I don't want a lot for Christmas, there is just one thing I need. I don't care about the presents underneath the Christmas tree, I just want you for my own. More than you could ever know, make my wish come true, all I want for Christmas is you.

Même s’il ne voit pas son visage, Sid sent l’émotion qui émane d’Aisling. C’est dans les tremblements qui agitent son corps pressé contre le sien et la façon dont elle s’accroche à lui comme si elle avait peur qu’il disparaisse d’un coup. Sans rien ajouter, il lui laisse le temps de gérer les émotions qui l’assaillent. Il émerge seulement de son cou pour resserrer délicatement son étreinte. Elle vient presser son front contre le sien et il en profite pour effleurer tendrement le bout de son nez du sien. « J’me sens jamais aussi bien que quand j’suis avec toi. » Il le savait déjà; parce qu’elle le lui a souvent dit, évidemment, mais aussi parce qu’il l’a lui-même senti. Ça ne l’empêche pas d’être profondément ému pour autant. « J’savais pas c’que c’était que d’me sentir en sécurité avant d’t’avoir rencontré, tu sais ? » Ses paroles lui évoquent le soir de leur rencontre, la façon dont elle s’était blottie dans ses bras tandis qu’il la serrait tout contre lui au beau milieu de la salle de concert. S’il l’ignorait à ce moment-là, il a vite compris par la suite que ce n’est pas de cette façon qu’Aisling agit normalement. Il a souvent été reconnaissant de cette connexion si spéciale qui les a presque aussitôt unis : chaque fois que ça lui a permis d’être là pour son amie, de lui offrir une épaule consolatrice et réconfortante quand elle en avait besoin; pendant les soirées qu’ils passaient ensemble aussi, au milieu d’un film, d’une dégustation de pizza ou de l’une de ces conversation légère qui leur faisait oublier leur brisures l’espace de quelques heures dont ils avaient le secret. C’est pourtant ce soir qu’il est le plus heureux de l’avoir rencontrée. À cause de cette vulnérabilité aussi douce que terrifiante qu’ils partagent, mais aussi de ce bonheur vers lequel ils se dirigeaient tout droit depuis le début sans même le savoir. « J’savais pas c’que c’était que d’être heureuse avant qu’tu m’prennes dans tes bras, » souffle-t-elle enfin, comme pour faire écho à ses pensées. La gorge nouée, il se laisse entraîner dans le baiser caressant et sensuel qu’elle lui offre, trop heureux d’y trouver la distraction parfaite pour faire redescendre la flambée d’émotions presque insoutenable que leurs confidences ont éveillée.

Aisling vient à son tour enfouir son visage dans son cou et il la laisse se blottir tout contre lui. L’étreinte est tendre, délicieusement affectueuse. Assez pour faire taire même les pensées les plus tenaces de Sid, celles qui refusent normalement de se fondre dans son inconscient. Pour une fois, il se contente d’être sans songer à devenir, sans se projeter inutilement dans l’avenir. L’esprit apaisé, il savoure cette sérénité jusqu’à ce que le mouvement d’Aisling, qui tend le bras vers quelque chose, ne le distraie de sa plénitude. Il ne devine ce qu’elle a fait que lorsque l’odeur vanillée des White Christmas vient lui chatouiller à nouveau les narines. Cette fois, c’est elle qui lui tend un carré, qu’il gobe sans se faire prier. La texture est parfaite et il pousse un petit soupir appréciateur, satisfait de toujours savoir préparer ce dessert de son enfance qu’il n’avait pas tenté depuis quelques années. Mais, alors que gamin il pouvait en manger une dizaine de carrés sans se lasser, ses papilles d’adultes sont vite agressées par la saveur sucrée et il est heureux de voir que tous les morceaux ont disparu. Après avoir reposé l’assiette sur la petite table, la jeune femme reprend sa place tout contre lui. À nouveau, le silence les enrobe et finit par plonger Sid dans un demi-sommeil agréable. C’est Aisling qui l’en tire éventuellement en s’écartant. La chaleur de son corps lui manque aussitôt, pas seulement parce qu’il ne se lasse jamais de leurs étreintes, mais aussi parce qu’elle est aussitôt remplacée par le froid de la brise nocturne, qui lui arrache un long frisson désagréable. Comprenant mieux tout à coup pourquoi elle a décidé de se lever, et malgré son manque d’enthousiasme flagrant, il se lève à son tour. Il récupère au passage l’assiette vide, abandonne en revanche les bougies après avoir soufflé sur les plus persévérantes qui brûlaient encore.

Le regard embrouillé par la fatigue, il veut bifurquer en direction de la cuisine quand la pression de la main d’Aisling qui le retient l’arrête dans son élan. Curieux, il suit du regard le chemin de son index jusqu’à finalement apercevoir les boules de poils qui roupillent l’une contre l’autre sur le canapé, comme une espèce de yin-yang presque entièrement noir. Trop émerveillé de voir les félins endormis comme ça, il remarque à peine que c’est sur ses vêtements qu’ils ont creusé leur nid. « Ils sont vraiment trop mignons… T’as vu ? Ils pourront se tenir compagnie pendant qu’on sera partis. » Ça le rassure au fond car, s’il a terriblement hâte d’explorer la ville dans laquelle il a grandi en compagnie de sa belle, il s’inquiétait pour Mouse, qui ne s’est jamais vraiment retrouvé seul auparavant pour une si longue période. Pendant qu’Aisling finit de récupérer ses affaires (non sans caresser les matous au passage, évidemment), Sid fait un détour par la cuisine, où il laisse l’assiette vide sur le comptoir sans jeter le moindre coup d’œil à la montagne de vaisselle qui les attend. C’est tout juste s’il prend la peine de recouvrir le plat de White Christmas pour protéger le reste de dessert d’éventuels poils de chat errants avant d’aller retrouver sa copine dans la chambre. Debout à côté du lit, il fait glisser la tirette de la fermeture éclair pour se débarrasser de sa grenouillère. Du coin de l’œil, il remarque qu’Aisling en fait de même. S’il ne peut s’empêcher de noter que c’est la première fois qu’elle se déshabille comme ça en sa présence, il se garde bien de commenter et se contente de laisser un sourire un peu idiot s’étirer sur ses lèvres tandis qu’une chaleur agréable rougeoie dans sa poitrine. Débarrassé de son pyjama emo-bûcheron, seulement vêtu de son boxer, il se glisse le premier sous les couvertures. Complètement éreinté, il lutte contre la fatigue qui lui plombe les paupières jusqu’à ce qu’Aisling l’ait rejoint. Déjà, son corps se faufile entre les draps pour venir réchauffer celui de Sid et sa tête se pose sur son épaule. Paresseusement, le tatoueur dessine des formes abstraites du bout des doigts sur le bras de la jeune femme. « Joyeux Noël mon Sid. Tu sais, c’était l’plus beau d’toute ma vie. » Ému, il délaisse ses caresses pour recouvrir de sa paume la main qu’Aisling a posée sur sa poitrine. « Pour moi aussi... » Et il est profondément sincère : même les rares Noëls en famille qu’ils ont connus avant qu’Adele ne sombre trop loin dans sa consommation ne réussissent pas à égaler cette soirée passée en sa compagnie. « Joyeux Noël, Leen, » souffle-t-il à son tour avant de poser un dernier baiser tendre sur sa tempe.