“Ouais, Ivy fait partie des participants.” ses mots qui résonnent dans sa bouche n'ont rien de drôle, rien qui nargue comme à l'habitude. Elle est piquée, elle est blessée, et il voit rien Jack, il essaie d'attraper les prunelles de l'une et de l'autre quand rien n'arrive à s'accrocher aux siennes. T'as merdé Jack, comme tu merdes toujours. « Pourquoi est-ce que ça sonne comme un "désolé je m'en vais" ? » probablement parce que c'en est un. Probablement parce qu'il doit le lui dire. Probablement parce que des deux elle a toujours été bien plus vive d'esprit que lui. « Tu peux pas- » et il veut pas non plus. Ça, c'est un tout autre combat.

Un ange passe, quarante autres après. Il sait pas comment gérer ça parce qu'il sait jamais comment gérer rien Jack. Il se laisse flotter et il espère le mieux pour tout le monde, tout le temps, lui qui s'impose et se flagelle la suite, lui qui reste là, pantois, à espérer que tout se place quand son silence ne fait que faire pire. “Elise…” Ivy commence, elle s'adresse à la brunette et rien qu'à elle, au point où Jack se sent plus qu'inutile, qu'imposteur durant la scène. Il est fatigué de sa semaine et il est fatigué des drames, il en a tant portés et s'il était égoïste, il partirait bien avant d'entendre la suite, suite qui lui brise le coeur. “Ne lui fais pas confiance.”

Elle a raison, la blonde. Elle a raison et elle ignore à quel point, quand il se sait si nocif, lui qui n'a absolument rien compris de son historique avec les femmes, lui qui multiplie les merdes sans jamais arriver à mettre le doigt sur ce qu'il fait de mal quand tout ce qu'il veut, c'est faire le bien. « Je suis désolé. » qu'il répète encore, le comble, l'horreur, lui qui restera à jamais impuissant face à sa propre connerie.

« Elise... Ne lui fais pas confiance. » Et tu pourrais le sentir à des milliers de kilomètres d'ici son regard qui se pose sur toi. Celui qui semble si sincère, mais que tu n'as surtout pas envie de croire. Elle part Ivy. Ça devrait te soulager, mais ça ne fait rien du tout. « Je suis désolé. » qu'il répètes encore. C'est tellement pas la bonne réponse Jack. Pourquoi il te dit pas que tout ce qu'elle dit c'est de la merde ? Tu le croirais sur le champs c'est ce que tu te dis depuis qu'elle s'est pointé le bout du monde. « Je suis venue jusqu'ici pour toi, et t'es juste désolé ? » Ton regard, il cherche le sien. Sans vraiment savoir ce que tu y cherche vraiment. Un leur d'espoir. N'importe quoi. Parce que bon ça n'a rien d'exceptionnel que tu sois ici. Tu peux être où tu veux quand ça te chante, mais c'est quand même pour lui que tu es là. Et il trouve rien de mieux à te dire. C'est très frustrant. Horriblement blessant.

« Alors quoi, c'était rien nous deux ? » Qu'il soit honnête et c'est tout. Qu'il te laisse te barrer avant que tu sois humilié, encore une fois. Comment t'as fait pour être la femme tromper deux fois aussi rapproché ? Il y a vraiment quelque chose qui cloche chez toi. « La pauvre petite femme victime des infidélités de son mari. Quel coup facile han. C'est ça que tu t'es dit ? » Tu divagues. Tu pousses les choses trop loin, mais comment ne peux-tu pas t'imaginer le pire ? Tout ce que tu vois c'est qu'il devait vivre la même chose avec toi et Ivy en même temps. Tout ce que tu vois, c'est que t'était un plan cul parmi tant d'autre, alors que toi tu t'attachais doucement. Tu t'ennuyais même. Et tu as cru que c'était pareil pour lui. Comment tu as pu aussi mal interpréter ses regards, ses baisers, tout. Quelle idiote. Quelle foutu idiote.

« Je suis venue jusqu'ici pour toi, et t'es juste désolé ? » non, pas désolé juste parce qu'elle est venue ici. Il l'est aussi parce qu'il gâche toujours tout, il l'est parce qu'il faut pas lui faire confiance, il l'est parce qu'il a jamais voulu lui faire de mal et il l'est encore plus parce qu'il aurait jamais dû voir ces démons-là brouiller sa vue à elle par sa faute à lui, il se l'était promis.

« Alors quoi, c'était rien nous deux ? » qu'elle dise pas ça, parce qu'il arrivera pas à mentir là. Il arrivera pas à ravaler, il arrivera pas à nier, même si c'est pour son bien à elle qu'il le ferait. Parce que non, c'était certainement pas rien, mais qu'elle le nomme au passé ne fait que lui confirmer que ouais, c'était. Ce l'est plus.

« La pauvre petite femme victime des infidélités de son mari. Quel coup facile han. C'est ça que tu t'es dit ? » ça lui brise le coeur, autant de l'entendre dire ça que de penser pendant une fraction de seconde qu'elle croit vraiment que c'est ce qu'il a bien pu se dire d'elle. Ça lui brise le coeur parce que si elle croit ça, si elle s'en persuade, c'est qu'il a été un beau salaud de lui laisser non seulement la moindre bribe de miette d'occasion de se dire que c'était ainsi, qu'il la voyait.

« Je suis content que tu sois venue, je voulais que tu viennes, tu méritais absolument pas de vivre ça. » qu'il commence, reprenant du début, ses mots se faufilant dans sa gorge âpre, amers.
« C'était quelque chose. Ça l'était pour moi du moins. » c'était, elle l'a dit, il la suit. À contre-coeur évidemment, mais si c'est ainsi qu'elle veut, c'est ainsi qu'il fera.
« T'es bien plus que ça Elise, tu le sais autant que moi. » elle n'a rien de facile, elle ne se confond pas avec les erreurs de son mari. Elle est belle, elle est forte, elle est fière, mais apparemment, elle n'est plus pour lui.

« Je suis content que tu sois venue, je voulais que tu viennes, tu méritais absolument pas de vivre ça. » « Non. Absolument pas. » Tu en as assez baver depuis les fêtes. Tu avais juste envie de vivre quelque chose de simple pour une fois. C'était simple avec lui. Enfin, si tu oublies tout le contexte autour. Si tu zape le fait que tu es toujours marié, que vous vivez toujours sous le même toit sans que pour autant tu ne le croise vraiment. Tu ne l'a même pas revue Saül depuis la soirée. Tu n'as pas vraiment chercher à le voir non plus. « C'était quelque chose. Ça l'était pour moi du moins. » Et ce l'était pour toi aussi. Peut-être que c'est lui qui avait raison. Peut-être que le timming n'était vraiment pas avec eux. Mais il le sera quand sinon ? Plus tard ? Jamais ? C'était peut-être ça votre tragique histoire; ce ne sera jamais le temps pour vous deux. Ce ne l'était pas, il y a dix ans et ce ne l'est toujours pas.

« T'es bien plus que ça Elise, tu le sais autant que moi. » Il est si doux Jack. Il a l'air si honnête. Mais les questions, elles, elles se multiplient dans ta tête. Tout ça ne fait aucun sens. Tu comprends pas ce qui vient de se passer. « Et Ivy ? » Il s'est passé quoi entre eux ? C'était quelque chose avec elle aussi ? Pourquoi est-ce qu'elle avait l'air d'une femme qu'on avait briser milles-et-une promesse ? Il lui a promis quoi Jack ? Il lui a fait croire quoi ? « Pourquoi tu la laisse dire tout ça ? » Pourquoi est-ce qu'il ne t'assure pas que tu peux lui faire confiance ? Tu le croirais lui des millions de fois avant de la croire elle. Mais il a rien démenti Jack. Il a même pas tenté de le faire non plus.

« Tu devrais aller finit ta course. Ils t'attendent, apparament. » Ton regard, il fuit le sien. Il se baisse au sol. Va finir ta course Jack. Celle qu'il passe avec Ivy et non avec toi. Il s'est passé quoi en une semaine ? Il se passera quoi dans les possiblement quatre autres ?

« Et Ivy ? » quoi, Ivy? Il ravale et il ressasse, il sait bien ce qu'elle veut savoir Elise, et il serait assez con pour lui répondre, pour le lui dire, pour se foutre les pieds dans les plats et pour l'affirmer sans équivoque si elle lui posait la question franchement. Pour l'instant, il la sent si tremblante, il la voit si chambranlante que jamais il n'oserait lui reprocher quoi que ce soit quand ils n'ont jamais mis de mots sur ce qu'ils sont de peur que ces mots-là leur fassent plus de mal que de bien. Ils auraient pu être un couple sûrement, dans une autre vie, ils auraient pu tenter d'essayer maintenant aussi. Pourtant à voir le regard qu'elle lui lance et le voile qui s'y agence, il est plus sûr de rien Jack. Il lui fait plus de mal que de bien. « Et Ivy c'est Ivy. Elle a baissé sa garde avec moi, et elle regrette de l'avoir fait. » c'est ainsi qu'il le voit Epstein, lui qui habituellement ne voit que dalle.  

Les questions sont posées de la plus douce des voix, avec les plus durs des mots. « Pourquoi tu la laisse dire tout ça ? » parce qu'il est le seul qui l'écoute? « Parce qu'elle en a besoin. » elle a besoin de rager, elle a besoin d'avoir un antagoniste, elle a besoin de voir en lui tout ce qu'elle craint du monde pour se confirmer qu'elle a bien fait de le craindre à la base. Elle lui pointe des intentions mauvaises, elle le pin comme le roi des merdes pour avoir simplement été attentif à elle, et si c'est le rôle qu'elle lui donne alors c'est le rôle qu'il prendra. Il prend ce qu'on veut bien lui offrir Jack, il demande jamais rien de plus. Ni avec Ivy, et certainement pas avec Elise. Il s'en donne pas le droit.

« Tu devrais aller finit ta course. Ils t'attendent, apparament. » « Je peux t'embrasser, avant? » oh l'idiot, oh le raté, oh le taré, qui croit qu'elle dira oui. Il prend ce qu'on lui donne - il prendra les refus aussi.

« Et Ivy c'est Ivy. Elle a baissé sa garde avec moi, et elle regrette de l'avoir fait. » C'est pas ça la question Jack. « Alors quoi ? Elle a mal interprété tes intentions ? » Ou elle les a bien interpréter justement ? Tu poses une question auquel tu n'es pas certaine de vouloir entendre la réponse. Pourtant, tu continues à t'enfoncer plus loin. « Elle te plaît ? » C'est assez claire, ça comme question ? Elle lui plaît oui ou non ? Honnêtement s'il te laisse croire qu'elle à la moindre chance avec lui, tu le barres de ta vie. Tu ne te fera certainement pas remplacer par une gamine, encore une fois.

« Parce qu'elle en a besoin » « Et ça t'as jamais traversé l'esprit que moi j'ai besoin d'entendre le contraire ? » Oh ce que tu commences à perdre patience. Oh ce que ça fait mal qu'il pense à ce qu'elle a besoin elle en premier plutôt que ce que toi tu as besoin. Il devrait te dire que tu peux lui faire confiance. Il devrait te dire qu'elle est rien pour lui. Mais il dit que dalle Jack. Il te laisse toute seule dans ta tête avec la panoplie de scénario qui te passe par la tête. Il s'est foutu de ta gueule ? Il dit que non. Tu l'as jamais sentie ainsi non plus. Comment est-ce qu'un aussi beau moment est pu tourner si mal ? Putain d'Ivy Toujours là au bon moment pour te faire chier.

« Je peux t'embrasser, avant? » Quel idiot. Tu bouges la tête de gauche à droite. Non. Il peut pas. Même si tu en crève d'envie. Même si tu as l'impression qu'il pourrait être rassurant ce baiser, qu'il pourrait être réconfortant. Non. Il peut pas. Il peut plus. « On se revoit à Brisbane. que tu conclus en te disant aussi que tu comprendrais le message s'il ne viendrai jamais te le porter ce souvenir. Elle est pas fermé la porte. Pas encore. Mais tu refuses d'angoisser à cause de lui durant son absence. Vous réglerez vos comptes à son retour. De toute façon, tu as déjà du ménage à faire dans ta vie. C'est peut-être mieux s'il est pas là pour t'embrouiller l'esprit.

Pourquoi ça sonne comme une dispute, pourquoi ça sonne comme des adieux? Pourquoi ça sonne comme une fin quand ils ne se sont jamais donné d'officiel début?« Alors quoi ? Elle a mal interprété tes intentions ? » « Je suis pas dans sa tête, je peux pas interpréter quoi que ce soit. » il est las Jack, il est fatigué. Il n'en montre rien dans sa voix ni même dans son ton, mais il est épuisé que le monde se complexifie quand il souhaite seulement l'alléger.

« Elle te plaît ? »
« J'me suis jamais posé la question. »

Et qu'elle le lui demande le provoquera, il imagine. Pour l'instant, c'est pas ça, sa priorité. Sa priorité c'est de tout faire pour rassurer Elise, c'est de tout faire pour qu'elle arrête de croire qu'elle est proie à une éternelle malédiction où on lui ment, où tout le monde fait que lui mentir constamment. Et à les voir tous les deux en l'instant, il réussit absolument pas son projet. Le Canada lui manque, ceux qu'ils y étaient aussi.

« Et ça t'as jamais traversé l'esprit que moi j'ai besoin d'entendre le contraire ? » « Si ça avait été le cas, j'aurais tout fait pour que tu l'entendes. » il est impuissant, éternellement. Il veut tellement bien faire qu'il bousille tout, qu'il a bousillé ça aussi. Ils ne sont pas invincibles mais ils s'en sortiront, ensemble ou séparés, pourtant pour l'instant il ne sait même plus à quelle sauce lui faire comprendre qu'il est désolé.

Et la voilà, elle qui met un point final à leur rendez-vous. Conversation qui se termine bien plus abruptement qu'il ne l'aurait cru, stupidement voulu. « On se revoit à Brisbane. » alors c'est un non pour les appels, c'est un non pour les visites, c'est un non pour le moindre contact entre maintenant et après. L'après d'ailleurs, qu'il anticipe, qu'il appréhende, qu'il espère aussi. Éternel utopique. « Promis. »  elle lui offre l'opportunité que pour ce moment-là, et comme à l'habitude il prend, il fait que ça.