La nouvelle robe qu’elle portait était bien plus courte et moins onéreuse que la dernière. Elie Saab était connu pour ses robes qui étaient dessinées dans un esprit princier, digne des plus belle légendes arthuriennes, parfois orientales, parfois nordiques. Il s’inspirait des différentes cultures du monde tout en gardant le même patron pour créer des bijoux de la haute couture. Elle en avait fait peut-être trop ce soir en portant ce genre de robe à ce gala. Mais Lennon n’en avait rien à faire. Elle adorait ce créateur et ne pouvait pas se permettre d’attendre de faire partir de la famille royale pour porter ce style de pièce. Elle se sentait belle, lumineuse à l’intérieur. Peu importait si on lui disait qu’elle était too much. Les galas étaient des mondanités, les gens mondains se sentaient d’être l’élite exceptionnelle de la société, n’est-ce pas ? Et bien, ils devaient se vêtir comme tel. Donc Lennon était totalement dans le thème. « Celui qui ose me renverser un bière en canette sur ma robe, je l’étripe. »

Un peu plus tard ils étaient dans sa voiture, et Lennon avait du mal à détacher son regard de lui. L’alcool la rendait un peu plus avenante ? Pas trop non, elle n’avait pas assez bu pour avoir une envie d’affection soudaine. Mais quelque chose chez Yelahiah l’intriguait, l’attirait. Quelque chose qu’elle n’avait pas remarqué durant le gala. Peut-être que le fait de se retrouver seule dans une voiture avec dans la pénombre avec un calme dominant avait influencé le regard qu’elle portait sur lui. Mais elle avait désormais détourné le regard, se concentrant sur le trajet. « Ah, j’avais raison. Tu me prends pour ton sac à main. Laisse moi descendre de la voiture. » Elle lui lança un regard de défi, un sourire narquois aux lèvres. Il voulait la taquiner ? Elle allait le taquiner, pour voir jusqu’où il pouvait aller. Il lui demanda si quelqu’un l’attendait à cette soirée, mais elle l’ignora complètement. Bien trop focus sur ses précédents mots. Elle avait envie de le mettre au défi. « Je suis bien trop fière pour être considérée comme un sac. Tu en trouveras une là-bas sans soucis. Donc laisse-moi descendre je rentre chez moi. » Elle voulait voir s’il entrerait dans son jeu, s’il était capable de la laisser sur le trottoir. Ou au contraire (et c’est ce qu’elle espérait), qu’il la retienne et qu’il lui dise de rester.

Il reste assis en attendant qu’elle revienne. Elle n’est pas très longue, ça l’étonne. C’est étrange une femme qui se change aussi vite, elle doit vraiment avoir envie de sortir et de s’amuser. Ses collègues vont le détester, et il en a absolument rien à faire. “Je donnerai cher pour te voir étriper quelqu’un.” C’est presque un défi, il aurait presque envie d’être celui qui va renverser un verre d’alcool sur cette jolie robe. Il la regarde encore une fois la robe, parce qu’elle est jolie. Il regarde la robe, seulement ça. Mais il faut qu’il se concentre sur la route s’il veut arriver en une seul morceau.

Et il joue avec les mots, avec ceux que la brune a utilisé. Un sac à main, d’où elle sort des idées pareilles ? Ca le fait rire Yele, et ça risque de rester un bout de temps dans sa mémoire. Il se demande quel genre de fille elle est. Est ce qu’elle va se vexer ou est ce qu’elle continuera de jouer ? Il serait déçu si c’était le cas. Alors il la teste, est ce qu’elle a des limites dans son humour ? Peut-être bien. Si elle est aussi intelligente qu’il le croit elle suivra, elle sera intéressante et elle continuera de l’occuper sans le lasser. Etonnant non ? Qu’il soit déjà resté aussi longtemps avec la même personne. Il s’étonne lui même. Ca l’étonne encore plus quand ses yeux se perdent un peu sur son visage à la brune, elle a un truc qui l’intéresse. Un truc qui va plus loin que sa conversation ou son ego. Ca n’arrive pas souvent, mais là, il est intrigué Yelahiah. “Tu m’entendras jamais dire que t’as raison.” Ce serait la laisser gagner, et il ne perd jamais Yelahiah. Il hausse un sourcil, il a démarré, il s’est éloigné et la maison de Lennon est très loin. Il lève les yeux au ciel. “Non” Il tourne la tête vers elle mais n’arrête pas la voiture. “Tu t’es engagée, t’as pas le droit de fuir.” Elle n’est pas le genre à fuir, il en est certain. “Je ne me balade pas avec n’importe quel sac à main.” Est ce qu’il cherche tant que ça ? Oui. C’est lui qui est au volant, et, tant qu’il captera l’amusement dans la voix de la brune, il continuera sa route jusqu’à la soirée.

Ce jeu de qui avait plus raison que l’autre perdurait encore et toujours, et ce à l’intérieur même de la voiture. Il ne voulait pas lui donner raison alors que ce qu’elle disait était vraI. Ils pouvaient tellement se prêter à ce jeu-là pendant des heures. Elle ne l’entendra jamais dire que c’est le cas, mais elle sait très bien ce qu’il pense. Il aime bien trop jouer Yelahiah, et Lennon aussi. Il était tombé sur la partenaire de jeu idéale, et il ne pouvait que s’en délectait. C’était parfait. Elle n’aurait pu rêvé mieux comme compagnie pour la soirée. Ou comme compagnie tout court. Mais c’était faire des plans sur la comète alors que Yelahiah, elle ne connaissait que très peu et l’avait croisé que très peu de fois et brièvement surtout. C’était la première fois qu’ils passaient autant de temps ensemble. La première fois qu’ils laissaient le temps à cette complicité de s’installer entre eux et de les entraîner dans ce jeu incessant au parfum de l’égocentrisme et de l’ambition. Mais quelque chose de nouveau venait tinter la nature de leurs échanges. La naissance d’une l’attirance entre les deux, elle ne saurait expliquer mais depuis qu’elle s’était retrouvée seule avec lui, quelque chose en elle la guidait vers lui. Mais cette envie était encore assez faible pour qu’elle réussisse à se contrôler et à porter son attention pour autre chose.

Yelahiah était catégorique. Il tourna la tête vers elle pour appuyer ses propos. « Je peux me rétracter quand je veux, où je veux. Je ne t’appartiens pas. » Dit-elle, les bras croisés et le sourire défiant. Elle n’allait pas partir, évidemment, enfin si, peut-être. Elle voulait simplement qu’il la retienne, elle avait cette envie surprenante d’instaurer un jeu de séduction avec lui. Même si Yelahiah semblait hermétique à ce genre d’échanges, ça se voyait, de toutes façons. « Tu me donnes toutes les raisons de partir. » Son sourire se faisait plus large. « Es-tu sûr d’employer cette expression pour me désigner, encore ? » Elle arqua un sourcil, provocante. « Laisse moi descendre. » Elle posa sa main sur la poignet de la portière, à deux doigts de l’enclencher. « Si tu me considères encore comme tel, soit je passe la soirée au bras de Carter, soit tu me laisses descendre. Et si tu retires tes mots, on passera la soirée la plus agréable qui soit. »

Il conduit et il ne s’arrête pas même quand elle le demande. Parce qu’il sent qu’elle joue elle aussi. C’est leur dynamique depuis le début de cette soirée, depuis qu’ils apprennent vraiment à se connaître. Qui aurait cru qu’il trouverait quelqu’un un peu comme lui ? Personne. Il n’y a certainement pas assez de place pour eux deux sur cette planète s’ils sont l’un contre l’autre. Par contre, ensemble, ils pourraient dominer le monde entier. A eux de choisir quoi faire, ou quoi devenir. Mais il ne réfléchit pas à ça Yelahiah, il joue juste, il cherche les limites de la brune. “T’abandonnerais aussi facilement ?” Il hausse un sourcil. Oui il prend ça pour un abandon, c’est trop facile de sortir de la voiture. Pour quelques mots qu’elle a choisi elle-même. Elle n’avait qu’à pas donner le bâton pour se faire battre la brune, elle les cherche les piques.

Elle sourit, elle joue elle aussi et c’est rassurant. Elle n’a pas envie de partir, et Yele n’a pas vraiment envie de la voir partir non plus. Mais il se tait. “C’est quoi la liste des raisons ?” Il est intéressé, est ce que c’est seulement le terme de sac à main qui la met dans tous ses états ? Il réfléchit, il attend, et ça l’amuse alors que la voiture ralentit un peu. Ils sont perdus au milieu de nul part, et pourtant, Yele gare la voiture sur le côté avant de sortir lui en premier en écoutant la brune parler. “Et tu vas aller où ?’ Est ce qu’elle a vraiment envie de partir ? Parce que Yele ne fait pas vraiment partie des mec qui s’amusent à courir après les filles. “C’est toi qui l’as utilisé en première.” Et il le rappelle ça, histoire qu’elle n’oublie pas que ce n’est pas lui qui l’a décrite comme ça en premier. Il passe de l’autre côté de la voiture, il se rapproche un peu en croisant les bras sur sa poitrine. “Carter ? Vraiment ?” Sa moue dégoûtée le trahit. “Qu’est ce que t’attends pour sortir ?” Et il n’ouvrira pas sa porte, ils peuvent être un peu en retard pas vrai ? Il n’y a pas vraiment d’heure. Il s’amuse bien plus là pour le moment de toute manière. Est ce qu’elle va vraiment vouloir rentrer chez elle ? Il espère pas.

La tournure des évènements devenait très plaisante. Il lui demandait d’énumérer la liste des raisons qui lui donnaient envie de partir. En réalité, il n’y en avait aucune. Elle avait plutôt toutes les raisons de rester à ses côtés, à laisser les heures s’écouler pendant qu’ils joueraient encore à qui était le plus fort. Elle ne pouvait pas répondre à sa question, car ça serait mentir à elle-même et elle n’a pas assez d’imagination tout de suite pour inventer quelques bonnes raisons pour partir. Lennon se contenta d’un silence, d’un jeu de regard comme réponse. Un regard animé par le feu et le défi, par l’addiction naissante à ce petit jeu entre eux. On en devenait vite accro, un peu trop rapidement même.  

Yelahiah se gara la voiture sur bas côté, avant de sortir avec nonchalance du véhicule. Lennon retenait un rire, ils prenaient tous les deux ce jeu tant au sérieux. Elle ne quitta pas Yelahiah des yeux pendant qu’il faisait le tour de sa voiture pour se retrouver face à elle, bras croisés. Il était tellement beau. « Chez moi. » Il n’en démordait pas, et elle aimait ça. Il était dur, pas facile à convaincre et tant mieux. Elle n’aimait pas quand c’était facilement acquis, elle aimait se faire désirer et que la personne en fasse de même. Et Yelahiah était le meilleur pour ce poste. « Tu n’étais pas obligé de me suivre comme un mouton. » Elle leva les yeux aux ciel, Yelahiah n’était décidément pas prêt à lui ouvrir la portière. « Carter, oui. J’te sens un peu déçu. » Elle sortit enfin de la voiture, avec grâce. « J’suis sortie là, ça y est. » Dit-elle les bras croisés, en se postant devant lui, un sourcil haussé. Elle le défia du regard, s’efforçant de rester plongée dans ses yeux et de ne pas les baisser sur ses lèvres. « Ne me demande pas ce que j’attend pour partir. » La vitre était baissée, elle pouvait donc prendre son sac à main à l’intérieur et ce fut ce qu’elle fit. Un sourire aux lèvres, elle tourna les talons, sans un regard pour Yelahiah.

La voiture est arrêtée, sur le bas côté. Il n’y a personne, c’est tout juste si la route est éclairée. Mais il s’en fiche Yele, le jeu va toujours plus loin et il adore ça. Elle a le droit à toute son attention là, et ça, c’est vraiment important à savoir. Elle elle ne le sait pas, mais lui oui. Il croise les bras sur sa poitrine et va vers son côté de la voiture, sans ouvrir la porte de Lennon. Elle sait comment se débrouiller puisqu’elle menaçait de s’échapper alors que la voiture roulait encore. Alors il attend, il joue, c’est le jeu ou elle qu’il trouve aussi intéressant et stimulant ? “T’es loin là.” Est ce qu’elle irait jusqu’à marcher pendant un long moment dans le noir juste pour lui prouver qu’elle est capable de se barrer sans avoir besoin de l’aide de personne. “Si je suis un mouton tu restes un sac à main.” Il hausse un sourcil lui aussi, il n’est pas un mouteau. Les troupeaux c’est pas son truc.

“C’est toi qui vas être déçue.” Carter est un con arrogant qui ne sait rien sur rien. Certainement le genre de type qui va la traiter comme une poule de circuit. “Donc, tu pars par où ?” Ils ont la même lueur de défi dans les yeux, le même ton, le même sourire. “C’est toi qui veux partir, moi je t’ai jamais dit de le faire.” Il ne lâche pas ses yeux, elle ne le fait pas non plus. Mais il fait un pas vers elle pour se rapprocher un peu plus. Toujours avec cet air de défi, c’est sûrement à qui tiendra le plus long. Mais il la sent Yele cette tension, cette attirance. Et c’est étrange tout ça, mais il apprécie le moment. “T’as vraiment envie de partir ?” Elle va devoir répondre honnêtement, parce qu’il ne va pas s’amuser à perdre son temps à se rapprocher d’elle pour qu’elle prenne ses jambes à son cou. Il l’a peut-être surestimé, peut-être qu’elle n’a pas vraiment les épaules pour le supporter. Mais il ne pense pas s’être trompé à ce point là, alors il continue de sourire. Persuadé qu’elle restera en face de lui sans bouger, sans lâcher ses yeux.

« Toujours chez moi. » Lennon ne changeait toujours pas d’avis. Elle assumerait ses prises de décisions du à ce jeu de plus en plus fou. Si elle devait rentrer chez elle dans le noir du haut de ses talons, elle le fera. Sans hésiter, et fière d’ailleurs. Elle l’écoutait parler mais elle ne répondait plus, elle ne pouvait pas briser le silence qui s’installait dans ce jeu de regard. Elle aurait aimé qu’il dure plus longtemps, mais elle se demande également ce qu’il attend. Qu’est-ce qu’il attend de quoi ? De l’embrasser ? Ce jeu prenait une direction totalement différente de qui aura le plus gros égo. Il révélait la vraie nature de leurs pensées, et Lennon était assez satisfaite de se trouver ici, au milieu de nulle part avec Yelahiah. Ils n’étaient pas parasiter par des invités ou des collègues de travail. Il n’y avait qu’eux et la voiture.

Il lui demandait si elle avait vraiment envie de partir, évidemment que non. Mais elle lui disait que oui. Elle avait juste envie qu’il pose sa main sur bras, qu’il empoigne son poignet pour l’empêcher de prendre la fuite. Mais il était bien trop fier pour ça, elle aussi d’ailleurs, jamais elle ne rattrapera quelqu’un sur le départ. Elle était désormais dos à lui et elle pouvait sentir son regard lui brûler le dos. Mais elle se tourna de nouveau vers lui pour lui faire face et retrouver son regard. « Non. » Simple, clair, précis. Il était sorti tout seul mais elle ne l’avait pas empêché non plus. Avouer ce qu’elle souhaitait rendait tout autant le jeu intrigant. Mais elle se considérait toujours maître de la situation. Parce que c’est elle qui a choisi de dire qu’elle ne voulait pas partir. Ce n’est pas lui qui l’en a forcé. « Donne-moi une raison de rester.  » Elle attendait qu’il lui prouve qu’elle faisait bien de rester, qu’elle n’avait aucun intérêt à partir.

Il oublie la voiture Yele, il oublie la soirée aussi. Il se concentre seulement sur cette conversation, sur tout ce qu’elle dit. Des mots qu’il réutilise contre elle, c’est ce qu’elle cherche non ? Bien sûr que oui. Lui aussi il cherche à la tester elle, c’est une bataille depuis qu’ils ont commencé à discuter tous les deux. Ils ne se lassent pas, mais est ce qu’ils se lasseront un jour ? Il faut laisser le temps faire pour savoir ce genre de choses. “Y’a quoi d’intéressant chez toi ?” Il n’y a rien, puisqu’elle ne trouvera pas plus intéressant que lui en réalité. Ce serait dommage pour elle qu’elle s’éloigne, qu’elle évite cette future soirée. Il est toujours du côté de Lennon, il reste debout face à elle alors qu’elle a l’air d’hésiter entre rester ou partir. Il ne lui courra pas après, il restera là et partira avec la voiture si vraiment elle décide de s’éloigner.

Il pose des questions, il parle et elle attend un long moment pour répondre. Mais le seul mot qu’elle prononce laisse son sourire s’agrandir sur son visage. C’est exactement la réponse qu’il attendait. Il a encore fait un pas vers elle alors qu’elle est dos à lui puis qu’elle revient planter ses iris dans ceux de Yelahiah. “Tu veux qu’on reste là ?” Une vraie question. Est ce qu’elle veut rester dans cette voiture ou aller en soirée ? Lui s’en fiche, dans tous les cas il ne la lâchera pas de la soirée, de la nuit. Il se rapproche Yele, Lennon se retrouve collée contre la voiture et les mains de Yele de chaque côté de sa taille. Il n’est pas habitué à cette proximité, mais c’est le jeu qu’ils ont mis en place non ? Il ne le sait pas que ça va un peu plus loin qu’un jeu, il le réalise rarement ça. “Moi.” Ca aussi c’est simple, c’est concis, c’est la seule raison pour laquelle elle a vraiment envie de rester là.

Il n’y avait rien d’intéressant chez elle, mis à part son lit et ses plans d’architectures bien sauvegardés dans son ordinateur professionnel. C’était peut-être les deux seules choses intéressantes. Ses frères n’étaient jamais présents, sa mère à l’ouest avec ses principes universitaires et son père, comme vous avez pu le constater, trop occupé à ses mondanités pour donner l’heure à ses enfants. Elle ne s’en rendait pas compte mais c’était le début de l’apparition d’un vide en elle qui ne cesserait de croître au fil des années. Yelahiah n’allait pas la retenir, il n’avait que ses douces prières pensées intérieurement si fort, si fort que Lennon pouvait les entendre. Jamais elle ne partirait, fallait être dingue pour prendre ce genre de décision quand tout lui donnait envie de passer la soirée avec lui, dans cette voiture, chez Carter, nulle part et ailleurs. Peu importait tant que leur petit ne cessait pas d’exister.

Rester là ou se rendre à la soirée ? C’était la meilleure question qu’il pouvait lui poser, en effet. Bah ouais, elle voulait rester là. C’était mieux que de partager Yelahiah avec tous les invités de la soirée médecine. S’ils restaient ici, elle aurait son Yelahiah pour elle toute seule. Mais les choses étaient allées tellement vite. Il y a encore une heure, ils étaient au gala, à parler comme de grands dieux et la voilà maintenant sous l’emprise de son charme, à vouloir passer la soirée avec lui dans une voiture. Elle n’avait rien vu venir et elle n’aurait jamais pensé que se retrouver seule avec lui allait éveiller une attirance en elle qu’elle n’aurait jamais douté. Leurs phrases se faisaient dix fois plus courtes, leurs mots cent fois plus brefs. Bientôt ils n’auraient plus besoin de parler, juste besoin de se regarder pour comprendre ce que l’autre voulait dire. Il posa ses mains sur sa taille et elle frissonna. Elle ne s’attendait pas à ça, à ce toucher, à se sentir vulnérable sous le regard ténébreux de Yelahiah. Adossée à la voiture, elle posa ses mains sur les bras du jeune homme, cherchant elle aussi de son côté à établir un contact. Cette proximité soudaine accéléra son rythme cardiaque, elle était incapable de parler. Encore plus lorsque ce simple moi sortit de sa bouche. À ce moment-là, elle ne s’était pas rendue compte que sa main droite caressait la joue du jeune chirurgien. Elle était comme hypnotisée par l’ambiance du moment, qui était déjà un souvenir qui tournait en boucle dans sa mémoire. Comme si elle avait besoin que ce moment reste intact. Elle se décolla lentement de la voiture pour se rapprocher dangereusement de Yelahiah. Leurs lèvres étaient encore à une distance de sécurité convenable lorsqu’elle brisa enfin le silence. « On reste là, alors. »

Ils ne parlent pas. Ou très très peu. L’ambiance a changé, la tension aussi. Ce n’est plus électrique, la bataille d’ego n’est plus la même. Maintenant c’est une discussion pleine de non dits, de regard et de choses qu’ils ne comprennent pas bien encore. C’est compliqué ce genre d’histoire, ce genre d’attirance inexplicable qui arrive sans que personne ne puisse s’y attendre. Il sourit, il se rapproche d’elle, et leur projet de départ a bien changé maintenant. Quand lui n’a aucune envie de bouger de cet endroit sordide. Ils ne risquent rien, ou peut-être que si. Mais c’est tant pis. Il est trop bien là, ce jeu est bien trop amusant. Il fait quelques pas Yelahiah, il tente de se rapprocher et elle ne s’éloigne pas. Elle ne le repousse pas non plus. Il le voit dans ses yeux lui aussi qu’elle n’a aucune envie de partir. Qu’elle veut rester là quand les mains de Yele se posent sur ses hanches sans qu’il ne le calcule vraiment. C’est peut-être trop, et c’est pas réfléchit. C’est étonnant non ? Qu’il ne réfléchisse pas Yelahiah.

Il ne la lâche pas des yeux. Ses pupilles restent ancrées à celles de la brune alors que sa main remonte sur le joue du Blythe. Qu’est ce qu’ils font là ? Il n’est plus assez dans le contrôle, et ça l’énervera quand il le réalisera. En attendant, il profite juste d’absolument tout ce qu’il se passe à côté de cette voiture. Ils restent là, la décision est plutôt catégorique. Et il sourit encore, c’est ce qu’il aurait choisi comme option lui aussi. Il n’a plus envie de voir du monde, il a juste envie de la voir elle. “Qu’est ce que tu veux Lennon ?” Parce que leurs lèvres ne sont qu’à quelques millimètres quand Yele s’est rapproché mais qu’il n’a pas craqué, pas encore. Sa respiration se fait plus saccadée, il attend, ça se fera, la tension est trop forte.

Pendant que sa main caressait avec douceur la peau diaphane du jeune homme, une autre vint se poser sur son avant. Comment en étaient-ils arrivés là ? Elle sentait encore la coupe de champagne entre ses mains, elle entendait encore le brouhaha dans la salle de gala, elle percevait encore les joutes verbales de Yelahiah. Et pourtant, ils étaient loin de tout ça. Tout cet univers mondain s’était dissipé dans une épaisse fumée pour les transporter instantanément sur ce bout de route. Elle adossée à la voiture dans sa robe de soirée et lui toujours en smoking, à seulement quelques centimètres d’elle. C’était comme si ce trajet en voiture n’avait pas existé, comme si elle n’était pas rentrée chez elle se changeait. Yelahiah avait claqué des doigts et l’avait transporté ici, pour jouer de ses charmes et l’envoûter de façon magnétique dans cet endroit perdu. Loin de tout. Pour qu’elle n’ait aucune raison de partir. Il était fort à ce jeu-là le garçon. Il avait attendu le dernier moment, le moment le plus inattendu pour lancer l’élément déclencheur de l’intrigue car au Gala, Lennon contrôlait encore tout son corps. Mais sous la douceur de ses mains, elle ne saisissait plus rien. On devait sans doute les attendre, mais à l’heure actuelle ils s’en fichaient. Il lui demandait ce qu’elle voulait alors que l’objet de ses désirs ne se trouvaient seulement qu’à quelques millimètres désormais. Il s’était dangereusement approché d’elle, si près qu’elle sentait son souffle réchauffer sa peau, lui donnant un énième frisson. Elle n’avait pas froid, elle frissonnait d’envie. Leurs lèvres s’effleuraient presque et elle voulait juste y goûter. Une seule fois, juste une seule. Comme si elle en dépendait, le souffle coupé. Il ne cédait pas, il ne voulait pas céder en premier. Elle non plus d’ailleurs, mais à un moment donné, elle saurait plus résister. Il fallait être fou, il fallait être dérangé pour résister comme un roc à cette tension qui lui enserrait la poitrine un peu plus chaque seconde. Elle ne bougeait plus, lui non plus. Ils n’avaient plus besoin de bouger parce que la Terre les poussaient l’un vers l’autre. Et c’est sa lèvre inférieure frôlant la sienne qu’elle répondit à sa question. « Tu le sais. » La tension était si terrible que prononcer ses mots attiser cette flamme qui chauffait toutes ses entrailles. Sa main était passée derrière sa nuque désormais, et respirer était une corvée. Ses lèvres frôlèrent une énième fois les siennes et dans une inspiration brûlante, elle les scella.

Il ne bouge pas plus, elle reste juste entre ses mains. Il a laissé ses doigts s’égarer sur le tissus de la robe. Il regrette un peu ne pas avoir accès directement à sa peau. Et, quand elle se rapproche elle aussi, il enroule un peu plus ses bras autour d’elle pour poser ses mains au creux de ses reins. Ils sont proches et il n’a pas envie que ça change le Blythe. Ils continuent de lutter encore un peu, même s’ils ont tous les deux envie de la même chose. Il a envie d’être encore plus proche Yelahiah, de laisser ses lèvres emprisonner celles de Lennon, et pourtant il reste à quelques millimètres. Cette distance qui n’en est pas vraiment une quand ils se dévorent des yeux. C’est arrivé vite, sans que Yelahiah ne puisse le calculer. C’est électrisant, et nouveau. Il se laisse faire, et laisse faire ses envies et ses sensations. Ses mains qui restent posées dans son dos, le corps de Lennon qu’il serre encore un peu plus à chaque seconde. Ils vont rester là, il ne sait pas combien de temps, mais il espère qu’ils ont encore de longues heures devant eux. Même sans mots, ils continuent de s’intéresser à l’autre. C’était donc vrai, ni l’un ni l’autre n’aurait pu trouver une meilleure personne avec qui passer la soirée. Bien sûr qu’il le sait, il veut réduire cette distance, c’est tout ce qu’il veut à ce moment là. Et c’est elle qui aura craqué en première. Et il sourit tout contre ses lèvres maintenant qu’il lui rend ce baiser qu’ils attendaient tous les deux avec impatience. Sa main remonte jusqu’au cheveux de la jeune femme, il ne la lâche pas, il ne la lâche plus et ils sont toujours plus proche l’un de l’autre alors que le dos de Lennon est contre la voiture. “Cette soirée ici s’annonce bien meilleure.” Ils pourraient les attendre pendant de très très longues heures. Ils ne rejoindront personne, ils sont bien tous les deux, ils se suffisent à eux-même.

Elle avait finalement cédé, mais seulement un millimètre les séparait l’un de l’autre, c’était tout comme. Et là voilà, en train de faire quelque chose qu’elle n’aurait jamais soupçonné deux heures auparavant. Yelahiah lui rendit son baiser pendant que Lennon était en totale combustion contre cette voiture. Ses jambes se dérobaient sous le poids de cette attirance, mais Yelahiah la tenait bien. Il ne la laisserait pas tomber, ni partir ce soir.  Elle avait oublié le brouhaha de la soirée, elle avait oublié cette soirée médecine. Elle avait même oublié le reste. Elle savait juste qu’elle était contre une voiture, dans les bras de Yelahiah se maudissant d’avoir goûter à ses lèvres dont elle ne saurait se passer désormais. Il passa sa main dans ses cheveux alors attachés en un chignon brouillon. Quelques mèches s’échappèrent au passage des doigts aventureux de Yelahiah. Ses deux mains se retrouvaient sur les joues de Yelahiah, pour être accentuer son baiser. Elle ne pouvait pas rêver comme fin de soirée. Lennon se décolla avec peine des lèvres du jeune homme, en un soupir. « Tu vois que tu ne pouvais pas trouver mieux que moi. » Elle lui sourit. Et c’est de cette façon qu’ils passèrent le restant de la nuit ici, à cet endroit. À s’embrasser sans avoir besoin de dire quoi que ce soit. Inutile de préciser qu’ils ne restèrent pas très longtemps à l’extérieur. Inutile de préciser que toute cette tension entre eux les avait attirer à l’arrière du véhicule et qu’ils s’étaient découverts l’un l’autre de la plus belle des façons. Elle ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’elle faisait ce soir là, parce qu’elle avait seulement suivi son instinct et son corps. Et ce dernier voulait Yele, seulement Yele. Et ce n’était seulement qu’au petit matin qu’ils s’étaient décidés à partir. Déjà nostalgiques sans se le dire, de cette si belle soirée.