Il n'était plus censé paniquer, même si les circonstances étaient compliquées. Depuis quelques semaines, c'était le parcours du combattant pour Tim qui devait gérer sa thérapie, en même temps que son travail à la librairie, son aide au cimetière et bien sûr, les enfants. Jusque là, tout semblait se dérouler sans trop de vagues mais il y avait toujours un caillou pour faire vriller l'engrenage. Là, on parlait plutôt d'un rocher à vrai dire. Charlie aurait dû prendre les enfants mais elle n'était pas venue. Pas cette fois, ni celle d'après, ni la fois encore suivante. Elle n'était juste plus là. Bien entendu, Tim avait essayé de la contacter par tous les moyens qu'il connaissait mais il n'avait pas obtenu la moindre réponse. Au final, il ne savait pas s'il paniquait sur le fait qu'il lui était arrivé quelque chose ou sur celui qu'elle avait pu abandonner sa famille. Il connaissait son potentiel d'instabilité et c'était ce qui avait créé tant de problèmes entre eux depuis le début mais le brun n'aurait pas pu imaginer qu'elle aurait fini par laisser les jumeaux derrière elle. Forcément, il avait appelé également les hôpitaux, tous les services d'urgences au cas où mais Charlie n'avait été vue nulle part, ce qui devait être un soulagement. Au bout du compte, Decastel avait compris le pire de l'affaire: elle était partie sans plus de cérémonie, le laissant gérer les deux enfants alors que leur arrangement tournait parfaitement, chacun y trouvant son compte dans son emploi du temps. Maintenant tout était sans dessus dessous et Timothy se sentait vriller depuis plusieurs jours. Il faisait face à l'apocalypse dans son appartement, ne trouvant plus rien sous l'amas d'objets roulants par terre et on ne pouvait pas dire que le sommeil avait été un profond allié ces derniers temps. Il avait juste envie de pleurer à l'heure actuelle, pris de colère et de cet abandon constant dont il n'arrivait pas à se défaire. C'était toujours elle qui lâchait l'affaire, qui détruisait un équilibre parfaitement trouvé et Tim ressentait une haine qu'il n'avait jamais connu pour toutes ces raisons. Il sentait qu'il allait sombrer, qu'il avait besoin d'aide et pour une fois, il se décida à emporter tout le barda des enfants pour se diriger instinctivement vers chez Alex, espérant ne pas trop la déranger avec toutes ces histoires. Heureusement, les jumeaux avaient fini par s'endormir, il fallait remercier les trajets en poussette pour cela, le remède miracle des pères seuls. Au terme de cette douce promenade sous un temps quelque peu maussade, Timothy en arriva à l'habitation que son amie partageait désormais avec Caleb. Bien sûr, Decastel était quelque peu mal à l'aise de déranger le couple dans leur intimité, il ne s'était jamais présenté sans s'annoncer, ce n'était pas dans sa manière de fonctionner mais il voyait bien que sa santé mentale était en danger en vue du parterre d'émotions qu'il gardait profondément ancrées en lui. Alex saurait quoi lui dire, Alex saurait le rassurer et lui dire que tout finirait par s'arranger, c'était peut être la seule chose dont il avait besoin à l'heure actuelle. Il toqua, attendant quelques secondes, la poussette derrière lui, bercée par les bruits de respirations des enfants. Le brun eut un hoquet de soulagement en apercevant Alex apparaître derrière la porte. "Salut, Alex. Je te dérange pas trop, j'espère? Je sais que j'ai pas prévenu et en plus, j'ai les jumeaux mais... C'est une catastrophe. Je sais pas quoi faire." Il avait les yeux pétillants, sentant de nouveau l'émotion le submerger: décidément, Tim détestait se sentir comme cela et c'était pourtant ce qui finissait toujours par arriver quand Charlie sévissait. Et cette haine douce qui s'instillait dans ses veines pourtant si pures, il se méprisait encore plus.

@Alex Clarke

Voilà maintenant vingt deux semaines qu’elle était enceinte de deux petits filles. Une grossesse compliquée à gérer autant par les symptômes que par les émotions, mais l’anglaise commençait vraiment à s’y faire à ce statut de futur maman. Ou au moins à ce statut de femme enceinte, même si son ventre était contraignant, et qu’elle se sentait diminuée ce qui lui laissait un sentiment de frustration par moment. Sans parler des douleurs physiques qui accompagnaient son état. Moralement elle se sentait bien. Comblée et heureuse, et finalement en trente ans les périodes où elle s’était sentie ainsi s’avéraient assez peu nombreuses voir même plutôt très rares. Mais elle avait l’impression d’avoir retrouvé un certain équilibre. Un équilibre dans lequel elle se préparait à devenir mère, à accueillir deux petites filles avec Caleb. Une situation finalement étrange mais agréable, douce comme ces vacances loin de tout qu'ils avaient passé ensemble. Comme leur quotidien dans leur nouvelle maison. Comme cette sensation aussi étrange mais agréable (pour le moment du moins) de ressentir ses filles bouger en elle. Et si quelqu’un avait pu un jour avancer qu’Alex apprécierait être enceinte, l’Anglaise aurait sans doute été la première à rire, et à se moquer ouvertement de cette idée. Et pourtant, elle ne pourrait pas nier, alors qu’un sourire se forme sur son visage, qu’elle appréciait pouvoir poser sa main sur son ventre et sentir une réaction, une réponse, une connexion avec Lucy ou Lena. Avec ses filles. Et c'est une nouvelle chose qu'elle découvrait, et qui l'aidait à se réconcilier un peu avec son passé.  Son passé, elle était justement en plein dedans alors qu’elle fouillait dans ses vieux cartons, autant dans le but de faire du tri que dans l'espoir de dénicher un souvenir qu'elle pourrait garder précieusement, autre part que dans des cartons. Et alors qu'elle feuilletait un carnet qui lui avait appartenu, elle fut étonnée d’entendre des bruits provenant de sa porte d’entrée. Elle n'attendait personne mais après un léger effort pour se relever, elle se dirigea vers l'entrée. D’abord surprise de voir Tim devant sa porte, elle lui avait pourtant sourit avant de se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Tim qui débarquait chez elle sans avoir prévenu de son arrivée, c’était une première, du moins une première depuis la fois où il était venu renouer avec elle après son passage à l’armée et leur dispute. Et si elle était toujours heureuse de le voir, elle savait qu’il traversait des moments délicats et elle s’inquiétait finalement de le voir ainsi débarquer ainsi chez elle. "Salut, Alex. Je te dérange pas trop, j'espère? Je sais que j'ai pas prévenu et en plus, j'ai les jumeaux mais... C'est une catastrophe. Je sais pas quoi faire." Et il ne lui avait fallu que quelques secondes à l’observer pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas pour Tim. Et qu’elle allait s’inquiéter pour lui, pour sa santé et son moral. Elle le connaissait assez bien, et les yeux brillants du Français ne pouvaient tromper personne encore moins l'Anglaise, il n'allait pas bien. Il n'allait clairement pas bien et le regard, l'attitude et les mots de Tim avaient fait réagir Alex qui à l'entente du mot 'catastrophe' avait levé les sourcils et observé tour à tour Tim et les jumeaux qui semblaient bien plus paisibles que leur père. Endormis dans leurs poussettes. Ils avaient l’air bien, alors même si Alex voulait des explications plus claires avant de laisser son cerveau se mettre en marche pour inventer toutes sortes d’explications à la catastrophe annoncée par Tim, elle n’avait pourtant rien dit. Sans lui répondre, avant de le bombarder de questions, elle avait ouvert ses bras pour l'enlacer silencieusement. Il avait clairement besoin de soutien et c'était elle qu'il était venu voir pour ça alors elle faisait ce qu'elle pouvait pour être à la hauteur de ce dont il avait manifestement besoin. Et après cette étreinte amicale, elle s’était écartée de la porte pour l’inviter à entrer, lui et sa petite famille. Observant avec un peu plus d'attention les deux petits endormis dans leurs poussettes, elle laissait le temps à Tim d'entrer et de s'installer avant de le questionner. « Tu ne me déranges pas Tim arrête avec ça d’accord ? » C’était la première chose qu’elle avait tenu à lui dire. Qu’il comprenne qu’elle était là pour lui et qu’il avait eu raison de venir vers elle, parce qu’il ne l’a dérangeait pas, ni aujourd’hui, ni n’importe quand d’ailleurs. Et ils étaient rares les gens que l’Anglaise était prête à recevoir en tout temps et en toute circonstance. « Par contre j’avoue que tu me fais un peu peur. » Elle n’avait pas oublié les larmes de Tim, ses peurs et ses doutes. Elle n’avait pas oublié l’inquiétude qu’elle avait ressenti pour son ami et de nouveau elle ressentait cette inquiétude. Son état était préoccupant et ses mots l’étaient tout autant. Le mot catastrophe était resté dans l’esprit de l’anglaise qui s’inquiétait sincèrement pour la santé de son ami et de ses enfants. Et pourquoi la santé ? C’était une énigme mais c’était la première chose à laquelle elle avait pensé. « Vous allez bien rassures moi ? Tout les trois ? » Et elle aurait pu juste lui demander en quoi consistait la catastrophe, et voir en quoi elle pourrait être utile au Français, mais c’était finalement la santé des trois Decastel qu’elle avait questionné comme pour s’assurer que quelque soit la catastrophe ils allaient bien. Physiquement, médicalement parlant ils allaient bien. 


@Timothy Decastel

Voir le visage de ses enfants ce jour-là lui brisait le coeur et ce n'était clairement pas une sensation que Tim appréciait, même s'il y était habitué. La peine qui s'était instillé dans ses veines ne datait vraiment pas de la veille, lui qui avait tout supporté alors qu'il n'était encore qu'un jeune enfant sans défense, trop maigre et trop apeuré pour oser faire quoique ce fut. Tim ne s'était pas sauvé, il avait juste attendu que les jours passent, que le chagrin s'amenuise, même si ce n'était qu'une douce illusion qui l'avait bercé dès le jour de sa libération jusqu'au présent. Decastel en souffrait encore, de cette période trouble, des maux qu'on lui avait infligés alors qu'il n'était encore qu'à l'aube de son existence, bambin qui ne demandait qu'à vivre et s'épanouir. Maintenant que les jumeaux étaient nés, Timothy sentait qu'une seconde chance s'offrait à lui, celle de mettre ses enfants en avant, de leur offrir absolument tout ce qu'ils n'avaient pas eu, un foyer aimant pour commencer. Pendant un temps, il avait été convaincu qu'il trouverait un terrain d'entente avec Charlie, qu'ils trouveraient la solution miraculeuse pour que les fruits de leur amour deviennent le centre même d'une relation qui avait été autrefois magique. Le mirage s'était envolé brutalement avec le départ de la jeune femme de leur vie à tous, un abandon auquel Tim n'avait décidément pas été préparé. Tout fonctionnait si bien jusque là: les horaires étaient aménagés, les parents pouvaient passer quelques instants avec leurs amis respectifs et tout allait mieux dans le meilleur des mondes. Désormais, le brun se retrouvait tout seul avec les jumeaux, sans la moindre nouvelle de leur mère, ne serait-ce que pour savoir qu'elle était encore en vie et qu'elle n'avait pas oublié qu'ils existaient. Alors, les émotions de Tim étaient en alerte, il oscillait entre la peine et la colère, lui qui n'avait jamais senti la seconde émotion prendre une part essentielle dans son âme. Il avait toujours été doux, loin de vouloir se battre, même contre les injustices, pacifiste dès les premières heures. Qu'allait-il devenir désormais? Se sentirait-il toujours ainsi? Decastel n'osait pas se poser la question, il ne voulait même pas savoir. Il rêvait juste d'arrêter la tourmente, de se réveiller de ce cauchemar mais la silhouette d'Alex derrière la porte laissait entendre que Tim était bel et bien hors de son lit. Il fit entrer dans la marmaille dans la maison de l'anglaise, se grattant le début de porte de manière automatique, tous ses tics nerveux semblant être de sortie pour l'occasion. Sentant les larmes monter à nouveau, Tim prit une grande inspiration, observant vraiment Alex à ce moment-là. Elle était là, elle, c'était déjà cela. "On va bien. Personne est malade." Sauf son coeur. Trente ans qu'il était dans cet état, Tim pouvait s'y faire sans que le tout paraisse incommensurable. "Charlie nous a abandonnés. Plus de nouvelle. Rien." C'était tout ce qu'il pouvait dire, tenant encore plus ou moins debout malgré l'épuisement qui traversait tout son être. Le moindre de ses muscles n'était qu'agonie mais il cachait tout. Il encaissait, comme toujours.

En une phrase il avait rassuré Alex. Ils allaient bien, enfin ils n'étaient pas malades, parce qu'allait bien était loin d'être vrai et Tim ne pouvait pas convaincre Alex, pas alors qu'il semblait si fébrile. Et le soulagement avait été de courte durée. Tim avait finit par donner une explication à la catastrophe qu'il était en train de vivre. Charlie nous a abandonnés. Des mots qui résonnaient dans l’esprit de l’anglaise alors qu’une vague de colère s’emparait d’elle en comprenant que c’était Charlie et encore elle qui était la cause de la détresse de son ami. Charlie cette fille, Alex l’avait haïs au point de la frapper avant de savoir qu’elle était enceinte des enfants de Tim. Mais aujourd’hui, elle ne l’était plus et Alex avait une folle envie de recommencer, et de cette fois laisser sa haine s’exprimer. Il n’y avait pas énormément de gens qu’Alex détestait sincèrement mais Charlie en faisait partie et après les mots de Tim et surtout sa détresse ce n’était pas prêt de changer. Elle ne le montrait pas, du moins elle tentait de garder pour elle ses envies de frapper la jeune femme, se concentrant plutôt sur les maux et les mots de Tim. Cet état si inquiétant aux yeux d’Alex. Alors comme ça Charlie était partie, elle avait laissé Tim et ses enfants. Et en réalisant ça, alors qu’elle fixait les yeux bleus de Tim et la détresse que le geste de Charlie lui faisait ressentir, elle eut une violente révélation. Elle avait été Charlie. Elle avait été comme elle. Elle avait abandonné homme et enfant. Elle fermait les yeux, serrait les dents, avant de digérer cette constatation qu’elle venait d’avoir. Elle avait été Charlie et c’était loin d’être une révélation appréciable pour l’Anglaise. Et en silence, sans dire quoique ce soit, se laissant le temps d’intégrer tout ça, elle força Tim à s’asseoir, elle ne comptait pas le voir s’écrouler devant elle et après elle s’était tournée vers la poussette. Elle regardait quelques instants les jumeaux, Gabriel et Willows endormis encore emmitouflés dans leurs vêtements, et elle prit quelques minutes pour les découvrir un peu. Elle se concentrait sur eux, sur ces deux petits bébés qui étaient encore trop innocents pour avoir à subir les répercussions des choix des adultes et pourtant. D’après les dires de Tim, leur mère venait de les laisser. Et Alex avait sincèrement envie de haïr encore un peu plus Charlie pour avoir abandonné ses enfants mais elle n’en avait pas le droit. Pas elle. Et cette émotion contradictoire qui la faisait haïr ses propres décisions lui était sacrément désagréable. Mais elle voyait bien que Tim avait besoin d’elle, qu’il était perdu. Alors après avoir soupiré pour évacuer ses émotions négatives, elle s’était assise à côté de Tim. Cherchant ses mots, ceux qui pourraient l’aider même si elle doutait de pouvoir dire quoique ce soit qui pourrait alléger sa peine ou sa colère. Étonnamment elle pensait à Caleb et il serait sans doute bien plus à même de lui parler, au moins il pourrait comprendre en partie. « Ça fait combien de temps que tu as plus de nouvelles ? » Cherchant à en savoir plus avant de vraiment tirer des conclusions, elle devait savoir ce qu’il en était de la situation. Essayant de rester la plus calme possible pour ne pas déstabiliser Tim qui semblait déjà bien assez instable. « Tu es sûr qu’il ne lui ait rien arrivé qui pourrait expliquer son silence ? » Est-ce que ce serait mieux si elle avait une vraie excuse ? Genre si elle était blessée ou même mourante ? Alex mentirait si elle disait qu’elle s’inquiétait pour la mère des jumeaux Decastel mais elle s’inquiétait pour Tim ça s’était sûr et elle voyait comme cette absence de nouvelle l’affectait énormément. Elle savait comme les abandons pouvaient affecter le Français alors elle espérait sincèrement que Charlie avait ses raisons pour avoir disparu de la sorte. « Je la déteste tellement pour ce qu’elle te fait subir encore une fois. » Et un peu aussi d’être toujours là malgré elle pour lui rappeler ses propres erreurs. De venir remettre sous les yeux d’Alex ses propres failles. Parce que c’est de ça dont il s’agit au fond. Elle détestait Charlie parce qu’elle lui rappelait ce qu’elle détestait chez elle. Et ce soir c’était encore le cas. Et elle se retrouvait à devoir rassurer Tim, à devoir assister à sa détresse en sachant qu’elle a dû faire subir des émotions semblables à Caleb. Et elle retrouvait un peu la culpabilité, cette émotion avec laquelle elle avait vécu pendant des années, mais qu’elle avait réussi à enterrer depuis peu. Elle se sentait coupable et en colère, deux émotions qu’elle ne voulait plus ressentir. Et elle faisait abstraction de tout ça, elle essayait du moins, et elle verrait plus tard ce qu'elle ferait avec tout ça mais pour le moment, c'était Tim qui était là. C'était Tim qui souffrait et elle était prête à lui consacrer toute son énergie pour essayer de l'apaiser un peu.


@Timothy Decastel

Il ne se doutait même pas de ce qu'Alex pouvait ressentir car, pour lui, le départ de son amie était si lointain. C'était une autre vie même, pourtant, elle ne pouvait qu'y penser encore et toujours. Cette décision de tout abandonner derrière elle avait orienté sa vie toute entière et cet enfant qui devait encore vivre quelque part serait pour toujours un crève-coeur incommensurable. Tout cela, Tim ne pouvait pas le considérer à l'heure actuelle, complètement déchiré qu'il était par ce nouvel abandon de Charlie. Il essayait de conserver un semblant de courage parce que les jumeaux étaient dans la pièce, qu'ils ne pouvaient pas être en pleine souffrance de le voir ainsi mais l'illusion était si vaine. Decastel tremblait, fait loin d'être nouveau après tout ce qu'il avait traversé mais le travail qu'il avait enclenché chez la psychologue lui avait permis de faire taire la majorité de ses angoisses. Pas la pire, assurément. L'abandon. Toujours cette douleur vive quand un événement la rappelait à lui. Tim n'avait jamais vraiment su gérer les multiples départs de son existence: d'abord, celui de son père, cet homme mauvais qui l'avait laissé derrière lui sans éprouver le moindre remords. Sa mère, ensuite, celle qui avait fini dans un asile car elle avait perdu le flot de ses idées saines mais avant cela, la violence subie avait été si profonde, si ancrée en lui. Enfin, Charlie, la mère de ses enfants, celle qui aurait dû être l'amour de sa vie car Timothy n'aurait jamais pensé pouvoir se donner plusieurs fois. Il semblait que tout était en train de basculer, vers le vide pour sûr et le cri du coeur ne dépassait même pas ses cordes vocales. Non, cette fois, il n'avait rien à dire, le grand brun, se contentant de suivre Alex au fond du divan, les yeux dans le vague, comme si son âme s'était définitivement envolée. C'était peut être le cas, peut être que ce dernier abandon avait eu raison de son esprit, de son coeur, de sa vie toute entière, le jeune homme ne le savait même plus. Il ne savait plus rien de toute évidence, hormis qu'il venait déranger Alex à nouveau avec toutes ses histoires. "Plusieurs semaines. J'ai appelé partout. Rien. Mais pourquoi sa lâcheté m'étonne encore, hein? J'ai vraiment cru qu'on allait y arriver, qu'on trouverait notre équilibre et qu'à défaut de s'aimer correctement, on ferait tout ce chemin pour les petits... Je suis trop naïf." Il n'avait fait que courir après un fantôme, Charlie lui présentant moult rêves avant de tous les briser un à un car elle n'était pas capable d'aimer en grand, elle n'était sûrement même pas capable de s'apprécier elle-même. Tim avait tenté de le faire pour deux mais le résultat n'était pas si probant non plus, tout était vide désormais. "Je voulais pas en arriver à ça... A la haïr." Pourtant, c'était inévitable quand l'existence des enfants était en jeu, Tim les regardant dormir en paraissant si apaisés. Ils auraient pu tout avoir, contrairement à lui, et maintenant, c'était fichu car ils avaient la même mère que lui et celle-ci, Tim la méprisait pour les traces qui arboraient encore son corps et les plaies qui ne guériraient jamais au fond de son esprit. "Je suis censé faire quoi, maintenant? Tu le sais, toi?" Il errait, il pleurait peut être mais à l'intérieur car son regard bleu vif tourné vers son amie montrait une émotion nouvelle, une force qui ne serait pas destructible de sitôt. Pour les enfants, il deviendrait invulnérable. Pour eux, il serait à jamais intouchable.

Naïf ça oui il l’avait été Tim. Alex avait tenté de lui ouvrir les yeux, de façon maladroite ce qui avait mené à un conflit entre eux. Mais oui aux yeux de l’Anglaise Tim pouvait parfois être naïf, positivement naïf mais naïf quand même. Voulant voir le bon partout, voulant croire en un monde sans conflit peut être pour se préserver d’avoir à se battre. Là où elle avait eu tendance à voir les aspects négatifs des choses, Tim avait toujours eu un petit côté rêveur. Et elle ne voulait pas qu’il se sente coupable d’y avoir cru, elle ne voulait pas qu’il porte la responsabilité des choix d’une autre. Parce que ce que Charlie avait fait, Tim le subissait directement et il ne méritait pas de s’ajouter une autre souffrance. Celle de se dire qu’il était en parti fautif, que ce soit directement ou simplement fautif d’y avoir cru. « Tu y as cru pour eux, parce que tu voulais ce qu’il y a de mieux pour tes enfants, tu peux pas t’en vouloir pour ça. Mais tu peux pas y croire pour deux si elle ne le veut pas. Tu peux pas faire marcher une relation si tu es tout seul à te battre et à y croire. » Il fallait être deux pour faire fonctionner une relation. Deux à y croire ensemble, et Tim y avait cru pour deux. Aussi fort que possible mais Charlie avait disparu et scellé la fin des espoirs du Français. A ses yeux il était temps qu’il renonce mais ça elle le lui avait déjà dit même si les circonstances étaient bien différentes à l’époque. Et peut être que cette fois Tim était prêt à aller de l’avant. Peut être parce qu’il haïssait la jeune femme, de son propre aveux là où avant il semblait encore fou amoureux. Et en entendant ses mots, elle se demandait si Caleb l’avait haït aussi. Si Caleb l’avait détesté à son départ. Et malheureusement elle connaissait la réponse à cette question. Mais le sujet n’était pas son histoire, pas son passé mais le présent. Et ce que Tim était en train de vivre. « Toi. Tu veux faire quoi ? » Et elle mourrait d’envie de lui hurler qu’il devait tourner la page, définitivement. Qu’il ne devait plus jamais laisser l’opportunité à cette fille de lui faire du mal. Mais son passé revenait sans cesse obscurcir son jugement. Et si Caleb avait eu le même conseil ? Et s’il ne lui avait jamais donné une seconde chance ? « Tu sais que je déteste Charlie, je ne suis pas sure d’être capable de te donner les conseils les plus objectifs. » À cause de sa haine et aussi un peu à cause de son passif. « Je crois que le plus important tout de suite c’est que tu penses à eux et à toi. Ils n’ont plus que toi pour le moment. » Et sans s’en rendre vraiment compte, elle mettait une pression assez forte sur Tim qui était désormais père célibataire de jumeaux une condition qu’elle rappelait avec cette déclaration. Tout reposait sur lui, lui et lui seul. Elle pouvait être là pour l’aider, elle pouvait l’accueillir et le soutenir à chaque moment ou il en ressentait le besoin, mais elle ne pouvait pas le protéger de Charlie. Ou du reste du monde d’ailleurs. Il était le seul à pouvoir faire ça. Apprendre à se protéger, apprendre que parfois pour se protéger il faut savoir brandir les armes ou à défaut d’empêcher à l’assaillant d’attaquer. « Tu ne dois plus la laisser avoir le contrôle Tim. C’est ta vie, et c’est à toi de décider de ce que tu veux pour la suite. Ne la laisse pas te faire souffrir encore. » Tim était gentil, il était réellement bon malgré une vie chaotique et c’était un trait de caractère qu’elle aimait chez lui. Il ne jugeait pas, il pardonnait et il donnait tout sans compter quand il s’ouvrait à quelqu’un c’était avec tout son cœur, mais Alex espérait qu'il puisse se battre désormais, parce qu'elle ne pouvait plus voir Tim souffrir autant à cause d'une même personne. C'était beaucoup trop, et la dernière fois il s'était enfuis à l'armée et il était bien hors de question de risquer de le voir s'écrouler ou fuir à nouveau.  

@Timothy Decastel

Sa force n'était plus aussi tue qu'auparavant et c'était une bonne chose car Tim allait définitivement en avoir besoin. Pour la première fois de son existence, il savait ce qu'il voulait. Ou plutôt ce qu'il ne voulait pas. Hors de question d'être le jouet d'autrui, de n'être que la poupée au destin funeste. Le brun avait assez subi alors qu'il n'avait même pas treize ans et aussi incroyable que cela pouvait paraître, il avait cette tendance à répéter le schéma, comme s'il trouvait un quelconque réconfort à ne pas avoir de pouvoir de décision. Ce n'était pas l'homme qu'il était, non, Decastel avait tant à vivre, dire non était le premier objectif et il comprenait enfin qu'il était temps d'arrêter d'accepter ce qui lui semblait jusque là inéluctable. Certes, les gens partaient toujours et ce n'était jamais sans souffrance mais il pouvait toutefois décider de ne pas être un garçon en pleurs, comme celui qu'il avait été au fond d'un placard durant un nombre d'heures beaucoup trop conséquent. Timothy était un homme maintenant, un père avant tout et il savait en écoutant les mots d'Alex qu'il avait déjà pris une nouvelle route. "Il n'y a plus de relation. C'est moi et les enfants, tu sais." De cela, il en était convaincu. Jusque là, il avait toujours essayé d'être également celui qui écoutait Charlie, qui prenait en compte ses peines et ses peurs mais ce n'était plus un rôle qu'il était en mesure d'assumer. Pas quand elle l'avait laissé sans éprouver le moindre remords, a priori. Il pensait aux enfants, à tout ce qu'ils subiraient sans avoir de mère pour les aider à s'épanouir au sein de cet univers et c'était quelque chose qui effrayait réellement Tim. Il n'avait qu'à observer la manière dont lui s'était construit en ne connaissant pas un équilibre dû à l'amour de ses géniteurs. Ni l'un ni l'autre. Les jumeaux auraient au moins le sien et c'était quelque chose qu'il ne laisserait jamais de côté, ils passeraient toujours avant tout le reste, avant même sa propre vie. De toute évidence, Timothy n'y portait pas un intérêt faramineux: il préférait amplement vivre à travers ces bouilles d'anges qui signifiaient le renouveau pour lui. Les yeux dans le vague alors, il pouvait réfléchir à tout cela, au moindre mot de Clarke, à ce qu'elle essayait de lui transmettre, le convaincant comme elle le pouvait que Charlie était une mauvaise personne et qu'il devait penser à sa famille. Tout cela, il le savait déjà et peut être qu'il l'avait toujours su, au fond de lui, derrière cette peur panique de se retrouver tout seul. Sans rien. "Moi, je veux être leur père. Et qu'elle ne leur fasse plus jamais le moindre mal." Il était assuré dans le timbre de sa voix, dans sa manière de se mouvoir et de poser son regard vers la blonde à ses côtés. Ils avaient tant partagé au fil des années mais depuis leurs retrouvailles, Tim réalisait à quel point leur amitié leur était précieuse, à l'un comme à l'autre. Là, sans forcément le penser, Alex arrivait à lui faire réaliser énormément de faits qu'il avait toujours occultés, pensant que ce serait pour le meilleur. "Je te rassure, je compte pas la laisser faire... C'est peut être bizarre mais je crois vraiment que je l'aime plus. C'était comme si je m'étais attaché à une coquille vide parce qu'elle est pas capable de s'aimer alors elle cherche ça chez les autres. Mais on mérite mieux. Les enfants et moi, on mérite mieux." Il le clamait, persuadé que les jumeaux trouveraient de quoi s'en remettre, à ses côtés car Timothy ne les abandonnerait pas. Jamais. "Je peux le faire tout seul. J'ai survécu jusque là, qu'est-ce qui m'empêche d'être un père seul? Rien. Je suis assez fort pour trois." Il l'espérait et c'était peut être un signe d'approbation qu'il recherchait dans le regard d'Alex avant de lui sourire délicatement. "Et pour toi, ça se passe comment?" La grossesse, cette nouvelle vie, tout ce qu'elle avait à gérer mais avec Caleb car cette fois, elle restait. Alex était prête et Tim était si fier d'elle, son regard tendre se perdant dans ses prunelles claires. Elle méritait tout ce bonheur.

Elle entendait ce qu’elle ressentait comme étant une nouvelle détermination dans la voix de Tim. Elle ne savait pas s’il essayait de la rassurer elle, ou de se rassurer lui mais elle espérait réellement qu’il croyait en chacun des mots qu’il prononçait.  Il devait y croire, aux yeux d’Alex il était temps que Tim ouvre les yeux et réalise que cette relation n’était pas bonne pour lui. Mais il n’y avait pas que Tim et Charlie. Il y avait aussi ces deux enfants, ces deux bébés endormis et calmes et même si Tim se montrait fort alors qu’il déclarait vouloir être leur père et les protéger de tout même de leur propre mère, dans les faits cela semblait un peu plus compliqué. Elle était partie mais elle restait leur mère non ? Et alors qu’il se montrait à nouveau déterminé en clamant qu’il méritait mieux. Qu’ils méritaient tous mieux, Alex se sentait presque rassurée de le voir aussi sur de lui. " Tu peux pas imaginer comme je suis soulagée de t’entendre parler comme ça Tim. Tu mérites mieux c’est pas moi qui vais prétendre le contraire. " Pour ce qui était des enfants, il était difficile pour Alex de juger. Elle ne savait pas quel genre de mère était Charlie, juste quel genre de femme elle était. Et si le fait qu’elle avait disparu ne semblait pas jouer en sa faveur, Alex avait beau détester l’australienne de tout son être, elle ne savait rien des raisons qui l’avait poussé à fuir ses responsabilités. " Et si elle revient ? " Les gens partent souvent, mais parfois ils finissaient par revenir, l’Anglaise en était la preuve vivante. " Je sais que tu peux le faire. Je n’en doute pas un instant, tu as assez d’amour, de patience, de force et de tendresse pour ces deux petits, mais si elle revient. C’est leur mère tu vas faire comment ? " Il pouvait tourner la page de leur relation mais il ne pouvait pas l’empêcher d’être la mère de ses enfants. Et alors qu’Alex réfléchissait à tout ça, elle faisait le tri dans ses propres émotions, Tim ne voulait plus que Charlie lui fasse de mal, et il était hors de question que l’évocation de la lâcheté de l’Australienne vienne perturber l’équilibre d’Alex en foutant le bordel dans ses émotions et en remuant les souvenirs d’un passé qu’elle doit accepter. Une main sur son ventre pour se rappeler de l’essentiel, ses filles et cette grossesse qu’elle vit actuellement. Ce présent avec Caleb. Ce présent dans lequel elle se sent bien, sereine et assez forte pour supporter ses émotions négatives et soutenir son ami dans ce moment compliqué. Oui elle peut le faire tout ça. " Tu sais que je suis là si tu as besoin d’aide. Avec les petits ou même pour chercher Charlie s’il le faut. Mais quoiqu’il arrive, j’ai confiance en toi je sais que tu t’en sortiras parce que tu trouves toujours la force de faire ce qu’il faut pour les gens que tu aimes et je vois comme tu les regardes. Je sais que pour eux tu trouveras comment t’en sortir. " Elle en était persuadée, quoiqu’il pourrait lui arriver, Tim pouvait tomber parfois, mais il se relevait toujours. Parfois même sans que l’on ne sache comment, il le faisait et il revenait plus fort, grandit. Il allait y arriver, et s’il devait être un père célibataire, il trouverait l’énergie pour être un bon père parce qu’il avait lui même souffert bien assez des carences affectives étant enfants. Elle croyait en lui, comme lui croyait en elle finalement. Et quand il l’avait questionné sur son état, le regard azur du Français plongé dans celui d’Alex, elle avait sourit. Un sourire sincère qu’elle ne cachait pas. " Ça se passe bien." Et c'était vrai, Alex rayonnait de bonheur ces derniers temps, peut-être pour la première fois de sa vie, elle était sincèrement épanouie. Et elle profitait de cette sérénité nouvelle. "Je suis vraiment heureuse en ce moment." La grossesse avait été compliquée, le début du moins. Entre doutes, peurs, souvenirs, émotions, et problèmes de santé avec la perte d’un fœtus et cette frayeur énorme quand elle avait cru avoir perdu leur enfant. Mais depuis, elle avait trouvé son équilibre, son bonheur aussi. Et peut-être que le dire à voix haute était dangereux pour elle, peut-être que le sort allait s’en mêler, mais pour une fois, elle s'autorisait à le clamer haut et fort sans demi-mesure. Parce qu’elle se sentait bien. Dans sa vie, dans son couple, dans sa grossesse, dans la gestion de sa sobriété. Elle avait l’impression d’avoir les choses en mains et de contrôler sa vie. Elle était sereine et c’était finalement rare, très rare pour qu’elle ne s’autorise pas à en profiter.  "Je sais pas vraiment comment je vais faire quand elles seront là. Mais je sens qu’on ira bien." Elle le pensait vraiment et elle voulait aussi y croire. Pour une fois elle essayait d’être optimiste, après tout le pessimisme n’avait pas eu un effet très bon dans sa vie alors elle voulait changer ça. Bien sûr, elle n’avait pas réglé tout ses problèmes, elle n’avait pas pu oublier ses années d’errances, et les raisons qui l’avaient conduites à en arriver à une telle extrémité dans la gestion de sa vie mais elle gérait. C’était ça la grande nouveauté de sa vie, elle avait l’impression de gérer quelque chose. Elle gérait ses émotions, elle gérait sa grossesse, elle gérait sa vie. Elle construisait sa vie, par choix sans subir les événements. Elle s’engageait totalement dans ce qu’elle faisait. Elle s’engageait avec Caleb. Elle s’engageait aussi vis à vis de ses filles. Et rien ni personne ne semblait en mesure de la déstabiliser complètement. Parce qu’elle se sentait un peu plus forte, à croire qu’à force de l’entendre de la bouche de Caleb elle avait finit par y croire, un peu. Elle était forte, peut être pas pour elle même, mais elle voulait l’être pour lui et pour Lucy et Lena. Elle voulait être forte cette fois, et elle devait l’être parce qu’elle savait que les événements à venir ne seraient pas simples mais elle avait été faible et lâche et elle ne le serait pas. Plus jamais. Elle serait forte et heureuse.

@Timothy Decastel

Il ne savait vraiment pas comment il allait faire désormais parce que Tim était censé avoir un plan et que celui-ci tombait à l'eau de la manière la plus difficile à vivre pour un homme aussi anxieux que lui. Tout allait devoir être repensé, son organisation toute entière et le brun ne pouvait pas vraiment s'empêcher d'en vouloir à Charlie de constamment le faire retourner dans la panade. De son côté, il avait juste toujours voulu avoir une existence simple, sans la moindre prise de tête, se trouver une maison dans un coin perdu, adopter un chien et ne plus laisser le monde le rendre fou. Tout cela était sacrément mis à mal depuis une bonne année, depuis que sa mère avait essayé de l'étrangler, signe évident d'un échec profond en termes de reconnaissance parentale. Maintenant, Decastel savait qu'il n'en aurait jamais, que c'était un pan de sa vie qu'il allait devoir apprendre à conjuguer au passé, même si c'était une douleur qui le paralysait encore la plupart du temps. Cela dit, il était hors de question pour le brun de projeter toutes ses erreurs passées sur ses enfants: eux méritaient le meilleur et s'il n'avait pas eu les géniteurs parfaits, Tim ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu'ils n'aient pas à souffrir de trop de cette bien étrange situation. Au fond, c'était dur à expliquer, que leur mère les avait laissé parce que Timothy ne savait pas du tout ce qui lui avait pris. Il pensait connaître Charlie mais plus le temps avait passé, plus il s'était découvert fatalement dépourvu face à une telle femme. Il était convaincu qu'elle ne se connaissait pas elle-même, ce qui créait bon nombre de troubles pour les gens qui peuplaient son existence. Tim était un dommage collatéral parmi tant d'autres et il pouvait se faire à ce statut, ce n'était pas la même chose pour les jumeaux. Ils avaient besoin de protection, qu'on prenne soin d'eux, au moins le temps qu'ils se construisent et s'assument, ce qui n'était clairement pas pour le lendemain. "Si elle revient? On verra à ce moment-là, je suppose, mais elle va devoir des explications. Pour les enfants. Je pense qu'elle sait à quel point ce genre de décisions est intolérable pour moi qui suis passé par là donc... Je penserai aux enfants avant tout si elle revient. Moi, elle me doit rien mais à eux, absolument tout." Et comme ils étaient encore beaucoup trop jeunes pour réaliser ce que leur mère avait choisi à peine avaient-ils eu le dos tourné, c'était à Tim qu'incombait le rôle du méchant gardien. En tout cas, il doutait fortement qu'il pourrait être aussi compréhensif que toutes les autres fois où la jeune femme lui avait tourné le dos, en mentant de surcroît. Timothy n'était plus tout à fait ce garçon là, il avait grandi, pris du galon ces dernières semaines en subissant les nombreux revers qui lui avaient permis de s'armer un peu mieux face aux difficultés évidentes de la vie. "J'avoue que je risque de te demander deux ou trois services dans les jours à venir, le temps que je m'organise entre le travail et les enfants. Après si ça te pèse trop, je trouverai d'autres solutions, faudra pas t'en faire, hein. Tu me dois rien, Alex. Ah si, être heureuse, c'est vrai." Il lui fit un clin d'oeil avec cet air amusé, comme quoi malgré cette situation tragique, le grand brun arrivait toujours à faire ressortir le positif et c'était une qualité essentielle pour quelqu'un d'autant à l'écoute que Tim. Effectivement, il se tut par la suite pour se concentrer uniquement sur les propos de l'anglaise, elle qui expliquait à quel point elle était heureuse de ce qui lui arrivait et Timothy n'aurait pas être plus satisfait d'un discours venant d'elle. "J'aime te voir comme ça, si tu savais. Je suis tellement content que tout se soit arrangé, que tu t'épanouisses en étant enceinte... C'est tout ce que je souhaitais pour toi. Je compte sur toi pour garder tout ce bonheur précieusement, hein? Ça en fera au moins un de nous deux qui gère quelque chose et qui se retrouve pas au trente sixième dessous pour une fois." Il remontait cela dit, Decastel, à son rythme, avec un enfant entre chaque bras. Il apprenait à vivre et il devenait fort, véritable colosse malgré ses sauts de sensibilité parce qu'on ne le changerait pas totalement non plus, il serait ce qu'il aurait toujours dû être. Pas seul néanmoins, tant qu'il avait ses quelques amis à ses côtés, tout irait pour le mieux.

Et alors qu'ils évoquaient l’éventualité que Charlie puisse revenir, Alex ne savait pas ce qu'elle considérait comme étant le mieux pour Tim. Voir son ami devoir élever seul ses enfants, ou voir Charlie revenir encore dans la vie du Français. Mais ce n'était pas à elle de choisir, elle n'avait pas son mot à dire. Elle pouvait en revanche montrer à Tim qu'elle se sentait concernée et surtout touchée par sa situation. Et même si elle n'était pas responsable de la peine que Tim ressentait, elle s'excusait sincèrement, émue par la nouvelle épreuve que devait traverser son ami. « Je suis désolée que tu aies à subir ça encore. » C’était pas lui qui avait été abandonné par sa mère, pas cette fois mais il était confronté une fois de plus à l’abandon. A une mère, une femme qui l’abandonnait lui et cette fois elle abandonnait aussi ses enfants. Et Alex ne pouvait pas imaginer la douleur et la colère que pouvait éprouver Tim face à cet énième abandon. Face à ce schéma qui se répétait et qui devait lui laisser un goût amer lui qui avait à cœur d’être un bon père pour ses enfants. Et elle savait qu'il le serait, un bon père. Et si elle n'avait pas toujours été à la hauteur de l’amitié de Tim, elle comptait se rattraper, ou au moins être une amie digne de ce nom, serrant la main du Français comme pour lui témoigner de son soutien physique. « Tu peux compter sur moi pour à peu près tout Timi. Sauf faire à manger et faire du sport. » Un petit trait d’humour qu’elle lâchait en réponse à Tim qui avait lui aussi à sa manière essayait de détendre l’atmosphère un peu pesant pour les deux amis suite aux révélations de Tim. « Plus sérieusement, je te l’ai déjà dit mais tu n’es pas tout seul alors tant que je peux encore bouger n’hésite pas à faire appel à moi. » Est-ce qu’elle avait vraiment hâte de se retrouver seule avec les deux bébés Decastel ? Pas vraiment parce qu’une part d’elle n’était pas encore totalement à l’aise avec les bébés et encore moins avec deux bébés. Elle travaillait encore la dessus et le temps qu'elle pouvait passer avec les jumeaux de Tim était une bonne préparation finalement. Et, Tim se retrouvait père célibataire, en charge à plein temps des jumeaux, Alex se devait d’être présente pour lui et quand elle lui disait qu’elle était là pour lui ce n’était pas des paroles en l’air. Elle était certes enceinte, et son ventre l'encombrait mais elle ne s'en servirait pas d'excuse, pas alors que Tim venait pour une fois de déclarer qu'il avait besoin d'aide, en ses termes à lui mais c'était tellement rare que le Decastel accepte de demander des services qu'elle répondrait présente. Elle serait là pour lui, comme lui l'avait été pour elle quand ils étaient encore jeunes et perdus. Et si Tim par moment semblait encore à la recherche du bonheur, à la recherche d'une sérénité qui le fuyait, Alex semblait heureuse, réellement heureuse et elle ne cachait pas son bonheur. Elle aurait pu épargner Tim et éviter de lui mettre son bonheur sous les yeux, mais Tim se montrait heureux pour elle. Parce qu'il était comme ça aussi le Français, pas une once de jalousie en lui, du moins pas envers Alex et il semblait même plutôt heureux de la voir ainsi. « Je te promet de tout faire pour être heureuse et ne pas tout gâcher. » Tim était malchanceux dans sa vie, subissant les coups du sort et les conséquences des actes des autres. Alex c’était une toute autre histoire, elle gâchait tout. Tout le temps et toute seule. Mais pas cette fois. Elle allait gérer ses responsabilités, elle allait gérer les événements, elle allait gérer sa vie parce qu'elle avait pour objectif celui d'être heureuse, tout simplement et Caleb et les filles c'était ça qui la rendait heureuse en ce moment. Elle sentait l'une des filles s'agiter un peu et elle déposait la main de Tim sur son ventre, là ou les coups se faisaient un peu plus forts, espérant lui faire partager un peu de ce moment avec elle. « Tu veux que je sois heureuse, alors interdit de refuser. Me ferais-tu l’honneur d’être le parrain d’une de mes filles ? » Un sourire sur son visage, elle tenait à Tim et avec cette demande elle lui donnait une place à part entière dans sa vie. Elle l’intégrait à sa manière à la famille qu’elle construisait avec Caleb. Elle n’avait pas vraiment de liens forts avec sa famille, voir même pas du tout, mais Tim avait toujours été à ses yeux comme son ami, son frère et c’était finalement une demande assez logique qu’elle formulait aujourd’hui. « Dis oui ! » Un enthousiaste qu'elle ne cachait pas, ne laissant même pas vraiment le temps à Tim de parler, mais elle voulait le voir sourire, le voir heureux. Elle voulait lui montrer aussi par ce geste, qu'elle comptait sur lui comme elle espérait qu'il comptait sur elle pour protéger ses enfants en cas de besoin.

@Timothy Decastel

La souffrance faisait partie de son quotidien depuis qu'il avait l'âge de babiller alors, Tim n'était pas tant choqué ni désespéré par sa situation, il dirait certainement qu'il l'avait mérité, d'une manière ou d'une autre. Un jour, il arrêterait peut être d'user de son pessimisme mais le manque d'assurance qu'il traînait depuis l'enfance n'était apparemment pas prêt de disparaître. Pourtant, Decastel avait toutes les armes pour affronter ce monde, il en avait même bien plus que la plupart des gens qu'il avait pu croiser jusque là mais c'était ainsi, Timothy se trouvait toujours moins intéressant, moins intelligent et moins beau que toutes les autres âmes qui passaient au sein de son existence. Il essayait de changer la donne néanmoins car il y avait les enfants et ce n'était pas un trait de sa personnalité qu'il voulait voir partager avec la nouvelle génération. Au contraire même, Tim avait beaucoup trop souffert de la solitude qu'il s'infligeait à cause de ce trait gênant de sa personnalité, hors de question que Gabriel ou Willow en écope. Il ne pouvait qu'espérer pour le moment parce que leur mère avait disparu de la circulation, qu'il n'avait aucune idée d'où elle pouvait bien être et surtout quand elle se déciderait à pointer le bout de son nez de nouveau. Tout cela le faisait trembler, l'incertitude, toujours celle-ci pour le troubler et le faire vaciller... Sauf que cette fois-là, Timothy ne se laisserait pas démonter par les douleurs de ce monde. Il ferait tout ce qu'il pourrait pour sauver ses enfants de la moindre dose d'angoisse et d'amertume que ces circonstances appelaient. En attendant de retrouver toute la force nécessaire pour retrouver le cours de sa vie, il avait tout de même besoin de s'appuyer sur Alex pour se sentir respirer plus facilement. Tant que son amie était là, Tim n'avait pas l'air d'être en mesure de se laisser mourir, ce qui était une excellente chose, forcément. "J'en sortirai plus fort, c'est pas si grave." D'autres avant lui étaient passés par ce stade difficile et ils avaient tous plus ou moins réussi à s'en remettre, qu'est-ce qui pourrait être différent avec lui? Tim souriait, c'était déjà cela, sûrement parce que Alex plaisantait sur son inaptitude à cuisiner, rien d'extrêmement nouveau pour le grand brun. "Tout va bien du coup comme les enfants sont encore au biberon et qu'ils sont pas encore prêts pour le marathon vu comment ils tiennent sur leurs deux jambes." C'est à dire pas du tout, ils étaient encore bien trop jeunes à six mois à peine révolus. Decastel restait toutefois fier de toutes leurs petites découvertes, tout était si attendrissant quand on faisait face à un bébé qui réussissait certains gestes pour la première fois, Clarke passerait par là avec la naissance future de ses propres enfants. "Je te prends au mot, t'en fais pas." Il aurait besoin d'elle, c'était un fait indéniable depuis pas mal de temps déjà puisque Tim avait erré durant l'absence d'Alex. Il ne savait plus ce qu'il devait faire, comment se sortir de ses travers mais le retour de l'anglaise en ville avait tout remis en perspective. Depuis, tout semblait se dérouler d'une meilleure manière, malgré les chagrins momentanés. A ce moment là, il n'y en avait plus aucun, lui sentant les battements d'un bébé avec sa main qu'Alex avait posé sur son ventre et tout cela le faisait toujours sourire. Il adorait ces souvenirs là avec Charlie, les instants qu'ils avaient partagé avant la naissance des jumeaux étaient sûrement les meilleurs et là, il pouvait partager la même chose avec Alex. Elle le perdit un instant d'ailleurs avec une proposition qui n'aurait pas dû surprendre le brun en vue de leur proximité mais Tim restait Tim. Il sentit ses yeux s'embuer quelques secondes, se retrouvant incapable de parler parce que c'était beaucoup pour lui, on ne lui demandait pas ce genre de choses habituellement. Il n'était pas assez important pour cela mais pour Alex, il l'était, c'était une preuve supplémentaire de la place qu'il avait dans sa vie. "Bien sûr, Alex. Je pourrais jamais te refuser ça. C'est plus qu'un honneur que tu me fais... Il y a rien qui me ferait le plus plaisir que ça. Vraiment." Il ne savait pas s'il le méritait mais il souriait comme un môme face à la jeune femme, fait suffisamment rare pour être souligné. "Et ça va se décider comment qui sera le parrain de qui?" Il arrivait à en rire, reconnaissant les troubles d'avoir plusieurs enfants à venir... La galère commençait tout juste mais cette fois, Alex et lui pourraient la partager et c'était une perspective qui apaisait Tim plus que tout le reste.

Encore une épreuve dans la vie de Tim. Une énième alors qu'il tentait encore de se débattre avec les épreuves de son passé, les souvenirs douloureux de son enfance. Une nouvelle épreuve à laquelle il n'avait pas pu se préparer, mais il en sortirait plus fort. C'était ses propres mots. Il en sortirait plus fort et Alex espérait sincèrement qu'il puisse s'en sortir sans trop de dommage. Elle aurait aimé en savoir plus sur sa thérapie, sur le travail qu'il effectuait pour aller mieux, mais il semblait déjà assez chamboulé pour aujourd'hui. C'était une discussion qu'elle devrait avoir avec lui, mais elle ne voulait pas l'obliger à se plonger dans d'autres émotions fortes, pas maintenant. Il avait déjà assez souffert, il avait déjà assez à faire. Alex s'assurerait qu'il ne soit pas seul. Qu'il ne s'écroule pas sous le poids qu'il portait constamment sur ses épaules, elle le ferait mais aujourd'hui elle voulait juste l'aider à se sentir un peu moins seul, un peu moins agité. « Je suis fière de toi Tim. De voir que tu ne baisses pas les bras, que tu n'abandonnes pas malgré tout. » Elle était du genre à abandonner elle, alors voir que malgré tout il continuait à avancer, il continuait à assumer ses responsabilités malgré tout ce qu'il avait à gérer, Alex était vraiment admirative de la force de son ami. Même si elle en avait jamais douté de cette force en lui, il tenait debout et il relevait la tête encore et toujours. Et s'il venait à flancher un jour, elle serait là pour lui, pour ses enfants aussi, pour tout ce dont il pouvait avoir besoin et qu'elle soit en mesure de faire. Et Tim avait comprit le message, et elle le savait puisqu'il était là chez elle aujourd'hui à répondre à sa plaisanterie sur sa capacité à cuisiner et sur son corps qui devenait une vraie contrainte pour envisager de faire un marathon. Ce ventre arrondi contraignant mais qui faisait sourire Tim alors qu'Alex venait de déposer la main du Français dessus. Elle sentait ses filles bouger, et elle souriait en voyant le sourire qui s'affichait sur le visage de Tim. Jamais elle n’aurait pu s’imaginer partager un tel moment avec Tim. Pas à vingt ans, pas même à trente ans finalement. Et être enceinte, se préparer à devenir mère c’était quelque chose qui s’était imposée à elle plus qu’elle ne l’avait vraiment désirée. Une grossesse non désirée mais qui faisait désormais son bonheur et celui de Caleb. Et elle partageait ce bonheur avec son ami. La main de Tim sur son ventre, elle le regardait sourire. Un sourire qui la rassurait, parce qu'elle ne voulait qu'une chose finalement, c'était que Tim soit heureux lui aussi. Et partager ce moment si magique de la grossesse avec lui était une belle preuve de leur relation mais aussi de leur nouvelle vie. Elle partageait ça avec Tim, et si elle ne pouvait pas vraiment évoquer ses soucis de grossesse avec lui, elle se sentait chanceuse de pouvoir partager le reste. Parce que Tim avait fait le grand saut dans la paternité et Alex s’apprêtait à en faire de même, quelques mois après son meilleur ami. Et, elle pouvait partager ce moment, un moment parmi d’autres dans une grossesse qu’elle avait apprit à apprécier et avec laquelle elle semblait désormais à l’aise. Prête à en apprécier les bons côtés, prête aussi à partager cette expérience avec ses proches, ceux-la même qu’elle avait abandonné à cause d’une grossesse finalement. Mais cette fois tout était différent. Et l’événement dramatique de sa vie était en train de devenir un événement positif et peut être l’un des plus importants pour son présent et son futur. Elle voulait de Tim à ses côtés, et il était là souriant alors qu'elle lui demandait s'il accepterait d'être le parrain d'une de ses filles. Elle s'était sentie émue en découvrant l'émotion de Tim à sa demande. « Interdis de pleurer Decastel parce que sinon je vais pleurer ! » Elle était émue, retenant ses larmes en entendant sa réponse aussi. Elle était heureuse à ce moment précis et le sourire du Français faisait vraiment beaucoup de bien à Alex. Elle répondait à son questionnement par un léger rire, parce qu'elle n'avait visiblement pas pensé à ça. « C'est une très bonne question Timi. » Elle était enceinte de jumelles, c'était un élément qu'elle ne pouvait pas oublier mais comment choisir laquelle de ses filles allaient pouvoir hériter du Français en tant que parrain ? « Tu choisiras la plus belle. » Un léger rire accompagnait sa phrase, et si ses filles seront aussi belles l'une que l'autre, elle n'avait pas de réponse plus sérieuse à donner à Tim. « D'ailleurs on s'est enfin mit d'accord avec Caleb pour les prénoms. » Et c'était clairement pas gagné au vue des goûts si différents des deux futurs parents. Un léger silence pour l'effet dramatique avant de dévoiler les prénoms à Tim, le premier a qui elle en parlait. « Alors plutôt Lucy ou Lena ? » C'était ainsi que ça se déciderait, ça semblait être un bon compromis. Lucy ou Lena, ses deux futures filles et que ce soit l'une ou l'autre, elle savait au fond que Tim serait là pour l'une et l'autre de ses filles comme il l'avait été pour elle. Il y a dix ans comme en ce moment. Ça avait été Tim et Alex contre le reste du monde, et si désormais ce n'était plus le cas, puisqu'ils avaient bien grandis. Ils étaient devenus parents ou allaient le devenir, mais une chose était certaine pour Alex, Tim restait inlassablement une constante importante dans sa vie et dans la vie de ses filles. Lucy et Lena, Gabriel et Willow, voilà quatre enfants qui allaient devoir apprendre à s'apprécier parce qu'ils allaient grandir ensemble, c'était un fait certain aux yeux de l'Anglaise. « Gabriel va avoir fort à faire avec les trois filles. » Un rire accompagnait la remarque d'Alex et elle imaginait les deux enfants de Tim et ses deux filles courir partout. Les trois filles  se liguant contre le fils de Tim un peu seul. Oh oui le pauvre, surtout si Gabriel était de la même trempe que son père, aussi gentil, aussi dévoué pour les autres. « Je suis contente de pouvoir partager tout ça avec toi. » La grossesse, la maternité, les enfants, et c'était sans doute y'a neuf ans qu'elle aurait du partager ça avec lui, accepter de s'ouvrir aux autres pour ne pas faire la plus grosse erreur de sa vie. Mais, c'était le passé et le présent était bien plus important à l'heure actuelle. Elle enceinte, lui père seul de deux enfants. C'était vraiment ça qui comptait désormais.


@Timothy Decastel

Il n'allait penser qu'au bien être d'Alex dans les prochains mois car sa meilleure amie était en passe de devenir mère et d'assumer la conséquence de ce choix, cette fois. Tim était si fier de ce qu'elle était devenue, du chemin qu'elle avait parcouru depuis le jour où il l'avait croisée au beau milieu de son cimetière. Ils avaient tant changé depuis cette période: Tim avait serré dans ses bras une Alex désespérée et en pleurs, lui restant le bon vieux Tim qui ne sortait pas de ses allées fleuries. Depuis, il ne travaillait plus en ce lieu et Alex avait retrouvé le bonheur au bras de Caleb: tout n'était pas parfait assurément mais ils faisaient tous deux leur petit bonhomme de chemin, tâchant de ne pas répéter les erreurs passées et d'accepter leurs failles. Dernièrement, Clarke y arrivait beaucoup mieux que Decastel puisqu'il se sentait totalement désemparé face à cette solitude forcée qu'on lui proposait. Il devait être le père des jumeaux avant tout et ne pas se laisser aller à la rage ou à la peine, toujours penser au meilleur pour eux et Timothy espérait qu'il faisait un travail honorable en la matière. En tout cas, son amie semblait le signaler, faisant croître un sourire ému sur le visage du français. Il n'avait pas l'habitude qu'on le complimente sur son attitude mais Alex avait raison: cette fois, il n'allait pas lâcher et se battre avec tout ce qu'il avait pour que ses enfants obtiennent le meilleur de cette vie. C'était avec cette certitude retrouvée que le brun put se concentrer à nouveau sur la situation de l'anglaise, elle qui sentait les bébés vouloir se faire entendre au creux de son ventre, un fait qu'elle voulut partager avec Tim. Le grand brun était forcément ému, surtout que tout cela lui rappelait tous les souvenirs qu'il avait pu avoir quand les bébés n'étaient pas encore nés de son côté. Le temps passait si vite, les événements s'enchaînaient sans que personne n'ait vraiment le temps d'y réfléchir et bientôt, Tim savait qu'il verrait les jumeaux gambader et piailler dans tous les sens. Il ne savait pas s'il était pressé ou non, il appréciait simplement leur sieste inopinée au moment où Alex lui faisait une proposition d'importance. Decastel était si heureux, si ému surtout d'avoir une telle importance pour l'anglaise, au point qu'elle lui offrait le droit de veiller sur un de ses enfants si une catastrophe arrivait. "J'y peux rien, c'est ta faute, tu m'as pris au dépourvu là!" Elle savait pourtant qu'il était sensible, Tim, et ce genre de choses ne pouvaient qu'amener des larmes au bord de ses jolis yeux. Le brun les retint pourtant, amusé des diverses réactions de Clarke après ses questionnements. "La plus belle? Mais elles vont l'être toutes les deux, tu le sais ça?" Il n'en doutait pas une seule seconde en tout cas, clairement impatient de découvrir tout cela mais il y avait encore quelques mois à attendre avant que les petites ne pointent le bout de leur nez. D'ailleurs, celles-ci avaient déjà des prénoms, ce qui charma Tim encore plus encore. "Vos avez fait dans les L alors. Lucy, ça m'ira bien, Lucy." Même s'il aurait choisi les deux s'il avait pu, du Tim tout craché. Il espérait que tout irait pour le mieux, voyant déjà toutes les filles voyager autour du sale caractère du seul petit garçon de l'affaire. Une vraie boule d'énergie, le pire de tous. "Tu sais, je crois, que c'est les filles qui vont avoir fort à faire avec Gabriel. Il a un de ces caractères déjà, je sais pas ce que ce sera quand il marchera... Promis, je vais faire en sorte qu'il drague aucune de tes petites avec des pissenlits. Je lui apprendrai au moins les vraies plantes à offrir, après on verra." Il eut un petit rire, l'image était si précieuse et c'était la vérité, Tim espérait pouvoir faire passer son amour des fleurs à la génération suivante. Tant pis si les enfants n'aimaient pas autant que lui la flore, ils auraient sûrement leur propre passion et il les encouragerait dans leur voie. "Moi aussi. Dix ans après, on est pas aussi désespérants, hein? Enfin, toi, en tout cas, t'as fait un sacré chemin. Tu le mérites." Tout ce bonheur, ces bébés qui bougeaient dans son ventre, le bonheur qui s'affichait sur ses traits, Tim n'aurait rien rêvé de mieux. Qu'Alex soit heureuse, c'était le seul voeu qu'il avait fait au fil des années et apparemment, celui-ci s'était réalisé. Enfin.

« Mais tu sais, je n’aurais jamais voulu quelqu’un d’autre pour ce rôle. » Tim était clairement son premier choix. Le premier à qui elle avait pensé parce que c’était lui l’homme le plus important de sa vie, après Caleb. Et il serait aussi l’un des hommes les plus importants de la vie de ses filles, elle n’en doutait pas un instant. « Oui oui je sais, c'est de mes filles dont on parle après tout, elles seront magnifiques. » Des yeux pétillants qui montraient l’amusement qu’elle prenait alors qu’elle était en train de largement se vanter. Mais pourtant ses filles seraient belles, autant l’une que l’autre, elle n’en avait aucun doute parce qu’elles seraient ses filles. Et si les premières semaines avaient été dures, depuis Alex savait qu’elle les aimerait totalement l’une et l’autre. Et forcément qu’à ses yeux, elles seraient les plus beaux bébés du monde. Et si pour le moment elles n’étaient que deux silhouettes qu’elle regardait avec émotion à chaque échographie, elle avait déjà essayé d’imaginer les traits du visages de ses filles à venir. Auraient-elles les cheveux bouclés de leur père ? Les yeux de leur mère ? C’était des questionnements qu’elle s’était posée, mais elle n’avait encore aucune réponse et elle en aurait pas avant quelques temps. Ce qu’elle savait en revanche c’est que Lucy comme Lena étaient attendues et leurs prénoms choisies, il ne restait plus qu’à leurs parents à attendre le jour J de la rencontre. Et en attendant, les futurs parents continuaient de préparer leur arrivée dans ce monde. Et aujourd’hui, l’une des jumelles venaient de gagner un parrain exemplaire et c’était Lucy qui avait tiré le gros lot. « C'est même pas voulu le L, si tu savais comme ça a été compliqué de trouver le deuxième prénom. Caleb avait que des idées étranges. » Bon Caleb pourrait sans doute dire la même chose des propositions de l'Anglaise mais ils avaient réussi à se mettre d'accord et c'était bien là l'essentiel et c'est vrai que les filles avaient toutes les deux un prénom qui commençait par la lettre L et pour aller plus loin dans les comparaisons, les deux prénoms comportaient quatre lettres. Mais c'était un détail, ils s'étaient mis d'accord sur les prénoms et puisque Tim venait de choisir Lucy, ce serait elle la filleule du Français. Mais Lucy ou Lena, Alex savait que ses filles grandiraient avec Tim et les jumeaux Decastel parce qu’elle n’avait plus l’intention de se passer du Français dans sa vie. Alex avait sourit en imaginant le fils de Tim draguer l’une de ses filles. Se retenant de faire une blague sur l’attirance des Decastel pour les filles Clarke. « Houla si tu tiens à ton fils, je crois qu'il devra pas trop draguer les filles. Je suis vraiment pas sûr que Caleb voit ça d'un bon œil. » Cette remarque elle ne l’avait pas retenu. Elle souriait Alex en imaginant la période des premières sorties des jumelles avec Caleb forcément trop inquiet, trop protecteur. Il l'était déjà avec elle, alors elle n'avait pas besoin de beaucoup d'effort d'imagination pour savoir que Caleb le serait encore plus avec leurs filles. Peut-être que Gabriel aurait un passe-droit pour tenter de charmer les jumelles Anderson mais pissenlits ou rose, il allait avoir fort à faire l’homme qui voudrait s’approcher des filles de Caleb. Ça elle en était certaine l’Anglaise. Mais ils avaient encore le temps, plusieurs années devant eux et Alex appréciait de pouvoir partager ça avec Tim. Ils en avaient fait du chemin les deux et si tout n'était pas si rose, ils avaient réussi à se construire une vie de famille. « Je sais pas si je le mérite. Cette seconde chance, ce bonheur. Mais j’ai décidé de vivre et de profiter de cette chance que j’ai eu de pouvoir me faire pardonner mes erreurs et construire tout ça. » Elle était sereine Alex, peut-être pour l'une des premières fois de sa vie, elle l'était vraiment. Sereine et heureuse. « Je sais que c’est précieux. Je n’en avais pas conscience à l’époque, c’est la grande différence avec celle que je suis maintenant. Avant j’avais peur de ce que j’avais, les sentiments, l’engagement, les responsabilités maintenant j’ai peur de ce que je pourrais perdre. Alors je veux protéger ce que j’ai et profiter de tout ça. Je le dis pas assez je pense, mais je suis consciente de ce que j'ai et j'y tiens. J’ai tout perdu une fois. Vraiment tout. Je me suis tellement détestée que je ne pensais qu’au moyen que j’avais de m’infliger une punition encore et encore pour apaiser cette culpabilité. Mais regarde nous aujourd’hui. Je te dis tout ça juste pour que tu réalises que même si aujourd’hui ça te semble difficile, rien n’est impossible. Et je te promet d’être avec toi jusqu’à ce que tu trouves le bonheur que tu mérites. » Si elle avait réussi à s'en sortir, si elle avait réussi à avoir cette vie qu'elle avait aujourd'hui et qui la rendait heureuse, elle était persuadée que Tim le pourrait aussi. C'était tout ce qu'elle souhaitait pour lui, qu'il soit enfin heureux et serein.


@Timothy Decastel

Il allait devenir parrain, une deuxième surprise cette année là après celle d'être père et quelle joie, oui, quel bonheur de constater à quel point Alex pouvait lui faire confiance. Leur amitié n'avait pas été de tout repos depuis le retour en ville de la jeune Clarke mais ils avaient réussi à se remettre peu à peu sur le bon chemin, l'un après l'autre. Il avait suffi de faire preuve d'un tant soit peu de patience mais aussi, que chacun prenne sur lui pour soutenir l'autre dans les véritables moments de besoin. Tim avait toujours essayé d'être le plus présent possible pour son amie, même s'il n'avait pas toujours été le meilleur ami au monde, surtout pas ces derniers mois où il s'était laissé emporté par ses propres drames. L'égoïsme ne ferait plus partie de son quotidien, plus maintenant qu'il était le seul homme dans la vie de ses enfants. Timothy devait leur inculquer les bonnes valeurs et il tenait réellement à ce que les jumeaux prennent le meilleur de ce qu'il avait pu apprendre de cette vie. Tout seul, lui, par contre. Tim n'avait pas eu de parents pour le soutenir et le remettre sur le droit chemin quand il se sentait chavirer mais il se promettait que les choses seraient radicalement différentes pour Gabriel et Willow. De la même manière, il tâcherait d'être le meilleur des parrains, que ce fut Lucy ou Lena, au fond, peu importait, il les aimerait exactement de la même façon et se retrouverait à tout acheter par deux à chaque anniversaire. Decastel restait un être clairement trop généreux pour son bien et il était évident qu'il donnerait sa chemise pour que ses petites soient tout aussi heureuses que ses propres enfants. Ils allaient sûrement former un quatuor de l'enfer en grandissant mais Tim n'appréhendait pas vraiment, il était même pressé de voir toute cette banda grandir sainement. Il était juste ému à l'heure actuelle, laissant la plaisanterie d'Alex couler sur lui parce qu'il avait encore bien du mal à enregistrer l'information qu'il allait avoir ce rôle important auprès des enfants de son amie. Néanmoins, le brun se reprit bien vite pour s'imaginer le futur, proposant cette image unique à Alex, de quoi les faire rire ensemble. "Y avait quoi d'autre comme idées? Eh, qu'est-ce qu'ils ont de mauvais les Decastel? Tout le monde rêverait d'avoir un gendre aussi merveilleux que Gabriel... Bon, d'accord, vu comment il est à six mois, je sais pas s'il sera un cadeau à vingt mais un père a le droit de rêver, non?" Du moment qu'il était heureux, Tim se fichait pas mal de qui son fiston tomberait amoureux. Ou non. Il voulait juste que ses deux enfants profitent de la vie, de la meilleure des manières car lui n'avait pas tellement eu cette opportunité, se complaisant au fond de son cimetière comme un miséreux. Tout irait pour le mieux, avec le temps, même si pour le moment, Timothy angoissait face à la montagne de choses qu'il avait à gérer seul. Cela ne voulait pas dire qu'il ne s'en sortirait pas et qu'il n'allait pas trouver ses moment d'épiphanie. Il serait heureux, à son tour. "Ne me contredis pas, Alex. Tu le mérites, c'est tout." Il lui fit un clin d'oeil en souriant, démontrant à quel point il pouvait être las mais pas encore totalement abattu pour autant. "On verra. J'ai jamais eu grand chose avant les enfants donc je suppose que maintenant, j'ai tout à perdre moi aussi... C'est de ça dont j'ai peur, de les perdre, eux, même si j'avais jamais pensé les avoir. Surtout pas quand j'étais tout seul dans mon cimetière, hein. Je sais pas de quoi demain sera fait, je sais juste que je veux profiter un maximum d'eux et c'est pas grave si je trouve jamais personne. Du moment que je suis avec eux, je serai heureux." Les paroles d'un vrai père, prêt à tout sacrifier pour ses progénitures, voilà l'âme qu'avait Timothy. L'âme qui le perdrait sûrement un jour ou l'autre, mais qui préserverait les petits bouts assurément. "Si tu épouses Caleb un jour, rappelle moi que tout est possible dans cette vie." Ils revenaient de loin tous les deux, mais Tim aussi dans un registre différent. Voilà ce dont ils devaient se rappeler, tout était faisable. Avec suffisamment de volonté. Et un sourire, oui, toujours un sourire.