Vingt et une heures, je me suis juré de ne pas y retourner.

Quelques bières, un whisky et ce qui devait ressembler à du bourbon, plus tard, il est vingt-trois heures. L’idée de me glisser jusqu’à son appartement reviens me titiller l’esprit. Ce ne serait qu’un pas de plus dans la gueule du loup. L’erreur de trop ? Il faut croire que la limite a déjà été franchi. Dès le premier jour, dans cette bibliothèque, au milieu de cette fête. Sebastian m’a dit de vivre ma vie, de profiter avant le mariage. Il paraît qu’après je ne pourrais plus. Je crois que rien ne changera vraiment après, seul les remords s’inviteront à la tempête des émotions.

Minuit passé, c’est devenu une obsession. Il faut que j’aille la voir. En coup de vent, s’il le faut. Tu sais que tu resteras la nuit, s’il le faut. Je ne sais même pas quelles excuses je vais pouvoir lui sortir. Il y en a-t-il vraiment une ? À part l’appelle de sa peau, de ses lèvres et du plaisir charnel ? Juste l’envie de laisser la tempête s’apaiser, un court instant. Ne plus penser, ne plus s’interroger. Vivre le moment présent comme me l’avait tant conseillé mon frère. Je ne fais que suivre les ordres, il paraît.

Deux heures du matin, j’ai cédé, me voilà au pied de la maison familiale. L’esprit légèrement emprunt des embruns de l’alcool, il me faut quelques minutes pour me souvenir du code, le taper à l’envers, louper un chiffre, puis réussir. Il reste à franchir les escaliers, ne pas se tromper de directeion dans le jardin, trouver la bonne fenêtre. Fait. La logique voudrait que je passe par la fenêtre, mon cerveau trouve cela normal d'enclencher la poignée de la porte de derrière. Ce n’est pas fermer, ça ne l’a jamais vraiment été. Je me faufile dans le manoir plongé dans le noir. Rejoindre son lit et la surprendre. C’est le plan. Ce qui n’était pas prévu, c’est de me faufiler dans le couloir, passé devant le salon et trouver une femme sur le canapé. Une femme qui n’est pas Jill. « Mais t’es qui toi ? »

@louisa fleming
pis si tu veux stalk, @jill mcgrath-fitzgerald

Jill est belle, Jill est merveilleuse, Jill est magique. Cette soirée, placé sous le signe du cirque fût, dans tous les sens du terme, acrobatique. Nous avons profité de l'absence de Virginia qui a accompagné Isaïah et Marianne à un gala qui, d'après ce que j'ai compris, concerne l'aéronautique. Ou est-ce un truc d'alcoolique ? Peu m'importe, au final, car cette soirée avec Jill est magnifique. La jeune femme m'impressionne, elle et son esprit analytique. Nous avons regarder des films, puis nous avons chanter, puis nous avons fait l'amour dans toutes les pièces de la maison à en devenir asthmatique. Et au final, à 00h, nous avons commandé asiatique. Mais les Sushi ne nous ont pas suffit, du coup Jill est parti en ville afin de trouver un fish and chips et je l'attend, guettant le bruit de son cylindrique.

Assise dans le noir, je regarde la télé qui diffuse un film quelconque, tout en mangeant quelque feuilles de basilic. Ce n'est pas grand chose, mais ça fait passer la faim qui, si Jill ne se dépêche pas, risque d'être fatidique. Fort heureusement, j'entends la porte s'ouvrir, mais je ne bouge pas et, prenant la télécommande en main, je fais que baisser la musique. Et pourtant, je fini par me redresser car les pas que j'entends arrivés derrière n'appartiennent pas à Jill : ils sont bien trop apraxique. Même, si, évidemment, je sais bien que mon amante à un caractère cataclysmique.

Et, alors que je me lève, j'entends une voix masculine et névrotique.  « Et toi tu dois être celui dont elle m'a déjà parlé et qu'elle appel 'la tique'» que je grogne, électrique.  « Qu'est-ce tu fous ici, avec ta jalousie pathologique ? » je l'agresse alors qu'il là juste pour Jill car elle le trouve charismatique.

Tout me fait frissonner à la vue de ce manoir qui ressemble tant à la demeure que je ne cesse de fuir depuis des années. Le marbre blanc jusqu’aux marches de l’extérieur, fenêtre immense couplée de rideaux qui viennent assombrir tous les drames qui se trame derrière ces portes aux poignées dorées. En rien, je n’aurais à justifier ma présence ici, futur gendre si lisse qui se soucie de sa fiancée au point de la visiter a tout heure du jour et de la nuit. L’excuse serait toute trouvée, en un rien de temps. Quand en réalité, c’est la sœur aînée que je cherche à voir par tous les moyens. C’est elle qui me fait tourner la tête quand sa sœur ose à peine croiser mon regard. Elle n’est pas là, Virginia, je le sais, Jill me l’a assez souvent sous-entendu la semaine dernière lors d’un énième repas mondain auquel nous étions conviés en toute obligation. C’est le moment parfait pour faire un pied de nez à ses parents. Pour se prouver que l’on reste les rois du monde quand en réalité nous ne sommes que des pions sur les échiquiers au jeu déjà si bien huilé.

Je me pensais plus malin que les autres, à entrer par la porte, à faire comme si tout cela m’appartenait. Les voitures ne sont pas dans l’allée, le majordome semble avoir pris congé. J’entends dans la musique dans le petit salon au fond du couloir, celui qui mène vers les chambres des filles. Je suis persuadé d’y trouver Jill. Au pire, ce sera Matt et on se foutra sur la gueule, juste pour le plaisir. Jamais je n’avais imaginé tombé sur une femme que je ne connais pas. Une métisse à la belle gueule qui n’a de cesse de me répondre, prétendant savoir qui je suis. Un rire nerveux m’échappe. « Jaloux ? » De qui ? De quoi ? Rien ne me raccroche à Jill, si ce n’est le mariage qui m’unira bientôt avec sa sœur. « Vu le ton de roquet, je suppose que tu es une amie de Matt. » Le chien de garde. Bon toutou obéissant qui ruine la vie des gens. Connard sans nom. « Personne n’est là. » Cela en devient presque anormal. « Non mais sérieux t’es qui ? » que j’insiste alors que mon esprit tente de trouver. « Une employée de maison ? » Qui prends du bon temps lorsque les patrons sont en soirée ? Elle serait forte celle-là. Sebastian en ferait une syncope et l’idée même me fait rire.

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Quel con. Quelle enflure. Quelle plaie. Cet inconnu à qui je fais face me regarde droit dans les yeux et m'insulte au plus profond de mon âme. Il tape pile poil sur le bouton qui me fait enrager et bouillonner et je le déteste. En trois minutes de temps, je sais déjà que je le déteste maintenant et pour toute ma vie, devrait-il être emmené à croiser à nouveau ma route. Il aurait pu s'arrêter au fait de prétendre que je sois une amie de Matt -je ne connais pas encore l'homme mais vu ce que Jill m'a raconté de lui, je crois qu'on pourrait bien s'entendre, lui et moi- mais, non. Il continue et pense sincèrement que je suis l'employée de la maison, une bonne femme qui est ici que pour servir les Mcgrath.

Alors, je n'hésite plus. M'avançant vers la tique, j'attrape en même temps un livre qui est posé là -ironie du sort : j'ai choppé la bible- et envoie le bouquin violemment contre la tempe de l'inconnu  «répète ça encore une fois! » le sommais-je alors qu'il a les deux mains plaquées sur le côté de son visage.  «Répète à nouveau la partie où tu dis que je suis la servante de la maison ! » et la bible retrouve le chemin vers son visage mais de l'autre côté  «VA. TE. FAIRE. FOUTRE ! » chaque mots est ponctuée par une frappe de la couverture dure du bouquin. Sur les côtes, les épaules, la tempe à nouveau et finalement le milieu du visage avec encore plus de force qu'avant.  « T'es qu'un sale con !» et je lui envoie mon genou dans le bas vendre  « Venir ici au beau milieu de la nuit et m'insulter c'est vraiment la dernière chose que t'ai fais dans ta vie !» Et je le fixe, le toise de toute ma hauteur alors qu'il est là, recroquevillé contre le mur. C'est n'est que maintenant, à la faible lumière du lampadaire qui filtre par la baise vitré, que je remarque que cet inconnu est bien plus vieux que moi. Bien, il en aura prit pour son grade et il le mérite plus que tout au monde.

Cette maison que je suis censé connaître me paraît soudainement bien étrangère alors que je me retrouve nez à nez avec une jeune femme que je n’avais jamais croisé encore auparavant. Elle semble assez jeune, bien plus que la fratrie McGrath. Par deux fois, je lui demande des explications, mais elle semble têtue comme jamais, alors qu’elle commence à aboyer sans raison. Les points s’alignent, elle doit forcément connaître Matt pour enrager comme cela à la moindre raison. Jill est comme cela aussi, c’est juste bien plus dur de l’admettre. Puis on s’en fiche bien pour le moment, alors que mon esprit légèrement alcoolisé se demande si je ne me serais tout simplement pas trompé de maison. « Je suis bien chez les McGrath ? » Oh puis elle commence à m’énerver avec ses piques lancer sans aucune raison. Elle se croit supérieure la gamine alors qu’elle ne doit être qu’une femme de ménage qui profite de l’absence de ses patrons.

Erreur me pris de lui dire mes pensées à voix haute. Sans que je n’aie le temps de comprendre quoique ce soit, la jeune femme se lève, s’empare d’un bouquin et vient me frapper avec violence. Je reçois l’objet en pleine tempe et me mets à hurler. « Mais t’es dingue ! » Elle hurle tout aussi fort la frisée alors qu’elle s’arme à nouveau pour me viser sur une autre partie du corps. Je bats en retraite alors qu’elle attaque de manière presque sournoise. « T’avais qu’à répondre à ma question. » Au lieu de jouer les grandes dames, si elle m’avait décliné son identité dès le départ on n’en serait pas là.

Le coup de pied dans les parties, je ne l’avais clairement pas vu venir. « OUTCH. » Je me plie en deux, me tenant l’entrejambe comme si tout allait tomber sur le sol. J’en ai le souffle coupé. Elle est complètement tarée cette gamine. Et la connexion se fait. « En fait, tu connais Jill. » Ce n’est pas possible autrement. Aussi dingue l’une que l’autre, il faut croire. « Je venais voir Jill. » que je tente d’articuler sans oser le dire trop fort. Les murs ont des oreilles dans cet endroit, j’en reste convaincu.

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Ne devrais-je pas plutôt répondre à ses questions avant d'agir aussi violemment ? Ne devrais-je pas plutôt réfléchir correctement avant de le frapper ? Et si sa question était innocente ? Et s'il ne pensait pas à mal ? Alors que je mon genou rencontre ses parties intimes, le faisant définitivement flancher, mon esprit se met subitement à réfléchir mais il est trop tard pour stopper mon genou. Je me recule, l'observe, lui et sa gueule ensanglanté -non vraiment, un coup dans le nez ça ne pardonne pas- et suis subitement prise de remord.  « merde ….» soufflais-je avant que mon regard ne se pose sur la bible  «merdemerdemerdemerdemerde » et je panique un peu, ma colère se tournant maintenant vers moi. Je suis venu à Londres dans le but de parvenir à me calmer, à la base. Mais il faut croire que mes rencontres ici ne m'y aide pas.

Sans plus de cérémonies, je me détourne et vais dans la cuisine. Là je fouille un peu les placards comme si j'étais chez moi et que la maison m'appartenait, avant de revenir avec des glaçons emballé dans un torchon -sorry Papa Mcgrath, ton gin tonic devra se boire froid maintenant- ainsi qu'un rouleau de papier.  «Je suis désolée ... » assurais-je en m'accroupissant à côté du jeune homme  «vraiment, VRAIMENT désolé. Oh putain » je lui retire ses mains et pose le paquet de glace sur son entre jambe  « Je...c'est juste que ...» je soupire et attrape un papier que je lui fourre dans une main afin qu'il s'essuie le visage ensanglanté  «T'étais juste la goûte d'eau qui à fait débordé le vase » je baisse le regard, grimaçant, confuse  «ça fait 18 ans que je me prends des remarques raciste dans la gueule et tu ...enfin tu payes seulement pour tous les autres en vrai » je pose mon regard sur lui, tentant de lui faire comprendre à quel point je suis réellement désolé,

 «Et je suis aussi là pour Jill » avouais-je finalement à demi mots.  « je ...» je me tais. S'il m'a fait cette remarque raciste il se pourrait bien qu'il soit homophobe aussi, non ? Soudainement, j'ai l'impression de perdre tous mes moyens et je me laisse tomber en arrière, m'asseyant sur le sol.  « on prend pas mal de bons temps elle et moi donc» et je ne pense pas qu'il soit idiot au point de ne pas comprendre mon sous entendu  « Enfin voilà. Je suis vraiment désolé, je voulais pas te faire mal» j'hausse les épaules  « Enfin, pas à ce point là quoi» et c'est, avec un sourire espiègle en coin, que je désigne ses bourses qui vont sans doute s'en rappeler encore un bon bout de temps de notre rencontre.

Je venais juste prendre du bon temps. Je n’avais pas prévu de me faire attaquer par une gamine que je ne connais pas. Le pire, c’est qu’elle est véritablement violente la brunette alors qu’elle m’assène des coups et qu’elle me brise les parties. Voilà… Il faut croire que les McGrath auront fini par avoir ma peau. Je vais probablement me vider de mon sang sur le tapis de Marianne. Déshonneur de la famille, celui qui n’a pas attendu le mariage pour rendre visite à sa belle. Parce que c’est ce que l’on croira, que Virginia et moi avions des relations en dehors du lien matrimoniale. Je crois que je divague, je ne sais plus si c’est l’alcool ou la douleur. Et voilà qu’elle s’inquiète maintenant la miss ninja. Elle ne cesse de jurer et cela m’arrache un léger rire. « Langage t’es chez les McGrath. » Jill jure comme un charretier, les deux autres pas vraiment… Ce n’est pas si bourge que d’avoir un langage fleuri.

Appuyé contre un meuble ancien, je me relève quelque peu, avant de me laisser tomber à nouveau sur le sol. Je dois dire qu’elle ne m’a pas raté et je suis incapable de tenir debout pour le moment. Elle revient à la charge avec un torchon et des glaçons qu’elle dépose sans ménagement sur mon entrejambe. « Pas une deuxième fois, pitié. » Je maintiens la poche de glace et soupire quelque peu. Okay, elle a eu une bonne idée, pour une fois, je dois dire que ça fait du bien. Elle se confond en excuses mon inconnu, me parle de blague raciste et autre truc en tout genre. « Je suis pas raciste. » Elle parle de Jill aussi, chercher ses mots avant de parler de bon temps passer ensemble et cette fois mon rire se veux nerveux. « Et je suis pas homophobe non plus. » Je ne suis en rien comme les gens qui fréquentent mon milieu que je me retiens d’ajouter. « Ça m’arrive de passer du bon temps avec Jill, aussi. » que je murmure sans réellement croiser le regard de la jeune femme. Au moins, les présentations sont faites. « Enfin pas sûr que je puisse pouvoir le faire de nouveau, thanks to you. » que je rage sans réellement rager alors que mes parties sont toujours aussi douloureuses. « Elle est où ? »

@louisa fleming

Je fronce les sourcils lorsque l'homme me dit de surveiller mon langage et le fixe durement  «Mcgrath ou pas Mcgrath, je parle comme je veux encore hein » et aussi je veux toujours avoir le dernier mot, mais ça je pense qu'il l'a bien compris. Enfin peu importe. Malgré tout, je ne peux pas non plus le laisser là, dans cet état déplorable et décide de l'aider un peu. Ainsi donc je l'abandonne juste le temps d'aller dans la cuisine pour revenir avec des glaçons emballés dans un torchon ainsi que des papiers pour qu'il essuie le sang qui lui coule dans la bouche.

Une de retour et après lui avoir refilé tout ça, je me confond à nouveau en excuse en lui avouant le pourquoi du comment j'ai réagis aussi violemment. Et bizarrement, il me semble tout à fait compréhensif, m'assurant qu'il n'est ni raciste, ni homophobe et je soupire doucement, soulagée.  « tant mieux alors» souriais-je avant qu'il ne m'avoue qu'il est ici parce que lui aussi prend beaucoup de bon temps avec Jill. J'arque un sourcil sous la surprise  «oh ...awkward » et mon rire nerveux fait écho au sien  «Quelles étaient les chances que des amants de Jills se rencontrent là, ici » je secoue doucement la tête puis pince les lèvres en un sourire contrit.  « Elle est partie en ville pour nous acheter des fish & chips parce que les sushi qu'on a commandé ne nous suffisaient pas» je lance un coup d'oeil à la montre  «Elle ne devrait plus trop tarder je pense » j'espère en tout cas  «Lou » finissais-je par me présenter en lui tendant la main  «Et ... » je lance un coup d'oeil vers le bouquin avec lequel je l'ai frappé  « Se faire frapper par Jesus et compagnie, ça porte chance, non ?» j'hausse les épaules avec innocence  «T'es croyant ? » et voilà une question qui sort, littéralement, de nulle part.

C’est qu’elle pourrait mordre la jeune femme. Je le vois dans son regard, alors qu’elle me répond avec hargne. Je tentais de blaguer pour détendre l’atmosphère, mais il faut croire que je ferais bien mieux de me taire ce soir. Au moins, elle a encore l’idée d’aller chercher de la glace pour m’aider un peu, après m’avoir littéralement mis à terre. Je dois dire qu’elle n’y a pas été de main morte et c’est pas vraiment l’endroit le plus agréable pour se faire frapper. Je crois que j’ai un peu mal à la mâchoire aussi. Non vraiment, j’aurais dû rester sur mon plan de base : ne jamais venir ici. Je soupire et m’appuie contre le mur. On va rester par terre. Ouais, par terre, c’est bien. Sur le carrelage en marbre et tout ça. Cela fera bon genre auprès de la belle-famille, cela ne fait aucun doute.

Au fur et à mesure de la discussion, on se rend compte que l’on fréquente, Jill un peu pour les mêmes raisons. Clairement, je ne l’ai pas connu par ce prisme, puisqu’elle se doit d’être ma belle-sœur. Mais on va éviter de raconter tout cela à l’inconnue qui ne porte toujours pas de nom. D’ailleurs, sa remarque me fait grimacer lorsqu’elle nous invoque comme les amants de la McGrath. « Tu gardes ça pour toi ! » que je réponds bien trop sèchement. Je ne connais pas ses liens avec le reste de la famille et je réalise que j’aurais mieux fait de fermer ma gueule. Est-elle au courant du mariage à venir ? Est-ce qu’elle serait du genre à aller parler à Matt ? J’espère que non… Il faut que je me détende sinon elle va commencer à poser des questions. Lou… Au moins, j’ai un prénom. L’espace d’un instant, j’hésite à donner le mien, mais la jeune femme à mentionner que Jill était juste partie chercher à manger et elle va probablement revenir sous peu pour me hurler dessus. « Bailey. » que je murmure doucement. Comme un énorme secret qui ne devrait pas quitter cette conversation.

Elle plaisante en réalisant qu’elle vient de me frapper avec un exemplaire de la bible et je lève les yeux au ciel. « Tu ferais mieux de ranger ça d’ailleurs, avant que Marianne ne fasse une syncope si on a touché à son précieux bouquin. » La mère McGrath, croyante jusqu’au bout des ongles. Comme la mienne de mère d’ailleurs. Et la question de Louisa me laisse quelque peu surpris. « Non… » Je veux pas croire à tout ça. « On m’a assez traîné à la messe quand j’étais gamin. » Mes parents ont forcé leur religion sur nous, Sebastian l’a embrassé les yeux fermés, de mon côté, c’est bien plus compliqué. « T’es pas d’ici toi… » que je finis par réaliser à l’aide de son accent. Elle fait partie de leur ancienne vie, en Australie… Je suppose. « Vraiment vaudrait mieux pas que tu parles de ma présence ici. »


@louisa fleming

Si, dans un premier temps, j'aurais bien aimé blesser cet homme qui m'a traité de bonne de chambre, je fini par me rendre compte que commettre un meurtre c'est pas la meilleure idée du monde. Bien sûr que je n'irais jamais aussi loin, mais rien qu'à le fait de le voir là, par terre, je me rends compte à quel point il est amoché et combien j'ai exagéré la chose. Je soupire doucement et change du tout au tout. Passant de la meuf enragée qui ne sait se retenir à celle qui s'inquiète de la santé de celui qu'elle a frappé sans retenues. Peut-être me pardonnera-t-il mon affront ? Je l'espère en tout cas.

Revenant vers lui avec de la glace pour ses parties intimes ainsi que des essuies-tout pour essuyer le sang de son visage, je fini par lui expliquer le pourquoi du comment j'ai pété de plombs tout à l'heure. Celui qui se présente comme étant Bailey m'indique qu'il n'est ni raciste ni homophobe et qu'au final il n'est ici que pour voir Jill et passer du bons temps avec elle. Awkward. Quelles étaient les chances pour que lui et moi, deux amants de la jolie McGrath nous nous rencontrions dans ces circonstances ? Sa réaction toutefois me fait pensé qu'il a honte d'être ici et que c'est la plus grande des interdictions  « Pourquoi ?» contrais-je sa question par une nouvelle question  «Qu'est-ce qui t'interdit de passer du bon temps avec Jill ? Elle est géniale, tu ne devrais pas avoir honte » j'hausse les épaules dans l'indifférence la plus totale.

Je fini par me rendre compte du livre avec lequel j'ai frappé le jeune homme et décide de plaisanter. Plaisanterie qui est mise à mal par le côté flippette de celui que j'ai en face et qui me fait lever les yeux au ciel  «T'es un homme et t'en es pas un ? Mon dieu, mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait les McGrath pour que t'ai tellement peur d'eux ? » demandais-je en secouant la tête, sincèrement curieuse.  « Et non, je ne suis pas d'ici, je suis Australienne. Mais j'en avais marre de Brisbane donc j'ai décidé de passer deux mois chez mon cousin à Londres» que j'hausse les épaules d'un air désinvolte continuant de le fixé dans l'optique d'avoir enfin des réponses à mes questions avant que mes sens ne se mettent en alerte lorsque j'entends le crissement de pneu sur les graviers de la cours d'entrée.

Spoiler:

Qu’est-ce qui m’interdit de passer du bon temps avec Jill ? Je me mords la lèvre pour ne pas partir dans un fou rire nerveux. Oh, elle est géniale, oui. Tellement que j’ai préféré tomber dans ses bras plutôt que ceux qui m’étaient promis. Je ne peux pas parler de cela à Lou, elle ne comprendrait pas. On s'est promis de garder cela pour nous avec Jill et j’en ai déjà probablement trop dit. Ça ne devait être que le coup d’une fois, dans cette bibliothèque. Jamais cela n’aurait dû se reproduire au gala suivant et à celui d’après encore. Elle me fait tourner la tête Jill McGrath, mais personne ne pourrait réellement le comprendre, je crois. Alors, je me contente de hausser les épaules, face aux questions de la jeune femme. « Tu pourrais pas comprendre. » qu’en réalité, je vais devoir épouser sa sœur, parce que je ne sais pas dire non à mon paternel et qu’il faut préserver la réputation des McGrath. Lou me dirait qu’il suffirait de dire non. Elle n’a pas tort, mais il y a tellement en jeu. C’est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Et elle se moque de moi la brunette quand elle réalise à quel point, je me méfie de cette famille. « Ne te fie pas aux apparences Lou. » Il se trame bien trop de chose en coulisse. La famille bourgeoise un peu trop parfaite, n’est qu’une surface aplanie qui cache bien des secrets. Elle m’apprend qu’elle est Australienne la jeune femme et cela me fait sourire. J’aurais voulu poursuivre la conversation, mais des pneus qui crissent nous font tourner la tête vers la porte d’entrée. Une portière qui claque et mes sens qui se mettent en éveille. « Ça c’est pas Jill. » Et une deuxième portière. « Et c’est pas Matt. » Je me lève subitement, manquant de faire tomber la décoration sur le guéridon. Je tiens encore mon torchon à la main et me penche pour tirer sur le poignet de Lou. « Bouge ! » On entend la voix d’Isaïah qui se rapproche de la porte d’entrée. Bordel, mais qu’est-ce qu’ils font là ?! Sans demander mon reste, j’emprunte les escaliers, Lou à ma suite. Je dois pas être vu ici, je savais parfaitement que Virginia n’était pas là ce soir. En plus, il gueule le père McGrath. Il est de mauvaise humeur.

Je nous embarque dans la chambre de Jill et pousse la brunette dans le petit couloir attenant qui mène au dressing et a une petite salle de bain. Je passe la pointe de jalousie qui me prends au cœur quand je vois les draps froissés dans le lit. Non vraiment, je préfère pas imaginer. « Je savais que j’aurais jamais dû venir ici. »

@louisa fleming

Il est mystérieux cet homme. Trop mystérieux.  «Try me » ne puis-je m'empêcher de lui répondre du tac au tac quand il me dit que 'je ne pourrais pas comprendre' les raisons pour lesquelles il a trop peur des parents McGrath. Se rend-t-il compte qu'il ne fait qu’attiser ma curiosité ? Et qu'une fois lancé là dedans je ne suis pas du genre à abandonner avant d'avoir ma réponse ? Toutefois, un crissement de pneu retient Bailey de continuer ses explications et je le sens qui panique lorsqu'il se rend compte que ce n'est Jill ni Matt. Il se relève brusquement, retient à temps la chute vertigineuse d'un biblot puis, sans plus de cérémonie, attrape mon poignet et me tire derrière lui. Je ne peux pas réagir et le suis alors que la porte d'entrée s'ouvre et que les voix d'Isaïah et Marianne retentissent. La paternel n'a vraiment pas l'air commode et pour le coup je suis assez contente de la réaction de Bailey qui me pousse vers le dressing de la chambre de Jill.  

 « Mais c'est quoi le problème Bailey ?» demandais-je, ayant la présence d'esprit de garder parler à voix basse  « Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi j'ai l'impression que tu ne devrais pas voir Jill ?» je fronce les sourcils et m'approche de lui  «raconte moi, sinon... » et je me fige subitement lorsque, en baissant mon regard, celui-ci se pose sur la bible que je tiens toujours en main. Eh merde.  «Je ... » je regarde autour de moi  «Peu importe les raisons, j'ai l'impression que c'est vraiment important pour toi de ne pas être vu » je m'approche de la fenêtre de la salle de bain et regarde à l'extérieur  « Tu peux escalader là, non ? C'est facile, je l'ai fait tellement souvent ces dernières semaines» un sourire malicieux vient se placer sur mes lèvres  «Moi je reste ici. Je … je peux même faire diversion avec les parents » j'hoche la tête et m'approche de la porte, prête à me sacrifier moi et ma relation avec Jill pour que Bailey puisse s'en aller sans qu'un coup d'état n'éclate.

Elle n’a pas le temps de me défier, que déjà, on doit courir pour notre vie. Peut-être que j’exagère, mais personne n’aura le temps de me le faire remarquer. Heureusement, je connais plutôt bien la maison désormais et je ne me loupe pas dans les escaliers. On entend déjà la voix d'Isaïah résonner dans l’entrée alors que l’on atteint à peine le palier du premier. Quelques volées de marches supplémentaires et nous voilà dans le couloir qui mène dans les chambres. La raison voudrait que je choisisse celle de Virginia. Pour l’excuse parfaite, pour sauver les apparences. Comme un idiot, je prends la porte qui mène directement dans la chambre de Jill. L’endroit que j’ai trop souvent visité sur la pointe des pieds depuis que l’on a commencé nos conneries. La vision du lit aux draps froissés me rappelle au souvenir de Jill qui prend un malin plaisir à hurler plus que de raison pour ennuyer ses parents. Géniteurs qui sont royalement en train de se foutre sur la gueule l’étage du dessous.

Enfermé dans la salle de bain, je me retrouve nez à nez avec une Lou plus curieuse que jamais. Elle voudrait savoir pourquoi je ne suis si paniqué à l’idée de croiser les parents McGrath, elle cherche les réponses là où il n’y aura pas. « Je t’en ai déjà trop dit. » que je murmure alors que je m’assure que la porte est bien fermée derrière nous. Il faut qu’elle se taise la brunette. Ils vont forcément monter pour s’engueuler dans leur chambre, les parents, et ils passeront par là. « Bingo. » que je m’exclame, un peu trop fort. Abruti. Elle a compris Lou. Et j’aimerais qu’elle n'insiste pas plus longtemps, parce que je ne sais pas mentir. « Vraiment, c’est mieux qu’on sache pas que je suis ici. »

Et voilà qu’elle propose que je saute par la fenêtre. Je retiens un rire nerveux alors qu’elle semble monter tout un plan dans sa petite tête. « Calme toi kamikaze. » que je soupire alors que je suis persuadé d’entendre des pas qui se rapprochent de nous. « Je saute pas par la fenêtre. » Elle me fixe et je soupire. « J’ai le vertige ! »

Putain. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit alors que j'entends la voix du paternel Mcgrath retentir dans l'entrée de la maison. Putain. Le seul mot qui me passe par la tête alors que Bailey m'attrape par le poignet et me tire derrière lui. Putain. Ce mot que j'étouffe dans un rale alors que je trébuche et que je me rétame presque au sol lorsque l'inconnu me pousse dans la chambre de Jill que je connais trop bien.  «Putain » que je souffle alors que Bailey referme la porte de la salle de bain derrière nous et qu'il commence à paniquer. Il est con. Il est vraiment trop con. Son premier reflex est le pire reflex de tous : se cacher à l'étage. Non mais sérieux ? Comme s'il n'y avait pas assez de pièces dans ce manoir. Comme s'il n'y avait pas assez de porte de sorties au rez-de-chaussé. Je soupire, réitère ma question, me heurte à un mur puis assume qu'il ne devrait pas voir Jill. Et là je fais mouche.  «Mais alors ...pourquoi ? »

J'ai sincèrement envie de savoir ce qui lui prend, mais au final je ne le saurais sans doute jamais. Alors je décide de tenter le tout pour le tout et lui propose d'escalader le mur, mais ce charlatant ne semble pas avoir envie de sauver sa peau. Je soupire et roule des yeux lorsqu'il me dit qu'il a peur du vide. Je le comprends un peu, en vrai. Mon élément a beau être l'air, je dois avouer que lorsque je suis a pied et que je regarde au sol, j'ai l'impression qu'a tout moment je vais tomber et m'écraser au sol. Ce serait la pire des morts ça, non ? Le genre où,pendant quelques secondes, tu sais exactement de quoi sera fait ton avenir. Tu peux littéralement faire défiler les secondes avant ta mort.

Je secoue la tête et reporte mon attention sur Bailey.  « Et donc quoi ? Tu préfère que papa Mcgrath te choppe à ce double jeu ?» demandais-je, fronçant les sourcils  «Que pensera-t-il quand il verra que le grand Bailey s'est caché dans la salle de bain de Jill et qu'il a ainsi commit la plus haute trahison envers la famille Mcgrath, hein ?» je roule des yeux et le pousse vers la fenêtre  «J't'ai jamais demandé de sauté par la fenêtre idiot » j'ouvre la vitre en grand  « C'est ça, la descente le long du mur, du rosier et du grillage ou alors tu te fait chopper par Isaïah et il te crucifierons sur la croix comme Judas !» je fronce les sourcils  «ou plutôt Jesus ? Bref, peu importe. La torture des Mcgrath sera pire que si tu descend là » assurais-je  « J'peux passé devant si tu veux»