♛ All I know since yesterday is everything has changed
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« Sleeping beauty ? T’as appelé ma sœur sleeping beauty ? » Avec toute ma naïveté j’hausse doucement les épaules. Oui, et alors ? C’est de sa faute en même temps, elle s’appelle Aurora. Je dois pas être le premier du monde à lui avoir donné ce surnom. Et puis franchement ça va, y a pire quand même. Genre Ursula ou Cruella, si on reste dans le thème Disney. Donc sleeping beauty, franchement elle s’en sort pas si mal que ça. Mais Birdie éclate de rire et ce son si caractéristique me fait sourire moi aussi, et mon rire finit par se mélanger au sien. Parce que sérieusement, j’ai appelé sa sœur la belle au bois dormant. Merde alors. J’ai complètement craqué, mais au moins si vous aviez besoin d’une preuve pour vous rendre compte de mon niveau de stress et de malaise, gardez en mémoire ce magnifique surnom que je lui ai donné. Elle va me détester, Aurora. Et maintenant je crois que je ne vais plus jamais oser remettre les pieds chez Birdie, de peur de croiser sa plus grande sœur. Quand je suis mal à l’aise je fais des blagues, un peu comme Chandler dans Friends et quand notre conversation est de nouveau portée sur les baisers que nous avons échangés, j’ai envie de me faire dans un trou pour ne plus jamais en ressortir. Il me faut même un petit moment pour parvenir à regarder de nouveau mon amie, et ce sourire qui est collé à ses lèvres, je le connais. Elle a une idée derrière la tête, je le vois. « Assez cool dans le sens 'c'est ma façon polie de dire que c'était nul' ou dans le sens 'à refaire’ ? » Un petit rire se fait entendre. Je ne sais même pas pourquoi je rigole. C’est ridicule. Je suis ridicule – nerveux, plutôt. – C’est un rire léger, à peine audible, qui montre bien mon malaise actuel. « Euh…j’sais pas. » Si, je sais. Alors pourquoi je dis le contraire ? Ah oui, parce que je suis un idiot, voilà pourquoi. « Dans l’sens que c’était cool. Dans le sens que j’ai bien aimé. Enfin genre à refaire ouais. Enfin voilà quoi. » Bah oui, voilà quoi. N’importe quoi. Il y a une heure j’étais à l’aise avec elle et maintenant j’ai l’impression d’être incapable de la regarder sans rougir. « Heureusement que c’était la première fois. Si t’avais déjà embrassé quelqu’un sans que je sois au courant, j’aurai été hyper jalouse. Enfin, pas jalouse mais vexée. En tant que meilleure amie, je me dois d’être informée de ce genre de choses. » Je me pince les lèvres tout en souriant comme un idiot. Ça au moins je sais bien le faire. Sourire comme un con. Je me redresse, pour essayer de me donner un air fier et pour laisser ces doutes et ce malaise qui sont en train de m’envahir. « T’inquiètes, t’es toujours la première au courant de tout ce qu’il se passe dans ma vie. » Donc pas grand-chose. Parce que soyons honnête, je suis pas le mec ayant le plus de vie sociale au monde. C’est pas non plus comme si j’avais beaucoup d’amis. Maintenant qu’elle fait quelques pas en avant pour s’avancer vers moi, mon regard bleuté se plante dans le sien. « On joue à calamya ? » Elle est rapide, Birdie, je n’ai même pas le temps de lui répondre que son foulard est déjà sur mes yeux. Je ne vois plus rien – en même temps c’est un peu le but du jeu – mais je souris quand même. « Tu vas tellement - » perdre. Mais ce dernier mot ne ressort pas d’entre mes lèvres puisque je sens ses lèvres se poser doucement sur le coin des miennes. C’est bizarre toutes ces sensations que je ressens à chaque fois qu’elle fait ça. Bizarre mais vraiment agréable. « Si t’arrives à m’attraper, t’en auras le droit à d’autres. Histoire de voir si c'est vraiment cool. » Oh. Oh. C’est intéressant, ça. Je me laisse totalement faire, je tourne autour de moi-même et quand je la sens s’éloigner de moi je tends mes bras devant moi. Comme si ça pouvait changer quelque chose. Mais là pour l’instant j’ai surtout la tête qui tourne et je suis à deux doigts de vomir – ça serait un peu dommage quand même. – Ma main se pose sur mon front et je fais mine d’être étourdi, simplement pour faire l’idiot et pour l’amuser, comme j’aime tant le faire. Sauf qu’à faire de faire l’imbécile, je vais vraiment finir par tomber. « Sois aussi vif qu’un guépard, Willybear ! » « J’suis aussi rapide qu’un Nanotyrannus, aussi agile qu’un Dryosaure ! » C’est au tac-au-tac que je lui réponds avec même beaucoup d’assurance. Ce qui est assez étonnant quand on se rappelle que quelques minutes auparavant je n’arrivais même pas à la regarder tant j’étais presque gêné d’avoir autant aimé embrasser ma meilleure amie. Parce que Birdie, c’est ma meilleure amie. La meilleure copine du monde qu’on ne puisse jamais avoir. On se comprend, on se complète et on a beau être différent mais on se ressemble quand même un peu dans un autre sens. Ce petit grain de folie, on vit dans un monde à part tous les deux. C’est pour ça que personne ne nous comprend. Je la cherche, je sais qu’elle n’est pas très loin, je sais qu’elle est quelque part juste autour de moi. « ATTENDS ! » Je reste immobile, je m’arrête, mais je souris avant de reprendre. « Tu sens cette odeur ? » Je ne lui laisse même pas vraiment le temps de me répondre. « Tu sens l’odeur de la défaite ? » Et oui je vous jure que je suis vraiment fier de ma connerie. Dans tous les cas je fais encore quelques pas et…
WIN – J’ai trouvé Birdie, c’est bien vers elle que je m’avance. Je pose mes mains sur son visage tout en riant, fier d’avoir gagné aussi vite. « C’était trop facile. » Qui a dit qu’il fallait être modeste ? Personne, on est d’accord ? Je fais encore quelques pas vers elle et je profite même de cet élan de confiance qui m’envahi pour cette fois prendre les devants ; je pose timidement mes lèvres sur les siennes alors que mon cœur est encore une fois en train de s’emballer. Sans rompre ce contact j’enlève le foulard qui me bloque la vue et je suis sûrement en train de rougir.
SO CLOSE – « Arrête de bouger aussi, tu triches là ! » Oui je râle, parce qu’elle est plus douée que moi et l’avouer me fait chier. Je fais quelques pas vers, ce que je pense être ma meilleure amie. Je touche ce tronc d’arbre, persuadé de l’avoir trouvé je souris et ôte le foulard de mes yeux… « GAGNÉ !!! » Mes bras sont levés en l’air et quand je me rends compte que je viens de confondre Birdie, avec un tronc d’arbre j’hésite sérieusement à me cogner la tête contre celui-ci.
FAIL – Birdie est trop douée, et moi sûrement trop perturbé par ces dernières minutes. Les baisers échangés, Aurora qui nous surprend et maintenant les enjeux de ce jeu ; si je gagne je peux encore l’embrasser. Trop cool, mais je veux l’embrasser encore moi ! Je tourne partout en râlant, je vais vite et me pieds s’emmêlent dans les racines d’un tronc d’arbre et je m’écroule sur le sol. « Aïe… » D’un geste rapide j’enlève le foulard et merde, je me suis vraiment fait mal. La cheville sûrement foulée voire même une petite entorse et ce sont les genoux qui ont bien souffert dans un second plan. Je saigne un peu, j’ai mal. C’est un fail.
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31470 POINTS : 400
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
« Euh… j’sais pas. » Une réponse qui a le mérite de faire arquer un sourcil blond à la gamine. Will ne sait pas et Birdie ne peut pas savoir pour lui. Elle sait qu’elle a apprécié. Est–ce qu’elle l’avait fait exprès ? Non. Est–ce qu’elle le referait ? Totalement. Will a toujours été là pour elle, à ses côtés dans les bons comme les mauvais. A se souder mutuellement les coudes pour survivre à la jungle de l’école. Pour garder la tête froide et haute du mieux qu’ils pouvaient au milieu de leurs camarades. Y a les copains – qui ne le sont pas – qui parlent, les rumeurs qui se créent et on lui a demandé un jour si elle était amoureuse de Will. Parce qu’une amitié fille/garçon est une aberration en plus d’être une chimère improbable. Elle avait répondu non sur le moment. Qu’est–ce qu’une gamine de treize ans y connait ? Elle fait juste des cœurs autour des images de ses chanteurs préférés, elle se complait à balbutier, rougir et aller voir inlassablement Malachi, y a aussi Dan qui est bien plus populaire que Birdie et Will ne le seront jamais. Son cœur de guimauve adolescente n’a jamais été amoureux mais il aime terriblement. Elle affectionne Will, et ce baiser fait passer la barrière de leur relation sous un tout nouvel angle. Est–ce que cela va tout gâcher ? Est–ce qu’ils sont supposés rester ensemble à vie ? Si non, est–ce qu’ils ne pourront plus se parler ? Elle a vu comment cela se passait avec ses sœurs et son frère. Souvent les ruptures ne sont pas de bon augure. Être séparée de Will est le dernier souhait de Birdie. « Dans l’sens que c’était cool. Dans le sens que j’ai bien aimé. Enfin genre à refaire ouais. Enfin voilà quoi. » Mais ils peuvent toujours essayer, n’est–ce pas ? Si le coloriage rougeâtre des pommettes de Will est une indication, le sourire finit par conclure que cela ne semble pas être une si terrible idée. Une relation peut s’arrêter à tout moment. Il suffira juste de choisir le bon et de le faire bien. Mais pourquoi tu penses déjà à tout finir alors que ce n’est même pas commencé ? Parce qu’elle a peur, dans le fond, Birdie. Pour ce que cela signifie, sur les palpitations de son cœur, ses doigts moites, l’avenir de leur amitié. C’est elle qui a lancée les hostilités pourtant. Oui, mais tu ne pensais pas que ça irait aussi loin. Ils n’ont rien fait de plus. Pour le moment. Parce que Will a dit que c’était ‘cool’ et ‘à refaire’.
Alors pour l’instant, les doutes et les appréhensions, au placard. « T’inquiètes, t’es toujours la première au courant de tout ce qu’il se passe dans ma vie. » Will recapte son attention et elle sourit à ses mots parce que « y a plutôt intérêt, Will Dunham. » Si jamais elle apprenait des choses que son meilleur ami ne lui dit pas, cela serait sûrement le début d’une lutte acharnée pour tenter de lui faire la tête pendant au moins une demi–journée. Pour l’avoir déjà fait, c’est épuisant. Elle n’avait même pas tenu au–delà de l’encas de 10h. « Tu vas tellement - » La petite blonde l’interrompt, le plus sournoisement possible, et ses perles bleutées admirent le rose délicat qui déferle sur le cou de son ami – c’est elle qui provoque ça ? Incroyable. « J’suis aussi rapide qu’un Nanotyrannus, aussi agile qu’un Dryosaure ! » Il ne peut pas voir les yeux qu’elle roule mais il peut entendre son rire qu’elle laisse échapper, en même temps que le bruit grossier des brindilles qui craquent sous ses pas. Bander les yeux de quelqu’un dans une forêt n’est pas foncièrement la chose la plus intelligente qui soit mais à situation exceptionnelle, risques exceptionnels, n’est–ce pas ? Le Dunham tourne, il s’arrête, il crie « ATTENDS ! » La petite blonde s’arrête, aussi immobile que lui, se retenant les lèvres pour ne pas lui faire remarquer que c’est lui qui est aveugle, et non elle qui est sourde. Mais cela serait absurde et la trahirait totalement. « Tu sens cette odeur ? » Il n’est pas loin, le bougre. « Tu sens l’odeur de la défaite ? » Et sa connerie non plus. Ne jamais douter de Will Dunham. Birdie essaie tant bien mais surtout que mal de se retenir de pouffer et pourtant, à peine une minute après, Will a ses mains sur son visage, lui torturant les joues sans qu’il s’en rende compte – il pourrait même le faire exprès qu’elle ne serait pas surprise. « C’était trop facile. » La jeune Cadburn veut protester mais il s’approche et l’embrasse doucement. Il lui happe les mots et lui cloue les arguments qu’elle voulait sortir, alors qu’elle le laisse venir, lui donne le champ libre. Ils sont nuls tous les deux, de toute façon, autant apprendre ensemble, n’est–ce pas ? Birdie ignore s’ils s’y prennent bien ou pas mais quand Will ôte le foulard et qu’elle passe ses bras autour de son cou pour le rapprocher d’elle, il y a bien les ‘papillons’ au ventre, des petits guilis pas désagréables qui font scintiller tout son intérieur. La petite blonde sent quand ils ont besoin d’air et elle détache ses lèvres tout en collant son front. « Avoue que t’as fait exprès de me faire rire. Tu m’as faite me trahir pour gagner. C’est pas une victoire très juste. » Elle sourit, posant timidement son sourire contre le coin des lippes du Dunham, leurs bustes balançant dangereusement vers son arrière à force de le tenir contre elle. « Et en plus tu prends ta récompense sans que je l’autorise. » Comme s’il a besoin d’autorisation. Une vraie gamine qui se découvre finalement un crush pour son meilleur ami, et qui découvre aussi que la gravité est importante quand elle provoque une chute vertigineuse contre le sol de feuilles, de terre et d’animaux rampants ou sur pattes de leurs deux personnes étroitement attachées. Will atterrit sur elle et Birdie lâche une grimace de douleur – heureusement l’amas de feuilles est assez conséquent, heureusement qu’elle n’est pas très haute, heureusement que la distance fut faible. « Tu me fais littéralement tombée pour toi. »
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Depuis quand est-ce que je souris comme ça quand je suis avec Birdie ? C’est bizarre, parce que c’est ma meilleure amie et au fond j’ai aucune raison de me montrer aussi hésitant et gêné face à elle. Au contraire, s’il y a bien une personne avec qui je me sens complètement à l’aise dans chacun de mes gestes et mes mots c’est bien elle. Birdie c’est ma meilleure amie et je me souviens pas de ma vie sans elle. Il y a pas de Will sans Birdie et si vous me cherchez et que vous apercevez Birdie vous pouvez être sûr que je suis pas très loin. Sauf qu’on s’est embrassés une fois – non, deux fois – et j’ai l’impression que cet acte a tout changé entre nous. En bien ou en mal ? J’en sais rien, mais la seule chose dont je suis sûr c’est que j’ai bien aimé et que je suis prêt à recommencer. Après avoir appelé sa grande sœur sleeping beauty je suis Birdie en courant dans la forêt pas loin de chez elle. Elle aime bien cet endroit, elle. Mais moi je sais qu’il peut m’angoisser un peu. Ou m’exciter ? Enfin, m’intriguer. Parce que j’aimerais bien y voir des créatures du genre une licorne ou un dragon pas très loin. Oui parce que dans ma tête, dans mon monde toutes ces créatures existent encore. Genre le monstre du Loch Ness, j’y crois dur comme fer. Je suis sûr que c’est une ancienne créature dont on a jamais vraiment découvert l’existence et qui, par je ne sais pas quel miracle a réussi à survire toutes ces années. Je trouve ça tellement plus fun et plus intéressant de réfléchir de cette manière.
Mais je me reconcentre sur le sujet principal. Parce que je m’éloigne, je m’égare dans mes pensées mais le foulard que me pose Birdie sur les yeux me ramène bien vite à la réalité. Surtout qu’elle m’autorise un nouveau baiser si j’arrive à la retrouver les yeux bandés et d’un coup, le jeu prend une toute autre tournure. Je fais l’imbécile – pour changer – et comme le génie que je suis, je finis par la trouver. Je m’arrête à quelques centimètres d’elle, mes mains se posent sur son visage et…bingo. J’ai presque envie de faire la danse de Chandler Bing mais je me retiens. Oui quand même, j’essaie de me retenir un peu parce que j’ai pas envie de perdre toute crédibilité. Surtout pas maintenant, ça serait un peu bête. Au lieu de ça je préfère prendre ma récompense tout de suite en posant mes lèvres sur les siennes. Un peu moins timidement que tout à l’heure bien que mes gestes restent un peu hésitants. C’est que la troisième fois après tout, c’est normal non ? J’enlève le foulard et les bras de ma meilleure amie sont autour de mon cou maintenant. Un peu bizarre mais toujours pas désagréable. Il y a des trucs bizarres qui se passent, comme des sensations étranges dans le ventre et un sourire qui ne semble pas vouloir s’effacer. « Avoue que t’as fait exprès de me faire rire. Tu m’as faite me trahir pour gagner. C’est pas une victoire très juste. » Ce sourire d’imbécile est toujours bien présent et je lâche même un petit rire. Je rigole sans aucune raison et je me sens d’ailleurs un peu ridicule de faire ça. Mais je n’arrive même pas à le maitriser, c’est vraiment instinctif. « J’y peux rien moi, si je suis hilarant. » Mes épaules se lèvent doucement, j’essaie de me faire passer pour un sain que je ne suis pas. Mais genre, pas du tout et elle me connait assez pour le savoir. « Et en plus tu prends ta récompense sans que je l’autorise. » Pendant environ un quart de seconde j’essaie de voir si elle est sérieuse ou pas mais si j’en crois son petit sourire – et ma longue expérience en connaissance de mademoiselle Cadburry – elle dit ça surtout pour me taquiner. « Ça avait pas l’air de te déranger. » J’essaie de me faire passer pour un mec plein d’assurance alors qu’au final je le suis pas du tout. Je me rends compte seulement maintenant que Birdie est certainement un peu plus que ma meilleure amie, elle est mignonne, déjà. Et il faut croire que j’ai un petit crush sur elle. Petit ? Grand ? J’en sais rien. On verra bien. En attendant tout ce que je sais c’est qu’on finit tous les deux au sol je ne sais pas trop comment. J’étais bien trop concentré sur ma meilleure amie sur laquelle je tombe. Cette chute et les douleurs qu’elle m’inflige me font grimacer grandement, je me déteste et elle aussi doit me détester en ce moment. Elle doit surtout bénir les feuilles qui ont en quelque sorte amorti sa chute. « Tu me fais littéralement tombée pour toi. » Je suis toujours au-dessus d’elle. Je pourrais bouger mais je le fais pas, je reste là, comme le con que je suis et je souris aussi. Un faux sourire prétentieux qui s’accompagne d’une main dans ma chevelure blonde. « Oui je sais, c’est ce qu’elles disent toutes… » Ou pas. Non pas vraiment. Vraiment pas, même. Mais je suis pourtant fier de moi parce que je finis par pouffer de rire incapable de rester sérieux plus de deux minutes – je dois vraiment être insupportable à vivre. – Mes mains viennent emprisonner les siennes, l’empêchant ainsi de bouger et de se défaire de moi. « Je te laisse partir à une seule condition. Si tu sais répondre à la question suivante. » Sauf que je n’ai aucune idée de la question que je veux lui poser. Peut-être parce qu’au final j’aime plutôt bien cette proximité entre nous, donc je n’ai pas vraiment envie de la libérer ? « Quel est le dinosaure le plus petit du monde ? » Réponse ; le Compsognathus. Un nom difficile à retenir mais la réponse, elle pourrait l’avoir puisque je lui en ai déjà parlé tellement de fois. Mais je prie pour qu’elle ne me donne pas la bonne réponse. Et pour y ajouter de la difficulté supplémentaire je lâche ses mains oui, mais je me mets à la chatouiller en riant comme un idiot.
« J’y peux rien moi, si je suis hilarant. » « C’est de la triche quand même. » Elle insiste, Birdie, sur ce petit point qui est pourtant primordial dans sa défense. Elle ne lui dira pas qu’il n’est pas juste hilarant. Qu’il y a pleins d’autres adjectifs pour le définir, comme mignon, mauvais perdant, ronchon, adorable, passionné. Mais elle ne les dira pas parce qu’il sera sûrement insupportable après – et si ce n’est pas maintenant parce qu’ils ont tous les deux le rose sur les joues et la timidité dans les gestes, ça sera plus tard, forcément. Will ne relève pas tout mais il n’oublie rien. Surtout quand on flatte son égo. « Ça avait pas l’air de te déranger. » Oh non, ça ne la dérangeait pas. Il y a les bras autour de son cou qui le prouvent, les mêmes membres qui ne bougent pas d’un poil alors qu’il s’est déjà éloigné de ses lèvres depuis trois minutes. Mais Birdie sait qu’il viendra de nouveau, parce que la récompense est consentante, acceptée et voulue. Elle y trouve son bénéfice, les petites étoiles dans son ventre étant une sensation assez agréable pour qu’elle y prenne goût et qu’elle veuille retenter l’expérience. Elle n’est pas amoureuse, la gamine, mais elle ne réalise pas forcément. Cependant, Will est la personne en qui a le plus confiance actuellement. Il est celui qui est là quand rien ne va, il est aussi là quand tout va. Il est là pour récupérer ses oreilles de lapin dans la cour de récréation, pour nettoyer ses lunettes quand elle n’a pas les vêtements pour. Tout comme elle est là pour l’aider à porter ses livres sur mille et un sujets scientifiques, qu’il lit en même temps qu’elle lit son dernier roman de fiction, les jambes emmêlés et un silence aussi bénie qu’improbable quand on les connait. Elle est là aussi pour hausser le ton quand on s’en prend à lui, pour pousser les autres quand on lâche un micro rire à son encontre. Il n’y a pas meilleure personne à embrasser, qu’elle juge la gamine. Même si son esprit flotte vers une autre image, une autre tête, brièvement, furtivement, est–ce que cela ferait la même sensation ?, avant qu’elle la chasse en secouant la tête pour ramener son attention sur Will. C’est le blond qui lui sourit, c’est lui qui la tient et c’est lui qu’elle ne veut pas quitter. Comme si elle l’avait déjà fait – jamais.
La maladresse de Will a contaminé son amie – petite amie ? – car ils atterrissent par terre. Birdie entend d’ici déjà les soupirs d’Aurora, mais sans réflexion parce qu’à ce stade, c’est une cause perdue que d’essayer de dire à sa cadette de faire attention. Surtout qu’elle ne le fait jamais exprès – pourquoi personne ne la croit ? « Oui je sais, c’est ce qu’elles disent toutes… » Le Dunham ne tient pas une minute entière avant de craquer et de rire, Birdie l’accompagnant tout en plaquant sa main sur le visage de son meilleur ami – petit ami ? « Qui te dit que t’es le premier qui me fait cet effet ? » Question dont ils connaissent tous les deux la réponse ; si Will ne peut cacher aucun pan de sa vie à Birdie, il en va de même dans le sens inverse. Même si le blond n’est pas au courant qu’il y a encore ce foutu voile d’une image à peine visible qui virevolte dans sa tête et franchement, ça devient très agaçant. Et puis surtout, Birdie tombe depuis qu’elle peut galoper sur ses pattes. Elle a bien dû tomber pour un hérisson ou quelque chose comme ça en premier lieu.
Will lui plaque gentiment les mains et la Cadburn arque un sourcil. « C’est qu’on devient entreprenant, Will Dunham. » Parce qu’elle n’aurait jamais pensé qu’il oserait faire cela, une surprise n’étant pas dissimulée, un sourire coincé sur ses lippes accompagnant l’expression du visage. « Je te laisse partir à une seule condition. Si tu sais répondre à la question suivante. » Birdie penche la tête. Est–ce qu’elle doit s’inquiéter ? Est–ce qu’elle est en danger imminent ? « Quel est le dinosaure le plus petit du monde ? » « Sérieusemeeeeeeeent ? » qu’elle lâche sans retenir, un grognement s’en suivit alors qu’elle regarde la chevelure des arbres derrière la forme de Will. « On joue, on s’embrasse, on s’amuse et tu trouves le moyen de penser à tes dinosaures ? » Heureusement que c’est Will, le meilleur du monde, parce que sinon, Birdie l’aurait sûrement planté là tellement que la vexation est grande. Mais il fait craquer l’armure en commençant à la chatouiller. « Tu triches encore ! » Elle se tord, elle essaie de le repousser, elle rigole, elle lui tape les mains. « J’arrive pas à réfléchir et t’en fais exprès ! » Elle gigote pour essayer de se libérer mais elle est complètement à sa merci. « J’en sais rien, j’en sais rien, j’en sais rien, mais arrête ça, je vais mourir d’étouffement sinon ! » A trop rire, on peut en mourir, bien sûr.
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« C’est de la triche quand même. » Je suis presque blessé qu’elle puisse oser penser, que moi, William Dunham je serais un tricheur ? Elle le pense pas seulement, elle le dit, plusieurs fois. Et je boude. Un peu. Pas trop, mais un peu. Les bras croisés sur mon torse, les sourcils froncés et le regard légèrement baissé. J’abuse un peu de ma réaction, mais elle a l’habitude avec moi, Birdie. Et puis elle aussi elle est un peu comme moi. Donc est-ce que ça veut dire qu’elle ne comprend rien elle non plus à ce qui est en train de se passer entre nous ? C’est bizarre, parce que je suis partie passer le week-end chez ma meilleure amie et au final j’ai l’impression qu’en quelques heures notre relation a pris un virage assez exceptionnel. Pas déplaisant, mais quand même assez étrange. Presque aussi étrange que quand on finit par terre tous les deux parce que Birdie devient presque aussi maladroite que moi – la pauvre. – J’essaie de laisser ma petite nervosité de côté pour lui montrer que je suis sûr de moi. Confiant. C’est pas facile mais j’essaie. Je fais au mieux, mais ce que je sais toujours faire aussi bien, apparemment c’est la faire rire. « Qui te dit que t’es le premier qui me fait cet effet ? » Oh. Bah. Ça. Mes yeux deviennent aussi ronds que des billes et c’est sûrement flippant à voir, d’ailleurs. « Tu me cacherais des choses ? » Ça serait nouveau quand même. Elle sait tout sur moi. Tout de moi. Dès que j’ai un truc à dire, à partager, c’est vers ma meilleure amie que je me tourne. Je ne sais pas si je peux encore l’appeler ma meilleure amie ? On embrasse pas sa meilleure amie normalement. C’est pas censé être quelque chose qu’on fait. Mais Birdie et moi, on aime bien sortir des cases. Sortir des idées que tout le monde se fait tout le temps. C’est tellement plus fun et surtout plus original. « C’est qu’on devient entreprenant, Will Dunham. » Je suis au-dessus d’elle, plaquant doucement ses mains sur le sol pour l’empêcher de bouger. On dirait qu’elle a raison, on dirait que je deviens entreprenant et je m’en étonne moi-même. « T’as vu que j’peux encore te surprendre. » Parce qu’on se connait depuis si longtemps, on se connait tellement bien qu’elle pourrait facilement penser être capable d’anticiper mes moindres faits et gestes. Mais il faut croire que non. Et j’en suis presque fier. « Sérieusemeeeeeeeent ? » Je la libère de cette étreinte si elle peut me donner le nom du plus petit dinosaure du monde. Pas plus tard que la semaine dernière je lui en ai parlé. Elle devrait pouvoir répondre. Donc j’hoche la tête, positivement, levant les sourcils en attendant sa réponse. Allez, vas-y, réfléchis. Souviens-toi. « On joue, on s’embrasse, on s’amuse et tu trouves le moyen de penser à tes dinosaures ? » Oh bah merde. C’est vrai que vu comme ça, ça casse tout le romantisme du truc. Romantisme. C’est vraiment romantique, tout ça ? Tout ce qu’on est en train de vivre ? Ahahaha. Non, quand même pas. Quoique ? « Ouais, bon. J’avais pas vu ça comme ça. » Mais genre vraiment pas. « Mais alleeeeeez !!! C’est super méga hyper trop facile. » Pour moi ça l’est. Peut-être qu’elle fait semblant de m’écouter quand je lui parle de mes dinosaures. Et puis en plus, vu que je la connais je sais que je peux la chatouiller pour lui rajouter une difficulté supplémentaire. C’est ce que je fais. « Tu triches encore ! » Elle bouge, elle se débat, elle rit, et en plus il y a mon rire qui se mélange au sien. Parce que je m’amuse bien, là. « J’arrive pas à réfléchir et t’en fais exprès ! » Je pourrais arrêter mais je ne le fais pas et je ris toujours autant d’ailleurs. « J’en sais rien, j’en sais rien, j’en sais rien, mais arrête ça, je vais mourir d’étouffement sinon ! » L’idée d’être l’assassin de Birdie n’est pas super plaisante. Doucement, j’arrête mes chatouilles mais je ne lui cache pas ma déception. J’aurais bien aimé qu’elle puisse répondre à ma question mais je dois me faire à cette idée : les dinosaures ça n’intéresse que moi. D’un air dramatique, je ferme les yeux et dans un soupir je lui donne la réponse attendue. « Le Compsognathus. » Je retrousse un peu mon nez pour remonter mes lunettes sans avoir à les toucher et une fois les yeux ré-ouverts, je décide que c'est une bonne idée de lui donner un complément d’informations. « C’est un dinosaure carnivore qui appartenait à la famille des compsognathidés, ils ont vécus à la fin du Jurassique et au début du Crétacé en Chine, Europe et en Amérique du Sud. Cette année y a quelques paléontologues qui ont commencé à faire des recherches plus poussées sur des os de pied de compsognathus. J’ai hâte de pouvoir lire les premiers articles sur leurs recherches ! » Plus je parle et plus mes yeux brillent. Plus je suis fasciné par ce que je raconte. Je la libère finalement de mon emprise tout en me redressant. « J’aimerais tellement faire ça de ma vie moi aussi. Tu crois que je pourrais y arriver ? » Et c’est une question sincère que je lui pose. Il y a deux minutes on était en train de rire comme les gamins qu’on est encore et maintenant je lui demande si elle me pense capable de faire de telles études. De pouvoir réaliser mon rêve.
« Tu me cacherais des choses ? » Il a ses yeux bleus qui s’arrondissent et Birdie lâche un léger rire avant de hausser les épaules. « Peut–être, qui sait. » Will et elle ont déjà évoqué le sujet d’être en couple ou célibataire. Ils sont jeunes, ils sont inexpérimentés, ils sont la risée de leur école, évidemment que cela les a dégoûtés en premier lieu. Ce n’est pas tant parce que personne ne voulait d’eux – ils ont l’habitude – mais juste de savoir la sensation que ça ferait. De tenir la main de quelqu’un. De toucher ses lèvres avec les siennes (ne parlons même pas de la langue, qui a provoqué un bruit de dégoût simultané des deux comparses, idiots qu’ils peuvent être). De sentir les petits trucs dans le ventre. Peut–être que Birdie a aussi pensé à tout ça dans son coin. Qu’elle a déjà rêvassé à quoi ressemblerait son premier baiser. Et avec qui, surtout. Que ce soit avec Will, son meilleur ami, son jumeau de cœur, ne fut pas prémédité et encore moins prévu. Quand il l’embrasse de nouveau, elle se fait violence pour ne pas laisser ses rêves l’approcher et rester ancrer dans la réalité. « T’as vu que j’peux encore te surprendre. » La petite blonde hoche la tête, son sourire ne quittant pas ses lèvres, pas plus que ses bras autour de son cou. « J’ai hâte de voir quelles autres surprises tu as en réserve. » Rien que cette situation générale est surprenante en soi.
L’autre surprise de Will, c’est de parler de ses dinosaures. Autant dire que les surprises de ce genre–là, Birdie en est carrément moins fan. Mais on ne peut pas chasser le naturel, il revient forcément au galop, n’est–ce pas ? « Ouais, bon. J’avais pas vu ça comme ça. » Elle arque un sourcil. « Mais alleeeeeez !!! C’est super méga hyper trop facile. » Elle aurait pu lui donner une baffe pour qu’il arrête son questionnement mais non, parce que Will se met à la chatouiller et que c’est vraiment moche et absolument pas fair-play. Dunham ne se la joue pas clean, aujourd’hui, et Birdie compte bien s’en rappeler en temps voulu. « Le Compsognathus. » dit–il d’un air dramatique exacerbé. « Je le savais ! » Absolument pas mais c’est l’attention qui compte, non ? Birdie aurait pu retenir tout ça, elle retient ce genre de choses mais il faut croire que les dinosaures resteront du domaine de Will. « C’est un dinosaure carnivore qui appartenait à la famille des compsognathidés, ils ont vécus à la fin du Jurassique et au début du Crétacé en Chine, Europe et en Amérique du Sud. Cette année y a quelques paléontologues qui ont commencé à faire des recherches plus poussées sur des os de pied de compsognathus. J’ai hâte de pouvoir lire les premiers articles sur leurs recherches ! » Qui lui sort toute la vie de cette race de dinosaures, chose à laquelle Birdie répond, en hochant la tête « Je le savais aussi, bien sûr. » Elle hâte de le regarder lire les premiers articles, elle aussi. Will finit par se redresser. « J’aimerais tellement faire ça de ma vie moi aussi. Tu crois que je pourrais y arriver ? » Birdie l’observe et elle se redresse à son tour. Elle passe une main dans les cheveux du garçon. « Que j’y crois, on s’en fiche. C’est surtout toi qui dois y croire. Je suis sûre que ça t’irait comme un gant, un travail comme ça. » Elle sourit, se voulant rassurante ; elle l’espère pour lui de toute cœur. Elle est pleine d’optimiste et Will a une ambition qu’elle ne possède pas. Il a l’air de savoir ce qu’il veut faire dans sa vie, contrairement à elle qui ne sait jamais quoi répondre aux conseillers qu’on lui a forcé à voir. Birdie se lève sur ses pieds et enlève toutes les brindilles, feuilles et terre qui peuvent être ôtées de sa tenue. « Oh, je sens qu’Aurora va encore râler. » Elle lève les yeux vers Will, un sourire taquin. « Le dernier arrivé devra laisser l’autre gagner la prochaine partie de jeu ! » Birdie l’embrasse furtivement et détale comme un petit lapin en riant pour rentrer chez elle.
Vraiment, cette après–midi fut bien différente de toutes les autres.