Et ils partent, ou du moins ils tentent de. Y'a eu des hésitations au début, y'a eu des ratés. Dont une voiture qui s'arrête, le type super cool à prime abord qui discute une poignée de minutes au calme avec un Jack qui l'était tout autant. Jusqu'à ce qu'ils se préparent à embarquer, et qu'Epstein repère le regard que le conducteur dégage un peu trop insistant sur une Colleen qui n'a rien remarqué. Alors il se décale et lui dit de passer son chemin, qu'ils vont embarquer avec un autre. Il s'en veut, et il lui expliquera à la brune dès qu'il se sera tiré le gars, sa binôme qu'il vient encore de saboter. Mais si c'était pour la mettre dans l'embarras, non, jamais il autoriserait ça.

« Okay celle-là j'la feel. » qu'il avance, confiant envers la prochaine voiture qui approche. Le soleil de midi qui tape sur sa nuque brûlante. Ils ont des coups de soleil partout depuis le début de l'aventure mais encore plus aujourd'hui. Le nez rosé de Colleen fait écho aux joues qui le sont toutes autant du canadien. Epstein qui se moque en se disant que si l'Australie a le monopole de l'été, lui il se complait d'avoir celui de l'hiver.

Et l'attente, ça lui donne le temps de réfléchir au brun. Ça lui donne le temps de ressasser, ce qui est pas nécessairement une bonne chose. Il repense au passage d'Elise, à celui d'Ellie et de River. Il repense aux conversations - disputes - avec les autres participants - Ivy - il repense à ce que cinq petits jours de compétition veulent déjà signifier pour lui. Quand finalement il entend le bruit parfaitement connu maintenant, de pneus qui crissent sur le bitume bordé de terre sèche, la route au beau milieu de nulle part qui leur envoie à nouveau un véhicule susceptible de les amener à la prochaine étape. S'il avait été croyant Jack, il aurait prié. À la place, il se promet la plus grande pinte de l'histoire de l'humanité s'ils réussissent cette épreuve-là en plus de tout le reste.


 
@colleen sainsbury
@may glitters (juste parce que)

Colleen n’allait quand même pas se rabaisser à échancrer son décolleté pour attirer plus facilement l’œil des automobilistes quand même ? Ou à cligner des yeux en remuant la poitrine ? Elle ne pouvait s’y résoudre et pourtant restait persuadée que cette méthode – aussi audacieuse que malhonnête soit dit-en passant – porterait davantage ses fruits que celle qui consistait simplement à lever le pouce et à décocher son plus beau sourire. Car ils n’y arrivaient pas. Encore une fois. Coincés sur le bord de la route, leur optimisme en bandoulière, le sort s’acharnait à déposer sur leur chemin des véhicules qui n’en avaient rien à faire de leur émission, qui ne ralentissaient même pas à leur approche. A une exception près. Quelques instants plus tôt Jack était parvenu à attirer l’attention d’un chauffeur, et après quelques minutes de négociation il avait consenti à les prendre à bord. Pourtant à la dernière minute le Canadien avait changé d’avis et refusé de monter. Colleen ne s’expliquait pas sa réaction mais elle connaissait suffisamment Jack à présent pour être convaincue que s’il avait réagi ainsi, c’était qu’il devait y avoir une bonne raison.

Alors ils s’y étaient remis. En silence, concentrés, inépuisables, ils s’étaient parés de leur plus beau sourire pour attirer l’attention d’une âme charitable. Colleen avait chaud. Du soleil ou des conséquences de sa gueule de bois. Ou peut-être était-ce un mélange des deux ? Sa nuque était brûlante, ses tâches de rousseur plus nombreuses que la veille. Mais elle s’accrochait, persévérait et à défaut de sortir son numéro de charme, faisait vraiment de son mieux pour qu’une voiture accepte de les emmener.

Colleen capta le regard de Jack quand ils entendirent tous les deux une voiture rouler dans leur direction. Un pick-up rapide, spacieux, confortable, le moyen de transport rêvé pour rattraper les concurrents et s’offrir une chance d’atteindre Windorah parmi les premiers. Ou alors, son imagination lui jouait des tours, plantant dans son esprit un mirage bien trop beau pour être vrai…

@Jack Epstein

Et il inspire, et il reprend son calme. Il le perd un peu pas mal ces temps-ci, son calme, il aurait pas pensé. C'est peut-être juste de cuver ses clopes et de devoir se rationner, et en soit ça va, c'est normal, c'est presque sain que son corps le lui fasse comprendre que c'est pas du tout bon pour lui, que ça le sera jamais. Alors il inspire l'air pur et il laisse son regard dériver sur une Colleen qui gère à fond, qui gère bien plus et bien mieux que lui. Elle est belle, mais pas du genre belle personne lambda, elle est belle comme personne tout court, inside and out.

Le silence leur fait du bien ; il leur permet aussi de savoir exactement quand y'a une voiture qui risque de passer. Elles vont être nulles à chier, les images que les caméramans prennent, quand on s'entend que de les voir taper du pied doit être redondant après quarante plans et quarante autres. Mais lorsqu'il redresse la tête et qu'il croise le sourire rassurant de Colleen, il réalise que peu importe ce qui va se passer, tout va bien aller. S'ils passent pas, ils se paireont un aller simple au spa et ça sera aussi simple que ça.

Il jure, il le jure le pauvre gars, qu'il a entendu une voiture arriver. À voir les prunelles de la brunette elle aussi, mais c'était peine perdue quand finalement la brise qui les a bien fait rire et sursauter la première nuit n'a été qu'un mirage de plus. Il s'en grillerait une là, et il se doute que la nouvelle fumeuse qu'elle représente aimerait bien s'en taper une, une clope. Ou mille c'est selon.

« À quel point tu penses que ça jouerait en notre faveur ou pas, de faire du yoga en attendant? » si c'est ce que ça prend pour qu'ils gardent leur zenitude, tant mieux, un salut au soleil à la fois.

WIN : une voiture
CLOSE : un salut au soleil et une voiture
LOSE : un salut au soleil et pas de voiture

Echec. Le pick-up n’avait finalement été que le fruit de son imagination. Elle qui s’était déjà imaginé monter à bord du véhicule et rendre les armes – ce qui, dans son imagination, s’apparentait simplement à tendre la carte et la boussole à son fidèle acolyte – afin de profiter de quelques minutes de répit bien mérité sur les sièges rembourrés, c’était raté. Tout était à refaire désormais. Lever le pouce. Sourire. Attendre. Espérer.

Colleen profita d’une pause pour attraper sa bouteille d’eau dans son sac et boire à grandes lampées. Elle fut tentée de faire couler l’eau sur son visage pour se rafraîchir et apaiser les brûlures du soleil sur sa peau diaphane mais elle n’était pas certaine que cela jouerait en leur faveur auprès des automobilistes – elle n’avait pas la prétention de croire que son corps trempé attirerait plus facilement leur attention. Boire de l’eau lui fit le plus grand bien néanmoins, et apaisa le mal de tête qui menaçait de revenir à la charge d’un moment à l’autre.

Jack, lui, semblait dans son élément, pas anxieux pour un sou. Vu de loin il semblait même complètement hermétique à la pression. Elle avait fait sa connaissance une semaine auparavant et pourtant elle avait l’impression de le connaître depuis toujours. La confiance était mutuelle, l’entente réciproque. Elle se rendait compte de la chance qu’elle avait d’avoir à ses côtés un tel partenaire. Elle faisait de son mieux pour être à la hauteur et espérait que lui ne regrettait pas les choix de casting de la production.

Leurs regards se croisèrent l’espace d’un instant et les lèvres de la jeune femme esquissèrent naturellement un sourire. Parmi toutes les choses qu’il aurait pu lui proposer, là, au bord de la route, ce fut le yoga qui lui vint à l’esprit en premier. « Je ne sais pas » Répondit-elle en haussant les épaules. « Mais ça ne coûte rien d’essayer ». Au moins pour calmer la tension qui commençait à gronder en elle. Alors elle prit une profonde inspiration et s’exécuta. A peine eut-elle le temps de se redresser gracieusement qu’une voiture apparaissait déjà au loin.

WIN: La voiture s'arrête et les prend.
SO CLOSE: L'automobiliste ne leur accorde même pas un regard.
FAIL: L'automobiliste ralentit dans le seul but de leur faire un doigt d'honneur avant de repartir.

« Je ne sais pas »
« Mais ça ne coûte rien d’essayer »

Un salut au soleil et tout va, tout va parfaitement. Il arrive à reprendre contenance Jack, il arrive à être lui-même à nouveau. Et entre deux étirements et tout autant d'expirations c'est un nouvel homme qui se redresse le sourire en coin bien en place, les fossettes avec, les prunelles bleutées qui brillent un peu plus un peu mieux. Et ça, ça a probablement à voir avec le fait qu'il voit une voiture, putain il jure qu'il voit une voiture qui arrive et que ça, c'est pas du tout un mirage.

Colleen l'a sûrement vue elle aussi et sinon, elle s'en apercevra en voyant son bras qu'il allonge et son index qui pointe et son immense sourire de gamin à la veille de Noël lui qui est complètement sous le choc d'avoir médité en espérant qu'un véhicule les trouve dans ce taudis où ils semblent être laissés pour compte et que finalement, ça leur soit bel et bien tombé dessus pour vrai. Il y croit pas à la chance, il y croit pas aux coïncidences, mais là juste là il y croit à fond et c'est bien tout ce dont il a besoin.

De ça, et d'un peu de respect. Parce que le gars il est même pas foutu de les regarder. Il lève même pas la tête, il regarde ailleurs même, et si Jack avait été le moindrement normal il aurait sûrement été rageur, il lui aurait sûrement tiré son Converse à la gueule, il aurait surement été le pire des pires - mais il ne fait qu'inspirer doucement, zen de merde qui en enragerait plus d'un à être si zen justement.

« On était juste pas dûs pour embarquer avec lui apparemment. » et avec le suivant, peut-être, auront-ils une chance?

WIN: vive le bon samaritainnnnn
SO CLOSE: le conducteur arrête et leur dit qu'ils sont à 10km de la ville la plus proche
FAIL: non seulement le conducteur n'arrête pas mais il leur envoie également le majeur par le toit ouvrant de sa décapotable

A défaut d’avoir attiré un automobiliste suffisamment poli pour leur accorder ne serait-ce qu’un regard au passage, le yoga avait au moins permis à Colleen d’être un peu plus sereine. En se focalisant sur sa respiration et en faisant le point avec elle-même, elle était parvenue à chasser son anxiété naissante au profit d’une quiétude intérieure qui lui fit le plus grand bien. Ses muscles détendirent, le voile qui dissimulait son regard se leva et elle aborda leur recherche de véhicule avec une détermination nouvelle. Elle n’avait pas le choix de toute façon, car son expérience lui avait montré que garder son sang-froid était la meilleure chose à faire en toutes circonstances.

Et c’était sans compter la présence rassurante de Jack à ses côtés. Même si elle avait bu plus que de raison ce soir-là, elle gardait un souvenir intact de la promesse qu’ils avaient scellée d’une poignée de main et même d’une pinky promise : s’ils ne s’amusaient plus alors ils n’attendraient pas les éliminations hebdomadaires pour quitter le jeu et s’en iraient de leur plein gré. Il s’agissait là de toute la force de leur binôme : ils étaient sur la même longueur d’onde. Leur objectif en rejoignant l’aventure n’était pas de rafler le chèque promis aux vainqueurs. Leur intérêt n’était pas abîmé par la cupidité. Non, tout ce qui les intéressait eux c’était s’amuser. Et pour Colleen plus que pour Jack, de repousser ses limites et appréhender la vie sous un nouvel angle.

La chance n’était pas de leur côté néanmoins, et les rares voitures qui passaient s’évertuaient à les ignorer superbement. Après le mirage du pick-up, l’automobiliste qui n’avait pas daigné ralentir, ils atteignirent un nouveau seuil en voyant une décapotable débouler et le majeur dressé de son chauffeur. Finalement, Colleen n’avait pas été Mère Teresa dans une autre vie mais plutôt la pire des criminelles. Elle se redressa, massa son dos, et jeta un coup d’œil à son binôme. « Hey Jack-Jack : action ou vérité ? ». Ils s’étaient promis de rendre l’aventure fun, alors s’ils pouvaient en plus donner du grain à moudre aux caméras…

Le majeur. Le gars leur envoie le majeur. Le gars, non seulement il n'arrête pas, mais en plus il leur dédie un doigt. Mais dans quel monde vivons-nous et surtout dans quel univers est allé l'agressivité de Jack qui lui reste de glace autant que ses prunelles, celles qui suivent l'irrespectueux un peu plus loin. Il se fait état de tout ce qu'il a de bon dans sa vie, le pauvre gars qui n'a presque rien et qui grandit avec rien aussi. Il se fait état de tout ce qui va bien pour lui, de tout ce qui va bien pour les gens qu'ils aiment, de tout ce qui va bien dans le monde, et elle passe, doucement, lentement et sûrement, la boule de feu dans son ventre. Ils pourraient marcher. Ils pourraient prendre une chance de bouger, de trouver un endroit en bord de route où tout est plus vert, où l'avenir brille un peu plus pour eux. Ils pourraient marcher et discuter et changer le mal de place aussi, apprendre à se connaître.

Les caméramans ont le front qui pissent de sueur, l'infirmier est installé au sol à attendre patiemment on ne sait plus quoi, on ne sait plus qui.

« Hey Jack-Jack : action ou vérité ? »
« Vérité! C'est quoi le truc qui vous rend le plus heureux? » qu'il demande, qu'il prend en compte, se disant que la question lui revient et qu'il jouera les mecs galants presque, le hippie de service.
« Entendre rire mes enfants. »
« Des ailes de poulet. »
« L'espoir d'avoir un jour la paix dans le monde. »

Ils ont des bonheurs de tous les stades, eux.

« Et toi? » sa tête dotée de son éternel sourire des mauvais jours se tourne vers Colleen, dans l'attente que tout aille bien, dans l'attente que tout aille mieux.

WIN: vive le bon samaritainnnnn
SO CLOSE: le conducteur arrête et leur dit qu'ils sont à 10km de la ville la plus proche
FAIL: pas de voiture, le jeu se poursuit

Vérité. Evidemment qu’il avait choisi vérité. Mais ce n’était pas pour déplaire à Colleen, qui se sentait suffisamment à l’aise avec Jack pour accepter de se confier un minimum. Enfin, se confier… C’était vite dit ! Car la question posée par le Canadien ne lui demandait pas trop de se dévoiler, en fin de compte. La réponse lui vint le plus naturellement du monde. Parce qu’avant d’être une sage-femme, une aventurière, une paumée au beau milieu d’une route nationale Australienne… Colleen était avant tout une mère. Une mère qui avait consacré la moitié de sa vie à ce rôle. « Facile : ma fille. Et ce qui me rendra encore plus heureuse, c’est son regard empli de fierté quand elle fixera l’écran de télévision pour découvrir nos aventures ». Son sourire s’évanouit aussi rapidement qu’il s’était matérialisé alors que son regard à elle fixait la route déserte. « Enfin, si on arrive un jour à trouver un véhicule qui veut bien nous emmener ». Et ça, c’était loin d’être gagné.

Comme si le destin avait finalement décidé de prêter une oreille attentive au duo désespéré, une voiture débarqua de nulle part sur la route et ralentit à leur hauteur. Colleen n’avait même pas eu besoin d’adresser son plus beau sourire, ou de dévoiler une partie de son décolleté… Elle s’était arrêtée. Comme ça. En un claquement de doigts. « Merci Seigneur » Souffla-t-elle, plus pour elle que pour satisfaire l’égo d’une quelconque divinité.

Alors ce n’était pas un pick-up. Ni une décapotable. Encore moins une limousine. C’était une bonne vieille Ford. Cependant l’automobiliste, un dénommé Louis, était adorable. Colleen l’apprécia au premier regard. Rondouillet, le genre bienveillant, Louis accepta de les avancer sur une centaine de kilomètres, rien que ça. Le binôme prit place à l’arrière sans demander son reste, suivi de l’un des caméramans.

Colleen se tourna vers Jack.
« Je choisis action, moi » Murmura-t-elle à son oreille. « Fais-lui croire que t’es un fan inconditionnel de Céline Dion »

« Facile : ma fille. Et ce qui me rendra encore plus heureuse, c’est son regard empli de fierté quand elle fixera l’écran de télévision pour découvrir nos aventures » il aurait pu dire exactement ce qu'elle avance, mot pour mot et il s'en conforte Jack. Il l'aime sa fille, il l'aime d'un amour inconditionnel et il le lui dirait au pire moment, à la caméra. Elle va rager Ellie, quand le passage sera télé-diffusé, elle va hurler à la honte et il poussera même l'abus jusqu'à montrer une photo d'elle à l'écran, celle dans sa poche aux coins cornés qui n'en bouge jamais. Pauvre gamine en crise d'adolescence qui le détestera encore plus si c'est possible - il en sourit d'avance. « Enfin, si on arrive un jour à trouver un véhicule qui veut bien nous emmener »

« Perds pas espoir, je suis certain que... » que quoi Jack?
Qu'une voiture s'arrête, enfin. Et ça il l'avait pas vu venir, dans tous ses scénarios il y croyait juste, au pire. Mais lorsqu'ils s'entassent tous et que le moteur vrombit, que Colleen remercie le Seigneur et que lui remercie les planètes et Gaïa tient, elle est sympa elle, tout va mieux.

Tout va encore mieux quand l'anglaise se penche à son oreille et murmure, espiègle. « Je choisis action, moi » il sourit, il en finit plus de sourire Jack, d'avoir retrouvé cet air heureux sur le visage de sa binôme, comme si la vie avait enfin de nouveau un sens. Les détails. « Fais-lui croire que t’es un fan inconditionnel de Céline Dion » « C'est tellement facile que c'est presque de la triche ça. » il pouffe de rire, avant de s'élancer dans une version a capella de I drove all night qui est totalement à propos.

« Action à toi : assure-toi d'utiliser au moins cinq adverbes dans toutes les phrases que tu formules pour les cinq prochaines minutes. » oh le lexique, elle devrait le maitriser sur le bout des doigts.

La chance avait enfin fini par leur sourire. Certes ce n’était pas grand-chose. Certes la route restait encore longue jusqu’à leur destination. Mais Colleen était optimiste, elle avait la ferme conviction que leur première victoire serait inévitablement suivie de nombreuses autres. Parce qu’ils en avaient connu des galères, mais le sourire chaleureux de Louis les justifiait presque toutes. Et comme Jack le lui avait rappelé deux jours plus tôt, à raison : l’important était de s’amuser et s’ils se prenaient la tête, c’est que cela n’en valait pas la peine.

Alors ils jouaient. Action ou vérité, un jeu enfant, basique mais efficace. Colleen connaissait l’humour de Jack, elle savait qu’il se prendrait vite au jeu et qu’il ne la laisserait pas tomber. Jouant sans doute sur la corde sensible du musicien, elle lui confia une action de la plus haute importance : faire croire au chauffeur qu’il adulait LA Céline. Elle ne savait pas vraiment d’où lui était venue cette idée incongrue, presque ridicule, mais peu importait. Elle n’avait pas eu besoin de réfléchir longtemps pour mettre son partenaire au défi.

I drove all night, il n’y avait pas à dire : Jack avait de l’humour. Colleen pinça les lèvres pour éviter d’éclater de rire, tandis que Louis, à l’avant du véhicule, balançait joyeusement la tête de droite à gauche au rythme de la chanson entonnée a capella.

Puis ce fut son tour. Action. Forcément. Elle lui adressa un clin d’œil « Mais je me plie volontiers à cet exercice, cher ami ». Haussa les sourcils. « J’ai certainement plus de ressources que tu pourrais l’imaginer ». Puis se pencha vers le siège de Louis pour s’adresser à lui. « Apparemment Jack à côté de moi est en manque de Céline. Elle lui manque terriblement. Je ne comprends vraiment pas cette addiction, tu ne connaîtrais pas un antidote ? Je ne suis pas sûre de le supporter encore bien longtemps ». Mission accomplie.

Une heure plus tard, Louis les déposa sur la route comme promis. Il restait un peu plus 300 kilomètres. La journée était déjà bien avancée mais avec un peu de chance, ils pourraient peut-être reprendre la route tout aussi vite ?