Une soirée, encore une. Celle de la rentrée de tournée. Parce que je l’ai fini la tournée, je suis allé jusqu’au bout. J’ai fait mes 5 chansons par set, j’ai dormi dans le van face aux étoiles. J’ai été seul et c’était bien mieux comme ça. Ariane est partie et tout est terminé, je lui ai dit. Je ne veux plus la voir, j’ai une vie à vivre sans elle, une vie bien meilleure que tout ce qu’elle aurait pu offrir. Et j’espère qu’elle va se casser, qu’elle va regretter d’avoir brisé chaque petit morceau du lien qui nous restait. Je suis de retour, le vrai moi, pas celui qui fait des déclarations sur une plage, pas celui qui laisse son coeur à n’importe qui. Aujourd’hui c’est moi, et je vais devenir le chanteur le plus connu du label Fitzgerald. La chanson que j’ai écrite passera à la radio en boucle, et elle l’écoutera Ariane. Elle écoutera tout, parce que cette chanson va devenir ma meilleure chanson, juste pour être sûr qu’elle ne l’oubliera jamais et que ça lui fera mal à chaque fois.

Je suis bien habillé ce soir, bien mieux qu’à la dernière soirée. J’écoute les conseils de Sebastian vous voyez. Et je me balade dans la salle, c’est toujours aussi chiant, c’est toujours aussi long. Mais je ne dois pas chanter ce soir, je dois juste faire acte de présence pour montrer à quel point tout s’est bien passé pendant cette tournée, à quel point le Fitzgerald a fait le bon choix en pariant sur moi. Il a fait le bon choix, rien ne m’arrêtera à partir de maintenant. Plus rien. Je bois un peu, je fais bonne figure, Sébastian a l’air content et c’est tout ce qu’il me faut. Son avis à lui est important, le reste, je m’en fiche un peu.

La terrasse n’est pas vide, je grogne un peu. Je me mettrai de l’autre côté, pour avoir un semblant de solitude. J’aime regarder la ville la nuit, quand tous les buildings sont éclairés. Elle est belle ma ville, et toujours bien plus belle la nuit. Je la connais cette brune, je l’ai déjà vu. Je cherche, c’est la femme du connard (oui il n’a pas de nom) et mes yeux s’arrondissent. “Vous êtes mariés avec un mec riche non ?” Je le sais, je reconnais son visage. On s’est déjà rencontré et vu sur cette même terrasse. “Ton mari n’est pas là ? Oh non pardon il doit se balader avec une rousse.” Je suis mauvais, mais j’ai envie de voir ce qu’elle a dans le ventre. C’est peut-être juste une potiche sans cervelle, comme 90% des femmes de cette assemblée.

Tu as passé la soirée à ne faire que ça, t'excuser de l'absence de ton mari, à la justifier plutôt. Tu te demandes toi même s'il se souvenait lui-même que cette soirée avait lieu, parce qu'il n'est toujours pas rentré. Tu n'en a rien à faire, ou peut-être que si. Tu ne sais plus. Un jour, vous devrez tous deux cesser les enfantillages et tourner la page sur cette horrible chapitre de votre mariage. Oublier et passer à autre chose, ce que vous faites depuis des années sans jamais rien régler réellement.

La soirée est encore jeune quand tu te décides a t'éclipser sur cette terrasse qui ne te rappelle, au fond, aucun bon souvenir. Pourquoi est-ce si ironique que la soirée se passe au même endroit ? Pourquoi est-ce si ironique que lui y soit également ? L'autre cocu de l'histoire. Enfin, qu'est-ce que t'en sais s'ils sont ensemble ou non ? Tu as juste posé une conclusion suite à ce baisée langoureux de la dernière fois. « Vous êtes mariés avec un mec riche non ?” » Quelle question. Bien sûr qu'il sait. Tout comme toi tu sais. Comment oublier ces paroles ? Ce regard meurtrier qu'il avait lancer à ton mari ? Comment oublier ? « Pourquoi ? T'as besoin d'argent ? »

« “Ton mari n’est pas là ? Oh non pardon il doit se balader avec une rousse. » Tu l'entends, la rancoeur dans sa voix. Visiblement, il ne s'était pas laissé en bon terme ces deux-là. Ils n'avaient pas juste oublié. « La lune de miel est déjà terminé ? » que tu lui demandes sarcastique en te retournant finalement vers lui. « Il est en voyage avec son frère. » Un voyage où tu n'avais pas été invité et où tu ne serais pas aller de toute façon. Il est avec son frère. Oui, mais un coup la nuit tombée, qui est là pour réchauffer TA place à ses côtés ? Ça fait des jours que tu te refuses de l'appeler par peur d'entendre que c'est encore un mensonge, parce que c'est vraiment ça le problème. Entre vous deux, il n'y a jamais eu de secret. Voilà ce qui vous tenait vraiment ensemble. Maintenant ? Il n'y a plus rien.

@jeremiah etish  

J’aurais aimé rester seul pendant quelques minutes. C’est rien quelques minutes. Je me penche sur la terrasse, je regarde en bas, j’observe les buildings, la vue est belle d’ici. Bien plus belle quand on est en hauteur, presque plus belle que si j’étais à kangaroo point. Mais il y a cette brune que j’ai déjà vu, et je mets quelques minutes avant de me rendre compte qu’elle est la femme du gars que je déteste. Du nouveau mec d’Ariane sûrement. Alors je me rapproche, je ne peux pas laisser passer une occasion pareille. Mon sourire s’agrandit, qui aurait cru qu’on se croiserait et qu’on finirait tous les deux sur la même terrasse que la dernière fois ? Sur la même terrasse, mais seul cette fois. Les choses sont bien faites.

Mais c’est qu’elle a du répondant apparemment, mon sourcil se hausse. “J’ai pas besoin de sugar daddy je gagne assez bien ma vie.” Je me tourne vraiment vers elle pour la sonder. Est ce qu’elle sait pour son mari ? Est ce qu’elle a compris ? J’espère que oui, et, même si il n’a pas compris elle le saura ce soir. Je lui dirai tout ce que moi j’ai compris. Et moi aussi je pique, parce que je n’aime pas être sur cette terrasse alors que les souvenirs remontent. Et si elle ne savait pas ça non plus ? Si elle ne savait pas que son cher et tendre était venu chercher la rousse sur les routes de l’Australie ? Oh quelle belle carte à jouer. “Y’a jamais eu de lune de miel. Elle était que mon invitée, je me suis bien amusé c’est tout.” Et ma voix sonne certainement un peu faux quand mes yeux fixent l’endroit où je lui ai dit qu’on devait partir. J’aurais tellement préféré qu’elle me dise non, j’aurais facilement pu la faire basculer au dessus de la rambarde pour qu’elle explose au sol.

Et je ris, un rire mauvais. Elle ne sait pas, et moi qui pensais être le pire connard de l’univers. Visiblement son mari est pire que moi. Encore plus fourbe, menteur et manipulateur que je peux l’être. Tu fais un bon choix Ariane. “T’es sûre de ça ?” Mes yeux captent les siens. Je n’ai aucune rancoeur pour elle, seulement un peu de pitié, de la tristesse aussi certainement. Elle devrait le détruire, comme je veux détruire Ariane. “Il est venu la chercher sur la tournée, j’étais là.” Et elle va le voir dans mes yeux que je suis honnête, parce que je ne cille pas.

« J’ai pas besoin de sugar daddy je gagne assez bien ma vie » « Vraiment ? » Tu arques un sourcil. Assez bien. C'est relatif d'une personne à l'autre. Tu le juge de la tête au pied. Bon, il a fait un effort ce soir. Mieux que la dernière fois. Mais encore, tu le vois d'ici que le tissus n'est pas de qualité. Tu le vois d'ici qu'il a pris celui qui lui semblait paraître le mieux, parce qu'il s'en fou. Ça reste des vêtements qu'il ne portera que peu souvent, parce que lui, c'est pas ça sa vie.

« Y’a jamais eu de lune de miel. Elle était que mon invitée, je me suis bien amusé c’est tout. » Tu souris, malicieusement. Ça se voit à dix milles à la ronde qu'il ment. Après la scène entre Ariane et lui à la dernière soirée, c'est encore plus évident que c'est un mensonge. Elle lui a brisé le coeur ? On dirait bien. « Tu avais pas vraiment l'air de t'amuser, mais si tu le dis... » Tu hausses les épaules. C'est pas comme si ça t'importait vraiment de toute façon. Tu voulais simplement oublier cette soirée. Tout oublier.

Et le voilà le véritable sujet. Voilà vraiment où il voulait en venir. Il a le rire mauvais et l'angoisse te prend directement au ventre. Tu le sais. Tu sais ce qu'il va dire et tu as juste envie de lui hurler qu'il se la ferme. Tu veux pas savoir. « T’es sûre de ça ? » Non. Tu sais pas. Tu te doute, mais tu sais pas. Ça fait des jours que tu n'as plus de nouvelles, mais tu connais Saül. Tu sais comment il est. Il ne fera jamais le premier pas même si tout est de sa faute à lui. « Il est venu la chercher sur la tournée, j’étais là. » Ton regard qui se pose dans le sien quelques instants. La voilà la véritable raison de cette rancoeur. Elle l'avait choisit lui. Et il l'avait choisit elle. Ton regard fuit rapidement le sien, ne lui autorisant pas le droit de voir que les mots blessent. C'est sûrement ça qu'il voulait, non ? « Peu importe. Qu'il aille se faire foutre » Lui. Elle. Tous les deux. Ta voix est dure, dénué d'émotions. Tu vides ton verre tout en te retournant face à la balustrade. Pourtant, tu sens toujours son regard à lui sur toi. Qu'est-ce qu'il veut ? L'ambiance est froide, glacial, silencieuse et presque malaisante. « Qu'est-ce que tu veux ? » Il te reproche quand même pas leur aventure à eux ? C'est pas ton foutu problème si ton mari est un gros con.

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”Quoi ? J’ai mis un beau costume pourtant ce soir.” Mon sourcil qui s’arque légèrement alors que je ne lache pas la brune des yeux. Je sens le jugement dans ses yeux, et ça me fait bien plus rire qu’autre chose. Elle croit qu’elle sait tout, que rien n’est mieux que la vie qu’elle mène elle. Mais elle ne connait rien à rien. Je suis prêt à parier qu’elle a toujours fait la même chose que jamais rien n’a été spontané pour elle. La petite femme mariée depuis des années qui ne pourrait pas vivre sans les sous et l’influence du mari. Elle ressemble à toutes ces femmes dans cette salle, sauf qu’elle, elle est seule. “J’ai bien assez pour faire ce que je veux, j’ai pas besoin de tout ça.” Et ma main montre mon costume, sa robe à elle et tout ce qu’il se passe à l’intérieur.

Elle pose des questions et elle se fiche de la réponse. Ca me fait lever les yeux au ciel, elle pourrait se taire plutôt que de faire ça. Où est l’utilité ? Je souffle et je m’assois sur la rambarde. “J’avais l’air de quoi alors ?” Elle qui a l’air de si bien cerner les gens, de si bien les juger aussi, qu’est ce qu’elle attend pour balancer tout ce qu’elle imagine. Je voulais sortir pour être au calme, pour penser à autre chose, et me voilà seul avec la femme du type qui s’est barré avec Ariane. Je les déteste tous, mais elle, elle n’a rien fait. Elle n’a rien demandé non plus.

Je lui dis la vérité, parce qu’elle mérite sûrement de savoir, parce que j’ai envie de voir que quelqu’un d’autre souffre dans cette histoire aussi. Et elle, elle a l’air de prendre à coeur ces vacances qu’ils se sont organisés ensemble. Elle est blessée la brune et ma tête se penche légèrement sur le côté, j’analyse, est ce qu’elle a une limite ? Est ce qu’elle va me hurler dessus pour tout ce que son connard de mari lui a fait ? Peut-être bien, autant tester alors. Elle a l’air remonté, peut-être que ça va pimenter ma soirée qui était jusque là si ennuyante. “Je t’ai envoyé des tas de signaux pendant la dernière soirée.” La montre, les cris, le mec riche qu’Ariane devait séduire, ils étaient là les messages pour que tout le monde comprenne. “Qu’ils aillent se faire foutre, là au moins on est d’accord.” Et peut-être qu’après ça on ne sera plus d’accord sur un seul sujet mais ça sera arrivé une fois. “Je voulais juste prendre l’air.” Je voulais juste être seul. “Mais je t’ai reconnu.” Et elle a autant le droit de savoir ce qu’il se trame derrière son dos que moi. “Et je vois que t’es seule.” Il n’est pas rentré, ils ne sont pas rentrés. Et j’aimerais vraiment qu’ils ne reviennent plus jamais.

« Quoi ? J’ai mis un beau costume pourtant ce soir. » « C'est pas le plus beau que j'ai vu » Plutôt pas la meilleure qualité que tu ai vue. « Et ton noeud de cravate est une vrai catastrophe. » Ça te travaille depuis que tu l'as vu ce foutu noeud fait à l'envers. Tu te retiens de pas aller lui refaire. Tu aurais l'air un peu trop intense. Il a regarder un tuto youtube pour le faire ? Il devrait peut-être le visionner encore. « J’ai bien assez pour faire ce que je veux, j’ai pas besoin de tout ça. » Tout ça. Ces choses trop cher pour rien. Ce luxe non nécessaire. Ces fausses gentillesse. « Pourquoi t'es là alors ? » Si vraiment, il n'a pas besoin de tout ça

« J’avais l’air de quoi alors ? » Et tu l'observe qui prend ses aises, qui s'installe sur la rambarde. Vraiment ? Tu devra le supporter encore longtemps ? Jamais moyen d'avoir la paix sur cette terrasse ! « Amoureux. Jaloux. Blessé. » que tu énumères en plantant ton regard dans le sien. On dirait presque que tu arrives à oublier que ce sont les infidélité de ton propre mari qui a causé tout ça. Qui cause sa blessure. Qui cause la tienne.

« Je t’ai envoyé des tas de signaux pendant la dernière soirée. » Oui. Tu les a vus. Tu les a reçu. Ce serait ridicule de dire que tu aurais préféré ne jamais savoir ? « Quelle âme charitable » Tu lèves les yeux au ciel. Pourquoi est-ce qu'il voulait que tu saches ? Pour punir Saül ? Visiblement, ça n'a pas marché, puisqu'il la voit toujours sa maîtresse. « Qu’ils aillent se faire foutre, là au moins on est d’accord. » Tu as presque envie de sourire, un sourire complice qui n'a pas encore sa place. Plus tard, peut-être. « Je voulais juste prendre l’air. Mais je t’ai reconnu » « Quelle chance » Sarcasme. Sarcasme. « Et je vois que t’es seule. » Que t'es seule ce soir ? Que lui est pas là ? Toutes ses réponses ? « Et alors ? Peut-être que j'avais envie d'être seule ? » Message peu subtile pour qu'il te foute la paix ? Carrément. Il avait dit ce qu'il avait à dire, qu'il te laisse tranquille, toi et ta vie merdique.

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Je pourrais presque faire la moue si on était en train de jouer, si l’un ou l’autre était de bonne humeur. “ça m’étonne pas.” Parce que je suis pas le genre de mec à mettre toutes mes économies (économies que je n’ai pas d’ailleurs) dans un costume fait sur mesure ou dans un meilleur tissu. Qui ça importe de toute manière ? Ce n’est même pas mon style de mettre un costume, je suis pas à l’aise. C’est pas moi ça, mais c’est Sébastian qui a insisté alors je l’ai fait. “Tu peux toujours le refaire si il te plaît pas.” Parce que je n’ai jamais su faire un noeud de cravate et j’avais pas prévu d’apprendre.

Elle l’a vu. Je suis brisé, et c’est Ariane la cause de tout ça. J’aurais pas dû l’embrasser sur cette terrasse, j’aurais pas dû l’emmener en tournée, j’aurais dû la laisser crever dans un coin en attendant que le type décide de divorcer pour avoir accès à la rousse à plein temps. “C’est drôle j’aurais dit la même chose de toi.” Et encore plus ce soir sur cette terrasse. Elle a l’air brisée, peut-être amoureuse et terriblement jalouse. Ils sont cons, on les hait, et c’est certainement les deux seules raisons pour lesquelles on ne s’ignore pas comme on l’a fait la dernière fois. Elle a mal et je connais sa douleur, je déteste cette douleur, et je donnerais tout pour qu’Ariane ressente la même chose un jour ou l’autre.

“T’aurais préféré pas savoir ?” Je fronce les sourcils, ça aurait été complètement débile. Et si elle ne voulait pas savoir, c’est réellement qu’elle est la potiche qui a son mari juste pour son portefeuille. Mais elle n’a pas l’air d’être comme ça la brune. Elle est sarcastique et je lève les yeux au ciel en secouant la tête. Elle pourrait s’énerver, elle aurait pu rentrer sans répondre aussi, et pourtant elle est toujours face à cette rambarde à répondre à mes questions. “Tu peux toujours être seule plus loin si je te fais tant chier que ça !” Et mes yeux se plantent dans les siens. Je compte pas bouger, et je commence à voir qu’elle a son caractère et qu’elle risque de ne pas bouger d’un pouce elle non plus. “Tu veux pas te venger ?” T’aurais pu la fermer Jet. C’est une question qui est sortie sans que je ne la contrôle vraiment, tant pis. Peut-être que cette situation elle l’accepte, je ne connais rien de leur histoire. La seule chose que je vois c’est qu’au final je suis pas le pire connard de l’univers.

« Tu peux toujours le refaire si il te plaît pas. » Ton regard passe rapidement de lui au noeud. Bon sang, il est encore plus horrible que la première fois que tu as regardé. Tu hésites quelques secondes. Il veut pas vraiment que tu le refasses. Il en a rien à faire qu'il soit mal fait, il en a rien à faire que tout le monde ait remarqué qu'il était mal fait. Parce que oui, c'est sûr que tout le monde l'a remarqué. Parce qu'il y a beaucoup trop de gens prétentieux ici qui remarque les détails inutiles, qui cherche les problèmes où il n'en a pas. Tu finis donc par t'approcher de lui. C'est pour le bien de l'humanité. Tu défaits d'abord son noeud. Ton regard croise le sien une fraction de seconde avant de le rabaisser, concentré sur ta tâche.

« C’est drôle j’aurais dit la même chose de toi. » Amoureuse ? Non. Pas vraiment. Jalouse ? Peut-être un peu. Blessée ? Carrément. Honteusement. « J'aime pas partager » Tu n'aimes surtout pas être son deuxième choix. C'est comme ça que tu te sens en te sachant ici seule et elle là-bas avec lui. Il devrait être en train de te supplier de lui pardonner et non en vacance avec sa maîtresse. « J'aime pas les mensonges » que tu ajoutes, toi, la pire menteuse du monde. C'est peut être un juste retour des choses. Tu l'as bien mérité.

« T’aurais préféré pas savoir ? » Tu hausses les épaules. Tu as presque envie de dire que oui, parce que tu flippes devant l'inconnue qui t'attends. Tu n'aimes pas les surprises. Encore moins les mauvaises surprises. « J'aurais aimé que ça se termine autrement plutôt » Mais c'est pas encore terminé. Si ? Non. On verra. « Tu peux toujours être seule plus loin si je te fais tant chier que ça » Ton regard devient soudainement méprisant. Ce qu'il peut être taré. Tu lèves les yeux au ciel exagérément avant de te retourner de nouveau face à la rambarde. Tu bougera quand tu auras envie de partir d'ici, de cette soirée.

« Tu veux pas te venger ? » Te venger ? Comment ? Le tromper à ton tour ? Ça lui ferait sûrement ni chaud, ni froid. Et de toute façon, est-ce que ce serait encore "tromper" à ce stade de votre relation ? Ce serait un juste équilibre des choses. « Et tu veux que je fasses quoi, hen ? » Nuire à Saül reviendrai à te nuire à toi. Parce que t'es lié à lui jusqu'à ce que la mort vous sépare. Parce que la rancune n'a pas encore atteint son sommet. Parce que tu n'as pas encore pensé a l'éventualité d'un divorce. Parce que, là, en ce moment même, tu vois pas ce que tu peux contre lui, mais ça viendra. Oui.

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Elle le refait mon noeud de cravate quand je pensais qu’elle ne voudrait pas s’approcher de moi. Je fronce un peu les sourcils mais la laisse faire, je ne sais pas faire les noeuds de cravate après tout, alors autant profiter de son aide. Nos regards se croisent, juste quelques secondes, elle a toujours l’air énervé. Alors pourquoi elle reste ? Je n’en sais rien, je ne lui demanderai pas. C’est peut-être la seule personne capable d’entretenir une conversation un peu intéressante. Je peux parler d’autre chose que de voyage et de champagne.

Elle aime pas partager. Je ris en secouant la tête, j’aurais pu prononcer exactement la même phrase. Je l’ai prononcé devant Ariane il y a quelques jours en réalité. “Alors pourquoi tu continues de partager ?” Je lui ai dit que je ne voulais pas partager, elle voulait de l’espace, et elle a voulu partir avec lui. Moi je ne partage pas, je l’ai laissé partir loin de moi en espérant qu’elle ne revienne jamais. Alors pourquoi elle elle reste accroché à lui de cette manière ? L’habitude ? Aucune idée. Elle n’aime pas les mensonges et ma tête se penche légèrement sur le côté. “Je te crois pas.” Toutes les personnes de ce monde savent mentir et mentent à longueur de temps, c’est une seconde nature. Je mens à longueur de temps.

J’aurais préféré que ma tournée ne se passe pas comme ça, elle aurait préféré que son mariage ne soit pas sur le point de mourir, mais apparemment les deux autres personnes en ont décidé autrement. Je lui dis qu’elle peut s’éloigner si elle veut vraiment être seule. Je tiens son regard, il est méprisant et elle lève les yeux au ciel mais elle n’a pas bougé. “T’as encore beaucoup de cartes en main je suis sûr, c’est loin d’être terminé.” Et elle pourrait sûrement lui faire regretter toutes les décisions qu’il prendrait et qu’elle ne cautionnerait pas. Mais est ce qu’elle est ce genre de personne ? Je ne le sais pas encore, mais peut-être qu’un jour j’en saurai plus sur elle.

Je lui demande si elle veut se venger, pourquoi elle ne voudrait pas ? Je ne voulais pas le tourner comme ça, pas avant de savoir si elle pouvait être une personne de confiance. Mais c’est fait, alors je la regarde réagir, elle a l'air de réfléchir. Elle ne sait pas comment faire, moi non plus en réalité. “J’en sais rien.” Je fronce les sourcils, elle doit en savoir bien plus que moi sur lui, et moi j’en sais bien plus qu’elle sur Ariane. “Tu peux lui faire mal en touchant à quelque chose qu’il aime.” Et moi je pourrais anéantir Ariane en quelques mots si je le voulais vraiment. Elle brise un couple, elle brise une famille, et c’est tout ce qu’elle s’était promis de ne jamais faire dans sa vie.

« Alors pourquoi tu continues de partager ? » Parce que c'est pas si simple. Parce que tu peux pas juste planter vingt ans de ta vie comme ça d'un coup de tête comme lui l'avait fait. Il y a Cosimo. Il y a un mariage. Il y a cette réputation à tenir jusqu'au bout, jusqu'à ce que la mort vous sépare. Pour le meilleur et pour le pire. Ces belles promesses sacrés que tu regrettes de plus en plus. Il les enfreint toutes, lui. « T'es injuste. Ça compte pas si j'étais pas au courant. » Comment tu aurais pu savoir qu'il était assez con au point il se jetterait dans ses bras dès la seconde où t'es embarqué dans l'avion en direction de Brisbane ? Comment tu aurais pu savoir qu'il préférait être avec elle plutôt que d'essayer de réparer ses erreurs. Tu lui pardonnerais si facilement pourtant.

« Je te crois pas. » Un sourire malicieux qui se dessine sur tes lèvres. Bien sûr qu'il te croit pas, dans ce monde de menteur dans lequel tu baignes, dans lequel tu règnes. « J'ai rien à te prouver » Tu n'en avais rien à faire qu'il te croit ou non. Ça te passais dix pieds par dessus la tête. Mais non, des mensonges, il n'en avait jamais eu entre Saül et toi. Les mensonges, vous les partagiez. « T’as encore beaucoup de cartes en main je suis sûr, c’est loin d’être terminé » « On verra bien.. » On verra bien. Seul l'avenir te le dira. Que ça se termine ou que ça continue, il fallait être deux à le vouloir.

« J’en sais rien. Tu peux lui faire mal en touchant à quelque chose qu’il aime. » Et la graine est semé. Ce qu'il est doué pour faire pousser des saloperies dans ta tête. Bon, c'est pas comme si t'était si difficile à corrompre. C'est déjà à cause -grâce ?- à lui que tu as découvert l'infidélité de Saül. C'est quoi la suite ? « Tu n'a qu'à lui faire mal à ta copine. Avec de la chance, c'est elle qu'il aime » Et ça te crève le coeur d'y penser. Parce que l'amour, ça fait faire des conneries. C'est ce qu'il fait Saül depuis des semaines, des mois, des conneries. C'est tout ce qu'il fait.

@jeremiah etish  

Apparemment je suis injuste et je hoche la tête en riant. C’est injuste, toute cette histoire est injuste pour elle comme pour moi. “T’es au courant maintenant.” Et je me demande pourquoi elle laisse les choses avancer entre eux, pourquoi elle fait comme si de rien était en l’excusant devant tout le monde. “Tu mérites certainement pas de vivre une relation dans laquelle t’es pas le premier choix.” Mes mots sont durs mais c’est la vérité. Moi j’étais pas le premier choix, elle me l’a bien fait comprendre alors que j’étais sur le point de lui dire que je l’aimais, et je l’ai fait partir de ma vie. Elle est peut-être mariée la brune, mais ça ne devrait pas l’obliger à pardonner absolument tout ce qu’il peut faire.

“Je t’ai jamais demandé de me prouver quoi que ce soit.” Mon sourcil se hausse alors que je continue de regarder vers elle. Elle a l’air perdu, certainement autant que moi. “Quand tu l’excuse devant tous ces gens important ça se voit que tu es une très bonne menteuse.” Elle doit pratiquer cet art depuis des années. Elle pourrait lui faire mal, le détruire et j’en suis persuadé mais elle n’est pas encore assez en colère pour y réfléchir. Elle pourrait être une bonne alliée, on a certainement plus de points communs qu’on peut le penser. Ce on verra peut cacher beaucoup de choses, mais ce n’est pas un non catégorique. “Tu me tiendrais au courant ?” Je ne sais pas si je vais la revoir un jour, alors autant poser ce genre de questions dès maintenant.

Je donne des idées, parce que je n’ai plus aucune pitié pour Ariane. La blesser autant qu’elle m’a blessé est certainement la chose qui pourrait me faire le plus de bien. Et faire du mal à son nouveau mec peut la blesser plus que de raison. “Oh mais j’y comptais bien si je la revois un jour.” Parce que je ne retournerai pas vers elle, et si elle revient vers moi, mon but sera de l’éloigner encore plus pour qu’elle n’ait plus jamais envie de revenir. Je me lève et pose mes coudes de la même manière qu’elle sur la rambarde. Je n’aime pas être ici, trop de souvenirs, trop de bruits à l’intérieur. “Son argent c’est certainement la chose qu’il aime le plus au monde.” Il a bien l’air de ce genre de mec qui ne pourrait pas se passer de la vie luxueuse qu’il a toujours eu. “T’aimes cette soirée ?” Parce qu’on pourrait partir, trouver un toit ou une ruelle loin de tous ces gens et de cette ambiance mondaine.

« T’es au courant maintenant » Oui. Maintenant. Tu sais. Tristement. Ça changeait rien au fait que là tout de suite, tu ne pouvais pas rien faire. Lui, là-bas. Toi, ici. Ce n'est pas le genre de chose qu'on règle par téléphone. Vous ne feriez que vous gueuler dessus sans rien écouter. Ça s'est encore s'il ose décrocher. « Tu mérites certainement pas de vivre une relation dans laquelle t’es pas le premier choix » « Certainement pas. » que tu répètes en fuyant son regard. C'est pas très humiliant ce que t'es en train de vivre ? Si. Carrément. Qui d'autre sait ? Bientôt tout le monde saura. On dira de toi la femme qui n'a pas su combler son homme. Et ils auront raison.

« “Je t’ai jamais demandé de me prouver quoi que ce soit. » Temps mieux parce que tu ne comptais pas le faire. « Quand tu l’excuse devant tous ces gens important ça se voit que tu es une très bonne menteuse » La meilleure d'entre tout. Ça prend tout un exploit pour faire durer un mensonge aussi longtemps. Mais la vérité finit toujours par ce faire savoir. Et voilà que tout votre monde s'écroule tout doucement, cruellement. « Il y a une différence entre mentir à tout le monde et se mentir entre nous. » Parce que le but c'est ça, d'être complice des mensonges de l'autre. « Tu me tiendrais au courant ? » La surprise se lit facilement sur ton visage alors que tu fronces les sourcils. Pourquoi tu lui dirais quoique ce soit ? Il serait sûrement le premier à te poignarder dans le dos. Tu lui fais pas confiance. « Pourquoi je ferais ça ? » C'est quoi son but ? Savoir que Saül souffre ? Probablement.

« Oh mais j’y comptais bien si je la revois un jour. » Peu importe. Qu'il fasse ce qu'il veut d'elle tu n'en a rien à faire. C'est pas elle la fautive dans l'histoire, c'est lui l'homme marié et non l'inverse. Que ce soit elle qui est tenté le diable, il aurait du refuser et il ne l'a pas fait. « Son argent c’est certainement la chose qu’il aime le plus au monde. » « L'argent. Le pouvoir. L'image parfaite. Je détruit ça. Je me détruit avec lui. Je suis pas suicidaire. » Parce que vous avez les mêmes convictions, les mêmes désirs. Tout ce qui est à lui est à toi. Tout ce qu'il perd, tu le perds. Ce n'est pas aussi simple que Jet peut le penser.

« T’aimes cette soirée ? » Tu ris un peu. Non. Tu la déteste de plus en plus. Elle ne t'apporte rien de bon. « Tu vas quand même pas me proposer de partir avec toi ? » Pour quoi faire ? Pour aller où ? C'est n'importe quoi cette soirée.

@jeremiah etish  

Elle ne veut pas partager et pourtant elle le fait, elle ne veut pas passer au second plan et pourtant c’est ce qu’elle accepte en laissant son mari faire tout ce dont il a envie. Je fronce les sourcils, elle est compliquée à suivre la brune mais j’essaie parce que ça m’occupe. “Il y a que toi et moi qui savons.” Pour l’instant, jusqu’à ce que ces deux abrutis décident de s’afficher ensemble parce qu’ils sont cons et qu’ils ne pensent pas à ce qui peut se passer autour d’eux. C’est une bonne menteuse elle aussi, même si je pense être meilleur à ce jeu là. Je penche légèrement la tête quand elle m’explique un peu. “C’est la première fois qu’il te ment ?” Etonnant dans un couple qui a l’air si fragile. Il a suffit d’une rousse pour mettre toute leur vie en péril. Elle est surprise par mes questions et ça m’amuse, elle n’a pas l’air d’être capable de prévoir ce que je peux bien dire et j’adore ça. “Parce que je peux être utile.” Parce que si elle compte détruire qui que ce soit je suis la meilleure personne à qui en parler, parce que je pourrais l’aider à exécuter n’importe quel plan tant que la finalité est de blesser Ariane ou Saül, si on pouvait blesser les deux ce serait le combo gagnant. Elle ne me fait pas confiance, moi non plus, mais je continue de poser les questions comme elles me viennent.

“Tu te détruis pas avec si c’est lui le monstre de l’histoire.” Et c’est le cas non ? Elle peut très bien se faire passer pour la femme amoureuse brisée parce que son mari a décidé d’aller voir ailleurs. Elle peut jouer la femme brisée en mille morceaux et tout le monde la prendra en pitié et se mettra de son côté, ça marche toujours comme ça. “C’est faux la rumeur qui dit qu’une femme qui divorce déplume toujours son mari ?” Mon sourire grandit parce que c’est ce qu’on entend partout. Un mariage c’est tout partager, c’est la pire connerie à faire et ce Saül l’a faite il y a de nombreuses années déjà. Et elle devrait s’en servir contre lui si elle décide de l’anéantir.

Elle râle encore, elle râle beaucoup cette brune. “T’es toujours sur la défensive comme ça ou y’a des fois où tu te détends ?” Je me tourne vers elle parce que moi j’ai pas envie de rester là, parce que je vois encore les images de notre dernière soirée ici. “J’allais bouger sur le toit parce que j’aime pas cette terrasse et que ces gens sont chiants.” Le toit est interdit, mais depuis quand je fais que les trucs autorisés. “Donc si tu veux rester là te faire chier et défendre ton mari, t’as qu’à rester là.” Elle me suit, elle me suit pas, c’est comme elle veut. Mais moi, je déteste cet endroit, je déteste cette soirée, je les déteste tous. Et j’ai au moins trouvé une personne qui les déteste avec moi.

« Il y a que toi et moi qui savons. » C'est à ton tour de rire cette fois-ci. Non. Il n'y pas que lui et toi qui savent. Ça se sent ses choses là quand l'air est électrique. C'est quelque chose qui est difficile à cacher. « Tu étais peut-être trop en pétard pour remarquer, mais tout le monde a compris ce qui se passait entre eux. Bailey. Sebastian. Tout le monde. » Tous ceux qui avait porter un minimum d'attention sur eux. Parce que toi, t'as compris quand t'as vu que t'étais la seule qui n'avait rien vu. Parce que tu faisais stupidement confiance. Parce que c'était bien le dernier endroit au monde, ou plutôt le dernier moment, où tu aurais pensé que tout ceci t'aurais explosé au visage. Alors que votre vie au complet est chamboulé, il aurait du vouloir se solidifier au lieu de tout laisser s'écrouler. « C’est la première fois qu’il te ment ? » Tu crois. Au fond, qu'est-ce que t'en sais ? Tu ne sais plus maintenant. Tu lui fait plus confiance. « Il n'y a jamais eu aucune vérité qui aurait pu nous détruire. Même les pires. » C'est que c'en est presque beau, non ? Ensemble contre le monde entier. « Parce que je peux être utile. » Tu tournes la tête vers lui, intrigué. Amusé, peut-être aussi. Comment lui pourrait-il t'aider ? « Et en quoi tu peux m'être utile ? »

« Tu te détruis pas avec si c’est lui le monstre de l’histoire. » « C'est pas si simple. » Ou c'est toi qui est trop compliqué ? C'est toi qui fait une fixation sur le jugement des autres depuis trop longtemps, alors que tu devrais simplement t'en foutre. Tu en a fait des conneries juste pour pas que les autres savent que tu n'étais pas parfaite, alors qu'être parfait, ça fait chier tout le monde. « C’est faux la rumeur qui dit qu’une femme qui divorce déplume toujours son mari ? » Il a le sourire si large que c'en ai difficile de ne pas le partager. Même si tu te contenterait de la moitié de ce qu'il a, tu n'aurais plus jamais a pensé à l'argent. Parfois, t'as l'impression de ne pas voir le fond du compte en banque. « J'en sais rien. J'ai jamais divorcé. » Mais non, ce n'est pas la première fois que tu entends de la bouche d'un homme que sa "salope d'ex-femme" est partie avec tout. Peut-être bien que c'est ce que tu vas devenir. Qui sait. Ça lui fera de quoi parler avec ses collègues Saül.

« T’es toujours sur la défensive comme ça ou y’a des fois où tu te détends ? » Tu roules les yeux. Toujours sur la défensive, absolument. La confiance est quelque chose qui se gagne à la dure et qui se perd beaucoup trop facilement. « J’allais bouger sur le toit parce que j’aime pas cette terrasse et que ces gens sont chiants. Donc si tu veux rester là te faire chier et défendre ton mari, t’as qu’à rester là. » « Sur le toit ? Comment tu veux que- oh putain » Il est déjà monté lui, sans aucune difficulté. Toi, on ne peut pas vraiment dire que tu as la tenu idéale pour grimper. Temps pis. Tu enlèves d'abord tes escarpins que tu balances par dessus le toit. Tu remontes un peu ta robe. Ce serait presque dommage qu'elle se déchire dans l'enjambé. « Tu m'aides ou quoi ? » que tu lui demande en tendant ta main vers la sienne. Demander si gentiment comment refuser ?

@jeremiah etish  

Ca m’énerve de repenser à cette soirée, ça m’énerve juste de penser à elle en réalité. A cette fille qui bousille ma vie. Mais je suis blessé, et Elise l’est aussi. Elle est la meilleure personne avec qui parler de tout ça pas vrai ? “Et personne ne lui dit rien ?” Je fronce les sourcils, tous les monde semble accepter qu’il soit capable de détruire la vie de sa femme sans ciller. Les gens de ce monde sont vraiment trop étranges. Et on parle de vérité et de mensonge, ce qui maintenait apparemment son couple depuis des années déjà. Je fronce les sourcils. Aucune vérité n’aurait pu les détruire, et pourtant un petit mensonge le fait. Quelle genre de vérité si affreuse peut bien maintenir un mariage ? Qu’est ce qu’ils ont bien pu faire de si horrible ensemble pour avoir envie de rester ensemble et jouer la comédie devant le monde entier ? “Et en un seul mensonge c’est l’explosion ?” Je m’informe juste, j’ai besoin de savoir dans quel état d’esprit elle peut bien être. En quoi je peux être utile, sa question me fait rire. Elle ne me connait pas, et c’est peut-être mieux pour elle comme ça, mais depuis quand je pense au bien-être des autres ? “Je peux faire beaucoup de choses. Je peux t’aider à exécuter n’importe quel plan, n’importe quand. On est tous les deux aussi touché par cette histoire, je suis pas ton ennemi.” Pas ce soir en tout cas, pas pour cette histoire là.

Elle se cherche encore des excuses, il y a peut-être de l’espoir pour son couple et son mariage. Et je pourrais rire à gorge déployée quand je verrai la mine déconfite d’Ariane quand il ne l’aura pas choisi elle. Dans les deux cas je peux gagner quelque chose, donc je n’ai plus rien à perdre. Je ris quand elle me dit ne jamais avoir divorcé. “T’as pas une copine qui s’est déjà mariée 6 fois et a déplumé ses ex maris qui pourrait te donner des tuyaux ?” Mon sourcil se hausse, plus le temps passe plus je suis d’une humeur amusée ce soir, qui l’aurait cru ? Et puis, il y en a beaucoup des femmes de 30 ans qui ne vivent que pour l’argent de leurs vieux maris. Mais apparemment Elise n’est pas ce genre de femme là.

Je veux me barrer de là, j’aime pas cette soirée, j’aime pas la terrasse, j’aime pas les gens. Alors je veux m’isoler. J’avais le choix entre le toit et les ruelles sombres, j’ai choisi le toit. On est au dernier étage du building, le toit est accessible en quelques secondes en passant par la barrière. Et me voilà en haut avant même qu’Elise n’ait fini sa phrase et ça me fait rire. Elle enlève ses escarpins et les jette par dessus la barrière. Je la regarde d’en haut en riant. “Si ça se trouve tu viens d’assomer quelqu’un.” Et je hoche la tête en la voyant tenter de grimper. Elle me suit vraiment, elle est surprenante. Elle me tend sa main et je m’agenouille pour pouvoir l’attraper et l’aider à monter. Rien de difficile, elle est vraiment légère. Je garde sa main dans la mienne et me lève pour l’emmener vers un endroit plus calme, plus éloigné. Un endroit où personne ne nous entendra. “Viens on va là-bas.” C’est bien moins dangereux aussi, ce serait dommage qu’elle se retrouve à faire la même chute que ses chaussures.