“Je te trouve bien détendu pour quelqu’un qui s’apprête à passer la nuit tout seul.” “Qu...” Il aurait voulu protester, lui rappeler qu’après avoir usé de ses charmes sur elle, la brunette craquerait sans doute. Pire, il aurait pu mentionner Ariane, mais il avait connu meilleur moment pour la contredire, et c’était un euphémisme. Clyde se contenta donc de se raviser et d’encaisser la remarque sans broncher avant de prendre son hochement de tête pour un accord implicite et de l’aider à éponger le gros du champagne venu se répandre sur son brushing parfait qui n’était plus aussi parfait - chose qu’il pouvait également éviter de mentionner, s’il voulait s’éviter un énième regard noir. Alors qu’il détournait momentanément l’attention d’Halsey vers Saül, ce qui eut au moins pour conséquence salvatrice qu’elle ne soit pas tentée de déclencher une bataille de chiffons dans le restaurant, cela ne semblait pourtant pas suffisant pour lui faire oublier la pensée qu’elle se traînait très clairement depuis qu’Ariane avait fait irruption entre eux. “Décidément, le monde est petit.” Elle pourrait se montrer un peu plus claire, car il ne comprenait vraiment pas où elle voulait en venir - du moins préféra-t-il le faire croire quelques instants supplémentaires. Il savait que mentionner Ariane une nouvelle fois reviendrait à se jeter tout seul dans la cage aux lions, et il était donc bien décidé à éviter le sujet tant qu’Halsey n’y referait pas référence elle-même. Il n’était pas suicidaire, tout de même, et toutes les blagues n’étaient pas bonnes à faire, surtout lorsqu’il pouvait prévoir par avance que celles qu’il avait en tête ne plairaient que peu à la Blackwell.
Il se leva donc de son siège et préféra lui sourire en lui faisant signe qu’il était préférable de se diriger vers la sortie, et nul doute qu’Halsey n’avait pas à cœur de continuer cette soirée, surtout maintenant que son brushing - élément essentiel d’une soirée réussie - était ruiné. “Tu vas surtout m’expliquer comment tu connais Ariane.” Sans avoir besoin de plonger son regard dans celui de la brune, il le sentait le transpercer de part en part tandis qu’il déposait un billet sur le comptoir avant de prendre le chemin de la sortie. Durant quelques instants, il réfléchit à la meilleure manière d’aborder le sujet - car, quand bien même il était encore libre de ses faits et gestes, il voyait bien dans les réactions de la brune que cela l’affectait plus que de mesure. Plus qu’aucune autre femme par le passé, d’ailleurs, et c’était ce qui confirmait les soupçons du brun quand à la relation qu’entretenait les deux amies, ou quelque soit le qualificatif le plus adapté pour les définir. Il aurait pu la regarder droit dans les yeux et lui balancer la plus stricte vérité, mais il savait par avance qu’il ferait plus que l’agacer - peut-être pourrait-elle même en être blessée, et bien qu’il ne veuille pas se l’avouer, il ne voulait pas faire partie des gens qui pouvaient faire du mal à la jeune femme. La contredire, l’emmerder, se moquer d’elle, c’était autre chose - mais la blesser, là était la limite devant laquelle il se retrouvait désormais, et qu’il craignait de franchir. Alors, il prit la tangente, même si ce n’était qu’une manière de gagner du temps, qui finirait par s’effriter entre ses doigts lorsqu’il se retrouverait au pied du mur. “Je te l’ai dit, on boxe ensemble.” Vérité. “On ne se connait pas depuis longtemps.” Vérité. “Et toi ? T’as l’air d’en savoir un paquet sur sa vie, et elle aussi.” Tangente. “Elle te connaît à quel point ?” Retournement.
“Qu...” La brune haussa un sourcil, désireuse de voir s’il allait pousser le vice à plaisanter dans un instant pareil, mais il s’interrompit et ne releva pas le mot, signe qu’il avait soit lu dans ses pensées, soit qu’il avait compris que la situation n’était guère propice à l’humour. La brune était dans tous ses états – même si elle faisait de son mieux pour donner le change et garder la face – et seul un léger tremblement de ses mains indiquait sa fureur, ainsi que son visage fermé qui restait résolument fixé sur tout ce qui n’était pas Clyde. Le brun ignorait sa relation avec Ariane et par conséquent, elle ne pouvait réellement le blâmer d’avoir entretenu des rapports avec elle. Cela dit, la logique avait quitté son esprit pour laisser place à l’impulsivité qui la caractérisait, et la jalousie qu’elle ressentait en cet instant avait chassé toute possibilité de réflexion. S’efforçant de rendre à ses cheveux un aspect légèrement moins désastreux, Halsey laissa son regard glisser sur le duo que formait la rouquine avec Saül avant de se servir de cette révélation pour enfoncer davantage le clou, arguant que le monde était étrangement petit. Ariane et Saül, Ariane et Clyde… Avait-elle un besoin désespéré de se taper tout ce qui bougeait autour de la brune ? Le jeune homme lui proposa de mettre les voiles, supposant – avec justesse – que la soirée avait pris fin à l’instant où ce champagne avait fini sa course sur elle et non dans leur verre. Elle ne lui rendit pas son sourire et ignora sa tentative d’apaiser la situation, préférant entrer dans le vif du sujet en lui demandant comment il connaissait Ariane. Nul doute que cette conversation n’allait pas calmer ses nerfs, mais le besoin de comprendre et d’apaiser sa curiosité prenait le pas sur le reste tandis que ses yeux bleus fixaient le brun sans ciller. Ce dernier déposa un billet sur le comptoir avant de se diriger vers la sortie, attendant de s’éloigner quelque peu du restaurant avant de reprendre la parole. Ce silence n’augurait rien de bon à Halsey qui craignait qu’il ne lui invente une histoire destinée à apaiser son courroux alors que tout ce qu’elle désirait de lui à présent, c’était la foutue vérité. Quelle qu’elle soit. “Je te l’ai dit, on boxe ensemble.” Une vraie complicité de sparring-partner, c’était donc à ça que ça ressemblait ? La croyait-il née de la dernière pluie, après tout ce temps ? C’était très insultant. “On ne se connait pas depuis longtemps.” Et plus vague encore, c’était possible ? « Ne me dis pas que c’était tout ce que vous faisiez ensemble, je connais Ariane et je te connais toi. Votre conversation sous-entendait plus que ça. » Observatrice, Halsey avait appris depuis bien longtemps à lire entre les lignes et à capter les regards, décelant l’inavouable chez bien d’autres personnes avant eux. “Et toi ? T’as l’air d’en savoir un paquet sur sa vie, et elle aussi.” Effectivement, mais à ce stade, la brune ignorait si elle avait envie de partager ça avec lui. Ariane et elle avaient une relation inexplicable que peu de gens pouvaient comprendre. Clyde en ferait forcément partie, mais les évènements de la soirée avaient refroidis la jeune femme à son égard. “Elle te connaît à quel point ?” Décidant de ne prendre en considération la sphère professionnelle, Halsey jugea qu’il méritait d’avoir quelques détails, au moins pour être en mesure de les protéger si Ariane revenait à la charge et décidait de leur rendre la vie impossible – une activité qu’elle affectionnait beaucoup, d’autant que la brune était consciente de l’avoir mise en rogne en allant beaucoup trop loin dans ses paroles. « Ca fait presque dix ans. On se connaît à ce point là. » Qu’il ne compte pas sur elle pour se montrer loquace en plus de ça, c’était sur leur relation qu’elle s’interrogeait, et il n’était pas question de le laisser renverser la tendance pour se défiler. Pas avec elle.
Si Clyde avait espéré marcher en silence jusqu’à la voiture et mettre le désastre de cette soirée derrière eux aussi vite que possible, ce n’était visiblement pas l’intention d’Halsey qui y voyait là le moment parfait pour un interrogatoire en bonne et dûe forme. Il tenta vainement de rester vague sur ce qui le liait à Ariane, sans pour autant mentir à la brunette, mais lui-même savait qu’il n’était pas assez convaincant pour espérer qu’elle le croit. “Ne me dis pas que c’était tout ce que vous faisiez ensemble, je connais Ariane et je te connais toi. Votre conversation sous-entendait plus que ça.” Le brun continua à avancer tandis qu’il sentait l’agacement s’enraciner peu à peu, là où il était resté calme jusqu’à présent. Il avait essayé de contenir la tension autant que possible - alors qu’il aurait pourtant pu mettre de l’huile sur le feu, ce qui aurait été amusant mais suicidaire, certes. Néanmoins, le fait qu’Halsey ne cesse de se montrer de plus en plus vindicative envers lui finit par le faire exploser sans que lui-même n’ait pu le prévoir - car s’il savait se montrer patient, il y avait une limite à ne pas franchir, au-delà de laquelle il ne répondait plus de rien. Toujours en marchant, il finit par se retourner vers elle tandis que son sourire compréhensif s’évanouissait et qu’il adoptait le même ton tranchant qu’elle, la transperçant de son regard à son tour. “Si tu sais déjà tout pourquoi tu me demandes ?” Il avait tenté de la jouer sympa et de rester évasif, mais le point de non-retour était désormais franchi, et il n’avait pas l’intention de continuer à se faire marcher sur les pieds sans rien dire. “Et puis qu’est-ce que ça peut te foutre ? Aux dernières nouvelles j’me tape encore qui je veux.” Pour aussi vulgairement que la phrase était sortie, elle avait au moins le mérite d’avoir été honnête - et après tout, c’était ce que cherchait la brunette, non ? Qu'elle ose le contredire, et il lui renverrait à la gueule la liste de tous les mecs qu'il avait vu se faufiler hors de chez elle.
Halsey pouvait se prétendre être la personne la plus lésée de cette histoire, mais la vérité était que Clyde ne connaissait pas suffisamment Ariane pour que leur relation puisse causer du tort au duo - là où ce qui liait les deux jeunes femmes paraissait bien plus complexe. Ariane ne savait pas grand chose sur la vie du brun, mais il lui avait semblé qu’elle en connaissait bien plus sur Halsey, et tout cela devenait bien plus problématique. Si le duo échangeait peu sur leurs vies privées respectives, c’était également qu’elles contenaient peu d’éléments réellement stables comme des amis de longue date avec lesquels ils partageaient une réelle complicité. Dans leur genre de business, la confiance ne s’accordait pas à n’importe qui, ou ne s’accordait pas tout court, à en juger par la défiance permanente qui persistait entre eux, quand bien même ils n’avaient plus rien à se cacher quant à leurs activités. Alors si Clyde devait soudainement se méfier d’Ariane - qui au-delà d’être une peste notoire, connaissait visiblement une de leurs cibles potentielles - il méritait d’être au courant. “Ça fait presque dix ans. On se connaît à ce point là.” S’il était surpris qu’Halsey puisse avoir des amis d’aussi longue date, il l’était moins en sachant à qui elle avait affaire en face - à croire que l’adage ‘qui se ressemble s’assemble’ était fait pour les deux femmes, aussi insaisissables et insupportables l’une que l’autre. “C’était pas ma question.” Comme s’il pouvait se permettre de lui reprocher de tourner autour du pot, là où lui-même avait tenté la même chose. “Elle sait ce que tu fais ? Elle sait ce qu’on fait ?” Et autant dire qu’il ne parlait pas de leurs jobs de gratte-papier.
Clyde cherchait à enlever son caractère dramatique à cette rencontre et à ces liens qui se dévoilaient entre eux et Ariane, mais c’était mal connaître la brune qui ne comptait pas en rester là tant qu’elle n’aurait pas obtenu des réponses – et partenaires de boxe n’en était pas une. Tout en s’éloignant du restaurant où ils étaient supposés être entrain de passer une soirée agréable et fêter une réussite – merci Ariane d’avoir gâché ce moment – Halsey insista pour qu’il cesse de minimiser l’importance de leur relation, sachant pertinemment qu’il avaient échangé davantage que quelques coups sur un ring. Un regard de biais lui annonça que son insistance commençait à irriter le brun, mais elle s’en fichait bien ; il lui faudrait bien plus qu’un regard sombre et une mâchoire contractée pour cesser de vouloir connaître la vérité. “Si tu sais déjà tout pourquoi tu me demandes ?” A quel moment était-ce à lui de se mettre en colère avec ce qu’il venait de se passer ? Aux dernières nouvelles, c’était elle qui avait encore fini avec du champagne dans les cheveux et elle qui se sentait comme le dindon d’une farce qu’elle ne trouvait absolument pas à son goût. Cette perte de contrôle et ce manque d’informations n’avaient fait qu’ajouter une couche à l’énervement déjà bien avancé de la brune, exacerbé par la jalousie qu’elle avait immédiatement ressenti en comprenant ce qui liait Clyde et Ariane. « Je veux te l’entendre dire. » Parce qu’il était trop facile de surfer sur ses suppositions plutôt que de les avouer à haute voix. “Et puis qu’est-ce que ça peut te foutre ? Aux dernières nouvelles j’me tape encore qui je veux.” Halsey accusa le coup sans broncher, continuant simplement de marcher en serrant les dents – et sans même savoir où elle allait – car si l’argument était valable, il n’en restait pas moins blessant. Mais Clyde marquait un point, il était libre de voir qui il voulait. La jeune femme regrettait simplement que ça soit la rouquine qui ait trouvé le chemin de son lit, car il y avait une différence entre imaginer ses conquêtes et connaître l’une d’entre elles de façon aussi personnelle. « Mais absolument, je n’ai jamais remis ça en doute. Tu te tapes ce que tu veux. » Si le calme de sa voix tranchait avec l’irritation qui perçait dans celle du brun, la jeune femme était pourtant toujours aussi en colère, agacée qu’il ne comprenne pas pourquoi elle réagissait de cette manière. Halsey n’accordait de crédit qu’à peu de personne, et si son amitié avec Ariane était compliquée, elle n’en demeurait pas moins réelle. Et le fait que les deux personnes les plus proches d’elle aient pu se connaître et coucher ensemble à son insu avait comme une saveur de trahison qui lui donnait des envies de meurtre. Clyde l’interrogea à son tour sur sa relation avec Ariane et si son premier réflexe fut de l’ignorer, elle s’accorda tout de même à lui fournir quelques explications. Après tout, leur duo ne pouvait continuer de fonctionner avec des zones d’ombre de cette envergure et la rouquine était suffisamment irritante que pour venir leur poser des problèmes sans même les chercher – c’était un talent inné chez elle. La brune précisa la durée de leur amitié, au moins pour qu’il se rende compte de l’étendue des dégâts, mais réticente à l’idée de se montrer plus loquace alors que l’énervement lui nouait encore la gorge. “C’était pas ma question.” Ennuyeux, pas vrai ? “Elle sait ce que tu fais ? Elle sait ce qu’on fait ?” Sérieusement ? La jeune femme interrompit sa marche, s’arrêtant net pour lui faire face avant de froncer les sourcils, surprise qu’il ose lui poser une question pareille. « Le fait que tu me poses cette question me pousse à m’interroger sur la confiance que tu as en moi, Wakefield. » A nouveau, le ton n’était pas monté. Pourtant, la brune avait pris cette interrogation pour une attaque personnelle, après autant d’années à s’en remettre l’un à l’autre. « Mais même si ça me paraît évident à moi, je vais te répondre. Non, elle ne sait rien. Tout ce qu’elle croit, c’est ce que la majorité des gens ont cru pendant mes divorces. Je n’ai pas de chance en amour et personne ne comprend comment un homme a pu me tromper. Et toi, des confidences sur l’oreiller dont je devrais m’inquiéter ? » Acerbe, les mots sifflaient et franchissaient ses lèvres avec violence tandis qu’elle le fixait droit dans les yeux tout en serrant ses poings contre ses hanches.
“Je veux te l’entendre dire.” Puisque ses désirs étaient des ordres, il n’allait pas se faire prier longtemps pour laisser échapper la vérité, ne lui en déplaise. Clyde se garda bien de lui faire un décompte de son historique avec Ariane, ni même de réellement formuler ce que le liait à la rousse, mais puisqu’Halsey était si perspicace, elle n’aurait aucun mal à déceler la réelle signification de ses mots. Il était aussi libre qu’au premier jour où il l’avait rencontrée, quand bien même la jalousie s’était parfois insinuée dans leur relation au fil des années - mais ils ne s’étaient jamais posés aucune limite quant à leur vie personnelle. Les mariages d’Halsey étaient là pour en témoigner, et c’était ce qui rendait désormais sa colère d’autant plus injuste aux yeux de Clyde, qui n’appréciait pas de se voir reprocher ce qu’elle était bien la première à faire - à savoir, aller voir ailleurs quand bon lui semblait. “Mais absolument, je n’ai jamais remis ça en doute. Tu te tapes ce que tu veux.” Ils en étaient donc là, à s’insulter en jouant sur les mots ? Halsey avait voulu la vérité, et malgré le calme apparent dont elle faisait preuve, le ton de sa voie trahissait un bouillonnement intérieur qui ne faisait que nourrir celui du brun. Il leva les ciels sans même lui accorder un regard supplémentaire puis continua sa route, pas réellement d’humeur à subir le courroux de la brune alors qu’il n’était en aucun cas responsable de son humiliation au restaurant - elle seule était à blâmer, puisqu’elle avait visiblement été bien trop loin dans ses provocations envers Ariane, qui n’avait fait que lui renvoyer la monnaie de sa pièce. Quand bien même la rousse avait tenté de gâcher leur soirée en premier lieu, c’était Halsey qui avait décidé de ne pas laisser couler cet affront et d’envenimer la discussion comme elle seule savait le faire - et maintenant, comme à son habitude lorsqu’une situation ne tournait pas à son avantage, elle rejetait la faute sur le premier individu qui lui semblait le mériter, à savoir Clyde.
Malheureusement pour elle, sa mauvaise humeur était contagieuse et il finit par la transpercer du regard à son tour pour l’interroger sur à sa relation avec Ariane, dont les tenants et aboutissants lui semblaient bien plus complexes - et donc dangereux pour leurs petites affaires - que ce qu’il pouvait bien avoir partagé avec la rousse. “Le fait que tu me poses cette question me pousse à m’interroger sur la confiance que tu as en moi, Wakefield.” Touché. Mais le comportement de la brune depuis quelques minutes l’empêchait de lui donner raison ou d’infirmer cette accusation - quand bien même il n’avait en effet jamais réellement douté de ce qu’elle ait pu raconter à la rousse. Ou alors, le doute l’avait assailli une seconde durant, mais les mots d’Halsey venaient d’y mettre un terme. “Mais même si ça me paraît évident à moi, je vais te répondre. Non, elle ne sait rien. Tout ce qu’elle croit, c’est ce que la majorité des gens ont cru pendant mes divorces. Je n’ai pas de chance en amour et personne ne comprend comment un homme a pu me tromper.” Il hocha la tête d’un air satisfait, ravalant une remarque sarcastique qui n’avait désormais plus sa place - leur secret était bien gardé, et c’était tout ce qu’il voulait savoir. “Et toi, des confidences sur l’oreiller dont je devrais m’inquiéter ?” Un éclair noir passa à nouveau dans son regard, même si le calme de la brune le poussa à ne pas hausser le ton à son tour - et Dieu seul savait pourtant à quel point il se retenait de s’énerver davantage. “Non.” Il hésita, releva le menton en signe de défi, sachant pertinemment qu’il lui déclarait la guerre s’il allait plus loin. “On avait pas le temps pour ça.” Game on. Puis, contre toutes attentes, il se détourna des hostilités - qui n’avaient pas le mérite d’exister, selon lui - et s’arrêta sur le bord de la route pour héler un taxi. Puisque cette soirée était censée être celle de la célébration, il s’était accordé le luxe de ne pas avoir à conduire, ce qui se révélait désormais très pratique puisqu’aucun d’eux ne semblait vouloir supporter la compagnie de l’autre plus longtemps. Si Halsey voulait continuer de fulminer quand aux femmes que Clyde fréquentait ou ne fréquentait pas, elle n’aurait qu’à continuer seule, car il ne comptait pas rester plus longtemps pour supporter ça.
Clyde continuait à tourner autour du pot sans jamais en venir au but, sans jamais prononcer ces mots qu’Halsey voulait entendre de sa bouche. Et elle ne les entendrait jamais puisqu’il préféra jouer sur cette liberté qui lui était acquise depuis le début et contre laquelle elle n’avait rien à redire, selon lui. Et il avait raison dans les faits, mais remettre sur le tapis ce qu’elle s’était retrouvée à faire en grande partie pour alimenter leurs comptes en banque respectifs était une bassesse de plus à laquelle elle faisait face et venant de sa part, la portée du coup était bien plus grande. Plissant les lèvres, serrant les poings, sa voix se faisait plus assurée que jamais en dépit des tremblements qui faisaient vaciller ses mains, raison pour laquelle elle les gardait le long du corps, afin qu’il ne décèle pas son trouble. Car si elle était observatrice, Clyde n’était pas en reste lui non plus. Oh, elle pouvait voir le sentiment d’injustice qui vibrait dans sa voix, mais il pouvait faire la file pour obtenir réclamation. Ce n’était pas lui qui se retrouvait entre deux des personnes qui lui étaient le plus proches, découvrant au détour de regards et de sous-entendus qu’ils avait couché ensemble par le passé. Et qu’en était-il du présent, d’ailleurs ? Ils étaient à Brisbane depuis des mois, comment savoir si Ariane ne s’était pas consolé dans les bras de Clyde durant sa période sombre avec Levi ? Les incertitudes prenaient place dans son esprit et attisaient davantage la jalousie qu’elle ressentait, enlevant tout ce qui pouvait lui rester de bon sens aujourd’hui. Sa colère atteignit son pic lorsqu’il osa lui demander si Ariane était au courant de leur petite activité, signe qu’il n’avait aucun problème à remettre en doute une confiance partagée autant d’année. A ce stade, Halsey se sentait blessée en plus du sentiment de trahison qui refusait de disparaître, et les paroles se faisaient de plus en plus incisives, même si elle parvenait à sa propre surprise à conserver un calme olympien. Celui-ci n’était qu’apparence, mais elle se refusait à céder à l’impulsivité une nouvelle fois alors que le sujet était aussi sérieux. Il ne s’agissait plus d’une simple broutille ou d’une histoire de jalousie mal placée, non. Les paroles allaient trop loin et déjà, Halsey rêvait de rentrer à l’hôtel afin de ne plus avoir à le regarder alors qu’il remettait en question les fondements même de leur relation, l’interrogeant avec une nonchalance outrageante. Elle lui accorda toutefois la réponse, privilégiant comme toujours l’aspect professionnel de leur relation tout en faisant fi de la rage qui bouillonnait en elle avant de lui retourner la question, par soucis d’équité. Car s’il estimait qu’elle ait pu être assez bavarde en discutant avec Ariane autour d’un cosmopolitan, qu’en était-il d’un homme satisfait allongé à côté de la femme qui était à l’origine de son état de bien-être ? La question ne sembla pas lui plaire, comme l’indiqua le regard noir qu’il lui lança avant de lui répondre en haussant le ton, signe qu’il était lui aussi passablement énervé. “Non.” Halsey soutint son regard, sentant que le silence qui suivait n’augurait rien de bon. “On avait pas le temps pour ça.” Oh, il voulait jouer à ça ? S’apprêtant à répondre, elle ravala ses paroles en constatant qu’il abandonnait le ring pour héler un taxi et elle s’arrêta à sa hauteur, sans un mot. Les hostilités avaient été lancées et Clyde avait montré son intention de la blesser si l’occasion se présentait, un fait qui resterait gravé dans sa mémoire, il pouvait en être certain. Le taxi arriva à leur hauteur et la brune lui passa devant avant qu’il n’ait le temps de faire le moindre geste, claquant la portière avant de descendre légèrement la fenêtre de celle-ci pour lui offrir son majeur majestueusement levé avant de faire signe au conducteur de démarrer.