| UA - Il était une fois à Bordeciel |
| | (#)Lun 1 Juin 2020 - 13:27 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Sithis nous a appelés alors que nous n’étions que de jeunes bambins, Ginny et moi. Abandonnés par nos parents respectifs, nous avons grandi dans un orphelinat de Vendeaume avec une marâtre répondant à tous les clichés des personnages des contes de Bordeciel. Vieille, une toison grise remontée en chignon et les traits sévères, elle nous exploitait plus qu’elle ne nous aimait. Il lui arrivait même de nous battre si l’un d’entre nous faisait mine de se rebeller. Sans doute était-ce dans le tempérament des deux enfants perdus que nous étions à l’époque, car à la nuit tombée, nous ourdissions des plans de vengeance qui n’avait rien de comparable à la mutinerie. Nous nous imaginions la pousser dans l’escalier ou l’empoisonner à l’aide d’une pomme dans laquelle nous aurions injectés une plante au nom imprononçable, mais la bougresse souffre de carpophobie. Parfois, nous nous amusions à déposer une poire dans son lit, mais nous le regrettions tous. Elle , Ginny les connaissait toutes. Elle est née avec le don des mages alors que c’est ma dextérité qui me caractérise. Nous étions convaincus de ne faire qu’une bouchée de cette horrible mégère. Et, un soir, nous sommes passés à l’action. Nous l’avons tuée sans utiliser de subterfuge particulier. Je lui ai mis un coup de poignard dans le ventre et j’ai observé la vie la quitter sans perdre une seconde du spectacle. L’ai-je regretté ? Jamais ! Suis-je un criminel ? Possible ! L’ai-je fait pour nous sauver ? Évidemment et dans les faits, mon geste est excusé. Ce que nous avons regretté – quoique nous n’en parlons jamais – c’est d’avoir entraîné dans la mort le pauvre hère qui lui rendait visite. Ginny s’en est chargé et, aussi horrible soit l’acte compte tenu de son innocence, nous n’avons jamais regretté. Ces crimes nous ont permis de trouver une famille aussi de la confrérie noire. Les fils et les filles de Sithis nous ont recueillis. Ils nous apprirent à devenir des assassins de l’ombre en cultivant nos talents. Les arcs à flèches n’ont pour moi aucun secret tandis que Ginny maîtrise les arcanes de son art comme jamais. « À quoi tu penses, Amos ? » m’a interpellé le chef de cette guilde située au cœur même d’Aubétoile. « Rien. Rien de spécial. » Mensonge ! Je me demande de plus en plus souvent où nous en serions si nous n’avions pas agi en meurtrier. « Tant mieux. J’ai une mission pour vous ». Sous-entendu, ma “cadette“ et moi. Je sais comment fonctionne le patron. C’est le début d’une mission pour les inséparables et, sans réfléchir, je me suis levé pour rejoindre ma partenaire enfermée dans sa chambre. À cette heure, elle doit s’essayer à quelques potions d’invisibilité et mon petit doigt me dit qu’elle est parvenue à en créer une cette fois. Je ne la trouve nulle part, mais je sens sa présence. « C’est pas drôle, Ginny. Reviens. On veut nous voir. » En général, ça la décide toujours à mettre un terme à ces jeux de dupe et à ses petites expériences. L’action nous guide !!
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 14:53 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Il regrettait.
Il regrettait de plus en plus, il ressassait aussi. Il était rongé de remords et de regrets mais personne ne l'avait remarqué, sauf moi. Personne ne le pourrait parce qu'il était protégé Amos, il l'était de toutes mes forces. Je ne les comptais plus les fois où j'avais immunisé sa silhouette au centre de mes incantations. Il avait reçu toutes mes protections au fil des jours, des mois, des années.
Et on n'en parlait pas, de l'orphelinat. On parlait de tout, on savait tout l'un de l'autre, il était mon double et j'étais le sien depuis une vie, depuis toujours. Mais ça, mais elles, on les ignorait volontairement. On les plaçait au rang de souvenir taché, de brouillard qu'on trouvait bien plus facile de nier. J'avais tué une femme ce soir-là, lui aussi, et je le referais encore et encore si je pouvais. Je le referais pour gagner à nouveau notre liberté, je le referais pour ramener intact notre honneur. Je le referais même en double, je les tuerais toutes les deux si ça pouvait retirer le voile de trouble éternellement niché au creux des prunelles d'Amos.
« C’est pas drôle, Ginny. Reviens. On veut nous voir. » mon rire me trahit, mon rire qui casse son intervention et ses tentatives de me disputer. Mon corps translucide, lui, il vivote dans l'immense chambre qu'on m'a attitrée. Les livres volent et la flamme des chandelles vacille, mon souffle glacé déclenche des dizaines de terminaisons nerveuses au creux de sa nuque, et je ris, je ris encore. Jusqu'à ce que ma voix cristalline ne se transpose qu'en un bref, un vif, un secret murmure à son oreille. « Et si on partait? » il n'y a que lui qui peut m'entendre, il n'y a que lui qui doit m'entendre et il n'y a que lui à qui je dirais une telle chose. Les fils et les filles de Sithis nous ont sauvés du temps où on n'avait rien, plus rien que l'un et l'autre. Et même si on était détruits, et même si on était cassés à l'époque, maintenant, ce n'est que de notre duo dont je veux entendre parler. Nous contre le monde ; comme ça aurait toujours dû l'être.
« On l'a déjà fait Amos, on peut le refaire. » et on n'aura même pas besoin de tuer qui que ce soit, pour ça. « On aura juste à laisser courir une rumeur qui dira que cette mission-là a été notre dernière. » qu'on est disparus ensuite, qu'on a périt sous la demande des autres. Mon expiration se veut précipitée, elle se veut trahison aussi. Le sort commence à s'estomper, je laisse doucement ma silhouette réapparaître dans la pièce illuminée par les quelques cierges qui rendent le tout bien dramatique. Bien trop sachant qu'autant Amos que moi ne voudrions absolument pas que ce genre de conversation s'effrite. « C'est jamais arrivé, qu'on soit que tous les deux. » un dernier argument, un seul, alors que les tissus de ma robe volent au rythme de la brise passant par la fenêtre, que mes mèches s'entremêlent entre elles.
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 15:42 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
J’ai toujours aimé le rire de Ginny. Dans l’enfance, je me suis souvent accroché à ce tintement de clochette pour ne sombrer dans la rage et dans la folie. Pourtant, aujourd’hui, il m’agace. Ne sent-elle pas souffler le vent de l’urgence ? Ne réalise-t-elle pas que si je la dérange dans ses appartements, c’est que nous sommes attendus pour une nouvelle mission ? Dans ce sanctuaire d’Aubétoile, les murs ont des oreilles et, souvent, nous veillons à ne jamais rester seuls. Les apartés ne sont pas toujours les bienvenus, car si nous nous présentons tous et toutes comme une famille, nous sommes des meurtriers, étrangers l’un à l’autre, uniquement reliés par une seule et même divinité. « Allez, montre-toi, Gin. Arrête de jouer. Je n’ai pas le cœur à rire. » Je ne l’ai pas non plus à pleurer. Il est à mes regrets et à mes inquiétudes, celles que je fais mine d’oublier parce qu’elle induit en moi un venin fait de regrets et que je refuse de verser dans ce sentiment affligeant. Je refuse de prêter la moindre attention à cette petite voix qui me souffle que nous aurions pu envisager une autre solution. Ce serait craché sur nos fidèle alliées et sur notre chance. Or, contrairement à elle, je suis superstitieux de nature et je frémis alors qu’elle chuchote ce qui souvent m’a traversé l’esprit. « Ne dis pas des trucs comme ça. » En proie à la panique, j’ai jeté quelques regards autour de moi. « Les murs ont des oreilles ici, et tu le sais. » A moins qu’elle nous ait protégé par l’une ou l’autre de ses incantations auxquels je ne comprends rien. La magie est un mystère pour moi, mais je ne compte plus le nombre de fois où elle m’a sauvé la mise. Sans doute est-ce la raison pour laquelle je nourris tant de respect pour ma confidence, mon double, cette autre partie de moi. « On l’a fait alors que nous n’étions que des gamins et personne n’aurait pu nous retrouver. » Et, par conséquent, nous tuer. On ne quitte pas la confrérie noire sous prétexte que nous sommes fatigués de répondre aux exigences d’une mère qui ne s’adresse qu’à son oreille noire, cet homme, qui s’est autoproclamé messager. « Les rumeurs courent, mais jamais bien longtemps à Bordeciel, tu le sais aussi bien que moi. » Je suis tenté cependant. Elle pourra le lire dans mes yeux si elle s’y attarde et je les détourne. « Il faudrait qu’on nous croie mort pour ça. Et, Elle sait tout. Tu sais qu’Elle sait tout. On a prêté serment.» Et que tu n’es pas assez puissante pour nous prémunir de son courroux ad vitam aeternam. « Je sais… j’y pense aussi parfois. Mais, nous irions où ? Nous nous nourrirons de quoi ? ici, on a un toit, une famille. N’est-ce pas ce que nous avons toujours désiré, enfant ? » Elle reparaît et les flammes des bougies vacillantes redessinent son ombre sur le mur de pierre. J’en ai eu un frisson dans le dos, car elle ne m’aura jamais paru plus charismatique qu’en ce jour étrange, le jour de LA proposition. « On en reparlera. On ferait mieux d’y aller. On nous attend. » ai-je conclu en tournant les talons.
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 16:18 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
« Ne dis pas des trucs comme ça. » je fronce du nez, il ne le voit pas mais il le sait, oh qu'il le sait. Il l'entend sûrement, mon agacement. Celui de celle qui a le monde à ses pieds, celui de celle qui maîtrise son art de plus en plus fort chaque jour, qui aligne les runes avec une dextérité qui ne suggère que du bon, envers et contre tout le reste. « Les murs ont des oreilles ici, et tu le sais. » « Je le sais. » que je souffle de plus belle, presqu'insultée qu'il pense que je n'ai pas palié la chambre à une protection supplémentaire à la seconde où il est arrivé, à la seconde où j'ai commencé à lui parler.
Pourtant, il poursuit Amos. Il poursuit et il cherche des excuses, il justifie alors que je la vois, la brèche dans ses prunelles. Je m'en voudrais presque de vouloir gratter le nerf, je m'en voudrais presque de vouloir le pousser à bout, qu'il cède avant même que je lui demande de le faire - mais ce serait de ne pas bien le connaître. « On l’a fait alors que nous n’étions que des gamins et personne n’aurait pu nous retrouver. » il est bon Amos, il est bon et il ne veut pas faire de tort à personne quand bien même il le pourrait. Il est bien plus fort qu'on peut le croire, il est agile, sa dextérité vaut tant de mes sorts qu'à deux, à mes yeux, on est invincibles. Pourtant il ira toujours vers l'ordre et vers Elle, quand je suis bien plus volage et volatile qu'il ne le voudrait, qu'il ne l'aimerait non plus. « Les rumeurs courent, mais jamais bien longtemps à Bordeciel, tu le sais aussi bien que moi. » « Toi et moi, on court plus vite encore. » que je tente de lui rappeler. On était enfants et déjà on survivait. Plusieurs années plus tard et tout autant de forces, d'acquis en nous - ce serait stupide de croire qu'on ne pourrait pas s'en sortir bien mieux que qui que ce soit d'autre.
« Il faudrait qu’on nous croie mort pour ça. Et, Elle sait tout. Tu sais qu’Elle sait tout. On a prêté serment. » je soupire maintenant. Ne m'en cache même pas. « Je sais… j’y pense aussi parfois. Mais, nous irions où ? Nous nous nourrirons de quoi ? ici, on a un toit, une famille. N’est-ce pas ce que nous avons toujours désiré, enfant ? » enfant, oui. Quand personne ne voulait de nous, quand on aspirait à sentir qu'on faisait partie de quelque chose, qu'on avait un pourquoi, une raison d'être. Ma raison d'être à moi toutefois, ne sied plus du tout avec celle qu'on m'impose. De plus en plus, les ordres et les missions m'horripilent. Je ne suis certainement pas née pour sacrifier ma magie et mes dons pour un groupe de gens qui me prend pour acquise. Il n'est certainement pas né pour donner sa vie à une groupe de gens qui ne sont qu'ingratitude par-dessus ingratitude. « Ce sont des détails, ça. Que des détails. » le toit, la nourriture, la prochaine destination : tout ça, je pourrais lui énumérer des dizaines de centaines de scénarios possible et surtout meilleurs. « Je veux autre chose Amos. Et tu veux autre chose toi aussi. » il peut leur mentir à tous, je peux tout autant. Mais entre nous, on ne se ment jamais. « On en reparlera. On ferait mieux d’y aller. On nous attend. »
Mes prunelles se vissent aux siennes maintenant qu'il peut me voir à nouveau, maintenant que je le lui autorise. « On en reparlera pas. » je le connais, je le connais mieux que quiconque. Je sais qu'il lutte, je sais qu'il lutte si fort que ce serait cruel de renchérir. « On va descendre, les laisser nous attribuer notre mission. On va obéir sans broncher, donner tout ce qu'on a pour la fraternité. On va s'épuiser Amos, pour eux, jamais pour nous. Et un jour, rumeur ou pas, ça sera la dernière fois. » mes pas brusquent les quelques centimètres de distance qu'ils restaient entre nous, alors que ma paume vient dégager son front d'une éternelle mèche qui m'énerve, celle qui se braque toujours devant ses yeux lorsqu'il fronce trop des sourcils, lorsqu'il réfléchit à fort, et à mal.
Et malgré mon agacement, et malgré mes élans de fuite et mes désirs de survie, n'en reste qu'une chose est sûre et certaine. « Je partirai jamais sans toi. » même si ça veut dire de me faire couper les ailes par eux, par Elle. La seconde d'après, je suis sa silhouette dans le couloir, laisse les ordres nous être donnés en les appréhendant, en les maudissant chacun les uns après les autres.
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| | | | (#)Mar 2 Juin 2020 - 0:15 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Si elle m’irrite à se cacher, à s’en amuser et à inviter à la table de cette conversation la possibilité d’une fuite, je sens pertinemment que je l’agace en retour. Je n’ai pas besoin de la voir pour reconnaître, dans les inflexions de sa voix, lorsqu’elle frôle la vexation. Je n’ai pas besoin qu’elle reparaisse pour deviner combien elle est décidée à s’engouffrer dans la brèche de mes hésitations. Comment pourraient-elles ne pas exister ? Des enfants de Sithis, elle est la seule en qui j’ai pleinement confiance. Elle est l’unique être en ce bas monde auquel je me sens lié. Dès lors, je prends en considération chacune de ses remarques. Je les entends, les intègre et me surprends à y réfléchir sérieusement alors que je connais les risques. Je m’étonne à en sourire avec sincérité et nostalgie. « C’est vrai. On en a fait des cavales. » Je secoue la tête alors qu’une salve de souvenirs se bouscule dans ma tête. Je nous revois courir entre les échoppes du marché de Vendeaume, nous enfuir à toutes jambes alors que la victime alertait les gardes. Moi, qui décochais une flèche qui épinglait la cible contre le mur de bois - le maraîcher le plus souvent - et elle qui nous aidait à disparaître à l'aide d'un sort de brouillard. Cette vie me manque, parfois, souvent, sauf que j’ai peur de quitter celle-ci. J’ai peur que la suivante nous soit moins clémente. Je ne suis pas pleutre, je refuse d’être ingrat et que Sithis nous punisse. Je suis méfiant, par nature, mais n’est-ce pas le propre d’un voleur ? « Mais, c’est ça que tu veux, Ginny ? Courir à nouveau les chemins ? Te demander où l’on dormira de la nuit ? C’est ça la vie dont tu rêves pour nous deux ? » me suis-je enquis toujours à voix basse. De tous nos frères de ce sanctuaire, elle est la magicienne la plus puissante, mais je reste sur mes gardes. Je ne doute pas d’elle, mais d’Elle, celle qui nous a accueilli : la mère de la nuit. Pourtant, je m’en veux qu’elle puisse me penser lâche. N’est-ce pas ce que son soupir sous-entend ? « Fais pas ça, Gin. Tu sais que ce n’est pas ce que tu penses. » me suis-je avancé avant qu’elle ne se manifeste à nouveau sans que je ne puisse l’atteindre du regard. « Ce que je veux, c’est que tu ne manques jamais de rien. Et toi ? Tu veux renverser le Jarl ? Conquérir le monde ? Parfois, ton ambition me… » M’effraie ? Ce n’est pas le bon mot ! « Ton ambition génère de l’inquiétude. Je suis inquiet pour toi. » Car elle a la folie des grandeurs, qu’elle est têtue et que je nourris trop d’affection à son égard que pour ne pas être forcé de la ralentir par bienveillance, quitte à endosser le rôle du poltron. Alors, je la freine. Je lui rappelle que nous sommes attendus et tandis qu’elle m’honore enfin de sa présence de chair, je m’apprête à ouvrir la marche, fort de ses résolutions. Ses yeux, brillant de je ne sais quelle émotion, m’ont cloué sur place. Je n’aime pas ce que j’y lis. Je déteste cette abnégation qu’elle me reprochera tôt ou tard. « On va descendre et on va faire ce qu’ils nous disent. On rentrera en héros d’avoir fait ce qu’ils attendent de nous. Et le jour où ça sera la dernière fois, je le saurai, là. » J’ai pointé mon cœur de mon index et, cette fois, je ne l’ai pas autorisée à visser au sol. Je lui ai tourné le dos pour emprunter le couloir, mais ces mots ont résonné en moi tout du long de cette marche presque funèbre. J’ai le sentiment que si je n’accède pas à sa requête, sa promesse volera en éclat. J’ai la sensation qu’elle sombrera dans la folie d’avoir été malheureuse de s’être enchaînée à moi.
Affaibli par cette hypothèse, j’ai à peine écouté l’ordre de la main noire de la nuit. J’ai hoché bêtement de la tête comme l’idiot du village et, cette fois, c’est moi qui suis mon phare vers l’extérieur du sanctuaire. Dehors, il fait froid. Le vent souffle fort, mais nous sommes à l’abri des oreilles. « On doit tuer qui ? J’ai compris que nous allions rentrer à Vendeaume. » Là où nos souvenirs nous assailleront. « J’ai cru entendre Rossignol. Ils ne nous demandent pas d’attaquer la guilde des voleurs, si ? » J’en ai bien peur. Ses traits ne mentent pas et je sens la fin poindre. Serait-ce celle-ci, notre dernière mission ?
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| | | | (#)Mar 2 Juin 2020 - 5:24 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Des tas d'aventures, plus que je ne peux compter sur mes dix doigts. On a été idiots, on a été insensés, on a tout vu et on a tout fait. Et pourtant aujourd'hui, encore plus que jamais, il les sentirait les fourmis dans mes jambes, il le verrait l'agacement dans mon regard si je laissais ma silhouette se dérober derrière les voiles d'invisibilité. Encore un peu, juste un peu à tenir. « Mais, c’est ça que tu veux, Ginny ? Courir à nouveau les chemins ? Te demander où l’on dormira de la nuit ? C’est ça la vie dont tu rêves pour nous deux ? » « Je rêve qu'on soit libres. Le reste m'importe peu. » encore un peu, juste un peu à tenir pour ça aussi. Elle fait mal, l'ironie.
« Fais pas ça, Gin. Tu sais que ce n’est pas ce que tu penses. » il ne sait rien Amos, ou alors il sait tout. Il sait tout et il sait aussi que j'étouffe, que l'étau me donne l'impression de se resserrer sans la moindre possibilité de fuite depuis trop longtemps pour que je ne m'en veuille pas d'avoir laissé faire. « Ce que je veux, c’est que tu ne manques jamais de rien. Et toi ? Tu veux renverser le Jarl ? Conquérir le monde ? Parfois, ton ambition me… Ton ambition génère de l’inquiétude. Je suis inquiet pour toi. » il énumère et il dénigre, il l'entend sûrement mon rire qui grince, qui est las, si las de vivre. « Et je suis inquiète pour toi. » elle est où, sa folie? Il est passé où, son amour de l'aventure? Le Amos avec lequel j'ai grandi est courageux, il est puissant, il a fait office de roc toute ma vie et il en sera ainsi jusqu'à ma mort sans que j'en doute une seule seconde. Pourtant il doute de tout, et encore pire, il doute de moi. Bien sûr que je veux qu'il ne manque de rien lui non plus, bien sûr que la vie que je veux lui offrir, maintenant, serait bien mieux.
« On va descendre et on va faire ce qu’ils nous disent. On rentrera en héros d’avoir fait ce qu’ils attendent de nous. Et le jour où ça sera la dernière fois, je le saurai, là. » son doigt tapote son coeur, mes lèvres se pincent à chaque contact même le plus minime qui soit. Faire ce qu'ils attendent de nous, obéir encore et toujours. Le goût est amer, le goût est âpre dans ma bouche. Le goût reste même lorsque mes prunelles quittent celle de mon aîné, même lorsqu'elles dérivent par-delà la réunion trop cérémonieuse qu'on nous impose ensuite. Mes doigts triturent les pans de ma robe, ils s'égarent dans les dizaines de poches secrètes desquelles je m'amuse à jongler docilement avec mes runes, pierres qui tintent, certaines brûlant mes doigts, d'autres les glaçant direct. Chaque sensation ne me fait que ressentir encore ; ce que je n'ai pas vécu ici depuis des semaines déjà.
C'est à la voix d'Amos que je me raccroche toujours, d'aussi loin que je me souvienne et aujourd'hui bien plus. « On doit tuer qui ? J’ai compris que nous allions rentrer à Vendeaume. » il additionne les pièces les unes à la suite des autres alors que je laisse le vent dramatiser la scène, me donner l'impression ironique de vouloir me pousser loin, si loin, trop loin de tous. Ma main s'accroche à celle d'Amos sans même que je ne le réalise. « J’ai cru entendre Rossignol. Ils ne nous demandent pas d’attaquer la guilde des voleurs, si ? » « T'as très bien entendu. » elle ne point pas d'agacement ma voix. Elle statue simplement les faits - et la mission qui vient avec. « Tu le sais maintenant, là? » ses mots que je reprends, quand mon index vient à son tour tapoter exactement sur son coeur, exactement là où il l'a fait une poignée d'heures plus tôt. Rentrer ici en héros? Jamais de la vie, et il en est conscient autant que moi.
*** « Brynjolf se rappelle plus de nous. » 20h tapante. Le Dard de l'Abeille brille dans la nuit, la pénombre qui doucement se cale contre les murs mitoyens de l'immense auberge où doit débuter notre quête, où elle peut aussi bien se finir. « Y'a aucun moyen qu'il arrive à nous reconnaître. » que je le rassure, alors qu'on entend résonnerles portes massives, qu'elles se referment lourdement derrière nous, cachés dans la ruelle d'à-côté.
Pourtant, revenir ici n'a fait qu'alimenter ses craintes, qu'alimenter ses doutes - et les miens qui doucement s'immiscent quand bien même je me déteste d'en arriver là. « Mais j'ai quand même pas envie de prendre la moindre chance. » la pierre de transmutation qui passe de sa main à la mienne, les éléments et la physique qui altèrent aussi subtilement que possible son apparence comme celle que je rejette. On n'est jamais trop prudents, ici.
La mission recommence et avec elle vient la tentative de se voir invités par le bras droit de Mercer. La Guilde n'est véritablement accessible de l'intérieur qu'ainsi - autant jouer la supercherie jusqu'au bout. « On y va? »
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| | | | (#)Mar 2 Juin 2020 - 12:19 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Être libre ! Le concept est intéressant, mais il n’existe pas. Personne ne l’est vraiment sur ces terres de Bordeciel. Chacun s’aliène à un Jarl, à une divinité, à un autre. Quitterions-nous la confrérie que nous n’en resterions pas moins dépendant l’un de l’autre. Alors, je ne dis rien. Je ne la contredis pas. Je tente de lui faire comprendre que son ambition est grandissante et qu’elle menace de déborder du vase. Je lui confie mes inquiétudes et je ne peux réprimer ma surprise alors qu’elle rétorque que, moi aussi, je la rends anxieuse. Elle ne dura qu’un temps. J’ai clos les paupières et j’ai compris ce qui la tracassait : elle craint que je me ramollisse dans ce confort. Elle redoute que les enfants de Sithis puisse me formater, me transformer, éteindre par endoctrinement mes besoins d’indépendance. Et, a-t-elle tort ? J’aimerais prétendre le contraire, mais je ne peux que baisser la tête, me défendre faiblement afin de préserver ce que nous avons. J’ai donc tranché parce que nous sommes attendus et qu’il n’est pas question de faire attendre le vampire à la tête de la main noire. J’ai coupé court à cette conversation qui m’a pourtant obsédé tout au long de notre entretien avec le chef. Je l’ai à peine écouté. La tête basse, j’étais davantage concentré sur les assertions de Ginny. Ginny profondément attentive. Ginny qui grimace et qui me tire vers l’extérieur. Je l’ai suivie tel un robot et, une fois à l’abri des indiscrétions tandis que le vent frais nous balaie le visage, je vérifie les quelques informations qui ont filtré jusqu’à mon cerveau. « Mais… » C’est peu envisageable à mon sens et ça ressemble à un piège. Avant d’être recueillis par la confrérie des assassins, la guilde des voleurs a tenté de nous récupérer. Brinjolf nous a caché durant un temps et l’idée de le tuer ne me convient pas, faute à ma reconnaissance, à cette gratitude que je nourris pour quiconque m’est venu en aide un jour. Dès lors, tandis que ma magicienne tapote mon cœur, je hoche faiblement de la tête et ajoute : « Je crois que je le sens oui. » Et, étonnamment, je n’en ressens aucune crainte. Elle semble cette envolée… substituée par le soulagement.
*** Le destin n’a pas toujours été clémente avec nous, mais j’aime la sensation d’être en vie et je n’ai aucune envie de la perdre. Sauf que nous jouons avec le feu. Sur la route vers le fief de la guilde de Brynjolf, Gin et moi avons convenus qu’il était l’heure pour nous de trahir les nôtres pour nous en libérer, d’avouer à notre précédent bienfaiteur qu’il fait l’objet d’un contrat. Nous n’avons aucune information à lui fournir, mais elles seront suffisantes pour qu’il assure sa protection. Quant aux nôtres, ils nous traqueront jusqu’à la nuit des temps. Mais, avons-nous d’autres options ? « Je n’en suis pas certain. » ai-je rétorqué à voix basse en détaillant l’enseigne de la taverne. Elle sert les meilleurs à mon sens et ce goût de miel m’avait manqué. Quand ce sera dernière nous, j’en savourerai une, me suis-je aussitôt promis. « Pour qu’il ne nous reconnaisse pas, il faut que tu sois certaine que…. » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’elle glisse dans ma main une rune. La transformation est immédiate. Je le vois depuis la flaque d’eau croupie à mes pieds. « On y va oui. On fait comme on a dit : on lui dit la vérité, on l’aide à se protéger de la main noire, mais on ne lui révèle pas notre identité. Jamais. Si les gardes savent que nous sommes en ville, nous serons pendus haut et court sur la place et ce n’est pas la fin dont je rêve. » Je me vois plutôt mourir au combat. « C’est parti. » ai-je finalement annoncé en poussant la porte, la pierre de transmutation serrée entre mon poing. Je ne peux pas la lâcher : je ne le ferai pas. J'hésite cependant et je la hèle une dernière fois en la retenant par le bras : «Et si nous la renversions plutôt que de la quitter ? Si on provoquait une mutinerie ?»
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| | | | (#)Jeu 4 Juin 2020 - 0:58 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Les souvenirs remontent et avec eux revient le bon comme le mauvais. Si les passants n'ont absolument rien pour être ceux que l'on connaissait par coeur pour les avoir pillés et maintes fois volés il y a des années de ça, ils semblent tous se confondre dans une seule et même expression commune à mes yeux. La seconde d'après, mes prunelles les quittent pour dériver vers Amos, lui qui a ralenti sa marche au point de l'arrêter complètement à mes côtés, face à la taverne. « Je n’en suis pas certain. » d'office, mes sourcils se froncent, alors que je suis presque offusquée qu'il doute de sa protection, celle que je m'applique à braquer sur sa personnes depuis des années, si ce n'est depuis ma vie en entier. « Pour qu’il ne nous reconnaisse pas, il faut que tu sois certaine que…. » « Que? » elle chante d'ironie, ma voix, alors que je lui dédie une paume ouverte dans la pénombre, et la rune qui lui appartient au même titre que la mienne.
« On y va oui. On fait comme on a dit : on lui dit la vérité, on l’aide à se protéger de la main noire, mais on ne lui révèle pas notre identité. Jamais. Si les gardes savent que nous sommes en ville, nous serons pendus haut et court sur la place et ce n’est pas la fin dont je rêve. » le plan a été vu et entendu. Le plan a été décidé entre quelques nuits à la belle étoile et autant de kilomètres parcourus avant d'arriver ici - avant d'arriver où, jadis, on disait être chez nous. « C'est pas la fin que je vais nous offrir. » qu'il entendra Amos, dans un soupir, un murmure que je noie à nouveau à son oreille maintenant que son reflet n'est en rien celui que je connais par coeur, mais que la lueur au creux de ses prunelles revient peu à peu.
« C’est parti. » ses mains sont froides, rêches. Les miennes sont bouillantes, ma peau l'est toute autant lorsqu'il ancre ses doigts à mon poignet et m'attire à lui une dernière et ultime seconde. « Et si nous la renversions plutôt que de la quitter ? Si on provoquait une mutinerie ? » la lueur, encore et toujours. « Ça là, juste là. C'est le Amos que j'aime. Le vrai. » il est revenu. Il est revenu et je l'ai retrouvé, et l'ironie est douce de nous voir arborer des visages comme des corps entiers qui ne sont pas les nôtres ; mais nous sommes nous, à deux, à nouveau.
« Laisse-le venir à nous. » que je finis par souffler, une fois les immenses portes de la taverne poussées. À l'intérieur on suffoque tant il y a du monde - des clients attroupés au bar qui hurlent contre leur choppe vide, des passants qui bousculent tout sur leur passage, les gens comme les meubles. Chaises de bois massives qui se heurtent à ma silhouette agile, celle qui se fait oublier de tous le temps de nous trouver une table dans l'angle. Amos est resté au comptoir pour nous commander à boire, mes yeux à moi dérivent sur la salle jusqu'à trouver l'objet de notre convoitise. Il est là, il attend, il scrute et il me voit aussi. Un sourire un seul, et il me fait signe d'approcher. Je ne remarque pas Amos dans l'angle, le cherche des prunelles mais n'arrive pas à repérer l'endroit où il peut bien être ; j'ai confiance pourtant, que peu importe où il se trouve, il ne manquera pas une seule seconde de la scène.
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| | | | (#)Jeu 4 Juin 2020 - 23:00 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Évidemment qu’elle a tout prévu, Ginny. Quand moi je doute de tout – sauf d’elle – elle agit et glisse dans ma main la clé de voûte de notre plan. Ce n’est qu’une pierre d’apparence banale et je le deviens à mon tour. Le bleu de mes yeux vire au noir, je prends du poids et j’en souris. Je ne me sens pas moins agile, mais atrocement laid dès lors que depuis la flaque d’eau j’aperçois un tarin gros comme une patate remplace mon nez, me défigurer. Je jette d’emblée un œil à ma partenaire. Le sien est devenu aquilin et ses iris sont d’un mauve qui contraste avec la blancheur de sa peau. « Pourquoi ton sort m’enlaidit et pas toi, Gin ? » Je la soupçonne d’avoir pipé les dés. C’est ouvert, gratuit, mais je plaisante pour me détendre. L’heure d’entrer dans l’arène approche à grands pas et je suis tendu. Je l’exprime aussitôt et j’envie son assurance. Dieu que je la jalouse, mon mage. « Ce n’est pas la fin qu’on mérite. » ai-je cependant ponctué d’un sourire bienveillant, engageant la promesse que nous serons là l’un pour l’autre, et ce, quoiqu’il advienne. Et qu’arrivera-t-il d’ailleurs ? N’est-il pas mieux de renverser notre monde plutôt que de la trahir ? Je soumets l’hypothèse et les traits factices de Ginny s’éclairent. Elle aime ce qu’elle voit briller dans le miroir de mon âme et je hoche la tête à plusieurs reprises. Elle ne me met pas mal à l’aise – pas de ça entre nous - je réalise simplement qu’elle a raison : je m’oublie parfois. Je néglige ce dont est faite ma personnalité au nom de son confort, le nôtre. Mais, à quoi bon si elle n’en veut plus ? La question me taraude tandis que nous avançons dans la taverne. La chaleur humaine de ces gens pressés les uns sur les autres m’assomme. Les bardes chantent, les femmes danses, quelques mercenaires houspillent l’une d’entre elles et leur réclament un peu de bon temps. Il me dégoûte, mais je ne les toise pas. J’avise de mon regard une table libre et nous l’envahissons. À l’oreille de mon acolyte, je chuchote que je nous ramène à boire et, traversant la salle, j’aperçois le regard du bras droit de notre cible s’arrêter sur la silhouette gracile de Ginny. Il n’a pas reconnu l’enfant qu’il était. Il pressent simplement qu’elle est l’un des maillons de son rendez-vous du soir. Parfait. L’hameçon est lancé. Je commande l’hydromel et, les mains chargées, j’attends avant de les rejoindre. J’observe, je détaille, j’essaie de percevoir s’il nous voit comme une menace, mais il ne semble pas. Son interlocutrice a l’air de l’amuser et j’en déduis que je peux entrer en scène, mais de loin. La choppe réservée à Ginny, je l’offre à un quidam qui me remercie cent fois. Puis, je chemine vers la table pour m’adosser sur un mur proche – mais pas trop – pour exercer mes sens aiguisés par mes talents. Je suis voleur. Je me fonds dans l’ombre comme personne. « Alors ? Pourquoi nous avoir réclamé ce rendez-vous, ma mignonne ? » a lancé cet homme connu de notre enfance. Sait-il qu’il pourrait réveiller sa colère à lui manquer de respect ? Sait-il qu’elle plus d’un tour dans son sac ? Devine-t-il que je ne suis pas loin, prêt à intervenir ?
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| | | | (#)Ven 5 Juin 2020 - 0:38 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
« Pourquoi ton sort m’enlaidit et pas toi, Gin ? » mon rire est communicatif, il est évidemment encouragé par la lueur que je vois enfin illuminer le regard d'un Amos à mille lieux de celui auquel il ressemble en temps normal. « Parce que ça serait pas drôle autrement. » la vérité restant que je n'ai absolument contrôle, encore, sur l'aspect définitif de nos visages et de nos corps. Le sort n'est pas parfait, quand bien même je mise l'entièreté de mes forces sur le besoin de le tenir le plus longtemps possible. C'est là où je réfléchis, c'est là où je mets toutes les cartes de mon côté - pas sur l'apparence en tant que tel. Qu'il rage donc, qu'il se moque aussi. Même grotesque son sourire le rend bien plus beau encore que qui que ce soit ayant un jour pu croiser ma route.
Les tragédies remontent et avec elles les plans s'affinent, s'alignent. « Ce n’est pas la fin qu’on mérite. » jamais je ne le laisserai partir sans me battre - jamais il n'en fera de même. Les traumatismes et les cassures, les séquelles et les brisures que l'on traîne sur nos vaillantes épaules depuis des décennies ont réussi à nous souder bien plus qu'on ne l'aurait voulu. L'un l'autre accrocs à notre liberté, il sait très bien que je ne me sens libre que lorsqu'on est à deux, que l'inverse est toute aussi vraie. Notre fin et notre mort seront communes, comme l'ont été nos vies.
Puis, ironiquement, on se sépare.
Mes yeux suivent sa silhouette aussi longtemps que je le peux, avant de la voir se dissiper au bar, de me faufiler de mon côté à moi, côté et plan bien précis. L'inspiration est inaudible, elle ne brouille même pas mes lèvres ni même mon visage, mon attention maintenant dédiée au seul et unique possible allié qu'on pourrait s'autoriser à avoir en telle situation. On m'échappe de l'hydromel sur les vêtements, on me pousse et me décale, on tente de me distraire de tous les sens et de tous les angles, mais ce n'est que lui, que je vois. Ce n'est que lui, que je veux amener à me voir. Et il me voit, oh qu'il me voit.
« Alors ? Pourquoi nous avoir réclamé ce rendez-vous, ma mignonne ? » « On a une offre à vous faire. »
Et le sous-entendu claque, comme ma langue sur mon palais. Je ne suis pas seule, et la présence de ma sournoise dague à l'intérieur de ma robe n'est qu'un autre duo que je lui impose, paupières battantes et sourire mutin. « Mais pour que je vous prenne au sérieux, faut pas jouer à ce jeu-là avec moi. » qu'il sache que s'il continue à charmer lourdement ainsi, c'est bien plus qu'un avertissement qu'il aura, bien plus qu'un châtiment également. Et mon murmure qui monte, et mes prunelles qui attrapent celles d'Amos camouflé par-delà la pénombre. C'est maintenant lui et lui seul que je regarde lorsque l'offre se résume en un mot et un unique, servi sur un plateau à l'oreille de Brynjolf. « Sithis. »
- les dédédédéddééééesss:
ACTION RÉUSSIE : il veut en savoir plus, Amos peut se joindre à eux ACTION ÉCHOUÉE : il se braque, Amos doit venir calmer le jeu ACTION MITIGÉE : il amène Gin de force à l'écart, à voir si Amos suit ou non
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| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Ven 5 Juin 2020 - 0:38 | |
| Le membre ' Ginny McGrath-Williams' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Sam 6 Juin 2020 - 1:14 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
La mélodie de son rire m’aide à me détendre et, si ma grimace est soupçonneuse, je prends pour argent comptant qu’il s’agit d’un jeu. Qu’importe qu’il en soit ou non d’ailleurs. C’est plaisant de sortir du cadre de cette mission que nous envisageons de saboter. Un instant durant, je me suis éloigné de cette taverne, en songe, mais tandis que s’ouvre la porte sur la plèbe, la chaleur me ramène à la réalité. Durant notre voyage, Ginny et moi nous sommes distribués les rôles. Nous avons ourdis notre plan en pensant à chacun des détails, y compris l’éventualité où l’homme l’approcherait seul. J’aurais mis ma tête à couper qu’il nous a remarqué dès l’instant où nous avons franchi les portes. Et, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé qui se joue sous nos yeux. Pour un voleur, il oublie d’assurer ses arrières, Brynjolf. Tout hypnotisé par la beauté de ma partenaire, il néglige les ombres dans lesquelles je me dissimule avec aisance. Elle me colle à la peau. Je disparais sous les yeux de tous. Je suis là, mais absent. On me voit sans me remarquer et moi, j’entends. J’entends ce mufle qui l’appelle ma mignonne. Je vois les traits transfiguré de ma magicienne se tordre sous l’affront. Je la connais si bien que je n’ai pas besoin de couler un regard vers a main pour la deviner serré sur sa dague. Elle n’est qu’artifice, que futilité. Un mot et il grillerait sur place. Un mot de plus et je fondrais sur lui après avoir saisi mon propre opinel. Je l’enfoncerais sans hésitation dans sa gorge si, par malheur, il menaçait la vie de mon binôme. Il n’en fait rien. Elle, elle s’insurge, et lui, idiot parmi les hommes, ne trouve rien de mieux que de s’emporter. Il se braque et, s’il ne lève ni la main sur elle ni ne penche son corps vers elle, son regard est menaçant. Son ton agressif. Il ne lui faudrait qu’une étincelle pour attraper la douce par le collet et la secouer comme un prunier. Mon sang ne fait dès lors qu’un tour et, sans réfléchir davantage au bien fondé de la manœuvre, je renonce à mon habilité à l’arc pour planter la pointe de mon couteau dans le flanc de l’adversaire. Je suis là, à quelque centimètre de lui. Il peut sentir mon souffle chaud sur sa joue lorsque je lui chuchote : « Il n’y a pas que le grand Brynjolf qui se prête au jeu des attaques sournoises. » Je peux être fourbe moi aussi. « Mais, il n’y a que lui qui va baisser d’un ton et boire sa bière en silence pour écouter la dame. » Il pressent la menace. Je le sens tressaillir mais ce n’est pas de mon seul fait. Ginny a prononcé le nom maudit de la mère de la nuit et il comprend. Il a peur. Je perçois à mes tympans les battements accélérés de son cœur. Comment réagit-il, dans la peur, cette pauvre âme aujourd’hui désolante que j’ai admirée dans mon enfance ? « Mais qui êtes-vous, bon sang. » « Tu n’as donc pas écouté la dame. » Il est perplexe et soupçonneux de présumer que si nous étions bel et bien les envoyés de la main noire, il serait déjà mort. Sauf qu’il n’est pas la cible. Sera-t-il raisonnable ? Va-t-il commettre un acte stupide ? Je doute qu’il soit venu seul et je cherche déjà dans la foule lesquels de ses acolytes s’apprêtent à bander leurs arc.
- Les dés:
Réussie : il se calme. Ouvre les négociations : « Que voulez-vous ? Pourquoi ne pas me tuer ? » Mitigée : D’un signe de tête, la table est encerclée par des membres de la guide des voleurs qui n’agissent pas cependant Ratée : D’un signe de tête, il ordonne à son mage-voleur de dissiper toute magie en ses lieux et les visages se révèlent.
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| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Sam 6 Juin 2020 - 1:14 | |
| Le membre ' Amos Taylor' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Jeu 11 Juin 2020 - 20:04 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Il ne me fait pas peur, ni maintenant ni jamais. Il fixe et il brusque, mais il n'est rien, absolument rien contre nous. Je le sens proche Amos, je le sens à proximité. Et même si j'arrive facilement à déjà repérer pléthores de points où ma dague se faufilerait dans la chair de Brynjolf comme dans du beurre, n'en reste que je sais que notre duo est bien plus invincible que n'importe laquelle de mes manoeuvres arrogantes. De mes sorts traîtres pour quiconque n'a pas les pouvoirs ni même la force de me suivre. Et pourtant, quand sa main grasse se ressert lourdement sur mon avant-bras, je songe à en faire une, une scène. À lui crever les yeux et à lui arracher la langue, à enfoncer ma lame dans son aorte et à l'en retirer après l'avoir tordue aussi vite. Elles sont nombreuses et elles sont brouillées les pensées qui remontent, celles dont on ne se douterait jamais derrière mes prunelles couleur miel et mon visage magnifié par la rune superficielle tenue au creux de mes doigts gelés.
Ce qui est froid aussi, glacial, reste le sillage d'Amos alors qu'il apparaît dans l'angle dont il n'était pas visible du reste du monde sauf de moi. « Il n’y a pas que le grand Brynjolf qui se prête au jeu des attaques sournoises. » ma main libre se dégage de l'emprise du voleur que je maudis autant qu'il reste l'un de nos seuls espoirs. Elle attrape maintenant celle de la seule personne sur cette maudite planète en qui j'ai plus confiance qu'en moi-même. Mes doigts tremblent, une seconde et une seule, le simple contact de la peau d'Amos suffisant à calmer le reste quand les pans de ma robes cachent les bribes de familiarité entre notre duo. Personne n'a à savoir, personne ne devrait, sauf nous. « Mais, il n’y a que lui qui va baisser d’un ton et boire sa bière en silence pour écouter la dame. » sa bière donc, que je lui vole, à défaut de pouvoir lui voler son coeur que je traiterais comme un organe à écraser, à piler sous ses yeux. Du calme, Ginny. Une gorgée ambrée à la fois.
« Mais qui êtes-vous, bon sang. » « Tu n’as donc pas écouté la dame. » « Mauvaise question. » je gronde presque, ma vois rauque d'être restée silencieuse à l'observer reprendre son souffle une fois que les ombres se chargent de nous camoufler tous les trois.
Une inspiration, et je reprends, posée, bien trop pour que ce soit rassurant. « Qui nous sommes n'a pas la moindre importance. » on a dit qu'on se ferait oublier, on a dit qu'on ne le laisserait jamais nous identifier aux gamins qu'on était jadis. « Mais qui nous pouvons vous donner par contre, c'est ça qui est important. » il fera le décompte lui-même, il est bougre mais assez logique pour rattacher le prénom soufflé plus tôt avec la demande actuelle qu'il finit par statuer. Attentif, hagard, mais presque domestiqué. « Qu'est-ce que vous voulez? En échange. »
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| | | | (#)Ven 12 Juin 2020 - 22:26 | |
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IL ETAIT UNE FOIS A BORDECIEL
Je ne suis pas intervenu parce que j’ai perçu au fond des pupilles de Ginny la lueur cramoisie de son courroux. Il est des années que je ne redoute plus son excessivité, car ma seule présence la tempère. Il me suffit de suivre les instructions de mon cœur pour avorter les conséquences d’un drame et c’est l’origine même de mes menaces. C’est lui m’a fait pressé ma dague entre les reins de notre cible. C’est encore lui, tel un souffleur au théâtre, qui m’a chuchoté ma réplique. Et, c’est encore et toujours en me soumettant à sa volonté que j’ai gratifié mon acolyte d’une grimace entendue. Il s’est mué en masque de satisfaction dès lors que Brynjolf a relâché sa prise du bras de ma magicienne sans que je ne l’imite pour autant. Il peut la sentir la pointe de la lame qui s’enfoncera dans sa graisse au moindre gestes brusques, à la moindre tentative de rébellion. Il lui perforera les organes dans l’éventualité où ses hommes nous encerclaient après qu’il ait osé un signal de ralliement. D’instinct, je vérifie l’hypothèse d’une œillade circulaire qui balaie la salle. Je ne vois rien. Rien d’inquiétant. Tout le monde nous ignore. Les porcs se goinfrent des courbes des courtisanes quand les autres dansent et boivent encore. L’idiot ! Il nous aura sous-estimé et je présume qu’il pleure sa superbe à présent, il la regrette en silence néanmoins. Nul doute qu’il maudisse également Virginia pour son audace. Elle lui dérobe sa bière et mes lèvres s’étirent d’un sourire. Son insolence m’a toujours amusé. Si je suis la glace est le feu et de cette complémentarité, j’en suis certain, naît notre sentiment d’être invincibles. Et, elle se manifeste, cette complicité. Elle se déploie dans cet échange puisque l’un termine les phrases de l’autre. Elle dit : « Mauvaise question » et j’ajoute : « Essaie encore. » Mais, il n’ose pas et je jubile. Nous rions de concert dans un regard, car nos bouches n’en font pas l’aveu. Elles ne s’étirent pas, mais on sait, Ginny et moi. On sait qu’on a gagné cette manche et que si la guerre sera longue, c’est un pas vers notre objectif. « Sithis. Vous voulez me donner Sithis ? » L’air éberlué du compagnon de la guilde des voleurs me vexe. Il hésite. Il ne sait s’il est bon de se vouer à notre parole. « Nous prendrais-tu pour des menteurs ? » ai-je chuchoté proche de son oreille d’un ton polaire. Il n’est pas neutre. Il est glacial. Il pue la mort qui le surprendra s’il ne change pas d’attitude et il tressaille. Il tremble alors que je pose sur la table ma dague estampillée au couleur des enfants de Sithis. « Tout doux, l’animal. » ai-je ajouté tandis qu’il retrouve un peu de sa splendeur maintenant que mon arme trône entre mes doigts sur le bois. « Si je suis vif, elle l’est autant que moi. Elle en vaut cent pareil à toi.» Autrement dit tout aussi dangereuse et elle n’a pas besoin de fer pour l’être, ma sorcière. Il se crispe à nouveau, d’emblée, et je m’assois : il est convaincu. Il est prêt à négocier. « La liberté ou ta guilde. Je n’ai pas encore statué. Ma dame ? » ai-je lancé à ma partenaire, qu’elle puisse trancher, qu’elle l’assomme après moi. Tout se joue à deux, y compris la duperie et la roublardise. « Crois-tu qu’il soit prêt à nous la donner pour sauver ta peau ? » Es-tu prêt à ployer le genou et à jurer allégeance à tes nouveaux maîtres, Brynjolf ?
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| | | | | | | | UA - Il était une fois à Bordeciel |
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