| just the way we are, two lost souls looking for a sign (colleen) |
| | (#)Mar 26 Mai 2020 - 21:16 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius WarrenLe récit de Marius avait exposé ses failles, révélé des faiblesses qu’elle ne lui aurait jamais soupçonnées. Certes, elle s’était bien doutée que quelque chose clochait et quand elle y repensait, les aveux de Marius cueillis au fil de leurs conversations avaient été parsemés d’indices. Comme quand il lui avait expliqué que sa sœur cadette, Scarlett, s’acharnait à vouloir à tout prix le caser, quitte à lui organiser des rendez-vous avec ses copines dans son dos. Ou lorsqu’il avait évoqué ses liens familiaux complexes, faisant mention de la différence de traitement entre plusieurs enfants d’une même fratrie. Il avait même admis au Canvas que c’était la première fois depuis longtemps que quelqu’un s’installait sur ses genoux. Et parce qu’ils avaient tellement plaisanté de l’utilisation de cette expression cette même soirée, elle se souvenait également de la déclaration qu’il avait faite à Charlotte avant son départ : Scarlett semblait penser qu’il avait besoin de se remettre en selle. Si l’expression faisait toujours sourire la jeune femme, la signification qui se cachait derrière cette phrase n’était pas anodine et en disait long sur le manque manifeste de relations dans la vie de Marius ces derniers mois. Tout s’expliquait à présent, à la lumière de ce qu’il lui avait conté. Pouvait-on vraiment sortir indemne d’une telle histoire, qui mêlait amour, trahison, deuil, souffrance, désir de vengeance… ? Qui impliquait sa propre famille ? Colleen en doutait sérieusement, elle ne pouvait pas se mettre à sa place mais elle pouvait cependant essayer d’imaginer ce qu’il avait ressenti. Parce qu’il avait été trahi à la fois par son premier amour et par son frère, il devait sans doute éprouver toutes les peines du monde à accorder de nouveau sa confiance. Et comment envisager une relation sérieuse avec sérénité sans cette base essentielle ? C’était quelque chose que Colleen ne pouvait pas concevoir. Si la confiance n’était pas présente dès le départ, il était quasiment impossible d’espérer poser les bases solides d’une relation.
Blottie contre Marius, elle sentit ses bras s’enrouler autour d’elle et prit une profonde inspiration contre son torse, sa tête se nichant plus confortablement dans le creux de son cou. Elle n’avait pas réfléchi lorsqu’elle avait volontairement réduit la distance entre eux car elle l’avait fait de manière instinctive et justement sans la moindre arrière-pensée. La situation n’était en rien comparable à celle qu’ils avaient vécue au Canvas, malgré les similitudes qui auraient pu apparaître aux yeux d’un étranger. Elle ne s’était pas rapprochée de son invité dans le but de le séduire ou d’initier un jeu dangereux. Ce n’était pas une comédie destinée à l’attirer dans ses draps. Son geste était aussi sincère que désintéressé. Son histoire l’avait émue et elle n’était tout simplement pas parvenue à rester loin de lui, sentant qu’il avait besoin de réconfort autant qu’elle avait besoin de sa proximité. Elle en avait même oublié qu’il n’était pas quelqu’un de tactile et que ce geste aurait pu le plonger dans l’embarras. Pourtant il n’avait pas opposé la moindre résistance, il l’avait laissée faire ce premier pas vers lui et quelque part elle lui en était reconnaissante car cela signifiait qu’il lui faisait confiance, tout comme il lui avait fait confiance en lui révélant son passé. L’étreinte se prolongea. Les yeux fermés, elle s’imprégna de son odeur corporelle et se laissa bercer par la mélodie de son cœur, dont elle pouvait sentir les battements frénétiques contre sa poitrine. Elle sentait son souffle dans ses cheveux et sur sa nuque, et elle se laissa happer par le confort et le sentiment de sécurité que cette sensation lui procura. Au bout d’un certain temps, qu’il lui fut impossible de mesurer, elle finit cependant par s’écarter de lui pour plonger son regard dans le sien et lui exprimer son émotion. Elle espérait sincèrement qu’il ne s’était pas senti obligé de lui raconter son histoire car son intention n’avait jamais été de le brusquer pour le pousser à le faire. Mais à en croire l’expression de son regard, cela ne semblait pas être le cas et elle en ressentit un profond soulagement. D’un geste d’une douceur infinie, Marius vint cueillir du bout du doigt la larme qu’elle avait laissé s’échapper, puis caressa sa joue avec tendresse. Il lui confia qu’il était important qu’elle soit au courant de son histoire, ce qui quelque part sonnait comme une promesse. S’il avait jugé nécessaire de lui révéler son passé, c’était probablement parce qu’il attendait quelque chose de leur relation, quelque chose que Colleen n’était toujours pas certaine de pouvoir lui donner mais dont la perspective ne l’effrayait plus autant qu’avant. Qui sait, peut-être qu’elle parviendrait à trouver un juste milieu entre son désir d’indépendance et son envie d’apprendre à connaître Marius ? Elle ne savait pas encore comment, ne détenait pas les clés d’un succès éventuel, mais cette soirée lui avait permis de lui ouvrir les yeux et de comprendre qu’elle ne parviendrait pas à en rester là avec le beau brun.
Il lui déclara lui faire confiance pour ne pas dévoiler son histoire au premier venu, et elle hocha la tête. « Bien sûr » Acquiesça-t-elle. Elle n’avait pas pour habitude de se confier sur sa propre histoire, alors pourquoi le ferait-elle avec celle de Marius ? Il pouvait dormir sur ses deux oreilles car jamais elle ne l’exposerait à quiconque de son plein gré. Le regard plongé dans le sien, la connexion quasiment impossible à briser, elle lui souffla qu’il méritait mieux et qu’il n’était sans doute pas trop tard pour trouver le bonheur. Elle espérait qu’il n’avait pas tiré la conclusion qu’elle parlait d’elle en disant cela, car elle n’était pas assez présomptueuse pour le sous-entendre. Le doute s’installa dans le regard de Marius et elle réalisa qu’il ne partageait pas sa conviction. Elle n’ajouta rien cependant et préféra lui tendre son verre tout en lui offrant une oreille attentive s’il en ressentait le besoin. Quand la main de la jeune femme quitta sa joue, il saisit ses doigts pour accompagner son geste et l’émotion lui noua la gorge. La chaleur était revenue dans son regard bleu et le geste la ramena inéluctablement au Canvas, où il avait passé un long moment à caresser ses mains avec une tendresse similaire. Elle chassa néanmoins le souvenir et récupéra son propre verre qu’elle fit claquer doucement contre le sien après qu’il l’ait remercié. Il avait retrouvé son sourire et Lynn ne put s’empêcher de lui en adresser un à son tour. « Je t’en prie » Se contenta-t-elle de dire, alors que son regard n’avait pas quitté celui de Marius un seul instant et que ce dernier semblait vouloir lui transmettre tellement de choses. Elle porta le verre à ses lèvres et goûta enfin le vin blanc qu’il lui avait ramené en début de soirée. Une boisson qui avait une saveur bien différente de celle des piña coladas de leur dernière entrevue. A l’image de cette soirée. Plus équilibrée. Plus douce. Plus agréable. Et si Colleen avait mal à la tête le lendemain, ce serait pour d’autres raisons.
Marius déclara qu’il ne savait pas de quoi l’avenir serait fait, mais que peut-être il serait plus clément. Il confia également que son frère acceptait désormais de le laisser voir sa nièce, ce qui était sans doute bon signe pour la suite. Il était attendrissant de constater à quel point son regard changeait quand il parlait de Moïra. Elle n’était peut-être pas sa fille biologique mais de toute évidence il la considérait comme telle. A défaut d’avoir encore sa mère, cette enfant avait un oncle qui s’occupait très bien d’elle. Baby steps, lui ajouta-t-il. Baby steps indeed pensa-t-elle en songeant à tout autre chose. « Tu as raison, il faut prendre les choses les unes après les autres » Acquiesça-t-elle. Elle ne se faisait pas d’illusion quant à la relation que Marius entretenait avec son frère, cette dernière semblait bien trop complexe et ancienne pour qu’elle puisse s’améliorer du jour au lendemain. Mais peut-être qu’avec le temps, ils apprendraient à se tolérer plus qu’à s’apprécier, s’ils comprenaient que c’était dans le meilleur intérêt de Moïra. Elle n’ajouta rien mais Marius opéra un changement radical de sujet quand il recentra la conversation sur elle. Qu’il veuille clore le sujet de sa famille n’était pas étonnant ; s’il n’avait pas l’habitude de se confier il n’avait sans doute pas l’intention de s’épancher là-dessus toute la soirée. Elle décrocha enfin ses yeux des siens pour contourner le comptoir afin de revenir derrière celui-ci, et saisit le cake végétarien qu’elle avait sorti du four peu avant l’arrivée de Marius afin d’en couper plusieurs parts. « Oh tu sais, prendre soin des futures mamans et de ma fille occupe déjà une grande partie de mon temps » Fit-elle en disposant les parts de cake sur le plateau. Elle se retourna, ouvrit le réfrigérateur et en extirpa les roulés de jambon cuit au chèvre qu’elle arrangea à côté des feuilletés et des toasts. « Mais j’avoue que je profite bien de mon temps libre également. J’ai commencé à prendre des cours de danse et de yoga en arrivant à Brisbane, et ça me plaît beaucoup. Je n’ai jamais eu la possibilité de m’y mettre quand j’étais à Londres et c’est une jolie découverte ». Elle s’empara enfin du plateau – bien garni, si l’on considérait qu’ils n’étaient que deux – et le tint à deux mains en se dirigeant vers le salon, tout en invitant Marius à la suivre. Elle installa le plateau sur la table basse et reprit son verre qu’elle avait installé sur celui-ci en attendant. « La danse me permet de m’amuser et le yoga de m’apaiser. C’est plutôt complémentaire, du coup. Je ne suis pas très douée pour la danse, mais une amie m’a récemment expliqué que le principal était que je m’amuse, et c’est le cas ». Installée sur le canapé, elle reprit une gorgée de vin avant de poser son verre sur la table. « Et j’ai aussi commencé à faire du bénévolat à l’hôpital très récemment, au service pédiatrie. J’ai mis du temps à me lancer parce que je voulais être sûre de pouvoir gérer tout ça à la fois, mais je pense que je ne m’en sors pas trop mal. Les enfants sont adorables et je te prie de croire que je ne m’ennuie pas une seule seconde avec eux ! » Fit-elle en esquissant un sourire amusé. « C’est ce que je voulais faire, plus jeune. Pédiatre. Mais bien sûr, tu connais la suite ». Elle saisit un morceau de cake qu’elle glissa dans sa bouche. Il était encore un peu tiède, ce qui le rendait plus moelleux, exactement comme elle l’aimait. « Et toi ? Tu ne vas pas me faire croire que tu passes ton temps enfermé dans ton bureau à corriger les copies de tes étudiants… Ou à convoquer les parents des élèves qui te donnent un peu trop de fil à retordre ? » Dit-elle d’un air malicieux.
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| | | | (#)Mer 27 Mai 2020 - 11:30 | |
| Beaucoup de gens aimaient parler d’eux. Combien de fois avais-tu entendu Beth se plaindre d’hommes avec qui elle était sortie et qui enchainaient les monologues sur le sujet qu’ils connaissaient le mieux : eux. Ce n’était pas ton cas. En général, le moins tu en disais, le mieux tu te portais. Tu donnais quelques vagues détails par-ci par-là faisant croire à tes interlocuteurs que tu leur offrais une partie de toi mais ce n’était que rarement le cas. Tu ne leur devais rien et tu préférais les entendre parler d’eux que d’avoir à faire de même. Ce soir pourtant, tu avais retracé ton histoire. Tu l’avais retracée parce qu’il t’avait semblé important que Colleen la connaisse, qu’elle ait toutes les cartes en main pour la suite. Quelle était cette suite exactement ? Tu ne pouvais pas le dire et la belle brune qui te faisait face non plus mais rien que le fait que tu imagines qu’il y ait une suite était nouveau. Rien que le fait de sentir qu’il était important de te confier pour que Colleen te comprenne mieux était totalement nouveau. C’était la plus grande preuve de confiance que tu pouvais lui donner car rien ne t’assurait qu’elle n’irait pas partager cette histoire avec d’autres. Tu en doutais fortement mais ta confiance avait souvent été abusée alors tu ne voulais pas non plus te voiler la face. Tu avais toujours pensé que tu regretterais l’aveu de cette histoire dès que tu l’aurais fait. Avec ta famille, il n’y avait pas eu besoin de le raconter, ils l’avaient vu se dérouler et c’était aussi le cas de tes proches au courant. Il n’avait jamais été question de leur conter l’histoire du début, ils avaient été là pour toutes les étapes. Tu étais peut-être un gentleman, intelligent, cultivé et séduisant mais tu étais aussi marqué au fer rouge par des expériences passées qui rendront certaines de tes réactions excessives et peut-être incompréhensibles pour Colleen. Au moins maintenant, elles seront compréhensibles, peu importe qu’elle les accepte ou pas, elles auront une explication.
Contrairement à l’étreinte que vous aviez partagée quand vous étiez au Canvas, celle que vous partagiez ce soir était bien plus intime et en même temps dénuée de toute attente ou sous-entendu. Ce soir, ce n’était pas un jeu de séduction, c’était une manière pour Colleen de te montrer qu’elle avait compris et qu’elle était là. Cette étreinte, inattendue, était la meilleure manière pour toi de clôturer cette histoire. C’était une manière de t’encrer de nouveau dans le présent et uniquement dans le présent alors que le corps de Colleen était blotti contre le tien et que tu pouvais caler ta respiration sur la sienne pour calmer ton rythme cardiaque. C’était rassurant, c’était exactement ce dont tu avais besoin sans savoir que c’était ce dont tu avais besoin. Tu essuyais délicatement la larme qui avait coulée sur la joue de Colleen parce qu’il était temps qu’un sourire vienne de nouveau se dessiner sur son visage. Tu n’as pas voulu la faire pleurer, ce n’était pas ton but. Avec la plus grande sincérité, tu lui avoues qu’il te semblait important de lui confier cette partie de ton histoire. Tu n’étais plus un adolescent rêveur depuis longtemps. Tu ne savais pas où cette relation avec Colleen pouvait vous mener, tu n’étais pas certain d’être prêt à ce que cela mène quelque part mais tu te rendais compte que cela n’avait pas d’importance. Que Colleen prenne une place plus importante dans ta vie ou qu’elle reste une amie, elle sera toujours une personne de confiance qui te comprendra mieux que la plupart des gens parce qu’elle saura voir derrière la carapace d’homme parfait que tu t’es créée. Tout ce que tu savais à cet instant précis c’était que pour une fois, tu avais l’impression d’avoir fait le bon choix et tu ne regrettais rien. Colleen n’avait pas fui, au contraire même, cela faisait quelques jours qu’elle n’avait pas été aussi proche et cela te rassurait, te donnait l’espoir que peut-être, tout n’était pas perdu. Quand tu dis à Colleen que tu comptais sur elle pour ne pas crier ton histoire sur tous les toits, c’était presque réthorique car il était évident que ce que tu lui avais confié n’était pas majeur. « Bien sûr » La remercier te sembla ensuite être une évidence. Peut-être qu’elle pensait que c’était normal mais tu ne le pensais pas de ton côté. Elle t’avait écouté, elle avait tout absorbé et elle n’avait fait aucun commentaire à la fin. Ce qui était fait était fait, cela ne servait à rien de remuer le passé plus que cela. Seul le futur pouvait être changé, pas le passé. « Je t'en prie » La laisser s’éloigner était un déchirement mais un déchirement nécessaire. Ton attraction envers Colleen était réelle et tu n’étais pas en mesure de prendre les bonnes décisions donc ton état actuel alors que tu étais en train de redescendre de la montagne russe des émotions que cette confession avait fait apparaître chez toi. Le vin qui vint toucher tes papilles ne fut pas de refus mais tu savais que ce serait ton dernier verre. Deux c’était déjà bien assez … Tu ne pouvais t’empêcher d’être un peu moins optimiste que Colleen pour ton avenir mais cela n’empêchait pas que tu espérais qu’il soit moins dramatique et plus heureux que ce qu’il n’avait été. Le fait que tu puisses voir Moïra à peu près régulièrement était déjà un bonheur inestimable à tes yeux. « Tu as raison, il faut prendre les choses les unes après les autres » N’ayant rien à ajouter à ce sujet, tu te contentais d’un léger sourire en direction de Colleen, soulagé quand elle te laissa changer de sujet.
Ta première mission ce soir était d’apprendre à mieux connaître la jeune femme. Et tu avais appris des choses à son sujet, notamment sur son mariage qui n’avait pas été aussi heureux que ce à quoi tu t’attendais. Mais il y avait des choses que tu ne savais pas sur Colleen et qui pouvait nourrir la conversation sans vous emmener à partager des moments trop douloureux ou trop intimes. Comme la manière dont Colleen occupait son temps quand elle n’était pas au travail ou avec sa fille. « Oh tu sais, prendre soin des futures mamans et de ma fille occupe déjà une grande partie de mon temps » Tu n’en doutais pas une seule seconde mais elle devait avoir d’autres activités rien qu’à elle pour souffler un peu non ? Tu la laissais s’occuper du cake et des petits fours qu’elle sortit du frigo hésitant à lui proposer ton aide. Mais elle semblait avoir les choses en main, tu te rattraperas quand il sera temps de débarrasser. « Mais j’avoue que je profite bien de mon temps libre également. J’ai commencé à prendre des cours de danse et de yoga en arrivant à Brisbane, et ça me plaît beaucoup. Je n’ai jamais eu la possibilité de m’y mettre quand j’étais à Londres et c’est une jolie découverte. La danse me permet de m’amuser et le yoga de m’apaiser. C’est plutôt complémentaire, du coup. Je ne suis pas très douée pour la danse, mais une amie m’a récemment expliqué que le principal était que je m’amuse, et c’est le cas » Un sourire se dessina sur ton visage. Tu avais donc vu juste, Colleen avait bien ses petites activités. Alors que le yoga ne t’inspirait pas, tu avais envie de la voir danser. Malgré ce qu’elle te disait sur ton niveau, cela devait être amusant à regarder et il se pouvait qu’elle soit bien meilleure que ce qu’elle laissait entendre. « Tu fais quoi comme type de danse ? » Lui demandas-tu curieux. Il y en avait tellement que la question était justifiée à tes yeux. Tu n’étais pas un spécialiste mais ce serait plus facile d’imaginer Colleen en faire si tu avais une vague idée au moins. « Si tu fais des représentations un jour, j’espère recevoir une invitation. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil pour la taquiner. « J’ai pris des cours de danse quand j’étais adolescent. Ma mère a insisté car tout homme doit savoir mener sa partenaire sur la piste de danse n’est-ce pas ? » Tu n’aurais eu aucun problème à laisser ta partenaire mener de ton côté mais c’était inimaginable pour ta mère. « C’est bien le seul sport que j’ai pratiqué avec plaisir à l’époque. » Il y avait aussi le surf désormais mais ce n’était pas pareil. Enfin, la danse n’était pas considérée comme un sport pour beaucoup mais tu te fichais de ce que pensaient les gens, tu n’étais pas sportif, tu laissais cela à Tommy sans aucun problème. « Et j’ai aussi commencé à faire du bénévolat à l’hôpital très récemment, au service pédiatrie. J’ai mis du temps à me lancer parce que je voulais être sûre de pouvoir gérer tout ça à la fois, mais je pense que je ne m’en sors pas trop mal. Les enfants sont adorables et je te prie de croire que je ne m’ennuie pas une seule seconde avec eux ! C’est ce que je voulais faire, plus jeune. Pédiatre. Mais bien sûr, tu connais la suite » Ah … Donc Colleen avait repris ses études mais elle n’avait pas fait le métier pour lequel elle se destinait quand elle était jeune. C’était intéressant à savoir mais tu ne te serais jamais douté qu’elle avait voulu faire autre chose que sage-femme car elle semblait beaucoup aimer son métier. Tu pensais à Justine qui travaillait comme infirmière en pédiatrie, Colleen devait certainement l’avoir croisée. « Je ne doute pas une seconde que tu n’as pas le temps de t’ennuyer. C’est vraiment super que tu puisses donner de ton temps comme ça. Je connais une infirmière dans le service qui m’a proposé de venir donner des cours de dessin aux enfants si j’avais le temps. Il serait peut-être temps que je la rappelle à ce sujet. » L’idée de croiser Colleen à l’hôpital, dans son élément était une idée qui te plaisait énormément. vous étiez retournés vous asseoir sur le canapé et tu ne pus t’empêcher d’ajouter : « Tu aurais fait une excellente pédiatre, j’en suis certain. » Tu te penchais ensuite pour attraper un petit four et tu en tendis un à Colleen. Si vous continuiez à boire, il était peut-être temps de manger un peu pour compenser. « Et toi ? Tu ne vas pas me faire croire que tu passes ton temps enfermé dans ton bureau à corriger les copies de tes étudiants… Ou à convoquer les parents des élèves qui te donnent un peu trop de fil à retordre ? » Non, tu ne passais pas du tout ton temps à faire tout ça, au contraire même ! Tu étais bien plus souvent dans les galeries ou les musées mais à quel moment est-ce que c’était du travail ou du temps pour toi ? Tu n’essayais plus de dessiner cette ligne depuis longtemps. « Quand tu enseignes une matière qui est également ta passion, la ligne entre le travail et l’à côté n’est plus très claire. Je passe le plus clair de mon temps libre à arpenter les galeries de la ville pour y découvrir de nouveaux artistes et de nouvelles idées pour mes cours. J’arpente aussi les musées, depuis le temps, j’en connais les conservateurs et c’est toujours agréable de prendre le temps de parler de chaque exposition, de ce qui arrive. Et ils sont en général partant pour des projets avec l’université. » Oui parce que ta vie tournait en grande partie autour de ton travail et même si tu appréciais l’art que tu voyais pour toi, l’idée d’un nouveau projet, d’un nouveau partenariat n’était jamais loin. « Mais j’ai bien une activité qui m’occupe et dont peu de gens connaissent l’existence. » Tu n’aimais pas parler de l’art que tu produisais et encore moins le montrer. Pourtant, après ce que tu avais confié à Colleen ce soir, cette confession semblait bien ridicule. « Je n’ai jamais été un grand artiste, je laisse ça à mes élèves mais je peins des aquarelles. Je ne sais pas exactement pourquoi des aquarelles, certainement car c’était ce à quoi j’étais le moins mauvais. » Lui dis-tu avec un sourire timide sur les lèvres.
@Colleen Sainsbury |
| | | | (#)Mer 27 Mai 2020 - 21:05 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius WarrenLa conversation prit un tournant moins personnel, moins douloureux. L’évocation du passé de Marius ne s’était pas faite sans peine, et même si Colleen lui était reconnaissante de lui avoir partagé un pan important de son histoire – si ce n’était le plus important – elle était soulagée de constater qu’ils étaient capables de revenir à un sujet de conversation moins sensible, et plus ordinaire. La tension retomba, la gorge de Colleen se dénoua et les sourires vinrent à nouveau s’installer sur leurs lèvres. Parler de ses loisirs était bien plus aisé que d’aborder des thèmes comme la famille ou les regrets. Cela leur permettait d’apprendre à se connaître tels qu’ils étaient maintenant, ce qui aux yeux de la jeune femme importait beaucoup plus que de découvrir ce qu’ils avaient été par le passé. De par leurs conversations précédentes, ils n’avaient jamais été amenés à se dévoiler autant. Ils n’avaient évoqué que des sujets superficiels les deux premières fois – la pluie, le beau temps, le déménagement de Colleen à Brisbane, l’installation sur le campus de sa fille. La troisième fois, le cadre formel à l’origine de leur rendez-vous ne leur avait pas non plus permis d’entrer dans les détails et, à nouveau, la conversation s’était cantonnée à des sujets assez vagues, peu personnels. Enfin, lors de leur quatrième rencontre, la donne avait changé. Oubliant sa pudeur et sa réserve coutumière, Lynn s’était lancée dans un jeu de séduction qui lui avait permis de découvrir un nouvel aspect de la personnalité du beau brun. Un aspect qui avait éveillé sa curiosité et qui lui avait ouvert les yeux sur l’attirance qu’elle ressentait à son égard. Ce soir-là, les gestes avaient eu plus d’importance que les paroles. Elle avait goûté à son contact du bout de ses doigts et s’était délectée de cette saveur inconnue et enivrante. Elle qui était arrivée à Brisbane dans l’optique de sortir de sa zone de confort avait d’une certaine façon atteint son objectif en se comportant d’une manière qu’elle n’aurait jamais pu anticiper. Toutefois, l’heure n’avait pas été aux confidences au Canvas. Les mots qu’ils avaient échangés avait été prononcés de manière presque aguicheuse, de manière à tester l’autre plutôt qu’à l’inciter à se confier. C’était la raison pour laquelle cette soirée était si particulière aux yeux de la jeune femme. Dans l’intimité de son appartement, ils pouvaient enfin se livrer et apprendre à se connaître sans que ne pèsent sur leur conversation des attentes qu’ils n’étaient pas encore prêts à assumer consciemment. Et c’était agréable. Colleen ne pouvait nier qu’en dépit de ses réticences initiales, son intérêt pour Marius était grandissant. Nul ne savait de quoi l’avenir serait fait, mais ce dont elle était persuadée en revanche, était que cette rencontre ne serait pas la dernière.
Se dirigeant vers le salon les bras chargés du plateau généreusement garni, elle confia à Marius qu’elle prenait des cours de danse et de yoga depuis plusieurs mois à présent. Deux activités qui avaient immédiatement attiré son attention lorsqu’elle avait consulté les cours donnés à Brisbane. Le yoga, pour commencer, était une pratique à laquelle elle s’était intéressée dès la reprise de ses études. La gestion de la respiration était incontournable dans l’anticipation d’un accouchement, et les techniques de relaxation étaient introduites dès les cours de préparation à la naissance. Il était de plus en plus fréquent de proposer aux futures mamans des cours de sophrologie afin de développer une sérénité nécessaire à l’approche d’un moment important de leur vie, et d’évacuer l’angoisse qu’il pouvait provoquer chez certaines. Ainsi, soucieuse de se former et d’améliorer ses compétences professionnelles, cette discipline s’était imposée comme une évidence pour Colleen. Les cours de danse en revanche, elle les avait davantage choisis sur un coup de tête. Elle ne s’était jamais vraiment intéressée à cette activité auparavant, mais la perspective de se lancer dans cette nouvelle activité l’avait néanmoins séduite. Comme elle venait de le dire à Marius, yoga et danse étaient parfaitement complémentaires à ses yeux : le yoga l’apaisait et la danse lui permettait de se défouler.
« On varie les styles » Commença-t-elle, pour lui répondre. « Mais ça reste moderne je dirais, et on travaille quasiment toujours sur des musiques actuelles. En ce moment on travaille sur Thrift Shop, de Macklemore, et c’est du sport ! ». Elle croisa le regard de Marius au-dessus de son verre de vin et esquissa un sourire. « Oh non, n’y pense même pas… Si tu crois que je vais te faire une démonstration, tu te fourres le doigt dans l’œil ! » Déclara-t-elle les sourcils haussés. Elle n’avait pas la moindre intention de se couvrir de ridicule sous les yeux de son invité, elle tenait à sa crédibilité. Car quand elle lui avait confié qu’elle n’était pas douée, elle ne faisait pas preuve de modestie, c’était la triste vérité : sa technique était laborieuse et elle peinait parfois à gérer la cadence. De plus, ils avaient découvert leur dernière chorégraphie au dernier cours et elle n’avait donc pas encore mémorisé tous les pas. Mais Marius ne s’avoua pas vaincu pour autant, lui annonçant avec malice qu’il espérait recevoir une invitation si une représentation était prévue prochainement. Ce qui était le cas, mais elle ne savait même encore pas si elle y participerait – et ce ne serait pas avant plusieurs mois de toute façon. « Mmmmh, laisse-moi réfléchir… » Fit-elle, l’air vaguement pensif. Elle posa son doigt sur son menton, comme si elle envisageait réellement cette possibilité, avant de river son regard sur Marius. « Je ne crois pas, non » Annonça-t-elle gaiement en remuant son index en signe de dénégation, un large sourire aux lèvres. « Je n’ai pas l’intention de te donner une occasion de te moquer de moi » Ajouta-t-elle en haussant les épaules puis en se penchant vers la table basse pour poser son verre et saisir un toast. Si Marius lui avait proposé de cuisiner avec elle, ou même de bricoler, elle n’aurait pas été aussi catégorique, parce qu’elle connaissait ses compétences pour ces activités. La danse en revanche… C’était une autre paire de manches. Surtout s’il était lui-même bon danseur ! Décidément, sa mère avait des idées bien arrêtées sur ce qu’un homme devait être capable de faire… Et aussi sur ce qu’une femme devait être. Si elle ne remettait pas en cause l’éducation de Marius car elle lui avait permis de développer les manières d’un parfait gentleman, elle n’était pas certaine en revanche d’approuver la conception du mariage de sa mère. Une conception qui n’était pas sans lui rappeler celle de l’homme qui avait été son beau-père pendant dix-sept ans. Les similitudes entre la famille d’August et de Marius lui apparaissaient progressivement, et ce n’était clairement pas à l’avantage de ce dernier. « Et monsieur est capable de danser, en plus… Tu es vraiment le gendre idéal ». Puis, réalisant avec horreur ce que ses propos pouvaient sous-entendre, elle grossit les yeux alors que le rouge lui montait aux joues. « Enfin… Tu m’as compris ! Je n’ai aucune intention que tu deviennes mon gendre, ce n’est pas ce que je voulais dire ! » Tenta-t-elle de se rattraper, non sans peine. Elle avait manqué une occasion de se taire… Quelle idée de dire une chose pareille après ce qui s’était passé en cours d’histoire des arts avec Lou !
Recentrant la conversation sur ses loisirs, Colleen parla de son bénévolat au service pédiatrie de l’hôpital. C’était quelque chose dont elle était très fière, quelque chose qui lui mettait du baume au cœur. Elle y avait longuement réfléchi avant de prendre sa décision – plus pour une question d’organisation que de volonté – mais était ravie d’avoir su dégager du temps dans son agenda pour pouvoir donner de sa personne auprès des petites têtes blondes du service. Et si elle faisait de son mieux pour ne pas trop s’attacher aux enfants, de peur de voir son cœur se briser à leur départ de l’hôpital ou pour une raison plus tragique, c’était peine perdue et elle le savait très bien. Elle révéla à Marius son ambition de devenir pédiatre quand elle avait commencé ses études de médecine, et il lui répondit qu’il n’avait aucun mal à l’imaginer exercer cette profession. Apparemment, il connaissait aussi une infirmière du même service qui lui avait proposé de venir donner des cours de dessin aux enfants. Colleen se redressa, son verre de vin à la main. « C’est une excellente idée, ils seraient ravis ! ». Elle n’avait aucune difficulté à imaginer Marius au milieu des enfants. Certes, ce n’était pas la catégorie d’âge à laquelle il avait l’habitude d’être confronté dans l’exercice de sa profession, mais elle était certaine qu’il se débrouillerait très bien quand même. Certaine, aussi, que les fillettes tomberaient immédiatement sous son charme. « Tu n’aurais jamais dû me dire ça, l’information est gravée ici » Fit-elle en tapotant sa tempe. « Et j’ai bien l’intention de te harceler jusqu’à ce que tu acceptes de venir, quitte à venir sonner chez toi tous les jours » Ajouta-t-elle avec un sourire. « Je peux me montrer très persuasive, tu serais étonné ». Colleen arqua un sourcil pour appuyer ses propos. Elle n’irait peut-être pas jusqu’à se rendre chez lui quotidiennement, mais elle avait toujours son téléphone portable… Elle pouvait assurément en faire bon usage ! Elle saisit la part de cake qu’il lui tendit et le dévisagea d’un air plus sérieux quand il assura qu’elle aurait fait une excellente pédiatre. Le fait d’avoir été contrainte d’arrêter ses études et d’abandonner son projet professionnel demeurait le plus grand regret de sa vie, mais avec du recul elle avait trouvé une profession qui la satisfaisait pleinement et qu’elle ne regrettait pas d’exercer. A défaut de pouvoir s’occuper de la santé des enfants, elle avait choisi de focaliser son attention sur les mamans – futures mamans et nouvellement mamans. Et c’était quelque chose qui lui plaisait beaucoup. « Merci » Fit-elle simplement avant de s’intéresser à ses propres loisirs. Elle apprit qu’il passait une partie de son temps libre dans les galeries d’art et les musées, ce qui n’étonnait pas vraiment la jeune femme ; il lui donnait l’impression de s’investir énormément pour ses élèves. Elle acquiesça. Elle-même n’y connaissait pas grand-chose à l’art, et ne s’y intéressait pas vraiment non plus. Quand il s’agissait d’aménager un appartement avec goût, elle savait y faire, mais son expertise s’arrêtait là et elle n’était même pas certaine que cela puisse être considéré comme de l’art. Toutefois elle ne doutait pas que Marius était capable de rendre les visites de musées captivantes pour ses élèves. Il continua en lui expliquant qu’il aimait également peindre. Des aquarelles, en particulier. Elle haussa les sourcils, impressionnée. « Des aquarelles ? J’adorerais voir ça ! Tu as des sujets de prédilection ? Ou tu fonctionnes à l’inspiration, en fonction de ce que tu vois dans la vie de tous les jours ? ». Elle termina son verre de vin et le reposa sur la table. « Je suis impressionnée, je suis moi-même incapable de dessiner quoique ce soit… Si tu avais vu mes croquis censés représenter l’anatomie quand j’étais en médecine… Pitoyable ». Elle sourit à l’évocation de ce souvenir. « Tu me montreras un jour ? ».
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| | | | (#)Jeu 28 Mai 2020 - 17:54 | |
| Revenir à des sujets de conversation plus léger, c’était le mieux à faire pour que cette soirée puisse reprendre une direction plus sympathique. Les aveux que vous aviez l’un et l’autre faits ce soir étaient importants mais il y avait d’autres choses que vous pouviez découvrir l’un de l’autre sans avoir besoin de vous plonger dans des souvenirs douloureux. C’est en repensant à tes rencontres précédentes avec Colleen que tu t’étais rendu compte qu’il était possible de passer du temps avec quelqu’un sans réellement apprendre beaucoup de choses à son sujet. Et tu t’étais aperçu que pour la première fois depuis longtemps, tu étais attiré par une femme sans la connaître vraiment. C’était d’ailleurs pour cela que tu voulais la revoir, tu voulais apprendre à connaître Colleen, en savoir toujours un peu plus. Il y avait quelque chose d’excitant à cette idée. Découvrir une nouvelle personne, encore plus quand derrière se cachait une attirance physique dont vous ne parliez pas mais qui était palpable depuis votre rencontre au Canvas, c’était une expérience que tu n’avais pas faite depuis longtemps. Et dans ce cas-là, on ne peut pas attendre que la personne se dévoile sans le faire de son côté également. Voilà pourquoi tu t’étais retrouvé à partager des morceaux de ton histoire mais aussi des petites anecdotes bien moins conséquentes avec la jolie brune. En lui demandant ce qu’elle faisait de son temps libre en dehors du temps qu’elle passait avec Lou, tu ouvrais la porte à de nombreuses conversation qui ne risquaient pas de vous amener sur des terrains glissants si tout allait bien. Colleen te confia donc s’être mise à prendre des cours de danse et de yoga. Tu laissais cette dernière discipline de côté bien plus intéressé par l’aveu de ses cours de danse. « On varie les styles. Mais ça reste moderne je dirais, et on travaille quasiment toujours sur des musiques actuelles. En ce moment on travaille sur Thrift Shop, de Macklemore, et c’est du sport ! » Sans surprise, tu ne sais pas du tout de quelle chanson elle parle. Tu n’écoutes que peu de musiques contemporaine, la plupart imposée par ta nièce quand tu la vois et sinon, tu ne prends pas le temps de retenir le nom du titre ou l’artiste. Tu croyais Colleen sur parole cependant si elle te disait que c’était une chanson bien rythmée. Tu ne pus t’empêcher de l’imaginer en train de t’en montrer un morceau et apparemment, cela pouvait se lire sur ton visage. « Oh non, n’y pense même pas… Si tu crois que je vais te faire une démonstration, tu te fourres le doigt dans l’œil ! » Tu laissais échapper un petit rire à ces paroles. Il fallait avouer que tu aurais bien aimé voir Colleen te montrer son talent de danseuse ou son absence de talent apparemment mais tu ne comptais pas la forcer à le faire non plus, tu n’en étais pas là. « T’es pas drôle. » Finis-tu par lui dire avec une petite moue sur le visage. Ne voulant pas laisser passer ta chance de la voir danser, tu décidais de ne pas baisser les bras de suite et de lui demander si une représentation était prévue et si c’était le cas de t’envoyer une invitation. Tu te souvenais d’amies à toi qui étaient dans une école de danse à l’époque et de galas à la fin de l’année où elles faisaient des démonstrations. Tu avais assisté à certains d’entre eux avec plus ou moins d’enthousiasme mais tu y avais assisté. « Mmmmh, laisse-moi réfléchir… » Tu n’avais pas besoin de la laisser réfléchir tu savais déjà qu’elle allait te dire non. Enfin, pour le moment. La fin de l’année était encore loin, tu n’avais pas envie de t’avouer vaincu. « Je ne crois pas, non. Je n’ai pas l’intention de te donner une occasion de te moquer de moi » Ce n’était pas comme cela que tu le voyais. Tu ne voulais pas voir Colleen danser pour te moquer, tu voulais juste la voir danser parce que ce serait juste quelque chose de plus à partager. Tu la taquinerais peut-être un peu mais te moquer ? Non, ce n’était pas ton style. Levant les deux mains de chaque côté de ta tête tu lui dis : « Très bien, j’accepte de ne pas avoir d’invitation … pour l’instant. Je n’abandonne pas l’idée de te voir te produire. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. « Et je ne me moque pas, je taquine. » Lui dis-tu un sourire en coin sur les lèvres. Si elle refusait vraiment que tu ailles la voir à l’oeuvre, bien sûr que tu n’allais pas y aller. Respecter les souhaits des autres, c’était une forme de consentement. Tu confiais ensuite à Colleen que ta mère t’avait forcé à prendre des cours de danse. Toi et toute ta fratrie bien entendu. Malheureusement, ayant plusieurs années d’écart avec ton frère et tes soeurs, tu avais dû affronter ces leçons tout seul. « Et monsieur est capable de danser, en plus… Tu es vraiment le gendre idéal. » Tu manquais de t’étouffer avec la bouchée que tu venais de prendre aux paroles de Colleen. Elle sembla réaliser ce qu’elle venait d’insinuer au moment même où les mots avaient quittés la bouche. Le visage horrifié de la jeune femme était bien plus drôle que le sous-entendus des mots qu’elle venait de prononcer : « Enfin… Tu m’as compris ! Je n’ai aucune intention que tu deviennes mon gendre, ce n’est pas ce que je voulais dire ! » Attrapant ton verre de vin, tu fis passer le morceau de toast avant de rire. Oui, tu voyais ce que Colleen voulait dire mais vu l’attitude de Lou depuis le début de l’année, le double-sens de cette phrase était … vraiment amusant. « Cela tombe bien, je n’ai aucune intention de le devenir. » Lui répondis-tu amusé de la situation. « Ma mère a veillé à ce que nous soyons tous bons à marier. Pas de chance pour elle, nous ne semblons pas vouloir suivre ce chemin tout tracé. » Et c’était peu de le dire. Tu savais que ta mère était verte de rage que les enfants de ces camarades de l’église se marient tous les uns après les autres alors que Beth, Scarlett ou toi refusiez d’y penser.
Colleen te parla ensuite du temps qu’elle passait à faire du volontariat auprès des enfants à l’hôpital. Cela te fit de suite penser à la conversation que tu avais eue avec Justine et à sa proposition de venir donner des cours de dessins aux enfants à l’occasion. Tu n’avais pas envisagé très sérieusement cette proposition jusqu’ici, tu n’étais toujours pas certain de le faire car tu ne pensais pas être ce que les enfants de cet âge-là recherchaient comme professeur. Mais Colleen semblait avoir le même avis que Justine : « C’est une excellente idée, ils seraient ravis ! » Ses yeux s’étaient illuminés, comme si elle imaginait la scène dans son esprit. Si tu avais choisi d’enseigner à l’université, c’était qu’il y avait une raison bien précise. Les enfants de moins de dix ans te mettaient mal à l’aise quand ils étaient trop nombreux. Et puis ils posaient bien trop de questions personnelles et ils étaient bien trop innocents, la peur de briser cette innocence sans le vouloir te terrifiait. Et l’idée que ces enfants soient malades, tu ne voulais pas faire de faux pas. « Tu n’aurais jamais dû me dire ça, l’information est gravée ici. Et j’ai bien l’intention de te harceler jusqu’à ce que tu acceptes de venir, quitte à venir sonner chez toi tous les jours. Je peux me montrer très persuasive, tu serais étonné » Oh non, tu n’en serais pas étonné du tout ! Tu ne doutais pas que Colleen saurait te convaincre si elle décidait d’en faire sa nouvelle mission et tu étais plutôt intrigué de savoir quels stratagèmes elle pourrait mettre en place pour le faire. Venir sonner chez toi tous les jours pouvait en être un même si tu n’avais pas encore communiqué ton adresse à la jeune femme ce que tu ne manquas pas de lui faire remarquer : « Pour cela il faut que tu saches où venir frapper. » Tu lui fis un clin d’oeil avant d’ajouter : « Si tu penses que c’est une si bonne idée, je te laisse me persuader alors, j’aime être étonné. » Le challenge était clair dans tes mots comme dans ta voix. Le sourire en coin qui se dessinait sur tes lèvres n’était qu’un bonus bien entendu. En vérité, tu n’aimais pas les surprise, tu n’aimais pas qu’on te prenne au dépourvu mais dans ce cas-là, tu avais envie de prendre le risque. Le sujet de son volontariat auprès des enfants amena sur le tapis la profession à laquelle Colleen se destinait avant l’arrivée de Lou dans sa vie. Tu l’assurais qu’elle aurait fait une très bonne pédiatre mais elle devait être une excellente sage-femme également. Si tu sondais ses patientes pour le vérifier, tu arriverais très probablement à ce même résultat. « Merci » Tu te contentais de lui répondre avec un petit sourire alors que Colleen te fit parler de ce qui occupait ton temps libre à toi. Elle devait se douter que tu privilégiais le temps passé avec Moïra si tu pouvais en avoir un peu mais le reste du temps, tu visitais les dernières expositions dans les musées et les galeries et de temps en temps, tu aimais laisser parler l’artiste qui sommeillait en toi. « Des aquarelles ? J’adorerais voir ça ! Tu as des sujets de prédilection ? Ou tu fonctionnes à l’inspiration, en fonction de ce que tu vois dans la vie de tous les jours ? » Ce n’est pas une forme d’art plastique très courant. En général, les gens font du dessin, des croquis, de la peinture à l’huile, des choses plus classique. L’aquarelle c’est un peu particulier mais c’est ce qui t’as plu dans cette forme d’art également. « J’aime beaucoup représenter les paysages qui m’entourent mais je n’ai pas de sujet de prédilection. Je représente ce qui me passe par la tête ou ce que j’ai devant moi. » Parce qu’il t’arrivait d’aller t’installer quelque part dans Brisbane et de passer quelques heures à peindre. Les bruits de la ville avaient un effet relaxant sur toi et tu aimais ces moments de calme où tu te ressourçais. « Je suis impressionnée, je suis moi-même incapable de dessiner quoique ce soit… Si tu avais vu mes croquis censés représenter l’anatomie quand j’étais en médecine… Pitoyable. Tu me montreras un jour ? » Tu fus amusé de cette anecdote et peu surpris que Colleen demande à voir tes aquarelles. C’était toujours la question qui arrivait une fois que les gens apprenaient que tu en faisais. Tu n’avais aucun mal à leur faire comprendre que tu ne comptais pas les leur montrer. Avec la jolie brune assise à tes côtés, c’était différent. « Peut-être bien. Je … Moïra est la seule personne à les avoir vues pour l’instant mais je pourrais faire une exception. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu n’en avais pas sur toi aujourd’hui de toute manière, la question de montrer cette partie de toi à Colleen ou non était forcément reportée à plus tard. « Tu m’assures être mauvaise en dessin et mauvaise en danse, je refuse de croire que tu n’as pas de talent caché. » Plongeant tes yeux dans les siens, tu lui demandais : « Mademoiselle Sainsbury, quel est votre talent caché ? » Tout le monde en avait un. C’était plus ou moins un talent mais chacun avait forcément quelque chose dont il était fier, qu’il faisait mieux que d’autres. « Peut-être que si tu partages le tient avec moi, je serai plus enclin à partager mes aquarelles avec toi. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Après tout, tu ne voulais pas être le seul à partager quoi que ce soit.
@Colleen Sainsbury |
| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 0:20 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius Warren« Pas drôle du tout, je confirme » Répondit-elle à Marius avec un haussement d’épaules. Ses yeux rieurs étaient plongés dans les siens mais sa bouche ne dévoilait pas l’ébauche d’un sourire alors qu’elle tentait de garder son sérieux. Elle doutait que son interlocuteur se moquerait d’elle si elle se mettait à danser au milieu des cartons, cependant elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour prendre le risque. Et surtout, elle n’en avait pas encore l’assurance. Quelques semaines plus tôt, elle était parvenue à faire fi de ses inhibitions pour danser devant Lara. Perchée sur des talons aiguilles, la démarche peu assurée au début, elle avait suivi les instructions de la jeune femme et après quelques premières minutes laborieuses avait commencé à se détendre et à gagner en assurance. Mais avec Lara, c’était plus simple : elle se destinait à enseigner la danse, aussi devait-être faire preuve d’un minimum de patience et de considération. Et surtout Colleen n’éprouvait pas d’attirance pour Lara, ce qui facilitait considérablement les choses. Avec Marius, la donne était différente. La jeune femme n’était pas prête à se confronter à son jugement, et elle ne pouvait pas non plus se permettre de se lâcher totalement. Au contraire, elle devait impérativement garder le contrôle. Elle ne se souvenait que trop bien de leur dernière rencontre : deux cocktails et un regard dans sa direction lui avaient suffi pour se jeter littéralement dans ses bras. Colleen n’avait pas l’intention de commettre deux fois la même erreur. Si elle devait apprendre à connaître Marius, elle le ferait en gardant la tête froide. Et pour l’instant, elle ne se débrouillait pas trop mal ; certes, une bouteille de vin était ouverte et leurs verres à moitié remplis, mais elle prenait son temps pour vider le sien et elle restait maîtresse de ses émotions. Aussi, quand une moue boudeuse se dessina sur les traits du beau brun, déçu qu’il était de ne pas pouvoir assister à une petite chorégraphie improvisée, le geste qu’elle initia fut maîtrisé et réfléchi : elle tendit le doigt dans sa direction pour l’enfoncer dans sa joue droite avec douceur. « Ne fais pas cette tête, ce n’est vraiment pas une grande perte tu sais ». Cette fois-ci, ses lèvres s’étirèrent en un franc sourire. Lynn retira son doigt et en profita pour reprendre son verre en main alors que Marius déclarait ne pas abandonner l’idée de la voir un jour se produire. « J’espère que tu es patient, dans ce cas… ». En réalité, elle n’excluait pas la possibilité de danser un jour devant lui si l’aisance qu’elle ressentait à ses côtés venait à se confirmer, mais il n’avait pas besoin de le savoir.
Elle fit tournoyer le liquide à la robe ambrée dans son verre à vin tout en s’amusant des talents de danseur de Marius, qui venaient parfaire le portrait du parfait gentleman. Cette révélation ne l’étonnait qu’à moitié en réalité, et elle devait avouer qu’il était une fois de plus parvenu à susciter sa curiosité. Elle était certaine qu’il devait être un très bon partenaire. Il dégageait cette aura rassurante et apaisante qui devait envelopper son binôme sur la piste et la mettre en confiance. Elle n’avait aucune difficulté à l’imaginer mener la danse, et l’espace d’un instant elle s’imagina même à la place de sa partenaire. Une perspective qui ne serait sans doute pas pour lui déplaire, si elle devait être honnête avec elle-même. Troublée par la force de cette projection, elle remua sur le canapé et reprit une goutte de vin. Maman Warren avait vraiment fait de son fils un gendre idéal, néanmoins Colleen aurait peut-être pu éviter d’utiliser cette expression devant Marius, après ce qu’il s’était passé avec Lou. Son embarras fit apparaître un voile vermeil sur ses joues, et elle fit de son mieux pour se rattraper. Mais c’était trop tard, elle ne pouvait pas revenir en arrière et corriger ses propos. « Ça va ? » Fit-elle en fronçant les sourcils quand Marius se mit à tousser. Il but une gorgée, sans doute pour faire passer le toast qu’il était en train de manger quand elle avait commis sa maladresse, puis rit de bon cœur. Rassurée, elle esquissa un sourire à son tour. Il lui confia n’avoir aucune intention de devenir son gendre, et elle secoua la tête d’un air entendu. « J’espère bien ! ». Il lui parla un peu plus de sa mère, qui semblait s’être donnée pour mission d’éduquer ses enfants pour en faire de parfaits époux. Un échec, si elle se fiait aux confidences de Marius. « J’en conclus que tes sœurs ne sont pas mariées non plus alors ? » Lui demanda-t-elle, intéressée. Ce qu’elle ne considérait pas comme une mauvaise chose, bien au contraire. Le mariage était une institution qui ne correspondait pas aux attentes de tout le monde ; sa propre fille clamait haut et fort qu’elle ne se marierait jamais, et Lynn n’avait jamais tenté de la forcer à changer d’avis. Seul le bonheur de Lou lui importait réellement, peu importait la forme qu’il prendrait – tant qu’elle ne le trouvait pas avec l’un de ses professeurs, bien sûr !
Suite aux révélations de Marius, Colleen plaisanta en affirmant qu’elle serait capable de le harceler tous les jours jusqu’à ce qu’il accepte de venir passer du temps dans la salle de jeux du service pédiatrie de l’hôpital. L’idée de partager avec lui son univers était une perspective attrayante. Elle était curieuse de savoir comment il s’y prendrait avec les petits, et était persuadée que cette expérience pourrait l’amener à découvrir de nouveaux aspects de sa personnalité – une perspective toujours aussi séduisante à ses yeux. Oh bien sûr, elle ne mettrait sans doute pas ses menaces à exécution, car si Marius ne se sentait pas prêt il était inutile de vouloir le brusquer. Cela devait venir de lui, même si l’idée de le taquiner à ce sujet n’était pas pour lui déplaire. Il fit remarquer qu’elle ne connaissait même pas son adresse et elle réalisa qu’il avait raison. « C’est vrai… Mais je sais où se trouve ton bureau, alors ne fais pas trop le malin » Fit-elle en arquant un sourcil évocateur. « Et puisque je dois te persuader, laisse-moi te donner quelques arguments. D’abord… » Commença-t-elle en tapotant l’index de sa main gauche sur le pouce de sa main droite, tendu, pour énumérer sa première idée. « … Les enfants adorent les activités artistiques. Elles leur permettent d’exprimer et d’illustrer leurs émotions, quand les verbaliser s’avère trop difficile – et ça l’est souvent, crois-moi. Dessiner, et surtout mobiliser leur attention sur un dessin, leur permet de s’évader, d’échapper un temps à leurs préoccupations et à leurs angoisses quotidiennes. La pratique du sport étant exclue pour la plupart d’entre eux, l’art reste l’un des meilleurs moyens pour évacuer la pression ». Elle appuya sur son index. « Deuxième argument : tu as l’habitude avec les enfants, puisque tu t’es occupée de ta nièce. Tu ne devrais donc pas être pris au dépourvu quand ils te poseront tout un tas de questions pour apprendre à mieux te connaître ». Elle marqua une pause, lui adressa un sourire serein puis posa son doigt sur son majeur pour énoncer son troisième argument. « Ensuite, il est bien connu que les hommes ont tous un faible pour les infirmières en blouse blanche, or tu risques d’en croiser un certain nombre si tu viens à l’hôpital ». Elle ne savait pas si cela était susceptible de plaire à Marius, mais s’amusait de découvrir sa réaction. « Je continue : le café de la salle a une excellente réputation ! Je n’en bois pas personnellement, mais si je me fie à ce que me disent mes collègues, il est vraiment très bon… Et gratuit ! ». Ses arguments étaient de moins en moins convaincants, mais peu lui importait : elle faisait de son mieux. Elle termina donc en posant son index sur l’auriculaire de sa main droite. « Enfin, je sais que je n’ai pas besoin de prétexte pour te voir, mais ça en reste un très bon quand même ». Et elle était certaine que présenter son lieu de travail à Marius lui plairait énormément, en plus d’être une occasion supplémentaire de passer du temps ensemble. « Allez, avoue, je ne suis quand même pas si mauvaise en matière de persuasion ! Mais je te laisse le temps de la réflexion… On va faire comme si tu en avais besoin alors qu’on sait pertinemment tous les deux que ce n’est pas le cas » Annonça-t-elle d’un air particulièrement confiant, après lui avoir adressé un clin d’œil complice.
Posant son verre sur la table, elle en profita pour attraper un nouveau toast dans lequel elle croqua une seconde plus tard. La conversation dévia naturellement sur l’activité artistique de prédilection de Marius : les aquarelles. Elle qui ne possédait pas la moindre fibre artistique était réellement impressionnée par ce talent. Si elle devait se lancer dans cette activité, elle ne saurait sans doute pas par où commencer, et le fait qu’il puisse la maîtriser forçait son admiration. Elle ne dissimula ni son enthousiasme ni son envie de découvrir ses aquarelles, cependant Marius admit qu’il ne dévoilait jamais ses créations à quiconque, à l’exception de sa nièce. Malgré tout il ne ferma pas totalement la porte à cette éventualité, et Colleen ne s’avoua pas vaincue. Certes, il était sans doute un peu hypocrite de sa part de lui demander de lui montrer ses aquarelles alors qu’elle venait elle-même de refuser de danser pour lui, mais ce n’était pas la même chose : elle n’était vraiment pas douée pour la danse, alors qu’elle ne doutait pas une seconde du talent de Marius pour les aquarelles. « Je ne perds pas espoir, dans ce cas ». Elle leva ses doigts croisés pour les lui montrer, mais il ne regarda pas ses mains, bien trop occupé à sonder ses yeux clairs. De sa voix grave à l’accent toujours aussi prononcé, il lui demanda quel était son talent caché, comme s’il lui était impossible de concevoir qu’elle n’en avait aucun. Il suggéra que si elle le partageait avec lui, il pourrait accepter sa proposition de lui dévoiler ses aquarelles, ce qui s’apparentait beaucoup à du chantage. Elle plissa les yeux, amusée, bien décidée à ne pas se laisser déstabiliser. « Tu serais bien embêté si j’évoquais un talent sexuel, là, tout de suite ». Sa phrase était prononcée sur un ton désinvolte, mais en voyant l’expression qu’arborait les traits de son interlocuteur, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire. « Je plaisante ! Je plaisante, bien sûr ! » Fit-elle quand elle parvint à retrouver son calme. Elle n’avait pas l’intention de mettre Marius mal à l’aise en disant une chose pareille, mais l’idée de le prendre à son propre jeu était bien trop tentante pour qu’elle censure ses idées. Elle s’éclaircit la voix. « Bon, ok, j’arrête mes bêtises : je ne sais pas si on peut considérer ça comme un talent, mais je ne me débrouille pas trop mal en cuisine. Ça n’a rien de très original, surtout si on considère que j’ai passé une grande partie de ma vie à être femme au foyer. Mais j’ai toujours eu un faible pour la gastronomie française en particulier, ce qui devrait te parler. Ma spécialité, c’est le coq au vin » Dit-elle en prononçant l’expression française avec un accent anglais à couper au couteau. « Si tu aimes ça, je pourrais t’en faire un jour. Mais seulement si j’ai le droit de voir tes aquarelles en échange ! Ou… Au moins une aquarelle, si tu préfères » Consentit-elle avec un sourire. L’art de faire des compromis !
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 21:46 | |
| Ne pas pouvoir voir Colleen danser était une petite déception mais c’était en même temps assez normal qu’elle ne veuille pas partager avec toi cette nouvelle activité dans laquelle elle ne semblait pas encore totalement à l’aise. C’était très courageux de sa part de persévérer malgré ce premier constat qui pouvait en décourager beaucoup. Mais tu ne doutais pas qu’à force de cours et d’entraînement, Colleen deviendra une très bonne danseuse. Si tu avais pu y arriver durant ton adolescence, la jolie brune installée en face de toi y arriverait sans aucun problème. Très peu enclin à apprendre à danser à l’époque, tu avais vécu ces cours comme une punition terrible mais bien des années plus tard, tu avais compris leur importance. Savoir danser jouait un rôle important dans toutes sortes de circonstances et pouvaient faire une très bonne impression. Ta mère n’était clairement pas la plus aimante ni la plus seine d’esprit mais elle t’avait donné toutes les clés pour réussir et tu l’en remerciais aujourd’hui. Pour Colleen, pratiquer la danse était purement du loisir et c’était plus sain que les choses se passent ainsi. Malgré toi, tu te pris à imaginer mener la jeune femme sur la piste de danse et tu espérais que tu en aurais l’occasion. Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas dansé … Heureusement que c’est comme le vélo, on n’oublie jamais vraiment ce que c’est que de pédaler. « Ne fais pas cette tête, ce n’est vraiment pas une grande perte tu sais. J’espère que tu es patient, dans ce cas… » Pour le coup, la patience était une qualité que tu avais. Tu avais passé ta vie à être patient. Patienter pour avoir un frère ou une soeur, patienter pour grandir, patienter pour que tes relations avec ta fratrie s’arranger, patienter pour revoir Moïra … Tu avais dû faire preuve d’une grande patience tout au long de ta vie et le faire pour ce pans de la vie de Colleen ne te paraissait pas insurmontable. Surtout que tu étais certain qu’en y travaillant un peu sur la durée, tu pourras la convaincre de changer d’avis. Serait-ce mieux d’aller la voir dans le gala de représentation de ses cours ou d’avoir une prestation particulière ? Tu n’en savais rien et tu n’allais pas la forcée, en plus d’être patient, tu savais t’adapter. Tu laissais le sujet se terminer ainsi n’ayant rien d’autre à ajouter avant de parler de tes propres talents de danseur. Enfin, talent était un mot bien exagéré pour ce que tu faisais mais tu confiais à Colleen ne pas avoir de problèmes à mener une partenaire sur la piste de danse. Cela entraîna cette dernière à te faire remarquer que tu ferais un très bon gendre et tu manquais de t’étouffer quand tu repensais à votre avant-dernière rencontre et le fait que Lou avait semblé intéressée par cette perspective à un moment donné. « Ça va ? » Tu posais tes yeux sur Colleen qui semblait légèrement perturbée par ta réaction. Mais après avoir encore toussé quelques fois et bu un peu de vin cela passa sans problème. « Ça va, ça va, j’ai juste été surpris. » Tu ne t’étais pas attendu à ce genre de remarque qui pourtant aurait pu être tout à fait innocente dans un tout autre contexte. Tu préférais répéter une nouvelle fois que tu n’avais nullement l’intention de céder aux avances de Lou. Tu n’avais pas cédé quand tu étais presque aussi jeune que tes étudiantes, tu n’allais pas commencer maintenant. « J’espère bien ! J’en conclus que tes sœurs ne sont pas mariées non plus alors ? » Cette fois tu retins un rire car imaginer tes soeurs se marier, c’était vraiment … très drôle. La différence entre tes soeurs et toi, c’était que le mariage t’intéressait et que tu n’avais jamais été contre l’institution. Tu n’aurais demandé que ça à l’époque, pouvoir te marier. Avec Alice bien entendu mais tu n’avais jamais voulu te marier juste pour le faire. Tu n’étais pas désespéré à ce point là. « Mes soeurs aiment trop leur indépendance pour se marier. Beth devra trouver un homme qui accepte que sa femme ait un statut et une ambition supérieur au sien et qu’elle passe le plus clair de son temps au travail. J’ignore ce que Scarlett recherche mais par esprit de contradiction, juste pour mettre ma mère sur les nerfs, elle ne se mariera pas. » Il ne faut jamais dire jamais, tout est possible mais c’était un comportement que Scarlett adoptait souvent et tu ne voyais pas du tout ta plus jeune soeur dans une relation de type marital. Tu n’avais aucun mal à t’imaginer dans vingt ans, en train d’écouter les déboires sentimentaux de Scarlett comme si elle était encore une petite jeunette. « Ton divorce t’a dissuadé à jamais de l’institution ou tu lui laisserais encore une chance ? » Pour avoir des amis mariés comme divorcés, comme en plein divorce, les réactions face au mariage après que le premier soit brisé étaient très différentes. Tu ne pouvais cacher être curieux de ce que Colleen avait tiré du sien. Ce genre d’expérience laisse forcément des traces …
La discussion se porta ensuite sur le volontariat de ton interlocutrice dans le service pédiatrie de l’hôpital de Brisbane. Cela ne te surprenait pas d’apprendre que Colleen avait le coeur sur la main et qu’elle donnait de son temps pour aider les enfants malades. A côté, tu te sentais bien bête de continuer à repousser cette invitation ouverte de Justine car ton temps n’était tout de même pas si précieux que cela … Mais ce n’était pas ce qui te retenait d’accepter la proposition de la jeune infirmière, c’était une toute autre raison. Toutefois, incapable de laisser passer l’occasion, tu mis au défi Colleen de te convaincre de te jeter à l’eau. Tu ne t’attendais pas du tout à ce que la belle brune se prenne au jeu de cette manière. Pourtant, après votre soirée au Canvas, tu aurais dû te douter que tu avais une partenaire de jeu très coriace. C’est donc amusé que tu l’écoutais te lister raison après raison pour cet atelier de dessin destiné aux enfants malades. Plus les doigts de Colleen se levaient, moins les raisons semblaient importantes mais elle mettait en avant de très bons arguments. Le fait de découvrir Colleen dans son lieu de travail n’arrivait pas en quatrième position à tes yeux. C’était ton égoïsme qui parlait bien entendu car même si les nobles raisons mentionnées par la jeune femme étaient valables, te donner une raison de découvrir cette partie de Colleen était un plus non négligeable à tes yeux. « Allez, avoue, je ne suis quand même pas si mauvaise en matière de persuasion ! Mais je te laisse le temps de la réflexion… On va faire comme si tu en avais besoin alors qu’on sait pertinemment tous les deux que ce n’est pas le cas. » Non, elle n’était pas mauvaise du tout et non, tu n’avais pas besoin d’y réfléchir très longtemps. Tu aurais dû dire oui à Justine immédiatement quand elle te l’avait proposé d’ailleurs mais tes réserves étaient belles et bien là et malgré les bonnes raisons de ton interlocutrices, tu savais que ce ne serait pas aussi évident pour toi qu’elle aimait te le faire remarquer. Face à son clin d’oeil complice, tu fis mine d’y réfléchir un instant. Ce n’était pas tant de ta réponse que tu doutais mais plutôt de la meilleure manière de l’amener pour faire comprendre à Colleen ce qui te retenait encore. « Je ne voudrais pas te priver d’un nouveau prétexte pour profiter de ma compagnie. » Finis-tu par dire avec un sourire en coin. C’était une plaisanterie cependant et tu préférais ajouter : « Plus sérieusement, pour toutes ces raisons, je devrais pouvoir organiser quelque chose. J’en parlerai à Justine et je lui dirai de t’en toucher un mot. » Les deux jeunes femmes se connaissaient peut-être déjà, si ce n’était pas le cas, cela leur en donnera l’occasion à n’en pas douter. « Contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas si doué que ça avec les enfants. Enfin, si mais ... Je … Je me le pardonnerais pas si je brise leur innocence, si je dis ce qu’il ne faut pas dire, par mégarde bien sûr. Il y a une raison pour laquelle je m’occupe de très grands enfants. » Lui dis-tu ensuite avec un timide sourire. Après avoir confié à Colleen toute ton histoire, tu ne pensais pas qu’elle te jugerait si tu lui confiais cela aussi.
Tes questions sur les passes-temps de Colleen l’amena à te questionner sur les tiens et tu lui confiais que tu faisais des aquarelles. Cela surprenait beaucoup en général mais tu ne savais pas si c’était parce que l’on ne t’imaginait pas avoir un quelconque talent artistique ou si c’était parce que l’on t’imaginait faire une autre activité artistique. Colleen ne fit pas de commentaire à ce sujet mais se montra curieuse, comme tu l’avais été pour elle et la danse. Tu lui confiais ne pas partager tes aquarelles avec le monde. Tu aimais les regarder tout seul dans ton loft le soir pour remonter le temps, faire revenir des souvenirs pour la plupart heureux. Seule Moïra en avait vu la couleur et tu ne regrettais pas ce choix. « Je ne perds pas espoir, dans ce cas » Un petit sourire se dessina sur tes lèvres. Il ne fallait pas qu’elle perde espoir car il y avait de fortes chances que tu finisses par lui en montrer. Tu ne te voyais pas le faire tout de suite mais il était peut-être temps de partager cette partie de toi avec une autre personne que ta nièce de dix ans et pour l’instant, Colleen semblait être une très bonne confidente, si ta confiance n’était pas bafouée une nouvelle fois, tu n’auras aucun problème à lui en montrer. Vu qu’elle ne t’avait parlé que de talents qu’elle n’avait pas, tu lui demandais quel était le talent qu’elle te cachait. Car à tes yeux, tout le monde en avait un : « Tu serais bien embêté si j’évoquais un talent sexuel, là, tout de suite » Tes yeux s’écarquillèrent d’eux-mêmes et tu fus ravi de ne pas avoir pris une nouvelle gorgée de vin. De toute manière, ton verre était vide. Non, tu ne t’attendais pas à ce qu’elle te parle de ce genre de talent et tu ne savais pas comment réagir mais elle ne te laissa pas vraiment le temps de le faire car elle explosa de rire : « Je plaisante ! Je plaisante, bien sûr ! » Tu la regardais, toujours sous le choc de cette première révélation qui n’en était en réalité pas une. Colleen ne pouvait pas se douter que cela faisait plusieurs années que tu n’avais pas eu l’occasion de mettre à profit ce type de talents et c’était sans doute mieux ainsi. Laissant échapper un petit rire, tu lui répondis : « Je ne sais pas si j’aurais été embêté par contre j’aurais été très surpris. » Tout comme tu l’avais été à sa révélation en vérité. « Mais si c’est là que réside ton talent, ça m’intéresse aussi de le savoir. » Lui dis-tu sans pouvoir t’empêcher de flirter de nouveau. Tu n’avais peut-être pas eu une femme dans ton lit depuis des années mais cela ne faisait pas de toi quelqu’un de prude. Parler de sexe n’était pas un souci et tu aimais jouer avec les lignes rouges que Colleen et toi malmeniez à chacune de vos rencontres. « Bon, ok, j’arrête mes bêtises : je ne sais pas si on peut considérer ça comme un talent, mais je ne me débrouille pas trop mal en cuisine. Ça n’a rien de très original, surtout si on considère que j’ai passé une grande partie de ma vie à être femme au foyer. Mais j’ai toujours eu un faible pour la gastronomie française en particulier, ce qui devrait te parler. Ma spécialité, c’est le coq au vin. Si tu aimes ça, je pourrais t’en faire un jour. Mais seulement si j’ai le droit de voir tes aquarelles en échange ! Ou… Au moins une aquarelle, si tu préfères » Effectivement, cela te parlait et t’intéressait. Tu aimais bien manger et tu ne cuisinais pas trop mal de ton côté mais pour le coup, tu n’avais aucun mal à imaginer que Colleen était une bien meilleure cuisinière que toi. Tes yeux s’illuminèrent et tu lui répondis : « Je pense que je devrais pouvoir échanger une aquarelle contre ton coq au vin. Si c’est un talent que tu veux bien partager et parce que j’ai un faible pour la cuisine française, je ne saurai pas résister. » Et puis cela voulait dire un autre dîner avec Colleen et rien que cette perspective justifiait de sortir une de tes aquarelles. « Je cuisine un peu aussi. Pour moi c’était apprendre ou manger du surgelé toute ma vie donc je suis pas un chef mais je ne suis pas complètement mauvais. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu étais même le meilleur de ta fratrie à ce sujet certainement mais tu ne le ferais jamais remarquer. « Ça t’a plu d’être femme au foyer ? » Te pris-tu à demander avant de réaliser ce que tu venais de demander et d’essayer de te reprendre : « Enfin, je … Tu as l’air de tellement aimer ton travail, j’ai du mal à t’imaginer à la maison toute la journée. » Dis-tu en haussant les épaules. Un choix qui n’avait pas vraiment été le sien, tu l’avais compris mais tu espérais qu’elle n’en avait pas trop souffert.
@Colleen Sainsbury |
| | | | (#)Mer 3 Juin 2020 - 9:59 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius WarrenSon divorce l’avait-elle dégoûtée à jamais de l’institution du mariage ? C’était une excellente question. Une question à laquelle elle n’avait jamais accordé la moindre réflexion, elle s’en rendait compte à présent. La décision de faire une croix sur les relations amoureuses s’était imposée à elle avec force lorsqu’elle avait décidé de renoncer à son mariage avec August. Non pas parce qu’elle pensait ne plus être capable d’offrir de l’amour, ni même parce qu’elle considérait son union avec August comme la pire erreur de sa vie. Ses regrets concernaient l’évolution de leur relation, le fait qu’elle se soit laissée dominer par les ambitions d’un homme et qu’elle n’ait pas eu la force de caractère nécessaire pour affirmer ses propres désirs. La raison pour laquelle elle était si peu encline à recommencer une histoire avec un homme découlait de ce constat. Elle avait vécu dans l’ombre de son époux pendant près de vingt ans et sa loyauté démesurée ne l’avait pas menée au bonheur. Elle n’avait pas la moindre envie de revivre la même chose, de s’enfermer à nouveau dans une union susceptible de l’étouffer et d’asphyxier ses aspirations. C’était hors de question. Alors un remariage… l’idée ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Le mariage fonctionnait pour les couples qui étaient parvenus à trouver un équilibre, mais serait-elle capable de le trouver avec quelqu’un ? Cela semblait compromis, car elle vivrait alors avec la crainte de voir les erreurs commises par le passé se répéter. La perspective de glisser une alliance à son doigt était suffisante pour la faire grimacer : elle allait à l’encontre de toutes les promesses qu’elle s’était faites en arrivant à Brisbane. Elle aspirait à la liberté, et le mariage l’en priverait à coup sûr. Mais il ne fallait jamais dire jamais, n’est-ce pas ? A l’heure actuelle elle ne s’en sentait pas capable, mais qu’en serait-il dans cinq ou dix ans ? Elle n’avait pas encore atteint la quarantaine et ses expériences à Brisbane la mèneraient peut-être à reconsidérer la chose. Qui vivrait verrait, voilà l’adage qu’elle s’efforçait de suivre depuis quelques mois. Carpe diem, et tutti quanti.
Colleen plia ses genoux sur l’assise du canapé et pivota vers Marius, son verre à la main. « Je ne dirais pas qu’il m’a dissuadée complètement, mais je ne me sens pas prête à revivre l’expérience. Pas maintenant. Et peut-être que je ne le serai jamais, je ne sais pas… ». Elle soupira et son regard glissa sur son verre. « Je ne condamne pas l’institution cependant, je dis juste qu’elle n’est peut-être pas faite pour moi ». Elle avait connu de nombreux couples épanouis à Londres dont le mariage semblait idyllique. Des femmes qui savaient mener leur époux à la baguette, des hommes capables de respecter leur épouse sans chercher à les dominer. Même si comme le pensait souvent Colleen, nul ne savait jamais ce qu’il se passait dans un foyer lorsque la porte de celui-ci était fermée, elle était persuadée que certains mariages étaient voués à fonctionner. Tout était une question d’équilibre et de compatibilité. « Et toi ? ». Elle logea de nouveau son regard dans le sien. « Es-tu aussi catégorique que tes sœurs ? Tu te positionnes où par rapport à tout ça ? Je veux dire, après… Ce qu’il s’est passé ? » Elle marchait sur des œufs et en avait bien conscience. Elle n’avait pas l’intention de remettre le sujet sur la table, mais puisqu’il l’interrogeait à ce sujet, elle était curieuse de connaître également son point de vue sur la question. D’après ce qu’elle avait compris, il n’avait pas vraiment donné à l’amour de seconde chance après Alice, et elle comprenait aisément le mécanisme de défense qu’il avait développé après leur rupture chaotique. Mais cela ne signifiait pas pour autant qu’il ne pouvait pas envisager un jour se reconstruire avec quelqu’un d’autre – si toutefois il était capable de placer à nouveau sa confiance en cette personne, ce qui visiblement n’était pas gagné.
La conversation s’orientant par la suite sur le bénévolat, Lynn veilla à énumérer un maximum d’arguments dans le but de le convaincre de venir donner un cours de dessin au service pédiatrie. Elle savait bien que la plupart d’entre eux n’étaient pas très crédibles – elle doutait sincèrement que la gratuité du café puisse peser dans la balance – mais il lui avait demandé de le persuader et elle avait fait de son mieux. Le dernier argument, en revanche, sembla amuser Marius dont le sourire réapparut. Un sourire qu’elle ne put s’empêcher de fixer un instant avant de planter docilement son regard dans le sien pour l’écouter. Elle sourit à son tour quand il lui parla de profiter du temps passé en son agréable compagnie, puis elle apprit le nom de l’infirmière qu’il avait mentionné, un prénom qui ne lui évoquait rien de particulier cependant. Sans doute l’avait-elle déjà croisée dans les couloirs du service, et il était probable qu’elle n’associait tout simplement pas le prénom à un visage familier. « Je serais ravie de faire sa connaissance, car je ne pense pas la connaître » Répondit-elle. « Surtout si c’est pour organiser ta venue à l’hôpital, j’en serais ravie ». Mais si l’affaire semblait engagée, rien n’était encore fait. Marius lui confia ne pas être à l’aise avec les enfants de cet âge car il craignait être maladroit en leur présence. Elle trouva cette confidence touchante. Le fait qu’il puisse éprouver de telles appréhensions signifiait justement qu’il voulait faire les choses bien. Et franchement, que pouvait-il dire de si mal en leur présence ? Elle résista à l’instinct de poser sa main sur son épaule, mais son regard était empli d’une douceur authentique. « Je ne vois pas comment tu pourrais briser leur innocence en donnant un cours de dessin. Aie confiance en toi, tu verras, ça ira tout seul. Et si tu as besoin de quelqu’un pour te donner de l’assurance, je serai là. Ou Justine sera là. Peut-être même qu’on sera là toutes les deux. Peu importe, dans tous les cas tu ne seras pas seul ». Elle ne raterait ça pour rien au monde, car elle était certaine d’en apprendre encore plus au sujet de Marius dans un tel contexte – or elle ne pouvait prétendre que cette perspective ne l’attirait pas. Toutes les opportunités étaient bonnes à saisir. C’est la raison pour laquelle elle insista également quand il lui dévoila son talent pour l’aquarelle. L’art la fascinait, et les artistes tout autant. Parce qu’elle n’avait aucun talent en la matière, elle considérait celui des autres avec un émerveillement presque candide. Or, même si Marius enseignait l’histoire des arts, elle n’avait jamais imaginé qu’il puisse lui-même peindre. Non pas qu’elle ne l’en pensait pas capable, mais l’idée ne lui avait tout simplement pas traversé l’esprit. Maintenant qu’elle était au courant, elle chérissait la perspective de découvrir un jour ses œuvres. Visiblement ce n’était pas un privilège qu’il accordait à tout le monde, alors le fait qu’il puisse songer à faire une exception pour elle était un honneur – et elle espérait bien un jour obtenir cette faveur de sa part.
Marius s’enquit à son tour des talents de la jeune femme ; elle lui avait confié pratiquer la danse mais ne pas être particulièrement douée, alors quelle était la nature de son don, véritablement ? Un sourire énigmatique étira les lèvres de Colleen tandis que ses yeux plissés scrutaient les siens. Elle ne put s’empêcher de plaisanter au sujet de ses talents, parce que l’occasion était trop belle et que si elle était parfaitement honnête avec elle-même, c’était la première pensée qui lui avait effleuré l’esprit quand il lui avait posé la question. Alors tant pis, elle se jeta à l’eau sans brassards ni bouée de sauvetage, consciente que sa phrase était susceptible de charger l’atmosphère en tension électrique. Marius écarquilla les yeux, surpris par son aplomb, et elle éclata de rire devant son regard médusé. Elle ne regrettait pas d’avoir osé car sa réaction valait vraiment le détour. Quand elle parvint à retrouver son sérieux, elle leva les mains face à elle en signe de défense et admit qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Marius se ressaisit et ce fut au tour de Colleen d’être surprise par les propos qu’il énonça. De toute évidence ils étaient deux à pouvoir se prêter à ce jeu, et même s’il semblait toujours un peu décontenancé, il parvenait quand même à la troubler. Le sexe n’était pas un sujet tabou pour Colleen, elle avait passé l’âge, toutefois aborder ce sujet avec Marius était particulièrement dangereux dans la mesure où cela éveillait tout un tas de pensées dans son esprit. Elle avait l’impression qu’un signal « danger » s’était allumé et qu’une lanterne rouge clignotait frénétiquement dans sa tête. Contrairement à ce qu’il s’était passé lors leur dernière entrevue, elle savait ce qu’elle faisait et ne pourrait pas mettre le flirt sur le compte de l’alcool. « Une femme doit garder une part de mystère, sinon, quel est l’intérêt ? » Fit-elle en plissant les yeux au-dessus de son verre qu’elle termina et posa sur la table basse. Elle s’éclaircit la voix et consentit enfin à répondre à sa question avec sincérité, évoquant son talent pour la cuisine et son intérêt pour la cuisine française en particulier. Après ce qu’il lui avait raconté un peu plus tôt dans la soirée, elle se doutait que la gastronomie française ne lui était pas inconnue, et elle lui proposa d’échanger un diner contre une aquarelle. Il accepta et elle lui adressa un sourire ravi. Il lui expliqua qu’il cuisinait un peu de son côté aussi, parce qu’il n’avait pas eu d’autre choix que de s’y mettre à un moment donné. « Ça ne m’étonne pas, je t’imagine parfaitement aux fourneaux, un tablier noué autour de la taille… Et même une toque de chef cuisinier sur la tête ! Ça t’irait bien » Fit-elle avec un regard attendri en imaginant Marius de la sorte.
Parce qu’elle lui avait révélé avoir été femme au foyer pendant des années, il s’intéressa à cette partie de son histoire, lui demandant si c’était un rôle qu’elle avait apprécié. La grimace qui se dessina sur les traits du visage de la jeune femme était suffisante pour connaître la réponse à sa question. « Non, pas vraiment » Commença-t-elle. « Pas du tout, en fait. Je ne dénigre pas les responsabilités d’une femme au foyer, c’est juste que… Je sais que c’est cliché mais je rêvais de devenir médecin et de sauver des vies. Alors forcément, en comparaison, s’occuper des tâches ménagères est un peu moins exaltant ». Elle soupira ; encore une fois, elle maîtrisait l’art de l’euphémisme. « La seule chose que j’ai vraiment apprécié fut de pouvoir m’occuper de Lou, de ne pas la laisser entre les mains d’une étrangère toute la journée. Je suis consciente de la chance que j’ai eue de ce point de vue-là ». Elle sonda le regard de Marius, comme pour chercher l’assurance nécessaire pour lui dévoiler davantage de détails de son histoire. Après tout, il était parvenu à lui faire suffisamment confiance pour lui dévoiler son passé, alors elle pouvait en faire autant, n’est-ce pas ? Elle hésita un moment, mais balaya finalement ses réticences et se lança. Dans l’intimité de son salon, cela semblait plus simple. « La raison pour laquelle mon couple n’a pas fonctionné vient de là. Du fait qu’August ait pu poursuivre ses études quand moi, j’ai été contrainte de les arrêter net quand je suis tombée enceinte. Je me suis souvent demandé si notre couple aurait mieux fonctionné si ce n’était pas arrivé et si j’avais pu réaliser mon rêve. Je sais bien que l’on peut refaire le monde avec des « si », mais je pense que les choses auraient pu être différentes ». Elle plissa les yeux, se concentrant sur ses souvenirs. « A partir du moment où je suis tombée enceinte, tous nos projets d’avenir ne dépendirent plus que des ambitions d’August. Et mon ex-mari est quelqu’un qui aime avoir le contrôle des choses, c’est de cette manière qu’il a été éduqué. Je me suis laissée faire, j’avoue. Quand j’ai voulu reprendre mes études, ça ne lui a pas plu. Il avait l’habitude que je sois entièrement dévouée à notre famille, et du jour au lendemain ce n’était plus le cas. Mais les choses se sont vraiment détériorées quand j’ai commencé à travailler, et au bout du compte il m’a demandé de faire un choix entre lui et mon travail. Comme une idiote, je l’ai choisi lui. L’amour rend aveugle, c’est bien connu ». Elle esquissa un sourire triste. « Mais cet ultimatum m’a permis d’ouvrir les yeux sur la situation et la suite, tu la connais ou du moins tu l’imagines : j’ai fini par demander le divorce et j’ai profité de l’admission de Lou à l’université pour la suivre à Brisbane et prendre un nouveau départ ». Elle termina son monologue en songeant que désormais, il en connaissait beaucoup plus sur elle que la plupart de ses amis à Brisbane. Seule Evie était au courant, mais il s’agissait bien de la seule personne en qui elle avait placé suffisamment de confiance pour dévoiler l’intégralité de son histoire. Elle jeta un regard aux deux verres vides sur la table et fronça les sourcils. « Je te ressers ? ».
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| | | | (#)Jeu 4 Juin 2020 - 11:37 | |
| « Je ne dirais pas qu’il m’a dissuadée complètement, mais je ne me sens pas prête à revivre l’expérience. Pas maintenant. Et peut-être que je ne le serai jamais, je ne sais pas… Je ne condamne pas l’institution cependant, je dis juste qu’elle n’est peut-être pas faite pour moi » Tu hoches la tête à ces paroles. C’est compréhensible que Colleen n’ait pas envie de se remarier. En même temps, elle avait divorcé quelques mois plus tôt, se remarier ne devait pas être une priorité. Tout le monde avait son avis et sa position sur le mariage. Alors que l’on pourrait penser que de moins en moins de gens veulent se lancer dans cette aventure, ce n’est pas vraiment ce que tu observes. Tu as toujours un nombre important d’élèves qui se marient pendant leurs études et tes collègues sont en majorités mariés. Ils n’excluent pas de divorcer plus tard mais l’idée d’un possible divorce ne les dissuade pas de sauter le pas et de s’engager pour la vie. Colleen s’était mariée jeune, comme tes élèves. Plus le mariage arrive tôt, plus la vie commune est longue et ce n’est pas toujours une bonne chose. Tu avais bien compris que le mariage de la jolie brune n’avait pas été très heureux pour elle. C’était réellement dommage parce que même si tu ne connaissais pas Colleen depuis longtemps, tu étais persuadé qu’elle méritait d’être heureuse, elle méritait qu’on prenne soin d’elle. Par là tu ne voulais pas dire l’enfermer à la maison et veiller à tous ses besoin. Non, ce que tu voulais dire c’était prendre soin d’elle autrement. La laisser faire toutes ses activités et lui offrir tout le reste à côté. Il y avait des dizaines de manières de prendre soin d’elle sans la brider et c’était ce qu’elle méritait. « Et toi ? Es-tu aussi catégorique que tes sœurs ? Tu te positionnes où par rapport à tout ça ? Je veux dire, après… Ce qu’il s’est passé ? » Ah … Tu n’y pensais pas vraiment souvent parce que tu n’avais jamais rencontré quelqu’un avec qui l’envie de te marier s’était présentée. Du moins pas après Alice. Mais ce qui s’était passé avec Alice n’avait nullement impacté ce que tu pensais du mariage. Elle avait rendu toute possibilité d’un mariage impossible vu que tu n’arrivais pas à t’engager dans une quelconque relation mais ce que tu pensais sur le mariage n’avait pas changé. Depuis que tu étais gosse, tu avais toujours eu envi de te marier. Cela avait toujours fait rire tes soeurs vu le mauvais exemple de vos parents mais tu ne voulais pas de leur mariage. Toi, ce que tu voulais c’était un véritable mariage basé sur la confiance, le respect et l’amour de l’autre. C’était ce dernier élément qui manquait au mariage de tes parents et tu avais vu les dégâts que cela pouvait causer. Ton problème résidait dans le fait de développer une relation de ce genre, cela n’était plus arrivé depuis Alice. Donc tu avais accepté l’idée que tu ne te marieras certainement jamais tout comme tu n’auras certainement pas d’enfants. « Le mariage est une institution qui m’a toujours attiré. Ce qui s’est passé avec Alice n’a pas du tout changé ce que je pense du mariage, ni mon envie de me marier un jour. Si je ne le suis pas aujourd’hui c’est que je n’ai pas envie de me marier pour me marier. » Si c’était le cas, il suffirait de rencontrer Béatrice et tu ne doutais pas que vous pourriez vous marier dans quelques mois si elle était aussi désespérée que ta mère. « Je n’ai juste pas trouvé la personne avec qui j’aimerais me lancer dans cette aventure. Et plus le temps passe, plus je doute que je m’y lancerai un jour. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu pouvais te marier jusqu’à ta mort en soi, ce n’était pas gênant. Mais tu préférais te préparer mentalement au fait que cela n’arrive pas plutôt que de te faire des films. Les regrets seront moins importants de cette manière. Car il est fort possible que si tu finisses par rencontrer cette personne, elle ne veuille pas se marier. Donc en grand pessimiste, tu voulais te préparer au pire.
La proposition de Justine de venir intervenir auprès des enfants à l’hôpital avait été faite au milieu d’un gala mais tu ne doutais pas que la jeune femme te l’aurait rappelée à votre prochaine rencontre. En tout cas, tu avais désormais une nouvelle raison de te lancer : « Je serais ravie de faire sa connaissance, car je ne pense pas la connaître. Surtout si c’est pour organiser ta venue à l’hôpital, j’en serais ravie » Tu ne doutais pas une seule seconde que Justine et Colleen s’entendraient à merveille. Et si elles pouvaient unir leurs forces pour organiser cette activité, ce serait encore mieux. Il n’y avait plus de retour en arrière possible désormais, tu étais condamné à donner des cours de dessin à des enfants, toi qui ne te considérais pas très doué pour cela. « Je sais pas si vous présenter est une très bonne idée pour moi. » Dis-tu à Colleen avec un sourire taquin sur les lèvres. « Mais il paraît qu’il faut prendre des risques dans la vie alors je te donnerai ses coordonnées. » Ajoutas-tu amusé. Si elles s’y mettaient rapidement, tu savais que tu allais te retrouver à l’hôpital assez rapidement. Malgré cette envie de voir Colleen dans son élément, tu ne pouvais t’empêcher de lui confier tes craintes quant à cette intervention, en particulier auprès d’enfants malades : « Je ne vois pas comment tu pourrais briser leur innocence en donnant un cours de dessin. Aie confiance en toi, tu verras, ça ira tout seul. Et si tu as besoin de quelqu’un pour te donner de l’assurance, je serai là. Ou Justine sera là. Peut-être même qu’on sera là toutes les deux. Peu importe, dans tous les cas tu ne seras pas seul » Un petit sourire timide se dessina sur tes lèvres. En effet, Colleen et Justine allaient probablement être là pour cet évènement si elles l’organisaient ou l’une des deux en tout cas. Tu ne seras pas seul, il y aura quelqu’un pour te rattraper si tu fais une bêtise. Tu espérais ne pas en faire cependant, il faudra que tu en parles à Moïra, elle arrivera sûrement à te rassurer. « Je compte sur vous pour me rattraper alors. Merci. » Tu étais profondément reconnaissant à Colleen pour tout ce qu’elle avait fait pour toi ce soir. Elle te poussait dans tes retranchements et ce n’était pas quelque chose auquel tu étais habitué. D’habitude, il n’y avait que toi pour te pousser à faire les choses et des fois, tu préférais ne pas te pousser, appréciant la simplicité des choses comme elles étaient.
La conversation s’était ensuite tournée vers ton passe-temps à toi et parce que Colleen avait insisté sur le fait qu’elle n’était douée dans aucune des activités qu’elle avait mentionnées, tu n’avais pu t’empêcher de lui demander où se trouvait son talent. Sa réponse te surprit et t’amusa. Il était vrai que tu n’y avais pas pensé mais les talents sexuels pouvaient être de véritables talents. Le rouge t’était légèrement monté aux joues mais tu n’avais pas voulu lui faire croire que tu étais un prude ou quoi que ce soit de ce genre. Tu étais donc rentré dans son jeu en essayant de ne pas trop laisser ton imagination vagabonder. Tu ne faisais pas parti des hommes qui dès qu’il voyait une femme, l’imaginait dans son lit. Ce n’était pas toi du tout et tu ne t’étais pas encore laissé le droit d’imaginer Colleen de cette manière. Pourtant, l’attraction qui régnait entre vous était réelle et ce serait mentir que de dire que tu n’étais pas tenté par cette idée. Mais malgré le fait que vous étiez tous les deux confortablement installés sur le canapé de la jeune femme, dans son appartement, tu savais que vous n’étiez pas prêts pour ce genre de relation. Ce serait aller trop vite, sauter des étapes et tu n’avais pas envie de mettre en péril ce que vous étiez en train de construire. « Une femme doit garder une part de mystère, sinon, quel est l’intérêt ? » Elle savait parfaitement où appuyer pour te donner envie d’en apprendre un peu plus. C’était la première fois que tu te retrouvais de l’autre côté de la barrière. En général, c’était toi l’homme mystérieux qui ne se livrait pas beaucoup. Tu décidais de ne pas répondre, te contentant de secouer légèrement la tête. Tu espérais pouvoir percer ce mystère un jour, quitte à en faire ta nouvelle mission. Mais cela ne sera pas pour ce soir. La conversation revient sur des sujets moins risqués alors que Colleen te confie son talent de cuisinière et te propose de te faire goûter son coq au vin. « Ça ne m’étonne pas, je t’imagine parfaitement aux fourneaux, un tablier noué autour de la taille… Et même une toque de chef cuisinier sur la tête ! Ça t’irait bien » Tu n’avais jamais eu de toque de chef car tu ne cuisinais que pour toi et pour quelques amis que tu invitais chez toi mais c’était assez rare pour que ta cuisine soit plutôt intimiste. « Tu auras peut-être l’occasion de me voir en cuisine un jour ! Je ferai même l’effort de mettre une toque de chef. » L’idée d’inviter Colleen à manger chez toi était séduisante. Tu ne savais pas vraiment définir votre relation et tu ne savais pas où et quand vous pourriez vous revoir mais c’était quelque chose que tu avais envie de lui proposer dans la futur. Cuisiner pour les autres était toujours plus agréable, cuisiner pour Colleen le serait encore plus. Tu te montrais ensuite curieux sur le rôle de femme au foyer qu’avait eu ton interlocutrice. Vu qu’elle l’avait occupée pendant plusieurs années, tu ne pus t’empêcher de lui demander si elle l’avait apprécié. La réponse de Colleen ne te surprit pas vraiment, tu l’attendais. Pour avoir eu une mère femme au foyer qui avait adoré cela, tu savais que certaines personnes étaient faites pour ça et que c’était un métier à part entière. Amener les enfants aux activités, participer aux sorties scolaires, veiller à ce que la maison soit toujours bien rangée, s’occuper des tâches ménagères … Ta mère avait trouvé sa grande passion dans ses actions caritatives mais ta mère était une personne particulière. Colleen était indépendante et toutes les fois où elle t’avait parlé de son métier, tu avais bien compris à quel point il était essentiel pour elle. Tu allais lui répondre quand elle reprit la parole pour se confier de manière inattendue sur son mariage. Au fur et à mesure que Colleen se confiait, tu avais froid dans le dos. Ce que Colleen avait vécu, c’était ce que ta mère attendait d’un mariage. Que la femme se sacrifie pour laisser l’homme travailler. Tu avais toujours trouvé cela débile et tu étais entouré de femmes indépendantes qui n’avaient nullement besoin d’un homme pour s’assumer et avancer dans la vie. C’était bien mieux ainsi. Tu savais que tu conservais certaines valeurs conservatrices tirées de ton éducation mais les idées machistes et sexistes, ce n’était vraiment pas pour toi. Tu avais du mal à croire que Colleen avait supporté cette situation pendant dix-sept ans, l’âge qu’avait sa fille aujourd’hui … Mais elle avait réussi à se dégager de l’emprise de son mari, c’était déjà beaucoup. Cela avait dû lui demander énormément de courage. Tu ne pus t’empêcher de poser de nouveau ta main sur son genou pour lui passer un peu de ton soutien de manière physique. « Je suis désolé que tu aies eu à traverser tout ça. Mais ce nouveau départ à Brisbane n’en est que plus important. Tu as un travail que tu aimes et que personne ne peut te forcer à arrêter, tu viens d’acheter une maison, tu testes pleins de nouvelles activités et tu as élevé une fille qui ne se laissera jamais dicter sa conduire par qui que ce soit. » Dis-tu un petit sourire sur les lèvres. Mentionner Lou servait à détendre un peu l’atmosphère mais cela n’en était pas moins vrai. Il n’était pas difficile de voir que Lou était une jeune femme indépendante et qui n’allait en faire qu’à sa tête. Même quand lui demander de changer de comportement était pour son bien, il avait ses propres idées. « Je sais que tu ne le penses pas mais c’est très courageux de ta part d’avoir divorcé, suivi ta fille à l’autre bout du monde et recommencé une vie ici. Il faut avoir du cran pour tout laisser derrière soi et repartir à zéro. » Dis-tu à Colleen le plus sincèrement possible. Ce qu’elle avait vécu avec August, le fait qu’elle n’ait pas réussi à s’imposer face à ses désirs avant n’était pas un manque de courage à tes yeux. Tout le monde a ses faiblesses, il lui avait juste fallu un peu de temps pour arriver à trouver le courage qui lui fallait. « Je te ressers ? » Tu regardais ton verre vide et tu secouais la tête. Ce n’était pas pour être impoli, ni parce que tu voulais partir, c’était simplement parce que tu évitais de boire plus que quelques verres quand tu sortais, c’était mieux ainsi. « Non je te remercie. » Devant le regard surpris de Colleen et légèrement étonné, tu lui dis : « Ce vin est très bon mais je ne bois pas beaucoup de manière générale. Ça compense la période où je buvais beaucoup trop. » Dis-tu à Colleen avec un sourire qui était forcé sur ton visage. Tu ne savais pas si elle allait lire entre les lignes mais si c’était le cas, elle comprendrait certainement où tu voulais en venir et de tout ce que tu lui avais raconté, c’était certainement dans le top 3 de ce dont tu n’étais vraiment pas fier.
@Colleen Sainsbury |
| | | | (#)Sam 6 Juin 2020 - 15:55 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius WarrenContrairement à ce qu’elle avait imaginé, Marius ne semblait pas opposé à l’idée du mariage, bien au contraire. Il lui confia qu’il avait toujours été attiré par cette institution et que ce qu’il s’était passé avec Alice n’avait pas changé son opinion à ce sujet. Seulement, il ne voulait pas se marier juste pour dire de se marier. Colleen étudia l’expression de son visage, pensive. A la lumière de ce qu’il lui avait expliqué, elle comprenait mieux l’entêtement de sa mère à vouloir à tout prix lui trouver une épouse convenable. Ses sœurs étant trop attachées à leur indépendance pour songer au mariage, et son frère ayant déjà porté l’alliance, il ne restait plus que le fils aîné pour combler Maman Warren. C’était bien triste, cependant, de faire porter sur les épaules de Marius l’ensemble de ses ambitions de mère. Colleen avait appris que lorsque l’on voulait à tout prix forcer le destin, ce dernier s’accomplissait rarement. Alors à quoi bon s’acharner ? Il fallait laisser à Marius le temps de panser ses blessures pour pouvoir envisager l’avenir avec un peu plus d’optimisme et de sérénité. L’accompagner dans cette démarche, plutôt que de le brusquer et l’y précipiter. C’était en tout cas de cette manière que Colleen réagirait si Lou était un jour confrontée aux mêmes désillusions que Marius. Elle ne prétendait pas être une mère parfaite, loin de là… Toutefois elle faisait de son mieux pour s’accommoder des décisions de sa fille et ne pas la forcer à adopter son point de vue en toutes circonstances. Trouver le juste milieu, là résidait toute la difficulté d’être une bonne mère. Il fallait trouver un équilibre entre ses convictions personnelles et celles de son enfant, entre le désir de le couver et celui de le laisser voler de ses propres ailes. Même si Colleen n’avait jamais rencontré la mère de Marius, elle avait le sentiment qu’en lui présentant des femmes célibataires à la moindre occasion et en le poussant dans ses derniers retranchements, elle faisait pire que mieux en réalité, et rappelait sans cesse à son fils qu’il n’avait pas atteint ni même effleuré les objectifs qu’elle lui avait fixés. « Tu as le temps pour tout ça, rien ne sert de te précipiter comme tu dis. Au risque de me répéter : il faut prendre les choses les unes après les autres » Offrit-elle avec sagesse. « Un gentleman comme toi… Il te suffira d’un claquement de doigts pour convaincre la bonne personne quand elle se présentera à toi » Ajouta-t-elle avec un clin d’œil. Elle n’avait pas l’intention de dresser à nouveau la liste de ses qualités, mais elle n’avait cependant aucune peine à imaginer que ces dernières feraient pencher la balance en sa faveur.
Colleen tenta de rassurer Marius quand il lui dévoila son appréhension quant à la perspective de donner un cours de dessin à de jeunes enfants. Elle lui promit d’être là pour lui et de faire le nécessaire pour lui donner de l’assurance. Elle avait encore un peu de mal à comprendre la nature de ses craintes – ne s’était-il pas occupé seul de sa nièce pendant plus d’un an ? – mais elle trouvait son incertitude attendrissante car cela signifiait qu’il ne prenait pas les choses à la légère. Quand il lui répondit, la jeune femme décela dans ses propos une forme d’approbation et une lueur victorieuse brilla dans son regard. Ce n’était pas tant la fierté qu’elle ressentait à l’idée d’être parvenue à le convaincre, mais plutôt une forme d’excitation : elle était impatiente de lui faire découvrir le service pédiatrie et son univers. Et qui sait ? Si les choses se passaient bien, peut-être même qu’il voudrait revenir ? Colleen était optimiste car elle ne doutait pas un seul instant que les choses se passeraient à merveille.
Elle croqua dans un nouveau toast, mais c’est bien Marius qu’elle dévora du regard quand ils évoquèrent un sujet bien plus léger que les précédents. La jeune femme n’avait bu qu’un seul verre de vin et était en pleine possession de ses moyens. Pourtant, l’allusion qu’elle fit ressemblait à s’y méprendre aux sous-entendus qu’elle avait faits au Canvas après deux cocktails. Elle n’était pas de celles qui flirtaient avec légèreté à la moindre occasion, au contraire sa réserve naturelle l’en empêchait habituellement. Mais avec Marius, cela semblait presque naturel. En dépit des sujets sérieux qu’ils avaient abordés et des révélations qui en avaient découlé, l’attirance qu’elle avait ressentie pour lui la première fois au Canvas ne s’éteignait pas et, au contraire, semblait gagner en intensité au fil de leurs conversations. Colleen n’était pas prête à lui accorder plus d’importance, toutefois elle était incapable de demeurer totalement impassible en présence de Marius, car la moindre allusion pouvait réveiller chez elle toutes sortes de sensations. Elle joua la carte du mystère puis pensa à voix haute en imaginant Marius avec la panoplie complète du cuistot. A l’évocation de cette image, un sourire se dessina automatiquement sur ses lèvres, sourire qui gagna en intensité quand il suggéra de jouer les chefs cuisiniers pour elle. Ils avaient convenu en début de soirée qu’ils n’avaient pas besoin de prétexte pour se voir, mais si tel avait été le cas ils en avaient à présent suffisamment pour programmer au moins une bonne demi-douzaine de rendez-vous, entre le cours de dessin à l’hôpital, le coq au vin, la présentation des croquis de Marius, le repas qu’il venait de proposer, peut-être même un éventuel cours de surf… Les opportunités de le revoir ne manquaient pas, ce qui n’était pas pour lui déplaire. « Tu te souviens quand tu m’as dit tout à l’heure que tu apprécies le temps qu’on passe ensemble ? Fais attention parce que moi aussi je risque d’y prendre un peu trop goût, surtout si tu proposes de cuisiner pour moi ». L’intensité de son regard fut telle qu’elle préféra détourner son attention du visage de Marius un instant, le temps de reprendre une bouchée sur le plateau presque vide à présent, et de se ressaisir par la même occasion. Elle n’avait jamais mis les pieds chez lui, elle ne savait même pas dans quel quartier il vivait, mais elle était curieuse de découvrir son intérieur à présent. Elle était certaine qu’elle discernerait de nouveaux aspects de sa personnalité à travers celui-ci, et même s’il avait déjà levé une partie du mystère qui l’entourait ce soir-là, elle était loin de pouvoir prétendre tout connaître à son sujet.
La situation s’y prêtant, ce fut pourtant à elle de prendre son courage à deux mains et de se lancer dans le récit de sa propre histoire. Elle se cantonna aux grandes lignes, mais elles étaient suffisamment nettes pour lui permettre de brosser le portrait d’August et d’esquisser le tableau familial. Colleen ne pouvait pas prétendre avoir apprécié le rôle de femme au foyer qui lui était revenu après la naissance de Lou. Elle n’avait pas l’intention d’édulcorer la vérité non plus. Son histoire était bien moins tragique que celle de Marius, et elle ne souffrait pas des mêmes blessures que lui, toutefois elle comportait aussi bon nombre d’erreurs et de regrets. Marius devait comprendre que si elle était peu encline à commencer une nouvelle histoire d’amour et résistait aussi bien à la tentation qu’il représentait – qu’il soit, ou non, conscient de celle-ci – c’était précisément à cause de son passé. Elle ne pouvait imaginer renoncer à sa liberté, alors qu’elle ne commençait réellement que maintenant à en découvrir la saveur. Elle ne pouvait imaginer s’enfermer de nouveau dans le rôle qui avait été le sien pendant de si longues années. Alors elle y allait tout doucement, à tâtons, tâchant de le découvrir avant d’envisager quoique ce soit d’autre. Avant d’être déçue.
Elle perçut dans le regard clair de Marius une certaine tendresse voilée de bienveillance. Il esquissa le même geste qu’en début de soirée en posant sa main sur son genou, mais cette fois-ci Colleen ne chercha pas à le repousser. L’accord était implicite, mais elle était convaincue que ce geste ne trahissait pas la moindre ambiguïté. De la même manière qu’elle s’était jetée dans ses bras un peu plus tôt dans la soirée pour le réconforter, c’était sa manière à lui de compatir. Alors plutôt que de chasser sa main, elle posa la sienne par-dessus, son regard soutenant celui de Marius. Il lui dit que ce nouveau départ à Brisbane sonnait comme une victoire et qu’elle pouvait être fière de tout ce qu’elle avait déjà accompli. Il la trouvait même courageuse d’être parvenue à se libérer de son mariage et d’avoir commencé sa vie à l’autre bout du monde. Elle inclina le menton en signe d’approbation. « Je n’aurais jamais été capable de venir m’installer ici seule, c’est en grande partie grâce à Lou que je suis ici aujourd’hui. Sans elle, je ne sais pas si j’aurais été suffisamment courageuse pour me lancer dans cette aventure ». Alors qu’elle était la mère et était censée être celle qui guidait sa fille et la poussait à sortir de sa zone de confort, le schéma s’était inversé dans cette situation précise. La maturité de Lou était telle que les rôles avaient été permutés ; la fille avait poussé la mère dans ses retranchements, lui avait ouvert les yeux et l’avait persuadée qu’elle méritait mieux. Colleen s’était lancée et ne l’avait pas regretté, comprenant assez rapidement que sa fille avait été bien plus clairvoyante qu’elle-même ne l’avait été. « Je lui dois beaucoup. Sans elle, je serais passée à côté d’une belle aventure… A côté de belles rencontres, aussi ». Ses doigts exercèrent une pression furtive sur le dos de sa main, avant qu’ils ne se détachent de sa peau pour venir se poser sagement sur son propre genou. Marius était indubitablement l’une de ses plus belles rencontres à Brisbane. Une rencontre fortuite, mais une rencontre particulièrement plaisante. Cette soirée en était la preuve : ce qui ne devait être à l’origine qu’une soirée « cartons » s’était naturellement transformée en une douce soirée au cours de laquelle ils s’étaient livrés l’un et l’autre. La jeune femme savait déjà qu’elle attendrait leur prochaine entrevue avec impatience.
Désignant les verres sur la table, elle proposa à Marius de le resservir mais ce dernier déclina poliment sa proposition. Il lui fit alors une drôle de révélation, évoquant une période pendant laquelle il avait un peu trop forcé sur la boisson. Colleen n’avait aucune difficulté à deviner ce à quoi il faisait allusion, ayant été attentive à l’histoire qui lui avait dévoilée précédemment. Elle hésita un instant, ne sachant pas trop si elle devait rebondir ou non. Ses propos étaient suffisamment explicites et elle n’avait pas la moindre envie de le forcer à replonger dans ces souvenirs-là. Alors elle se contenta d’hocher la tête, et d’ajouter « Tu as raison, c’est plus sage d’éviter alors… Je vais en faire de même, d’ailleurs, et suivre ton bon exemple ». Elle n’avait bu qu’un seul verre en tout et pour tout, et assez lentement pour lui permettre de garder la tête froide et des propos cohérents. Elle esquissa un sourire taquin. « Finalement je ne t’ai pas beaucoup exploité ce soir » Fit-elle en désignant les cartons. « Du coup je compte me rattraper lors du déménagement. Tu n’y échapperas pas, je pense… ». Elle fronça les sourcils subitement, se pencha en avant et posa délicatement ses doigts sur son bras qu’elle palpa comme pour en vérifier l’état des muscles. « Contracte un peu pour voir ? » Lui demanda-t-elle d’un air sérieux. Quand il s’exécuta, elle palpa de nouveau et acquiesça, ravie. Le tissu de sa chemise était suffisamment fin pour lui permettre de constater que sans avoir des biceps dignes d’un boxeur, il avait ce qu’il fallait pour l’aider. « Pas mal ! » S’exclama-t-elle, les yeux rieurs et l’expression dénuée de gravité à présent. « Prépare-toi : j’ai l’intention de te réserver les cartons les plus lourds ! ».
Dernière édition par Colleen Sainsbury le Lun 8 Juin 2020 - 20:00, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 7 Juin 2020 - 22:52 | |
| Le mariage n’était pas un sujet tabou pour toi. Tes proches te définissaient comme phobique de l’engagement mais tu ne l’étais pas. Du moins pas vraiment. Le problème pour toi n’était pas de t’engager. Tu avais montré en particulier dans ta carrière professionnelle que tu savais t’engager sur le long terme sans problème. Ce n’était pas pareil mais tu n’avais pas non plus reculé quand ton frère t’avait confié la garde de sa fille. Le problème avec la mariage était qu’il fallait trouver la personne avec qui on veut partager cette aventure. Et c’était là que les choses devenaient plus compliquées. Tu pouvais comprendre pourquoi ton entourage pensait que tu étais phobique de l’engagement. Tu n’avais jamais réellement laissé une chance aux femmes que tu avais pu croisées et qui s’étaient montrées intéressées. Tu n’étais pourtant pas émotionnellement capable de te lancer dans ce genre de relation. Du moins tu ne l’avais pas été pendant des années. Depuis ton retour de Paris, maintenant que les choses semblent s’améliorer avec ton frère, maintenant que tu peux revoir Moïra un peu plus souvent, tu as l’impression que c’est le bon moment pour essayer de te laisser une nouvelle chance. Car quelle est la probabilité que l’histoire se répète ? Elle était faible mais pas inexistante. Ce sera une crainte avec laquelle tu devras malheureusement apprendre à vivre car tu ne seras pas capable de faire sans malheureusement. « Tu as le temps pour tout ça, rien ne sert de te précipiter comme tu dis. Au risque de me répéter : il faut prendre les choses les unes après les autres. Un gentleman comme toi… Il te suffira d’un claquement de doigts pour convaincre la bonne personne quand elle se présentera à toi » Un petit sourire vint répondre au clin d’oeil de Colleen. Tu aimerais que cela soit aussi simple que cela mais tu en doutais. Maintenant que tu avais passé la quarantaine, les personnes que tu rencontrais seront certainement bien moins enclines à se marier. Cela prenait du temps et ce n’était pas évident mais tu commençais petit à petit à accepter qu’il y a des choses que tu ne vivras pas tout simplement et le mariage comme le fait d’avoir un enfant commencent à devenir des rêves lointains que tu te résignes à mettre de côté. Une chose était sûre par contre, ta mère qui fait le forcing pour que tu te maries avec la fille d’une de ses amies, ce n’est vraiment pas ça que tu cherches. Mais ta mère n’a jamais essayé de comprendre. Tout ce qu’elle a vu c’était qu’Alice avait brisé votre fratrie et elle n’a jamais eu l’occasion de le dire mais tu doutais qu’elle portait son ex belle-fille dans son coeur. « Une chose est sûre, si je trouve une personne avec qui je suis bien, je ferait tout pour le garder. Mariage ou pas, ça ce n’est qu’un détail. » Même si tu aimerais te marier, tu n’en faisais pas une nécessité non plus. Pour toi, le mariage était un contrat entre deux personnes et il fallait que les deux personnes qui le signaient le veulent vraiment. Passer à côté de la bonne personne pour une chose aussi futile ne te semblait pas valoir le coup.
Questionner Colleen sur ses loisirs et ses talents vous avait amené à aborder un certain nombre de sujets qui t’avaient permis de découvrir la jeune femme et qui lui avait certainement permis de faire l’inverse. Tu avais du mal à croire que les mots sortaient aussi facilement de ta bouche, qu’il n’y avait jamais eu avec Colleen ces silences parfois gênants que tu retrouvais dans de nombreuses conversations. Et cela te faisait énormément de bien. Tu préférais ne pas regarder de trop près les raisons qui faisaient qu’avec la jolie brune, tout se passait simplement et naturellement, tu risquais de te faire peur et ce n’était pas le moment. Colleen finit par te confier que son talent était la cuisine et tu étais intrigué de goûter son coq au vin. Tu lui confiais que tu étais à ton tour un cuisinier acceptable et l’idée de cuisiner pour elle se présenta comme une évidence : « Tu te souviens quand tu m’as dit tout à l’heure que tu apprécies le temps qu’on passe ensemble ? Fais attention parce que moi aussi je risque d’y prendre un peu trop goût, surtout si tu proposes de cuisiner pour moi » Tu ne voyais pas le problème là-dedans, au contraire même. Ton regard soutint celui de la jeune femme en face de toi. C’est fou comme un quelques mots, vous pouviez si rapidement vous approcher de la ligne rouge qui était quelque part dessinée sans que vous ne sachiez vraiment ce qu’elle était. Mais ce serait mentir que de dire que tu n’appréciais pas un peu ce petit jeu. « Qui te dit que ce n’est pas mon objectif ? » Plus tu passais du temps avec Colleen, plus tu avais envie de continuer. Tu y avais déjà pris goût de ton côté et tu savais que cela pouvait être dangereux, très dangereux. Tu avais aussi conscience que tu étais peut-être en train de prendre ton premier risque depuis qu’Alice était sortie de ta vie et alors que d’habitude tu aurais tout fait pour éloigner la jeune femme, cette fois, tu avais envie de te laisser une chance, de prendre un risque. Est-ce qu’il sera payant ? Tu n’en sais rien. Tu ne sais même pas ce que tu attends de ta relation avec Colleen, tu as juste envie de continuer à la découvrir et de voir ce qui en sortira.
C’est toi qui t’étais montré curieux par la suite en demandant à Colleen si elle avait apprécié son rôle de femme au foyer. Tu avais bien compris que ce n’était pas son rêve mais cela n’empêchait pas qu’elle pouvait l’avoir apprécié. Tu ne t’attendais pas à ce qu’elle se confie ainsi mais tu l’écoutais d’une oreille attentive, désolé qu’elle ait eu à traverser ces épreuves. Colleen avait autant le droit que son mari de travailler et d’avoir une carrière. Qui avait décrété que les femmes ne pouvaient pas s’occuper de leur enfant en ayant une carrière ? Des gens comme ta mère, très certainement … La seule différence étant que ta mère avait toujours aimé plus que de raison ce rôle de femme au foyer qu’elle continuait à défendre. Tu n’avais pas envie de faire de grands discours, il n’y en avait pas à faire de toute manière. Mais tu soulignais le courage et la force de caractère de Colleen qui, même si elle avait mis un peu de temps, était arrivée à se détacher de l’emprise de son ex-mari, une victoire dont elle se devait de profiter. Ses doigts vinrent se poser sur les tiens, te faisant frissonner alors qu’elle te disait : « Je n’aurais jamais été capable de venir m’installer ici seule, c’est en grande partie grâce à Lou que je suis ici aujourd’hui. Sans elle, je ne sais pas si j’aurais été suffisamment courageuse pour me lancer dans cette aventure. Je lui dois beaucoup. Sans elle, je serais passée à côté d’une belle aventure… A côté de belles rencontres, aussi » Un petit sourire se dessina sur ton visage à ces paroles. Tu sentis la pression des doigts de Colleen sur les tiens mais tu n’en avais pas besoin pour comprendre ce qu’elle te disait. Toi aussi tu étais heureux de l’avoir rencontrée. Tu ne savais pas ce que l’avenir vous réservait et si tu étais en droit d’attendre quelque chose de ce dernier mais peu importait car rencontrer la jolie brune ne sera pas quelque chose que tu regretteras, peu importe ce qui adviendra de votre relation. La relation entre la mère et la fille était un sujet que tu n’avais pas encore beaucoup abordé avec Colleen mais tu avais compris que les deux étaient proches. Tu questionneras sans doute un jour ton interlocutrice sur sa fille mais pour l’instant tu préfères laisser Lou dans ta salle de classe et attendre que la situation se calme avant de poser trop de questions. « Je vais devoir une fière chandelle à ta fille j’ai l’impression. Tu crois que je devrais l’inviter à dîner pour la remercier ? » Demandas-tu à Colleen un sourire en coin sur les lèvres. Il était bien entendu évident que tu n’allais pas faire une chose pareille vu les idées que cela donnerait à Lou. Mais si elle était la raison pour laquelle sa mère était à Brisbane, elle avait aussi été la raison de deux de vos rencontres même si elle l’ignorait plus ou moins. Il était peut-être un peu tôt pour plaisanter de ce sujet mais la jeune adulte semblait se calmer avec toi ce qui était rassurant.
Colleen te proposa ensuite de te resservir du vin, proposition que tu refusas. Tu ne rentrais pas dans les détails mais tu lui fis tout de même comprendre qu’il y avait une raison à cette petite consommation d’alcool. Elle ne releva pas et c’était sans doute mieux ainsi, vous auriez peut-être l’occasion d’en reparler une autre fois ou pas, tu n’en parlais pas, ton entourage savait qu’il ne fallait pas te forcer c’est tout. « Tu as raison, c’est plus sage d’éviter alors… Je vais en faire de même, d’ailleurs, et suivre ton bon exemple » Si Colleen préférait suivre ton exemple, pourquoi pas ! Tu ne voulais pas la forcer à s’arrêter cependant juste parce que c’était ce que tu avais décidé de ton côté. « Finalement je ne t’ai pas beaucoup exploité ce soir. Du coup je compte me rattraper lors du déménagement. Tu n’y échapperas pas, je pense… » Effectivement, cette soirée destinée à faire des cartons s’était transformée en autre chose et tu ne pouvais pas dire que tu le regrettais, bien au contraire. Et puis aider Colleen à déménager ne te semblait pas être un grand sacrifice vu que cela voudrait dire passer de nouveau du temps avec elle. Ses doigts vinrent se poser sur ton bras et tu manquais d’éclater de rire quand elle te demanda : « Contracte un peu pour voir ? » Tu jouais le jeu malgré tout. Si elle cherchait une carrure de déménageur, elle n’était pas tombé sur la bonne personne. Tu n’étais pas un grand sportif, tu n’aimais pas le sport et te muscler était quelque chose d’optionnel à tes yeux. Tu ne faisais l’effort que pour accompagner Jacob à sa salle quand tu avais peur qu’il aille trop loin. « Pas mal ! Prépare-toi : j’ai l’intention de te réserver les cartons les plus lourds ! » Tu n’étais pas certain d’être la meilleure personne pour les cartons lourds mais tu ferras de ton mieux. « Tu peux compter sur moi pour ton déménagement mais ne me garde pas les cartons les plus lourds, je ne voudrais pas me ridiculiser. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Tes yeux quittèrent les yeux rieurs de Colleen pour se poser sur une pendule qui était posée dans le salon. L’heure avait bien tourné depuis ton arrivée et il était temps que tu rentres chez toi. « Il commence à se faire tard, je vais te laisser. » Lui dis-tu en te levant du canapé. Tu n’en avais pas spécialement envie car tu étais bien installé aux côtés de la jeune femme mais rester trop tard n’était pas une bonne idée pour ce soir. Colleen t’imita et bientôt tu te retrouvais près de la porte. « Merci beaucoup pour cette soirée. J’ai … J’ai passé un très bon moment. » Lui dis-tu sincèrement ce qui n’était pas une mince affaire vu les sujets que vous aviez abordés. Intuitivement, tu posais tes doigts contre une mèche de Colleen que tu poussais derrière son oreille avant de déposer tes lèvres sur sa joue. « Passe une bonne nuit et à très bientôt. » Tu laissais le bout de tes doigts frôler la peau de son cou avant d’ouvrir la porte, de lui sourire une dernière fois et de quitter son appartement. Tu n’avais pas envie de partir, tu avais envie de retourner sur tes pas et de … Non, pas ce soir, pas encore mais … Mais peut-être bientôt … Enfin, tu l’espérais. Rien que le fait d’imaginer un peut-être te donnait l’impression de respirer pour la première fois en quinze ans.
@Colleen Sainsbury |
| | | | (#)Lun 8 Juin 2020 - 22:06 | |
| just the way we are, two lost souls looking for a sign. @Marius WarrenQuand elle referma la porte de l’appartement derrière lui, Colleen poussa un soupir et se dirigea d’un pas traînant vers le canapé. Là, elle s’empara d’un coussin qu’elle blottit contre sa poitrine et s’allongea de tout son long sur l’assise confortable. Le regard rivé sur le plafond, elle passa en revue chaque moment de la soirée, un sourire béat accroché aux lèvres. De l’arrivée de celui qu’elle avait surnommé James B jusqu’à son départ, elle avait perdu toute notion de temps, si bien que lorsqu’elle avait jeté un coup d’œil à l’horloge en même temps que Marius quelques minutes plus tôt, elle avait été stupéfaite de constater l’heure déjà bien avancée qu’elle indiquait. Alors elle l’avait laissé partir, le cœur serré, se raccrochant avec espoir à la perspective de leur prochaine rencontre. Une promesse qu’ils n’avaient pas eu besoin d’énoncer à voix haute, tant elle s’imposait comme une évidence. Le regard que lui avait lancé Marius avant de partir, et ses mots « à très bientôt » avaient été suffisants pour qu’elle comprenne qu’il avait réellement l’intention de la revoir. A ce souvenir, la main de la jeune femme lâcha le coussin et ses doigts se posèrent délicatement sur sa joue. Un frisson lui parcourut l’échine quand elle repensa à ses doigts qui s’étaient furtivement glissés dans ses cheveux avant de frôler sa nuque, et ses lèvres qui avaient laissé leur empreinte à la fois si douce et si électrique sur sa peau. A ce moment-là, si elle avait écouté son instinct, elle ne l’aurait pas laissé partir. Elle ne l’aurait pas laissé lui échapper. Non, elle se serait raccrochée à lui, aurait peut-être glissé ses bras autour de son cou pour l’attirer contre elle, niché son visage au creux de son cou pour inhaler son parfum, fermé les yeux pour mieux s’imprégner de sa présence. Elle aurait sans doute prolongé l’étreinte le plus longtemps possible et alors, peut-être, peut-être qu’elle aurait eu le courage de faire ce que son instinct lui aurait dicté, peut-être qu’elle aurait posé son front contre le sien, scruté ses yeux clairs afin d’y chercher leur approbation, et approché son visage du sien pour… Mais elle était restée pantoise. Comme une idiote. Figée. Le souffle coupé. Le sourire qu’il lui avait adressé alors qu’il se tenait déjà à quelques pas d’elle l’avait sortie de sa torpeur, mais l’instant était passé. Avec du recul, ce n’était sans doute pas si mal. Elle aurait probablement regretté d’avoir cédé à l’appel de ses lèvres et d’avoir laissé les défenses qu’elle avait tant peiné à ériger, s’écrouler dans un moment d’égarement. Avec du recul, elle se disait que c’était mieux ainsi, que si elle ne pouvait rien faire contre l’attirance qu’elle ressentait pour lui, elle pouvait au moins se raccrocher à la fierté qu’elle éprouvait à l’idée d’être parvenue à résister. Une fierté teintée d’une contrariété tenace, qu’elle s’efforçait d’ignorer.
Les images défilaient dans son esprit, les paroles résonnaient dans ses pensées, le sourire de Marius gravé dans son cœur, son regard inscrit dans sa mémoire. Les thèmes qu’ils avaient évoqués n’avait pas toujours été légers, et la souffrance qu’elle avait décelée dans ses yeux, parfois difficile à soutenir. Ils s’étaient livrés, s’étaient ouverts l’un à l’autre avec une facilité qui continuait de la déconcerter. La confiance semblait mutuelle, l’entente naturelle. D’une certaine manière, elle avait l’impression qu’elle l’avait toujours connu alors que ce n’était en réalité que la cinquième fois que leurs chemins se croisaient. Le destin n’avait pas toujours bien fait les choses, ni pour l’un ni pour l’autre, mais qu’en était-il de cette rencontre qu’il avait organisée quelques jours seulement après l’arrivée de la jeune femme en Australie ? Des suivantes, qu’il s’était amusé à arranger ? Quatre fois sur cinq, c’était bien lui qui avait guidé Marius sur le chemin de Colleen, comme s’il s’évertuait à leur prouver quelque chose. Elle n’était pas de celles qui croyaient férocement en la fatalité, bien loin de là, mais force était de constater que le hasard faisait bien les choses, il le leur avait prouvé à plusieurs reprises. Et désormais, elle ne pouvait plus ignorer l’attirance qui la poussait vers lui, ni l’envie d’apprendre à le connaître davantage, ni le désir qui s’ancrait en elle avec de plus en plus de force.
Plus tôt dans la soirée, quand elle l’avait mis en garde en lui avouant qu’elle risquait de prendre un peu trop goût à leurs entrevues – surtout s’il proposait de cuisiner pour elle – il avait laissé sous-entendre qu’il s’agissait peut-être là de son objectif. Il ne l’avait pas quittée des yeux à ce moment-là, et elle n’avait pu répliquer tant l’intensité de son regard avait anesthésié ses sens, l’enveloppant d’une drôle de sensation qu’elle aurait bien été incapable de qualifier. Les contours de la pièce de vie s’étaient estompés autour de Marius jusqu’à complètement disparaître de son champ de vision. Elle avait été saisie par la force de sa fascination et avait éprouvé bien des difficultés à détourner les yeux un peu plus tard pour reprendre ses esprits. Puis quand il avait mentionné Lou et admit qu’il lui devait une fière chandelle car sans elle ils n’en seraient certainement pas là aujourd’hui, elle avait esquissé un franc sourire et opiné du chef. « C’est vrai, tout ça c’est grâce à elle. Cependant, je propose que tu réserves le dîner à la mère plutôt qu’à la fille » Avait-elle soufflé, avant d’ajouter : « … Et de ne pas lui en souffler mot dans l’immédiat. Pour la remercier, tu pourras toujours te contenter d’une bonne note à un devoir ou quelque chose dans ce goût-là… Je te fais confiance pour les idées ». Loin d’elle l’idée d’essayer de grappiller des points dans la moyenne de sa fille, mais à la lumière des récents événements entre le professeur et son élève, il était sans doute plus raisonnable de maintenir des relations strictement académiques avec l’étudiante. Même si une lueur malicieuse avait dansé dans le regard du beau brun quand il lui avait fait cette proposition, et qu’elle ne doutait pas une seconde qu’il était le premier à vouloir à tout prix éviter ce genre de situations… Enfin, quelques minutes avant le départ de Marius, elle s’était amusée à tester ses muscles en vue du déménagement qui aurait lieu le mois suivant. Il avait déjà affirmé au cours de leurs échanges qu’il n’avait pas la carrure d’un déménageur ou du célèbre espion Britannique, mais elle n’était parvenue à résister à la tentation de le titiller un peu. Il lui avait répondu qu’elle devrait peut-être réserver les cartons les plus lourds à d’autres personnes, mais elle avait secoué la tête, déterminée. « Non-non, tu ne t’en tiras pas aussi facilement que ça ». Puis elle avait souri, pour la quatre-cent cinquante-et-unième fois de la soirée environ. En réalité, son sourire l’avait à peine quittée de toute la soirée et même après son départ, il continuait d’étirer ses lèvres et d’atteindre ses yeux.
Avec un soupir, elle ramena le coussin devant ses yeux et poussa un petit grognement de frustration, avant de quitter le confort du canapé pour se diriger vers la salle de bain. Elle ne savait pas ce que l’avenir lui réservait, mais tout portait à croire qu’elle n’avait pas fini d’entendre parler d’un certain Marius Warren. SUJET CLOS |
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