♛ All I know since yesterday is everything has changed
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Il y a quelques jours il y avait un grand événement à ne pas manquer : la sortie de GTA III sur PS2. Et j’ai la chance d’avoir un père super génial qui a accepté d’affronter la foule incroyable dans les magasins le jour de la sortie pour aller me le chercher. Et puis s’il avait refusé j’aurais sûrement séché les cours pour y aller moi-même et je pense que justement, ça il le savait. Sûrement la raison pour laquelle il a très vite cédé. Depuis qu’il a rejoint ma collection j’y ai déjà passé de nombreuses heures. Un peu trop même si on écoute mes parents mais je suis pas d’accord avec eux. J’y ai pas tant joué que ça. C’est pas comme si le week-end dernier je ne suis pas sorti de ma chambre juste parce que je jouais à GTA. Les graphismes sont géniaux, le gameplay est encore meilleur que dans les jeux précédents, enfin bref c’est le pied je vous assure. Quand j’ai demandé l’autorisation à mes parents de passer le week-end chez Birdie mon argument de choc c’était ça : « bah au moins je vais pas passer mon week-end à jouer à la PS. » Ils y ont cru. Ils y ont vu que du feu. ha.ha.ha.ha Qu’ils sont naïfs. Parce que je sais qu’elle aussi joue à la console – sûrement pas autant que moi – mais elle y joue quand même. Dans le doute, je cache GTA dans mon sac entre mes vêtements comme ça si elle ne l’a pas encore chez elle on pourra y jouer et je suis sûr qu’elle va bien aimer.
Avec Birdie on se connait depuis longtemps maintenant et elle fait partie des rares personnes avec qui je m’entends vraiment bien à l’école. Je suis pas le mec le plus populaire au contraire, je suis un peu mis de côté parce que la plupart de mes camarades n’ont pas tous les mêmes préoccupations que moi. À treize ans plus de la moitié des garçons de mon âge aiment jouer au foot ou sortir avec leurs amis pour aller jouer au parc au bout de la rue. Sauf que moi le foot ça m’intéresse pas vraiment alors je préfère largement rester enfermé dans ma chambre à jouer à ma PS2, échanger des cartes Pokemon ou encore mieux : jouer à D&D. ce qui est cool c’est que Birdie elle, elle me juge pas. Elle s’en fiche que je préfère ma console aux personnes IRL (in real life), bien qu’elle fasse partie des gens qui ont trouvé grâce à mes yeux. Et puis au moins avec elle on s’ennuie jamais – pourtant c’est même pas comme si on se ressemblait vraiment beaucoup – mais quand je vais chez elle ou quand c’est elle qui vient chez moi on trouve toujours un moyen de s’occuper et bien souvent c’est avec des jeux-vidéos. Et puis il faut le dire aussi elle est très jolie, Birdie. Je lui ai jamais dit. Mais je pense que j’ai toujours eu un petit faible pour elle. M’enfin ça elle le sait pas et elle ne doit surtout jamais le savoir parce que je ne veux pas que cette révélation détruise note amitié – ce qui risque très fortement d’arriver d’ailleurs, on va pas se mentir. – Vendredi à l’école elle a dû me supporter moi et mon monologue d’un quart d’heure lui exposant toutes les raisons pour lesquelles, non, Jurassic Park 3 n’était pas bon. Déjà parce qu’au même titre que les deux précédents un t-rex apparemment, son cri n’était pas si effrayant que ça. Et puis parlons du vélociraptor qui avait des plumes – comme beaucoup d’autres dinosaures – sauf que dans cette saga, ils ont décidé d’oublier ça pour rendre les dinosaures encore plus effrayants qu’ils ne l’étaient en réalité. Voilà c’est ce qu’elle a supporté hier toute la journée. Je savais que je n’allais pas aimer ce film est pourtant j’étais devant la salle de cinéma le 8 Août avec mon père, impatient de découvrir la fin de cette trilogie que j’ai tant aimé détester.
On est tous les deux installés devant la télé, je lui ai laissé la manette pour qu’elle puisse jouer un peu et c’est avec un petit sourire aux lèvres que je regarde son personnage voler une voiture et écraser quelques passants qui ont le malheur d’être sur son chemin. Je rigole aussi, tout en attrapant mon verre de jus de fruits. « Fais gaffe à pas te faire attraper par la police ! » Je lui dis entre deux rires. Mais au final elle a pas besoin de moi et de mes conseils parce qu’elle se débrouille très bien toute seule. C’est ça aussi que j’aime bien chez elle, elle a besoin de personne Birdie. Moi j’aimerais bien être comme elle. Je tourne la tête un court instant pour la regarder et un petit sourire se dessine sur mon visage, mais je détourne assez rapidement du regard ne voulant pas vraiment qu’elle me voit sourire ainsi en la regardant. « Quand j’ai été voir Jurassic Park avec mon père au cinéma ils ont passé la bande-annonce d’un film qui a l’air trop bien ! Ça s’appelle Harry Potter, c’est un garçon de 11 ans qui découvre que c’est un sorcier. Il sort dans deux mois. T’irais le voir avec moi ? » Et je sais pas d’où me vient cette idée de lui demander de m’accompagner au cinéma dans deux mois, ni même d’où me vient ce courage mais j’ai presque l’impression de rougir en lui proposant ça. Alors que le film ne sort que dans deux mois, elle aura peut-être oublié d’ici-là.
Birdie a décidé sur un coup de tête d’inviter Will à dormir chez elle. Comme ça. Sans demander à Elwyn et encore moins à son aînée. Papa et maman ne sont pas là, ils s’en fichent, ils auraient dit oui. Mais la grande sœur, elle, elle est plus intransigeante et beaucoup moins drôle. Mais tant pis. Will fait presque parti des meubles de toute façon. Il ne fait jamais une heure trente de trajet juste pour une après–midi, non, Birdie s’y refuse. Elle l’emprisonne chez elle, elle sait qu’elle a juste à lui foutre une manette entre les mains et le tour est joué. Il est facile à vivre, Will, et elle l’adore. Personne ne le comprend lui comme personne ne la comprend elle mais eux deux, ils se comprennent. Ils ont su s’apprivoiser aussi loin que la gamine le peut et elle s’estime chanceuse d’avoir un ami, un allié, dans le monde impitoyable de l’école où les moqueries sont monnaie courante. Elwyn l’aime bien aussi – son frère aime tout le monde, ce n’est pas un scoop. Et pourtant, cette après–midi-là, par un miracle inouï (ou les supplications qui ont duré cinq jours entiers de la cadette de la fratrie), la maison rocambolesque des Cadburry est vidée de tout habitant, à part les pré–adolescents. Malgré ce qu’on peut dire, oui, ils respectent une partie de la réputation de leur âge en étant complètement affalés sur le canapé, un samedi après–midi, devant la télévision.
C’est peut–être pitoyable pour certains mais Birdie s’en fout complètement. Elle a le sourire aux lèvres, les yeux azur concentrés sur l’écran et les doigts qui pianotent avec la dextérité qui la caractérise la manette qu’elle tient. Tout ça pour conduire cette foutue voiture à la prochaine mission. Elle a beau être dextre, à moindre mesure, elle n’est pas une professionnelle comme Will ou Elwyn. Alors forcément– « Fais gaffe à pas te faire attraper par la police ! » – le conseil ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde qui finit par grommeler et perdre patience en se prenant de plus en plus les murs et les immeubles. « Okay, okay, okay, panique à bord, pourquoi elle écoute pas ce que je lui demande, c’te bagnole, elle est chiante ! » Parce qu’évidemment, la faute ne vient pas d’elle mais de la voiture pixellisée qui ne fait que suivre ses commandes. Mais la Cadburn se ramollit, son visage se rabougrit et il n’y a que le rire de Will qui la fait réagir en lui tirant la langue – « Voilà, par ta faute, deux– non, quatre personnes sont mortes. J’espère que t’es fier de toi, Willy Wonka. » Même si ça fait grimper son argent. Quel jeu étrange mais foutrement addictif. Même si elle peut s’énerver rapidement parce qu’elle n’a pas la patience des grands joueurs – étrangement, elle est plus sereine dans sa forêt tandis que les jeux vidéo ont tendance à l’exciter. Ce qui n’est pas forcément beau à voir.
« Quand j’ai été voir Jurassic Park avec mon père au cinéma – Je crois que je l’avais capté. – ils ont passé la bande-annonce d’un film qui a l’air trop bien ! Ça s’appelle Harry Potter, c’est un garçon de 11 ans qui découvre que c’est un sorcier. Il sort dans deux mois. T’irais le voir avec moi ? » Birdie calcule mal – ou alors Will l’a encore déconcentré – et sa voiture finie droit dans un immeuble. Elle avait presque fini, elle aurait pu s’en sortir mais on lui tire dessus et elle finit par manœuvre sa manette comme si le volant est réellement dans ses mains, avec de grands gestes en forme de cercle qui sont juste absurdes. « Dans deux mois et tu me demandes déjà ? T’as peur que je le réserve à quelqu’un d’autre ? » Et malgré la frustration du jeu, la gamine sourit, pour Will et à cause de Will. Parce qu’il est presque adorable, Will, même si elle ne comprend pas trop pourquoi il ressent le besoin de lui demander ça. Surtout deux mois en avance. « Je connais, j’ai lu les premiers bouquins. Je savais pas qu’ils allaient en faire des films ! Ils sont cools donc ouais, pourquoi pas ! Je peux même te les prêter si tu veux. Au moins, ça, ça sera un débat sur lequel je pourrai réagir, ça serait quand même vachement plus sympa. » Birdie lui fait un clin d’œil avant de lever ses jambes et de les poser à travers le canapé, les faisant passer sans ménagement sur les cuisses de Will. Elle est aveugle, Birdie, elle ne voit pas comment il peut la regarder. Elle n’arrive pas à lire entre les lignes, elle n’a jamais su le faire. On lui répète qu’elle est sûrement bien trop jeune pour ça, que c’est normal, que ça viendra. Et pourtant, si elle s’attardait une demie–seconde de plus que son ami, elle verrait. Et elle réaliserait aussi peut–être.
Mais pour l’instant, elle ne voit rien d’autre que les pixels qui bougent et qui l’agacent avant qu’un énième accident lui fasse perdre toute patience encore en elle. « Bon, fais quelque chose sinon, la manette va voler contre l’écran et Elwyn risque d’avoir l’envie soudaine de m’envoyer en pension chez les mammouths de Birmanie. » Elle ignore où se trouve la Birmanie, elle sait que les mammouths, ça n’existe plus mais elle s’en fout. « Tu le laisseras jamais faire, hein, Willy ? » Birdie se redresse, ses jambes toujours par-dessus Will et maintenant ses mains qui viennent enrouler son bras et sa tête qui trouve refuge sur son épaule.
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Jouer à GTA chez les Cadburry en compagnie de Birdie c’est sûrement l’une des meilleures façons de passer un week-end. Je suis bien moi, quand je suis avec elle alors quand on passe des heures tous les deux à s’adonner à mon activité préférée oui, je sais sans aucun doute que le week-end va être génial voire même parfait. Si ça fait déjà un peu plus d’une heure qu’on y est je lui ai laissé la manette pour qu’elle puisse elle aussi s’entraîner et tester le nouveau jeu qui est sorti il y a peu de temps. Alors que je la mets en garde de sa possible arrestation par la police je la vois assez vite perdre patience et chez elle ça se caractérise en fonçant dans tous les murs et les immeubles qui sont sur son chemin. Bien sûr qu’en étant témoin d’une telle scène je rigole forcément, j’en suis obligé c’est beaucoup trop drôle. « Okay, okay, okay, panique à bord, pourquoi elle écoute pas ce que je lui demande, c’te bagnole, elle est chiante ! » Bah oui bien sûr que tout est de la faute de la voiture est très certainement par de son niveau. Elle est un peu de mauvaise foi ce qui me fait encore une fois rire et elle réagit en me tirant la langue. « Voilà, par ta faute, deux– non, quatre personnes sont mortes. J’espère que t’es fier de toi, Willy Wonka. » On passe de deux à quatre personnes et surtout maintenant c’est plus la faute de la manette mais la mienne. On aura tout vu. « Assume ! C’est toi qui est nulle ! Tu sais que le but de GTA c’est pas d’écraser des gens et voler des voitures ! Je t’apprendrai un jour si tu veux. » Je la taquine oui et mon poing vient rencontrer son épaule pour la provoquer encore un peu. Juste par plaisir, j’avoue, mais aussi parce que c’est drôle. Elle, elle n’a pas le meilleur des niveaux à mes jeux mais moi j’ai tendance à me répéter. Par exemple depuis que j’ai été voir le dernier Jurassic Park au cinéma bien que ce film ait environ un million d’incohérences en termes de dinosaures – et pour un film qui parle de ça, c’est un peu con quand même – je passe mon temps à en parler et la petite réflexion de Birdie quand j’aborder pour la énième fois de la semaine ce sujet ne fait que le confirmer. Et alors que je viens de lui proposer de m’accompagner au cinéma dans deux mois – oui, oui, j’ai vraiment fait ça, me demandez pas pourquoi – elle semble bien trop préoccupée par le jeu à l’écran pour me répondre rapidement. Sa voiture a de nouveau atterri dans un mur et on dirait bien qu’elle considère la manette comme étant un volant de voiture. C’est dôle à voir. « Dans deux mois et tu me demandes déjà ? T’as peur que je le réserve à quelqu’un d’autre ? » Je crois que je rougis parce que bien sûr qu’elle souligne le fait que je lui fasse cette proposition avec deux mois d’avance. « Non…enfin je sais pas. C’était juste comme ça quoi. » En plus ça veut rien dire du tout et j’ai l’impression de m’enfoncer encore plus. « Je connais, j’ai lu les premiers bouquins. Je savais pas qu’ils allaient en faire des films ! Ils sont cools donc ouais, pourquoi pas ! Je peux même te les prêter si tu veux. Au moins, ça, ça sera un débat sur lequel je pourrai réagir, ça serait quand même vachement plus sympa. » Je ne rougis plus mais je souris maintenant. Parce qu’elle a accepté et aussi à cause de sa deuxième partie de phrase. Je sais qu’elle fait référence à mes monologues sur les incohérences de Jurassic Park mais je suis sûre qu’avec toutes les informations que je lui ai données depuis ces dernières années elle pourrait vous dire brièvement les principales caractéristiques d’un Stégosaure, un vélociraptor ou même un brachiosaure. « C’est vrai ? Y a combien de livres ? » J’aime bien lire. Faut dire quand même que j’ai lu l’intégralité du Seigneur des anneaux il y a trois ans. « Mais ouais, je veux bien que tu me les prêtes. » Et puis si ces livres c’est aussi un moyen comme un autre de me permettre de passer plus de temps avec elle à débattre sur je sais pas quoi, moi je suis carrément pour. Elle s’installe à son aise sur le canapé, en même temps elle est chez elle aussi. Ses jambes sont sur mes cuisses et moi je ne bouge plus vraiment, restant là, à la regarder du coin de l’œil en souriant comme un imbécile. Elle est belle, Birdie. Je sais pas si elle s’en rend compte mais moi je la trouve belle. J’aime la couleur de ses cheveux et ses yeux bleus aussi. Je prends la manette de la console qu’elle me tend et pose mes bras sur ses cuisses sans trop y réfléchir. « Bon, fais quelque chose sinon, la manette va voler contre l’écran et Elwyn risque d’avoir l’envie soudaine de m’envoyer en pension chez les mammouths de Birmanie. » Je souris encore une fois. Les mammouths, voilà un nouveau sujet intéressant mais j’évite de lui lancer quelques petits facts sur ces animaux disparus parce que je sais qu’elle s’en fout complètement. Pourtant c’est pas l’envie qui m’en manque. « Si tu finis en pension en Birmanie tu prendras une belle photo d’un mammouth pour me l’envoyer ? » Oui, je sais que ça existe plus mais faisons comme si. « Tu le laisseras jamais faire, hein, Willy ? » Tout de suite je lui réponds par un signe de tête négatif. Hors de question qu’on n’éloigne Birdie de moi. Je me retrouverai tout seul et puis surtout… « Jamais de la vie !Ça serait nul sans toi ici. » Bah oui quand même. Et puis je la laisse s’installer un peu plus sans rien dire. Pourtant si ça avait été n’importe qui d’autre j’aurais râlé parce que je suis pas un mec qui adore le contact physique aussi proximal. Mais là c’est Birdie. Ça me déplait pas. Alors je dis rien. Je m’approche même d’elle en passant un bras autour de son épaule alors que je reprends la partie qu’elle a fini par abandonner tout à l’heure. « Ou bien je pars avec toi. Comme ça on pourra faire des balades à dos de mammouths le soir.» Au point où on en est avec ces mammouths, autant continuer à raconter n’importe quoi.
« Assume ! C’est toi qui est nulle ! Tu sais que le but de GTA c’est pas d’écraser des gens et voler des voitures ! Je t’apprendrai un jour si tu veux. » Il est ironique, il a l’air de se foutre d’elle et depuis quand Will fait ça, d’abord ? Birdie accueille son poing dans son épaule en lui tirant magistralement la langue – elle est à deux doigts de le taper en retour mais elle ne va pas l’abimer maintenant. Elle aurait sûrement d’autres occasions dans le week–end de le faire. S’il se remet à parler des dinosaures par exemple. Voilà une très bonne occasion pour lui remettre les neurones en place. Même si dans le fond, Birdie aime bien qu’il se sente à l’aise avec elle de parler à outrance d’un sujet qui le passionne sans retenu. Elle a visiblement sa confiance et, en juger par sa présence chez elle, une amitié des plus solides. Ce que la gamine a du mal à avoir dernièrement. Enfin, depuis toute petite. Ses seuls amis étant ses voisins, ses arbres et les animaux qu’elle croise. On pourrait croire que c’est triste mais jamais elle n’a ressenti la solitude. Parce qu’elle est au–dessus de tout ça, Birdie, alors que Will a l’air plus mal à l’aise quand on se moque de lui à l’école. Elle a toujours essayé de le défendre, de lui donner des armes pour passer outre – mais il est clair qu’il est plus décontracté chez elle que dans l’établissement scolaire.
En attendant, elle n’a rien besoin d’apprendre, elle s’en fiche de savoir bien jouer. Tout ce qui lui importe dans le fond, c’est de passer du temps avec lui. Visiblement, lui aussi puisqu’il lui prend déjà un rendez–vous pour d’en deux mois. Quand on a treize ans, ça fait loin, deux mois. C’est un océan de jours qui se succèdent où tout peut changer. Tout sauf leur lien indéfectible sûrement. « Non…enfin je sais pas. C’était juste comme ça quoi. » Il a l’air de faire comme les ordinateurs de sa sœur, de buguer. Un petit court-circuit dans la tête et l’image fait rire doucement Birdie. « Relax, c’est pas comme si tu me proposais un rencard. » Exclame-t-elle dans un léger rire. Evidemment, quelle idée absurde, n’est–ce pas, Will ? La Cadburn ne fait même pas attention à la gêne de son ami, alors qu’elle lève les yeux vers lui ; ce n’est que son sourire qu’elle voit et elle sourit en retour, effet miroir parce qu’elle aime bien quand il le fait, ça illumine ses yeux. Et ça aussi, ça change de l’école.
« C’est vrai ? Y a combien de livres ? » « Pour l’instant, quatre. Mais je crois qu’il doit y en avoir sept au total. Ca doit bien faire déjà un an que le dernier est sorti et que j’attends le prochain. C’est une vraie tortuuuuuure d'attendre. J'aime pas çaaaaa. » Surtout quand on sait comment le quatrième tome se finit.
« Mais ouais, je veux bien que tu me les prêtes. » « Et moi, j’ai quoi en retour ? » Installée sur le canapé à son aise après avoir donné la manette à Will – qui sera bien plus en sécurité dans ses mains que les siennes – Birdie n’a pas hésité à papillonner ses yeux bleus vers son ami – parce qu’elle ne perd jamais rien pour attendre, la gamine.
Par contre, elle perd tous les signaux discrets de Will. Elle ne fait pas attention que ses jambes par-dessus ses cuisses l’immobilisent. Elle ne fait pas gaffe qu’il l’observe, qu’il a ce sourire de coin, peut–être même que sa respiration se bloque. Elle ne voit rien, Birdie, parce qu’elle ne prend pas le temps de se poser même quand elle l’est. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle se colle un peu plus à lui, à son bras, et tant pis si ça l’empêche de bien jouer. Lui aussi, il peut être nul, elle en est persuadée.
« Si tu finis en pension en Birmanie tu prendras une belle photo d’un mammouth pour me l’envoyer ? » « Evidemment ! Je pourrai pas passer à côté de l’occasion. Ne serait–ce que pour te rendre jaloux. » Il a dû se retenir de parler, d’en dire trop, d’en dire plus sur un sujet qu’ils savent tous les deux qui se finira sûrement en bataille d’oreiller – parce que le menacer de l’étouffer est une des rares menaces qui fonctionnent quand la machine Dunham est lancée. C’est qu’il a un instinct de survie malgré tout. « Jamais de la vie ! Ça serait nul sans toi ici. » « Awww. Y aurait pu personne pour te donner des gâteaux à 10h parce que t'auras oublié, j’imagine pas le drame, en effet. » Birdie sourit et se terre un peu plus contre lui alors qu’il passe son bras par–dessus ses épaules. Franchement, s’il arrive à faire du score dans cette position, ça reviendrait presque au miracle. « Ou bien je pars avec toi. Comme ça on pourra faire des balades à dos de mammouths le soir. » La Cadburn se redresse subitement, la bouche en un ‘o’ bien formée et l’expression toute aussi épatée. « Mais ça serait hyper cool, en faites ! Bon bah finalement, passe moi la manette, je veux bien y aller, en Birmanie, si c’est ça ! » Mais elle se met à rire sans pour autant mettre la main sur la manette mais en remettant ses yeux sur l’écran. « C’est pas étonnant que t’y arrives mieux que moi, aussi, t’as eu tout le temps du monde d’y jouer avant de venir ! C’est hyper injuste. » Et là voilà qui se met à faire la moue. Vraiment, la vie est juste cruelle.
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J’ai l’air d’un con. Je viens de proposer à ma meilleure amie d’aller au cinéma. Ok, jusque-là tout va bien rien d’anormal. Sauf que le film que je veux aller avoir sort dans deux mois. C’est bizarre. Elle va se dire que je suis un peu bizarre et elle aurait raison. Mais je sais pas, avec elle il m’arrive beaucoup trop souvent de faire ou dire des trucs étranges sans même que je m’en rende compte. Pour quelqu’un d’autre je lui aurais demandé de m’accompagner au cinéma la veille voire le jour-même ou au pire des cas, une semaine en avance. Mais pas deux mois. Je bug encore plus, je m’embrouille, je m’emmêle les pinceaux. Cette honte que je suis en train de me taper. « Relax, c’est pas comme si tu me proposais un rencard. » Je crois que je suis tout rouge. Je crois que je suis en train de rougir et ma couleur de peau pourrait être confondue avec une tomate – ok, j’abuse peut-être un peu. – Elle lève les yeux vers moi, elle me regarde et dans ma tête c’est la panique. Parce qu’elle va voir que je me suis mis à rougir. Alors je souris. Ouais, je me dis qu’en souriant elle fera moins attention à mon malaise. Puis en plus, quand elle sourit à son tour ça me fait comme une drôle de sensation que je ne pourrais pas expliquer. Un petit truc agréable. Elle est encore plus jolie quand elle sourit. Ça m’intimide presque.
Heureusement qu’elle ne s’attarde pas sur mon comportement étrange et maintenant on est en train de parler des livres qui auraient inspiré le film. « Pour l’instant, quatre. Mais je crois qu’il doit y en avoir sept au total. Ca doit bien faire déjà un an que le dernier est sorti et que j’attends le prochain. C’est une vraie tortuuuuuure d'attendre. J'aime pas çaaaaa. » L’attente. L’excitation. Le suspense. Attendre la suite d’un livre ou d’un film qu’on aime par-dessus tout. Ça rend fou mais c’est aussi excitant. Moi ça me fait la même chose à chaque fois que j’attends la sortie du prochain Star Wars. « C’est qui ton personnage préféré ? Le meilleur livre pour l’instant ? Tu crois que moi je vais préférer qui ? » Ça fait beaucoup de questions tout ça. Je suis chiant, ouais je sais. C’est ce qu’elle doit se dire sûrement. Quelque fois je me demande comment je fais pour me supporter tous les jours. « J’ai trop hâte de commencer à les lire. On pourra en parler et en débattre. » Parce qu’il y a toujours de quoi débattre. Je vous assure. Moi je suis le relou de service qui remet tout en question, qui réfléchit peut-être un peu trop d’ailleurs, c’est possible. « Et moi, j’ai quoi en retour ? » Elle papillonne des yeux en me demandant ça et du coup, forcément que je me retrouve à sourire encore comme un con. Parce que j’aime bien ses yeux. Mais il ne faut pas non plus que j’oublie sa question de base. Elle veut savoir ce qu’elle pourrait avoir en retour si elle me prête ses livres. C’est une bonne question, ça. Mais finalement je réfléchis pas si longtemps et c’est même assez rapidement que je lui réponds. « J’te laisse me faire tous les câlins que tu veux, sans râler. » Parce qu’elle est tactile, Birdie. Bien plus que moi. Un peu trop pour moi, même. La plupart du temps je la laisse faire même si je râle un peu. Elle a le droit de me coller presque autant qu’elle le veut. C’est la seule, d’ailleurs. « Pas à vie quand même. Mais au moins tout le temps où j’vais squatter tes livres. » C’est quand même un sacré effort que je fais parce qu’au fond je suis presque sûr qu’elle me les aurait prêtés sans rien avoir en retour. Enfin je crois ? Je lui montre une preuve de ma bonne foi. Elle se colle à moi, ses jambes sur mes cuisses s’agrippant à mon bras et je ne dis rien. Au contraire. Moi aussi, je me colle un peu plus à elle. Je suis bien comme ça. Au final c’est pas si désagréable, au contraire. Peut-être même un peu trop ? « Evidemment ! Je pourrai pas passer à côté de l’occasion. Ne serait–ce que pour te rendre jaloux. » Je prends un air faussement offusqué. Je suis un mauvais acteur en plus. Ça craint. « Jaloux du mammouth ou jaloux de toi ? » Hein ?! Quoi ?! Jaloux du mammouth parce que Birdie passerait à côté de lui pour prendre une photo et me l’envoyer ? Ou jaloux d’elle parce qu’elle aurait la chance de voir un mammouth IRL ? Ce que je dis n’a aucun sens. Je m’en rends même pas compte sur le coup. C’est ça, le pire. « Awww. Y aurait pu personne pour te donner des gâteaux à 10h parce que t'auras oublié, j’imagine pas le drame, en effet. » Et tellement plus encore. Je sais même pas comment je fais pour jouer vu la positon dans laquelle on est installé ça s’annonce très mal pour la suite du jeu. « Ouais, et plus personne pour m’écouter parler de dinosaures tout le temps. » En vrai, est-ce qu’elle m’écoute vraiment ? J’en sais rien. Si elle me dit que non, je lui en voudrais pas promis. Mais c’est bien parce que c’est elle. Et vous savez quoi ? Je suis presque déçu quand elle se redresse une fois que je lui propose des balades à dos de mammouths. Oui, déçu. Parce qu’elle s’est un peu détachée de moi, du coup. « Mais ça serait hyper cool, en faites ! Bon bah finalement, passe moi la manette, je veux bien y aller, en Birmanie, si c’est ça ! » Mon rire se mélange au sien alors que je me mets à bouger la manette à son opposé. Juste au cas veuille vraiment y toucher. « Nan laisse tomber. Pas touche ! J’suis sûr qu’on aura pas de console en Birmanie laisse-moi profiter un peu. » Ouais, je me vois pas trop avec ma Gameboy sur le dos des mammouths. Même si en y pensant ça serait tellement ouf « C’est pas étonnant que t’y arrives mieux que moi, aussi, t’as eu tout le temps du monde d’y jouer avant de venir ! C’est hyper injuste. » Elle fait une moue. Comme si elle boudait. Je sais que c’est pas vrai, mais pourtant. Je fais pause et je pose la manette à côté de moi lui donnant à présent toute mon attention. « C’est vrai. T’as raison. Dis-moi ce que je peux faire pour me faire pardonner. J’suis prêt à tout. » Là, je regrette presque immédiatement mes mots. Prêt à tout, vraiment Will ?
« C’est qui ton personnage préféré ? Le meilleur livre pour l’instant ? Tu crois que moi je vais préférer qui ? » Parler d’Harry Potter lui fait espérer qu’elle aurait bien aimer elle aussi recevoir sa lettre de Poudlard. Même les cours de divination doivent être beaucoup plus sympathiques de ses cours de mathématiques que son frère essaie de lui démontrer que c’est important et utile. Pouvoir chevaucher un Magyar à pointes, même s’il faut faire attention à ne pas finir avec le derrière en feu, un hippogriffe ou même, plus basiquement, un éclair de feu, voilà qui est bien plus trépidant que tous les sports moldus réunis. « J’adore Ron. Et Hermione aussi. Harry est hyper drôle. J’adore le 4 pour l’instant. Il est fun, il commence à y avoir un truc avec Ron et Hermione, c’est cool. Et toi, je sais pas trop. Si ça se trouve, tu vas kiffer un perso que j’aime pas, genre Rogue. » Birdie rigole parce que ça serait absurde d’aimer Rogue. Le maître des potions qui lui fout le frisson au dos et qui est injuste à souhait. La jeune fille serait bien tentée de croire aux théories qu’il soit un vampire – après tout, si les loups garous existent, pourquoi pas les buveurs de sang ? Par contre, il est clair qu’elle n’aimerait pas de recevoir de beuglante ni même croisé un détraqueur. Un coup de baguette de ne suffirait clairement pas pour éloigner ces choses d’elle. Mais l’idée d’élever un filet du diable ou un chien à trois têtes doit être une sacrée expérience, quand même. En tout cas, il y a tant à faire dans cet univers, Birdie se demande à quoi ressemble la bande annonce. « J’espère que les films seront à la hauteur des bouquins. Parce qu’y a beaucoup de choses, plein de trucs sympas et que ça peut être hyper cool de voir tout ça en action ! » L’adolescente est toute enthousiasme devant cette perspective, débordante d’un optimisme sans faille qui la fait sourire d’une oreille à l’autre. « J’ai trop hâte de commencer à les lire. On pourra en parler et en débattre. » Birdie clape ses mains entre elles accompagné d’un petit cri de joie. « Faudra aussi que tu fasses le test de ta maison Poudlard après, même si je suis sûre que t’es un Serdaigle, vu que t’es intelligent et tout ça. » Il l’est plus qu’elle, indéniablement. Est–ce qu’elle abuserait parfois de lui pour qu’il l’aide avec ses devoirs ? Ou pire, est–ce qu’elle n’arriverait pas à ce qu’il les fasse à sa place ? C’est fort possible. Mais Will est intelligent, il en a sous sa belle chevelure toute blonde qu’elle secoue légèrement, cela serait bête de ne pas en profiter.
« J’te laisse me faire tous les câlins que tu veux, sans râler. » Oh. Surprise. « Pas à vie quand même. Mais au moins tout le temps où j’vais squatter tes livres. » Oh. Déception. « Sans râler, vraiment ? Je ne demande qu’à voir ça alors. Tu finiras par t’habituer, tu aimeras ça et ça durera même après le squattage de livres, j’en suis persuadée. J’en mets ma Pierre Philosophale fictive à briser ! » Et elle rigole, la gamine, contre le bras de son ami. Evidemment qu’elle est éternelle, elle a déjà tout prévu pour être congelé à vie et revenir quand l’univers ne sera plus qu’un amas de verdure, de licornes et de paix.
« Jaloux du mammouth ou jaloux de toi ? » Birdie lève ses yeux bleus vers lui, interrogateurs avant de rire. « C’est idiot ce que tu dis. Jaloux du mammouth, évidemment, puisqu’il aura le droit à ma présence ! » La petite princesse dans toute sa splendeur, souriante et perchée comme à son habitude dans sa tour d’ivoire, dans laquelle elle s’y est mise toute seule comme une grande. « Ouais, et plus personne pour m’écouter parler de dinosaures tout le temps. » « C’est clair que c’est un critère non négligeable, ça. Tu dirais que j’ai la patience d’un moine ou d’une sainte ? » Qu’elle demande, le visage malicieux, le timbre moqueur. Même si elle le supporte parce qu’elle l’adore, elle continuera à le faire jusqu’à la fin des temps parce que sans lui, elle n’aurait pas d’allié dans la cour de l’école et elle serait dans sa bulle toute seule et ça serait affreux. « Nan laisse tomber. Pas touche ! J’suis sûr qu’on aura pas de console en Birmanie laisse-moi profiter un peu. » La Cadburn exprime oralement un signe de protestation alors que Will, le fourbe, le vilain, le mesquin (oui, tout ça tout ça), ose éloigner la manette d’elle. La défaite est cuisante alors elle boude. Naturellement, elle fait sa moue renfrognée. Parce qu’il l’empêche de jouer et aussi parce qu’il est meilleur qu’elle. Il sera toujours meilleur qu’elle dans plein de domaines, de toute façon. Elle, à part maitriser l’art des couronnes de fleurs, elle ne sait rien faire du tout. Mais elle ne boude pas vraiment. Pas quand Will finit par la regarder, par bloquer toute son attention sur elle, abandonnant jeu et manette juste pour elle. « C’est vrai. T’as raison. Dis-moi ce que je peux faire pour me faire pardonner. J’suis prêt à tout. »
« Tu risques gros là. » Elle se redresse, la gamine, son cerveau bouillonnant et ses yeux pétillants de sa malice retrouvée. « Très bien. Je te mets au défi de finir la prochaine mission en moins de dix minutes. Si tu perds, tu devras faire un monologue de dix minutes sur pourquoi Jurassik Park 3 était le meilleur. » Birdie sent déjà toute l’amertume, la frustration et la désolation de son ami. « Si tu gagnes… C’est en cours de recherche, ça sera une surprise. » Elle lui fait un clin d’œil tout en se fourrant de nouveau dans le canapé. La surprise devrait le motiver, même s’il ignore ce que c’est, n’est-ce pas ? (Elle aussi, il faut dire.)
Spoiler:
win : qu'il se prépare pour la surprise so close : tu choisis s'il a gagné ou non fail : il doit vanter son film préféré
Dernière édition par Birdie Cadburry le Sam 8 Aoû 2020 - 23:50, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31470 POINTS : 400
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
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Elle a l’air passionnée quand elle parle de quelque chose qu’elle aime et tout ce qu’elle me dit me donne encore plus envie de lire les premiers livres Harry Potter. J’ai envie de pouvoir en parler avec elle pendant des heures alors que je n’ai même pas encore lu le premier chapitre. Parce que souvent, je parle un peu tout seul et elle m’écoute en se moquant gentiment de moi de temps en temps. « J’adore Ron. Et Hermione aussi. Harry est hyper drôle. J’adore le 4 pour l’instant. Il est fun, il commence à y avoir un truc avec Ron et Hermione, c’est cool. Et toi, je sais pas trop. Si ça se trouve, tu vas kiffer un perso que j’aime pas, genre Rogue. » C’est à mon tour de l’écouter sans la couper, j’hoche la tête plusieurs fois pendant son petit discours essayant tant bien que mal d’imprimer toutes les informations qu’elle me donne. Harry j’ai bien compris que c’est lui le personnage principal mais en ce qui concerne Ron, Hermione et Rogue j’en sais absolument rien. « Pourquoi ? C’est qui Rogue ? Pourquoi ça serait bizarre de pas l’aimer ? Pourquoi tu l’aimes pas, toi ? » Encore une fois je lui pose beaucoup trop de questions, mais ça ne va pas la déranger je le sais, je la connais. Et puis elle me connait, elle sait que je suis du genre curieux à toujours chercher à en savoir plus. Ça peut être agaçant pour certains mais je sais que Birdie, elle, elle s’en fiche. On se connait depuis longtemps de toute façon, elle a l’habitude. « J’espère que les films seront à la hauteur des bouquins. Parce qu’y a beaucoup de choses, plein de trucs sympas et que ça peut être hyper cool de voir tout ça en action ! » Je peux comprendre son enthousiasme même si moi, j’ai lu les livres du Seigneur des anneaux après avoir vu le premier film j’aurais aimé pouvoir faire partie de ceux qui ont découvert les films après avoir lu les livres. « Tu m’étonnes ! De ce que j’en ai vu ça a l’air d’être tout un nouvel univers complètement inventé et imaginé de A à Z, genre comme Star Wars ou le Seigneur des anneaux. C’est un truc de fou. Et puis il va y avoir sept livres du coup ? Donc peut-être sept films ? Imagine l’âge qu’on va avoir à la fin, on sera peut-être vieux, c’est ouf. » Et drôle aussi en même temps, je ris un peu parce qu’elle réussit à me hyper alors que je n’ai pas encore lu tout ça. Mais elle est forte pour teaser, Birdie. Elle déborde d’enthousiasme frappant ses mains entre elles, c’est mignon, ça me fait sourire. « Faudra aussi que tu fasses le test de ta maison Poudlard après, même si je suis sûre que t’es un Serdaigle, vu que t’es intelligent et tout ça. » Je prends note mentalement : faire le test de ma maison Poudlard mais apparemment elle sait déjà quel en sera le résultat. « C’est les intelligents les Serdaigles ? Et toi t’es quoi ? » Moi aussi j’aimerais bien deviner à quelle maison elle doit appartenir mais je n’y connais pas encore grand-chose.
« Sans râler, vraiment ? Je ne demande qu’à voir ça alors. Tu finiras par t’habituer, tu aimeras ça et ça durera même après le squattage de livres, j’en suis persuadée. J’en mets ma Pierre Philosophale fictive à briser ! » Mon rire se mélange encore au sien parce qu’au fond je suis sûr qu’elle a raison. Elle a déjà bien plus de droit que tout le monde. Même ma mère a le droit à Will qui râle quand elle essaie de me prendre dans ses bras, mais avec Birdie je prends sur moi et ça en devient presque agréable. Enfin, je crois ? « Profite-en Birdinette, parce que je lis vite moi tu sais. » Parce que je continue de lui faire croire qu’elle ne pourra plus me faire des câlins quand j’aurais terminé les livres. Mais on verra, pas vrai ? « C’est idiot ce que tu dis. Jaloux du mammouth, évidemment, puisqu’il aura le droit à ma présence ! » Mes épaules se lèvent et mes yeux se posent sur Birdie et je la regarde, un petit sourire en coin. « Ouais, enfin ça se discute toi tu seras quand même en présence d’un mammouth. » Mais effectivement, lui il serait avec Birdie. Donc c’est un débat que je suis prêt à avoir. Qui entre le mammouth ou mon amie serait le plus chanceux ? Débat un peu ridicule et inutile mais assez amusant quand même. « C’est clair que c’est un critère non négligeable, ça. Tu dirais que j’ai la patience d’un moine ou d’une sainte ? » En voilà, une bonne question. Mes yeux bleus se perdent dans les siens alors que je fais mine de réfléchir mais je lui réponds assez rapidement. « Pas d’une sainte en tout cas. » Je souris, je ris, je la taquine, je me moque un peu. Mais qui aime bien châtie bien. Et puis Birdie, moi je l’aime bien, même si je refuse de lui laisser la manette entre les mains une nouvelle fois. Et elle boude. Moi j’aime pas la voir bouder, surtout si c’est à cause de moi. Alors elle gagne. Je cède. Enfin sans lui rendre la manette, je la pose un peu plus loin pour reposer toute mon attention sur mon amie. Ça devrait lui plaire, ça. « Tu risques gros là. » Je sais. « Très bien. Je te mets au défi de finir la prochaine mission en moins de dix minutes. Si tu perds, tu devras faire un monologue de dix minutes sur pourquoi Jurassik Park 3 était le meilleur. » Je me redresse, prêt à protester, le torse bombé je m’apprête à crier pour la centième fois que non, Jurassic Park 3 n’est pas bon ! « Si tu gagnes… C’est en cours de recherche, ça sera une surprise. » Oh une surprise ! Alors qu’elle s’est bien installée sur le canapé je reste immobile avant de me racler la gorge. « Marché conclu. » Ma main rencontre la sienne dans une poignée de mains bien trop solennelle pour ce défi. La mission qui m’est proposée est assez complexe et semble longue à réaliser. Je dois déposer un personnage (Toni) à plusieurs endroits sauf que bien sûr les choses ne se passent pas très bien et ça se complique trop vite, je me retrouve dans une embuscade qui m’oblige à tuer tout le monde. Je regarde l’heure, il ne me reste plus qu’une minute, je suis foutu. Je suis bientôt arrivé à la destination finale mais je me fais courser par la police. C’est fini pour moi. Je fronce les sourcils et quand le temps s’est écoulé, je rage, je cris un peu, je lance quelques jurons que mes parents ne seraient pas bien contents d’entendre. Je suis mauvais joueur, sachez-le. Je pose – lance – la manette sur la table et me retourne face à Birdie. « Ça compte pas déjà. C’est pas du jeu. J’étais pas préparé. » Mauvaise foi ? Tellement pas, non… « Je peux pas dire que Jurassic Park 3 c’est le meilleur, tu le sais ils ont fait n’importe quoi ! Le scénario est trop basique, pas assez créatif. Et tu savais que même la base de Jurassic Park est totalement impossible ? John Hammond se sert d’un moustique fossilisé avec du sang de dinosaure, sauf que c’est IMPOSSIBLE ! Dans un fossile l’ADN finit par se décomposer. Et en plus il dit qu’il a trouvé ce fossile en République Dominicaine mais là-bas y a même pas de fossile aussi ancien. » D’un air désespéré ma main vient rencontrer mon front alors que je soupire, l’air faussement grave. Enfin bref, c’est elle qui m’a lancé sur le sujet. C’est de sa faute. « C’était quoi ma surprise ? Dis-moi ce que j’ai raté ? »
« Pourquoi ? C’est qui Rogue ? Pourquoi ça serait bizarre de pas l’aimer ? Pourquoi tu l’aimes pas, toi ? » Will pose autant de questions, il parle tout autant qu’elle et c’est sûrement pour cela que Birdie en sourit avec amusement au lieu de lui dire de se taire. L’adolescente hausse alors les épaules tout en se balançant de gauche à droite et inversement à répétition. « Je vais pas tout te dire sinon, tu vas plus rien découvrir ! On en parlera quand tu les auras lus. Faut pas que je t’influences. » Il n’y a rien de pire que de commencer une nouvelle histoire avec quelqu’un qui aura déjà donné son avis sur tout et n’importe quoi. Birdie préfère laisser la surprise à Will, qu’il découvre par lui–même que Rogue est un vil personnage, qu’elle adore aussi Sirius, qu’elle a pleuré à la mort de Cédric. Elle ne veut pas le spoiler ni lui raconter les détails croustillants car se connaissant, dans son enthousiasme palpable, elle serait capable de lâcher de petites bombes qui rendraient la lecture moins magique. Alors motus et bouche cousue, Cadburry ne dira plus rien. « Tu m’étonnes ! De ce que j’en ai vu ça a l’air d’être tout un nouvel univers complètement inventé et imaginé de A à Z, genre comme Star Wars ou le Seigneur des anneaux. C’est un truc de fou. Et puis il va y avoir sept livres du coup ? Donc peut-être sept films ? Imagine l’âge qu’on va avoir à la fin, on sera peut-être vieux, c’est ouf. » Will rit à sa réalisation mais Birdie le frappe au bras. « Maaaais pourquoi tu dis ça ? Maintenant je vais être obligée d’y penser et ça va me foutre le bourdon. » La perspective de grandir la terrifie terriblement. Elle n’est pas une adolescente qui fait comme les autres, elle ne va pas en soirée (on ne l’invite jamais), elle ne se maquille pas (à part pour les déguisements), elle est trop originale pour le commun des mortels. Elle vit dans son petit quartier de reclus et elle ne connait quasiment que ça. Alors penser au futur, ça la contrarie énormément. « C’est les intelligents les Serdaigles ? Et toi t’es quoi ? » Birdie secoue la tête. « Yup ! Gryffondor ! Apparemment, je suis une lionne courageuse. » Et elle est fière, Birdie, parce que c’est la maison des héros donc c’est la classe assurée.
« Profite-en Birdinette, parce que je lis vite moi tu sais. » Mmh, c’est ce qu’il dit mais Cadburry sait très bien que ses hugs suffiront à étouffer des râlements quand elle le fera après sa lecture. La gamine a toujours été tactile avec les gens proches, ces derniers le savent, Will en faisant partie. « Ouais, enfin ça se discute toi tu seras quand même en présence d’un mammouth. » Elle lâche un petit ‘‘o’’ de surprise. « Donc en clair, un mammouth est plus important que moi pour toi. D’accord, je note, Williamette, je note. » Elle saura s’en rappeler quand il le faudra (ou pas).
Il y a un bref moment où Birdie se perd dans la bleuté des yeux de Will, qu’elle prend cela pour une suspension dans l’attente de la réponse. Rien à comprendre derrière cela, même si son ami a une très jolie couleur d’yeux, qu’elle se fait en réflexion soudainement, avant que la réalité ne la rappelle pas la voix de ce dernier. « Pas d’une sainte en tout cas. » Cadburry met un moment avant de sourire, voire même de rire doucement avant de réagir en lui envoyant un coussin dans la figure. « Sainte Birdie, je trouve que ça sonne bien, pourtant. » Mais non, Birdie, tu ne seras jamais une sainte, encore moins dans le futur.
« Marché conclu. » Une poignée de mains plus tard, Birdie a le temps de le voir jouer, s’énerver, perdre patience et enfin perdre magistralement devant ses applaudissements. Will jure, Will crie, Will n’est pas content et Birdie est plié en deux de rire, semi allongée sur le canapé devant ce spectacle absolument tordant. « Ça compte pas déjà. C’est pas du jeu. J’étais pas préparé. » Elle secoue son index. « Tututututu, y a pas besoin de préparation. Je croyais que t’étais douée, je suis déçue. » Dit–elle avec un large sourire. « Je peux pas dire que Jurassic Park 3 c’est le meilleur, tu le sais ils ont fait n’importe quoi ! Le scénario est trop basique, pas assez créatif. Et tu savais que même la base de Jurassic Park est totalement impossible ? John Hammond se sert d’un moustique fossilisé avec du sang de dinosaure, sauf que c’est IMPOSSIBLE ! Dans un fossile l’ADN finit par se décomposer. Et en plus il dit qu’il a trouvé ce fossile en République Dominicaine mais là-bas y a même pas de fossile aussi ancien. » Mais… Birdie fronce des sourcils, l’air pas très contente. « C’était quoi ma surprise ? Dis-moi ce que j’ai raté ? » Il a beau avoir cet air dramatique quand il parle de Jurassic Park 3, il n’empêche que ce n’est pas ce qu’elle lui a demandé. Elle se mord la lèvre avant de sourire brièvement et de passer ses bras autour de son cou dans un hug puissant qui le fait chavirer lui sur le dos et elle se laissant entrainer. A moitié sur Will qui est son prisonnier jusqu’à nouvel ordre, elle redresse le buste et plante son regard dans le sien. « Tu le sauras pas tant que t’auras complété le défi comme il se doit. T’es censé venter le film, pas le descendre. J’ai pas entendu de positivité dans ce que t’as dit. » Will n’aura rien, ni le droit de bouger, encore moins sa potentielle surprise s’il ne joue pas le jeu. « Un deal c’est un deal, Willlichou. » Et il faut s’y tenir, quoiqu’il arrive. Parole de Cadburry.
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Je suis chiant, je pose toujours trente questions en l’espace d’une minute. Tout le monde trouve ça emmerdant. Sauf Birdie. Parce qu’elle est en peu pareille. On se comprend tous les deux, ce qui est sûrement une des raisons pour laquelle c’est ma meilleure amie. Quelque fois on a même pas besoin de parler et en un seul regard on réussit à se comprendre. C’est unique ce genre de chose, on a de la chance de s’être trouvés. « Je vais pas tout te dire sinon, tu vas plus rien découvrir ! On en parlera quand tu les auras lus. Faut pas que je t’influences. » C’est vrai, elle a raison comme bien trop souvent. Un petit sourire s’étire sur mes lèvres accompagnant ce geste d’un haussement d’épaules. « Ouais t’as raison, et puis les spoils ça peut gâcher des amitiés. Ça serait dommage. » Dommage c’est le cas de le dire oui. Et en plus c’est vrai, tout se faire spoiler c’est dommage et je fais partie de ces rageurs qui détestent se faire spoiler quelque chose – même si c’est un tout petit élément – avant de regarder un film. Même si c’est moi qui lui pose des questions depuis tout à l’heure, vu mon niveau de mauvaise foi je sais bien que j’aurais fini par râler. Sans vraiment lui en vouloir parce que je ne peux pas le faire trop longtemps avec Birdie. C’est impossible. Tout comme quand elle me frappe au bras alors je lui dis qu’on risque d’être vieux – c’est vrai – quand la fin d’Harry Potter va sortir. Elle aime pas ma réflexion mais elle peut pas m’en vouloir longtemps. « Maaaais pourquoi tu dis ça ? Maintenant je vais être obligée d’y penser et ça va me foutre le bourdon. » Ouais je suis fort pour casser l’ambiance moi aussi. Ça pourrait faire partie de mes surnoms ; le casseur d’ambiance. Ou bien celui qui fait des blagues pourries. Elle a dit que ça allait lui foutre le bourdon. Alors comme un con je suis en train d’imiter le bourdonnement du bourdon – si si je vous jure – et mon index se heurte sur sa joue, essayant de mimer un bourdon qui serait en train de la piquer. Ce qui est ridicule parce qu’ils ne nous attaquent que quand ils se sentent menacés. Enfin bref, passons cette information. Je ris après à ma propre connerie, pensant sincèrement que mon imitation était réussie. « T’inquiète, on grandira ensemble jusqu’à la nuit des temps. » Elle est plus vieille que moi en plus, Birdie. Enfin. De cinq mois. Mais quand même, oh. Cinq mois, il peut s’en passer des choses. Par exemple une brebis peut tomber enceinte et accoucher en cinq mois. C’est à peu près son temps de gestation. Information inutile, je m’en rends compte alors je ne dis rien non plus. « Yup ! Gryffondor ! Apparemment, je suis une lionne courageuse. » Donc Serdaigle = intelligent et Gyffondor = courageux. Je lui réponds par un signe de tête.
« Donc en clair, un mammouth est plus important que moi pour toi. D’accord, je note, Williamette, je note. » Oh bah non. Il y a un malentendu, là. Même si d’accord j’avoue que c’est de ma faute et bien parce que je lui ai fait comprendre que je préfère un mammouth à elle-même. Et vraiment, c’est ridicule. Je secoue la tête. « Même les dinosaures sont moins importants. » Et c’est pour dire. Parce que je suis un dingue des dinosaures. Je suis accro à ces bêtes-là, alors oui Birdie compte pour moi. Beaucoup. C’est ma meilleure amie et je sais que je serais bien plus triste sans elle. C’est le genre de chose qui se confirme largement quand on se regarde comme ça. Ses yeux dans les miens je dois lutter pour pas sourire comme un débile et pour ne pas rougir aussi. En plus quand elle sourit, son visage s’illumine. Elle a un beau sourire, Birdie. Et puis quand elle m’envoie ce coussin en pleine face, c’est à mon tour de rire. Je prends cette arme qu’elle vient d’utiliser contre moi, je garde le coussin contre moi juste au cas-où j’ai envie moi aussi de lui renvoyer. « Sainte Birdie, je trouve que ça sonne bien, pourtant. » Le pire c’est que ça sonne bien mais j’y crois pas une seule seconde et je suis sûr qu’elle non plus. « Ça sonne aussi bien que Père Dunham. » Ouais et croyez-moi je compte pas donner toute ma vie à Dieu. Les gens font ce qu’ils veulent. Qu’ils y croient ou non moi je m’en fiche. Mais je sais que je ne suis pas croyant du tout. Je suis bien trop terre à terre pour ça.
Un pari bêtement accepté, je joue, je m’énerve, je rage, j’ai perdu et Birdie est morte de rire. Je sais que me voir perdre doit être drôle vu de l’extérieur, je suis mauvais joueur et un peu rageur. Je fronce les sourcils en voyant sa réaction – un peu disproportionnée quand même, j’ai perdu c’est pas cool d’en rire. – « Tututututu, y a pas besoin de préparation. Je croyais que t’étais douée, je suis déçue. » Son sourire est proche de la provocation. Je boude. Un peu. Parce que j’ai perdu à un jeu-vidéo et c’est censé être ma spécialité elle a raison. « Je suis doué. » Je lui assure dès qu’elle termine sa phrase. Oui bon, je viens de perdre donc c’est pas flagrant. Je parle beaucoup mais surtout pour descendre le film, je respecte pas le deal et je sais très bien qu’elle va pas accepter ça. Et ce que je redoutais arriva, elle me fait un énorme hug me poussant sur le canapé, elle est à moitié sur moi. Je ne plus bouger. Je suis coincé. Punaise, elle est forte. « Tu le sauras pas tant que t’auras complété le défi comme il se doit. T’es censé venter le film, pas le descendre. J’ai pas entendu de positivité dans ce que t’as dit. Un deal c’est un deal, Willlichou. » Mon regard un peu perdu dans le sien je lâche un rire, amusé je ne la quitte pas des yeux et avant de reprendre la parole une bonne fois pour toute, je me pince les lèvres. « OK. C’est bon. T’as gagné. » Je m’avoue vaincu, qu’elle profite. « Le film est super bien fait. Je trouve que les personnages agissent tous hyper intelligemment. Il est meilleur que le deuxième – » et ça c’est vrai – « voire même supérieur que le premier. Les dinosaures sont réalistes et l’idée du scénario est plutôt bien trouvée et assez intéressante. Y a des idées de réalisation assez intéressantes et tout est logique et vraiment pas prévisible. Enfin il est vraiment génial. J’ai trop hâte qu’on puisse se faire un marathon de la trilogie tous les deux. » Ça aussi c’est vrai. En soi il est pas si nul ce film, juste, niveau dino, il est pas ouf quoi. Comme tous les autres. « Bon, tu me libères ? J’suis pas sûr que ton frère apprécierait de nous voir comme ça. » Il est pas là mais il pourrait rentrer là, maintenant tout de suite. Manquerait plus que ça.
« Ouais t’as raison, et puis les spoils ça peut gâcher des amitiés. Ça serait dommage. » Une grande perte. Aussi bien pour elle que pour lui. Birdie a toujours connu, vécu, grandi, évolué avec Will à ses côtés. « C’est un risque qu’on ne peut pas prendre. » Qu’elle conclut aussi naturellement, avec un hochement de tête. Mais pour Harry Potter, ça n’en vaut pas la peine. De gâcher une si jolie amitié. Le genre qui dure depuis si longtemps qu’on ne se rappelle même pas à quoi ça ressemblait avant. Il n’y a jamais eu d’avant à vrai dire. Le soir rimait avec les conversations sur msn, les vacances sont synonymes de galère à trouver du réseau et du crédit pour envoyer un simple sms. Jamais très loin mentalement ensemble, Birdie ne peut vraiment pas se permettre de perdre son seul allié à l’école, une des rares personnes qui comprend son monde, qui parle à peu près son langage et surtout qui la supporte et la suit allègrement dans ses délires farfelus. Sans lui demander de changer, sans omettre de critique négative. Le meilleur ami parfait.
Enfin, quand le meilleur ami parfait ne s’évertue pas à imiter le bourdon et pire, à venir piquer sa joue avec son doigt. Doigt qu’elle tape avec force parce que « t’es vraiment trop con » sérieux. « T’inquiète, on grandira ensemble jusqu’à la nuit des temps. » « Et même au–delà. » Qu’elle rajoute avec un petit sourire mutin de coin qu’elle ne peut s’empêcher d’avoir parce que c’est une perspective dont elle peut se contenter, Birdie. Même si l’idée de vieillir lui donne déjà l’envie de pleurer. Vraiment. Presque.
Cependant, Cadburry ne pleure pas et son expression faciale finit même par s’attendrir à outrance parce que Will, dans toute sa bonté grandissante qui le caractérise, lui sort un doux « Même les dinosaures sont moins importants. » Et franchement, « c’est la chose la plus cool que tu puisses dire. » Le connaissant assez pour savoir que les dinosaures sont son univers entier (il lui a même offert une peluche dinosaure – dont le nom lui a échappé – pour veiller sur elle qui trône fièrement sur le rebord de la fenêtre dans la chambre de la blonde) alors c’est un compliment, une attention, une catchline qui lui donne du baume au cœur et des petits battements dans le ventre. Si Birdie ne l’avait pas attaqué avec un coussin, elle aurait misé sur ses bras pour l’étouffer de son émerveillement. « Ça sonne aussi bien que Père Dunham. » Elle rigole sans prétention, Birdie. « Sainte Birdie et Père Dunham. On devrait écrire au Saint Pape. » Il adorerait tellement les titres qu’il les acceptera sans clignement des yeux. Pour sûr.
« Je suis doué. » « Oui tu l’es. Mais pas là. Il faut toujours une exception à la règle, c’est comme ça. » Birdie cligne des yeux, plusieurs fois, juste pour se foutre de sa tronche. Voir Will énervé et vexé dans un de ses domaines de prédilections, c’est un petit bonheur personnel dont elle ne se cache même pas d’apprécier. D’autant que Will a du répondant, il ne la déçoit jamais dans ses réactions et cela la fait (beaucoup trop) rire. Tout comme voir son expression pincée, agacée puis résignée, son soupir qui s’échappe de ses lèvres en même temps que son rire avant de les pincer puis de les ouvrir parce qu’elle a gagné, il a perdu, il lui doit son dû. Un dû que Birdie observe, toujours à cheval sur lui, son sourire ne se perdant pas (au contraire), ses prunelles bleutées contemplant les traits de son ami. Elle a peut–être zappé quelques phrases qu’il a dit, elle qui n’a jamais vu les films ne pouvant comparer et émettre un débat. Là n’est pas le sujet. Elle se perd dans ses iris aux teintes bleues plus claires que les siennes. Comme si elle les découvre pour la première fois. « Bon, tu me libères ? J’suis pas sûr que ton frère apprécierait de nous voir comme ça. » Birdie cligne une fois des yeux, comme si elle revient au monde réel, avant de sourire de nouveau. « Mon frère dira rien. Ma sœur, par contre… » Aurora est bien pire qu’Elwyn. Aurora s’insurge de beaucoup (trop) de choses. L’autorité parentale, c’est elle. Mais Birdie ne bouge pas plus, elle baisse même son visage vers celui de Will. « Tu voulais savoir ce qu’il se serait passé si t’avais gagné ? » Elle caresse timidement son nez au sien avant que son sourire se perde sur les lippes de son meilleur ami, ses doigts toujours agrippés à ses poignets pour ne pas qu’il bouge. C’est bizarre. C’est étrange. Mais c’est agréable. Il s’agit d’un simple et innocent frôlement de lèvres et pourtant, quand elle relève son visage, elle a les joues cramoisies. Elle avait planifié le geste mais pas ce qu’elle aurait pu ressentir. La vision de Will lui parait différente alors que rien n’a changé.
Alors que c’est exactement le contraire qui vient de se produire. Tout a changé. Tout ça pour un pari stupide.
Dernière édition par Birdie Cadburry le Jeu 3 Déc 2020 - 17:38, édité 2 fois
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Avoir une amie comme Birdie à mes côtés c’est précieux, j’en ai de la chance je le sais j’en suis tout à fait conscient. Alors je secoue la tête de gauche à droite quand elle me dit qu’on peut pas prendre le risque de gâcher notre amitié. Elle a raison. J’ai une meilleure amie en or, elle est parfaite. Elle me fait rire, j’aime passer du temps avec elle et je crois même que j’aimerais bien lui ressembler un peu plus. Elle est elle-même. Elle s’en fou de ce qu’on peut dire sur elle, sur son style qui peut être extravagant ou inhabituel, les regards moqueurs ou interrogateurs ça lui passe par-dessus la tête et mon dieu qu’est-ce que j’aimerais avoir cette même capacité. Même si je le montre pas, les moqueries de mes camarades m’atteignent sûrement plus que je n’ose le dire. Aussi parce que je sais qu’en rentrant des cours je vais me connecter à mon ordinateur et harceler Birdie de wizz sur msn jusqu’à ce qu’elle daigne me répondre, nos conversations sont longues voire même interminables. On a toujours quelque chose à dire et quelque fois on se déconnecte beaucoup trop tard, même quand on a cours le lendemain. Mais c’est ça aussi, pour moi, une vraie amitié. Birdie, c’est ma plus fidèle alliée, ma meilleure amie, une des personnes les plus importantes pour moi et je sais qu’on n’est pas prêt de se lâcher. Même si elle est apparemment incapable d’apprécier mes blagues à leur juste valeur. « t’es vraiment trop con » Mes sourcils se froncent d’un air faussement vexé. « Elle était trop bien mon imitation déjà. » Super imitation de bourdon oui, je vous jure que c’est vrai. Ou peut-être pas. Mais laissez-moi y croire s’il vous plaît. « Et même au–delà. » On va grandir ensemble jusqu’à la nuit des temps et même au-delà. Ça me fait sourire, bêtement, mais ça me fait sourire et je ne peux pas m’empêcher d’ajouter un petit commentaire en plus. « Vers l’infini, et au-delà ! » Mon poing est levé vers le haut comme pourrait le faire buzz l’éclair. Et en plus de ça j’ai pris une voix un peu plus grave, juste pour me donner un style ou bien pour essayer une bien pauvre imitation de ce personnage trop cool. Mais cette fois je suis vraiment fier de mon imitation et j’espère qu’elle saura aussi l’apprécier.
« c’est la chose la plus cool que tu puisses dire. » Si elle savait. « C’est la première fois que je le dis à quelqu’un. » Maintenant elle le sait. Non parce que sérieux, les dinosaures c’est vraiment trop cool. Je souris même un peu – toujours bêtement – en lui disant ça. Parce que c’est vrai, déjà. Si un jour on me demandait de choisir entre : 1) continuer à étudier et lire des tas de choses sur les dinosaures mais dans ce cas je ne peux plus ni voir ni parler à Birdie. Ou 2) Continuer à la voir mais devoir lâcher ma passion pour les dinosaures. Vous savez quoi ? C’est la deuxième option que je choisirai. Je pense. J’en suis même sûr. « Sainte Birdie et Père Dunham. On devrait écrire au Saint Pape. » C’est à mon tour de rire. Parce que ces surnoms sont ridicules, ils nous vont pas du tout. Mais c’est ça aussi qui est drôle. Par contre ce qui est beaucoup moins marrant c’est ma défaite. J’ai perdu notre pari et Birdie aime bien me le rappeler. « Oui tu l’es. Mais pas là. Il faut toujours une exception à la règle, c’est comme ça. » C’est la deuxième fois en dix minutes que mes sourcils se froncent de la sorte, de cet air boudeur qui ne me quitte pas. Parce que j’aime pas perdre. Encore moins face à Birdie, je sais pas pourquoi mais j’ai pas envie de la décevoir. Même si là elle ne semble pas déçue j’ai même l’impression qu’elle jubile de l’intérieur m’avoir vu perdre et en quelques secondes je me retrouve allongé sur le canapé, Birdie à cheval sur moi me tenant les poignets pour m’empêcher de bouger. Je suis prisonnier, obligé de lui dire à quel point Jurassic Park 3 est mon préféré – alors que c’est faux ! je vous assure ! – Elle me demande de dire tout ça et j’ai l’impression qu’elle ne m’écoute pas – scandale ! – et c’est quand je lui demande de me libérer qu’elle cligne des yeux comme si je venais de la sortir de ses rêves. « Mon frère dira rien. Ma sœur, par contre… » Je reste bloqué sur son si beau sourire. Ça me fait complètement craquer. Mes yeux alternent entre son sourire et ses yeux bleus à de nombreuses reprises. « Tu voulais savoir ce qu’il se serait passé si t’avais gagné ? » Je crois que nos visages n’ont jamais été aussi proches. Je ne parle pas, j’hoche simplement la tête de haut en bas, son nez frôle le mien et avant même que je ne puisse réfléchir à quoique ce soit ses lèvres sont sur les miennes. Et à cet instant précis, c’est bizarre ce que je ressens. Une sensation étrange, inconnue dans l’estomac et l’impression que mon cœur a loupé un battement. C’est bizarre. Mais agréablement bizarre. C’est pas long, ça dure à peine quelques secondes mais suffisant pour complètement me déstabiliser et quand elle éloigne son visage du mien je suis prêt à parier toutes mes cartes Pokémon que je suis rouge comme une tomate. Pendant un court instant je n’ose plus bouger essayant simplement de comprendre ce qu’il vient de se passer. Mes yeux sont perdus dans son regard bleuté et j’essaie doucement de libérer mes poignets de son emprise sans jamais la quitter des yeux. C’est à mon tour de m’approcher d’elle, je me redresse un peu et je sens mon cœur battre à ma chamade, je vous jure que là, il est prêt à exploser. Maintenant je prends mon courage à deux mains pour l’imiter, mes lèvres se perdent sur les siennes, je ferme les yeux me concentrant sur ce moment, sur ce qu’on est en train de faire. Avec hésitation je pose une main sur sa joue. Le baiser reste encore timide et pas franchement très élaboré mais tout de même un peu plus long que le premier. Et ça me fait frissonner. C’est agréable. Très agréable. Je finis quand même par rompre ce contact et encore une fois, je sais que je suis tout rouge, ça doit être ridicule à voir. J’ose à peine la regarder dans les yeux mais cette fois je suis persuadé que je souris bêtement. « Je regrette vraiment de pas avoir gagné. » Autrement dit, j’ai bien aimé t’embrasser, Birdie. Ça y est, j’ai embrassé une fille. Mon premier baiser, avec ma meilleure amie. Plus rien ne sera comme avant. Tout a changé. Tout va changer.
« Elle était trop bien mon imitation déjà. » Birdie lui lance un regard qui laisse sous-entendre qu’il n’a pas à compter sur elle pour qu’elle lui cire les chaussures concernant son imitation. Il n’empêche qu’elle sourit parce que Will est un idiot, mais c’est son idiot et qu’elle l’adore sûrement bien plus qu’elle ne peut l’imaginer. Le supposer. Le comprendre. Ils sont solidaires entre eux, ils le doivent vu les requins qu’il peut y avoir à l’école. C’est leurs différences qui les ont rapprochés et ça, ça vaut toutes les amitiés du monde. En tout cas, aux yeux candides de Birdie qui n’a pas beaucoup d’amis, outre ceux de son quartier. Will est le seul qu’elle ait réussi à se faire à l’école. Un exploit. Il supporte ses délires, il la laisse s’insurger contre les différences de rose que les gens confondent toujours et il est même là quand elle a besoin de partager son excitation sur les dernières musiques girly du moment. « Vers l’infini, et au-delà ! » Birdie éclate de rire et elle vient même passer ses bras autour de lui pour un nouveau câlin improvisé – elle a le droit, elle le lui rappellera. Will ne pensait pas si bien dire.
« C’est la première fois que je le dis à quelqu’un. » Il y a un moment, une seconde (ou plusieurs) assez émouvante pour Birdie, qui le regarde en posant ses deux mains contre sa mini poitrine. Will a l’air sincère et la petite blonde le connait assez pour savoir qu’il l’est. Elle n’a pas besoin qu’il le lui dise, que c’est la première fois. « J’suis plus importante que les dinos ? » La voix de la jeune fille est toute mielleuse, le visage adorable et ses doigts toujours joints contre elle. « J’ai conscience de ce que tu m’as dit, là. » Même si elle en est émue, touchée et qu’elle en rougirait presque (elle ne pensait pas être si importante à ses yeux, vraiment), Will peut être sûr que Birdie n’oubliera pas de sitôt ses paroles.
A part si elle continue à faire ce qu’elle fait. Embrasser son meilleur ami. Avoir la sensation que son cerveau part en fumée. Que toute cohérence ne soit plus, ou moins vu qu’on parle de Birdie. Le léger frémissement, tremblement. La panique au fin fond du ventre. Celle d’être rejetée, sûrement. Et le choc. De son acte audacieux. Irréfléchi. Spontané. Birdie ne s’en serait pas crue capable. Elle ignore ce qu’il a bien pu lui passer par la tête. Une folie passagère. Une pulsion impulsive. Une envie soudaine. Will est mignon. Will est drôle. Will est gentil. Pourquoi elle ne voudrait pas l’embrasser ? Surtout quand il boude, quand il n’aime pas perdre, quand il regrette de lui devoir lui donner raison. Parce que c’est son meilleur ami. Parce qu’elle n’a jamais fait ça avant. Avec personne. Elle en a rêvassé, bien sûr. Comme toutes les filles de son âge. Mais entre le rêve et la réalité, il y a un monde. Et la réalité a voulu que son premier baiser tombe sur son meilleur ami. Pas qu’elle le regrette. Mais c’est flippant.
Will est rouge mais elle doit l’être tout autant, jusqu’à la racine de ses cheveux châtains. Il ne l’a pas rejeté, mais il ne dit rien et entre eux, ce n’est pas normal, le manque de communication. Il y en a toujours un pour parler, pour combler le vide, pour dire stop au silence. Ils ne savent pas l’être, que ce soit lui ou elle. De vraies petites pies, comme se moque parfois Aurora. Et pourtant, là, il y a le silence qui s’installe. Birdie qui ne bouge pas et Will qui finit par réagir en se libérant de son emprise. La mini Cadburn ne se fait pas attendre. Ses doigts se desserrent et son ami se redresse. Pour l’embrasser à son tour. La surprise est double. Birdie ne se serait pas attendue à ce geste de sa part non plus. Birdie ne ferme pas les yeux, pas tout de suite. La situation lui parait irréelle. Et pourtant, il pose sa main sur sa joue et elle finit par les fermer, tentant de faire du mieux qu’elle peut pour réagir contre ses lèvres. C’est timide, c’est sûrement maladroit mais hey ! c’est la première fois. « Je regrette vraiment de pas avoir gagné. » Will a détaché sa bouche, Birdie regarde son épaule avant son visage et d’imiter son sourire bête. « Avoue que t’aurais préféré des chamallows au chocolat. »
« Alors, qu’est– » Une troisième voix s’invite à la partie, provoquant un retournement de sang chez Birdie. Son regard bleu se tourne et c’est sa sœur aînée qui apparait dans son champ de vision. Qui les voit dans cette position. Sur le canapé familial. Si la honte ne l’a pas encore engloutie, c’est maintenant qu’elle le fait. Pour une fois qu’elle a honte – mais honte de quoi ? D’avoir eu son premier baiser ? De s’être fait prendre ? Que ce soit avec Will ? « Vous faites quoi, tous les deux ? » Aurora a l’œil suspicieux, les bras qui se croisent et Birdie passe une main sur ses lèvres avant de se lever brutalement de Will et se mettre debout en face du canapé. « Rien. Enfin, si, on faisait quelque chose. On joue. A GTA. Le nouveau. Will l’a ramené et il a prouvé qu’il est nul. C’est tout. » Un débit bien plus rapide que d’habitude, Aurora n’est pas née de la dernière pluie pour savoir que sa cadette lui camouffle quelque chose. « Tu viens ? » Birdie pose la question à Will mais elle n’attend pas sa réponse pour lui prendre le poignet et l’entrainer dehors, prenant un foulard au passage, le faisant courir vers la forêt du quartier.
Quelques minutes plus tard, ils sont en plein milieu des arbres, le soleil perçant à peine à travers le feuillage épais. Birdie s’arrête en riant tout en se tournant vers Will. « Pfiou, c’était moins une. T’imagines qu’elle nous aurait vu juste– » Elle s’interrompe soudainement en réalisant elle–même ce qu’ils étaient en train de faire juste avant que sa sœur débarque. Birdie racle sa gorge tout en enroulant son foulard autour de ses poings. « Je… Est–ce que ça change quelque chose ? » Oui, Birdie. Tout.[/size]
Dernière édition par Birdie Cadburry le Mer 9 Déc 2020 - 18:11, édité 1 fois
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C’est pas n’importe quoi ce que je viens de lui dire. Les dinosaures c’est une très grande partie de ma vie et je me suis d’ailleurs déjà promis que plus tard, quand je serai plus grand, je serai paléontologue. Un Ross Geller pour qui, son amour pour les dinosaures est tellement fort qu’il a décidé de passer tout le reste de sa vie à les étudier. Alors quand je dis à Birdie que je l’aime plus que les dinosaures, c’est pas n’importe quoi. C’est pas des mots dit à la légère juste comme ça. Et en plus elle le sait parce que c’est elle ma meilleure amie, celle qui me connait plus que n’importe qui. « J’suis plus importante que les dinos ? J’ai conscience de ce que tu m’as dit, là. » Et là je me surprends à la trouver super-chou. Elle est touchée par mes mots et je me transforme presque en mec super-timide là, maintenant, tout de suite. Alors que je le suis pas du tout. J’acquiesce d’un signe de tête, oui Birdie, t’es plus importante que les dinos. « Bah oui. Je préfère passer les récréations avec toi plutôt qu’à lire ma revue dinosaures. » Pourtant je reçois une revue par mois et tout ce qui est écrit dedans est tellement plus intéressant que parler aux gens qui m’entourent. Sauf lui parler à elle du coup.
Et puis ce qu’il se passe juste après est super bizarre. Attention, pas bizarre négativement, non non, non pas du tout. Bizarre parce que c’est nouveau. Bizarre parce que c’est Birdie qui a brisé cette distance physique pour poser ses lèvres sur les miennes, et pendant quelques secondes mon cerveau s’est mis en pause. Sûrement pour me permettre de réaliser ce qui est en train de se passer. Birdie m’a embrassé. Depuis quand on s’embrasse ? C’est nouveau. Mais pas désagréable. Oh non, tellement pas désagréable. Mais complètement déstabilisant. Comment est-ce que je suis censé réagir ? Ils font comment dans les films les garçons, quand leur meilleure amie les embrasse ? Ça arrive pas si souvent. Peut-être parce que normalement on embrasse pas ses amis. Sauf que Birdie et moi on est différents. On fait pas comme les autres. On aime bien se démarquer et c’est très certainement un grand point commun entre nous. Peut-être qu’au final on est un peu plus que des amis ? Bah oui on est meilleurs amis, imbécile. Et si on était même un peu plus que ça ? Cette pensée est un peu effrayante quand même. C’est bizarre mais au final ça ne semble pas si mal que ça. J’aurais pu la repousser ou du moins faire une blague pourrie pour désamorcer la situation un peu gênante mais je ne le fais pas. C’est même tout le contraire que je fais. C’est à mon tour d’approcher mon visage du sien pour l’embrasser. J’ai envie de recommencer et pour la deuxième fois je sens comme des petits papillons dans mon estomac. Je pourrais presque m’y faire en fait. Je m’autorise même un petit geste qu’on voit souvent dans les films. Vous savez quand le mec il pose sa main sur la joue de la fille ? C’est ce que je fais, sauf qu’à la télé les baisers sont remplis de passion et on voit que les acteurs savent ce qu’ils font. Sauf que nous on n'en sait rien. On improvise. On fait comme on peut. On découvre. Et pour une fois, j’aime plutôt bien cette nouveauté. « Avoue que t’aurais préféré des chamallows au chocolat. » Un demi-sourire s’étire sur mes lèvres et je n’attends pas plus longtemps pour lui répondre. « Ah mais carrément. Les chamallows en chocolat, toujours numéro un dans mon cœur. » Quoi ? Pourquoi je lui ai dit ça ? C’est con, ça n’a aucun sens mais j’essaie juste que ne pas lui montrer que ces deux derniers – premiers – baisers m’ont déstabilisé.
«Alors, qu’est– » Quoi ? Mon cœur fait un bon. Je suis sûr que si on était en train de me faire un électrocardiogramme l’examen aurait montré que mon cœur a cessé de fonctionner pendant quelques secondes avant de reprendre une activité. En gros je suis mort, et j’ai ressuscité direct après. « Vous faites quoi, tous les deux ? » Okay, be cool. Be cool, man. C’est la phrase qui tourne en boucle dans ma tête et pourtant je suis aussi rouge qu’une Pokéball. Je suis gêné et pas besoin d’être devin pour le deviner, mon comportement me trahit. « Rien. Enfin, si, on faisait quelque chose. On joue. A GTA. Le nouveau. Will l’a ramené et il a prouvé qu’il est nul. C’est tout. » J’hoche la tête beaucoup trop rapidement pour que ce soit naturel. En bref, je me trahis de plus en plus. Je nous trahis. « Ouais. Trop nul. Elle doit avoir un cheat. Je sais pas. Mais elle a gagné. C’est bizarre. Parce qu’elle gagne jamais normalement. Mais là elle m’a battu. Mais t’inquiète je vais me venger hein.» Mon débit de parole est tout aussi étrange que celui de mon amie. Mais Aurora est pas bête, elle connait assez sa sœur pour voir qu’il y a quelque chose qui cloche. « Tu viens ? » Oui j’ai envie de partir loin. Très loin. Je me laisse entrainer par Birdie et avant de quitter la maison il faut que je l’ouvre encore. « Bye-bye sleeping beauty. » Ces mots inutiles sont adressés à Aurora mais ils montrent surtout à nouveau une chose; mon malaise. Quand je suis mal à l’aise, je fais des blagues nulles. La grande sœur de Birdie vient juste d’en faire les frais. Et si notre course jusqu’à la forêt peut aller aussi m’apprendre une chose : il faut que je fasse un peu de sport. Endurance zéro pour moi. C’en est ridicule. « Pfiou, c’était moins une. T’imagines qu’elle nous aurait vu juste– » Une de mes mains vient trouver refuge dans ma chevelure blonde alors qu’un léger rire ressort de mes lippes. C’est un rire gêné. Je relève les yeux vers mon amie avant de lui poser une question. « Tu crois qu’elle a compris ?» Elle est pas bête, Aurora, mais j’aimerais bien rester dans le déni en me disant qu’elle n’a eu aucun mal à croire en l’histoire nulle de sa sœur. « Je… Est–ce que ça change quelque chose ? » Mon regard fixe avec insistance le sol et un de mes pieds joue nerveusement avec la terre, je renifle, j’hausse les épaules ne sachant pas trop quoi lui répondre. « J’en sais rien. C’est la première fois que je faisais ça… » Pas comme si j’étais un tombeur à l’école. Loin de là, je fais partie du club des losers alors pensez-vous. «… que j’embrassais quelqu’un. » Autant mettre un mot sur ce qu’on vient de faire. Sur ce qu’on vient de vivre. Notre premier baiser. Et cette fois un nouveau petit sourire fait son apparition sur mon visage avant que je ne la regarde de nouveau. « C’était assez cool. » C’est une manière comme une autre de lui dire que j’ai beaucoup aimé l’embrasser et que je ne serais pas contre l’idée que ça se reproduise à nouveau.
« Bah oui. Je préfère passer les récréations avec toi plutôt qu’à lire ma revue dinosaures. » Les prunelles de l’adolescente ont sûrement dû se dilater au fur et à mesure que l’émotion la prend. Il est adorable, Will, en plus d’être mignon. La petite blonde le regarde avec émerveillement avant de simplement se jeter à son cou, sans aucune parole, rien à redire, inutile de gâcher ce qu’il a dit par des dialogues insignifiants. C’est déjà assez joli comme ça, elle saura s’en rappeler à toute occasion – surtout quand elle en aura besoin – mais pour l’instant, Birdie est juste émue d’une telle déclaration qu’elle sait importante et conséquente pour son meilleur ami. « Ah mais carrément. Les chamallows en chocolat, toujours numéro un dans mon cœur. » La Cadburn glousse, ses joues rosées parce qu’elle vient de poser ses lèvres sur les siennes et que Will étant Will, il balbutie et surenchérit ses propos. Il est génial, qu’elle ne peut que penser, en plus d’être mignon. Birdie est un vrai cœur d’artichaud et le fait que Will lui consacre autant de jolies attentions que de délicats gestes, elle se voit sûrement déjà passée sa vie avec lui. Juste parce qu’il a perdu un pari, qu’elle l’a embrassé et que c’est foutrement le moment le plus romantique qu’elle ait vécu jusqu’à maintenant – après tout, à l’âge de treize ans, ce n’est pas étonnant d’être déboussolée par ce genre de moments.
Un doux moment qui aurait pu continuer dans leur bulle si l’aînée ne l’avait pas faite éclatée. « Ouais. Trop nul. Elle doit avoir un cheat. Je sais pas. Mais elle a gagné. C’est bizarre. Parce qu’elle gagne jamais normalement. Mais là elle m’a battu. Mais t’inquiète je vais me venger hein. » « Hey ! » « Bye-bye sleeping beauty. » Birdie lui tape le bras avant de l’enlever, de le kidnapper dans cette forêt qu’elle ne connait que trop bien. Petit singe sur les arbres, petite chasseuse à travers les feuillages, conteuse imaginative qui se construit ses histoires dans ces bois. Son refuge, aussi, surtout, où elle aime s’y perdre – sans le faire car son chemin est toujours retrouvé – s’y cacher. Elle bouscule l’ordre calme des choses et en même temps, elle n’a jamais été aussi respectueuse du silence qu’ici.
Même si ce jour–là, avec un Will plus essoufflé qu’elle, il est clair que le silence ne sera pas pour aujourd’hui. « Tu crois qu’elle a compris ? » Mais Birdie, remontant une mèche sur son crâne, reste buté sur une seule chose ; « Sleeping beauty ? T’as appelé ma sœur sleeping beauty ? » Elle finit par éclater de rire parce que c’est très drôle et que cela prouve le niveau de stress dans lequel navigue Will pour avoir osé sortir ça à Aurora. Son aîné n’est pas un tyran mais Birdie ne cache pas que sa sœur sait être sévère et trop autoritaire, deux notions qui sont rares chez les Cadburry. Naturellement, Will a pu entendre son amie se plaindre plusieurs fois d’Aurora ; de là à ce qu’il l’appelle la belle au bois dormant, la petite blonde ne s’y était vraiment pas préparée. « J’en sais rien. C’est la première fois que je faisais ça… que j’embrassais quelqu’un. » Birdie passe sa lèvre supérieure sur celle de dessous, ses prunelles claires coincées sur l’apparence d’un Will qui semble ne pas vouloir la regarder avant de la gracier enfin de son beau regard tout aussi azur que le sien. En plus d’un sourire. « C’était assez cool. » Birdie s'avance, son regard bleuté levé dans celui de son ami, l'expression de son visage démontrant une certaine malice qui prouve que la situation aussi surprenante qu'inattendue l'amuse grandement. Même si y a son cœur qui tambourine furieusement contre ses côtes mais elle le cache, l'adolescente. Elle lève le menton, taquine et fière, elle se veut plus assurée que Will – et clairement qu'elle l'est, aucun pari n'est possible là-dessus. « Assez cool dans le sens 'c'est ma façon polie de dire que c'était nul' ou dans le sens 'à refaire’ ? » La petite blonde est déjà en train de jouer avec son foulard, qu'elle détend entre ses mains avant de rire légèrement. « Heureusement que c’était la première fois. Si t’avais déjà embrassé quelqu’un sans que je sois au courant, j’aurai été hyper jalouse. Enfin, pas jalouse mais vexée. En tant que meilleure amie, je me dois d’être informée de ce genre de choses. » Elle quitte la vision du jeu de son foulard dans ses mains pour redresser sa tête vers celui de Will après avoir fait quelques pas pour s’approcher de lui. « On joue à calamya ? » Elle ne lui laisse pas le temps de réfléchir et encore moins de répondre – parce que cette petite tête blonde a beau être brillante, il a l'air d'y avoir un ou deux fils de griller – qu'elle est déjà en train de lui bander les yeux. Birdie lui sourit même s’il ne peut pas la voir, elle se redresse un peu sur la pointe de ses pieds pour l’embrasser timidement sur le coin des lèvres. « Si t’arrives à m’attraper, t’en auras le droit à d’autres. Histoire de voir si c'est vraiment cool. » Une promesse qu’elle murmure pour eux, un secret que seule la nature est témoin. La petite blonde fait tourner Will sur lui–même avant de s’échapper de quelques pas hors de sa portée. « Sois aussi vif qu’un guépard, Willybear ! »