Parfois, on prend des chemins tortueux pour atteindre sa destination, la plupart des gens emprunte des chemins qui ne mènent nul part et il arrive parfois qu’une personne découvre un raccourci qui change tout, un pont dissimulé qui qui fait gagner des heures de marche. Dans cet univers, Ana a découvert l’itinéraire le plus optimisé pour dédier sa vie à sa seule vraie passion : la musique. Elle fait partie d’un groupe dont la notoriété ne cesse d’augmenter de manière exponentielle, ils font des concerts dans des salles de plus en plus grandes, c’est leur moment de gloire. Ana n’est pas la tête d’affiche, elle est en arrière plan avec sa batterie, mais ça ne la dérange pas, pour une fois dans sa vie elle ne cherche pas à occuper plus de place que celle qu’on lui octroie. Elle n’en reste pas moins une emmerdeuse hyperactive qui se fait remarquer tant en concert par ses moves de batteuse que quand elle n’est pas sur scène avec ses diverses frasques. Des frasques qui ne tarderont pas à faire la une de la presse à scandale s’ils finissent vraiment par devenir célèbres.
Ana est dans la loge avant leur énorme concert du soir, la plus grande salle de Brisbane. Ils jouent en première partie d’un groupe mondialement connu qu’Ana adore, c’est probablement le soir où tout va changer, le jour où tout va basculer. Ana est stressée à mort à l’idée de côtoyer ses idoles de si près, elle devrait d’ailleurs être en train de se concentrer avant le concert. Au lieu de ça, elle a passé la dernière heure à consommer toute substance à sa portée : alcool, cannabis, cocaïne. Un cocktail détonnant probablement destiné à calmer ses nerfs, un mélange assez classique chez les rockstars. Elle se prend déjà pour une rockstar, Ana.
Elle est sur le point de faire le concert le plus important de sa vie complètement défoncée. Ana est en train d’engloutir un shot de tequila quand quelqu’un rentre dans la pièce, elle tourne le dos à la porte d’entrée, affalée sur le canapé et ne se donne même pas la peine de vérifier qui est entré. Pensant avoir affaire à un des membres du groupe, elle s’exclame : « Where the fuck were you, guys ?! I had to got myself high without your sorry asses ! I’m totally fucked up right now… I’ll try not to puke on stage this time ! ». Et elle part d’un rire tonitruant alimenté tant par son trac que par le taux d’alcoolémie dans son sang.
Elle tend le joint qu’elle a entre les doigts au nouveau venu et tourne légèrement la tête en sa direction. « Shit. Fisher… Hi ! What’s up ? ». Ce n’est pas un de ses compagnons musiciens dépravés. C’est leur nouveau producteur, ils se sont à peine croisés jusqu’à présent et voilà qu’il la découvre dans toute sa splendeur, on va voir à quel point il est rock’n’roll le nouveau monsieur fric du groupe. Ana l’observe avec amusement, comment va-t-il réagir ?
Un concert à la Riverstage de Brisbane c’est ce que n’importe quel musicien du Queensland rêverait de pouvoir faire dans sa carrière. Ça va être le cas ce soir pour ce groupe dont tu as produit le dernier (et premier) album en date. Sirens Smoke Tuesday. Pas le meilleur nom mais apparemment ça fonctionne pour eux. Ca fait un petit clin d’oeil à Sleeping With Sirens à ton avis et ça c’est un côté qui te plaît plutôt pas mal. La seule raison pour laquelle ils sont à la Riverstage ce soir, c’est parce que la tête d’affiche c’est Bring Me The Horizon et t’as tiré tes ficelles pour qu’ils acceptent un groupe Australien en première partie sur leur tournée down under. T’as réussi. Ce soir c’est le premier soir de leurs trois dates dans le pays. Ils vont faire Melbourne Arena et le Hordern Pavillon à Sydney. Des salles de rêve. Des Arena. Des endroits que certains musiciens et chanteurs ne fouleront jamais. Même pas en tant que support act. « Where the fuck were you, guys ?! I had to got myself high without your sorry asses ! I’m totally fucked up right now… I’ll try not to puke on stage this time ! » Hmmm… Tu t’approches de Ana qui est avachis dans le canapé de leur loge.
« Shit. Fisher… Hi ! What’s up ? » « Yeah yeah, get yourself shitfaced before the show… »
T’es pas mal déçu de voir qu’elle prend pas ce soir très au sérieux. Tu pourras garder la face devant tes amis de Bring Me The Horizon. Le groupe en tête d’affiche. Ils savent ce que c’est quand y’a de la drogue au milieu. Tu vas prendre une canette de Monster qui est dans leur catering. « If you puke on stage, make sure it looks like it was planned. Or puke on Derek. He annoyed the fuck out of me earlier. » Derek, le front man de leur groupe. Tu ouvres la canette et tu bois une gorgée. « Why do you need to get so high just now? You’re scared ? You’re not happy to be here? You don’t want the full Riverstage experience ? » Parce que t’es sûr qu’elle va être dans un état second et elle va pas se souvenir de grand chose. Elle va fuck up. C’est sûr.
Il a l’air déçu, c’est sûr que ça fait pas très sérieux, mais elle ne sera pas la première ni la dernière à monter sur scène dans un tel état. Et puis elle était habituée, elle n’avait pas attendu le succès, ni même de pénétrer le milieu musical pour se défoncer, c’était une compétence qu’elle entretenait depuis plus de dix ans. La cocaïne, c’était plutôt récent ceci dit, c’était la première fois en fait. Et probablement une très mauvaise idée pour elle qui était déjà hyperactive.
« Yeah yeah, get yourself shitfaced before the show… » « Yeah yeah, I know, you’re proud. That’s so « rockstary » of me... »
Il se récupère une cannette de Monster, Ana n’a jamais eu besoin de ce genre de boissons énergisantes, elle était déjà assez remuante et insupportable comme ça. Maintenant qu’elle y pense, prendre de la coke était vraiment une idée de merde. Mais Derek l’a laissée dans la loge, donc Ana en a pris, c’est pas plus compliqué que ça. C’est con mais pas compliqué. Elle se lève du canapé d’un bond et commence à jouer avec ses baguettes de batterie, les faisant tourner et virevolter entre ses doigts de manière frénétique.
« If you puke on stage, make sure it looks like it was planned. Or puke on Derek. He annoyed the fuck out of me earlier. » Ana rit franchement à la proposition du producteur, finalement il a l’air fun le bonhomme. Sans le réaliser, Ana s’est mise à faire les cent pas d’un pas nerveux et saccadé. Elle répond tout en gardant son regard fixé sur le sol qu’elle foule à répétition : « Duly noted. His ugly ass will get a facial for free... ». Mais c’est pas la sale tronche de Derek qu’elle a en tête, c’est la tête d’Oliver Sykes le chanteur de Bring Me The Horizon. Mais aussi celle de Matt Nicholls le batteur du groupe. En fait, elle est en train de tous les voir, elle sait qu’elle va les rencontrer, probablement brièvement... Ou peut-être pas si brièvement. Peut-être qu’ils vont être hyper abordables et que ces trois dates leur permettront d’apprendre à se connaître. Merde. Ana n’a pas la personnalité la plus attachante qui soit, elle collectionne plutôt les emmerdes que les amis.
« Why do you need to get so high just now? You’re scared ? You’re not happy to be here? You don’t want the full Riverstage experience ? ». Ana et sa fierté mal placée réplique du tac au tac : « I’m not fucking scared ! ». Habituellement c’est vrai, elle n’a peur de rien, Ana, elle a d’ailleurs réussi à se persuader qu’elle est invincible. Mais il existe une peur profondément enfouie en elle, une peur qui a défini toute sa vie. Plus qu’une peur, c’est une certitude. Une certitude qui la conforte dans sa médiocrité autant qu’elle mutile perpétuellement son égo : she is not enough. Comment a-t-elle réussi à ne pas merder jusqu’à présent ? Comment s’est-elle retrouvée si proche du succès, si proche de son rêve ultime ? Au fond d’elle, elle est sûre et certaines qu’elle va tout faire foirer au dernier moment. Que quand elle effleurera des doigts le bonheur, elle trouvera le moyen de tourner les talons et de s’en éloigner radicalement. Elle finit par s’arrêter d’arpenter la pièce et regarde enfin Fisher dans les yeux avant de se lancer dans une tirade frénétique où elle prend à peine le temps de respirer entre ses phrases : « I’m bloody fuckin’ thrilled to be here ! Don’t you doubt it ! This is the Dream. The fuckin’ Dream with a capital D. I just wanted to take the edge off, that’s all... And the bastards, they just fuckin’ disappeared on me… This fuckin’ ass hole just let the coke lying there, like a fuckin’ invitation ! And now my heart is beating soooooo fast ! I think it’s gonna jump out off my fuckin’ chest ! » Elle est survoltée, clairement nerveuse et même presque paniquée, c'était peut-être un peu tôt pour se la jouer rockstar...
« Yeah yeah, I know, you’re proud. That’s so « rockstary » of me... » Tu roules les yeux. Vraiment les gens qui savent pas gérer leurs travers avec la drogue c’est les pires. Tu as déjà eu ce genre de problèmes par le passé mais t’avais un espoir en eux. Espoir qu’ils prennent vraiment ça au sérieux mais Anastasia est en train de te prouver sur la toute première date de la tournée des Arena d’Australie que non, elle préfère sa défonce. Tu proposeras ce genre de super plan à un autre groupe que tu produis la prochaine fois si la situation ne s’arrange pas. Tu préfères ne pas répondre à sa remarque. Elle est high, ça ne sert même pas d’argumenter ou de lui expliquer quoi que ce soit.
Elle est survolté, tu te demandes si elle est en train de sentir le stresse monter. She’s scared. « I’m not fucking scared ! » Touché en plein orgueil vu la façon dont elle est outré. Ça te fait sourire mais tu crois absolument rien de ce qui sort de sa bouche. Tu bois ta canette sans lui prêter plus d’attention. Elle n’a pas besoin d’être titillée pour partir au quart de tour déjà en temps normal mais alors défoncé… « I’m bloody fuckin’ thrilled to be here !… » Et voilà qu’elle commence un petit monologue pour te convaincre que t’as pas fait tout ça pour rien. blablabla… it’s always the other’s fault. Mais tu ne veux pas l’enfoncer.
« Yeah you’re thrilled ? » Tu la regardes de nouveau, tu cherches son regard pour verrouiller tes pupilles aux siennes. « Prove me wrong then. Show me you care and you won’t fuck this up. » Tu commences pas à la menacer sur les prochaines fois qui seront réduis à néant. Tu lui donnes quand même le bénéfice du doute. Si elle sait se gérer plus que tu n’en as l’impression. « You’ve got so much potential… » And you’re wasting it. Si jamais elle meurt d’une overdose ça fera du bruit et les membres restant du groupe auront de la pub à l’oeil. Ça peut être une bonne chose. Des batteurs tu peux en trouver des nouveaux facilement. Tu peux même la remplacer sur le reste de la tournée si elle se retrouve hors service.
Le monologue survolté d’Ana n’a provoqué chez le producteur qu’un agacement léger, en tous cas de ce qu’Ana en voit sur son visage. « Yeah you’re thrilled ? » « What do you think ? We’re gonna play on the same stage than Bring Me the « fucking » Horizon ! ». C’est tellement incroyable, qu’à chaque fois qu’elle y pense ça lui semble irréel et d’ailleurs si on lui avait dit quelques mois auparavant que ça allait arriver, elle aurait ri au nez du devin. « Prove me wrong then. Show me you care and you won’t fuck this up. ». Super, elle n’a pas assez à gérer avec ses angoisses et la dose de stupéfiants qu’elle a ingéré déjà ? Il faut qu’on lui demande de faire ses preuves, comme une sorte de Koh Lanta du rock’n’roll ? C’était quoi la prochaine étape, l’épreuve des poteaux et si elle échouait, elle était virée du groupe ? « Shit Jordan, I do care. How do you want me to prove that to you ? ». Elle reprit sa déambulation frénétique dans la pièce, faisant à nouveau tournoyer ses baguettes entre ses doigts et réfléchissant à ce qu’elle pouvait faire pour solutionner sa connerie. « You’ve got so much potential… » Cette phrase, elle l’a entendue tellement de fois, toujours suivie d’une autre : and you’re wasting it.
« Fuck, fuck, fuck ! I am fucking this up. No… No, I can’t fuck up this time... »Not again... Elle pense à voix haute plus qu’elle ne s’adresse réellement à Jordan. Son regard s’accroche aux baguettes qu’elle agite dans tous les sens et elle s’arrête à nouveau brusquement de faire les cent pas. « How long before the show ? ». Quelle heure il est ? Ca fait combien de temps qu’elle a entrepris de faire tout foirer en se gavant d’alcool et de drogues ? « I’ll prove you, I can play. Shitfaced or not, I’ll play. Even fucking dead I would nail it. ». Elle le regarde avec sérieux, c’est le bordel dans son corps mais le vide s’est fait dans sa tête. Elle a beau n’avoir jamais pris de coke avant, elle a joué dans tous les états possibles et imaginables, quand elle se retrouve derrière une batterie, elle est dans son élément et il n’existe plus rien d’autre qu’elle et son instrument. « I’ll do you a demo, surely they have some drums backstage, no ? »
« What do you think ? We’re gonna play on the same stage than Bring Me the « fucking » Horizon ! ». Ca une phrase qui te plaît. Ca c’est une phrase que tu as déjà prononcé beaucoup de fois à quelques mots près. Tu en reviens toujours pas d’être potes avec eux. De travailler avec eux alors que tu les admires depuis si longtemps. « Shit Jordan, I do care. How do you want me to prove that to you ? ». Tu hausses une épaule. T’en as rien à foutre de comment elle se démerde. C’est ça le truc, il faut qu’elle se démerde. Tu vas pas lui donner toutes les réponses non plus. Faut donner du sien pour y arriver. « Fuck, fuck, fuck ! I am fucking this up. No… No, I can’t fuck up this time... » Moment de lucidité ? On dirait bien. Tu la regardes pas, tu la vois faire les cents pas à côté. Elle a quelques heures devant elle pour remettre tout ça comme il faut dans sa tête si elle y parvient. She can do it. « How long before the show ? ». Ta tête qui se tourne vers elle à ce moment là. Can she read minds? Nope, mais great minds think alike. « A couple. » Elle est en plein stresse. Tu la vois. Tu l’entends. « I’ll prove you, I can play. Shitfaced or not, I’ll play. Even fucking dead I would nail it. ». Obviously. Tu réponds rien à ça, elle délire. Tu la laisses vomir toutes ses pensées, toutes ses réflexions. Ca lui fait sûrement du bien.
« I’ll do you a demo, surely they have some drums backstage, no ? » « You don’t have to do me anything. »
T’as mis leur nom sur le line up. Son destin est entre ses propres mains maintenant. Elle n’a pas l’air de le réaliser vu combien elle veut te prouver à toi qu’elle est capable. « Prove yourself you can do it. » C’est sa vie entre ses mains. Toi la tienne dans le milieu de la musique est déjà bien ancré depuis quelques années. Ton nom est connu au milieu de la scène rock mondiale. Tu peux largement mourir en paix. « What did you take exactly? » Juste pour essayer de te rendre compte des dommages.
Ana est en panique, clairement il faut qu’elle solutionne la merde qu’elle a foutu dans sa tête et dans son corps. C’est tellement typique, elle touche son rêve du doigt et elle se sabote toute seule. Jordan reste coi devant une Ana rendue encore plus bavarde que d’habitude par tous les excitants qu’elle a consommés. Quand elle lui demande combien de temps il leur reste avant de se trouver sur scène, il lui répond : « A couple. ». 2 heures. Elle a clairement le temps de trouver quelque chose.
Elle assure à Fisher qu’elle peut le faire, qu’elle peut jouer dans cet état, bien entendu elle le dit avec son habituel flot de paroles exubérant. Est-ce que c’est une ombre de condescendance qui passe sur le visage de Jordan ? De toutes façons, Ana ne l’a pas remarqué car elle a déjà décroché son attention volatile du faciès du producteur. Elle a eu son éclair de génie, mais Jordan répond qu’elle n’a rien à lui prouver à lui, que c’est simplement elle qui doit être sûre qu’elle va réussir : « Prove yourself you can do it. » . Malgré ses tirades mégalomanes, au plus profond d’elle, Ana ne croit pas en elle, elle est persuadée qu’elle sera éternellement vouée à être une figurante dans sa propre vie, une figurante qui ne fait rien correctement et collectionne les échecs. Le genre de personnage secondaire - voir terciaire - qui se suicide pour créer du drame pour les personnages vraiment importants d’une série.
Elle reste sans voix un instant, chose rare chez l’italienne. Il a touché un point sensible même si elle ne se l’avoue pas à elle-même. D’ailleurs, au lieu d’accepter qu’elle a un manque pathologique d’amour propre, elle est en train de réfléchir à comment elle va se foutre de la gueule de Jordan et de sa remarque mystico-psycho-philosphique. Mais elle est coupée dans l’élaboration d’une répartie visée à se camoufler autant à elle-même qu’à lui la sensation d’oppression qu’elle a ressenti sur sa poitrine en entendant ses dernières paroles. « What did you take exactly? » . Oui, se concentrer sur la résolution du problème qu’elle avait créé. « Half the tequila bottle, 3 joints of pure weed and… Coke. » En le disant à voix haute, elle se dit que finalement ce n’est pas si terrible. Oui, elle est saoule, oui elle est défoncée et oui la cocaïne lui a rajouté des ressorts au cul, mais ce n’est pas si catastrophique, non ? Elle fume de la weed tous les jours, bon Ok, elle a eu la main lourde de fumer autant en une heure. Elle tient bien l’alcool, mais bon le combo avec le joint est toujours détonnant. Non mais surtout, elle n’a jamais pris de coke avant ! Ça c’était stupide. Est-ce qu’il faut qu’elle le dise à Jordan ? Il va gueuler c’est sûr, mais bon c’est pas le moment de mentir. Il est de son côté, non ? « First time. The coke I mean... ».
Elle a le cœur qui bat la chamade et l’impression que sa bouche entière est anesthésiée. Et elle sent une sorte d’euphorie monter, elle connaît bien ça, l’ecstasy dont elle a plus l’habitude provoque aussi ce genre d’effets. Cette euphorie en contradiction totale avec ce qu’elle ressent pourtant, un combat intérieur entre d’un côté son stress et la conscience qu’elle a merdé et de l’autre son cerveau qui lui balance de l’endorphine et lui donne envie de rire aux éclats. Elle lâche un petit rire jaune. « That’s fucking brilliant, I’m a bloody genious to pull this one off TO-fucking-DAY. I’m drowning in shit and I find it hilarious, I’m a fucking lost cause ! ». Elle se dirige vers le lavabo qui se trouve dans un coin de la loge et s’asperge le visage. Ressaisis-toi bordel !
Toutes ces questions qu’elle a sur elle même, tous ces doutes, tu sais très bien ce que c’est parce que t’es pareil. Tu t’améliores depuis quelques années mais quand bien même, le syndrome de l’imposteur, tu le sens toujours très proche de toi. Tu détestes ça. Clairement elle a beaucoup de problèmes vu toute la drogue qu’elle a l’air de prendre de manière régulière. Tu en viens à lui demander carrément la liste de ce qui est actuellement en pleine croisière de son organisme. « Half the tequila bottle, 3 joints of pure weed and… Coke. » T’es même pas surpris. T’as bien l’impression que tout ce qu’elle a vraiment envie de se prouver, c’est qu’elle peut tenir où d’autres seraient déjà en overdose. Elle a sûrement manquer d’amour en grandissant. Un truc en rapport avec la famille. C’est toujours la famille qui nous nique le cerveau. « First time. The coke I mean... ». Là t’es surpris. Elle donnait l’air d’être une utilisatrice régulière de la chose. Elle aurait pu continuer de te leurrer mais elle a décidé de te faire cette confession. She’s trying to make things right. Elle arrête pas de chercher des solutions depuis que tu lui as fait ce petit wake up call. Tu restes silencieux parce qu’elle est la seule à pouvoir prendre les rennes de ses bonnes résolutions. Tu l’as déjà bien guidé pour qu’elle en arrive à là. Breakdown in 3, 2…1. « That’s fucking brilliant, I’m a bloody genious to pull this one off TO-fucking-DAY. I’m drowning in shit and I find it hilarious, I’m a fucking lost cause ! ». Ca n’a pas loupé. Elle file s’asperger le visage. « You should write that down. Sounds pretty good. There's a sweet My Chem vibe.» Toujours à voir des jolies phrases partout Jordan. Toujours à penser aux chansons que tu peux enjoliver avec tous les mots que tu entends ici là partout. Des chansons qui disent combien ils sont misérables ils en ont déjà un bon paquet sur leur album. Peut être qu’ils devraient changer de registre pour le prochain et partir sur des chansons d’amour. That will never happen. Sauf si Ana ou Derek tombent sur une de leur âmes soeurs en cours de route. Would be nice. Not a junkie please. On est pas au mcdo là Jordan. On passe pas commande.
« Come with me. Let’s go looking at the soundcheck. It will keep your mind off things and you’ll see how you feel on the stage. » Tu te lèves. Ta canette toujours dans les mains. Tu trouves que ton idée c'est du génie parce que cette scène est en extérieur et un peu d'air lui fera également le plus grand bien.
L’eau est fraîche sur son visage, ça lui donne un coup de fouet. « You should write that down. Sounds pretty good. There's a sweet My Chem vibe.». Ana le regarde avec le visage dégoulinant et elle n’arrive pas à cacher sa stupeur. Dans le groupe, c’est surtout Derek et Jodie la bassiste qui se la jouent poètes maudits. Ana participe surtout à la création de la partie instrumentale des morceaux, elle n’a jamais même osé s’imaginer en tant que parolière, un comble pour un tel moulin à paroles. Pourtant, elle a un carnet secret où elle écrit : des chansons, des poèmes, appelez ça comme vous voulez. Alors la remarque de Jordan la touche, même si les névroses d’Ana viennent bien vite la convaincre qu’il dit ça dans l’unique but de la faire sortir de sa spirale de négativité. « Yeah right… Don’t fuck with me... ». Il faut dire qu’elle n’a jamais appris à recevoir un compliment, dans sa famille comme dans ses relations amicales et charnelles on s’envoie des reproches, on s’insulte, on se pourrit la vie mais on ne se fait jamais de belles déclarations. Toute sa vie, on a minimisé ses mérites et souligné sans relâche ses tords.
« Come with me. Let’s go looking at the soundcheck. It will keep your mind off things and you’ll see how you feel on the stage. ». En voilà une idée. « Okay, good idea… Let me just... » Ana doit se ressaisir et se remettre sur les rails du concert qu’elle va devoir assurer dans quelques heures, alors elle sèche son visage avec une serviette qui traîne et reprend ses baguettes en main. Jamais sans ses baguettes. Voilà, elle est prête et elle suit Jordan dans le couloir avec une énergie débordante qui émane du moindre de ses gestes. Une hyperactive sous coke, étonnant qu’elle n’ait pas déjà implosé, elle sautille à ses côtés et lui demande : « Have you done coke before? Is that normal that I can’t feel my fucking mouth ? It’s like if I just got out of the dentist office, y’know what I mean ? ».
Il arrivent enfin sur la scène en plein air et la première chose qu’Ana voit c’est l’immense fosse où se trouvera le public dans moins de deux heures. Elle a oublié combien de personnes pouvaient loger dans cet espace, peut-être que c’est son inconscient qui veut préserver ses nerfs. Être sur cette scène est incroyablement grisant mais horriblement terrifiant à la fois. Elle jette un regard un peu paniqué à Jordan : « Fuuuuck… I can’t fuck this up… I won’t live with my fucking self if I do... ».
Sur la scène, des techniciens jouent des instruments, testent les micros, ils communiquent par talkie-walkie avec la régie. Elle se met à gambader sur l’immense scène mais elle s’arrête bien vite devant la batterie rutilante qui lui tend les bras. Elle croise le regard du technicien qui y est installé et lui adresse une question silencieuse d’un mouvement du menton. Il a compris, il lui laisse la place et prévient au talkie d’un « test batterie 1». Ana s’assied avec autant d’enthousiasme que d’appréhension, son corps lui envoie des signaux contradictoires, elle se sent nauséeuse mais débordante de force et d’énergie. Il est temps de vérifier si elle peut jouer.
Elle se met à frapper un beat simple, puis elle complique les choses, elle accélère le rythme, désynchronise main droite, main gauche et pied, elle reproduit son solo de batterie de leur titre phare. Elle a la tête qui tourne mais c’est sûrement l’adrénaline, elle s’en sort plutôt bien et elle kiffe l’instant, elle se sent la reine du monde. Et là, elle voit une grande silhouette s’approcher de la batterie pour l’observer en train de jouer. Son cœur manque un battement, c’est Oliver Sykes qui se tient là devant elle à l’observer, le chanteur couvert de tatouages de Bring Me The Horizon.
Il est là, à deux mètres d'elle et elle en arrête de jouer instantanément, reste bouche bée face à lui. Ana sent le stress la submerger à nouveau, de manière incroyablement démesurée, elle a envie de vomir. You're fucking kidding me est sa dernière pensée avant de déverser une gerbe de vomi sur le magnifique instrument qui lui fait face. La surprise se lit sur son visage et la honte l'assomme, elle a envie de mourir foudroyée sur place plutôt que de soutenir le regard d'Oliver Sykes. D'ailleurs, elle se lève précipitamment et fuit la scène en courant. Elle court dans les couloirs sans s'arrêter, bouscule les gens sur son passage, elle voudrait fuir sur une autre planète. Elle vient de rencontrer une de ses idoles et à cause de sa connerie, la seule chose dont il se souviendra de cette rencontre c'est qu'elle a bousillé un instrument avec son vomi.
résultat du dé:
Win : Ana ne se déconcentre pas, elle continue à jouer et même elle up son game. Elle se tape un solo de batterie d’enfer devant une de ses idoles. So close : Ana laisse une de ses baguettes lui échapper de surprise et elle reste bouche bée devant son idole, elle arrive juste à lui bégayer qu’elle est une grande fan. Fail : Ana se sent soudain mal, probablement le stress de se retrouver face à son idole, elle vomit sur la batterie et s’enfuit de scène honteuse.
Dernière édition par Anastasia Williams le Mer 5 Aoû 2020 - 16:15, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Elle croit pas en elle du tout la meuf. Tout le confirme et t’es même pas surpris au fond. Le truc c’est que t’es leur producteur, t’es pas son psy. I look like one right now. Ouais parce que tu veux pas qu’elle nique son show. Elle a l’air de reprendre ses esprits doucement doucement. Toi tu lui donnes quelques conseils supplémentaires, à savoir aller faire un tour sur la scène, prendre l’air. « Okay, good idea… Let me just... » Tu hoches la tête et sort ton téléphone, pas pressé pour un sou. Qu’elle aille à son rythme. C’est elle qui se représente ce soir. Toi t’as ton spot en side stage avec ton pass AAA.
Et puis vous sortez, et elle te pose des questions. « Have you done coke before? Is that normal that I can’t feel my fucking mouth ? It’s like if I just got out of the dentist office, y’know what I mean ? ». « Yeah I know what you mean. Next you’ll start hallucinating and wanting to fuck everyone. If you’re lucky. »
C’est très drôle Jordan. C’est pas une bonne chose du tout si elle en vient à ces stades là. Et si c’était toi qu’elle allait essayer de baiser ? Oh God no. Voilà. « Fuuuuck… I can’t fuck this up… I won’t live with my fucking self if I do... ». Elle panique à la vue de la scène. Tu te dis qu’il vaut mieux que ça se passe maintenant que tout à l’heure. Vous avez de la marge. Elle pourra jouer. T’es bizarrement optimiste. She is trying. Alors tu veux croire en elle. Elle s’installe derrière la batterie et c’est carrément une bonne chose. « Show me what you got Ana ! » Tu essaies de la motiver mais elle a l’air mal en point. T’es presque sûr que c’est plus son esprit que la drogue qui est en train de lui jouer des tours. Elle est en panique. Quand Oli arrive à tes côtés en side stage, tu prends la parole. « She’s freaking out. You being here is not gonna help. » Et il se marre le con. Ca te fait sourire.
« I was her when I first played an arena. » « She’s high as fuck. » « Confirmation. »
Ouais. Tu sais très bien que Oli était un sacré junkie à une époque lointaine. Maintenant il est tout ce qu’il y a de plus clean et vegan et tout le toutim. A king. Et puis Ana est malade sur scène, tu grimaces. It’s going to smell so bad… Vous la suivez des yeux filer en coulisse. Tu lui laisses de l’avance, grimaçant.
« I’m gonna go check on her. » « Give her some more coke. It will help. » « Yeah maybe not. »
Il se marre et toi aussi. Tu retournes dans la loge pour retrouver Ana, heureusement elle est là. Heureusement les autres ne sont pas là.
« Oli suggested you’ll do more coke but I disagree. Now you’re sure he’s going to remember you forever. You’ll even be a story he’ll tell his friends and music people. It is actually a good thing. » Pas vraiment non. Mais tu baratines pour qu’elle s’enfonce pas dans sa honte. Tu sais que trop bien ce que c’est. « Lay down a little. I’m gonna go check if there’s some mint around. » T’es plus en mode psy, t’es en mode maman. I’m going to ask for a raise. Yup.
Avant qu’ils décident d’aller faire un tour sur la scène, il lui assure qu’il n’était pas en train de se foutre de sa gueule quand il avait comparé ses élucubrations à des paroles de My Chemical Romance. Mais Ana prend cela avec tellement de scepticisme qu’elle ne relève même pas. Une fois dans le couloir, elle le questionne sur les effets de la cocaïne : « Yeah I know what you mean. Next you’ll start hallucinating and wanting to fuck everyone. If you’re lucky. » « Well, that’s already me most of the time. The fucking part I mean... ». Elle essaye de prendre ça à la rigolade, le sentiment d’euphorie fournit par la poudre blanche n’y est probablement pas pour rien. Pourtant, dans sa tête, elle entend seulement en boucle « hallucinating, if you’re lucky ». Let me be fucking lucky then.
Une fois sur scène et derrière la batterie, Ana joue et ne remarque pas tout de suite celui qui s’approche d’elle avec son producteur. Ollivander Sykes en chair et en os se tient devant elle, leurs regards se croisent et l’émotion est si forte qu’elle dégueule. L’instant à la fois le plus magique et horrible de sa vie vient d’avoir lieu. Étrangement y a que la partie horrible qui semble exister à ce moment là. Elle s’enfuit à toutes jambes, la honte lui donne des ailes. Dans le couloir, elle entre en collision avec un grand gars avec un balai à la main : « Watch your steps, bitch ! ». Ana est morte de honte mais surtout elle est très en colère contre elle-même, tout ça c’est de sa faute, c’est entièrement de sa faute si elle vient de faire la pire impression possible face au chanteur de Bring Me The Horizon. Cette colère, comme souvent, elle va se retourner contre la première personne qui croise sa route. C’est donc celui qui vient de la traiter de bitch qui va prendre la pire beuglante de sa vie : « YOU FUCKING MORON ! You should stay out of my way or I’m gonna go fucking rogue on you, I’m gonna slay your ugly fucking face so hard that your mum’ll feel it. » Alliant le geste à la parole, elle lui assène un coup de baguette en plein sur le visage. Elle y a mis toute sa rage et un coup de pied dans l’entrejambe vient finir le travail. Le gars qui faisait deux têtes de plus qu’Ana s’effondre par terre en se tenant les parties, il a le visage en sang, ça lui fera une jolie cicatrice sur le front.
Elle reprend sa course sans jeter un regard en arrière et va se réfugier dans la loge. Elle tremble comme une feuille, la honte et la haine qu’elle ressent envers elle-même n’ont pas disparues avec cette petite altercation. Les effets du cocktail de substances qu’elle a avalées non plus n’ont pas disparus. Elle se plante devant le miroir et regrette instantanément de s’être regardée, elle a le teint cireux et verdâtre d’un crapaud et sur son visage, l’échec se lit telle une prophétie. Elle va merder. Non, elle a déjà merdé. Sykes est probablement déjà en train de se prendre la tête avec Fisher, il doit être en train de lui reprocher de lui avoir collé en première partie un groupe de merde avec une batteuse seulement bonne à gerber partout. C’est pourtant pas putain de sorcier ! Ce soir était important, il fallait pas merder, il fallait pas se défoncer la tête avant le concert, il fallait pas vomir sur scène, il fallait faire les choses bien pour une putain de fois.
La porte s’ouvre dans son dos et elle ferme les yeux, elle ne veut pas savoir qui est là, elle ne veut affronter le regard de personne. Elle aurait mieux fait de rentrer directement chez elle, yeah right quitting the band less than two hours before a show, that would be a fucking good fix.... C’est Fisher qui parle. « Oli suggested you’ll do more coke but I disagree. Now you’re sure he’s going to remember you forever. You’ll even be a story he’ll tell his friends and music people. It is actually a good thing. » « Don’t take the piss, Jordan… I just embarassed the fuck out of everyone… Me, the band, you... ». Pour Ana, rien n’a jamais d’importance. Sauf en ce qui concerne sa carrière musicale, c’est la seule chose qu’elle prend au sérieux et parfois tellement au sérieux qu’elle se laisse submerger par la pression qu’elle se met. Sa réponse à toute émotion trop forte a toujours été la drogue ou le sexe, et tout à l’heure, dans la loge, elle n’avait personne sous la main.« Lay down a little. I’m gonna go check if there’s some mint around. » Elle se laisse tomber sur le canapé et pose son avant bras en travers de ses paupières, autant pour appliquer une pression agréable que pour cacher son visage : « Yeah, great. Hopefully I’m gonna die of shame right here and you’ll be better off... ». Est-ce que ce qu’il s’est passé sur scène est un point de non retour, en tous cas Ana ne voit plus d’avenir au-delà.
« Well, that’s already me most of the time. The fucking part I mean... ». Qu’elle pense pas que tu vas la prendre avant le show ou à n’importe quel moment pendant la tournée. T’as déjà de quoi faire parmi ton cercle environnant pour les semaines à venir. C’est bien, ça te fait une distraction. Tu commences quand même les prières qu’elle n’essaie pas de jeter son dévolu sur toi. Vous bossez ensemble depuis un moment et vous n’êtes jamais allé dans cette direction. I will be fine. Ouais ouais. Tu te rassures.
Quand tu la rejoins dans la loge, elle tremble comme une feuille. Tu fronces le nez, t’aimes vraiment pas comment la suite se déroule. Elle va finir par perdre conscience et clairement c’est LE truc qu’il ne faut pas. I’m gonna have to replace her. Ouais, ça va finir comme ça. Ca va pas être très bon pour eux. Elle est hot la petite et beaucoup de fans aiment voir une si jolie personne s’activer vaillamment sur une batterie pendant une demi heure. It is hot. Ouais ouais. « Don’t take the piss, Jordan… I just embarassed the fuck out of everyone… Me, the band, you... ». Elle te connait pas tant en fait. Te prendre la honte c’est une constante dans ta vie. Ca change rien et t’as appris à vivre avec. A passer au dessus. Elle va en voir d’autres. Mais là tu veux pas l’accabler et passer pour monsieur je sais tout, elle est déjà au plus bas. T’es soulagé quand elle t’écoute et s’allonge sur le canapé.
« Yeah, great. Hopefully I’m gonna die of shame right here and you’ll be better off... ». « Sorry to break your dreams, but that won’t kill you. »
Et tu files de ton côté pour trouver des pastilles à la menthe ou quelque chose dans le genre. Tu vas rapidement dans la loge d’un autre des groupes sur le line up. Y’a que Alex, le bassiste, qui est installé là le nez dans son ordinateur.
« You got some mint ? » « Got weed. » « I take that too. » « Do you deserve it? » « I’ll make sure I deserve it. »
Le sourire en coin qui se forme sur vos deux visages ne laisse la place à aucun doute sur ce qui se trame entre vous.
Quand tu retournes dans la loge de Ana, t’as de la weed, t’as des pastilles à l’orange. Tu lui jettes ces dernières sur elle qui est toujours allongé. « Do you think you can handle yourself if I leave you here for a little bit? You won’t do anything stupid, right? » Parce que t’as un Alex à aller retrouver là, mais tu veux aussi être sûr qu’elle va pouvoir gérer le show. Tu t'investis beaucoup avec leur groupe malgré toi.
Ana est avachie sur le canapé, elle se sent toujours honteuse et comme elle le dit, elle aimerait bien mourir là, sur ce canapé. Mais la honte n’a jamais tué personne. « Sorry to break your dreams, but that won’t kill you. » « You’re so cruel... ». Apparemment il n’a pas trouvé ce qu’il cherche et il s’éclipse de la loge pendant quelques secondes. Ana se retrouve seule avec elle-même et sa tête qui tourne. Elle a faim. C’est un constat. Elle s’apprête à se redresser du canapé où elle est allongée depuis moins d’une minute que Jordan entre à nouveau dans la pièce et lui jette un paquet de pastilles à l’orange. Elle l’attrape et l’examine avec un air dubitatif : « Is it supposed to sooth my supposedly sore throat ? Is it your way to announce me that I’m gonna replace the front dickhead with the singing ? ». Ils auraient été dans la merde si ça avait été le cas, la voix d’Ana est un don du ciel quand il s’agit de crier, râler, insulter, mais sa voix chantée est insipide. Elle chante juste, bien sûr, mais il n’y a rien de notable dans sa tessiture et surtout, elle a une voix parlée très grave mais une voix chantée très aiguë. Une putain de voix de soprano totalement inutile pour le type de musique que fait le groupe. Elle aurait pu rendre ses parents très fiers en chantant dans des chœurs à l’église, si elle avait été du genre à rendre fiers ses parents.
« Do you think you can handle yourself if I leave you here for a little bit? You won’t do anything stupid, right? » Ana le regarde avec un air faussement vexé. Bien sûr qu’il doute d’elle, elle-même ne sait pas quelle prochaine connerie elle va faire. Et s’il faut l’avouer, elle est un peu déçue qu’il s’éclipse, elle aime bien sa présence. Mais elle répond : « Don’t worry I already smoked and snorted everything. Take the Tequila if you don’t trust my ass... ». Ana attend qu’il sorte de la pièce et elle se redresse sur le canapé. Elle ne tiendra jamais en place allongée beaucoup plus longtemps. En plus, l’inactivité amplifie sa conscience de ses symptômes et ça ne fait que la stresser davantage. Elle a faim, elle prend un pastille et la recrache aussitôt sur le sol. C’est dégueulasse cette merde… Putain, mon royaume pour une pizza.... En fait, elle n’a pas besoin d’un putain de royaume pour commander une pizza, elle attrape son téléphone et commande en ligne. Ça ne vaudra pas les pizzas italiennes mais ça lui remplira le bide et épongera un peu sa défonce avant le concert.
Le staff de Riverstage lui fera passer la pizza, elle suppose. Ana reste là à attendre pendant de longues secondes, elle a envie de fumer. Elle s’allume une clope sans se soucier d’ouvrir la fenêtre. Puis, réalisant qu’elle est seule et que Jordan ne va certainement pas réapparaître tout de suite, elle sort son minuscule carnet de la poche arrière de sa jupe en jeans. Le carnet où elle note les paroles de chanson et autres catchphrases qui lui semblent valoir le coup quand elles lui viennent. Elle se laisse glisser au sol et adossée contre le canapé, elle se met à écrire dans son carnet posé sur la table basse. Elle note d’abord ce que Jor a relevé plus tôt, en tous cas, elle essaye de se rappeler de ce qu’elle a dit et le consigne dans ces pages. Puis, elle se laisse aller, elle plonge dans ses sensations, ses émotions, ses pensées, sa honte et sa peur de fuck up everything. Le stylo court sur les minuscules pages, Ana écrit aussi petit qu’elle parle fort. Le cahier est petit et discret ce qui lui permet de l’emmener partout avec elle mais il contient énormément de textes.
Le téléphone d’Ana sonne, c’est le livreur. Il lui demande où elle est, qu’il ne peut pas rentrer, qu’elle doit venir elle-même, que le staff refuse de récupérer la commande. « Shit ! If the fucking pizza was for Oliver Sykes, they would all argue to death to decide which one will bring it to him. Yeah, yeah... I’m fucking coming. ». Elle raccroche agacée et range son carnet dans sa poche arrière. Du moins, elle croit l’avoir fait. Mais le carnet pendouille à sa poche et quand elle ouvre la porte, il tombe par terre au milieu des loges. Elle part au pas de courses pour récupérer sa sustentation, laissant ses textes les plus personnels et secrets à la vue du premier quidam qui rentrera dans la pièce.
« Is it supposed to sooth my supposedly sore throat ? Is it your way to announce me that I’m gonna replace the front dickhead with the singing ? ». Elle perd pas son sens de la réparti ou du moins, celui qu’elle croit avoir. Il n’empêche qu’elle te fait sourire avec ses mots. Elle reprend du poil de la bête et ça te conforte dans l’idée que tu vas pouvoir la laisser là quelques minutes sans supervision. « Feel free not to use it. » Mais tu ne t’approcheras pas beaucoup d’elle. Chose qui t’arrange aussi au passage. Si jamais elle en vient au stade où elle a envie de baiser tout ce qui bouge, tu seras bien loin.
« ... Take the Tequila if you don’t trust my ass... ». « Good idea. »
Tu prends la bouteille avant de filer de ton côté. Tu as faillit dire I won’t be long, mais la vérité c’est que tu sais pas vraiment.
Une jolie petite heure plus tard, tu te débarbouilles vite fait dans la pièce d’eau de la loge d’Alex. Tu sors de là pour retourner voir Ana si elle est toujours en vie. Tu vois un carnet par terre en chemin, tu le prends. Tu le feuillettes. Tu captes bien vite qu’il est à elle. T’as ralentit ta marche parce que t’as le nez dans ta lecture. T’arrives dans la loge, elle est là, elle a de quoi manger, elle est vivante. All good. Tu lui jettes le carnet à côté d’elle sur le canapé.
« I think that’s yours. » « And I think that’s yours. »
La voix d’Alex qui sort un peu de nul part, tu ne l’avais pas vu te suivre. Il t’a jeté ton hoodie en pleine face.
« You just lost the one chance you had to steal it from me. » « I’m gonna steal something else. »
T’espère qu’il pense pas à ton coeur parce que ça il ne te le volera pas. S’il parle de ton cul c’est une autre affaire. Et puis Alex se tire parce que son groupe à lui est le premier à passer sur scène. Il est peut être moins connu que Ana mais il est plus sérieux. Ca fait parti des trucs que tu trouves Hot chez lui. Tu te retournes vers Ana. Tu sors ton téléphone de ta poche. T’as reçu pas mal de messages pendant ton escapade avec Alex.« I read a few bits. It’s good. » Tu t’occupes sur autre chose pour pas que Ana se mette à baliser. Pour juste que ce soit chill. Elle est pas obligé d’enchainer sur son carnet, t’es occupé. Le nez sur ton iphone.
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