Elle avait dit qu'elle viendrait. Elle avait dit qu'elle passerait et elle avait dit qu'elle le ferait ce week-end et il est con Jack, parce qu'il pense qu'à ça depuis. Le pauvre adolescent dans un corps de vieux hippie, le type qu'on regarde toujours du coin de l'oeil en s'attendant à ce qu'il sorte des trucs qui font aucun sens parce qu'il doit juste venir de terminer sa tasse d'opium. Celui-là même qui a demandé à l'un des caméramans de lui dire s'il avait pas de la terre sur les dents et/ou sur les joues depuis le temps. Il attend.

Et c'est quand même une bonne chose qu'il patiente, parce que ça lui permet de dresser la liste de tout ce qui pourrait mal se passer avec son plan. C'est ce qui lui permet de se sentir presque vivant à avoir la frousse qu'elle arrive, qu'elle reparte, qu'elle fasse genre nope, pas pour moi, et que ce soit pas juste pour une poignée de minutes grattées pendant Race of Australia mais pour la totalité du truc aussi. Il sait même pas Jack, ils sont quoi tous les deux.

Alors il a improvisé. Il a trouvé un petit bar crade, miteux et absolument pas de la trempe d'Elise pour l'inviter à aller y prendre une bière sans trop se faire remarquer. Elle boit certainement pas de bière et probablement plus du vin, alors il est arrivé en avance pour lorgner sur la carte des cocktails et réaliser que si elle veut du vin ça risque de peut-être la rendre aveugle vu l'appellation maison qui n'augure rien de bon sur le menu. Il y est allé safe du coup, et a pris de l'eau.

C'est nul, de l'eau. C'est fade, ça fait aucun effet, ça calme pas ses élans de type qui attend de moins en moins patiemment. Lui, il a des impressions de faire dans l'illégalité et ça le fait rire, le sourire en coin qui reste au creux de ses lèvres. Il est à un bout du bar et elle sera à l'autre, il a prévu des p'tits papiers à lui envoyer par la serveuse pour lui parler, il a tout pensé en vrai. Suffit juste qu'elle arrive et qu'ils suivent le plan. Pour l'un et l'autre des scénarios pourtant, il doute comme un grand enfant.

   
@elise williams
@may glitters

Tu ne colle pas dans le décor. Vraiment pas. Il n'a vraiment rien trouvé de mieux, Jack ? Ou il veut te faire peur ? Bravo, c'est réussi. Tes fringues doivent valoir plus cher que l'établissement au grand complet (tu exagères à peine) Ça date de quand la dernière fois qu'ils ont lavés le plancher. Tu as le haut le coeur au simple bruit de tes chaussures qui se collent contre le plancher. Ça pue la clope. C'est horrible. Pour instaurer une ambiance propice au rapprochement, c'est un échec total. Tu te rend quand même jusqu'au comptoir. C'est que tu dois vraiment avoir envie de le voir pour t'enfoncer plus loin dans cet endroit lugubre.

Il est là. Bien sûr qu'il est là. Installé au bout du comptoir, alors que tu n'as d'autre choix que de t'installer à son opposé. Tu arrives presque à oublier l'endroit où tu te trouves dès l'instant où ton regard croise le sien et qu'il ne le lâche surtout pas. Il y a un sourire qui s'installe contre tes lèvres. Il y a ta garde qui se baisse juste quelques secondes, juste assez pour que ton bras frôle à peine le comptoir. Tu sursautes presque immédiatement en ramenant ton bras vers toi. Pourquoi c'est gluant ? Oh, ce qu'il doit se foutre de ta gueule

Il est nul ton plan que tu articules sans qu'aucun son n'en sorte. Il est nul son plan. À toi d'en improvisé un nouveau. Sortie à l'arrière. Il y en a sûrement une. Il y en a toujours une. Avec de la chance, la ruelle miteuse seras déjà mieux que l'intérieur. Tu te lèves donc de ton banc, passe juste en arrière de lui. Tu t'enfonces un peu plus loin et la voilà, la porte qui mène à une bouffée d'air frais. Ahh non. Aucun air frais. Il y a une berne a ordure, des chats errants qui s'y nourrissent. Horrible. Pourquoi il y a la même odeur bizarre qu'à l'intérieur ?

« Je vais commencer à croire que tu as envie que je me sauves en courant. » Tu te retournes vers lui au son de la porte qui s'ouvre quelques minutes après toi. Tu t'avances vers lui, vient nouer tes bras autour de sa nuque, alors que tes lèvres ne tardent pas une seconde de plus avant de retrouver les siennes. Oh ce que c'est bon de le revoir.

@jack epstein

Son plan est nul, son plan est foutument nul et pourtant il a pas l'air du gars qui regrette quoi que ce soit quand il la voit du coin de l'oeil entrer dans le bar. C'est un accomplissement en soit, ça, tant l'endroit est plongée dans un pénombre invitante pour certains, glauques pour d'autres. Elle râlera dans tous les silences possibles, mais elle déteste l'endroit et lui, ça l'amuse. Ça l'amuse de la voir sursauter à chaque contact d'une parcelle de peau dévoilée contre les structure des meubles collantes. Ça l'amuse qu'elle jette le mauvais oeil autant à la collection de bouteilles poussiéreuses qu'au barman, ça l'amuse qu'elle sorte complètement de sa zone de confort aussi. Pas pour lui, nope, elle est là pour se changer les idées n'est-ce pas? C'est à ça qu'il doit servir Jack, en tout cas.

Elle part et il sent son parfum à elle filer derrière lui quand sa pinte trouve ses lèvres et qu'il la finit d'un trait sans sourciller. Il remarque pas le sous-verre qui reste collé, il remarque pas à quel point y'a des marques gondolées sur le comptoir qui n'est plus vernis depuis une décennie. Il regarde que dalle où ils se trouvaient y'a une poignée de secondes déjà parce que rien qu'après ils ne sont déjà plus là. « Je vais commencer à croire que tu as envie que je me sauves en courant. » « Ça se passe comment, pour courir en talons hauts? » qu'il nargue, les bras d'Elise de chaque côté de ses épaules et ses lèvres qui errent sur les siennes.

Et la vérité, là de suite, c'est qu'ils sont dans la merde. Qu'ils y sont bien plus parce qu'elle est venue ici, qu'ils y sont parce qu'elle est venue tout court. « T'es venue en avion, alors? C'est tellement pas original. » elle est venue et il gratte n'importe quoi d'autre que l'inévitable - se moquant de son moyen de transport simple et efficace quand les siens ont été nombreux et coriaces.

« Ça se passe comment, pour courir en talons hauts? » Ah. C'est ça alors qu'il veut voir. On s'habitue à porter des talons, à la marche, à la course. Cosimo, il t'en a donné du fil à retordre quand il n'était qu'un gamin. On se demande pas de qui il retenait ça. Mais, ouais, il t'a appris à courir après lui peu importe la hauteur de tes échasses. « Très bien. J'étais championne dans la discipline. » Un classique la course à talon haut dans les jeux Olympiques.

« T'es venue en avion, alors? C'est tellement pas original. » « Fais pas ton jaloux. » que tu lui répliques en souriant contre ses lèvres. Une heure de vol versus une semaine de stop. Ouais le choix n'a pas vraiment été difficile. Tu ne le comprendras jamais. Ni lui, ni tous les autres a s'y être inscrit. D'ailleurs, tu dois sûrement connaître personne ici et c'est temps mieux. C'est moins scandaleux si vous êtes surpris en séance becottage. Justement, il y a tes bras qui se resserrent autour de son cou. Il y a tout ton corps qui vient se presser contre le sien, ton nez qui vient s'enfouir contre sa nuque. Tu m'as manqué que tu penses, que tu lui montres. Parce que le lui dire, là, en face de lui, c'est confirmer ta perte. Non ça compte pas au téléphone.

« Qu'est-ce que tu as au programme aujourd'hui ? » À quelle point tu as le droit de le réquisitionner ? À quelle point tu as droit de t'imposer ? Que tu te demandes, alors que l'endroit du rendez-vous ne te semble pas favorable pour avoir des réponses positives. « On a combien de temps avant qu'ils se rendent compte que t'es plus là ? » Ah. La voilà la véritable question. Tes lèvres qui se pincent. Ton regard qui défie le sien à déroger des règles que tu ne connais même pas, mais tu es quand même convaincu qu'elles sont chiantes, ses règles. Parce qu'elles vous empêchent sûrement de vous tirer d'ici, de profiter d'un peu de confort. Juste un peu. Pas longtemps.

@jack epstein

« Très bien. J'étais championne dans la discipline. »
« À trop te vanter je vais avoir besoin d'une démo. »

Il hausse du sourcil, elle le verra parfaitement bien, son immense sourire de gamin qui tartine ses lèvres d'un bonheur bien trop naïf pour que ce soit bon signe. Entre temps, il a resserré son bras à lui autour de sa taille à elle, niché sa main libre derrière sa nuque. Elle redresse le regard Elise et il l'encourage à le faire, grand égoïste pour l'une des seules fois de sa vie quand il refuse de perdre ses prunelles des siennes pour le moment. « Fais pas ton jaloux. » « Touché. » même pas qu'il l'est, jaloux. L'avion c'est bien mais le stop lui a plu, aussi. Il est un homme de peu de besoins, il est un homme de peu tout court. Et le peu qu'il a, pour l'instant, lui convient parfaitement. Quand ses lèvres s'égarent de part et d'autre de la nuque d'une Elise qui doit froncer du nez, qui doit rager dans sa tête tant il la chatouille. Même. Pas. Désolé.

« Qu'est-ce que tu as au programme aujourd'hui ? » elle commence, il fronce du nez, soupire doucement. Il peut pas dire, il peut rien dire, et il se contente donc de le lui montrer, son plan du jour. Un baiser et un autre en guise de preuve, sa peau glacée qu'il réchauffe de la sienne, brûlante. « On a combien de temps avant qu'ils se rendent compte que t'es plus là ? » ça, il peut répondre, ça il va grommeler mais il peut le faire.

« On doit tous être revenus ce soir, y'a un truc avec les participants avant le dévoilement. » bien joué Jack, t'as fait dans le plus vague que tu pouvais, c'en est presque épatant mon gars. « C'est là où tu dis que ça tombe bien, que toi aussi tu avais rien de prévu cet après-midi mais quelque chose au planning ce soir, que le hasard est vraiment marrant et que j'sais plus, mon plan arrêtait là je crois. » un nouveau rire qu'il noie contre sa mâchoire, ses lèvres qu'il retrouve le plus naturellement du monde. Et ça aussi, ça faisait pas partie du plan. Que ce soit aussi naturel, justement.

« C'est- » Et il pose un baiser juste là. « C'est un très- » Et il en perd un autre par là. Déconcentrée ? Légèrement. « Très bon- » Lâche pas. Tu vas y arriver. « Programme » que tu termines, enfin, dans un souffle qui se perd contre sa peau. Tellement dans la merde quand ton coeur fait des siennes pour lui, quand il s'emballe et qu'il a juste envie de lui offrir toute sa confiance. Ce serait une erreur, ça ? Tu n'en sais rien. Il y a des semaines que tu ne réfléchis plus correctement quand il est dans les parages.

« On doit tous être revenus ce soir, y'a un truc avec les participants avant le dévoilement. » Ce soir donc. Vous avez toute l'après-midi à vous. C'est bien. C'est très bien. Franchement, tu te serais contenter de quelques minutes si c'était tout ce qu'il avait à t'offrir. C'est juste pour patienter les autres semaines à attendre. « Mmh, c'est vrai ? Et après ça ? Il y a des chances que tu viennes dormir avec moi ? » Dormir. Oui carrément. Une nuit très très reposant où il ne sera pas cerner du tout le lendemain à devoir faire du stop pour aller tu ne sais où. Rien à faire. Son problème pas la sien. Il avait juste à pas t'inviter.

« C'est là où tu dis que ça tombe bien, que toi aussi tu avais rien de prévu cet après-midi mais quelque chose au planning ce soir, que le hasard est vraiment marrant et que j'sais plus, mon plan arrêtait là je crois. » « J'ai jamais entendu un plan aussi nul » que tu pouffes contre ses lèvres à nouveau juste avant de te détacher légèrement de lui pour reprendre un air plus sérieux. C'est très sérieux là, Jack, écoute bien. « Attends, t'es vraiment en train de me dire que tu peux aller n'importe où et tu as choisis ce trou à rat ? » Ouais, c'est choquant, carrément. « Tu es encore plus horrible que je pensais. » Et il en est toujours aussi fier. Et tu t'en plains même pas pour de vrai.

@jack epstein

« Mmh, c'est vrai ? Et après ça ? Il y a des chances que tu viennes dormir avec moi ? » elle tâte et ça devient de plus en plus difficile de lui cacher des trucs qu'il a même pas envie de lui cacher en vrai. Il lui dirait tout là, d'office, il lui filerait même le nom de son caméraman préféré, la totale. Il est de ce genre là le gars paumé qu'elle laisse l'embrasser. « Si je perds - c'est ce que tu veux? »  s'il perd il part c'est ça le deal. C'est ça, qu'elle veut?

« J'ai jamais entendu un plan aussi nul »
« Il est passé où, le très bon programme? »

Il est passé dans les baisers qu'il sent encore contre sa peau, là où lui-même s'applique à lui rendre la pareille en laissant s'égarer ses lèvres là où celles d'Elise élisaient domicile y'a peu, trop. « Attends, t'es vraiment en train de me dire que tu peux aller n'importe où et tu as choisis ce trou à rat ? » ça le fera toujours rire de l'entendre s'insurger, quand au final, elle se moque. Il sait jamais si elle dit vrai ou si elle exagère, il aime bien qu'elle fronce du nez simplement pour la blague. Elle est née dans ce monde guindé-là Elise, mais il sait que s'il la traîne dans son monde cassé à lui, elle est assez forte pour s'y tâter. Ça l'effraie par contre Jack, de le lui imposer. « Tu es encore plus horrible que je pensais. » « T'es restée deux secondes à peine tu peux pas juger aussi vite. »

Il réduit, il diminue, il dédramatise. Il sourit de toutes ses dents et dégage ses prunelles à lui des siennes à elle pour détailler son haut qu'elle a sacrifié au profit du comptoir gommé. « Oups, tachée. » il se moque, pointant du nez la trace inconnue, soit trempée soit grasse, sur la pauvre manche de la brune. « T'as pas encore parlé de ton souvenir, c'est bien, t'es patiente. » patience qu'il met à rude épreuve, quand ses mots se postent doucement à son oreille.

« Si je perds - c'est ce que tu veux? » Oh ce que tu es déçu. Tu as même un peu de mal à le cacher. Seulement si il perd. C'est trop nul. Même si tu aurais très très envie de le ramener avec toi, tu n'as pas envie qu'il perde. Tu n'en a pas envie pour la simple et bonne raison que lui n'en a pas envie. « Non. J'ai juste peur de mourir d'hypothermie si t'es pas là. » Quoi ? C'est mal de vouloir un peu de chaleur sous tes draps ?

« Il est passé où, le très bon programme? »
« J'ai changé d'idée. »
« T'es restée deux secondes à peine tu peux pas juger aussi vite. »
« J'suis presque morte. »

« Oups, tachée. » « QUOI? » Là, c'est très sérieux, quand tu te dégage pour vérifier l'état du dégât. C'est là sur ta manche. La nausée te reprend sur le champs. C'est pas si gros qu'il dirait. Ça paraît à peine. C'est la catastrophe pour toi. Tu veux même pas savoir ce que s'est. Tu veux même pas savoir si ça va partir au lavage. Il finira sûrement au poubelle de peur de ramener une tâche aussi louche dans tes valises. Il y a sûrement le VIH là dessus. Rien que ça. « Okay. On s'en va d'ici. » Ta main qui se glisse dans la sienne, qui le traîne hors de cette ruelle glauque pour retrouver un semblant de rue principale moins pire. Elle est pas si loin l'hotel que tu as réservé. Il a pas dit combien de temps tu pouvais le déranger. Même si tu te doutais bien que ce n'était pas pour longtemps. Tu n'as quand même pas pris de chance. Au cas où.

« T'as pas encore parlé de ton souvenir, c'est bien, t'es patiente. » « C'est que j'ai plus urgent à régler. J'ai juste besoin de cinq minutes pour aller me changer. » Cinq minutes ? Bon okay tu fais un calcule mentale rapide, le temps de te rendre, de monter jusqu'à ta chambre, de te changer trois fois... « Peut-être vingt... Pas plus que trente. » Il a tout le droit du monde d'être décourager. Tu le lui donnes. Tu lui donnes tout ce qu'il veut de toute manière.

« Tu me le donnera quand tu seras rentré. » Le souvenir. Comme ça, il n'aura pas le choix de passer te voir et il aura une bonne raison de le faire. Au cas où il en est besoin d'une.

@jack epstein

J’ai demandé où était Jack plusieurs fois, à plusieurs personnes. Et apparemment ils l’ont tous perdu, bande de cons. Y’a juste un caméraman qui avait l’air mal à l’aise quand j’ai posé les questions. Il aurait dû apprendre à cacher ses émotions, parce que 3 secondes plus tard j’étais déjà en train de lui poser des tas de questions. Il a répondu, et il m’a dit où le trouver. Bingo, c’était facile vous voyez. Pourquoi tout est toujours aussi facile ? C’est presque ennuyant à la longue. Alors je marche, encore. Je le déteste d’être parti aussi loin. On ne s’évite pas, malgré ce qu’il s’est passé hier. Il est bizarre ce jeu entre nous, un jeu sans règles. Donc on ne transgresse rien en réalité. On va juste là où le vent nous porte. Voilà que je réutilise les expressions bizarres du couple de hippies tarés. Alors qu’est ce que je fais ? Je me balade avant d’arriver vers le bar que l’on m’a indiqué. C’est lugubre, c’est vraiment pas terrible. Qu’est ce qu’il peut bien foutre ici ?

Je regarde à l’intérieur avant d’entrer, je ne sais même pas si je vais entrer en réalité. Ce serait mieux que je ne le fasse pas pour moi et ma santé je pense. On se demande quelle genre de maladies trainent sur ces tables. Beurk, ça me donnerait presque la nausée malgré tout ce que j’ai vécu depuis une semaine. Je vois ses cheveux au loin, ses cheveux qui sentent le cuir et la clope d’après lui. Mais le problème, c’est qu’il n’est pas seul. Je n’avais pas prévu ça, et j’aurais dû. Oh que j’aurais dû. Ca m’apprendra, vraiment, à laisser une personne gratter un peu la carapace. Ca m’apprendra à avoir confiance. Connard.

J’attends dans la rue, je ne vais pas en plus entrer dans cet endroit sordide pour leur arracher la tête aux deux cons. Et ils sortent, Elise, qu’est ce que je la hais, elle aussi je l’aurais bien tué et enterré dans la campagne australienne. Je siffle. Oh oui vous allez vous retourner, bande d’abrutis. “Qu’est ce que tu fous là ?” Bras croisés, masque en place. Je peux blesser aussi, j’espère qu’elle va avoir mal, vraiment mal.

« QUOI? » c'est injuste de rire ainsi, c'est pas correct de laisser son visage se fendre en un immense sourire moqueur, pourtant c'est ce qu'il fait Jack, et il le fait de bon coeur. « Okay. On s'en va d'ici. » si elle le dit, il est qui lui, pour le refuser. C'est elle qui est venue, c'est elle qui s'est déplacée, c'est elle qui a survécu au bar crade aussi, elle a tous les droits en vrai. « C'est que j'ai plus urgent à régler. J'ai juste besoin de cinq minutes pour aller me changer. » il hoche de la tête, la suit docilement, éclate de rire à la voir qui réfléchit nez froncé et sourcils avec. « Peut-être vingt... Pas plus que trente. » tout l'après-midi qu'il avait dit, pour racheter sa future nuit d"hypothermie.

Et le souvenir? « Tu me le donnera quand tu seras rentré. » quand il rentrera donc. Parce que c'est qu'une semaine et quelques autres après peut-être. C'est rien, c'est vraiment rien. Hm? « Deal. »

“Qu’est ce que tu fous là ?”

La voix d'Ivy, il la reconnaitrait entre mille ; la voix d'Ivy furax encore plus. Il l'entend rager sans même la voir, il sent la main d'Elise qui se presse contre la sienne, il ravale doucement Jack, pense à ce qu'il pourrait dire pour que la brune ne soit pas dans la merde devant la blonde. Ivy doit pas savoir ce qui se trame parce que personne doit le savoir, et il sait pas trop pourquoi sa main devient de plus en plus moite Jack, il est presque poisseux le con, il l'est maintenant. « Elle était dans le coin. » ils font volteface, l'air fermé d'Ivy lui brise le coeur. « Oh, moi? » si son explication pour Elise est simple et concise, il réalise que les prunelles désormais noires de la Waterhouse ont dérivé une seconde une violente vers lui. « J'étais dans le coin. » et ils se sont croisés au hasard. Juste au hasard. Ça passe, non? Pas du tout.

Oh qu'il se moque, alors que vous abandonnez, enfin, cette ruelle crade et ce bar miteux (il était temps). Bien sûr qu'il se moque. N'importe qui le ferait. Tu l'entraîne avec toi, mais ce qui s'en vient... Tu ne l'avais pas vu venir. Vraiment pas. « Qu’est ce que tu fous là ? » Cette voix. C'est une plaisanterie. C'est ça ? Tes dents se grincent. Ta mâchoire au grand complet se crispe. Pourquoi est-ce qu'elle gâche toujours tout ? Et, elle, pourquoi elle est là ? Il l'a invité elle aussi ? Il est vraiment si stupide ? Tu dis rien, mais le regard que tu lui lances à Jack, il parle tout seul. Il dit rien de beau. « Elle était dans le coin. » Sérieusement ? Il croit vraiment qu'elle va gober ça ? Elle est pas stupide Ivy. Elle sait déjà tout. Elle a tout compris la dernière fois. « Oh, moi? J'étais dans le coin. » Pourquoi est-ce qu'elle le fusile du regard ainsi ? Pourquoi est-ce qu'il est toujours aussi relaxe Jack quand toi, tu pourrais pas plus rager intérieurement. Il est aussi relaxe quand il ment aussi ? Tu aurais juré qu'il soit un piètre menteur. Peut-être que tu te trompes. Peut-être. Il faudra que tu investigues là dessus.

« Toi, qu'est-ce que tu fou ici ? » que tu rétorques à ton tour. Elle va pas mentir elle Ivy. C'est sa spécialité les cruelles vérité. Celles qui font mal, mais surtout celles qui vaut mieux savoir tout de suite. Vous m'aviez que quelques heures Jack et toi. Juste une après midi. Tu peux pas croire qu'elle vienne tout gâcher, sans trop savoir pourquoi ça t'étonne. Tu peux pas croire que ça peut possiblement, facilement, tourner en dispute avec Jack à cause d'elle. Voilà, elle aura eu ce qu'elle voulait. « Tu peux pas juste nous foutre la paix ? On est occupé. » Toi, t'es déjà prête à juste l'abandonner là toute seule sur ce trottoir. « Viens » que tu ajoutes pour Jack en lui tirant sur le bras pour qu'il l'abandonne lui aussi à son triste sort. Rien à faire de ce qu'elle fait là. Elle viendra pas tout gâcher. Encore. Enfin... si c'est pas déjà trop tard.

Je ne sais pas vraiment quoi dire en fait. J’ai l’impression d’être loin de la réalité. Il ne peut pas me faire ça, pas juste après la soirée qu’on a passé hier. Est ce qu’il m’a menti ? Est ce qu’en réalité c’était juste une stratégie pour que je me méfie moins de lui ? Je ne sais pas, certainement que oui. Son histoire de vraie Ivy, de on, c’était juste des conneries et je me suis faite avoir comme une conne. Très bien Jack, c’est que le début de l’aventure. Il n’est pas au bout de ses peines. S’il veut la vraie Ivy furieuse, je vais la lui donner sans aucun problème. Je ne crie pas, bras croisés sur la poitrine je les observe avec Elise. Est ce qu’elle sait elle ? Que ses lèvres à lui elles étaient sur les miennes il n’y a pas 24 heures ? Que c’était moi qu’il tenait dans ses bras loin des caméras, loin d’absolument tout le monde ? Est ce que c’est à cause d’elle tout ça ? Est ce qu’elle est si mauvaise ?

Je les laisse sortir avant de les interpeller. Je lance un seul regard furieux à Jack. “Tais toi. Je parle à Elise.” Et il vaut mieux pour lui qu’il la ferme. Elise ne mentira pas, alors que lui vient de le faire sans même sourciller. Pourquoi Elise ne sait pas que je fais partie de l’émission ? Elle y est pour rien ? Je peux pas y croire. “Comme si tu le savais pas. J’espère que vous vous êtes bien amusés, tu peux être sûr que je croirai plus jamais un seul mot qui sort de ta bouche Jack.” Je parle sans même le regarder. Je reste impassible, fermée comme je ne l’ai jamais été. Mais là je peux pas le retenir le rire nerveux, un rire mauvais, le type de rire que j’aime pas vraiment et que les autres apprécient rarement eux aussi. “Oh occupé…” Je ne peux pas le retenir le rire, c’est bien plus fort que moi. Peut-être qu’en fait Elise se fait juste prendre pour une conne elle aussi. “Ils te cherchent pour la soirée de ce soir. Ils veulent tout le monde pour les images.” C’est à moitié vrai. Je comptais venir le chercher pour qu’on fasse tout sauf ça, mais il est occupé ailleurs cette fois.

“Tais toi. Je parle à Elise.”
« Toi, qu'est-ce que tu fou ici ? »

Bon.

“Comme si tu le savais pas. J’espère que vous vous êtes bien amusés, tu peux être sûr que je croirai plus jamais un seul mot qui sort de ta bouche Jack.”
« Tu peux pas juste nous foutre la paix ? On est occupé. »
“Oh occupé…”

Le rire d'Ivy lui donne froid dans le dos. Il le voit bien, qu'elle rage, et il voit bien que Elise rage aussi. Mais dans quel bordel il s'est foutu encore, le gars qui passe son existence en entier à tenter de rendre tous ceux qui entrent dans sa vie d'un côté ou de l'autre heureux. Il est bien mal pris, quand il regarde d'un côté et de l'autre et que son incompréhension transparaît autant dans son visage que dans son silence.

« Viens » Elise lui tire le bras, ses pieds sont ancrés au sol mais sa silhouette en entier penche vers elle. “Ils te cherchent pour la soirée de ce soir. Ils veulent tout le monde pour les images.” l'excuse de l'émission qu'Ivy brandit haute et fière. Il savait déjà qu'il était dans l'illégalité Jack, en faisant venir Elise comme ça, lui bravant le moindre règlement rien que pour la voir un peu, une poignée de secondes à peine. Et il le voit, dans son regard, le voile qui n'augure rien de bon. Elle doute, elle a mal, il était là strictement pour s'assurer qu'elle ait une vie douce, une vie facile. Voilà que par sa faute elle se retrouve à serrer de la paume, à soupirer en silence. Quel idiot, d'avoir pu croire que la brunette ne se retrouverait pas pantoise à cause de lui. « Je suis désolé. » il s'excuse pour tout, éternellement, canadien cliché. « Ivy fait partie des participants. » il donne une réponse à une question avec une date d'expiration, question qui apporte son lot d'itérations auxquelles il est tout sauf prêt, guilleret.

« Comme si tu le savais pas. J’espère que vous vous êtes bien amusés, tu peux être sûr que je croirai plus jamais un seul mot qui sort de ta bouche Jack. » Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi ça se tord dans ton ventre ? Pourquoi ça fait mal ? C'est ce qu'elle veut tu le sais, mais tu peux quand même pas t'empêcher d'embarquer dans son jeu sournois. Il y a des tonnes de questions qui te passent par la tête. Des tonnes, mais il y en a aucune qui sort. Ça sert à rien, ici. Pas avec elle. Elle pourrait dire la cruelle vérité ou d'horrible mensonge que tu ne saurais faire la différence. Tu veux juste t'en aller d'ici c'est tout. T'essaie d'amener Jack avec toi, mais il bouge pas. « Ils te cherchent pour la soirée de ce soir. Ils veulent tout le monde pour les images. » Oh bon sang que tu aurais envie qu'elle meurt là maintenant. Tu peux pas croire. Il t'avais promis une après-midi, un programme très prometteur. Et tout ce dont tu auras droit aura été vingt minutes qui tourne en vinaigre et possiblement quatre semaines à attendre, à angoisser.

« Je suis désolé. Ivy fait partie des participants. » Sérieusement ? Pourquoi ? Papa en a eu marre de ses caprices ? Peu importe, ça t'intéresse pas. Elle t'intéresse pas. Ton regard la lâche enfin. Il vient s'adoucir dans celui de Jack. « Pourquoi est-ce que ça sonne comme un "désolé je m'en vais" ? » Tu as baissé le ton d'un cran, espérant qu'elle ne pige rien de votre conversation. Pas question qu'elle vienne y ajouter son grain de sel. « Tu peux pas- » Il peut pas quoi ? Il peut faire ce qu'il veut. C'est un grand garçon. Il te doit rien. Et c'est ça le véritable problème. Il aurait toute ta confiance Jack si ce serait claire net et précis ce qui se passe entre vous deux. Mais ce l'est pas. Tu devrais pas être surprise de toute façon. C'était déjà avouer à l'échec vous deux avant même que vous ne commenciez. Ça ne veut pas dire que ça ne blesse pas. Elle a gagné Ivy. Elle fou la merde et tu peux rien régler avant tu ne sais combien de temps. Tu as aucune foutu idée de quand tu pourras le revoir, et c'est pas quelque chose à éclaircir par téléphone.

Je dis que la vérité, ou une demie vérité en tout cas. Parce que ce soir il y a vraiment une soirée, et on doit tous être là pour les premières images. Pour qu’on nous filme en train de regarder des étoiles ou une merde du genre. On aurait regardé les étoiles, ou on serait parti sur la plage avec son ukulélé sans personne pour nous filmer. Comme hier soir, mais ça me parait tellement loin hier soir, ça me parait tellement faux. Tout sonne faux. La musique, sa voix à lui, la danse, le baiser, et la vraie Ivy. Tout disparaît en un claquement de doigt. Comment il a pu faire ça ? Pourquoi il fait ça ? Je serre les dents et je ne quitte pas Elise des yeux, certainement pas pour le regarder lui.

Ivy fait partie des participants. Ca résonne ça, et oh que ça blesse même si je tente de ne rien montrer. Ivy fait juste partie des participants. Qu’est ce que je peux être conne. Mais elle a l’air aussi perdue que moi Elise. Est ce qu’elle ne sait vraiment rien ? J’aurais pourtant pu parier qu’elle était à l’origine de tout ça, juste pour me blesser moi comme je suis capable de la blesser elle. Mais apparemment, Jack a fait ça tout seul, comme un grand. Bien plus stratège, bien plus calculateur que ce que j’aurais pu imaginer. Y’a plus de on, y’a plus de nous, plus de ukulélé, plus de valse. Et je regretterai presque toute cette semaine qu’on a passé ensemble, tout ce que j’ai bien pu lui dire ou lui montrer. Je le savais, c’était bien trop beau pour être vrai. Personne ne s’intéresse à la vraie Ivy, même pas moi. “Ouais, Ivy fait partie des participants.” Ma voix se brise un peu, c’est à peine audible, mais c’est déjà trop parce que je sais que déjà lui il l’entendra. Moi je ne retourne pas à l’hôtel, pas tout de suite, je vais juste dans la direction opposée, je ne sais pas où, mais loin. “Elise…” Mon regard se tourne une dernière fois vers elle. Il n’y a pas une once de méchanceté cette fois. Et je sais qu’elle verra dans mes yeux que je ne peux pas être plus sincère. Parce qu’on est faite du même bois toutes les deux. On est du même monde, on a suivi la même éducation. Et on est devenu des maitres dans l’art du mensonge et de la lecture des gens. Alors regarde bien Elise, à quel point ce n’est pas lui que tu dois croire. “Ne lui fais pas confiance.” Je l’ai fait une fois, et il a tout brisé. Et je m'en vais, je ne sais pas où, mais j'y cours presque.