I'll taste the devil's tears Drink from his soul, but I'll never give up you I'll taste the devil's tears Drink from his soul, but I'll never give up you
La soirée semblait si bien se dérouler qu’une personne extérieure aurait pu croire que le duo trinquait à une augmentation, une nouvelle voiture, ou encore l’achat d’un appartement. Pourtant, Clyde et Halsey levaient leurs verres à toute autre chose, cependant devenue une habitude pour eux au fil des années : un chantage finement exécuté, des comptes en banque renfloués, et une affaire clôturée. Rien de bien extravagant, somme toute, à les voir rire devant le comptoir du bar comme s’ils parlaient simplement de la pluie et du beau temps - alors qu’Halsey était plutôt en train de se moquer avec panache de la tête du type lorsqu’il l’avait vue débarquer pour venir chercher l’argent, et qu’il s’était bien vite calmé devant ses menaces. Clyde savait bien que parfois, selon les ‘victimes’, elle n’était pas forcément la personne attendue pour aller récupérer le fric - mais contre toute attente, elle parvenait (quasiment) toujours à ses fins et menait tout le monde par le bout du nez. C’était bien pour cette raison, et pour éviter de l’entendre râler toute la soirée et lui dire à quel point il était rabat-joie et pas du tout fun qu’il avait accepté qu’elle le traîne dans un restaurant chicos pour l’occasion - histoire de fêter ça dignement.
Les deux n’avaient pas lésiné sur les moyens, à la fois dans le choix de leur tenue et le contenu de leurs verres - déjà bien trop chers pour ce qu’ils valaient, et la soirée ne faisait que commencer. Mais ils avaient de l’argent, et même presque trop pour l’usage qu’ils en faisaient au quotidien, alors s’il y avait bien une occasion de le dépenser, c’était celle-là. Et Dieu seul savait à quel point Halsey était bien la première à vouloir flamber lorsqu’elle se sentait d’humeur - s’il se la mettait dans la poche ce soir, il pourrait presque lui demander de tout payer, d’ailleurs. Quoi que. Accoudés au bar l’un à côté de l’autre, ils profitaient mutuellement d’un moment de répit, loin des dossiers, des ordinateurs et des plans préparés minutieusement, pour se changer les idées le temps d’une soirée. Clyde était rarement du genre à se laisser aller, mais après avoir passé le seuil du bar, il avait dit merde aux problèmes, aux calculs et aux machinations, pour laisser transparaître un rire sincère teinté d’une moue impressionnée devant les histoires d’Halsey qui ne manquait jamais d’en rajouter des caisses pour lui préciser à quel point elle était géniale et sans aucun doute l’élément central de leur duo.
Mais si la soirée semblait si bien se dérouler, c’était sans doute qu’elle se déroulait vraiment trop bien, et que ça n’était pas normal pour le duo si singulier qu’ils formaient. Lorsque Clyde vit une chevelure rousse s’approcher au loin, il savait déjà qu’il n’allait pas pouvoir s’en tirer si facilement - parce qu’Ariane, à la différence de bien des femmes qu’il aurait pu ignorer sans ménagement en prétendant de ne pas les connaître, ou simplement saluer de loin, était une vraie casse-couilles. Il fallait dire les choses comme elles étaient. Et une petite voix insidieuse lui soufflait qu’elle n’allait pas se contenter de lui faire un vague signe de la main et un sourire poli.
Fêter leur réussite était devenu un point non-négociable depuis longtemps aux yeux d’Halsey qui estimait que rien n’était acquis, même si les choses pouvaient difficilement mal tourner avec son assurance et son don inné pour l’improvisation. Une fois l’argent entre ses mains, la brunette avait largué leur victime pour rejoindre Clyde en lui disant que ce soir, ils allaient sortir – et plutôt deux fois qu’une. Dans ces moments-là, la jeune femme faisait rarement les choses à moitié et en l’occurrence, elle ne lésina pas sur les moyens lorsqu’il s’agit de trouver une tenue pour l’occasion. Lorsqu’il était venu la chercher dans sa chambre, le regard qu’il lui avait lancé était tout ce dont elle avait eû besoin pour s’assurer que cette soirée se passerait sous les meilleurs auspices. Il ne leur en avait pas fallu plus pour se diriger vers le bar du restaurant afin de commencer les festivités, commandant ce qu’il y avait de plus cher à la carte et s’assurant ainsi le service impeccable des serveurs de cet établissement dont la réputation n’était plus à faire. D’humeur joyeuse – comme toujours lorsque l’argent lui brûlait les doigts et qu’elle était galvanisée les nouveaux zéros s’ajoutant à son compte en banque – Halsey rejouait la scène à un Clyde qui n’était jamais très loin au cas où les choses tournaient mal mais pas assez près pour s’amuser des traits d’esprit de la brunette lorsqu’elle était face au pigeon du jour. Cet interlude dans leur vie mouvementée lui faisait énormément de bien, et il fallait bien l’avouer, souffler en sa compagnie et le voir aussi détendu était suffisamment rare que pour qu’elle se délecte de chaque minute. Avalant une gorgée du champagne millésimé qu’elle avait commandé sans même savoir si le choix de la boisson lui plairait – à ce prix là, il avait intérêt à apprécier – elle éclata de rire alors qu’il faisait une remarque sur le choix de perruque sur lequel la jeune femme avait jeté son dévolu pour la « rencontre ». Avec les années, le coin arnaque de sa garde-robe s’était étoffé et la brunette s’amusait à changer de tête presque à chaque fois, rentrant avec plus de facilité dans son rôle en se glissant dans la peau d’un personnage de son invention. « Je pensais que tu appréciais le côté Lara Croft de celle-là… » Lança-t-elle en faisant une moue, recouvrant son sérieux à l’instant où les traits du brun reprirent leur sérieux habituel. Quoi encore ? Se retournant, elle suivit le regard et haussa un sourcil étonné en apercevant Ariane. Elle reporta son attention sur Clyde en plissant les lèvres, réalisant que c’était bien elle qu’il observait. C’était quoi encore cette blague ? « Tu la connais ? » Lui demanda-t-elle en sifflant presque avant qu’elle ne parvienne à leur hauteur, se retenant bien de lui préciser qu’elle savait pertinemment à qui ils avaient affaire. La question était, est-ce que lui aussi ?
Vegas me manque. Vegas et ses bruits incessants, ses lumières incandescentes. Vegas et son abus à toute heure du jour et de la but, qui rend les soirées en ville bien mornes depuis qu'on est revenus en Australie. Les parties de poker s'espacent même si les victoires s'accumulent, c'est comme si Saül avait autant que moi perdu le goût de gagner quand ça devenait aussi facile ici alors que là-bas tout avait un goût de renouveau constant, de défi ambiant. Il joue à l'adulte ailleurs ce soir, je sais pas ce qu'il fout et ça me va de pas savoir, ça m'enlève la pression de juger ou de critiquer, de râler aussi. On est bien dans l'ignorance, on y nage confortablement, je peux l'utiliser comme excuse pour filer au bar d'un des restaurants les plus chics de la ville rien que pour boire le résultat des colliers de perles gagnés et des billets bien alignés. Y'a pire.
« Tu la connais ? » oh, y'a pire, comme le ton qu'elle emploie, quand elle veut pas que je les vois là. Dans le coin droit, y'a Halsey. Halsey qui siffle, qui fait sa jalouse, qui ravale son coup d'oeil qui lorgne bien plus sur lui que sur moi. Et dans le coin gauche, y'a y'a Clyde. Qui voudrait bien pas être là d'ailleurs, à voir l'air qu'il arbore, même air qui me ferait éclater de rire si j'étais pas occupée à juste vouloir foutre la merde le temps d'une soirée. « Qui moi? Ouaip, il me connaît. » j'imagine que c'est pour ça que l'un comme l'autre tire une gueule d'enterrement, j'imagine que le fait que je m'étonne de les voir ici eux deux et ensemble qui plus est aide pas, alors qu'à mon sens ils n'ont pas le moindre intérêt pour ce genre d'endroit - autant que moi fût un temps. C'est qu'ils semblent y être parfaitement à l'aise. Semblait* pardon. Apparemment j'ai fait chier leurs plans. Oupsie.
« On fête quoi? » leur champagne, déjà, on fête leur choix. Quand ma silhouette s'allonge par-dessus le comptoir pour piquer une flûte à un barman qui regarde même pas, amateur, flûte que je remplis de leurs bulles dûment choisies. C'est du bon, ils y sont allés fort, bien hâte de savoir ce qu'ils fêtent justement.
Clyde souriait en trempant ses lèvres dans le champagne choisi par la brune, qui n’avait pas fait les choses à moitié en baladant son regard sur le menu où toutes les boissons étaient plus hors de prix les unes que les autres. Loin de lui l’idée d’adopter un comportement de mec riche qui sélectionnerait ses boissons uniquement selon leur gamme de prix, mais il devait avouer qu’en dépit du peu d’attrait dont il faisait habituellement preuve envers tout type d’alcool, ce champagne roulait bien trop facilement sur ses papilles - et trop rapidement, aussi. “Je pensais que tu appréciais le côté Lara Croft de celle-là…” Il sourit à l’évocation de la nouvelle perruque d’Halsey, qui ne manquait jamais de le surprendre à chaque fois qu’elle prenait un malin plaisir à transformer son apparence pour une rencontre, sans jamais lui donner le quelconque indice de son choix du jour, qu’il découvrait à chaque fois au dernier moment. Clyde préférait toujours se moquer et donner son avis - absolument pas désiré - plutôt que de lui avouer que la perruque qu’il préférait, c’était encore celle qu’elle ne portait pas, lorsqu’elle restait elle-même. Cette soirée-là ne manquait pas à la règle, et il retint une remarque amusée lorsqu’il aperçut Ariane au loin, ce qui eut le don de lui couper momentanément toute envie de continuer leur conversation sur un ton détaché qu’il aurait désormais dû feindre. Car malgré le fait que la rousse ne soit ni plus ni moins qu’une de ses nombreuses conquêtes qui n’étaient plus un secret pour Halsey, Ariane lui servait toujours de partenaire de boxe et avait surtout le don de foutre la merde là où il n’y était pas invitée - et c’était la crainte de cette partie-là qui avait figé le regard de Clyde vers le fond du restaurant, ce qu’Halsey n’avait pas tardé à remarquer.
“Tu la connais ?” Quoi ? Qu’elle l’interroge, qu’elle râle qu’il se désintéresse d’elle, c’était une chose, en revanche qu’elle reconnaisse au premier coup la personne qu’il fixait, ce n’était pas possible sans qu’elle ne sache qui chercher. Les mots avaient sifflé entre ses mots, rapides, amers, tranchants - il n’en fallu pas davantage à Clyde pour comprendre qu’Ariane ne semblait être une inconnue pour aucun d’eux. “Ouais” eut-il le temps de lâcher avant qu’Ariane arrive à leur niveau, sortant les violons pour compléter ce qu’il venait de dire - comme si c’était nécessaire. Elle voulait juste l’emmerder, ça se lisait déjà sur les yeux de la rousse, qui fixait Halsey de la même manière. “Qui moi ? Ouaip, il me connaît.” Elle était en forme, et ce n’était pas bon signe. “On boxe ensemble des fois.” Pas de présentation, rien, car il espérait bien que cette situation n’allait pas s’éterniser, et il n’était pas question de donner l’impression à Ariane qu’elle avait une quelconque place dans cette soirée. Il regarda Halsey de l’air le plus détaché possible - après tout, il ne venait que d’énoncer une vérité, certes partielle, mais ce n’était pas comme s’il avait l’habitude de jouer sur les mots lorsqu’il ne voulait pas tout raconter à la brune. Il était désormais loin, ce sourire détendu qu’il affichait encore quelques secondes auparavant, et les traits du brun s’étaient brusquement refermés, figés dans l’attente de ce qui allait bien pouvoir lui donner dessus contre sa volonté. “On fête quoi ?” Sans trop d’étonnement, la rousse ne pris pas la peine d’attendre une réponse avant de s’avancer pour se servir une coupe, sans que Clyde n’ait la motivation de l’arrêter et de risquer de créer un esclandre. Elle serait capable d’hurler ou de l’accuser d’à peu près n’importe quoi, la connasse. “Rien qui t’intéresse.” Sous-entendu, t’as pas mieux à faire que venir nous emmerder ? Il l’aurait bien insulté, mais il n’était pas question de montrer à Halsey l’étendue de l’animosité qu’il pouvait ressentir pour Ariane à cet instant-là, tout comme il ne comptait pas lui faire réaliser qu’Halsey n’était pas n’importe laquelle des filles qu’il traînait dans les bars. Alors, il se contenta de la fixer, pourtant sans grand espoir qu’elle décide de tourner les talons maintenant qu’elle tenait fièrement la coupe si lâchement acquise.
Le champagne coulait à flot et Halsey se sentait parfaitement à l’aise dans cet environnement empreint au luxe dans lequel elle aimait se complaire depuis toujours. La différence, c’était qu’aujourd’hui elle avait les moyens de le faire et ne dépendait donc plus du bon vouloir de ses amis ou des hommes qu’elle avait séduit dans l’optique de profiter d’eux et de leur gentillesse. Ici, Clyde savait parfaitement à qui il avait affaire et en plus de ça, ils partageraient la note – même si elle savait qu’il espérait qu’elle soit bien trop saoule en sortant de là pour lui rappeler de payer avec elle. La soirée s’annonçait donc sous les meilleurs auspices, mais ça c’était avant que le visage de Clyde ne se ferme en laissant son regard se perdre derrière son épaule et qu’Halsey ne découvre que l’objet de son attention n’était autre qu’Ariane. En temps normal, la brunette aurait sauté sur ses deux pieds pour venir saluer son amie, mais la tension qui était montée en quelques secondes à peine lui indiquait que quelque chose clochait. Pourquoi il la regardait de cette façon ? La connaissait-il ? Cette question s’échappa de ses lèvres tandis que ses yeux se posaient sur l’air enjoué de la rousse qui s’avançait vers eux avec une assurance déconcertante. “Ouais” Bien. Non, pas bien. Ariane et Clyde ? Mais comment. Perth était une grande ville, comment avaient-ils pu côtoyer la même personne s’en jamais s’en apercevoir ? Finalement, la réponse s’imposait d’elle-même à son esprit ; parce qu’ils étaient bien trop secrets l’un envers l’autre. « Qui moi? Ouaip, il me connaît. » La jeune femme leva les yeux au ciel, serrant les dents en sentant la contrariété monter en elle comme un feu qu’elle ne parvenait pas à contenir. “On boxe ensemble des fois.” Merveilleux. « Des fois ? » Eh oui Clyde, l’heure était aux détails maintenant. D’autant que la tête qu’il tirait signifiait qu’il y avait plus qu’un délire de sparring-partner entre eux, et cette perspective n’arrangea en rien l’irritation qu’Halsey ressentait en cet instant. “On fête quoi ?” Ariane semblait imperméable à la tension qu’elle avait pourtant déclenchée par sa seule présence et elle se pencha sur le bar pour attraper une flûte de champagne, apparemment décidée à se joindre à eux pour les festivités qui auraient désormais un goût amer, à n’en pas douter. “Rien qui t’intéresse.” Le visage fermé, Clyde semblait vouloir mettre fin à ce qui venait pourtant de commencer et si la brunette tenait absolument à en apprendre davantage sur ce qui les liait, admettre qu’elle et lui partageaient une relation privilégiée n’était peut-être pas la meilleure idée de l’année. Surtout avec elle. « Qu’est-ce qui t’amène ici Ariane ? » Demanda finalement la brunette avec un calme qui n’était qu’apparent, cherchant à retenir le venin qui ne demandait qu’à jaillir d’entre ses lèvres en imaginant que la rouquine ait pu partager plus qu’un round de boxe avec Clyde. C’était forcément le cas, parce que c’était bien de Wakefield qu’on parlait.
“On boxe ensemble des fois.” « Des fois ? » « Tout le temps, 24h sur 24, 7 jours sur 7 on y allait là justement, j'ai tes gants dans ma voiture Clyde, c'est quand t'es prêt. »
Et elles défilent mes paroles de merde qui vont avec sa question du même acabit, les unes à la suite des autres. Le sourire le plus condescendant que j'ai en banque qui s'affiche fièrement sur mes lèvres carmin quand je la vois bien sa petite scène de jalousie à Halsey. Des fois? Blablabla relaxe l'amie, il est tout à toi.
“Rien qui t’intéresse.” « Égoïste. »
Mais quand même, ça veut pas dire que je peux pas m'assurer de voir le regard furieux qu'elle tente de cacher sous un masque si faux que même le mascara crémeux qu'elle a pu enfiler n'y fait rien. Il est qui pour qu'elle me saute à la gorge à la seconde où je les rejoins? Elle le cache? Ouh, intrigue. « Qu’est-ce qui t’amène ici Ariane ? » « On m'a dit que le champagne y était impeccable. Je viens pour les preuves. » mes mots sont pour elle, mes doigts sont pour la flûte subtilisée laquelle je remplis de leurs bulles toutes aussi volées. Ça doit la faire grogner, la pauvre, que je multiplie les gestes lents, que je prenne tout mon temps. Et pendant ça, j'analyse, je note, je mémorise, je scrute. Le verre à mes lèvres n'est que la fin de l'acte un, y'en a des tas d'autres qui viendront à sa suite.
« Et vous deux? Premier rendez-vous? » c'est clairement pas leur premier rendez-vous. Tu bois pas ce genre de champagne en ces moments-là. Non, ils célèbrent ils l'ont dit, et c'est secret, et ça les mettrait dans la merde si je le savais. Si tout le monde le savait? Ouh, intrigue bis. « Vous dérangez pas pour moi, je fais que me poser ici, j'attends juste quelqu'un. » j'attends absolument personne. J'attends juste que l'un ou l'une pète les plombs, plutôt.
Le doute n’était désormais plus permis, les deux jeunes femmes se connaissaient et Clyde commençait à sentir cette rencontre comme étant le début de problèmes qu’il aurait préféré éviter, surtout si Ariane faisait partie de l’équation. Il ignorait dans quelle mesure Halsey et la rousse s’appréciaient – ou pas – mais compte tenu de leur caractère à chacune, le brun partait déjà sur une note plus que défaitiste. “Tout le temps, 24h sur 24, 7 jours sur 7 on y allait là justement, j'ai tes gants dans ma voiture Clyde, c'est quand t'es prêt.” Une main fatiguée passa sur son visage tandis qu’il observait les dégâts se créer sans qu’il ne puisse rien n’y faire et ce sous le regard irrité d’Halsey qui semblait attendre de lui une explication qu’il ne pouvait pas – et ne voulait pas – lui fournir. S’il commençait à fournir des détails sur chaque femme ayant trouvé le chemin de ses draps, il n’en finirait plus et il donnerait bien trop de pouvoir à la brunette (qui en avait déjà un peu trop à son goût). Cela dit, la présence d’Ariane l’agaçait et il la fusilla du regard, espérant lui faire comprendre qu’elle ferait mieux de passer son chemin. “Arrête ton cinéma Ariane, tu vois bien que tu déranges là, non ?” Evidemment qu’elle le savait, et il était bien là le problème : elle créait des embrouilles pour le plaisir, rien de nouveau là-dedans. A nouveau, Clyde s’abstint de lâcher ce qu’il avait réellement à l’esprit, de peur de créer un tapage dont Ariane – et potentiellement Halsey – avait le secret et se contenta de jouer la carte du détachement, par égard pour la brune et pour cette soirée qu’il avait espéré bien plus attrayante que la tournure qu’elle promettait désormais. “Égoïste.” Si elle voulait, du moment qu’elle débarrassait le plancher. Mais le fait qu’elle s’empare d’une flûte supplémentaire en se penchant sur le bar lui indiquait que la rouquine avait d’autres desseins en tête et qu’ils risquaient de ne pas lui plaire. Halsey sembla à son tour perdre patience et lui demanda ce qu’elle faisait ici, avec une lassitude qui ne lui ressemblait pas. “Qu’est-ce qui t’amène ici Ariane ?” “On m'a dit que le champagne y était impeccable. Je viens pour les preuves.” Apparemment, ses tentatives de provocation étaient davantage dirigées vers Halsey que vers lui-même, ce qui poussa le brun à retenir une nouvelle fois la panoplie d’insultes qui lui venaient à l’esprit et à laisser la brunette se charger de faire fuir Ariane – c’était dans ses cordes, même si la rousse était du genre parasite tenace quand elle le voulait. “Et vous deux ? Premier rendez-vous ?” Le brun décida d’intervenir, refusant qu’Ariane ne décèle le moindre lien entre lui et Halsey. Son côté fouineur n’était bon pour aucun des deux, et puisqu’elle semblait décidée à mettre son nez là où ça ne la regardait pas, il fallait qu’il trouve quelque chose à lui mettre sous la dent pour qu’elle les lâche enfin. “On s’est connu à Perth, et on vient de retomber l’un sur l’autre. Le monde est petit, bien trop petit.” lança-t-il finalement en direction d’Ariane, cherchant à lui faire comprendre une nouvelle fois que sa présence dans ce lieu n’était pas désirée. Il pouvait déjà sentir Halsey s’embraser de l’intérieur, et pas de la façon dont il aurait aimé que cela se termine ce soir. “Vous dérangez pas pour moi, je fais que me poser ici, j'attends juste quelqu'un.” “Et tu pourrais pas l’attendre ailleurs ?” Du genre loin d’eux, là où son envie de semer le chaos ne pourrait plus les atteindre. C’était beau de rêver.
Halsey tâchait de se contenir et de ne pas laisser transparaître sa surprise et son agacement tandis qu’Ariane ne semblait de toute évidence pas décidée à les laisser tranquilles - et la brune n’était pas réellement surprise, car là où Ariane se pointait, le chaos suivait. A défaut de pouvoir cracher son venin et demander davantage d’explications à Clyde qui était étonnamment devenu peu loquace depuis qu’il avait vu la rousse s’approcher au loin, elle se contentait de prétendre un détachement qui ne prenait pas vraiment, et encore moins auprès d’Ariane et de Clyde. Si elle avait su que les deux personnes capables de lire à travers ses expressions de façade et d’avoir suffisamment de poids sur elle pour la déstabiliser se connaissaient, elle aurait mieux préparé le terrain dans l’idée d’une éventuelle rencontre. Too late, puisqu’elle était déjà en plein dedans, et que la tournure que prenait la conversation ne lui plaisait pas autre mesure, sans mentionner l’air condescendant d’Ariane qui lui donnait de l’urticaire car il était pour une fois dirigé vers elle. « Tout le temps, 24h sur 24, 7 jours sur 7 on y allait là justement, j'ai tes gants dans ma voiture Clyde, c'est quand t'es prêt. » Provocation de la rousse ou réalité ? Halsey mourrait d’envie de demander à l’un ou l’autre de développer, même si elle n’était pas certaine d’apprécier la réponse. Clyde lui passa devant, fixant Ariane d’un regard noir que la brune avait quelques difficultés à jauger – l’appréciait-il, la détestait-il, que cherchait-il à cacher au juste ? Les possibilités se multipliaient dans l’esprit d’Halsey, et pourtant, aucune d’entre elles ne lui convenait. Clyde était à elle, ou du moins, il était à elle et à quelques cruches insignifiantes. Quant à Ariane, elle ne faisait pas partie de l’équation concernant le brun, car elle était son amie à elle. Plutôt territoriale, la Blackwell – et pourtant, ça n’avait pas l’air d’avoir empêché ses deux acolytes de se rencontrer, et plus d’une fois vu le ton employé. « Arrête ton cinéma Ariane, tu vois bien que tu déranges là, non ? » Halsey se détourna de Clyde pour fixer Ariane – si le brun n’était pas décidé à se montrer plus bavard, nul doute que la rousse se ferait un plaisir de remuer le couteau là où il fallait, et que la brune n’avait donc même pas besoin de se départir de son air de détachement pour obtenir plus de détails. La question était plutôt de savoir si une fois ces détails obtenus, elle serait capable de se montrer toujours aussi impassible. Halsey se fendit donc d’un sourire affable, faisant mine de s’intéresser à la petite vie quotidienne de la rousse et les raisons qui pouvaient l’avoir menée dans un établissement de ce genre. « On m'a dit que le champagne y était impeccable. Je viens pour les preuves. » Un sourire éclatant étira les lèvres de la brune qui se fendit de quelques mots empreints d’une ironie non dissimulée. « Je t’en prie, sers-toi une flûte. » Comme si la rousse avait attendu son autorisation – alors qu’elle se montrait plutôt, comme à son habitude, incontrôlable. Si Halsey avait espéré éviter la question fâcheuse, Ariane avait sauté sur l’occasion sans même leur laisser une seconde pour accorder leurs violons, ce qui risquait d’être compliqué s’ils voulaient lui offrir une explication décente – et éloignée de la vérité qui n’était pas bonne à dire, surtout pas à une vipère de la sorte. « Et vous deux ? Premier rendez-vous ? » « On s’est connu à Perth, et on vient de retomber l’un sur l’autre. Le monde est petit, bien trop petit. » Halsey ne pouvait que comprendre la tentative de Clyde d’éloigner Ariane le plus possible de leur vraie relation – sachant qu’elle aussi se serait bien passé d’un interrogatoire à venir, ce soir et la prochaine fois qu’elle aurait la (mal)chance de recroiser la rousse. « Bien trop petit, en effet. » Elle avait essayé de se taire, mais l’envie de brièvement fusiller Clyde du regard avait été trop forte. « Vous dérangez pas pour moi, je fais que me poser ici, j'attends juste quelqu'un. » A cet instant-là, Halsey avait presque envie de se lever et de planter la rousse sur la place, histoire de la laisser avec ses bulles qui semblaient suffisantes pour l’occuper. Mais non, Ariane cherchait la merde, et le meilleur moyen de la renvoyer chez elle était encore de ne pas lui céder une once de terrain – et puis, la voir rager était si satisfaisant. « Et tu pourrais pas l’attendre ailleurs ? » La pique était bien lancée, mais elle ne faisait pas assez mal pour espérer que la rousse daigne bouger son petit doigt, ou mieux, oublie de continuer à les emmerder. « Je vois pas ton alliance. Me dis pas que c’est pas lui que t’attends ? » La brune offrit une moue trahissait l’étendue de sa – fausse – déception. Si elle savait que ce n’était pas un mariage d’amour, apparemment du moins, elle se réjouissait d’avance de jauger à la réaction de Clyde le lien qui pouvait bien l’unir à la rousse, même si elle espérait au fond d’elle que l’information ne lui fasse ni chaud ni froid. Il ne manquerait plus qu’elle doive détester sa seule amie – et l’idée l’attristait presque autant que la rousse l’énervait à cet instant.
Je sais pas pourquoi je me fais chier avec leur joute honnêtement, quand je pourrais simplement leur piquer la bouteille et me tirer tout bonnement. « On s’est connu à Perth, et on vient de retomber l’un sur l’autre. Le monde est petit, bien trop petit. » « Bien trop petit, en effet. » apparemment, voir Clyde aussi rageur et mal à l'aise et Halsey aussi piquante et faussement détachée, ça fait office de presque cadeau de Noël à l'avance. « Ouais on se connaît tous déjà très bien, c'est bon pour les sous-entendus, tout le monde a compris là. » si ils pensent que je vais jouer à leur petit jeu de lire entre quarante lignes et quarante autres, ils vont devoir patienter longtemps pour la subtilité.
« Et tu pourrais pas l’attendre ailleurs ? » « La vue ici est meilleure. La compagnie aussi. » non je pourrais pas l'attendre ailleurs parce que j'attends personne. La seule chose que j'attends, c'est qu'un des deux explosent et en vrai, ça risque pas d'être si long que ça à les voir échanger pléthores de regards de côté. Ils bouillent, je jubile.
Et Halsey en rattrape une, et une bonne, au vol. « Je vois pas ton alliance. Me dis pas que c’est pas lui que t’attends ? » ma coupe se pose doucement sur le bar, tout aussi doucement que mon regard qui se relève vers elle. Oh, on joue à ça? « Elle est chez le joaillier. » l'ironie est douce quand le joaillier est italien et qu'il m'en a donné une à sa façon, d'alliance, pour remplacer l'autre et les boulets aux pieds qu'elle représentait. Levi est depuis longtemps rayé, ce sera pas ainsi qu'elle risque de me blesser, celle que je considère sans un seul doute comme ma meilleure amie. On a l'amour vache par contre, à nous voir. Qui ça étonne. « Oh, mais j'y pense, j'aurais dû te demander tes recommandations Halsey. Tu dois en connaître tout un rayon en alliance à force. » à force, avec tous ses mariages et avec toutes ces idylles et avec tous ces détails que Clyde doit connaître. Et s'il les connaît pas, bah voilà, on s'amuse, on discute, on fait du catching up, n'est-ce pas? « Promis, la prochaine fois je me tourne vers toi. »
Clyde fit mine d’ignorer le regard noir d’Halsey, qu’Ariane avait bien entendu saisi au vol. “Ouais on se connaît tous déjà très bien, c'est bon pour les sous-entendus, tout le monde a compris là.” Ce n’était pas parce que la rousse pensait avoir compris quelque chose de leur relation qu’ils se devaient de lui fournir un play-by-play de leur historique - d’autant plus que sous ses airs hautains, elle était encore bien loin de saisir la réalité. Certes, plus personne n’était réellement dupe sur les liens qui les unissait tous les trois, mais c’était l’étendue de ces liens qui restait un mystère que Clyde comptait bien préserver - vis-à-vis d’Ariane, mais également d’Halsey, même si quelque chose lui disait que la rouquine ne manquerait pas de lui faire savoir de ce qu’elle avait réellement partagé avec le brun. A défaut de balancer les informations croustillantes immédiatement, elle donnait l’impression de jubiler à fourrer ainsi le nez dans ce qui ne la regardait pas. “La vue ici est meilleure. La compagnie aussi.” “Ça dépend du point de vue.” Les mots avaient sifflé, amers, tandis que le brun ne savait plus par quel chemin passer pour annoncer à Ariane que sa présence n’était vraiment pas désirée, et que lui ne comptait pas lever le camp pour lui laisser la place. Il sentait bien que toutes les remarques et mêmes toutes les injures qu’il avait en stock ne suffiraient pas. Il espérait simplement qu’Halsey se montre plus inventive que lui sur ce coup-là, car il se retrouvait désormais pieds et poings liés - ne voulant pas tenter le diable et se vendre seul sur l’étendue de ce qu’il avait partagé avec la rousse, même si Halsey et son faux air détaché donnait l’impression qu’elle l’avait déjà partiellement deviné. Désormais, il n’était peut-être même plus temps de sauver la soirée, mais d’éviter la crise de nerfs qui risquait d’émerger plus tard dans la nuit, à en juger par les traits tirés de la brune qu’il ne connaissait que trop bien. “Je vois pas ton alliance. Me dis pas que c’est pas lui que t’attends ?” Celle-là, il ne l’avait pas vue venir. Sans tenter de masquer sa surprise, il s’était retourné vers Ariane - elle était mariée, sérieusement, la même Ariane que celle qui se moquait du romantisme, de l’amour et de toutes ces conneries ? Qu’elle ait trompé son mari, avec lui comme avec d’autres, ça ne l’étouffait pas de remords, mais la pilule ne passait pas. Il avait soudainement envie de lui renvoyer la monnaie de sa pièce pour toutes ses remarques moqueuses de nana insensible qui prenaient désormais un autre sens, encore bien plus faux que son sourire. “Elle est chez le joaillier.” Et c’est qu’en plus elle ne tentait même pas de nier, ce qui finit de parachever l’air incrédule sur les traits du brun. “Oh, mais j'y pense, j'aurais dû te demander tes recommandations Halsey. Tu dois en connaître tout un rayon en alliance à force. Promis, la prochaine fois je me tourne vers toi.” La sentence était tombée - elle devait en connaître un paquet sur la vie d’Halsey pour savoir tout ça, et la situation est donc encore plus merdique que ce qu’il avait imaginé. Le regard du brun alterna entre les demoiselles et le sol qu’il fixait sans savoir s’il pouvait prétendre ne rien savoir de tout ça, et être juste retombé sur Halsey - sauf que non, Ariane lirait clair dans son jeu et il le savait. Il préféra éviter le sujet des mariages de la brune qu’il ne connaissait que trop bien, lui laissant tout le loisir du monde de s’occuper de cette attaque qui était très clairement dirigée. “J’ai dû louper l’information entre deux uppercuts et un aller-retour à l’hôpital.” Il avait su lui péter un poignet, qu’elle ne vienne pas trop le chercher - même si elle n’attendait sûrement que ça, la garce. “Félicitations. Le mariage te va à ravir.” Un sourire narquois bien trop visible sur les lippes, il attrapa sa coupe avant de boire une gorgée à son tour - finalement, cette interruption se montrait plus intéressante que prévu, puisqu’il n’était pas le seul à en prendre pour son grade.
Les doigts de Halsey pianotaient sur le comptoir du bar où ils étaient installés, seul signe visible de son impatience à peine contenue alors que son visage, lui, restait de marbre. “Ouais on se connaît tous déjà très bien, c'est bon pour les sous-entendus, tout le monde a compris là.” En effet, ce détail n’avait échappé à personne et la brune se serait volontiers moquée de la coïncidence si seulement celle-ci ne concernait pas les deux personnes les plus proches qu’elle avait laissé entrer dans sa vie. Ses retrouvailles avec Ariane dans cette ville tenaient du plus grand des hasards, mais ça n’était rien en comparaison du fait que la rouquine et Clyde semblaient se connaître, et plutôt intimement si elle en croyait son intuition. “La vue ici est meilleure. La compagnie aussi.” “Ça dépend du point de vue.” La brune assistait à la joute verbale, taiseuse – ce qui ne lui ressemblait pas mais n’augurait rien de bon – et observant la dynamique qui se dégageait entre Ariane et Clyde, notant mentalement tout ce que l’un et l’autre laissait échapper. Les regards ne trompaient pas et si la rousse se montrait aussi à l’aise avec lui, c’était qu’ils avaient forcément partagé plus que quelques piques acerbes. La mâchoire contractée, elle lança une première attaque dirigée sur l’absence d’alliance au doigt de son amie, cherchant à son tour à la déstabiliser de la même manière qu’elle venait de le faire, mais sans s’en rendre compte. Ariane posa sa coupe sur le comptoir avec une lenteur aussi dramatique que son auteure et releva ensuite les yeux vers la brune qui l’observait avec une lueur de défi dans le regard que seul son sourire de façade venait adoucir. De biais, Halsey nota la surprise sur le visage de Clyde et se promit de lui demander de lui fournir en détail tout ce qu’il avait à lui dire sur sa relation avec la rouquine, sans quoi elle risquait très certainement de vriller avant la fin de la nuit. “Elle est chez le joaillier.” La brunette pencha la tête sur le côté sans prononcer le moindre mot, signe qu’elle n’avalait en aucun cas ses salades. “Oh, mais j'y pense, j'aurais dû te demander tes recommandations Halsey. Tu dois en connaître tout un rayon en alliance à force. Promis, la prochaine fois je me tourne vers toi.” Un sourire mauvais étira les lèvres de la brunette qui avala une gorgée de champagne dans un geste maîtrisé qui dénotait des émotions qui faisaient pourtant tempête en elle. « T’as pas les moyens de te payer les services du joaillier chez qui je vais. » Lança-t-elle sans se départir de son sourire en l’observant de haut en bas avant de reporter son attention sur Clyde qui semblait encore sous le choc d’apprendre le statut d’Ariane. C’était quoi son problème, il était prêt à lui faire sa demande ou quoi ? Une nouvelle pointe de jalousie lui serra la poitrine et elle posa ses yeux sur lui, attendant qu’il réagisse à son tour. “J’ai dû louper l’information entre deux uppercuts et un aller-retour à l’hôpital. Félicitations. Le mariage te va à ravir.” Ou pas. Halsey se rappelait fort bien de l’état dans lequel elle avait trouvé Ariane et par conséquent, savait que sa relation n’avait pas apporté l’effet escompté. « Tu devrais pas être à son chevet au lieu de pomper tout notre champagne ? Ou alors ça y est, il a rendu l’âme ? » Bitch dans l’âme, Halsey n’avait plus aucune limite lorsqu’elle se sentait menacée sur son propre terrain.
« T’as pas les moyens de te payer les services du joaillier chez qui je vais. » « Dis toujours. » que j'amène Saül directement devant la devanture du commerce, que je le lui pointe du doigt, qu'il l'achète dans la seconde et triple ses prix quand elle y entre. Quoi, on doit prendre en maturité avec l'âge? Lol ouais nan, à d'autres. “J’ai dû louper l’information entre deux uppercuts et un aller-retour à l’hôpital.”
Oh, pauvre chaton. Pauvre gamin qui aurait voulu recevoir un faire-part et une liste de suggestions de cadeaux peut-être? Son ton me fait rire, alors je ris. Aussi simple que ça. Il est pas du genre à poser des questions et je ne suis pas du genre à y répondre, ça nous avait toujours réussi par le passé et ce soir encore, il l'a compris. Les seuls détails dont personne ne veut rien savoir et qui ont tout sauf leur place viendront de l'autre langue de vipère dans la pièce, celle que j'aime autant que je la déteste. “Félicitations. Le mariage te va à ravir.” mes paupières battent la mesure, l'absence d'alliance à mon doigt est relancée par la montre à mon poignet. La montre dont ils nous pas une foutue idée de la signification et ça, c'est la plus belle et la meilleure des victoires à mes yeux.
Puis évidemment qu'elle manque d'attention. Elle est pas la vedette, elle rage que son gars me parle, que ses bulles soient dans ma flûte. « Tu devrais pas être à son chevet au lieu de pomper tout notre champagne ? Ou alors ça y est, il a rendu l’âme ? » ah ouais, on va là? C'est vraiment ce qu'elle a envie d'aborder la conne, quand elle sait aussi bien que moi que ce genre d'informations frôlent mes lèvres une fois par vie? Elle vient de brûler toutes ses cartouches. On se confie pas, on parle pas de nos états d'âme, jamais. On fait les filles fortes, on s'y croit presque. J'ai flanché une fois, j'ai eu besoin d'elle une fois, et c'est comme ça qu'elle la joue?
« Tiens, ton champagne. » celui auquel elle tient tellement, celui qui est projeté de ma coupe à sa tête de bâtarde, celui qui aurait pu la noyer que j'en aurais rien eu à foutre. Un baser soufflé en direction de Clyde et le rideau tombe sur ma silhouette qui file hors du bar sans même regarder par-dessus mon épaule une seule fois.
C'est l'enfer à la maison, encore. C'est dans une salle annexe du restaurant d'en face que Saül termine une négociation avec un entrepreneur Brésilien. L'amateur de vin italien a toute la sympathie de l'homme d'affaires, qui lui sort cinq sourires de l'heure. Celui là, Saül l'a dans la poche. Les négociations ne sont pas complexes, si bien qu'avec un peu de chance, l'italien pourra très bientôt rejoindre son chez-lui, celui qui n'est pas proche de ressembler à l'enfer. C'est confus ? Revenez un peu en arrière.
Il y a de l'agitation, dans le bar d'en face. Quand Saül a conduit son confrère hors du restaurant, il reconsidère le retour, et s'approche plutôt du lieu de toutes les passions. C'est un endroit huppé auquel il s'est déjà rendu avec quelques collègues, pour fêter de gros investissements. Au comptoir, trois personnes, dont deux que les yeux de Saül reconnaissent immédiatement. Il a l'air idiot, Saül, sans un verre à siroter en attendant l'explosion qui menace. Une fois ce problème remédié par l'acquisition d'une flûte de champagne, l'italien compte les secondes avant le crash. Les trois lascars ne l'ont probablement pas vu, trop occupés à se chercher des noises. Les paris sont lancés : la bouteille finira-t-elle sur la tête de Halsey ? Le poing de Ariane contre le nez de l'homme qui l'accompagne ?
Manqué. C'est le verre dont elle jette le contenu au visage de Halsey qui déclenchera peut-être la guerre. Quand Ariane file à travers le bar, Saül l'attrape au passage, sourire aux lèvres. « Tu es d'une violence. C'est outrageux. » Et splendidement exécuté. L'instant d'après, Saül tend sa coupe à Ariane, en espérant qu'elle n'en fasse pas usage dans ses cheveux à lui, parfaitement en ordre - juste comme elle les déteste. « On s'en va. Tu fais esclandre et c'est moi qu'on va mettre sur liste noire. » La voiture n'est pas garée bien loin, et la soirée ne fait que commencer. Qu'elle le suive ou pas, Saül est déjà dehors, les lèvres étirées par le souvenir de l'audacieuse scène à laquelle il vient d'assister.
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que les éclairs dans les yeux d’Halsey ne laissaient présager rien de bon, et pire encore. En temps normal, Clyde aurait souri d’assister à une telle scène, et se serait presque délecté des piques finement lancées de la brune, tant qu’elles ne lui étaient pas destinées. Mais ce soir, alors que leur rendez-vous extra-professionnel venait de prendre une tournure aussi inédite que dangereuse, il se sentait réellement pris au piège entre deux femmes - ne sachant pas laquelle craindre le plus, par ailleurs. Il était évident que devant Halsey, il ne pouvait décemment sauter aux bras d’Ariane - ce qu’il n’aurait par ailleurs jamais voulu faire - car cette dernière, aussi calculatrice soit-elle, aurait risqué de lui arracher les yeux avant qu’il n’ait pu se protéger. Pour quelques minutes encore, il était question de préserver les apparences, de conserver un sourire contrit et l’air du mec surpris mais plutôt à l’aise, sans la moindre idée qu’il allait sûrement passer le pire quart d’heure de sa vie dans les minutes qui allaient suivre. Non, tout allait bien. “Tu devrais pas être à son chevet au lieu de pomper tout notre champagne ? Ou alors ça y est, il a rendu l’âme ?” Tout allait bien, past tense. La phrase de trop, celle qu’il ne comprenait pas réellement, mais il vit instantanément sur les traits d’Ariane que même elle n’aurait pas osé aller si loin, et c’était dire. “Tiens, ton champagne.” La surprise le retint de saisir là un air de déjà-vu lorsque le contenu du verre d’Ariane dégoulinait sur le visage d’Halsey tandis que la rousse avait déjà tourné les talons. Il ouvrit des yeux tout à la fois étonnés, agacés et presque admiratifs lorsqu’Ariane lui envoya un baiser à la volée et disparut de leur champ de vision tout aussi rapidement qu’elle y était apparue. Clyde avait loupé des informations en chemin, mais il ne faisait aucun doute que les deux femmes se connaissaient bien - et même suffisamment bien pour qu’Halsey ait réussi à faire fuir Ariane en usant d’informations un peu trop sensibles, ce qui était un exploit, considérant les velléités de la rousse de leur gâcher la soirée seulement quelques minutes auparavant.
Cela ne lui faisait pas particulièrement plaisir de voir Ariane s’enfuir ainsi, car même s’il prenait un malin plaisir à l’embêter dès qu’il la croisait, au fond il l’appréciait suffisamment pour ne pas réellement vouloir l’emmerder. Pourtant, les priorités restaient à Halsey, qui risquait de commencer à fumer - littéralement - avec tout cet alcool jeté au feu de son agacement plus que palpable. “Je suppose que tu ne l'as pas mérité ?” lâcha-t-il d'un ton neutre, même si ses mots n'étaient pas exempts de sarcasme. Le brun attrapa néanmoins une serviette devant lui et la tendit à la brune, attendant son accord avant de l’aider à éponger les gouttelettes qui se perdaient dans ses cheveux, car il craignait qu’elle le repousse sans vergogne alors que la soirée avait pourtant si bien commencé. Clyde finit tout de même par se retourner, même si la possibilité qu’Ariane revienne en courant était plutôt faible, et il fut surpris de la voir s’éloigner aux bras d’un homme qu’il eut le temps de reconnaître. Saül Williams, le gros poisson qui leur semblait jusque là inatteignable. Le fait qu’il connaisse Ariane valait de l’or, si seulement le moment avait été plus adéquat pour engager la conversation, et qu’Halsey ne ressemblait pas à une serpillière. Le brun finit donc par se retourner vers elle, coupant court à toute envie de courir derrière la rousse pour se venger - chose qui allait très mal se terminer pour la jeune femme si elle le faisait, et il le savait par expérience. “Y a ton boss avec Ariane, alors évite d’aller l’étrangler.” Est-ce que cette information suffirait à détourner Halsey du fait qu’elle voulait sûrement l’étrangler lui ? Peu de chances. “Viens on rentre, c’est foutu là.” La faute à qui, Parker ou Blackwell ? Clyde se fendit néanmoins d’un sourire, conscient qu’il n’était pas réellement en position de force après cet esclandre. “On fêtera ça encore mieux la prochaine fois.” Si elle ne le tuait pas dans son sommeil avant.
« Dis toujours. » Débordant d’assurance et ravie d’être le centre de l’attention, Ariane l’observait avec un air satisfait qui irrita d’autant plus la brune qui secoua la tête ; elle garderait ses bonnes adresses pour elle, la rouquine serait capable de mettre le feu au magasin juste pour l’empêcher d’y retourner. C’était si beau l’amitié. “J’ai dû louper l’information entre deux uppercuts et un aller-retour à l’hôpital.” Halsey plissa les lèvres, comprenant que cette phrase sous-entendait un historique entre les deux qui hérissait la brune, même si elle ignorait ce que tout ça pouvait impliquer. “Félicitations. Le mariage te va à ravir.” Il n’avait pas l’air de penser ce qu’il disait, mais encore une fois, difficile de savoir ce que Clyde avait en tête lorsqu’il était décidé à revêtir son masque d’impassibilité. La jeune femme, quant à elle, avait dépassé ce stade et fulminait de plus en plus, comprenant qu’Ariane et Clyde n’étaient guère des amis mais qu’ils avaient partagé plus qu’une glace par le passé. Les mots franchirent ses lèvres avec impulsivité – un trait de caractère qu’elle tentait de corriger mais qui revenait à la charge dès qu’elle se montrait un peu trop passionnée – et le regard que lui lança Ariane lui fit comprendre qu’elle avait été trop loin. Sauf que la colère était trop présente et que son égo avait été piétiné, la poussant même à sourire au lieu de s’excuser d’avoir ainsi bafouer les lois tacites de leur amitié. « Tiens, ton champagne. » Le contenu de son verre s’envola droit sur son visage – encore ? Ça en devenait presque lassant – et la rouquine s’éloigna, non sans envoyer un baiser en direction de Clyde. Dans un soupir, Halsey passa ses doigts manucurés sous ses yeux, tentant d’enlever le liquide qui lui piquait les yeux tout en conservant le peu de dignité qu’il lui restait – that bitch. Ignorant Clyde – il était désormais la seule personne encore présente sur qui elle pourrait se défouler – elle se releva d’un bond tout en essayant de calmer la fureur qui s’emparait d’elle et qui ne faisait qu’augmenter, tentée de partir à la poursuite de la rouquine pour lui faire payer son geste. “Je suppose que tu ne l'as pas mérité ?” Elle releva un regard vif vers lui, une lueur d’énervement dansant dans ses yeux face à la moquerie sous-jacente de sa question. « Je te trouve bien détendu pour quelqu’un qui s’apprête à passer la nuit tout seul. » Siffla-t-elle en serrant les dents, sentant sa jalousie revenir à la charge en imaginant son amie dans les draps de Clyde. Ce dernier attrapa une serviette et la lui tendit, attendant un hochement de tête qu’elle lui accorda d’un air mauvais avant de l’aider à rattraper le désastre qu’était devenus ses cheveux. Occupée à récupérer une apparence potable, Halsey ne prêta pas attention au regard fuyant du brun qui finit par se pencher vers elle, l’obligeant à relever la tête vers lui. “Y a ton boss avec Ariane, alors évite d’aller l’étrangler.” C’était une mauvaise blague, pas vrai ? Et pourtant, c’était bien Saül qui disparaissait de l’établissement accompagné d’Ariane, provoquant un froncement de sourcils chez la brunette qui n’aurait pas cru pouvoir tomber d’encore plus haut. « Décidément, le monde est petit. » Lança-t-elle, non sans ironie, en relevant les yeux vers lui. Le sarcasme était clair et il paraissait évident qu’elle n’en resterait pas là. “Viens on rentre, c’est foutu là. On fêtera ça encore mieux la prochaine fois.” Il lui adressa un sourire auquel elle ne répondit pas, encore bien trop énervée par ce qu’il venait de se passer. Attrapant son sac, elle pencha la tête sur le côté tout en gardant une expression fermée. « Tu vas surtout m’expliquer comment tu connais Ariane. » Ce n’était pas ainsi qu’elle avait prévu de passer sa soirée, mais il lui paraissait essentiel de clarifier cette situation ; la rouquine ne pouvait pas faire le lien entre eux et encore moins avoir des soupçons, elle était bien trop agaçante pour qu’elle puisse le permettre.