| pull me closer (lilymatt #15) |
| | (#)Jeu 30 Juil 2020 - 17:10 | |
| Lily n’aurait jamais cru un jour faire un tatouage, encore moins un qui serait la copie conforme de celui de son petit-ami (mari). Vigilante, elle sait sûrement mieux que personne à quel point les relations de ce genre peuvent se terminer aussi rapidement que abruptement et l’idée de garder à jamais des traces d’encre sur son épiderme l’a toujours terrifiée. A vrai dire, ses parents n’ont jamais aidé à lui faire accepter ce geste pourtant devenu commun dans la société d’aujourd’hui. Même Joseph, à sa connaissance en tout cas, ne s’est jamais fait tatouer - et pourtant, justement, c’est Joseph. Elle avait donc toutes les raisons du monde de croire qu’elle ne sauterait jamais le pas.
Aujourd’hui pourtant rien ne lui semble plus naturel que de se réveiller auprès de Matt, son premier instinct étant de venir gommer les quelques centimètres entre eux pour poser sa tête contre sa nuque, s’octroyant ainsi quelques secondes de repos de plus. Ses doigts jouent avec les siens, faisant tourner son alliance tantôt dans un sens et tantôt dans l’autre avant de rapidement renoncer à tout taquinerie, plaçant ultimement ses doigts entre les siens. Elle est chez eux et elle s’y sent bien, Flocon a élu domicile près de Matt la nuit alors que Neige préfère garder un peu d’indépendance. Les gâteaux préparés la veille et le jour d’avant encore sont sur la table de la cuisine, protégés par une cloche en verre pour ne pas altérer leur goût ou attirer les animaux. Tout ressemble à la vie de rêve qu’elle se dessinait chaque soir avant de s’endormir et désormais elle ne souhaite que s’aventurer un peu plus loin encore dans ce conte, le scellant à jamais dans son épiderme puisqu’elle a désormais une confiance aveugle en lui. Certains diront qu’il est encore trop tôt pour ce genre de choses et ils auront assurément raison mais quand il s’agit de Matt, justement, il ne lui reste que peu de raison. “Un ami tatoueur m’a une fois raconté qu’un client lui a demandé un Pinocchio sur le pénis. Du coup, son nez s’agrandissait, tu vois.” Encore à moitié endormie, elle raconte à son tour l’anecdote en omettant de préciser que l’ami en question n’a rien d’un ami. Ce n’est pas ce qui importe le plus, sûrement. Tout ce qu’elle sait faire reste de sourire bêtement contre sa peau, tentant de se faire une idée dudit tatouage sans, justement, vouloir n’en garder aucune image en tête.
Lily en vient finalement à se retourner et se surélever légèrement sur ses coudes, se rapprochant de Matt et lui souriant, ses cheveux en pagaille tombant sur son torse. “Et si je m’étais inspiré de ça pour notre tatouage, t’es sûûûûr que tu m’aimes assez pour garder le dessin secret encore ?” Elle aurait pu lui expliquer l’idée qu’elle a en tête depuis bien longtemps mais il n’en a pas fait la demande et elle s’est finalement rapidement prise au jeu du secret, lequel n’a cette fois-ci absolument rien de nocif. Il saura tout bien assez tôt. |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 14:41 | |
| J'ai gardé les yeux fermés forts, vraiment. Parce que la vérité c'est que je suis réveillé depuis au moins trois bonnes heures déjà, que la vie a commencé à vivre de l'autre côté de la porte de la chambre et que j'ai une liste de trucs à faire qui ne fait qu'augmenter à la seconde. Je fais jamais la grasse matinée, quand bien même il est à peine 8h du matin et que c'est certainement pas considéré comme quoi que ce soit d'autre que d'avoir un horaire de sommeil normal.
Mais la tête de Lily au creux de ma nuque et mon bras autour de ses épaules semblent être des arguments suffisants pour que j'en ai rien à chier d'avoir eu un rythme de nuit calculé au couteau et cumulé à peu d'heures depuis toute ma vie. Les habitudes changent depuis qu'elle est là, des tas de nouvelles se créent. Je suis pas là pour m'en plaindre, surtout pas quand l'une d'entre elles est de passer plus de temps à surfer qu'à faire quoi que ce soit d'autre. Ni quand ça consiste à tester chaque jour des tas de recettes de mug cakes de ses soins. Niiiiii quand c'est aussi le plan parfait d'ajouter des hiking de fou à travers la côte à chaque week-end et d'ailleurs on est pas le week-end là? “Un ami tatoueur m’a une fois raconté qu’un client lui a demandé un Pinocchio sur le pénis. Du coup, son nez s’agrandissait, tu vois.” j'éclate de rire, la voix rauque de la nuit et les yeux encore fermés quand je doute pas que ce soit la même pour elle aussi. « Pourquoi je le connais pas lui il a l'air d'être cool ton pote. » le sarcasme et la blague se perdent dans ses cheveux, l'haleine du matin que je trouve toujours un moyen de lui cacher en mettant des tas de filtres entre ma bouche et son nez. “Et si je m’étais inspiré de ça pour notre tatouage, t’es sûûûûr que tu m’aimes assez pour garder le dessin secret encore ?” les filtres d'ailleurs, que j'oublie largement, quand le décompte des réflexions de transforme en décompte de baisers contre son crâne « Hmmmmmmmmm... » ses tempes « ...mmmmmmmmm... » ses joues « ... mmmmm. J'sais pas. » et sa nuque.
Je suis passé depuis longtemps sous les draps pour chatouiller ses côtes et réchauffer son ventre de mes lèvres quand j'ai juste aussi accessoirement oublier d'être stressé de la moindre conséquence qu'aura le tatouage qu'elle ramène sur le sujet. J'ai confiance en elle bien plus que j'ai confiance en bien des gens dans ma vie, son idée ne peut donc qu'être bonne si elle a passé autant de temps à la peaufiner. « Tu sais c'qui serait bon? » ma tête se dégage de sous les couvertures, réapparaît à la surface. Lourdement allongé sur elle en faisant exprès de presser bien comme il faut le temps d'être non seulement le mari le plus heureux de la planète mais surtout le poids lourd le plus suffocant qu'elle connaisse. « Des pancakes avec un crumble au citron et un IM-MEN-SE smoothie aux fraises. » j'ai faim, j'ai si faim, qui ça étonne. « Ou alors on mange pas, on va pas faire la randonnée et on oublie que je dois bosser ce soir. » si faire un jeûne était une option - horrible soit dit en passant - le faire avec elle m'apparait être la meilleure des solutions.
« J'ai le droit de savoir quand on va le faire? Le tatouage. » parce qu'elle a toujours pas dit, et parce que mine de rien, c'est pas le résultat qui me trotte en tête là, mais bien la date où il apparaîtra sur notre peau. |
| | | | (#)Mar 11 Aoû 2020 - 21:23 | |
| Elle voudrait se plaindre qu’elle a trouvé un poil sur son visage ou qu’il a une mini moustache qui est en train d’apparaître et que ça pique et que ça gratte quand il l’embrasse mais en réalité elle est trop occupée à perdre des rires entre les draps et sa peau pour pouvoir penser à quoi que ce soit d’autre. La question était rhétorique, il lui a donné la réponse depuis presque aussi longtemps qu’ils se connaissent et jamais elle n’a douté de la véracité de ses sentiments. Elle doute encore moins de ses siens propres quand ce genre de matinée ressemble étrangement à toutes les autres désormais. “Moi je t’aime assez et j’espère que tu t’en veux d’avoir autant douté maintenant.” Elle ironise et elle ment, parce que la brune sait que son mari n’a pas menti et qu’il a encore moins douté. Il ne lui dit pas qu’il l’aime dès le matin parce qu’il doit se préserver pour les mille autre fois où il lui dire dans la journée pour des raisons aussi diverses que variées ou même sans raison du tout.
Il s’égare et il revient, Matt, ne faisant que rire Lily un peu plus et les deux chats relever leur tête en leur direction, à ces deux imbéciles qui font tant de bruit alors qu’il est encore si tôt dans la journée. « Tu sais c'qui serait bon? » Sa tête sort de nulle part et elle a l’impression d’être écrasée par des milliers de tonnes quand bien même il est tout sauf lourd. “Hmmmmmm. J’sais pas.” Le jeu de son mari devient aussitôt le sien alors qu’elle cherche ses lèvres pour l’embrasser, n’hésitant pas à ramener en sa direction ses joues qu’elle infantilise en même temps qu’elle tente de dociliser ses cheveux. « Des pancakes avec un crumble au citron et un IM-MEN-SE smoothie aux fraises. » A ce moment précis Lily ne peut plus que hocher la tête, se demandant déjà si il y a tout ce dont ils ont besoin dans le frigo ou si cette envie soudaine devra être reportée le temps de faire quelques courses. Ses pensées se perdent et divaguent alors qu’elle commence à jouer au même jeu que Matt, entourant son cou de ses bras simplement pour savoir qui des deux pourra étouffer l’autre au mieux. C’est pour la science. “Et pas de mug cake ? Je devais tester au coeur fondant au caramel cette semaine.” La pharmacienne lance, la voix fluette, faussement désintéressée. A chaque semaine une nouvelle recette, un nouvel ajout, de nouveaux tests de mugcake ; tradition sortie de nulle part qu’elle ne voudrait changer pour rien au monde. « Ou alors on mange pas, on va pas faire la randonnée et on oublie que je dois bosser ce soir. » “Eeeet c’est un carton rouge pour le joueur McGrath, on ne quitte pas la maison sans avoir mangé.” La brune le reprend aussitôt, à moitié sérieuse. Une part d’elle voudrait tout laisser tomber pour enfiler des baskets et partir en randonnée et la seule raison pour laquelle cela n’arrive pas c’est qu’elle a autre chose de prévu, aujourd’hui.
« J'ai le droit de savoir quand on va le faire? Le tatouage. » Ses yeux remontent et elle cesse enfin de le toucher de partout comme s’il était un Ken version géante. Son sourire aussi il remonte, malicieux, fier et amoureux. “On a le temps pour des pancakes et après on nous attend au salon de tatouage.” Surprise qui n’avait pas été prévue pour en être une, tout s’est passé rapidement sans qu’elle ne trouve d’intérêt à le prévenir bien trop en avance. Aujourd’hui elle est surtout heureuse de le lui apprendre et plus fière que jamais de pouvoir concrétiser son idée à ses côtés. “Mais je suis pas sûre que tu devrais manger des pancakes vu que tu pèses déjà un milliard et demi de kilos et t’es louuuuuurd Matt tu m’écrases t’auras plus jamais de mugcake si je meurs.” Elle lutte pour le pousser mais sans vraiment y mettre du sien, finalement heureuse de gagner quelques secondes et quelques minutes de plus sur le programme de la journée. |
| | | | (#)Sam 29 Aoû 2020 - 23:28 | |
| Y'a des couvertures dans tous les sens et tout autant de coussins. Des oreillers de toutes les couleurs et certains ont même des paillettes qui piquent et c'est l'horreur en pleine nuit quand je me réveille en panique parce que je pense que j'ai fait mal à Flocon qui dort immanquablement dans ma nuque et qu'il a dégainé ses griffes de bébé pour se venger. “Et pas de mug cake ? Je devais tester au coeur fondant au caramel cette semaine.” aux milliers d'étages de literie se mêlent mes baisers sur sa peau à elle, et ses mains sur ma peau à moi. Elle a les cheveux dans tous les sens et les yeux collés de la nuit dernière, des plis ancrés de tissus sur sa joue et la pire haleine de chacal que j'ai reniflée venant d'elle depuis nos tous débuts et pourtant elle est tellement belle que j'arrive pas à la lâcher une seule seconde. « Ew, quelle horreur, où sont mes portions de fruits et de légumes réglementaires le sucre pouah dégueux dégueulasse la honte, la H O N T E. » bon, ça, c'est juste pour avoir quelque chose à râler, ça c'est juste pour avoir un truc à lui dire pendant que mes doigts se chargent de chatouiller ses côtes et oh, c'est un pied là? Elle déteste quand je lui chatouille les pieds, au point où moi j'adore ça. “Eeeet c’est un carton rouge pour le joueur McGrath, on ne quitte pas la maison sans avoir mangé.” blablablablabla oh, wait : « Fuck, je suis au 3e en 24h c'est quoi la punition encore? » la règle bien statuée toute en haut de notre jarre à pénalités. Un énième jeu d'enfant parmi l'infinité d'autres qui sont devenus autant nombreux qu'importants, essentielles petites habitudes qu'on prend comme si elles avaient toujours là. Comme si elle, elle avait toujours été là.
“On a le temps pour des pancakes et après on nous attend au salon de tatouage.” et elle, elle ralentit. Elle arrête tout au final, assez pour que je fronce les sourcils, pour que je redouble d'ardeur en caresses et en baisers, que j'occupe l'espace pour deux du coup. “Mais je suis pas sûre que tu devrais manger des pancakes vu que tu pèses déjà un milliard et demi de kilos et t’es louuuuuurd Matt tu m’écrases t’auras plus jamais de mugcake si je meurs.” entre ses rires et ses fausses accusations viennent les miennes, alors qu'elle n'a fait que me donner envie de faire pire encore, fourbe de bac à sable qu'elle doit aimer autant que détester pour l'heure. « Okay j'arrête de t'écraser promis comme ça c'est mieux avoue hen je rentre le ventre et j'ai expiré tout l'air dans mes poumons j'ai maigri j'suis sûr! » Matt l'étoile de mer avachi sur elle, les bras dégagés dans les airs et les jambes qui font pareil. Je sais vraiment pas à partir de quel moment elle a pu trouver le tout charmant, mais je sais que le reste de la matinée s'est passée sous les draps, avant de dériver à la douche, de finir par investir le canapé aussi. Les pancakes étaient nécessaires finalement, on a fini affamés.
*** Le bruit distinct de l'aiguille qui pique et bosse sans relâche me bourdonne dans les oreilles. C'est absolument insensé et jamais j'acquiescerai si quelqu'un dit que j'ai resserré mon bras autour des épaules de Lily à la seconde où on est entrés ici, aussi peu que j'assumerai quiconque affirmerait haut et fort que j'ai une p'tite frousse qui commence à monter à l'intérieur. J'ai fait des cascades de con sur ma planche de surf qui auraient pu me casser le cou un nombre incalculable de fois, je suis grimpé dans des arbres pour me jeter en bas dans la piscine familiale et manquer de m'éclater la colonne vertébrale tout autant. Je me mets en danger on the daily en piquant les dernières bouchées de desserts de ma femme, celles de fromage et de pizza et les gorgées de vin pareil. Pourtant, quand le tatoueur relève la tête vers nous avec une voix qui sonne comme un appel à la guillotine en scandant Les McGraths, y'a un long, douloureux, glacial et horrifié frisson qui parcourt mon corps en entier.
« Si jamais je me transforme en adolescente qui hurle aiguë quand il sortira son aiguille rappelle-toi que c'est juste parce que je sais que mon imitation de Veronica Mars te fait rire. » je chuchote à son oreille, prenant égoïstement une longue inspiration du parfum logé contre sa nuque. Comme si ça allait me donner le courage nécessaire de pas agir comme une fillette pathétique les prochaines minutes qui suivront. |
| | | | (#)Lun 31 Aoû 2020 - 19:34 | |
| Lily redouble d’imagination à chaque fois qu’il perd un coup d’oeil paniqué ou que ses muscles se resserrent brusquement lorsque le bruit de l’aiguille arrive à ses oreilles. Si elle ne se doutait pas déjà qu’il voulait aller jusqu’au bout, elle lui aurait proposé de tout annuler. Ce tatouage ne doit en rien être un mauvais souvenir et jamais elle ne lui en voudrait de changer d’avis ; pas pour une telle chose en tout cas. Si ces quelques tâches d’encre ont déjà une importance particulière dans le coeur de la brune, elle comprend aisément que ce n’est pas le cas pour lui. Après tout, il ignore encore même le motif commun qu’elle a demandé d’inscrire dans leur chair. Il lui a accordé sa confiance la plus entière et pour cette raison comme bien d’autres, elle ne peut s’empêcher de s’estimer infiniment heureuse de l’avoir épousé et d’aujourd’hui partager sa vie.
Sur les chaises inconfortables dans la salle d’attente, elle l’occupe en jouant de ses doigts, elle suit du bout de ses doigts la trace des veines sur ses bras, elle lui marche même sur le pied quand le tatoueur dans la salle d’à côté annonce à l’inconnu qu’il entame une zone sensible. Tout est bon à prendre pour lui faire penser à autre chose et lui rappeler pour la millième fois de la journée qu’elle l’aime et qu’il n’a rien à craindre. « Si jamais je me transforme en adolescente qui hurle aiguë quand il sortira son aiguille rappelle-toi que c'est juste parce que je sais que mon imitation de Veronica Mars te fait rire. » Elle se redresse après que leur nom ait été appelé et profite qu’il chuchote à son oreille pour l’embrasser contre son mâchoire et discrètement resserrer ses doigts autour des siens. Le reste des clients n’a pas à savoir ce qu’il se trame entre eux, si bien qu’elle chuchote tout aussi bas que lui. “Ton imitation est la meilleure.” Il a le droit de ne pas toujours être parfait et ça ne changera rien, à aucun niveau. Le regard porté sur lui sera le même et les sentiments éprouvés aussi. “On fait un concours de blagues nulles ça sera la pire torture du monde parce qu’on sait tous les deux que tu vas perdre.” La premier qui rigole perd et en sachant qu’il passe sa vie à rigoler d’un rien, il n’y a pas beaucoup de calculs à faire pour anticiper le résultat. Quoi qu’il en soit, elle aura bien vite oublié qu’elle lui doit un gage lorsqu’ils auront terminé le tatouage et qu’elle aura au mieux tenté de lui faire penser à autre chose alors que leur bras s’encre petit à petit, chacun sur sa table. Les traits et les points s’alignent sur les deux avant bras, la McGrath sourit seule alors qu’elle observe bien plus l’avancée du tatouage de Matt plutôt que le sien. Entre temps, au moins, elle rivalise d’imagination pour lui faire part des pires blagues qui soient et lui dérober un rire au milieu des bruits de l’aiguille.
“Vois le bon côté des choses : maintenant t’as encore six mois pour trouver un cadeau d’anniversaire qui sera pire que celui-ci.” Plusieurs dizaines de minutes sont passées déjà mais la séance touche à sa fin, pour le plus grand soulagement de Lily qui n’a que trop observé les rictus de douleur de son mari sans jamais se soucier des siens propres. Ce n’est pas une douleur comme elle a l’habitude d’observer et elle ne peut s’empêcher de se sentir quelque peu coupable, d’où la proposition bancale faite dans un demi sourire désolé. Quand ils seront sortis, c’est promis, elle sera de nouveau tout aussi collante mais elle lui expliquera surtout la signification de ce qui habille désormais son avant bras. |
| | | | (#)Jeu 3 Sep 2020 - 4:25 | |
| C'est pas si pire que ça, en vrai. Bon okay, tu sursautes et ça te prend de court, mais une fois que l'aiguille s'est enfoncée dans ma peau - seigneur elle s'est en-fon-cée - et que la première piqûre a fait plus de peur que de mal, mon égo lui, il en a pris pour son grade. Elle parle et elle jacasse et elle rigole et y'a une mèche qui tombe devant ses yeux et pour laquelle le tatoueur me gronde genre legit dix fois et dix autres parce que j'allonge le bras pour lui dégager le front. Ça se fait pas apparement, de bouger quand on se fait tatouer, et encore moins de bouger le bras qu'il est en train de tracer. Quelle horreur de devoir rester immobile pendant un temps qui vacille entre une et deux éternités quand même. Au moins, un fois le tatouage terminé, tout le monde présent dans le salon de tatouage employés comme clients m'ont tous dit qu'elle était leur chanson de karaoke préféré et ont noté les blagues nulles de Lily et de moi sur une échelle de nulle à what has been heard cannot be unheard. On avait une belle connexion au point où quand le foutu tatoueur arrêtait pas de gratter à la foutue même place avec sa foutue aiguille pour finir sa foutue ligne, j'ai presque rien senti. Ouais non, y'avait une petite larme au coin de mes paupières mais mis à part ça j'ai été en mode 10/10 mention d'honneur tout du long.
“Vois le bon côté des choses : maintenant t’as encore six mois pour trouver un cadeau d’anniversaire qui sera pire que celui-ci.” entre une rire et un conseil pour bien nettoyer nos avant-bras chacun encré je lui vole un baiser sur ses lèvres gercées d'avoir trop sourit pendant toute la séance. Elle qui est si zen, ma femme qui survivrait à une salve d'attaque de zombie les yeux fermés selon moi rien de voir comment elle a survécu à mon cadeau d'anniversaire qui est nettement pas si horrible que ça. « Ah non mais ton anniversaire on commence à le célébrer un mois d'avance hen. La torture sera prolongée. » que je pouffe contre ses lèvres, finissant enfin par venir à bout de la fameuse mèche de cheveux en la glissant derrière son oreille avec l'impression du devoir accompli. « Le mien est pas aussi cool que le tien. Remboursé! » et un rire de plus, pour la peine.
Le soleil de la ville tape sur nos nuques, Brisbane est bouillante même si on approche à tâtons le printemps, que l'hiver est encore bien présent. De toute façon, il fait toujours chaud ici pour mon sang d'anglais. « Faut qu'on aille acheter tout rapido. C'est SÛR que je fais pas de gangrène avec ça. » d'une main j'agite la fameuse liste qu'ils nous ont fait pour qu'on s'assure de bien entretenir le tatouage en commun, et de l'autre je joue avec la même couette rangée sagement. Mon bras niché autour de ses épaules qui la rapproche à chaque fois où j'ai une nouvelle blague nulle qui remonte à lui chuchoter à l'oreille en espérant que le jeu de rester impassible continue jusqu'à l'infini. Elle est trop belle quand elle tente de retenir un rire, quand son visage gonfle et rougit et qu'elle a l'air prête à s'étouffer tellement elle force pour résister.
Le feu passe au vert, on traverse comme des piétons sagement éduqués vers la première pharmacie du bord. « Tu penses à comment la prochaine fois ce sera des dagues avec des flammes et des roses bleutées mon cadeau d'anniversaire encré? » pharmacie qui sera jamais aussi cool que celle où elle bossait aka où je la pourchassais dans les allées quand j'arrivais 15 minutes d'avance d'un rendez-vous jadis organisé. Cuba est loin et le retour en mode on se courtise avec. « Okay j'ai envie de me partir un band de rock. » et non, ça, ça fait pas partie des blagues nulles en liste. C'est juste comment on se sent, là j'imagine, dès lors qu'on fait partie de la bande bad ass des tatoués. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2020 - 23:40 | |
| C’est un bras sans tatouage qu’elle passe autour de sa nuque pour le rapprocher d’elle et l’embrasser un peu plus amoureusement encore. On leur donne des conseils qu’elle n’écoute pas, elle, la première de la classe qui a toujours tant peur de faire un pas de côté. Quand il est là elle ne craint justement plus rien et ce sans même s’oublier elle même. Il lui donne une confiance nouvelle, celle d’une adulte qui ne cherche plus l’approbation de qui que ce soit pour avancer dans la vie. L’adulte en question a soigné bien assez de plaies sans sa vie pour savoir comment s’occuper d’un tatouage, qui plus est. Il a fait le tatouage et dans ses yeux elle a su lire qu’il le faisait bien plus pour elle que pour lui même, ce qui est une raison de plus pour elle de l’aimer. Leur bras brûle et pique et ils s’en moquent. « Ah non mais ton anniversaire on commence à le célébrer un mois d'avance hen. La torture sera prolongée. » Ils s’en moquent parce qu’une fois de plus, ils sont bien trop occupés à rigoler et à se moquer, parce qu’on ne les refait pas. “Mais quel enfer” Elle termine finalement dans un sourire et un faux reproche, reposant finalement sa tête contre son épaule.
Le cellophane est contraignant, la crème glisse trop et la chaleur n’aide en rien. Lily est émue bien plus qu’elle ne le devrait et a déjà eu bien du mal à lâcher son cou la première fois alors que désormais elle se retient sur son bras sain. « Faut qu'on aille acheter tout rapido. C'est SÛR que je fais pas de gangrène avec ça. » Il agite la liste comme le Saint Graal alors qu’elle n’a toujours pas terminé de se moquer sans le penser. “Je pourrais récupérer la peau morte pour faire plein de tests, ça serait une mine d’or.” Elle extrapole, elle invente, elle se moque et elle l’embrasse rapidement contre sa mâchoire parce qu’elle passe ses journées à faire la même chose depuis leur retour de Cuba - sans que cela ne la dérange aucunement. Ses sourires restent crispés parce qu’elle aurait envie d’aller plus loins que les enfantillages, pour une fois, mais qu’elle reste à jamais cette femme qui craint de sortir de sa zone de confort.
Ils avancent pourtant en ville comme si de rien n’était, entre deux ou trois voitures qui manquent de les écraser parce qu’ils ne prennent garde à rien et qu’elle ne traverse même plus sur les passages piétons quand elle est trop occupée à refréner un rire après une de ses blagues nulles. “Non le prochain tatouage ça sera ma tête format immense sur tout ton dos.” Les dagues et les flammes, quelle idée, c’est surfait. De toute façon, elle n’a jamais envisagé d’autre tatouage que celui qui est désormais imprimé sur leur peau à tous les deux alors rien ne garantit qu’elle réitérera l’opération. Enfin silencieuse, Lily le laisse demander la liste des produits dont ils ont besoin à l’accueil de la pharmacie, se tenant bien de lui faire faire un tour des rayons pour tout lui présenter. Ses doigts se resserrent doucement autour du bras qu’elle garde autour de ses épaules, bien décidée à ce qu’il ne s’éloigne pas d’un seul centimètre. Une fois le paquet opaque récupéré, c’est avec sa tête contre son épaule qu’elle quitte la pharmacie. “Si tu veux faire partie d’un groupe de rock, faudra que t’expliques la signification de ton tatouage aux interviews.” L’amorce est lente et bancale puisque jamais de sa vie elle n’aurait cru aborder le sujet avec qui que ce soit. “Je veux rentrer.” La brune souffle doucement tout en prenant la direction de leur appartement sans lui donner plus de temps de réfléchir. Bien plus qu’un souhait, c’était surtout une demande de sa part et si elle apprend encore à s’ouvrir à lui, cela lui semble impossible de le faire en public et s’exposer au regard d’inconnus. “C’est du morse, Matt.” Il va inventer des mots stupides qu’elle aurait pu faire inscrire sur son bras, il va inventer des trucs niais, il va faire le pitre parce qu’il peut voir à quel point elle n’est pas à son aise et ce sont là mille raisons de plus pour elle de l’aimer et d’être certaine de son choix de vie. |
| | | | (#)Jeu 17 Sep 2020 - 3:41 | |
| “Non le prochain tatouage ça sera ma tête format immense sur tout ton dos.” « Attention l'autre d'après je vais vouloir un truc encore plus majestueux sur mon torse. » “Si tu veux faire partie d’un groupe de rock, faudra que t’expliques la signification de ton tatouage aux interviews.”
Les mots se perdent entre les baisers, les rires font pareil, et y'a mon pied qui essaie de chasser le sien dans les allées. La pharmacienne soupire je sais même plus combien de fois de m'entendre chuchoter à l'oreille de Lily que je suis sûr de sûr de persuadé de vraiment sûr qu'ils ont tous ensemble une poignée de main secrète à laquelle ils ajoutent des formules scientifiques de composantes de médicaments à réciter par coeur dans l'ordre et le désordre. Mais que comme personne l'assume dans cet endroit ni elle ni le personnel, ça devient difficile de dégainer des arguments valides. Ouais bon okay, j'aurais pas dû boire quatre cafés ce matin et en prendre un jumbo au petit stand artisanal sur le chemin. My bad.
Ce n'est que lorsqu'on troque la climatisation de la pharmacie pour la brise de début d'hiver australien que je la sens se rapprocher, sa voix qui n'a rien de celle qu'elle force. Trop sérieuse pour l'être vraiment quand elle est à même de me faire une intervention parce que ça suffit Matt personne rigole à tes blagues sauf peut-être toi mais okay moi aussi mais là n'est pas le point. “Je veux rentrer.” à sa tête sur mon épaule s'ajoutent mes lèvres qui se perdent à travers ses mèches pour embrasser une seconde et dix autres sa tempe. Lily veut jamais rentrer, elle veut toujours faire des tas de détours. Soit à la plage, soit au marchand de glaces. Soit à la boutique de surf, soit dans un resto qui a pour spécialité tout et n'importe quoi promettant des assiettes aux couleurs arc-en-ciel. Elle est passée maître dans l'art de jamais casser le rythme d'arrêts aussi inopinés qu'improvisés qu'on fait à toutes les fois où on sort de l'appart, mais aujourd'hui par contre, tout cloche et tout est étrange. « Je t'aime. » qui compte pour un je t'aime oui, mais surtout pour un si tu veux rentrer, on rentre.
“C’est du morse, Matt.” « Ah ben ça tombe bien, mon dictionnaire pour le décrypter est resté sur la table du salon. Dis rien avant qu'on arrive. »
Au cas où elle ait besoin d'un argument de plus au passage.
*** J'ai pas de dictionnaire sur la table du salon. Probablement que le seul manuel du genre qui serait potentiellement ici est celui qu'elle révisait pour ses cours. Ou alors qu'on l'a utilisé pour un sombre jeu de shots avec Deklan et Scarlett y'a une vie de ça - et donc il doit trôner fièrement sous le bar en bas.
Nous par contre, on trône sur le canapé d'extérieur. Celui où j'ai empilé des dizaines de couvertures et de coussins, accumulé des bols de popcorn et sorti les rations traditionnelles (c'est-à-dire abusives) de cookies. On fait dans le sucré et dans le salé. Lorsque mon bras se resserre autour des épaules de Lily qui vient de se poser à ma gauche, que ma main libre encourage ses jambes à s'allonger sur mes cuisses et que mes doigts s'affairent à faire une tresse qui ressemble plus à un ramassis de noeuds dans ses couettes brunes, tout me donne l'impression de bien aller. Elle voulait rentrer, on est rentrés. Qu'elle veuille parler ou qu'elle préfère juste rester là à fixer l'horizon et les vestiges d'océan au loin, ça ça lui appartient. |
| | | | (#)Ven 18 Sep 2020 - 18:02 | |
| L’appartement n’est généralement que la suite de la plage et de n’importe où ailleurs où ils se sentent à l’aise. Cette fois-ci pourtant, ce n’est qu’une fois la porte d’entrée fermée qu’elle se sent un peu mieux respirer, peu importe combien de fois Matt a pu lui dire qu’il l’aime. Ici, il n’est plus question qu’eux deux et elle ne voudrait personne d’autre pour entendre ses secrets - et c’est sans doute la raison pour laquelle, justement, personne d’autre n’a entendu parler de ses secrets. Ils peuvent faire un concours de celui qui a la pire haleine tout comme ils peuvent en même temps faire un concours de celui qui trouvera le plus de surnoms pour l’autre mais les moments tels que celui-ci se font bien plus rares et tout aussi précieux.
La ville est belle et il l’est bien plus encore, sa femme ne s’arrêtant jamais de le regarder avec les mêmes yeux amoureux depuis la première heure. Il sait bien que quelque chose se passe et il a adapté toute son attitude sans même savoir le quoi en question ; il s’y prend pourtant à la perfection. Ses jambes passées par dessus ses cuisses, Lily fait au mieux pour ne pas lui coincer la peau ou lui mettre un coup de talon sortie de nulle part - promis, elle fait des efforts. Il lui fait des nœuds qu’il appellera ‘coiffure à la mode hyper tendance, je te jure, je l’ai vu dans Vogue’, elle profite d’avoir son visage si près du sien pour venir embrasser sa mâchoire avant de se laisser reposer contre son épaule. Ses mains s’occupent de venir ramener son avant bras au centre de la discussion, elle vérifie par la même occasion qu’il ne fasse pas de mauvaise réaction à l’encre. “J’ai appris à parler le morse avec ma mère, quand j’étais plus jeune.” Elle n’a jamais pris de cours tant parce qu’elle n’en a jamais eu le temps que parce que cela devait rester un secret entre elles, leur seul moyen de communiquer dans un monde sourd. Avec la même précaution qu’elle utilise dans son travail, elle fait glisser ses doigts sur les lignes et les points désormais encrés dans la chair de son mari. “Ça veut dire famille. Les deux tatouages.” Ils ont le même, bien sûr qu’ils ont le même. Elle aurait pu opter pour la date de leur mariage, un symbole de l’infini, leur prénom respectif ou bien même des cœurs à profusion mais ce n’est pas ce dont elle avait besoin. “Parce que je sais que la tienne compte beaucoup pour toi.” Ils n’en parlent pas vraiment mais ils n’en ont pas non plus besoin. De part Ginny elle avait déjà eu droit à un avant goût des McGrath et tout n’a fait que se concrétiser au fil des semaines et des mois. Son regard change quand sa fratrie est dans la place et elle n’aborde même pas le sujet de Noah, parce que ce n’en devient que plus évident encore. Loin d’être un reproche, au contraire, elle l’admire de ne pas avoir peur d’affirmer ses liens du sang et ce peu importe l’image que renvoie sa fratrie. “La mienne aussi.” Elle étouffe un je le jure puisque beaucoup pourraient douter de son affection pour les liens du sang. Pourtant, elle le jure. “Et y’a le fait que je voudrais qu’on soit une famille, toi et moi. Qu’on ait la nôtre.” Ses doigts jouent avec les siens, faisant tourner l’alliance qui semble bien plus à sa place que jamais aujourd’hui. Il y a encore beaucoup de choses qu’elle voudrait lui dire mais il mérite qu’elle débute avec les bonnes avant tout le reste. |
| | | | (#)Jeu 24 Sep 2020 - 4:32 | |
| “J’ai appris à parler le morse avec ma mère, quand j’étais plus jeune.” “Ça veut dire famille. Les deux tatouages.” “Parce que je sais que la tienne compte beaucoup pour toi.” “La mienne aussi.”
J'ai absolument rien à dire, pour une fois. Ce qui sonnerait comme un miracle pour la Terre en entier prend des consonances plus douces quand il s'agit de la meilleure façon qu'aura Lily de pouvoir se sentir à l'aise de se confier. Tout en douceur, je sens ses doigts qui creusent des sillages au-delà du tatouage, alors qu'elle m'explique sa vision d'un cadeau qu'elle semble s'être fait autant pour moi que pour elle.
Elle a toujours du mal lorsqu'elle parle de sa famille la brunette, elle a de ces micro rictus que personne ne remarque et que parfois je fais même mine d'ignorer. Pourtant je le connais par coeur son visage, de ses sourcils qui se froncent une fraction de seconde à son nez qui se retrousse pour qu'elle le chasse en secouant sa tête et ses mèches au passage. Le nombre de questions que j'ai voulu lui poser sur ses parents, sur son frère, sur l'entièreté de son entourage se cumulent et ce serait mentir de dire qu'avec les semaines elles perdent en importance à mes yeux. Mais je suis de l'école du temps, je suis de ceux qui préfèrent laisser les choses aller et ne jamais rien brusquer de peur de tomber sur une boîte de Pandore qui n'en finira plus de ne jamais vouloir se refermer.
Alors j'éparpille des baisers sur sa joue et ses jointures à chaque fois où elle marque une pause, où elle laisse aller un soupir qui vacille entre le soulagement et l'acharnement. Si elle n'a plus envie d'en parler je laisserai tout couler sans jamais rien forcer. Et plutôt, si elle a besoin d'encouragements pour poursuivre alors je serai là, stoïque et immuable, prêt à donner la petite poussée supplémentaire pour qu'elle retrouve un peu d'air. “Et y’a le fait que je voudrais qu’on soit une famille, toi et moi. Qu’on ait la nôtre.” le fantôme du doute qui planait durant le confinement m'encourage à resserrer un peu plus mon bras autour de ses épaules, la ramenant à moi au point où j'ignore où sa silhouette commence et où la mienne finit sous les couvertures.
Son parfum est devenu le mien et l'inverse est toute aussi vraie. « Je savais qu'à un moment tu voudrais qu'on adopte un autre chat. » que je murmure, doucement. Un baiser de plus avant de remonter avec toute la douceur du monde ma main sous son menton, détournant ainsi son visage de manière à pouvoir y plonger mes prunelles dans les siennes un instant. Le moment le plus important de la journée. « Tu feras une mère incroyable. » ça, j'en ai pas douté une seule fois. Ni en mars, ni maintenant, ni jamais. « Et j'aimerais vraiment ça, être parent avec toi. » on fait équipe déjà, la finalité est aussi facilement actée que le sont mes lèvres sur les siennes. « Y'a une raison précise ou pas, de pourquoi tu avais envie de me parler de ta famille aujourd'hui? » que je murmure, contre la peau de sa joue. Mes mots qui s'alignent avec délicatesse les uns à la suite des autres, les gestes avec. Y'a une raison, pourquoi ce tatouage est aussi important pour toi qu'il l'est pour moi? Y'a une raison pourquoi t'avais envie aujourd'hui de confirmer à quel point tu y tiens, à ta famille, comme je tiens à la mienne? |
| | | | (#)Ven 25 Sep 2020 - 23:05 | |
| Elle aurait pu se plaindre d’être infantilisée au point où il pense qu’elle a besoin de ses baisers pour penser à prendre une nouvelle inspiration et une seconde dans l’unique but de mieux parler ensuite mais à vrai dire, ce n’est que la pure vérité. Elle est grande et fière Lily, toujours. Elle a travaillé sa prestance pendant des années dans le seul but de pouvoir s’en servir une fois adulte et c’est réellement ce qu’elle fait dès qu’il ne s’agit plus que d’elle et de lui, dans leur intimité la plus totale. Contre son torse elle redevient simple mortelle qui tente peu à peu d’accepter ses imperfections telles qu’elles sont et non pas telles qu’elles devraient être cachées. Elle accepte le passé qui va avec et les explique, aussi, même s’il est douloureux et source de bien des maux. Bloc de marbre qui accepte de changer de rôle, elle devient la petite chose fragile qui se blottit un peu plus encore contre lui, posant son front contre sa mâchoire et son visage sous le sien. Jamais personne n’avait eu le droit au récit de sa vie et le fait qu’elle se sente capable de lui en faire part aujourd’hui signifie tout pour Lily. Littéralement.
« Je savais qu'à un moment tu voudrais qu'on adopte un autre chat. » De là ses yeux brillent avec autant de douceur qu’elle peut en lire dans les siens, elle qui n’émet aucune objection à relever la tête pour soutenir son regard attentionné. Elle n’a jamais rien pu lire de tout ça dans les yeux de Callum et elle aurait dû s’en rendre compte dès le tout début. Lily comprend parfaitement la technique employée par Matt et elle en vient à sourire doucement, amoureuse éprise. « Tu feras une mère incroyable. » A ce moment là pourtant, c’est un voile immédiat qui vient se placer devant ses prunelles qui s’éteignent aussitôt. Le sourire se noie, ses yeux cherchent un autre endroit où se poser, ses paupières se closent au passage. Fière, ce n’est pas le genre de spectacle qu’elle souhaite lui montrer. Pas déjà, pas encore. Les mots ne trouvent pas leur chemin, elle a besoin de plus de temps.
Pendant toute cette scène qui s’écoule et s’étire, il reste présent, calme et patient. « Et j'aimerais vraiment ça, être parent avec toi. » Elle lui rend son baiser délicat, ses mains remontent de part et d’autre de son visage avec une douceur nouvelle. Elle a l’air d’une brindille qu’un rien pourrait briser et alors qu’elle met son coeur à nu face à lui, c’est sûrement la comparaison la plus appropriée qui soit. S’il le voulait, il aurait les mots pour la mettre à mal et la tirer assez bas pour que jamais elle ne se relève. C’est certain. La brune n’en doute pas une seule seconde tout comme elle ne doute pas de lui non plus, parce qu’il est le seul avec qui elle voudrait être parent, parce qu’elle a rarement été aussi heureuse que d’apprendre que cette envie est partagée. « Y'a une raison précise ou pas, de pourquoi tu avais envie de me parler de ta famille aujourd'hui? » Y’en a pas qu’une seule et devrait y en avoir des milliers, même. C’est sûrement le cas, d’ailleurs. Elle n’a fait que les faire taire les unes à la suite des autres, encore et toujours, au fil des années. “Personne ne connaît toute l’histoire. Des gens avec qui j’ai grandi ont jamais su quoi que ce soit et … et même Joseph, il ne sait pas tout.” Menteuse sans limite, elle n’a pas même épargné son propre sang de tout ce stratagème à la mécanique bien huilée. Elle a regagné un dos droit et un regard plus assuré bien que tremblant ; elle a ancré ses pupilles dans les siennes, à nouveau. “Ma mère me ressemble beaucoup, je pense. J’ai calqué mon caractère sur le sien parce que j’aurais jamais voulu prendre exemple sur mon père. Je ne peux pas nier ce qu’il a fait pour moi et je pense même qu’il a été bon …” Elle voulait parler de Callum en premier mais n’en a pas eu le courage, parce que pointer du doigts les problèmes qui ont été ceux de Joseph reste bien plus aisé que de partager les siens seuls. Malgré tout ce qu’elle a à dire et tout ce qu’elle voudrait partager, la piété filiale l’empêche d’aller au fond de ses pensées et d’utiliser les mots crus qui seraient, pour une fois, pleinement adaptés à la situation. “Mais ça se passait pas bien, entre Joseph et lui.” Tout comme ça se passait pas bien entre elle et Callum. Ce sont des mots de transition dont elle a besoin avant d’aller plus loin. Il n’a jamais agi de la même façon avec lui et on parlait jamais de ça entre nous. Personne n’en parlait jamais. C’était comme ça, un point c’est tout. Je soignais les blessures de Jo avec ce que je trouvais dans la boîte à pharmacie au début et puis c’est devenu une habitude en grandissant.” Lâche, elle n’utilisera pas les mots et se contentera de parler des conséquences de ça se passait pas bien, espérant secrètement qu’il comprendra. Il comprend toujours, Matt. Il joue à l’imbécile mais il est doué avec les gens, malgré tout. Il l’a toujours été avec elle, en tout cas. “Il est parti quand j’avais douze ans et je lui en ai toujours voulu de m’avoir abandonné. J’avais … peur que je prenne sa place.” Jamais Lily n’a un jour avoué avoir eu peur. Jamais. |
| | | | (#)Jeu 15 Oct 2020 - 18:45 | |
| Je sais pas du tout d’où ni de comment la journée a pu passer d’un petit-déj qui s'éternise à un tatouage qui me terrorise, pour finir par bifurquer vers une conversation qu’elle a autant l’air de vouloir avoir que de détester aborder. Moi, je bouge pas et moi j’attends, attentif au possible. Elle sait toujours tout sur tout Lily, elle est toujours en plein contrôle de n’importe quelle situation au point où je panique un peu, soyons honnête, de voir à quel point elle hésite et mâche ses mots, se mord les lèvres et fort probablement l’intérieur des joues. À un moment, mes doigts ont quitté les siens rien que pour remonter se lover contre l’arrière de sa nuque, y chercher des points de pression comme d’autres qui l’aideront à relaxer, à souffler, à savoir que peu importe le temps qu’elle pourra mettre jamais j’arrêterai de l’écouter si elle veut encore me dire ce qu’elle semble avoir sur le coeur depuis bien trop longtemps déjà. Le filtre dans ses yeux passe et il est clair, net, sec. C’est le même que portait Ginny quand on lui parlait de Londres. “Personne ne connaît toute l’histoire. Des gens avec qui j’ai grandi ont jamais su quoi que ce soit et … et même Joseph, il ne sait pas tout.” je me fais violence pour garder mes sourcils de se froncer si tôt dans le processus. Sa voix est grave et sérieuse, pourtant elle ne m’est jamais apparue aussi fragile. Faisant gaffe à ne pas du tout empiéter dans son espace non sans lui donner l’impression que je me dégage, je concentre juste mon attention sur ses mots, me calant un peu plus dans le canapé d’extérieur et sa multitude de couvertures.
“Ma mère me ressemble beaucoup, je pense. J’ai calqué mon caractère sur le sien parce que j’aurais jamais voulu prendre exemple sur mon père. Je ne peux pas nier ce qu’il a fait pour moi et je pense même qu’il a été bon …” je déteste la suspension. Je déteste le temps qu’elle met, entre ses mots, presque autant que je me déteste d’arrêter de respirer et d’ainsi lui faire comprendre que je ne suis plus du tout le Matt chill auquel elle a eu accès tant de fois déjà. C’est rien contre elle et rien contre sa mère, ça a tout contre son père et si elle sait que la relation que j’ai avec le mien est conflictuelle, n’en reste que celle qu’elle a avec le sien me fait déjà rager sans même que je sache de quoi il en retourne. “Mais ça se passait pas bien, entre Joseph et lui.” oh boy. “Il n’a jamais agi de la même façon avec lui et on parlait jamais de ça entre nous. Personne n’en parlait jamais. C’était comme ça, un point c’est tout. Je soignais les blessures de Jo avec ce que je trouvais dans la boîte à pharmacie au début et puis c’est devenu une habitude en grandissant.” mon père m’a jamais frappé ; mais là, rien que là, c’est tout comme, quand j’apprends que c’est son frère qui mangeait les coups. Quand j’apprends ce que probablement lui-même ne voudrait pas que je sache, et ce avec quoi elle a dû vivre pendant des années sans jamais pouvoir, vouloir en parler. Elle serait pas comme ça, si elle l’avait dit à qui que ce soit. Elle tremblerait pas comme ça si elle l’avait déjà dit à qui que ce soit. “Il est parti quand j’avais douze ans et je lui en ai toujours voulu de m’avoir abandonné. J’avais … peur que je prenne sa place.”
Plus aucun effort n’est mis sur rien du tout. Plus aucun filtre sur ma respiration qui a visiblement décidé de se faire la malle, ni même pour mes sourcils qui se froncent et ma main qui n’en finit plus de caresser sa nuque, ses épaules, chaque parcelle de peau qu’elle trouve sur son passage. « Qu’est-ce qui s’est passé, quand il est parti? » je veux pas la presser. Je veux pas la forcer, je veux définitivement pas être celui qui la pousse à parler de quelque chose qu’elle a dû garder si enfoui que jamais elle n’aurait cru devoir le révéler. Je veux juste comprendre et je veux juste réapprendre à mieux écouter sachant qu’elle a bien plus besoin que je sois à ses côtés là, plutôt que de planifier la mise à mort de qui que ce soit ayant changé de comportement après le jour où Joseph est parti. « Attends. » et elle dit qu’elle a eu peur. Et elle insiste et elle tremble de plus belle et elle a besoin d’une pause, juste une. Lily entre mes bras que je rapproche encore un peu plus, croyant stupidement que de lui offrir la plus douce et la plus soutenue des étreintes risquerait d’aider à quoi que ce soit. Mes lèvres embrassent sa joue, réchauffent sa nuque, essaient du mieux qu’elles peuvent de gratter les mauvais souvenirs un par un en lui offrant du réconfort dont elle aurait eu besoin ce jour-là, et surtout tous les autres après. « Okay, là tu peux parler. Si tu veux parler. » que je finirai par chuchoter à son oreille, rendant les confessions encore plus secrètes sans jamais ne bouger une seule fois. Ce qu’elle veut dire, ce qu’elle arrivera à dire, elle peut le murmurer à mon oreille à son tour elle aussi. |
| | | | (#)Ven 16 Oct 2020 - 16:32 | |
| S’il travaille sur son souffle, lui, ce n’est absolument pas son cas à elle. Lily a abandonné les apparences, elle a abandonné tout ce qui allait avec. Son corps est recroquevillé contre le sien, ses yeux ont choisi un point sur lequel se poser et sont désormais ouverts dans le vide, perdus. Ses doigts se triturent entre eux à défaut de pouvoir garder ceux de Matt auprès d’eux. Mais lui, il fait tout comme il le devrait et cela rassure encore un peu plus l’infirmière que de savoir qu’elle semble enfin faire confiance à la bonne personne. « Qu’est-ce qui s’est passé, quand il est parti? » Dans son esprit reviennent les images et les moments qui datent de cette époque ou de quelques années plus tard, elle a l’impression de tous les expliquer alors qu’aucun mot n’est encore sorti de sa bouche. Matt a arrêté de respirer, elle ne sens plus son torse se soulever doucement. Elle a arrêté aussi, ne reprend que lorsque sa voix s’élève de nouveau au dessus des bruits de la ville. « Attends. » Bien que sur le moment elle n’ait aucune idée de ce qu’il compte faire ou où il veuille en venir mais cela ne l’empêche pas de passer en hâte ses bras autour de son cou. Elle s’y accroche de toutes ses forces, là où elle respire mieux, là où elle peut fermer les yeux et simplement poser sa tête contre la sienne. Ses baisers la rassurent, aussi enfantins puissent-ils paraître aux yeux du reste du monde. Lui, justement, n’est pas le reste du monde et c’est bien pour cette raison qu’il est la seul à entendre ses confessions. « Okay, là tu peux parler. Si tu veux parler. » A son tour, elle laisse un baiser se déposer dans son cou. Lily reste silencieuse quelques secondes de plus avant d’enfin se dégager un peu de lui pour le laisser respirer. Les lèvres de l’australienne se posent le plus délicatement du monde sur son front, remerciement silencieux qu’elle reste incapable de formuler autrement. “Je t’aime.” Ses mains remontent sur ses joues et le caressent dans un élan qui se veut le plus rassurant possible. Pourtant, son coeur bat toujours trop vite et elle sait qu’elle arrive à la partie de l’histoire la plus difficile pour elle ; simplement parce que ce n’est plus son frère qui reçoit le blâme.
Lily se replace sur ses genoux cette fois-ci, face à lui, le regard pourtant baissé sur son tee shirt et la lippe pincée. “C’est pas de mon père dont j’aurais dû me méfier.” Avoir peur était le verbe utilisé, mais elle ne veut pas avoir à l’utiliser dès lors qu’il est question de Callum. Cela le rendrait bien trop heureux, sans aucun doute. Elle a un instinct maternel qui coule dans ses veines, Lily, et c’est donc ce qui l’amène une fois de plus à placer ses mains sur les hanches de Matt, à se faufiler sous ses vêtements simplement pour pouvoir doucement caresser sa peau de son pouce. Elle ne veut pas qu’il s’inquiète inutilement et pourtant les mots prennent une éternité à être formulés, à être choisis avec minutie. “Pour moi, c’est avec mon petit ami qui ça ne se passait pas bien.” Il n’y a pas à préciser lequel pour la simple et bonne raison qu’il n’y en a eu qu’un seul. Si Lily est restée très discrète sur son passé amoureux, elle a au moins fait part de cette information à Matt. “Je me disais que si je partais, il ferait ça à quelqu’un d’autre.” Des excuses, elle en avait à la pelle. Elle en avait pour elle même, elle en avait pour ses bleus, elle en avait pour ses os brisés. “J’ai cru que ça allait changer quand je suis tombée enceinte.” De son enfant, du leur. Il aurait pu avoir de la peine, il aurait pu vouloir que sa progéniture naisse sans aucun problème. Encore une fois, pourtant, ça n’a pas semblé être suffisant et cette fois-ci même la plus grande inspiration qui soit ne suffit pas à Lily pour qu’elle garde le contrôle de ses émotions. Bien plus que son passé difficile, c’est parler de son enfant qui n’a jamais vu le jour qui reste infiniment douloureux pour elle. Son visage passe par toutes les moues possible pour tenter de contrôler ses larmes lesquelles elle laisse finalement couler sans bouger, sans rien dire non plus. “Je m’en veux d’avoir été soulagée quand j’ai appris sa mort.” Une vie est précieuse, peu importe à qui elle a été donné. C’est une chose qu’on lui a apprise à l’église et qu’elle aurait dû mettre en pratique. “Alors on a pris mon bébé aussi.” Alors on lui a donné une raison de ne plus se réjouir, parce qu’elle avait péché, parce qu’elle n’avait pas été quelqu’un de bien. Et encore une fois, par sa seule faute, elle a tout perdu. “J’arrive pas à prétendre que tout va bien avec toi. Je veux pas te mentir.” Avec lui elle n’a pas peur se relever ses yeux, aussi emplis de larmes soient-ils. Elle l’aime assez pour lui montrer ses fêlures et à ses yeux il n’y a rien qui n’ait plus d’importance encore. S’il la connaît ainsi, il la connaît pleinement. Enfin. Lily fait ultimement passer la couverture à ses côtés sur les épaules de Matt, elle même prise d’un frisson à cause du froid, elle ne souhaite pas qu’il en soit de même pour son mari. |
| | | | (#)Lun 19 Oct 2020 - 2:30 | |
| “C’est pas de mon père dont j’aurais dû me méfier.” et elle reprend, au même titre que mes bras trouvent la position parfaite contre ses hanches pour m’assurer qu’elle puisse autant respirer que de savoir qu’à tout moment son nez peut revenir se cacher contre ma nuque. Rien n’est facile, à commencer par mon envie d’aller défoncer la gueule de qui que ce soit sera nommé par la suite, sans que ça n’étonne personne. “Pour moi, c’est avec mon petit ami que ça ne se passait pas bien.” le connard. L’enfoiré. Le raté, le gars que je vois sans jamais l’avoir vu très clairement dans ma tête. Je le vois en sang et je le vois déjà la tête éclatée sur le bitume, je vois ses dents par dizaines d’éclats de morceaux, ceux-là même que j’utiliserai pour lui crever les yeux à la seconde où Lily sera endormie et où je me tirerai d’ici avec le seul et unique but de le retrouver. “Je me disais que si je partais, il ferait ça à quelqu’un d’autre.” ironiquement, même si ses mots sont durs, sa voix me ramène un relent de douceur et de calme qui desserre un brin mes phalanges. Celles qui étaient devenues blanches à force de serrer du poing comme un idiot incapable de lâcher prise à la moindre idée, vision, souvenir éhonté qui ne m’appartient pas qu’on ait pu lui faire du mal un jour. Qu’un lâche d’hypocrite (et de, soyons honnêtes, suicidaire) l’ait frappée.
Et puis si je pensais pas que ça pouvait être pire, nous y voilà. “J’ai cru que ça allait changer quand je suis tombée enceinte.” parce que je la connais cette histoire-là. Je connais le début et la finalité, je connais aussi le voile qu'elle a dans le regard à la seconde où elle s’en rappelle. Elle s’est autorisée à m’en parler Lily, elle s’est donnée la permission de me dire et plus jamais elle n’aurait eu besoin d’en reparler si elle avait jugé ça bon de me le cacher. Mais au fur et à mesure des pièces de cette histoire-là s’en ajoutent de nouvelles, celles qui me brisent autant le cœur que j’ai envie de briser ses os, à lui. Violence pour violence, comme on est matures en grandissant n’est-ce pas. “Je m’en veux d’avoir été soulagée quand j’ai appris sa mort.” alors je serai soulagé pour deux. Alors je laisserai un soupir fin et bref réchauffer sa nuque. Elle tremble et à chaque tremblement j’embrasse son épiderme un peu plus, à un moment même dévoilant une bribe de sa nuque supplémentaire pour y ancrer mes lèvres comme un énième encouragement à poursuivre si elle en a besoin, si elle en a la force. Des forces, elle en aura à l’infini d’ailleurs. Quand les siennes lui manqueront, elle pourra prendre les miennes à foison. “Alors on a pris mon bébé aussi.” non. Non, non, non, non. C’est pas comme ça que ça fonctionne et ses remords et ses regrets me font l’effet d’une infinité de coups de couteau à même ma chair, mêmes coups que j’aurais été incapable de compter si j’avais eu le gars devant moi à l’heure qu’il est. Elle n’a pas le droit de se mettre le blâme sur les épaules quand elle a subi. Elle n’a pas le droit d’être comme ça à cause de lui. Elle n’a pas le droit et si je dois passer ma vie à le lui faire comprendre à chaque jour, ce sera ce que je ferai, même de la plus minime des façons. “J’arrive pas à prétendre que tout va bien avec toi. Je veux pas te mentir.” il sort de nulle part, le baiser que je lui impose, là de suite. Celui qui attrape ses lèvres au vol, celui qui sert de distraction un temps quand du bout du pouce, j’essuie avec toute la délicatesse du monde les larmes que je découvre et redécouvre sur ses joues. De ses lèvres, je dérive ensuite là où sa peau est encore humide, là où elle a pleuré, là où je tente de quelques autres baisers d’effacer les traces de larmes restantes, de panser les blessures qui auront besoin de bien plus et de tellement de temps avant de se refermer.
« Je t’aime. Ça changera pas, peu importe ce que tu peux dire aujourd’hui ou demain sur ça ou sur n’importe quoi d’autre. » je l’aime parce qu’elle est forte et parce qu’elle a survécu à ça. Je l’aime parce qu’aujourd’hui elle est une femme brillante à qui la vie lui réussit. Je l’aime parce qu’elle ne s’aime pas en ce moment, et parce que c’est devenu ma seule et unique priorité de l’aimer pour deux autant de temps que cela lui prendra avant de comprendre qu’elle a le droit de s’aimer elle aussi, à nouveau. « Montre-moi, s’il-te-plaît. » les cicatrices, les marques, tout ce qu’il a bien pu laisser sur son corps que je n’ai jamais pu voir. Que je n’ai jamais remarqué. Je veux qu’elle me montre même les endroits où tout a été guéri, où je m’en veux de ne même pas avoir pu être capable de capter malgré tout. Je m’en veux là, je m’en voudrai presqu’autant qu’elle semble s’en vouloir à elle-même. Mais à la seconde où elle me montrera, c’est une avalanche de baisers qui s'éparpillera sur chacune de ses fissures, sur chacune de ses cassures en espérant y apporter un baume des années trop tard. Mais un baume tout de même. |
| | | | (#)Jeu 22 Oct 2020 - 20:11 | |
| Elle ne s’attendait pas à ce que Matt réponde à ses annonces par un baiser, raison pour laquelle son souffle s’en retrouve coupé un court instant alors que ses yeux voilés se relèvent au contraire vers lui. Ses lèvres ne cherchent pas à fuir les siennes et bien au contraire, elles ne souhaiteraient être nulle part ailleurs puisque c’est contre lui plus que personne d’autre qu’elle se sent à l’aise ; assez pour partager les plus douloureux secrets de son existence. Ses larmes sont chassées et aucune ne vient prendre leur place : Lily n’a jamais eu l’opportunité de s’étendre pour démontrer ses sentiments, de toute façon. Au fond, elle avait simplement besoin de savoir qu’il serait toujours près d’elles après de telles annonces et c’est ce qu’il semble lui assurer muettement. Matt efface les traces de ses souffrances alors qu’elle laisse ses doigts remonter dans son cou d’abord, sur sa mâchoire ensuite, certaine de toujours avoir quelque chose à soigner chez les autres aussi.
Jamais elle ne lui aurait fait part de ce qu’elle a besoin d’entendre ou de voir mais même sans cela, il sait très bien comment agir avec l’australienne. « Je t’aime. Ça changera pas, peu importe ce que tu peux dire aujourd’hui ou demain sur ça ou sur n’importe quoi d’autre. » Le brun parle du premier sujet qui l’intéresse, il parle de la seule chose qui soit encore d’actualité aujourd’hui et face à ces mots là elle esquisse un sourire aussi sincère que fatigué. Elle reste cependant bien moins certaine de l’aspect invariable de ses sentiments pour elle si jamais elle avait encore d’autres secrets de la sorte à lui dévoiler mais puisque ce n’est pas le cas alors elle se contente d’être rassurée qu’il s’ose à de telles paroles sans jamais ne sembler douter. A son tour, elle ramène son visage près du sien pour venir l’embrasser sur le front. Si elle est faible ce soir, cela ne reste qu’une passade et cela n’arrivera pas de nouveau avant bien longtemps ; elle sera forte pour lui aussi.
En réponse à ses derniers mots, les yeux paniqués de la brune remontent un temps dans ceux de son homologue. « Montre-moi, s’il-te-plaît. » Elle jauge ses pupilles et sa réaction, son sérieux aussi. Selon elle, elle s’est exposée bien plus qu’elle ne l’aurait dû. Elle a déjà montré bien plus de ses failles en quelques minutes que jamais dans toute son existence. A ses yeux, ça aurait dû être suffisante, ça le devrait vraiment, et c’est pour cette raison qu’elle hésite de longues secondes avant d’enlever son habit sans un bruit pour se retrouver presque nue face à lui. Du bout de ses doigts elle garde la couverture posée sur ses épaules, le bout de tissu la protégeant du reste du monde mais ne la cachant nullement de son mari. Chacune de ses respiration est douloureuse, comme dans le temps où elle devait se souvenir de respirer même dans ces instants où il lui ordonnait de rester silencieuse, sous peine que ce soit lui qui la réduise au silence. Sa main tremblante forme un poing rageur alors qu’elle prend une dernière inspiration pour ne pas laisser l’émotion et les souvenirs l’emporter. Ensuite, ce sont des endroits stratégiques qu’elle désigne du bout de son index. L’endroit du tatouage, d’abord, l’humérus, ensuite. Ses os une fois brisés lui font toujours mal lorsque le temps vire à l’orage mais rien ne laisse présager qu’ils lui ont un jour été tant douloureux. De l’autre côté de son corps, ensuite, ce sont une, deux, puis trois côtes qu’elle désigne avec soin. S’ensuit le coin de son oeil, celui dont elle n’a pas à préciser la fréquence à laquelle il se retrouvait coloré tantôt de bleu, tantôt de vert et tantôt de violet. Finalement, dans la multitude de gestes lents et précis, ce n’est qu’au moment de désigner son bas ventre qu’elle n’y appose pas non seulement son index mais sa main toute entière. Aujourd’hui, elle est douloureusement posée contre sa peau. Avant, ça l’était amoureusement. “Joseph a su pour Callum. Je sais pas comment, mais il sait.” Toujours absent, toujours loin d’elle, il a quand même trouvé le moyen de se tenir au courant des failles de sa parfaite petite soeur. “Mais il n’a jamais su pour le bébé.” Le bébé, c’est leur secret à eux deux, c’est l’histoire de sa vie dans laquelle elle a entraîné Matt parce qu’elle ne compte pas le voir s’éloigner à aucun moment. |
| | | | | | | | pull me closer (lilymatt #15) |
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