait beaucoup plus jeune qu’elle ne l’était désormais. Les photos mettaient surtout en avant Lou, Colleen et quelques amies de la jeune fille. Rarement August. Pourtant, il apparut sur l’une des pages suivantes et le regard de la sage-femme se durcit lorsqu’il se posa brièvement sur son visage. « C’est mon ex-mari. Il venait de décrocher son diplôme à l’époque. Le deal, quand on a eu Lou, c’est que je m’occupais d’elle pendant qu’il poursuivait ses études, pour qu’au moins l’un d’entre nous puisse obtenir son diplôme ». Elle tendit la main vers l’album pour en tourner la page elle-même cette fois-ci, et son sourire réapparut quand elle découvrit l’image de sa fille. « Ça, c’était pour son dixième anniversaire. Elle venait de terminer l’école à ce moment-là et s’apprêtait à entrer au collège. C’est à peu près à la même période que j’ai repris mes études pour devenir sage-femme ». Bien sûr, ce fut aussi à cette même période qu’August avait proposé à Colleen de renouveler leurs vœux de mariage, et fait appel à l’agence d’Evelyn pour ce faire. Cependant, les photos de cet événement-là n’étaient pas dans cet album photo, mais un autre, qui était dans l’un des cartons que Colleen n’avait pas pris la peine de déballer en arrivant à Brisbane. Elle continua de tourner les pages, laissant Marius observer chacune d’entre elle, puis referma l’album et planta son regard dans le sien. « Tu es sûr de vouloir continuer les cartons ? Parce que personnellement je pense que je vais avoir besoin d’un petit remontant après ça… Histoire d’oublier que j’ai pris quelques rides depuis que ces photos ont été prises. Or je crois justement me souvenir que tu as ramené une bouteille en arrivant… » Ajouta-t-elle avec un sourire entendu.
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptySam 23 Mai 2020 - 4:31

Les enfants étaient un sujet à double tranchant pour toi. D’un côté, tu n’avais aucun problème à parler des enfants de tes amis et de les écouter en parler pendant des heures. Mais quand tu rencontrais de nouvelles personnes et que le sujet finissait par être mis sur la table, tu te refermais instinctivement et en général, les gens ne poussaient pas beaucoup plus loin une fois que tu leur avais donné une réponse sèche. Tes amis et ton entourage savaient que c’était un sujet sensible et l’évitaient ce qui t’arrangeait car tu n’avais pas grand chose de nouveau à leur dire de toute manière. Ne pas avoir d’enfants, c’était quelque chose que tu regrettais profondément. C’était un rêve que tu avais eu et qui n’allait jamais se réaliser. Ce constat faisait petit à petit son chemin dans ton esprit mais cela ne voulait pas dire que tu l’avais accepté. Pour l’instant, c’était un processus en cours. Ta carrière avait servi de distraction à beaucoup de choses dans ta vie et elle était ta plus grande fierté mais elle n’avait jamais pu venir combler ce désir d’enfant que tu avais depuis ton adolescence. Tu n’avais pas été pressé d’en avoir, faire tes études, lancer ta carrière, c’était le plus important. Mais tu en voulais à un moment. Ce ‘un moment’ avait fini par se transformer en jamais. Alors savoir que Colleen avait eu sa fille aussi jeune, c’était bluffant à tes yeux. C’était la preuve d’un courage qui, maintenant que tu apprenais à connaître la jeune femme, ne t’étonnait pas de sa part mais que tu n’étais pas certain que tu aurais trouvé. Malgré l’indiscrétion de cette question, tu la poses parce que Lou est une partie importante de la vie de Colleen. Tu ne les as jamais vues ensemble mais tu les imagines très proches et tu n’as pas de mal à apercevoir des touches de Lou dans cet appartement où elle vient passer ses week-ends. Quand tu étais étudiant, tu avais toujours tout fait pour les passer loin de tes parents si c’était possible, le deal étant d’être présent pour le repas du dimanche et l’après-midi familiale qui s’imposait. « Vingt ans. Lou est née le lendemain de mon vingtième anniversaire. Je suis sûre que tes bonnes manières t’empêchent de me demander mon âge, donc je te laisse faire les calculs. Et je te confirme que cela n’a pas été évident à gérer » L’âge de Colleen aujourd’hui n’était pas vraiment important. Tu n’avais jamais compris ce sujet tabou que pouvait devenir l’âge. Vieillir ne t’avait jamais fait peur et même si tu avais apprécié ta jeunesse, le passage des quarante ans était une bonne chose à tes yeux. Quarante ans que Colleen n’avait pas encore si tes calculs étaient bons. Tu pouvais lire sur le visage de ton interlocutrice que tu l’avais replongée dans une époque où elle avait dû faire des choix, des choix qu’elle regrettait peut-être aujourd’hui. Pas celui d’avoir Lou, ça tu en étais certain mais des choix sur les autres pans de sa vie. La manière dont elle venait de te répondre te laissait comprendre qu’elle n’avait pas spécialement envie de s’épancher sur le sujet et tu te contentais d’un sourire que tu espérais compréhensif. Beth serait tellement fière de toi …

La discussion dériva ensuite sur tes parents et sur Béatrice, cette femme que tu n’avais jamais rencontrée mais que ta mère souhaitait te faire rencontrer à tout prix. Ses manipulations et ses tentatives devenaient de plus en plus insistantes et ce n’était pas très agréable pour toi. Tu le lui avais signifié mais c’était comme parler à un mur. Quand ta mère avait une idée en tête, tu n’avais aucune chance de lui faire changer d’avis, peu importe que tu sois son préféré. Dans ce cas-là, cela n’arrangeait pas du tout ton cas. Colleen semblait très amusée de cette situation ce qui pouvait se comprendre, c’était digne d’un film très certainement. Il était important de lui faire comprendre que ton penchant vers les femmes ‘respectables’ était inexistant. Enfin, respectables au sens de ta mère parce que ce n’était pas le sens que tu donnerais à ce mot si tu devais le définir pour une femme. Tu ne savais pas si Colleen comprit le message que tu voulais lui faire passer mais si elle ne se qualifiait pas comme femme ‘respectable’, elle l’était parfaitement à tes yeux. Tu n’avais jamais été un joueur avec les femmes et tu étais encore moins capable de jouer des sentiments que tu ne ressentais pas. L’attraction que tu ressentais envers Colleen était on ne peut plus réelle et ne faisait que grandir avec les minutes et les heures que vous passiez ensemble. Mais l’attraction ne fait pas tout dans une relation, d’où ta mission d’apprendre à la connaître un peu mieux ce soir, une mission qu’elle a dû se donner elle aussi. Tu ne pus résister à la taquiner de la description qu’elle avait fait de toi. Elle n’était pas la première à la faire, elle ne serait pas la dernière. Ton célibat était incompris de la plupart des gens qui t’entouraient. Seuls tes proches amis savaient pourquoi c’était très compliqué pour toi d’envisager toute nouvelle relation. Cela ne voulait pas dire qu’ils comprenaient, seulement qu’ils avaient eu droit à une explication. « Je ne fais qu’énoncer de simples faits de la manière la plus objective qui soit, Monsieur Warren. » Tu laissais échapper un petit rire à ces paroles en secouant la tête. Tu ne croyais pas une seule seconde à son objectivité mais tu préférais ne pas relever. Par contre, tu ne pus te retenir de lui dire : « Pour être objective, tu vas devoir me rajouter quelques défauts, crois-moi, ils sont nombreux. » Laisser croire à Colleen que tu étais parfait n’était pas ton but du tout. Personne ne l’était et Colleen devait le savoir. Pour l’instant, elle n’avait vu que le Marius quasi-parfait que tu arborais la plupart du temps mais il ne fallait pas qu’elle se fasse d’illusions, ta vie était un champ de mines et même si tu étais tous ces adjectifs qu’elle avait utilisés, tu étais aussi bien d’autres choses.

Les cartons était la mission que vous aviez pour ce soir alors vous finîtes par vous installer par terre pour vous mettre au travail. Colleen se tourna vers un carton et tu en attrapais un autre te mettant à y glisser les dossiers que tu trouvais autour de toi. La confidence de la jeune femme te surprit par sa sincérité. Elle te rassura également parce que cela voulait dire que tu n’étais pas le seul à vouloir apprendre à la connaître, que ce sentiment était partagé … « On devrait tous les deux faire très attention dans ce cas. C’est dommage, j’allais prétexter une furieuse envie d’apprendre le surf pour te revoir par la suite, mais j’imagine que ce n’est plus nécessaire maintenant que les choses sont claires entre nous » Son regard plongé dans le tient, tu regardais son sourcil se lever alors que ton imagination t’amenait sur les plages de Gold Coast avec Colleen. C’était une perspective vraiment agréable et imaginer la jolie brune dans une combinaison de surf, c’était … Tu y penseras plus tard, ce n’était clairement pas le moment. Avoir Colleen comme élève, c’était inattendu et … Ta respiration se bloqua pendant quelques secondes alors que tu remontais le temps pour te trouver sur cette plage de l’Atlantique devant le sourire amusé d’Alice. Tu secouais la tête, sentant la crise de panique arriver et tu plongeais ton regard dans celui de Colleen pour te ramener dans le présent, pour te ramener dans ce salon où l’écume de l’océan Atlantique ne peut pas te toucher. La situation serait inversée, cette fois, ce sera toi le professeur mais les similitudes que tu pouvais lire dans la situation que t’avait présentée Colleen étaient désarmantes. Tu te raclais la gorgée, ayant besoin de chasser ces pensées le plus vite possible. « Si tu as vraiment envie d’apprendre à surfer, ce sera avec plaisir. » Lui dis-tu avec un petit sourire mal assuré sur le visage. Et ça l’était, tu ne voulais pas laisser croire à Colleen que tu n’avais pas envie de lui apprendre à surfer ou que ce serait difficile pour toi, ce n’était pas vraiment ça. « Je suis désolé, je n’ai pas que de bons souvenirs liés au surf, je … Ce sera un plaisir, vraiment. » Tu espérais que Colleen pouvait lire dans son regard et sur ton visage la sincérité de tes paroles. Ne sachant pas quoi ajouter, tu te remis silencieusement au travail, reprenant tes esprits. Tu détestais le fait que penser à Alice pouvait encore provoquer de telles réactions chez toi. Tu y travaillais mais ce n’était pas simple. Et puis, au milieu des dossiers, tu attrapais un album photo. Cherchant le regard de Colleen, tu lui demandais la permission de l’ouvrir, permission qu’elle hésita à te donner mais quelques secondes seulement. Elle vient s’installer à côté de toi et un sourire se dessine sur ton visage quand tu vois les photos de Lou qui ornent les premières pages de l’album. « Je pense que tu la reconnais, n’est-ce pas ? » Tu hoches la tête sans rien ajouter, préférant te concentrer sur les petits morceaux de la vie de Colleen qu’elle acceptait de partager avec toi. La plupart des photos étaient de Lou mais des fois Colleen apparaissait également et puis d’autres visages moins familiers mais passagers. Et puis la photo d’un homme avec son diplôme apparut et c’était le seul visage qui revenait à plusieurs reprises alors, même avant qu’elle ne te le dise, tu savais exactement qui il était. « C’est mon ex-mari. Il venait de décrocher son diplôme à l’époque. Le deal, quand on a eu Lou, c’est que je m’occupais d’elle pendant qu’il poursuivait ses études, pour qu’au moins l’un d’entre nous puisse obtenir son diplôme. » Tu jetais brièvement un coup d’oeil à Colleen assise à côté de toi et l’expression de son visage te fit comprendre que cette décision n’avait peut-être pas été le deal qu’elle aurait aimé. Vous ne pouviez pas réécrire le passé mais cela ne changeait pas le fait qu’il y a certaines choses que l’on regrette. Quand elle attrape la page pour la tourner, tu te surprends à attraper sa main pour l’aider, main que tu caresses instinctivement. Tu ne cherches pas à commencer quoi que ce soit, juste à faire comprendre à Colleen que tu as compris, qu’elle n’a pas à s’expliquer mais que tu es là. Tu ne sais pas si c’est ce qu’elle comprend mais tu l’espères. Cela ne dure que quelques secondes et tu relâches sa main quand elle te dit : « Ça, c’était pour son dixième anniversaire. Elle venait de terminer l’école à ce moment-là et s’apprêtait à entrer au collège. C’est à peu près à la même période que j’ai repris mes études pour devenir sage-femme » Les clichés étaient on ne peut plus réussis et Lou avait déjà l’air d’être pleinement heureuse. Peut-être qu’elle ne se rendait pas compte du sacrifice de sa mère mais les photos que tu venais de voir te montraient que même si Colleen aurait préféré continuer ses études, sa fille avait vécu une enfance heureuse dont elle avait partagé chaque instant. « C’est super que tu aies eu le courage de reprendre tes études. Beaucoup ne le font pas. Les futures mamans de Brisbane en ont de la chance. » Lui dis-tu simplement avant d’ajouter : « Merci d’avoir partagé ces souvenirs avec moi. » Tu étais touché qu’elle l’ait fait, c’était une marque de confiance inestimable à tes yeux. Tu fermais l’album photo sur tes genoux alors que Colleen te dit : « Tu es sûr de vouloir continuer les cartons ? Parce que personnellement je pense que je vais avoir besoin d’un petit remontant après ça… Histoire d’oublier que j’ai pris quelques rides depuis que ces photos ont été prises. Or je crois justement me souvenir que tu as ramené une bouteille en arrivant… » Tu laissais échapper un petit rire avant de glisser l’album photo dans un nouveau carton qui le séparerait des dossiers et de te lever. Tu tendis ensuite la main à Colleen pour l’aider à se relever : « Je n’ai rien contre un remontant, bien au contraire. Allons ouvrir cette bouteille. » Lui dis-tu en t’éloignant légèrement. Tu ne voulais pas faire un geste que vous pourriez tous les deux regretter. Tu avais la sensation que chaque souvenir partagé vous rapprochait encore un peu plus et c’était de plus en plus difficile de voir où se trouvait la ligne. Alors que Colleen partait dans la cuisine, tu attrapais ton portable et tu plongeais dans ta galerie photo. C’était à toi de faire un pas vers elle. Tu ne savais pas où pouvait te mener cette relation avec Colleen mais il était sans doute important qu’elle sache. Tu la rejoignis dans la cuisine alors qu’elle vous servait deux verres de vin. Quand ils furent servis, tu en attrapais un et disposais à sa place ton téléphone qui affichait une des dernières photos que tu avais d’Alice. « Je te présente Alice. Elle est la meilleure chose qui me soit arrivée mais également la pire. Peut-être surtout la pire quand un souvenir suffit à briser des liens fraternels et toute confiance en soi. Malgré tout, elle nous a donné la seule personne qui permet encore à cette famille de tenir debout. » Tu appuies sur ton écran et la photo d’Alice est remplacée par celle de Moïra prise il y a quelques semaines lors de votre dernière sortie au musée. « Je te présente ma nièce, Moïra. Elle est la seule raison pour laquelle je tiens encore debout et la meilleure de nous tous réunis. » Dis-tu avant de prendre une gorgée de vin. Oh oui, tu allais en avoir besoin.


@Colleen Sainsbury :l:
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyDim 24 Mai 2020 - 10:00

just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren

« Ça va être compliqué d’ajouter des défauts à ta description, si tu ne m’en dévoiles aucun » Ajouta-t-elle d’un air malicieux. Sur fond de flirt, elle ne faisait en réalité qu’exprimer la vérité. Marius ne lui avait pas encore laissé entrevoir les travers de sa personnalité, jusque-là il n’en avait montré que les bons côtés. Colleen avait peut-être tendance à idéaliser son entourage, mais elle n’était pas aveugle non plus. Or elle avait beau se remémorer toutes les fois où leurs chemins s’étaient croisés – y compris la soirée au Canvas qui, en dépit des trois cocktails avalés, demeurait un souvenir intact dans son esprit – elle ne se souvenait pas avoir ne serait-ce qu’aperçu un défaut de Marius. Elle ne doutait pas cependant qu’il en avait, la perfection n’existait pas et il était peu probable qu’elle se manifeste soudainement sous les traits de son invité. Cependant, elle devait admettre que tout ce qu’il lui avait révélé jusqu’à présent n’avait fait qu’aiguiser son intérêt à son égard, et que c’était bien pour cela qu’il lui était si difficile de se raccrocher à sa résolution qui, au fil de leurs rencontres – fortuites ou programmées – se craquelait dangereusement. Elle sentait bien que son instinct prenait le pas sur sa raison, mais n’était pas encore prête à l’assumer. Malgré leurs propos lourds de sous-entendus, elle se persuadait que son attirance restait innocente tant qu’elle évitait précautionneusement tout contact physique. Pour le moment, c’était une réussite.

Installés sur le sol du salon et s’acquittant enfin de la mission qu’ils s’étaient donnée ce soir-là, Colleen confia à Marius que les cartons n’étaient qu’une excuse trouvée pour le voir et qu’en réalité elle n’attendait pas de lui qu’il fasse tout le travail à sa place. Depuis leur soirée au Canvas, et les étreintes qu’ils avaient partagées, Lynn n’avait eu de cesse de se replonger dans ce souvenir aussi agréable que périlleux. Elle ne pouvait pas prétendre qu’il la laissait indifférente, ni que la raison de sa venue ce soir-là était exclusivement liée à la proposition généreuse qu’il lui avait adressée par SMS. Aussi Colleen choisit d’être honnête, à la fois avec elle-même et avec Marius. La réaction de ce dernier confirma que le désir de passer du temps ensemble était réciproque et malgré le signal « danger » qui se déclencha dans son cerveau, elle ne put résister à l’envie de pousser le flirt un peu plus loin, en évoquant la possibilité d’un cours de surf. Si étudiante elle n’avait jamais été de celles qui fantasmaient sur leurs professeurs, elle devait néanmoins admettre que la perspective d’être l’élève de Marius était particulièrement alléchante, et n’avait rien à voir avec un quelconque intérêt académique. L’image de ce dernier, en combinaison de surf, s’imposa dans son esprit. Même s’il lui avait avoué ne pas être particulièrement sportif, son imagination ne pouvait s’empêcher d’invoquer l’image de son torse dessiné sous la combinaison en caoutchouc, de ses cuisses musclées et de ses cheveux trempés. Le tableau était séduisant, et elle dut détacher son regard du sien pour la chasser de son esprit, de peur que son regard ne trahisse ses pensées importunes.
La réaction de Marius se fit attendre cependant, et le silence s’installa entre eux. La tension s’était métamorphosée et l’air semblait plus lourd dans la pièce. Un doute naquit dans l’esprit de la jeune femme. Peut-être était-elle allée trop loin ? Elle devait admettre que ses propos aguicheurs tranchaient nettement avec le mouvement de recul qu’elle avait eu précédemment ; les signaux qu’elle émettait étaient tout, sauf clairs. La confusion qui s’était installée dans son esprit se traduisait dans son comportement et il n’était pas impossible que son attitude, bien qu’involontaire, finisse par fatiguer Marius à la longue. Elle raccrocha son regard au sien pour étudier sa réaction. Les yeux du beau brun étaient plongés dans le vague, ses sourcils étaient froncés, ses traits tendus. Bien que présent physiquement, il semblait plongé dans des souvenirs qui, à en juger par la tension qu’elle lisait dans son regard, n’étaient pas forcément agréables. Elle vit la confusion se dissiper dans son regard et progressivement, il sembla se reconnecter à la réalité. Elle se demanda ce qui avait provoqué chez lui une telle réaction, mais ne tarda pas à obtenir la question à ses réponses : de toute évidence, l’évocation des cours de surf était à l’origine de son trouble passager. A son tour, Colleen fronça les sourcils. « C’est moi qui suis désolée, je n’en avais aucune idée et… Oublie ma proposition, considère que je n’ai rien dit » Fit-elle avec un sourire compatissant. Il avait répété deux fois que ce serait un plaisir de lui donner ce cours, mais si cela suscitait un tel malaise chez lui elle doutait que ce soit une bonne idée. Ne souhaitant pas le brusquer avec ses questions, elle laissa passer le moment, persuadée que s’il avait envie de se confier, il le ferait sans qu’elle insiste.

Le moment passa, et elle se reconcentra sur ses cartons. Après plusieurs de minutes de travail, elle en boucla un qu’elle scella avec du gros scotch avant d’en inscrire le contenu en toutes lettres sur la surface lisse. Elle s’apprêtait à poursuivre ainsi, désireuse de dépenser son énergie à la confection des cartons plutôt qu’à tout autre chose, mais sa résolution se brisa à la seconde où son regard se posa sur l’album photo entre les mains de Marius. Alors, elle abandonna la paire de ciseaux et le marqueur noir, se frotta les mains et s’installa à côté de son invité pour lui dévoiler un pan de son histoire personnelle. Elle ressentait une certaine appréhension à cette idée mais rassembla néanmoins son courage pour se lancer. Nul ne savait comment sa relation avec Marius évoluerait, mais elle choisit de lui faire confiance, ce qui était loin d’être insignifiant à ses yeux car elle n’avait pas l’habitude d’exposer ses failles au premier venu.
L’album comportait des clichés de Lou en majorité, mais plus loin, elle s’arrêta brièvement sur une photo d’August. Observer ces traits qu’elle connaissait dans les moindres détails, à tel point que si elle avait eu la fibre artistique elle aurait pu aisément en peindre le portrait les yeux fermés, n’était pas chose aisée. Malgré son divorce, elle ne pouvait se résoudre à haïr son ex-mari. Toutefois ce serait mentir que d’affirmer que poser son regard sur son visage ne ravivait pas une certaine rancœur. Elle poussa un soupir et tendit la main vers l’album pour en tourner la page elle-même, désireuse d’échapper au regard clair de son ex-époux. La main de Marius se dressa en même temps que la sienne et ses doigts se posèrent sur les siens. La caresse fut éphémère, mais bienvenue, et cette fois-ci Colleen ne se dégagea pas. Elle comprit l’intention de son invité qui n’était pas de la séduire mais plutôt de la soutenir, et quand elle leva la tête pour observer son regard, elle esquissa un sourire reconnaissant. Ses doigts exercèrent à leur tour une pression passagère sur la main de Marius avant qu’il ne la retire. Quand elle mentionna la reprise de ces études un peu plus tard, il lui manifesta son admiration, mais Colleen se contenta d’hausser les épaules. « Pour être honnête, il m’a fallu plus de courage pour affronter le jugement d’August que pour m’inscrire à l’université. Disons que cette perspective ne l’enthousiasmait pas beaucoup ». Colleen maîtrisait l'art de l'euphémisme. « Alors, si j’avais été vraiment courageuse, j’aurais pu les reprendre bien avant ».

Se plonger dans ces souvenirs n’avait pas été une mince affaire, mais à présent que l’album photo était fermé, elle en ressentait un certain soulagement. Elle n’avait aucune intention de cacher son passé, même s’il n’était sans doute pas très reluisant si l’on considérait qu’elle s’était enfermée pendant des années dans le rôle de la femme au foyer docile. Marius la remercia de s’être confiée, et elle hocha la tête d’un geste vague avant de lui proposer un verre pour détourner la conversation. Il accepta et se leva en premier avant de tendre ses mains dans sa direction pour l’aider à en faire de même. Elle lui adressa un nouveau sourire et après avoir épousseté le tissu de son pantalon, elle se dirigea vers la cuisine pour récupérer la bouteille de vin qu’elle avait placé au réfrigérateur au début de la soirée. Elle la posa sur le comptoir et l’ouvrit d’un geste maîtrisé, puis se retourna pour récupérer deux verres à vin ainsi que deux sous-verres dans l’armoire en hauteur. Elle versa une quantité raisonnable de vin blanc dans chaque verre et Marius en saisit un avant de déposer son téléphone portable à sa place. Colleen fronça les sourcils en découvrant un visage féminin sur l’écran. Un visage aux traits fins, délicats. Deux grands yeux clairs qui fixaient l’objectif, et une moue adorable. La jeune femme était d’une beauté incontestable… Mais de toute évidence, elle ne la connaissait pas.
Lynn saisit à son tour le verre sur le comptoir et planta son regard dans celui de Marius. Quand il lui dévoila l’identité de la jeune femme sur l’écran du téléphone, elle en resta perplexe. Elle haussa les sourcils, surprise par cet aveu soudain. Puis les propos de Marius firent progressivement leur chemin dans son cerveau. La meilleure chose qui lui soit arrivée, mais la pire également... Briser des liens fraternels… Et toute confiance en soi… Si Colleen comprenait aisément que Marius avait été amoureux de cette Alice – ou l’était toujours – et que leur histoire ne s’était sans doute pas très bien terminée, ce qu’elle ne comprenait pas en revanche, était cette histoire de liens fraternels. A moins que… Faisait-elle fausse route ? Alice était-elle en réalité sa sœur ? La confusion se lisait sur les traits de Lynn alors que son esprit émettait des scénarios différents et qu’elle tentait de comprendre la vérité. Elle sonda les traits de Marius et décela ce quelque chose dans son regard qui acheva de la convaincre qu’Alice n’était pas sa sœur, mais bien la femme qu’il avait aimée. Alors, se pouvait-il que Marius ait un frère, dans ce cas ? Elle s’apprêta à formuler à voix haute ses interrogations quand son invité fit glisser son doigt sur l’écran, et que l’image d’Alice fut remplacée par le visage d’une enfant d’une dizaine d’années environ. La ressemblance était frappante et Colleen en déduisit automatiquement qu’il s’agissait de l’enfant d’Alice… Et l’enfant de Marius également, donc ? Les propos de ce dernier firent dresser les sourcils de la sage-femme au-dessus de son regard. Sa nièce ? « Excuse-moi, je ne suis pas sûre de te suivre… » Commença-t-elle alors que son invité prenait une gorgée de vin blanc. « Ta nièce ? Je fais peut-être fausse route, mais je pensais qu’Alice était – ou avait été – ta femme… ? Si ce n’est pas le cas alors… Qui est le père de Moïra ? ». Les mots liens fraternels lui revinrent à l’esprit et elle posa son verre sur le comptoir sans en avoir bu une seule goutte. Elle avait peur de poser la question qui la taraudait, mais puisque Marius avait choisi de se confier à elle, elle n’avait d’autre choix que de l’interroger afin de comprendre son histoire. « Marius, tu as un frère ? ».
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyDim 24 Mai 2020 - 11:38

Que Colleen ne te trouve pas de défauts pour l’instant était normal. C’était facile de repas en dévoiler quand on connaît peu une personne et que l’on ne passe que de rares moments en sa compagnie. C’était ce qui était arrivé avec Colleen au départ. Ta mère t’avait élevé avec de très bonnes manières, tu étais un parfait gentleman quand tu le voulais et c’était ce que tu avais montré à Colleen lors de vos deux premières rencontres. Lors de votre troisième rencontre, tu espérais lui avoir montré que tu étais professionnel et respectueux de tes élèves, même quand ces derniers ne te rendaient pas la tâche facile. Mais qu’elle ne se détrompe pas, tu avais des défauts, il fallait juste apprendre à bien te connaître pour les découvrir et ce n’était pas une opportunité que tu laissais à grand monde. « Ça va être compliqué d’ajouter des défauts à ta description, si tu ne m’en dévoiles aucun. » Secouant la tête, tu lui répondis avec un sourire amusé : « Je ne doute pas que tu pourras en ajouter à ta liste à la fin de la soirée. » Il semblerait que vous aviez décidé de remuer le passé ce soir et de vous confier. Parler de tes parents, c’était parler du climat dans lequel tu avais été élevé et dans lequel tu marinais toujours même si c’était bien moins qu’avant. Te confier à Colleen n’était pas une corvée ou une nécessité comme cela pouvait l’être dans certaines occasions, c’était purement l’envie qu’elle comprenne mieux, qu’elle ait une chance de mieux te comprendre. Tu n’aimais pas l’avouer mais tu étais un homme blessé, des blessures que tu n’avais pas toujours bien refermées et qui pouvaient s’immiscer dans ta vie de tous les jours, brusquement, sans prévenir. C’était ce qui venait de se produire quand Colleen te parla de cours de surf. Vous aviez abordé le sujet par SMS, cela ne devrait pas te surprendre, ne devrait pas te prendre de court. Et pourtant, tu te retrouvais plongé dans tes souvenirs, des souvenirs que tu avais espéré évacuer la dernière fois que tu avais été surfer avec Moïra. Apparemment, cela n’était pas le cas. Tu en voulais à Alice, tu lui en voulais terriblement d’avoir encore ce pouvoir sur toi alors qu’elle ne respirait plus depuis près de huit ans et que tu ne l’avais pas vue depuis près de quinze. Mais tu avais pris une décision depuis ta discussion avec Tommy et tu refusais de laisser Alice continuer à empiéter sur ta vie, tu refusais qu’elle soit un obstacle à quelque chose de positif pour toi pour une fois. Quand Colleen te ramène dans la pièce avec sa voix, tu vois son regard inquiet, tu sais sans qu’elle ne le dise qu’elle s’en veut et elle ne doit pas s’en vouloir parce qu’elle ne peut pas se douter une seule seconde que c’est Alice qui t’a appris à surfer et que pendant des années, rien que le fait d’approcher une planche de surf te donnait la nausée. Mais tu as surmonté cela et tu devrais surmonter le reste. « C’est moi qui suis désolée, je n’en avais aucune idée et… Oublie ma proposition, considère que je n’ai rien dit. » C’était justement ça le problème, tu n’avais pas envie d’oublier ce qu’elle t’avait dit. Tu n’avais pas envie qu’elle ne monte pas sur une planche parce que tu étais hanté par des fantômes, au sens propre du terme. Cependant, tu n’ajoutais rien parce que tu savais qu’elle ne te croirait pas si tu ne t’expliquais pas et tu ne pouvais pas parler d’Alice en commençant par le surf, tu ne pouvais pas. Alors tu restais silencieux et tu te promis de parler à Colleen de cette histoire, parce qu’elle devait savoir dans quoi elle mettait les pieds, peu importe ce que devenait votre relation.

Les cartons furent une distraction bienvenue et avec ces derniers tomba entre tes mains un album photo. Aux côtés de Colleen, adossé contre le canapé, tu découvrais des moments de sa vie. Des moments mélangés mais des moments heureux, les sourires étaient toujours présents sur les photos. La vie de Colleen n’avait pas été un long fleuve tranquille cependant et son mari en était en grande partie responsable si tu comprenais bien la situation. C’était le regard dur de la jeune femme et cette fragilité que tu pouvais voir sur son visage qui te poussèrent à poser ta main contre la sienne, en signe de réconfort. La reconnaissance que tu lis dans le regard de Colleen fut un soulagement car tu ne désirais pas créer de malaise ou de malentendus entre vous. Mais il t’était impossible de ne pas la toucher de nouveau à ce moment là. Et pour un homme qui n’était pas en recherche de toucher de quiconque, c’était assez surprenant. Quand l’album photo se terminé, tu ne pus t’empêcher de lui dire qu’elle avait été courageuse de reprendre ses études, tout le monde n’en avait pas le courage. « Pour être honnête, il m’a fallu plus de courage pour affronter le jugement d’August que pour m’inscrire à l’université. Disons que cette perspective ne l’enthousiasmait pas beaucoup. Alors, si j’avais été vraiment courageuse, j’aurais pu les reprendre bien avant » Plus Colleen te parlait de son ex-mari et plus tu étais ravi qu’il soit resté en Angleterre. Tu te doutais qu’il avait été élevé comme toi, qu’on avait dû lui répéter que les femmes devaient se marier et rester à la maison. Ce n’était pas des valeurs dans lesquelles tu croyais, voilà pourquoi tu avais essayé de toujours pousser Beth et Scarlett à se surpasser. Cela avait fonctionné avec Beth mais bien moins avec Scarlett, du moins elle n’avait pas fait d’études mais elle ne s’était pas mariée à un homme de la paroisse pour lui faire des enfants, c’était déjà ça. « Ce n’est pas facile de s’opposer à ceux que l’on aime. Tu as réussi à le faire, c’est ça le plus important. » Et elle avait fait plus que reprendre ses études, elle avait eu le courage de le quitter. Tu supposais que c’était elle qui l’avait quittée même si elle ne l’avait jamais mentionné. Peut-être te trompais-tu mais tu n’allais pas pousser le sujet.

Avec la fermeture de l’album photo, les souvenirs de Colleen furent ramenés dans le passé et elle te proposa une distraction qui était la bienvenue. Il était temps de goûter le vin que tu avais amené. Pour cela, tu aidais Colleen à se lever et tu la laissais filer vers la cuisine où tu ne tardais pas à la rejoindre. Ses confidences sur ton ex-mari après l’épisode du surf t’avaient convaincu qu’il était temps de sauter le pas. Il était temps de conter à Colleen la triste histoire des Warren et en particulier la triste histoire d’Alice qui empoisonnait ta vie depuis des années. Il était injuste de tout mettre sur le dos d’Alice car ta relation avec Tommy n’avait jamais été très bonne mais elle aurait pu en rester là au lieu de devenir la pourriture qu’elle était devenue et que vous essayiez de nettoyer petit à petit. Tu déposais donc ton téléphone sur la table où une photo d’Alice était affichée. Elle rayonnait sur l’écran, comme elle avait toujours rayonnée dans sa vie. Tu essayais de résumer la situation en quelques mots, de tout faire comprendre à Colleen en quelques mots mais il était évident qu’elle ne pouvait pas deviner, qu’il allait falloir que tu t’expliques. Elle essayait pourtant, elle essayait d’assembler les pièces du puzzle, tu le voyais sur son visage. Mais chacun de tes mots semblait être une nouvelle surprise mais rien ne l’avait préparée à la photo de Moïra apparemment. Moïra était le portrait craché d’Alice, tout le monde le répétait, quelque chose que ta nièce avait de plus en plus de mal à supporter d’ailleurs. Et Moïra aurait pu être ta fille mais c’était un doute que tu balayais de suite de l’esprit de Colleen, tu n’aurais jamais attendu jusqu’à maintenant pour lui parler d’un enfant dans ta vie si tu en avais eu un. Lors de vos premières rencontres, cela aurait été un sujet naturel alors qu’elle te parlait de sa fille. « Excuse-moi, je ne suis pas sûre de te suivre… Ta nièce ? Je fais peut-être fausse route, mais je pensais qu’Alice était – ou avait été – ta femme… ? Si ce n’est pas le cas alors… Qui est le père de Moïra ? » Ta femme … Oh tu aurais aimé qu’Alice soit ta femme … Elle était devenue une Warren, elle ne l’était pas devenue avec toi cependant. Occupé à prendre des forces dans ton verre de vin, tu ne répondis pas de suite à la jolie brune qui te faisait face. Il y avait tellement de questions qui devaient tourner dans sa tête … « Marius, tu as un frère ? » C’est son incrédulité qui te surprit. Tu repensais à tes conversations avec Colleen et pourtant … Tu étais persuadé que tu avais mentionné ton frère au moins une fois mais ce n’était sans doute pas le cas. Tu n’aimais pas en parler en général, ce ne serait pas très étonnant. Reposant le verre de vin vide sur la table, tu attrapais ton téléphone pour sortir la dernière photo de famille que ta mère vous avait forcée de prendre. Tu reposais le téléphone pour que Colleen puisse la voir et quand elle releva la tête, tu plongeais ton regard dans le sien avant de lui répondre : « La fratrie Warren est un quatuor. Je suis né en premier et puis il y a eu Beth, puis est venu Tommy et ensuite Scarlett. » Tu pointais chacun du doigt alors que tu parlais. « Mes parents m’ont toujours accordé plus d’importance, m’ont toujours plus soutenu que les autres. Cela n’était pas facile à vivre pour ma fratrie et je ne suis pas la personne la plus adroite avec mes gestes et mes paroles ce qui a amené à un résultat désastreux. Tommy et moi on ne s’est jamais entendu, la guerre a commencé dès qu’il a été assez grand pour en comprendre le sens. » Pourtant, vous étiez arrivés à vivre vos vies à peu près séparément. Les années qui vous séparaient assez nombreuses pour que vos amis ne se croisent presque jamais. Vous n’aviez pas les mêmes de toute façon. « J’ai rencontré Alice en France, j’y passais une année pour ma thèse. Elle a été mon premier amour et je pense qu’elle m’a réellement aimée également. Mais j’ai dû rentrer à Brisbane, le coeur brisé, je n’avais pas d’autres choix. Alice a débarqué quelques mois plus tard pour me rejoindre. Tu peux te douter que j’étais aux anges mais cela fut de courte durée. A Brisbane elle rencontra mon frère. Je ne sais toujours pas comment, je ne pense pas qu’ils cherchaient à me blesser intentionnellement mais cela n’avait pas d’importance. Quelques mois après son arrivée à Brisbane, elle me quittait pour s’envoler vers le Canada avec mon frère. » Tu t’arrêtais quelques instants, tu en avais besoin. Tu sentais les émotions te gagner petit à petit. Revivre cette histoire, encore aujourd’hui était pénible. « Les années qui ont suivi furent … compliquées. » Dis-tu simplement n’ayant pas envi de rentrer dans les détails de ta dépression et l’alcoolisme à côté duquel tu étais passé de justesse. Ce sera peut-être pour une autre fois. « J’avais des nouvelles par mes parents, une année ils se mariaient, une autre ils avaient une petite fille, c’était … Je sais que c’est idiot mais c’était la vie que j’aurai dû avoir. » Ta gorge se serra quelques instants et tu clignais les yeux avant de secouer la tête. « Il y a huit ans, mes parents m’ont appelé un soir pour m’annoncer qu’Alice venait de trouver la mort dans un accident de voiture. Je leur en voulais mais c’était la dernière chose que je leur souhaitais. Je pensais que c’était la fin du cauchemar mais ça c’était avant que mon frère vienne frapper à ma porte. » Tu t’arrêtais dans ton récit, il fallait que tu t’arrêtes. La partie qui allait suivre était la moins glorieuse de toute cette histoire et tu avais besoin de respirer. « Tu n’es pas encore effrayée ? » Demandas-tu à Colleen avec un sourire que tu aurais aimé amusé mais qui devait être triste. Tu rattrapais ton téléphone et l’ouvrais sur la photo de Moïra parce que la suite de ton histoire, c’était pour elle. « Mon frère avait des problèmes avec les autorités canadiennes. Je ne sais toujours pas exactement ce qu’il a fait mais il m’a laissé sa fille me la confiant le temps de sa peine. J’ai donc élevé ma nièce que je n’avais jamais rencontrée pendant un an et demi. Je m’en suis occupé comme de ma fille mais j’avais entre les mains le pouvoir de me venger. J’ai empêché mon frère de parler à sa fille quand il était en prison, en espérant le faire souffrir autant qu’il l’avait fait. » Tu refusais de regarder Colleen à ces paroles. Tu n’étais pas certain de regretter complètement cette décision parce que tu étais certain que si tu remontais le temps, tu le referais mais cela ne la rendait pas meilleure. « Quand mon frère est sorti, il est venu la récupérer et m’a interdit de la voir. Je me suis donc exilé en France, coupé de tous, seule manière d’échapper aux démons et aux fantômes qui n’étaient jamais très loin. Je suis rentré il y a deux ans et demi mais encore aujourd’hui, tout n’est que chaos et destruction … » Tu exagérais peut-être, les choses s’arrangeaient un peu mais pas vraiment en même temps. Pourriez-vous un jour avoir une vie de famille normale ? Non, certainement pas.


@Colleen Sainsbury :l:
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyLun 25 Mai 2020 - 3:18

just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren

Se pencher sur ses souvenirs personnels et en raviver certains en particulier n’avait pas laissé Colleen de marbre. Elle ne s’était pourtant pas étendue en long, en large et en travers sur son passé, préférant en évoquer certains moments à travers les clichés de l’album photo plutôt que d’en établir une chronologie précise et formelle. Cela n’avait pas rendu sa tâche plus aisée pour autant. Elle n’était pas de ceux qui se livraient facilement ou qui glissaient des anecdotes personnelles au détour de chaque conversation. Elle n’en tirait aucune satisfaction et préférait demeurer sur la réserve, au risque de ne pas se dévoiler suffisamment au goût des personnes qu’elle rencontrait. A l’hôpital, la seule personne à laquelle elle avait confié des bribes de son histoire était Yasmine. Avec le temps, elle avait découvert que la jeune femme et elle partageaient de nombreux points communs, toutes les deux ayant nourri la même ambition des années plus tôt et vu leur rêve partir en fumée pour des raisons différentes. La somme de leurs réussites et échecs leur avait permis de se construire, et parce qu’elles en avaient tiré un vécu assez similaire se confier à elle sur une partie de son histoire lui avait semblé presque naturel. Avec le temps, peut-être même qu’elle serait menée à en dévoiler davantage. En dehors de Yasmine cependant, elle ne s’était confiée à personne à l’hôpital, peu importait le degré d’importance de ses relations avec certaines de ses collègues. Ils connaissaient le strict minimum, et c’était bien suffisant : elle venait d’Angleterre, où elle avait exercé la profession de sage-femme quelques années ; l’absence d’alliance à l’annulaire de sa main gauche signifiait qu’elle n’était pas mariée, et seuls les plus observateurs et perspicaces d’entre elles auraient peut-être pu remarquer la marque laissée par celle qu’elle avait portée pendant dix-sept ans. Enfin, ils savaient qu’elle avait une fille en âge d’aller à l’université, et c’était à peu près tout. Pour des personnes qui partageaient une majeure partie de son quotidien, la part de mystère qu’elle entretenait restait relativement opaque. Voilà pourquoi se confier comme elle l’avait fait avec Marius – alors même qu’elle ne l’avait vu en tout et pour tout que quatre fois auparavant – et le laisser découvrir les souvenirs que l’album photo avait capturés, était un vrai pas en avant pour elle et pour eux. Il avait raison cependant : elle ne connaissait elle-même que peu de choses à son sujet, ce qui expliquait pourquoi elle ne pouvait pas dresser une liste précise de ses qualités et de ses défauts. Toutefois elle doutait que cette soirée serait la dernière pour eux, peu importait la tournure que prendrait leur relation. Il y avait donc fort à parier que s’il souhaitait à son tour évoquer son passé, l’opportunité finirait par se présenter tôt ou tard.

L’album photo fermé, Lynn avait pris une profonde inspiration pour calmer son palpitant qui s’était irrémédiablement emballé à la vue d’August et à l’évocation des souvenirs qui le concernaient. Elle avait admis à Marius qu’elle aurait pu être plus courageuse en affirmant plus tôt son désir de reprendre ses études, et il lui avait répondu que le plus important résidait dans le succès de son entreprise. Elle avait acquiescé, car elle savait qu’il avait raison. Elle avait mis énormément de temps à ouvrir les yeux sur son couple et à comprendre qu’elle ne pouvait résolument pas gâcher sa vie dans un rôle de femme au foyer qui ne la satisfaisait plus depuis des années. L’ultimatum lancé par August quand il avait demandé de choisir entre son métier et son mariage avait achevé de la convaincre, et à compter de ce moment-là tout n’avait plus été qu’une question de temps. Aujourd’hui elle ne regrettait pas sa décision de le quitter, son seul regret concernant le temps qu’elle avait mis pour rassembler le courage de se lancer.

Ne se préoccupant plus de ses cartons et n’accordant plus la moindre importance au désordre qui régnait dans son salon, Lynn avait pris place derrière le comptoir de la cuisine pour servir le vin blanc dans deux verres. Marius ne tarda pas à la rejoindre, et lorsqu’il sortit son téléphone portable pour lui révéler deux clichés successifs, celui d’une jeune femme puis celui d’une fillette, elle comprit qu’il avait choisi de partager à son tour son histoire. Ce qu’elle n’avait pas anticipé en revanche était la teneur de ce passé et les nombreux obstacles qui s’étaient dressés sur le chemin de son bonheur. Désorientée par ses premières confessions, elle demeura perplexe, son cerveau essayant tant bien que mal d’établir l’identité de ces deux personnes, Alice et Moïra. Si son premier réflexe fut de penser qu’Alice avait été sa femme, ou à défaut sa compagne, elle ne put s’empêcher de douter quand il mentionna des liens fraternels qui s’étaient brisés. Elle avait toujours pensé que la fratrie dont Marius lui avait parlé au Canvas n’incluaient en réalité que trois personnes : lui, Beth et Scarlett. Y avait-il une quatrième personne ? Marius avait-il une troisième sœur ? Elle le dévisagea un long moment et ses interrogations s’envolèrent, car la souffrance qu’elle lisait dans son regard ne pouvait pas être lié à un amour fraternel. Lynn s’en remit donc à sa première intuition. Quand elle osa enfin prendre la parole et avouer qu’elle était un peu perdue, elle vit Marius ciller à l’énonciation du mot « femme ». Son regard se durcit et elle regretta aussitôt d’avoir énoncé cette éventuelle conclusion. Alors, elle se contenta de lui adresser une dernière question avant de le laissait s’exprimer – avait-il un frère ?

Marius reposa son verre et chercha une nouvelle photo sur son téléphone portable avant de se lancer. Colleen ne pouvait dissimuler la curiosité qu’elle ressentait, mais cette dernière n’était pas mal placée, bien au contraire. Le regard de Marius s’était voilé de tristesse et les muscles de sa mâchoire étaient si contractés qu’elle redoutait les révélations à venir. Il reposa son téléphone sur le comptoir et après avoir croisé son regard, Colleen y jeta un coup d’œil pour découvrir une photo de famille. Ses craintes se confirmèrent quand Marius désigna le visage d’un frère dont l’existence avait échappé à la jeune femme. Les propos du beau brun firent écho à ce qu’il avait déjà révélé au Canvas, mais lui apportèrent en même temps plus de précision : le déséquilibre était avéré au sein de sa famille et c’était bien lui qui avait reçu le plus grand soutien de la part de ses parents, au détriment de ses cadets qui en avaient souffert. Lynn demeura silencieuse, n’osant pas le couper dans son récit alors qu’il poursuivait avec la rencontre d’Alice, la jeune femme qu’elle avait découverte sur la première photo. Ainsi, elle ne s’était pas trompée, cette dernière ayant été le premier et vraisemblablement le plus grand – voire le seul – amour de Marius. Sa gorge se noua quand il mentionna la rencontre entre Alice et Tommy, et ses mains se crispèrent sur le comptoir tant il lui fut difficile d’écouter la suite du récit. Elle respecta le silence de son invité quand il marqua une pause après la révélation du départ de celle qu’il aimait et de son frère cadet. Elle n’osait imaginer la trahison qu’avait dû ressentir Marius, ni la difficulté de sa reconstruction après ce coup de poignard enfoncé dans son cœur. Elle qui était fille unique et n’avait eu qu’un seul enfant à son tour ne pouvait pas comprendre les subtilités qu’engageaient les liens fraternels, mais tout portait à croire qu’elle n’avait rien à envier à la situation familiale de Marius. Pourtant, le pire était encore à venir. Le regard planté dans le sien, elle vit les émotions se succéder dans le bleu de ses yeux : la souffrance, l’envie, le deuil, le regret… Elle resta parfaitement immobile, absorbée par son récit et vivant les émotions qu’elle décelait sur son visage. La tension était telle et leur connexion si importante qu’elle peina à refouler les larmes qui vinrent border son regard. Quand Marius lui demanda si elle était effrayée, elle secoua lentement la tête. Comment aurait-elle pu l’être ? Elle était horrifiée, désolée, troublée… Mais certainement pas effrayée. A ses yeux, il n’avait pas à vouloir se repentir du choix qu’il avait fait après avoir récupéré la garde de Moïra. Sa réaction avait été humaine. Qui aurait pu le blâmer ? Tommy ? Le reste de sa famille ? Avaient-ils seulement idée de ce qu’il avait dû endurer ?

Quand il termina, Colleen ne put se résoudre à maintenir la distance entre eux. C’était plus fort qu’elle, elle était parvenue à rester à la fois silencieuse et loin de lui pour le laisser s’exprimer, mais maintenant que son récit était arrivé à son terme, elle ressentait un tel chagrin qu’elle ne put tout simplement plus s’en empêcher. Sans un mot, elle esquissa deux pas dans sa direction et enroula ses bras autour de sa nuque pour l’enlacer. Une larme roula sur sa joue alors que les propos de Marius résonnaient dans son esprit et que son imagination illustrait son histoire. Elle comprenait mieux à présent la carapace qu’il s’était forgée dans le but de protéger son cœur, la raison pour laquelle ce dernier demeurait irrémédiablement verrouillé. Avec un tel passé, un tel mécanisme de défense était inévitable. Elle étreignit un peu plus fort son corps contre le sien, les poings serrés si forts que ses ongles s’enfonçaient dans la paume de ses mains. Elle ferma les yeux. « Je suis désolée Marius » Murmura-t-elle dans son cou. « Si désolée… J’imagine à quel point il est difficile pour toi de te replonger dans de tels souvenirs. J’espère que tu ne te sentais pas obligé de le faire cependant… ». Elle n’osait pas commenter son histoire, car elle ne se sentait pas légitime pour pouvoir le faire mais elle compatissait à sa peine. Elle prolongea leur étreinte, fit de son mieux pour lui insuffler toute son empathie. Au bout d’un moment – trente secondes, une minute, dix ? Elle n’aurait su dire – elle desserra ses bras autour de sa nuque et dégagea progressivement son corps du sien pour accrocher son regard clair dans lequel le chagrin était presque impossible à soutenir. « Tu mérites d’être heureux, Marius. Tu mérites mieux que ça. Je ne peux pas t’expliquer comment ni te donner des conseils pour y parvenir, je n’ai pas cette prétention. Tout ce que je sais, c’est que tu mérites mieux, tellement mieux... ». Elle posa une main à plat sur sa joue, sonda le bleu de ses yeux. Elle n’avait aucune intention de le laisser penser que ce bonheur qu’elle lui souhaitait, c’était avec elle qu’il le trouverait. Il n’y avait plus de séduction entre eux. Elle ne jouait plus. Tout ce qu’elle voulait était compatir à sa peine et lui montrer que s’il avait besoin d’elle, elle était là pour lui. « A défaut de mes conseils, ce que je peux te proposer de mieux est une oreille attentive… Ainsi qu’un verre de vin, bien sûr ». Elle lui offrit un sourire un peu triste puis, sans détacher son regard du sien, elle dégagea sa main de sa joue pour chercher à tâtons le verre sur le comptoir, qu’elle lui donna. Puis elle saisit le sien et en but une gorgée pour le goûter, accueillant le liquide avec une certaine gratitude après toutes les émotions qu’elle venait d’éprouver.
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Message(#)just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) EmptyLun 25 Mai 2020 - 5:30

Replonger dans ton passé était quelque chose que tu détestais faire. Il y avait tellement de blessures qui venaient de ce que tu avais vécu que tu n’arrivais plus à les compter. Mais en plus des blessures, il y avait les nombreux échecs que tu avais essuyés. Le premier était sans doute celui qui était la source de beaucoup de problèmes plus tard, le premier avait été ton incapacité à créer des liens fraternels avec ton frère et tes soeurs. Tu avais fait du mieux que tu pouvais mais cela n’avait pas été suffisant, cela n’était jamais suffisant. Si tu regardais la situation de manière rationnelle, tu savais que ce n’était pas que de ta faute. Tu savais que tes parents et ta mère en particulier étaient tout aussi coupables, même plus peut-être que toi dans cette histoire. Mais cela n’empêchait pas que tu regrettais de ne pas avoir été assez … juste de ne pas avoir été un bon frère aîné. La guerre qui s’était installée entre Tommy et toi depuis l’enfance était un fait auquel tu avais toujours été habitué. Jamais cependant, tu n’avais pensé que les choses pourraient prendre la tournure qu’elles avaient prises. Le voir s’envoler avec Alice, c’était la trahison de trop, celle qui avait fini par te mettre KO. Et la personne qui t’avait relevée, c’était Beth. Quand tu pensais qu’aujourd’hui, elle avait du mal à te faire confiance, elle avait même du mal à passer du temps avec toi, cela te faisait mal. Mais ce n’était qu’un regret de plus à ajouter à la longue liste des choses que tu ne pouvais pas changer et que tu regretteras toute ta vie. Beth était une battante, elle l’avait toujours été. Face à l’indifférence de vos parents, elle avait persévéré, elle avait fait toujours plus pour leur montrer qu’elle aussi elle existait. Ses efforts l’avaient propulsé à son poste actuel mais pas beaucoup plus haut dans l’estime de tes parents qui préfèreraient la voir mariée et avec des enfants que directrice des programmes chez ABC. Toi, tu n’étais pas un battant. Toi, tu avais besoin de fuir quand les choses devenaient compliquées, tu avais besoin de temps pour te retrouver avant d’affronter la situation. Mais ça, Beth ne pouvait pas le comprendre. Le récit que tu venais de faire à Colleen te coûtait énormément mais il était nécessaire. Tu avais fait tomber les masques. Les mots sortaient de ta bouche et étaient accompagnés par les expressions de ton visage qui devait afficher toute la souffrance que tu avais ressentie, toutes les émotions que tu avais éprouvées au fil des années.

Tu osais à peine regarder Colleen parce que dans ton récit se cachait les plus évidents de tes défauts et tes plus grandes faiblesses. Ton incapacité à passer au dessus de la trahison de ton frère, cette rancune et cette vengeance que tu avais exécutée sans regret aucun cette fois. Oh les regrets étaient venus plus tard, quand il t’avait arraché Moïra aussi rapidement qu’il l’avait faite entrer dans ta vie. Un jour peut-être tu lui demanderas pourquoi il te l’avait laissée. Cela ne faisait toujours pas sens dans ton esprit, mais vraiment aucun. Il aurait pu la laisser à Beth ou à vos parents. Etait-ce un stratagème supplémentaire pour te faire souffrir ? Non, tu ne le pensais pas vraiment parce que ton frère n’avait pas dû pousser la réflexion jusqu’ici. Il aurait peut-être dû car venir te demander de veiller sur le fruit de son amour avec Alice, c’était … C’était bien trop cruel pour que ton frère y ait réellement pensé. Vous voilà aujourd’hui des années plus tard et vous n’aviez jamais abordé le sujet. Une autre fois peut-être, une autre fois. Le silence est pesant dans la cuisine mais il est nécessaire. Tu laisses le temps à Colleen d’absorber toutes les informations que tu viens de lâcher. Oh tu caches bien ton jeu, tu caches trop bien ton jeu peut-être. Derrière tes bonnes manières et tes sourires, peu de personnes se doutent des épreuves que tu as traversées. Cette histoire, seule ta famille la connaît et quelques personnes de ton entourage que tu comptes sur les doigts d’une main. Tu n’as pas besoin que les gens sachent, pas vraiment. Pourtant, quelque chose dans cette relation que tu construisais avec Colleen t’avait poussée à te livrer parce qu’elle devait comprendre. Elle devait comprendre que tes blessures n’étaient pas refermées, que ce n’était pas si évident pour toi de t’ouvrir, de laisser des personnes s’approcher de ton coeur parce que tu n’avais confiance en personne et surtout, tu n’avais pas confiance en toi. Qu’avais-tu à proposer à quiconque ? C’était le question que tu te posais souvent. Tu étais toujours celui qui restait sur le côté, celui que l’on laissait sur le touche. Alice l’avait fait de la pire des manières mais tu ne serais pas étonné d’apprendre qu’Evelyn était en couple elle aussi. La seule chose qui ne t’avait jamais laissé sur la touche était ta carrière, voilà pourquoi tu la traitais avec tant de soin.

Alors que ton regard commençait à compter les petites imperfections du sol sous tes pieds, tu entendis des pas résonner dans la cuisine et tu levais instinctivement la tête. Les yeux de Colleen étaient embués de larmes et tu n’eus le temps de rien dire qu’elle venait entourer ses bras autour de ton cou, te serrant contre elle. C’était tellement inattendu que pendant quelques secondes, tu ne bougeas pas, te figeant presque. Et puis tu sentis ton corps se détendre, comme si tout ce que tu avais lâché comme paroles avaient levé un poids que tu portais sur tes épaules. Tes bras vinrent entourer les hanches de Colleen et ton visage se perdit dans ses cheveux bruns. Avoir Colleen si près de toi, respirer l’odeur de son shampoing, c’était une manière de rester ancré dans le présent, de ne pas laisser les souvenirs gagner du terrain. Ils n’étaient que ça, des souvenirs. Maintenant tu avais le pouvoir d’en créer de nouveaux mais c’était si difficile … Tu sentis la larme de Colleen couler le long de ton cou et tu t’en voulus car tu n’avais pas envie de la faire pleurer, ce n’était pas le but. Tu ne lui avais pas raconté ton histoire pour qu’elle s’apitoie sur ton sort. « Je suis désolée Marius. Si désolée… J’imagine à quel point il est difficile pour toi de te replonger dans de tels souvenirs. J’espère que tu ne te sentais pas obligé de le faire cependant… » Obligé n’était pas vraiment le terme que tu utiliserais. Tu choisissais avec soin les personnes qui avaient droit à cette histoire et personne ne pouvait t’obliger à la conte. Toutefois, c’était un mal nécessaire dans ce cas-là parce que Colleen devait savoir que tu étais loin d’être parfait et que tu te promenais tous les jours avec un bagage émotionnel bien plus lourd que tu ne peux le supporter. Quand la jolie brune s’éloigne, tu retins un geste pour la retenir mais elle ne va pas loin. Tes bras se détachent de sa taille et tu plonges ton regard dans le sien. Instinctivement, ta main vient essuyer la larme que tu as senti couler quelques secondes ou minutes plus tôt. Le temps ne semble plus s’écouler de façon normale. Le visage de Colleen ne devrait jamais être couvert de tristesse comme il l’était maintenant, il ne méritait que d’abriter son beau sourire. Tu laissais ton pouce caresser sa joue une dernière fois avant de retirer ta main et de lui dire : « Je … C’est important que tu saches. J’ai bien conscience de ne pas être une personne facile à lire ou facile à vivre, c’est mieux que tu le saches. » Colleen avait déjà assisté à des moments où ton passé venait te hanter, où tes traumatismes revenaient comme pour te rappeler que tu ne seras jamais tranquille. Les gestes bien trop entreprenants de Charlotte en avait été un exemple sans parler de la mention de cours de surf il y avait quelques instants. « Je te fais confiance pour ne pas le crier sur les toits. » Il était évident que ce que tu lui avais confié était très personnel mais tu avais confiance en Colleen et tu voulais qu’elle le sache. Tu savais que si tu étais sorti avec une amie de Beth, jamais tu ne te serais confié ainsi, peut-être pas avant le vingtième rendez-vous et encore. Tu ne connaissais pas Colleen depuis longtemps mais lui faire confiance te semblait naturel. C’était un risque, un gros risque pour toi qui n’aimait pas en prendre dans tes relations sociales mais pour une fois, tu pouvais le faire non ? La main de la jeune femme sur ta joue te sortit de tes pensées et tu replongeais ton regard dans le sien : « Tu mérites d’être heureux, Marius. Tu mérites mieux que ça. Je ne peux pas t’expliquer comment ni te donner des conseils pour y parvenir, je n’ai pas cette prétention. Tout ce que je sais, c’est que tu mérites mieux, tellement mieux... » Etait-ce vraiment le cas ? Tu n’avais pas le sentiment de mériter grand chose. Tu ne cracheras pas sur un peu de bonheur dans ta vie mais cela te semble être un état que tu ne pourras jamais atteindre. Tu as envie d’essayer pourtant, maintenant que les choses semblent se calmer ou du moins qu’elles s’apaisent légèrement. La main de Colleen sur ta joue te ramène au Canvas même si la manière dont sa main est posée aujourd’hui n’a rien à voir avec le toucher d’il y a quelques jours. Il n’est plus question de flirt, pas maintenant, pas dans cette situation. Pourtant, un léger sourire se dessine sur tes lèvres à ce souvenir. Auras-tu droit à une pause dans les moments difficiles que l’on semblait vouloir te faire traverser ? « A défaut de mes conseils, ce que je peux te proposer de mieux est une oreille attentive… Ainsi qu’un verre de vin, bien sûr. » Tu posais ta main sur celle de la jeune femme, accompagnant sa descente. Tu exerçais une petite pression sur sa main pour lui faire comprendre la gratitude que tu ressentais à son égard. Tu laissais ensuite sa main s’échapper de la tienne et tu attrapais le verre qu’elle te tendait sans hésitation. En prenant une petite gorgée, tu lui dis : « C’est déjà bien plus que ce à quoi je pouvais m’attendre. » Lui dis-tu en faisant réapparaître un sourire amusé sur tes lèvres. Mais quelques secondes plus tard, tu ne peux t’empêcher de lui dire : « Merci. » Ton regard se plonge dans le sien et tu essaies de lui faire passer toutes tes émotions à travers ce simple mot. Il n’y a rien à ajouter de plus, cela serait de trop. Merci de t’avoir écouté, merci de ne pas t’avoir jugé, merci d’être toujours là et de ne pas être partie en courant … Oui, ta confiance en toi n’était pas à son meilleur niveau l’avais-tu mentionné ? Après un silence de quelques secondes, tu ajoutes : « Je ne sais pas si je mérite quoi que ce soit. Mais on verra bien de quoi l’avenir est fait. Peut-être qu’il sera un peu plus clément, mon frère accepte que je vois Moïra quelques fois par mois désormais. Baby steps right ? » Lui dis-tu avec un petit sourire sur le visage. Prenant une gorgée de vin, tu finis par dire : « Mais assez parlé de moi, quand tu n’es pas à l’hôpital à prendre soin de nos futures mamans ou à traîner avec Lou, qu’est-ce qui t’occupe ? » Changement de sujet radical, cela n’avait rien à voir mais tu étais venu ce soir pour apprendre à connaître Colleen et ce qu’elle faisait pendant son temps libre était important non ?


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