| | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 3:41 | |
| Le bar était bondé, ou l’était-il vraiment. Il avait besoin de la léthargie du moment, quand les bruits se mélangeaient, où il lui semblait impossible de se poser, de gratter quelques bribes de silence le temps de respirer, le temps de ne plus être sollicité de sons et de stimuli dans tous les sens, tous les angles.
C’était devenu difficile de réfléchir dans ce pub rempli au centimètre, mais c’était également devenu inhumain de croire qu'il se contenterait du calme plat à la maison pour le faire tout autant. Ellie encore une fois incapable de dormir tant la pousse de ses dents la tenaille, Dieu sait où et pour combien de temps, l’impression que les murs se referment sur sa cage thoracique au fil des coups d'oeil accusateurs d'une Jude qui jamais n'oserait l'accuser. Et il anticipe qu'une nouvelle crise viendra, qu'elle sera pire que ce à quoi il a droit actuellement, qui n’est pas mieux non plus. Il anticipe qu’un matin Jude ne le laissera pas rentrer, ou qu’elle sera partie à la découverte du monde, des étoiles dans les yeux et plus aucune attache au mari pitoyable dont il faisait exemple depuis trop longtemps maintenant.
« Celui-là, faut pas s’attendre à ce qu’il parle. » le marmonnement du barman lui fait à peine lever la tête, quitter du regard son vieux whisky trop réchauffé par ses paumes, qu'il tourne au rythme de sa respiration ; lente, quasi oubliée. « Peu importe le nombre de verres, c’est toujours un mur. » et il en rajoute le mec, il insiste, assez pour que Jack daigne redresser le menton, accroche ses prunelles aux siennes, suffisamment pour réaliser qu’il ne s’adresse pas à lui mais pas du tout, et que toute son attention est dérivée vers une silhouette à sa gauche. Et l’instant d’après, il réalise qu'il n'est plus si seul, dans ce coin de comptoir choisi parfaitement pour rester en potentiel d’isolation de la foule qui se ressert, qui s’anime. Une tête brune, une jolie femme, une inconnue qui a pris place sur le tabouret à côté du sien et à qui, apparemment, on fait la lecture de ses tares comme s'il n'était pas dans la même pièce qu’eux tous, comme s'il en avait de quoi faire. « Bonne chance. » le temps de lui servir sa commande et de rafraîchir celle d'Epstein, le voilà qui décampe quand le musicien lâche un soupir d'au revoir senti.
Puis, c’est le silence salvateur qui lance au mieux l’interaction et la nouvelle venue qui n’insiste pas, ne semble pas plus intriguée par les propos encourus à son intention pour en ajouter une couche, pour tester les eaux. « Avec un barman du genre, pas étonnant que j'sois pas loquace. » le sourire est fin, un brin moqueur, juste assez. Parce que qu'il n'a pas envie de jouer à son jeu, pas envie de se prêter à l’atteinte d’un jugement facile même s’il l’avait servi sur un plateau. Il se redresse, il prend le temps de laisser une longue gorgée d’alcool brûlant réchauffer sa gorge, entamer la trêve. « C’est rien contre vous. » comme si elle pouvait s’en intéresser, comme si elle y accordait la moindre importance. Vieille fibre canadienne qui ressort, et l’intention de toujours s’assurer que quiconque en son entourage ne se sente pas lésé, déplacé, mal à l’aise. « Au contraire, c’est probablement votre présence qui rend la soirée un peu moins lourde. » aveugle sera celui qui ne laissera pas son regard détailler la brune, de ses mèches en cascade à ses épaules détendues, de la ligne qui naît à l’aube de sa mâchoire pour s’allonger jusqu’à ses hanches, ses jambes. Et l’instant d’après, il sourit, et la minute suivante, il replonge mes prunelles au creux du gobelet ambré que son index teint d’une mesure inventée, presque mélodique.
@elise williams |
| | | | (#)Mer 1 Juil 2020 - 14:26 | |
| « Celui-là, faut pas s’attendre à ce qu’il parle. » Tu sursautes, prise en flagrant délit. C'est que tu as du l'observer une seconde de trop pour avoir droit à ce commentaire qui t'es égale. « Peu importe le nombre de verres, c’est toujours un mur. » Okay, et il insiste en plus ? Tu comptais pas lui parler, tu observais juste, discrètement. Ce n'estest plus discret maintenant grâce à ce con qui parle comme si l'autre assis à un banc de toi ne pouvait pas entendre. C'est raté, puisqu'il a finit par relever la tête, parce que son regard a croisé le tien une seconde, et puis un autre, jusqu'à ce que l'échange soit brisé par ton verre qui se pose devant toi, par le sien qu'il remplit à nouveau. « Bonne chance. » J'ai pas besoin de chance que tu te dit, alors que tu le vois vous laisser seul a seul. Sérieusement ? Bien sûr, il a l'habitude des âmes esseulé qui viennent ici à la recherche d'un peu de réconfort. C'est pas ton cas. Tu comptes bel et bien repartir d'ici toute seule. Tu as un mari qui t'attend à la maison. Ce serait important de pas l'oublier. Aussi con puisse t-il être, il est là. Et il attend que tu ai terminé ta crise de nerf auquel il n'accorde plus aucune importance depuis des années.
Ton regard, il dévie de nouveau vers cet homme à tes côtés. Tu as envie d'excuser le comportement bizarre du barman sans trop savoir pourquoi, mais tu te la ferme. Il l'a dit, non, qu'il ne parlait jamais. Il en a sûrement pas envie et le silence te suffit. Enfin, silence, façon de parler. « Avec un barman du genre, pas étonnant que j'sois pas loquace. » Bah tiens. Il parle finalement. Bonne chance mon œil. « C’est rien contre vous. » « Oubliez ça. J'ai rien écouté. » L'accent australien sur le bout des lèvres qui trahit le fait que tu n'es pas d'ici, celui qui se mélange à l'italien parlé pendant de trop nombreuses années. Elle te manque ta belle Italie dans cette horrible ville pluvieuse. Enfin, qu'il ne se sente pas obligé de partir une discussion pour démentir des propos auxquels personne ne s'intéresse. Et tu ne te sens pas non plus visé. Vous êtes un peu assis là en retrait des autres pour la même raison, non ? Pour avoir la paix.
« Au contraire, c’est probablement votre présence qui rend la soirée un peu moins lourde. » Wow. Quel phrase ringarde. Il vient vraiment de sortir sa meilleure phrase là ? Il était mieux quand il la fermait finalement. Tu le sens son regard sur toi, celui qui détaille, qui analyse, celui qui te brûle la peau. « Pourquoi elle est lourde ta soirée ? » que tu lui demandes en détournant de nouveau les yeux vers lui, lui dont le regard s'est déjà désintéressé de toi pour retrouver le fond de son verre. C'est un habitué de la place ? Il en a tout l'air selon les dires du barman. Il a un problème de boisson ? Possiblement. C'est quoi la raison qui lui donne envie de boire ? Oh et puis pourquoi ça t'intéresse Elise ? Personne ne t'intéresse jamais. Cruelle que tu pouvais être.
@jack epstein |
| | | | (#)Sam 25 Juil 2020 - 16:03 | |
| « Pourquoi elle est lourde ta soirée ? » les raisons sont nombreuses, variées. Elles pullulent et elles s'entrecoupent, elles sont aussi éparses qu'elles sont éparpillées. Les raisons font qu'il a commandé beaucoup de verres de trop déjà, qu'il pense à se faire une ligne, juste pour en faire quatre autres ensuite. Sa soirée est lourde et elles le sont toutes au final, y'en a pas une qui manque à l'appel.
Alors oui, la question fait mal. Elle le tord d'un sens, de l'autre, comme lui qui tourner incessamment son verre entre ses paumes. Son regard d'océan est perdu par-delà le bar qu'il ne voit même plus déjà. La seule chose à laquelle il se rattache, c'est son parfum à elle. La seule note qui flirte avec autre chose que le fond de baril de bière fade, la clope mouillée et l'essence polluante que toutes les vestes de cuir de parts et d'autres du pub dégagent, envahissantes.
Mais ce n'est pas parce que sa soirée à lui est à chier qu'il faut que la sienne à elle le soit aussi. « Pourquoi elle l'est pas, la tienne? » s'il met le focus sur le positif, lui qui n'en a pas, autant le mettre sur son bonheur à elle. Son accent qu'il a remarqué, sa présence qui détonne. Elle n'est pas une habituée et en soit elle n'a rien à faire ici - pourtant, jamais il ne le lui dira, lui qui préfère gratter égoïstement un peu de renouveau, un peu d'autre chose que son quotidien brûlant, drainant.
Le barman revient, sa commande à elle apparemment. Il se souvient pas de l'avoir entendue demander quoi que ce soit mais à cette heure-là il se souvient de rien d'autre que son besoin criant de s'autosaboter, Epstein.
« De la part du gentleman à gauche. » qu'il explique, le dit barman, son ton qui pointe l'ironie et son menton qui pointe une épave inconnue de gentleman à l'autre extrémité du comptoir. « À quel point on a tous l'air d'être une bande de ratés qui n'ont jamais rien vu de leur vie? » à lui de se moquer, de lui-même d'abord, du monde entier ensuite. Une femme entre ici et ils se l'arrachent tous. Quel bordel.
@elise williams |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 1:35 | |
| « Pourquoi elle l'est pas, la tienne? » Qui a dit qu'elle l'était pas ? Elle l'est forcément pour que tu te retrouves dans ce bar de merde. Ton sourcil qui se hausse, ta tête qui se retourne de nouveau devant toi, et ton sourire qui se perd dans le verre que tu portes à tes lèvres. Il ne répond pas à ta question. Tu ne réponds pas à la sienne. C'est donnant-donnant. « De la part du gentleman à gauche. » Ta tête qui suit le mouvement vers la gauche justement. Tu cherches vraiment fort, mais il n'y a aucun gentleman à ta gauche. Il y a juste un type un peu louche avec un sourire de pervers qui lève son verre à ton attention. Tout ce qu'il récolte en retour ces un visage dégoûté de ta part, le verre que tu repousses, que tu refuses, alors que n'importe qui d'autre l'aurait quand même pris. Il y a que toi pour refuser de l'alcool gratuite. « À quel point on a tous l'air d'être une bande de ratés qui n'ont jamais rien vu de leur vie? » Ton attention qui se retourne de nouveau vers la droite donc. Quelle erreur ! Quand le paumé en profite pour se rapprocher un peu plus l'allure séducteur. Du moins, il essaie. Il essaie fort. C'est l'odeur d'alcool et sa démarche chambranlante qui attire de nouveau ton attention vers la gauche. Ça ne t'en prends pas plus pour sauter sur le seul tabouret qui te séparait du type à droite. Sans trop savoir pourquoi tu préférais lui à l'autre.
« Dégage. J'suis mariée. » Oh la carte du mariage qui en découragerait plus d'un. Celle que tu peux facilement sortir, parce que c'est vrai. Parce que tu as l'énorme cagnotte à l'annulaire gauche pour confirmer tes dires. Et lui, l'idiot, croira probablement que c'est belle et bien la seule raison pour laquelle tu repousses ses avances. Et pas parce qu'il empeste l'alcool et qu'il a l'air sale. « Avec lui ? » Il juge, l'ivrogne, ton alliance, et puis la sienne que tu n'avais même pas remarqué toi même. « Il a pas l'air d'en avoir les moyens. » Son sourire de mec trop bourré qui te répugne. Tes yeux qui lèvent au ciel. Okay. C'est trop pour toi. « Désolé, je vais juste... m'en aller. » Tu sais pas trop pourquoi tu t'excuse alors qu'il se fou probablement du fait que tu sois ou non là. C'est quand même frustrant de savoir que tu n'auras fait la gueule à Saül à peine une petite heure. C'est même pas suffisant pour qu'il pense à peut-être s'excuser. Okay, non. Il s'excuserait même pas si tu partirais une semaine. Il sait bien trop que tu ne partiras jamais pour de bon.
@jack epstein |
| | | | (#)Dim 30 Aoû 2020 - 1:31 | |
| « Dégage. J'suis mariée. » « Avec lui ? Il a pas l'air d'en avoir les moyens. » « Désolé, je vais juste... m'en aller. »
La scène se passe aussi vite qu'elle a l'air de durer des heures et ça le fait chier Jack, tout le fait chier au final, qui est-ce que ça étonne. Il aurait pas cherché la merde d'ordinaire, il se serait décalé, aurait juste attendu de s'assurer qu'elle parte et reste en sécurité dans le périmètre du bar avant de se moquer d'un soupir discret et d'un rire las qui l'est tout autant du pauvre ivrogne qui est venu compléter le tableau. Pourtant, il n'aime pas du tout l'oeil qu'il porte sur elle, il n'aime pas du tout le mouvement même minime qu'il esquisse en direction de la brune. Suffisamment pour qu'il se redresse de son tabouret, se place entre eux deux. C'est étonnant qu'il sache encore se tenir droit, Epstein qui boit son poids en alcool ces temps-ci. À défaut de pouvoir s'accorder une petite ligne comme il en aurait tant envie.
L'autre grogne, l'autre pue, l'autre qu'il dégage de sa paume pour ouvrir le chemin à la brune qui apparement semble déjà prête à s'envoler bien loin d'ici. Qui lui en voudrait vraiment. « Vous fumez? » l'excuse de débutant qu'il brandit en même temps que son paquet de cigarettes quand il lui pointe la sortie vite et bien. Elle aura tout le loisir de refuser la clope une fois dehors, mais au moins, elle sera dehors. Loin de leur air vicié de gars en phase d'avoir tout raté.
L'air d'ailleurs il est frais, il est glacé, il revigore ; hors du bar. C'est là où Jack se poste, briquet entre les doigts osant allumer le bâtonnet qu'il glisse contre ses lèvres, pensif. Il a tout merdé une fois de plus qui ça étonne. Son complexe du héros qui a autant pu gâcher la soirée de la brune que l'améliorer. Rendu à ce point, il n'a plus rien à perdre quand il lui tend sa cigarette à la seconde où il la voit apparaître de nouveau. |
| | | | (#)Mer 2 Sep 2020 - 2:26 | |
| Tu t'imagines le pire pendant une fraction de seconde. Ça va finir en bagarre cette histoire là. Ça va mal finir. Et c'est ta faute pour avoir entré ici, parce que tu ne connaissais pas la place, parce que tu n'en connaissais aucune autre, parce que tu avais juste eu besoin de t'éclipser quelques heures. Mais ta place, elle est pas ici. Elle est à la maison. Tu aurais dû savoir. Tu aurais dû l'accepter. Être ici et non là-bas ne changera rien de toute façon. Quand Saül décide quelque chose, c'est comme ça. Il n'y a rien à faire ou à dire et tu l'acceptes toujours à chaque fois, à contre coeur. Mais non. Personne se bat. Il insiste pas l'autre ivrogne. Il se pousse, vous laisse passer. Pendant une fraction, l'envie de s'accrocher à sa main te passe par l'esprit. Seulement pour ne pas te perdre entre ici et dehors. Juste pour ça, quoi d'autre ? Dehors la brise glaciale te frappe de plein fouet. Oh ce qu'elle te manque ta belle Italie et ces chaleurs. Un jour, peut-être que vous y retournerez y vivre. Un jour.
La cigarette qu'il s'allume, une autre qu'il te tend, et ton visage de dégoût qui suit rapidement. Juste l'odeur te répugne. Tu n'as même jamais essayé - quelle femme raisonnable qui n'a jamais commis aucun faux pas. Tu l'emmerderais à coup sûr. Comme tu emmerdes ton mari depuis douze ans. « Non. Tu devrais pas non plus. » Et il en a sûrement rien à faire de ton opinion, lui qui semble s'abimer autant le foie que les poumons. Qui l'en blâmerait ? C'est pas de tes affaires. Qui est-ce qui fume encore de nos jours de toute façon ? Il y a belle lurette que ce n'est plus "la mode", que tout le monde a arrêté. Lui non, visiblement.
Tu sais même pas pourquoi tu bouges pas, alors que la chair de poule te gagne sous la froideur de la nuit. Tu sais même pas pourquoi ton regard ne se détache pas de lui, alors qu'il a l'air complètement paumé. Tu sais pas pourquoi il t'intrigues autant et tu le détestes déjà pour le faire. « Comment tu t'appelles ? » que tu lui demandes, au lieu de simplement rentrer chez toi. Que tu restes, alors que c'est déraisonnable de le faire. |
| | | | (#)Mar 22 Sep 2020 - 14:25 | |
| Elle ne fume pas, le gronderait presque que ce soit son cas à lui. S'il ne dégage pas la clope de ses lèvres, il fait au moins l'effet de dégager son visage pour expirer sa fumée hors de l'air de la brunette. Et ça, c'est avec toute sa politesse et toute sa candeur qu'il agit sans même y réfléchir. Elle était belle à l'intérieur, elle l'est encore plus avec les rayons de lune qui caressent son visage - mais elle a l'air frigorifiée.
« Ma veste pue moins que la sienne. » qu'il suggère, lui laissant le libre arbitre d'accepter son offre maladroite ou de passer son tour. Lui, il a une veste de jeans au vécu qui se voit autant dans la matériel que dans les macarons qu'il a cumulés au col. Elle a la chair de poule et même s'il se fait violence pour ne pas trop détailler son profil - ou du moins, pas autant qu'il le voudrait - n'en reste qu'il sait reconnaître une silhouette gelée quand il en voit une. Après, si elle refuse sa cigarette elle refusera fort probablement sa galanterie de pacotille et personne ne s'en étonnera.
Une inspiration plus longue que les autres, et elle parle de nouveau. « Comment tu t'appelles ? » ça, ça le surprend. Ça, ça l'attendrit. Ici, on l'appelle le gars à qui faut pas parler. On l'appelle le gars qui est toujours perdu dans ses pensées, le mec qui boit pour oublier. Ici, personne veut vraiment connaître son prénom, parce qu'ils le connaissent fort probablement déjà. L'artiste déchu dans ses plus beaux apparats. « Jack, Epstein. » poli, il essuie l'une de ses paumes sur son jeans avant de la lui tendre, la clope rangée au coin des lèvres. « Enchanté. » et elle, va-t-elle lui donner son prénom? Et elle, va-t-elle partager ça en plus des quelques minutes grattées qui n'ont même pas l'air de leur appartenir?
Alors il improvise, il essaie de voir combien de temps il leur reste au compteur. Avec quoi il pourra travailler, ce qu'elle risque d'encore accepter lui céder. « Tu attendais quelqu'un ou tu voulais juste voir à quoi ressemblait la faune canadienne le soir venu? » |
| | | | (#)Sam 26 Sep 2020 - 1:00 | |
| « Ma veste pue moins que la sienne. » « Charmant. »
Il ne te donne aucunement envie d'accepter son offrande avec une telle description. Ton regard qui dévie quelques secondes sur sa veste de jeans dont les bonnes années semble derrière elle depuis bonne lurette déjà avant de retrouver son regard à lui. Tes mains viennent se poser de part et d'autre de tes bras à la recherche de toute la chaleur possible. Mieux vaut geler que d'enfiler cette veste qui pue moins. Elle pue quoi d'ailleurs la sienne ? La cigarette assurément. Quoi d'autre ? Possiblement, l'alcool qu'il se serait - ou pas - échappé sur lui. C'est que tu en frissonnerais presque de dégoût à ce que cette veste soit collante contre ta peau.
« Jack, Epstein. » Et le voilà maintenant avec un nom le mystérieux inconnu, le même qui vient tendre sa main vers toi. « Enchanté. » « Elise. » Juste Elise. Williams ne veut rien dire ici de toute façon. Ta main qui se tend vers lui, celle qui ose venir lui piquer la cigarette d'entre ses lèvres plutôt que de prendre la main qu'il te tend. Cigarette qui, naturellement, vient terminer sa course au sol écrasé par ton escarpin devenue collant par le plancher dégueulasse du bar tout aussi dégueulasse. Ils sont fichus, ces escarpins.
« Tu attendais quelqu'un ou tu voulais juste voir à quoi ressemblait la faune canadienne le soir venu? » Tu avais l'air d'attendre quelqu'un ? En même temps, il est vrai que tu ne collais pas au décor. Que tu attendes quelqu'un aurait pu justifier ta présence ici. Mais non. « J'attends personne. » C'est le hasard qui t'a conduit jusqu'ici. Ces terres Canadienne que tu connais que très peu. Cet endroit que tu as choisis sans attente, faute d'en connaître vraiment un ici. Tu as mal choisis. Ou peut-être pas. « J'ai vu un café en chemin. » Sur le chemin entre ici et chez toi. « Et je suppose que c'est là que tu m'apprends que c'est plein d'itinérants qui pue plus que ta veste ? » que tu conclus en te fiant au bar louche du même quartier que tu viens de quitter et à l'heure tardive où un café ne devrait sûrement pas être ouvert. Ils sont trop bizarres c'est Canadien. |
| | | | (#)Sam 3 Oct 2020 - 4:32 | |
| Elle s'appelle Elise et elle déteste qu'il fume.
Ça le fait rire, Jack, qu'elle lui arrache la clope des lèvres comme si tout lui était dû. Elle n'est pas de son monde et il n'est clairement pas du sien et chaque seconde ne le confirme qu'un peu plus. Quand il laisse ses prunelles suivre chacun des gestes de la brune, même les plus minimes, ce n'est qu'un peu plus clair et évident encore. À commencer par le rictus de satisfaction qu'elle laisse passer sur son visage de glace une fois la cigarette écrasée par ses escarpins brillants sur le sol poisseux.
« J'attends personne. » elle est fâchée contre la personne qu'elle n'attend pas, alors. Les pièces se mettraient en place les unes les autres s'il avait le moindrement encore ses esprits clairs Jack, mais pour l'heure il ne pourrait absolument pas dire ce qu'elle peut bien avoir eu comme motivation autre que de jouer dans la mauvaise cour en passant la porte du pub miteux d'où ils sortent. « Moi non plus. » elle n'a pas demandé, ne veut certainement pas savoir, il s'amuse comme il peut en se calant contre la brique du building, sa silhouette s'y ancrant et un autre sourire se soustrayant au geste.
Ils n'attendent pas mais ils restent toujours là, patients, étrangement latents. « J'ai vu un café en chemin. » oh qu'il est con Jack, de laisser un sourcil se hausser d'espièglerie à l'entendre amener des cartes à un jeu dont il ne connaît même pas les règles. « Et je suppose que c'est là que tu m'apprends que c'est plein d'itinérants qui pue plus que ta veste ? » « Je tuerais pour un café. » il est presque effrayant, le grand gaillard, maintenant qu'il laisse échapper un rire de plus en lui faisant signe de suivre si elle en a envie. « Et puis je te dois un verre. T'as pas eu ton gratuit par ma faute. » en l'occurence, ce sera un verre remplacé par un latte, un cappuccino ; ce qu'elle voudra vraiment. Ou probablement pas. Les sans-abris eux, errent non loin. Assez pour qu'ils les attendant sans les voir. Pour l'instant. |
| | | | (#)Lun 5 Oct 2020 - 2:58 | |
| « Je tuerais pour un café. » Il ne fait absolument aucune logique ce sourire victorieux qui vient se glisser contre tes lèvres. Comme si c'était vraiment si surprenant qu'il accepte. Le contraire, ça, ça l'aurait été surprenant. Après tout, tu n'as rien accepté de ce qu'il t'a offert jusqu'à présent. Il te fait signe de le suivre et rapidement tu arrives à sa hauteur. Il sait probablement encore mieux que toi où il se trouve vraiment. Tu n'arrives même plus à te souvenir s'il était à cinq ou vingt minutes de marche. « Et puis je te dois un verre. T'as pas eu ton gratuit par ma faute. » « Trop aimable » Techniquement, c'est toi qui l'a invité, mais s'il veut gratter son fond de poche pour te payer un café qu'il le fasse. C'est sûrement un truc d'orgueil de mâle qui veut pas laisser la fille payer. Rien à faire. Tu as juste envie de te sauver de la brise glaciale canadienne et il semble être le candidat idéal pour te guider dans ses rues que tu apprendra à découvrir pour les cinq prochaines années.
Il est minuit. Tu as un appel manqué. Cinq messages textes duquel tu réponds une insulte pour pas qu'il pense que tu es morte - perdue plutôt. Et ouais, tu es quand même contente que ta crise de nerf le fasse réagir, même si ça risque de provoquer une engueulade plus grande qu'une réconciliation. Il en a de moins en moins de ça, des réconciliations. Et vous êtes tous les deux trop orgueilleux pour avouer vos fautes. Le mariage idéal. Mais bon. Passons. Tu es donc assise à une table collante avec un inconnu bizarre - légèrement intriguant - le menue est vide de café fancy. Tu te contentes d'un latté qui goûte l'eau de vaisselle, mais au moins il réussit à t'apporter un peu de chaleur dès la seconde où tu enroules tes mains autour, ce qui était quand même l'objectif principal. « Je parie que tu es un artiste. » que tu tentes de deviner en te calant sur ta chaise pour mieux l'analyser. Est-ce qu'il est plutôt dans le dessin, la peinture ou plutôt dans la musique ? Un peu de tout peut-être ? Tu ne saurais dire, mais tu mises sur tout. Ils touchent toujours un peu à tous les artistes, même s'ils ont quand même quelque chose qui les passionne plus que d'autres. |
| | | | (#)Lun 12 Oct 2020 - 16:32 | |
| Les néons de la ville sont laissés derrière lorsqu'ils entrent dans le petit café à la lumière tamisée. Dehors, c'est autant la nuit qu'on tente de leur rappeler qu'ils sont en plein centre-ville et que Vancouver ne dort littéralement jamais. Au-delà des immeubles se cachent les plus belles montagnes enneigées qu'il a vues de toute sa vie, lui qui a sillonné le monde d'un peu partout, lui qui a été sur des tas de scènes comme autant de fois globe-trotter. Aujourd'hui, il vend des vinyles et il paie ses dettes de tournée comme il les appelle - quand tout le monde pourrait facilement les qualifier de dettes de type qui s'est fait rouler de tous bords et de tous côtés. Passons.
Son café est noir, à lui. Même pas de lait, même pas de sucre, juste un filet de sirop d'érable comme le cliché canadien qu'il peut bien être sans jamais vraiment s'en faire. Il est chez lui, il peut bien y avoir ses habitudes, non? Ce qui n'a rien d'habituel par contre, c'est elle, assise devant lui. Elle se tient bien trop droite, elle a l'air beaucoup trop en confiance malgré le fait qu'elle est au beau milieu de nulle part avec un mec qui pourrait bien être la pire nouvelle qui soit. Il est relax Jack, sûrement un peu trop, quand il retire ses baskets pour croiser ses jambes en tailleur sur la banquette. Une gorgée de café plus tard, et ils arrêtent de s'observer sans rien se dire.
« Je parie que tu es un artiste. » « Tu devrais essayer avec ça. »
Elise ne touche pas à son café à elle, alors il entre en scène, poussant vers elle le sirop d'érable comme elle l'a sans doute vu faire quelques minutes plus tôt. Ou alors, ce n'est que lui qui est occupé à la regarder, à la détailler, à la mémoriser, quand l'inverse n'est pas valide? « Et je parie que tu es une femme d'affaires. » elle a le blazer pour, le port de tête aussi. Il a peu de référents Jack, mais il sait reconnaître quelqu'un de son monde autant que reconnaître quelqu'un du monde qui est totalement à l'opposé du sien. « Dans la musique - je bosse dans la musique. » il est propriétaire de sa petite boutique oui. Et anciennement musicien, désormais déchu surtout. « Tu joues d'un instrument, toi? » autant parler de ce qu'il connaît, autant éviter de mettre des mots sur ce qu'elle, elle semble connaître. |
| | | | (#)Dim 25 Oct 2020 - 14:27 | |
| « Tu devrais essayer avec ça. » Le sirop d'érable qu'il pousse vers toi. Le sourire en coin qui vient se glisser sur tes lèvres alors que tu prends le sirop entre tes mains pour venir en mettre à ton tour un filet dans ton café. Café que tu reviens porter à tes lèvres de nouveau. « Mieux. » Pas top, mais mieux. Assez pour camoufler l'arrière goût bizarre. Assez pour réussir à en boire au moins la moitié. « Et je parie que tu es une femme d'affaires. » « Si on veut. » Non. Tu n'es pas une femme d'affaires, mais tu baignes dans ce monde depuis le jour un. Tu connais le fonctionnement comme le bout de tes doigts. Tu aurais sûrement pu en être une dans une autre vie. Mais dans cette vie là, on t'a plutôt monter le chemin jusqu'à un mari influent. Dévié du chemin n'a jamais été une option. Tu as toujours été trop terrorisé pour le faire. Même aujourd'hui, tu l'es encore.
« Dans la musique - je bosse dans la musique. » Tu as misé juste - qui ça étonne ? Il est bel et bien un artiste. Dans la musique, donc. « Mais encore ? » C'est vague la musique. Quelque chose te dit qu'il n'est pas musicien, ou du moins, que ce n'est pas ainsi qu'il gagne sa vie. Parce qu'il l'aurait simplement statuer en mot clair et précis. Là, il est trop vague. « Tu joues d'un instrument, toi? » « Non. » Il y a longtemps, des années, que tes doigts n'ont pas parcouru les touches d'un piano. Si longtemps que tu as l'impression que ça appartient à une autre vie et c'est probablement le cas. « Plus maintenant. » Et tu ne saurais pas vraiment statuer le pourquoi du comment.
Alors, il s'appelle Jack, bosse dans la musique et met du sirop d'érable dans son café. Vous n'êtes plus deux parfaits inconnus - ou presque. N'est ce pas un moment idéal pour retourner au début ? « Pourquoi elle est lourde ta soirée ? » Et pourquoi est-ce qu'il répondrait maintenant ? Il n'a aucune raison de le faire. Mais il devrait. Vos chemins ne se recroiseront jamais de toute façon. |
| | | | (#)Sam 28 Nov 2020 - 21:52 | |
| « Pourquoi elle est lourde ta soirée ? » « T'as combien de temps devant toi? »
Qu'il nargue le brun, incapable d'être pris en pitié, ni par elle ni par personne d'autre dans ce café. Lui, il n'a fait que sortir pour prendre l'air et un (plusieurs) verre(s), la vérité reste qu'au final il n'est qu'un raté incapable d'être fidèle à son mariage. Il l'aime Jude, comme un fou et depuis toujours ; mais il aime aussi bien trop sa liberté pour prendre l'alliance trônant autour de son annulaire au sérieux. Le simple fait de sentir le métal contre son pouce qui lui fait faire des tours sur elle-même à la bague le suffoque, c'est pour dire. Dans quel merdier s'est-il encore fourré avec la brune face à lui, ça par contre, il devra capitaliser sur de nombreuses années avant de le réaliser. « Je l'aime, ma femme. » le voilà qui commence. Qui encense et qui se justifie, qui semble être si doux et si bon, au premier abord. Il l'a sauvée, Elise, des griffes de l'autre imbécile qui rôdait trop près d'elle, non? Il a une bien grande et charitable âme de n'avoir rien tenté comme flirt que ce soit avec elle depuis qu'elle l'a rembarré, n'est-ce pas? « Mais c'est trop. »
On dit souvent que tout ce qui est stipulé avant le "mais", que tout ce qui est expliqué et entendu, ne compte absolument pas. On dit que ce ne sont que des mensonges blancs, que ce n'est qu'une façon de se dédouaner quand au final la suite est véritablement ce qui compte, ce qui devrait être pris en compte plutôt. Le voilà qui affirme à une pure inconnue que son mariage l'étouffe et que l'amour qu'il porte à une autre le pétrifie. Quel con, quand on y pense, alors que Jude l'attend à l'autre bout de la ville, le coeur en miettes et le verre de whisky entre les paumes à réchauffer l'alcool plutôt que de le boire. « J'ai juste envie de partir. » véritable lâche qui porte son café à ses lèvres, véritable trouillard qui utilisait jadis les tournées pour justifier la longue liste de ses départs. Aujourd'hui n'est qu'un de plus au compteur, n'est-ce pas?
« T'as pas envie, toi? » à soirées merdiques similaires ou presque, il tente de savoir ce qui elle, la blesse. |
| | | | (#)Sam 12 Déc 2020 - 21:28 | |
| « T'as combien de temps devant toi? » « J'en ai plus depuis longtemps. » Parce qu'il y a des lustres déjà que tu devrais être rentré chez toi. La crise a assez duré. Est-ce qu'il t'attends encore ? Non. Est-ce qu'il t'a seulement attendue quelques minutes à peine. Non. Sûrement pas. Il s'est endormi en sachant très bien que demain matin, tu seras là, que tu aura digéré la nouvelle et que vous n'en reparlerez plus jamais. Parce qu'il décide tout et tu digères tout. « Je l'aime, ma femme. Mais, quoi ? Parce qu'il en a un mais. Parce que sa soirée ne serait pas lourde, s'il n'en aurait pas un. « Mais c'est trop. » Tu fronces un peu les sourcils. Qu'est-ce qui est trop ? Elle ? Le mariage ? Les disputes ? Les enfants ? Le avant qui n'existe plus ? L'après qui est de pire en pire ? Elles sont nombreuses les raisons pour laquelle un mariage ne fonctionne plus. C'est laquelle sa raison à lui ? « J'ai juste envie de partir. » Il aurait quel discours Saül si les rôles étaient inversé ? Il aurait commencé par le mais sans jamais énoncé le début.
« T'as pas envie, toi? » « Tous les jours. » Elle est drôle, l'ironie. Celle qui laisse place à l'honnêteté en te disant que c'est probablement la première et la dernière fois que vos chemins se croisent, que tu peux bien lui balancer ton mariage malheureux, parce qu'il ne peut pas le raconter à personne d'autre. Il est personne. Tu es personne. Tu ne vas jamais partir même si tu en as envie. Ou plutôt tu vas toujours revenir. Et quelque chose te dit que c'est la même chose pour lui. Parce qu'il l'aime. Mais toi ? C'est quoi ta raison ? Ah oui, elle est débile ta raison, et très superficielle. « Parfois il faut partir. Pour mieux revenir. » Tu le fais tout le temps. Mais avec le temps, les périodes de départ reviennent de plus en plus rapidement. Le calme dure moins longtemps. La tempête revient rapidement au galop. Le départ de Cosimo d'une journée à l'autre n'aide pas à ton manque d'envie de rester. Pourquoi tu resterais si lui n'y est plus ? Mais partir, ça l'aide tout de même à rester. Dans ton cas, du moins. |
| | | | (#)Mer 23 Déc 2020 - 21:05 | |
| « J'en ai plus depuis longtemps. » alors elle est attendue, alors quelqu’un à l’autre bout de la ville tape du pied en patientant, impatient. Un fin sourire vient se nicher sur les lèvres de Jack quand il réalise que parmi tous les scénarios qu’elle aurait pu brandir pour justifier son besoin de s’envoler éphémère le temps qu’il faudra, c’est avec lui qu’elle a décidé de l’être. La voilà qui ne dit rien, qui ne justifie pas plus. La voilà qui ne se lève pas non plus, même pas le moindre regard vers une montre ou l’horloge poisseuse et poussiéreuse, au mur. Il gagne un jeu dont il ne se savait même pas participant, pas l’étoffe ni même ignorant les règles.
Alors il parle. Il parle de Jude, il parle de leur mariage, il parle d’à quel point il l’aime, il parle d’à quel point ce n’est pas suffisant. Il parle de tout ça et de bien plus encore, le musicien épris autant par l’amour que par la liberté qu’il se sent dérober. « T'as pas envie, toi? » Jack demande, revoie la balle comme un lâche qui veut ne pas se sentir seul dans sa misère. « Tous les jours. » la réponse lui fait autant mal qu’elle le soulage. Elise l’inconnue avec un prénom un seul et un visage qui le complimente. Elise qui elle aussi rêve d’autre chose. Elise qui n’en peut probablement plus, Elise qui se confie et lui, il ne trouve qu’à prendre une gorgée de son café désormais tiède et encore plus infect. Il ne râlera jamais, sur ça comme sur tout le reste.
« Parfois il faut partir. Pour mieux revenir. » il hausse le sourcil, elle en ajoute une couche et il est bel et bien aux premières loges pour accuser réception. Elle comprend exactement ce dont il a besoin, elle le lui sert sur un plateau d’argent même. D’or aux précieux rubis, s’il se fie aux bijoux qu’elle arbore. L’alliance d’Elise est bien plus dramatique que celle bohème de Jack. Elle a des airs de boulet au pied, en l’instant. « C’est que tu as fait ce soir? » oh que ce ne sont pas ses affaires, oh que poser la question c’est déjà en connaître l’issue. Bien sûr que c’est pour ça. Elle lui doit quoi, par contre, à le lui dire ou pas? « Si je te proposais de partir avec moi, tu dirais quoi? » elle dirait non Jack. Elle l’a déjà fait, vers un café que tu connaissais. Elle ne le fera pas à une seconde reprise ; le ticket est déjà brûlé, meilleure chance la prochaine fois. |
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