« Villageoise d’une grande ville du doux nom de Brisbane, je suis telle une petite fille aujourd’hui. Je replonge en enfance car je découvre peu à peu des secrets bien cachés. Le capitaine et la sorcière n’ont pas été franc avec moi. Cupidon a voulu les réunir, il aurait mieux fait de se mettre sa flèche dans son propre postérieur. Cela m’aurait évité qu’un chasseur me poursuive avec des secrets de famille dont je préférerais ignorer l’existence. J’ai l’impression d’être l’idiote du village qui s’est faite avoir toute sa vie durant. Je me souviens d’une sortie avec des amis où une voyante m’avait proposé ses services. J’avais refusé. Peut être aurais-je du allé la consulter pour m’éviter toutes ces affreuses découvertes, ces terribles secrets. Peut être qu’un heureux salvateur viendra me sauver de tout ça, m’évitant de devoir dire toute la vérité au bouc-émissaire de l’histoire ».
Je refermais fermement mon cahier d’écriture. J’en avais plus qu’assez, j’avais besoin de prendre l’air. Ma vie partait encore en cacahuètes. Je ne pris même pas la peine de m’habiller, restant en simple jean et petite chemise noire qui ferait l’affaire dans n’importe quel bar. Je marchais le long de Saint Paul Terrace, la grande avenue dans laquelle je vivais. Mes pieds me dirigèrent naturellement vers Fortitude Valley, mon ancre, mon repère quand tout allait de travers. Il l’avait été à une période de ma vie, l’adolescence rebelle que j’avais vécu. Il l’était à nouveau depuis trois ans. Une rupture, une dispute, une merde au boulot, des secrets qui refaisaient surface et mon corps seul savait où se rendre. Je marchais, les voitures défilaient à mes côtés, je n’y prêtais que peu d’attention. Mes yeux étaient rivés au sol, je n’avais pas envie de lever la tête pour profiter des lumières des buildings. Quelqu’un me rattrapa de justesse alors que le feu venait de passer au vert pour les voitures. Je lui fis un sourire pour le remercier, sourire qui disparu en un claquement de doigts une fois la tête détournée de mon sauveur. Je continue mon chemin, j’approche de Brunswick Street, la grande rue, cœur de Fortitude Valley et de la fête. Je sens mon téléphone vibrait dans ma poche, un message :
« Mia, je vais merder, ramène-toi je suis à Fortitude, tu sauras où me trouver. W. »
Je relus le message une deuxième puis une troisième fois. Wren m’appelait au secours. Je pris la rue parallèle, plus sombre, à Brunswick. Je voyais déjà au sol des personnes qui avaient pris trop de verres ou autres substances, mal en point. J’avançais, je savais où le retrouver, c’était là que nous avions été la première fois qu’il m’avait fait essayer la drogue. « Wren, bordel qu’est-ce que tu fous !? ». Il était là à tourner en rond, à appuyer son bras contre le mur, repartir faire les cents pas. Il était agité, comme possédé… Ou alors il avait déjà vrillé et j’étais arrivée trop tard.
Il n'aurait pas dû se retrouver dans cette rue, d'ailleurs Wren n'avait aucune idée de la raison pour laquelle il se retrouvait là. Après tout ce temps. Rien n'aurait dû se dérouler de la sorte, pas alors qu'il sortait du travail, qu'il avait certainement avalé un peu trop de verres en compagnie des clients les plus fidèles du bar. De fil en aiguille, on faisait des choix hasardeux, le grand suédois devait le savoir avec le temps. A chaque fois qu'il s'était laissé aller à ce genre de débordements, il avait fini quelque part dans un fossé avec la tête à l'envers parce qu'il était un Doherty, qu'aucun être de cette famille ne s'en sortait indemne avec les substances qui rendaient accro. La drogue, pourtant, il avait arrêté. Dans les faits. Il pensait à Gabriel qui avait tant souffert pour le remettre sur les rails, des jours durant à le border ou le gifler selon les circonstances pour que le grand brun cesse de lui réclamer sa bonne vieille dose d'héroïne. Il y retournait néanmoins, tout cela parce qu'il avait croisé la route d'un client tout aussi dérangé qu'il avait pu l'être et voilà qu'on lui tendait l'aiguille qu'il avait tant aimé. Avant de la haïr, amèrement. Il la tenait entre ses doigts, est-ce qu'il était censé tremblé exactement? Wren n'aurait su le dire, il ne se rappelait de rien, pas même des promesses qu'il avait fait à son entourage pour faire croire que tout irait bien, que ce chemin douteux était derrière lui. Cependant, il regardait le liquide et il était tenté, forcément tenté, sa tête qui tournait à cause des quelques shots qu'il avait avalés avant d'arriver dans la vieille ruelle qu'il aurait dû abhorrer désormais. Il ne sut pas exactement ce qui le poussa à sortir son téléphone et composer un message à la va-vite, ce n'était pas franchement son genre de prévenir une personne de confiance avant qu'il ne fasse une connerie... Non, en général, c'était plutôt après que Wren réagissait et c'était beaucoup trop tard pour se rattraper. Il oublia bien vite ce geste, tournant en rond avec la drogue dans la main, sans savoir s'il était censé repousser ses limites à nouveau, ou bien abandonner le combat. Ce serait le plus facile, non? Du moins, c'était ce qu'il disait au moment où la voix de Mia résonna jusqu'à ses oreilles et il se retrouva pris sur le fait, l'aiguille à quelques centimètres de sa veine, son regard se relevant vers la blonde sans savoir ce qu'il était censé répondre à cette question, exactement. "J'allais débuter une partie de Scrabble avant que t'arrives, Mia. T'as toujours un timing du diable, toi." A tout moment, il pouvait déraper, tout laisser tomber et s'évanouir vers la volupté de son addiction. Comme au bon vieux temps. Redevenir un mort vivant, tout simplement.
Le message que j’avais reçu de Wren m’avait tout autant étonné que lui. Cependant, il m’avait fait part de sa volonté de s’en sortir et stopper son addiction à la drogue. Je savais qu’il en avait bavé pour devenir clean et pour autant, il ne voyait pas encore le bout du tunnel. Je me disais que s’il m’envoyait un tel message, c’est qu’il était à deux doigts de faire une connerie. Ou qu’il n’attendrait même pas que j’arrive pour passer à l’acte. Je savais que le problème était forcément lié à la drogue. Je me précipitais alors, le retrouvant en train de tourner en rond dans la ruelle sombre. Je ne voyais pas vraiment ce qu’il tenait à la main. En arrivant à sa hauteur, je le voyais seringue à la main à quelques centimètres de son bras. Je lui demandais tout bêtement ce qu’il était en train de faire « J’allais débuter une partie de Scrabble avant que t’arrives, Mia. T’as toujours un timing du diable, toi ». Je levais les yeux au ciel en entendant ces dernières paroles « Timing du diable parce que tu m’as écrit pauvre naze ». Je m’approchais alors davantage de lui, lui arrachant la seringue des mains « T’es sérieux ? Tu vas tout foutre en l’air après tous ces mois de galère, à être malade comme un chien pour ça ». Je tenais la seringue à la main, lui montrant tout en lui parlant. Je restais sur mes gardes car je craignais qu’il puisse tenter de la récupérer à tout moment « Et si tu m’as écrit c’est que tu sais que tu ne dois pas recommencer. Si tu replonges, c’est foutu. Ta vie sera foutue, finie, merdique pour toujours » J’exagérais mais je voulais le faire réagir. Il semblait éméché, ce qui ne l’aidait pas à avoir les idées claires. Le sortir de là allait être compliqué mais il m’avait appelé et je me devais de ne pas le lâcher. Ce qui allait forcément être compliqué, il fuirait certainement, essayant de se débarrasser de moi pour que je le laisse tranquille. Il était comme ça le Wren. Il m’appelait au secours mais une fois que je me trouvais devant lui, il allait juste m’envoyer balader et me dire de dégager. Mais il le savait aussi, je n’étais pas du genre à me démonter rapidement et à baisser les bras. C’était plutôt explosif entre nous avec nos deux tempéraments bien trempés. Et même si ce soir, cela allait faire des étincelles, je préférais ça plutôt que de le laisser sombrer à nouveau « Où est-ce que tu as trouvé cette merde en plus ? ».
Regarder la seringue et sentir cette onde de faiblesse qui lui traversait tout le corps. Wren avait bu, c'était la seule raison qui justifierait une quelconque rechute parce que c'était mal le connaître autrement, n'est-ce pas? Il avait trop de fois craqué pour cette dose supplémentaire, se retrouvant à mendier à ses anciens amis dealers et bien évidemment, il avait toujours eu ce qu'il désirait... Se pourrir la vie, se tuer à petit feu, pour un amoureux des flammes comme lui, il n'y avait vraiment rien de meilleur. Peut être qu'il en était là dans sa vie, le suédois, à se dire qu'il avait tout vu et tout vécu, pourquoi faire des efforts pour rester noble alors? Il s'ennuyait, il était morne et il n'y avait rien de plus dangereux qu'un Doherty passif, le monde était définitivement au courant de cette affaire en tout cas. Le père Doherty avait brûlé tout un immeuble le jour où il était las de sa routine alors, que ferait un Wren indélicat? Il s'injecterait cette putain d'aiguille dans le bras et on n'en parlerait plus. L'idée était parfaite et il était tenté, le géant, mais il y avait Mia qui lui courait dessus pour lui happer sa fameuse aiguille. Lui mettre sous le nez, hurler à la mort sa bassesse, tout cela, Wren le savait déjà mais il avait sûrement besoin de l'entendre au moins mille fois avant d'enregistrer réellement l'information. "Alors, t'es mignonne, Mia, mais tu m'as pas vu en chier. T'étais pas là donc t'en sais que dal. Pourquoi il faut toujours que tu viennes ruiner mes supers plans?" Parce qu'il lui demandait, elle avait ce rôle là, la blonde et heureusement qu'elle était là d'ailleurs ou il serait déjà mort quelque part dans un fossé vu tous les efforts qu'elle avait fait pour se sortir de cette galère que pouvait être la drogue. Wren essayait de son côté mais ce n'était pas aussi simple qu'il l'avait imaginé jusque là. Faible homme. "Une dose, qu'est ce que ça changera? Y en a eu mille avant et ça m'a pas tué, regarde, je suis toujours là, c'est magnifique." User de sarcasme dans ce genre d'instants, que de merveilleux concepts chez les Doherty. Il était le roi de la mauvaise foi mais il était ivre, perdu et fatigué. Le combo devait être dévastateur, il n'y avait que cela comme explication. "Oh bah, dans la ruelle habituelle... Tu sais, celle où on allait tous les deux quand on était à peine majeurs. D'après mes souvenirs, c'était ton endroit favori par là bas, non? 'Paraît maintenant que t'es sobre, je sais pas trop comment l'expliquer mais certes." Il sortit une bonne vieille cigarette, histoire de s'occuper un peu car fumer était clairement essentiel en pleine situation de crise. "Tu viens de me foutre en l'air cent balles. Tu vas me rembourser ça, tu penses?" L'abus. Jusqu'au bout parce qu'un Wren saoul aimait faire chier le monde. Il était né pour cela, de toute manière.
« Alors, t’es mignonne, Mia, mais tu m’as pas vu en chier. T’étais pas là donc t’en sais que dal. Pourquoi il faut toujours que tu viennes ruiner mes supers plans ? ». J’écarquillais les yeux. Il m’avait appelé et il osait me dire que je ruinais toujours tout ? « Va te faire voir Doherty ! Si je ruine tout, appelle quelqu’un d’autre ». C’était toujours explosif entre Wren et moi. Deux tempéraments bien trempés, l’envie d’avoir toujours raison, ça ne pouvait jamais bien finir. Il était bourré, ça se sentait à trois milles. J’avais envie de tourner les talons et le laisser dans sa merde. Mais la raison prit le dessus. Je restais, lui ayant confisqué sa seringue qui allait finir à un moment ou à un autre écrasée par mon pied ou jetée dans une poubelle. Tant pis, je subirais ces attaques sanglantes, je ne rentrerai pas dans son jeu car, au fond, il devait chercher à me faire fuir pour arriver à ses fins. Sauf que c’était mal me connaitre… Il devait le savoir autrement il ne m’aurait pas appeler. « Une dose, qu’est-ce que ça changera ? Y en a eu mille avant et ça m’a pas tué, regarde, je suis là, c’est magnifique ». Il était magistral, se donnant en spectacle. Certains passants nous regardaient, des passants qui n’était pas forcément dans un meilleur état à cette heure là de la soirée « Et si c’est moi qui l’a prenait ? Tu dirais quoi ? Vas-y Mia, replonge avec moi ? » Je ne sais pas si cette carte là fonctionnerait. Mais je la tentais, peut être que cela le ferait revenir à la raison. Ou non. C’était quitte ou double. « Oh bah, dans la ruelle habituelle… Tu sais, celle où on allait tous les deux quand on était à peine majeurs. D’après mes souvenirs, c’était ton endroit favori par là bas non ? Parait maintenant que t’es sobre, je sais pas trop comment l’expliquer mais certes ». Il continuait à piquer, me rappelant une époque bien sombre de ma vie que je préférais oublier, bien que de l’eau fut passée sous les ponts depuis. Je n’avais plus jamais retouché à la substance blanche depuis mes seize ans… J’avais eu des propositions alors que j’étais à l’université, c’était coutume lors des soirées étudiantes. Mais je n’avais pas replongé bien que parfois, c’était tentant. « Tu aimes vivre dans le passé visiblement Doherty. C’est pathétique. Toi qui disait vouloir aller de l’avant, t’en sortir… Tu préfères rester un éternel ado, accro à sa dose quotidienne, qui finira dans un trou à rat seul. Contrairement à toi, ce n’est pas de cette vie que j’ai voulu ». Je piquais aussi, j’y allais fort, je voulais lui faire comme un électrochoc. Je ne sais pas si cela aurait son effet, tout était possible avec le suédois, comme j’aimais l’appeler de temps à autre. C’est à ce moment là que je décidais d’éclater la seringue par terre, de sorte qu’il ne puisse plus pouvoir céder. « Tu viens de foutre en l’air cent balles. Tu vas me rembourser ça, tu penses ? ». Je préférais rire « Bien sûr, on peut même aller en chercher une autre dès maintenant si tu veux… Ou alors tu décides de te mettre un coup de pied au cul et de t’en sortir et retenir cet épisode psychotique comme une mauvaise passe que tu auras réussi à surmonter ».
L'alcool ne le rendait clairement pas plus intelligent, encore moins intéressant, surtout pas depuis ses dernières péripéties proches de son amie l'héroïne. Qu'en était-il de ses promesses? Wren s'était effectivement dit après sa dernière cure improvisée qu'il ne regarderait plus jamais le profil d'une aiguille en face mais il semblerait qu'il s'était fourvoyé. Il était faible, le grand brun, plus qu'il n'aurait aimé l'être assurément et cette fois, il n'avait personne à blâmer pour ses propres choix, bien misérables, il fallait le concevoir. Néanmoins, Mia arrivait au moment opportun: Doherty pouvait trouver le coupable parfait, la petite blonde au caractère bien trempé ne le laissant pas la traiter d'une bien mauvaise manière à peine l'introduction lancée. Il hocha simplement la tête, promettant certainement de ne pas l'appeler la prochaine fois, non pas qu'il en ait eu une réelle envie ce soir-là non plus mais ses neurones n'étaient plus en état de marche correcte. Wren ne pouvait que la regarder avec ce vert assassin parce qu'elle s'énervait, Mia, qu'elle ne pouvait pas le laisser se détruire tranquillement, loin du monde, loin de son passif le plus violent mais la vérité était déchirant, le nordique ne s'en était jamais remis et il ne le ferait jamais totalement parce que son père l'avait marqué, sur sa joue certes, mais surtout au plus profond de son âme et le brun ne pouvait strictement rien faire contre cette cicatrice là. Saillante. Béante. "Je te dirais que t'es libre de te défoncer comme tu l'entends. Parce que c'est ta vie, après tout, pourquoi s'en mêler?" Est-ce qu'il disait vrai? Doherty n'était pas capable de le dire, il avait une certaine loyauté envers les gens de son entourage et ne pouvait pas franchement les laisser se tuer à petit feu mais il n'était pas dans son état normal. Peut être même ne le serait-il jamais plus tant la rave l'avalait à cet instant précis. "Et elle est si merveilleuse que ça ta vie sans ça, dis moi?" Avait-il réussi à avancer, à se remettre sur pied, à réaliser ses rêves? Wren ne s'était pas tellement renseigné sur la question jusqu'ici car il était l'égoïste lambda, celui qui mourait peu à peu et qui s'inquiétait trop tard du destin de ses amis. "Je pense que t'as fait ton discours moralisateur et donc ta bonne action du jour, non? Il y a pas de bonnes passes avec les Doherty, tu devrais le savoir depuis le temps. C'est pas moi qui t'ai entraînée là dedans déjà?" Il était capable de se mettre toute la misère du monde sur le dos, sortant au final une cigarette pour faire passer cette nausée aberrante. Ce mal être constant qui l'accompagnait depuis bien trop longtemps maintenant.
Il continuait, borné qu’il était, à me repousser, à me faire comprendre qu’il n’avait pas besoin de mon aide, alors qu’il m’avait pourtant lancé un SOS avec son message quelques minutes plus tôt. Je le connaissais le personnage qu’était Wren Doherty. A l’époque du lycée, lors de mes sombres heures, il nous était arrivé plus d’une fois de nous prendre la tête. A l’opposé, il nous était arrivé aussi d’être comme cul et chemise, notamment pour se rouler un joint, Wren étant mon initiateur « Je te dirais que t’es libre de te défoncer comme tu l’entends. Parce que c’est ta vie, après tout, pourquoi s’en mêler ? ». Mauvaise foi un jour, mauvaise foi toujours. Je l’applaudissais alors fortement « Bravo, tu es un excellent ami Doherty ! Je te félicite ». Je m’attendais à une réponse sanglante suite à mes propos. Je le connaissais et je ne doutais pas une seconde qu’il allait remettre cette amitié en question. Et puis, ce reproche de ne pas vouloir se mêler de ma vie, cela me montrait que je l’emmerdais royalement à vouloir me mêler de la sienne « Et elle est si merveilleuse que ça ta vie sans ça, dis-moi ? ». Touché ! Là, le point était clairement accordé à Monsieur Doherty. Ma mine se décomposa quelques instants mais, je ne voulais pas rentrer dans son jeu, lui montrer qu’il n’avait peut-être pas tort. Et puis, même si ma vie n’était pas idéale, cela ne justifiait pas pour autant que je la foute en l’air en devenant une addict comme lui « Ma vie est peut-être merdique sur certains points mais pour autant, je ne foutrais pas ma santé en l’air juste parce que je ne suis pas capable d’assumer cette vie qu’est la mienne ! Je suis pas lâche comme toi ! ». Aller, encore une pique de plus pour Wren de ma part. Je pouvais lui en envoyer pleins des comme ça mais il était résistant. Je sais que ça allait être une guerre de paroles sans fin, aucun de nous ne lâchera le morceau le premier. C’est certain. « Je pense que t’as fait ton discours moralisateur et donc ta bonne action du jour, non ? Il y a pas de bonnes passes avec les Doherty, tu devrais le savoir depuis le temps. C’est pas moi qui t’ai entrainée là-dedans déjà ? » Je roulais des yeux, lasse de l’entendre bramer pour rien dire, encore, cherchant à avoir le dernier mot. « Ouais, je viens de faire ma bonne action du jour du coup je vais aller me prendre un verre… ou deux, peut être plus » Je m’approchais alors de lui, le toisant du regard « Vu ton état, je te propose pas de venir. Quoi que c’est vrai qu’avec toi, il n’y a pas de bonnes passes, alors un peu plus ou un peu moins ne te fera pas de mal. Puis tiens pour être quitte, c’est moi qui t’entraîne à me suivre aujourd’hui ? Ca te tente ? » Je le défiais de me suivre, attendant forcément un comportement raisonnable de sa part. Mais cela n’était pas garantie.
Sa haine était inégale mais toujours présente, parfois contre autrui mais le plus souvent dirigée vers lui-même. Wren avait conscience de toutes les terribles décisions qu'il prenait depuis qu'il avait quitté la maison familiale, non pas qu'avant cela il était un ange, bien au contraire. Doherty avait longtemps été un dealer sans grand intérêt, un homme perdu qui cherchait de quoi arrondir les fins de mois car il fallait payer pour les traitements de sa mère et les études des jumeaux. Au fond, il avait dû se sacrifier pour sa famille, l'excuse idéale pour se comporter comme un idiot d'envergure. Malheureusement, Wren n'avait pas arrêté en allant habiter ailleurs, c'était même pire parce qu'il ne pouvait que porter le fardeau de sa culpabilité. Il n'avait plus aucune excuse pour se foutre en l'air à petit feu: son frère et sa soeur n'avaient plus besoin de lui pour gérer leur existence, sa mère était prise en charge par une association qui filait un coup de main incroyable depuis que Wren n'était plus en mesure d'aider en quoique ce fut. C'était ce qui était le plus terrible au fond, on n'avait plus besoin de lui et par conséquent, comment justifier tout ce qu'il faisait? Il ne le pouvait pas et Mia le savait autant que lui alors, elle le poussait dans ses retranchements, s'attendant à ce qui craque à la prochaine réplique, le suédois n'en était définitivement pas loin de toute façon. "Je suis l'ami de personne, l'oublie pas." Il était le démon sur leurs épaules, ce n'était pas tout à fait le même rôle et on pouvait dire qu'il l'avait joué à merveille avec Mia dans le temps. Elle était allée loin avec la drogue et tout ce qui permettait de changer de monde pour un temps beaucoup trop court. Doherty en avait été fier sur le moment et il avait eu honte plus tard. "Parce que c'est pas lâche de te croire meilleure que moi parce que t'as réussi à lâcher la coke? En quoi ça te rend meilleure exactement? Rafraîchis moi la mémoire parce que j'ai pas l'impression que t'assumes mieux ce que t'es." Allez savoir ce qu'il voulait dire par là, Wren était juste excédé parce que l'alcool occupait toutes ses artères, qu'il n'avait pas eu sa dose et qu'il n'arrivait pas à envisager des lendemains plus sereins. Ils viendraient cela dit parce qu'il était plus fort que tout cela, le suédois se devait de le prendre conscience, il n'était pas arrivé jusqu'ici par hasard. Sobre. Vivant. "Pas vraiment, non. J'ai eu mon compte. Je vais rentrer. Il me reste de la vodka dans la boîte à gants, t'en veux peut être?" Au final, il tenait absolument à ce que ce fut lui qui l'entraîne dans le vice et pas l'inverse, foutu démon qui occupait son âme depuis des lustres maintenant. "T'iras pas au bout, Mia. Je te connais." Il abusait. Il la cherchait parce qu'elle devait lui prouver l'inverse et c'était toujours ainsi que Doherty avait gagné mais là, justement, il aurait dû se taire. Ne pas chercher à la détruire, encore et toujours, pas elle.
« Je suis l’ami de personne, l’oublie pas ». Et voilà, qu’est-ce que je vous avais dit ? Franchement, je devrais m’appeler madame Irma. Bien sûr qu’il n’allait pas clamer haut et fort qu’il était mon ami et qu’il se souciait de mon sort. Ce n’était pas du tout le genre de Doherty. Non lui, il préférait vous montrer l’inverse, comme ça, vous partez en courant et il se retrouve tout seul comme un idiot. J’étais exaspérée, j’avais envie de lui en coller une, de le secouer comme un prunier. Je râlais et me retenait en même temps « Tu me permet d’appeler Gabriel et de lui dire ça ? ». J’essayais de sortir la carte de celui qui l’avait aidé à se relever, celui qui comptait pour lui. Peut être que ça le ferait flancher puisque, visiblement, il en avait rien à faire de moi.
Il était dur en affaire le Wren. J’appuyais là où ça pouvait faire mal mais rien n’y faisait. Il poussait à son tour encore plus loin pour m’atteindre également. Quand je vous disais que ça n’en finirait jamais. « Parce que c’est pas lâche de te croire meilleure que moi parce que t’as réussi à lâcher la coke ? En quoi ça te rend meilleure exactement ? Rafraichis moi la mémoire parce que j’ai pas l’impression que t’assumes mieux ce que t’es ». Partira, partira pas la claque qui démange le bout de mes doigts ? Je n’étais pas d’un naturel violente mais là, il me poussait à bout, j’étais dans une colère noire. Je m’approche de lui, je suis même très proche pointant mon doigt sur lui « Tu dis n’importe quoi, tu essayes de retourner la situation mais on ne parle pas de moi là, mais de toi et ta lâcheté légendaire. OUI je peux me prétendre meilleure que toi car j’ai eu besoin de personnes pour m’en sortir. Toi, tu te fais aider et ensuite tu vas les décevoir parce que t’es qu’un lâche ! Oui qu’un lâche DOHERTY, tu entends ! » Je criais, on aurait pu penser que j’étais hystérique. Je me retournais alors, préférant m’éloigner pour être certaine de ne pas lui en coller une.
J’essayais une autre approche, l’indifférence, le mettant au défi de venir boire d’autres verres avec moi parce que j’avais fait ma bonne action du jour. J’avais juste détruit sa dose, mais pour autant, qu’est-ce qui me garantissais qu’il n’allait pas recommencer une fois que je serai partie ? Non, c’était pas une victoire que j’allais fêter mais plutôt une défaite. A quoi bon s’acharner, il ne voulait rien entendre. « Pas vraiment, non. J’ai eu mon compte. Je vais rentrer. Il me reste de la vodka dans la boite à gants, t’en veux peut être ? ». Encore et toujours à chercher à retourner la situation « J’ai pas besoin de ta bouteille, je peux me payer mes verres toute seule. C’est moi qui offre en plus ! ». Il était raisonnable, ce que j’attendais finalement de sa part en lui faisant cette proposition. Cependant, cela m’inquiétait qu’il puisse prendre sa voiture pour entrer « T’iras pas au bout, Mia. Je te connais ». Il fallait que je choisisse entre la raison et l’envie de lui prouver que je pouvais aller jusqu’au bout. Ça m’agaçait qu’il eu raison, mais je ne le faisais pas parce que je ne m’en sentais pas capable, mais parce que je pensais avant tout à lui « Je ne te laisserai pas partir en bagnole seul, tu peux pas conduire dans cet état. Donne tes clés ! » Celle-ci dépassait de sa poche, étant donné sa réactivité je les attrapais moi-même « Tu m’offriras un verre chez toi et toi, tu boiras de l’eau. Aller on y va ! ». Je le tirais alors par le bras pour le faire avancer. J’avais vu sa voiture garée dans la rue perpendiculaire à celle où nous nous trouvions.
Elle n'aurait pas dû aller jusque là: ce n'était jamais une brillante idée d'utiliser Gabriel contre Wren, encore moins lorsqu'il était dans cet état, clairement incapable de réfléchir avec intelligence. Ses veines palpitaient mais il n'y prenait pas garde, parce qu'il serrait seulement les poings, le suédois, espérant que ce serait suffisant pour qu'il s'apaise de lui-même. Bien entendu, l'affaire n'était pas aussi simple que cela, pas quand on parlait de son sauveur. Son meilleur ami, le seul sur qui il avait toujours pu compter, dans les moments sombres mais pas seulement car Gabriel avait aussi répondu à l'appel quand il était en un seul morceau. Il était évident que cet homme-là comptait énormément pour lui et Doherty détestait ce que Mia essayait de faire en tâchant de faire ressortir la corde sensible chez lui. Autant dire qu'elle allait se confronter à un mur dans ce genre de circonstances. Au moins cette fois-ci. "Parle pas de choses que tu connais pas." Ne parle pas de lui, tout simplement. Wren n'était pas capable de tenir le coup quand il y avait Carnahan et sa santé dans l'équation parce qu'il savait que son ami était fragile depuis quelques temps. Non, le brun ne devait absolument rien savoir des conneries de son colocataire et Doherty s'en faisait la promesse, qu'il n'apprenne rien de cette soirée, si seulement Mia pouvait se taire sur le sujet. Il devait rêver parce que la blonde n'avait jamais été ainsi, elle lui répondait toujours et avec véhémence par dessus le marché, de quoi faire sourire Wren. Il gagnait du terrain si elle perdait patience et osait élever la voix contre lui, c'était donc une nette réussite pour l'ancien pompier. "Hum. Si je te connaissais pas aussi bien, je dirai que t'essaies de remettre les projecteurs sur moi pour pas avoir à assumer le pathétisme de ta situation mais j'ai tort, hein?" Qu'il était lâche, le suédois ne pouvait franchement pas le nier. Il n'allait d'ailleurs même pas essayer, absolument fier de n'avoir jamais fait preuve de courage dans les instants importants parce que c'était une part de son patrimoine génétique. La base même de ce qu'il était. Ce qui l'agaçait le plus, c'était l'attitude de Mia, elle tenait le cap et c'était une petite surprise, lui qui l'avait vue flancher à tant d'occasions jusque là. "On touche une corde sensible?" Il lui faisait un clin d'oeil, démon jusqu'au bout, alors qu'elle lui usurpa ses clés mais Wren ne tenta même pas de les récupérer, elle avait sûrement plus de dextérité que lui après la soirée qu'il venait de passer. Il y avait toujours leurs joutes verbales jusqu'à la maison justement, quelque chose de plus agréable pour le nordique. "Tu veux pas qu'on aille chez toi plutôt? En souvenir du bon vieux temps... Sinon, on peut mettre le feu à ma voiture, ça peut être sympa comme alternative aussi. A toi de voir." Il n'allait clairement pas rentrer jusqu'à l'appartement qu'il partageait avec Gabriel dans cet état mais cela, Mia n'était pas obligée de le savoir, Doherty s'armant de son briquet pour jouer avec l'allumage. Idiot jusqu'au bout, à tout ruiner pour une raison obscure. Intangible débilité des Doherty.
Je pensais avoir toucher une corde sensible en parlant de Gabriel à Wren. C’était l’effet recherché. Mais c’était surtout de la colère que me montrait le jeune homme en évoquant son meilleur ami. Il ne voulait certainement pas que celui-ci soit au courant de ce qu’il était sur le point de faire. Il ne voulait pas le décevoir certainement, après tout ce qu’il avait fait pour lui pour le sortir de ce merdier. Je n’allais pas cafter non, mais je voulais surtout faire réagir Wren et lui faire avouer qu’il faisait de la merde et surtout qu’il se ressaisisse « Parle pas de choses que tu connais pas ». Son ton était sec, je voyais sa colère dans son regard. J’en rajoutais, prête à dégainer mon téléphone de ma poche arrière « J'en suis capable et tu le sais. Alors je te laisse le choix : soit tu te ressaisis et tu ne toucheras plus cette merde soit j’appelle Gabriel, car il se doit de savoir que tu es capable de replonger à n’importe quel moment ». Je brandissais mon téléphone alors dans ma main « Dis moi ! ». J’attendais alors sa réponse, me disant qu’en ne lui laissant que ces deux choix, il allait forcément choisir la bonne alternative. Mais avec Doherty, nous n’étions jamais au bout de nos surprises.
« Hum. Si je te connaissais pas aussi bien, je dirai que t’essaies de remettre les projecteurs sur moi pour pas avoir à assumer le pathétisme de ta situation mais j’ai tort, hein ? ». Il sentait que je sortais de mes gonds, que ça y est la marmite Mia était à deux doigts d’exploser et qu’il avait la possibilité de gagner en me mettant hors de moi. Il continuait en plus à me chercher, parce qu’il était certain que ça allait marcher « Tu t’intéresse tellement si peu à ma situation, comment pourrais-tu la connaitre ?! » fis-je en le défiant du regard. Je voulais lui montrer qu’à mes yeux il n’était qu’un égoïste, qui pensait qu’à lui et ne se souciait guère de la vie des autres. Mes mots ne les toucheraient sûrement pas de toute manière. J’avais un mur devant moi qui me mettait à rude épreuve, m’empêchant d’obtenir le dernier mot. « On touche une corde sensible ? » « Ferme là Doherty » fis-je tout en lui prenant les clés de sa poche et en l’entraînant à me suivre. « Tu veux pas qu’on aille chez toi plutôt ? En souvenir du bon vieux temps… Sinon, on peut mettre le feu à ma voiture, ça peut être sympa comme alternative aussi. A toi de voir. » Je me stoppais net à ces derniers mots. Je me retournais, le regard dur envers lui « T’es complétement malade. Tu veux devenir comme ton pathétique père ? » Je venais sûrement de prendre un énorme risque en évoquant son paternel. Il allait certainement exploser face à mes paroles. Peu importait, je ne pouvais supporter de l’entendre dire des conneries pareilles. Je le tirais à nouveau « Va pour chez moi ! » Je ne cherchais plus à comprendre, mon appart était de toute façon le plus proche.
La violence faisait partie de son quotidien depuis tellement longtemps qu'elle en était presque devenu une seconde peau pour Wren. Il n'avait jamais eu de mal à en user dès lors qu'on s'approchait d'un peu trop près de sa petite personne. Le grand homme ne pouvait tout bonnement pas envisager qu'on vienne le chatouiller, d'autres peut être mais pas lui car il avait la carapace solide, qu'il ne pouvait pas se permettre de paraître trop fragile, pas avec son passif. Doherty avait un ego, c'était là une source de bon nombre de ses problèmes puisqu'il n'était pas toujours capable d'assumer ses erreurs et dieu ce qu'il pouvait en faire ces dernières années. Il était d'ailleurs en train d'en faire une bien grosse cette soirée-là, en se laissant emporter par l'euphorie de l'alcool, lui qui s'était justement promis d'éviter tous types de débordements de peur de sentir la drogue se réinjecter d'elle-même dans son système. Au final, c'était lui qui avait bien failli en procurer à ses veines de nordique et c'aurait été une faute monumentale, une faute qu'il n'aurait pas pu se pardonner. En un sens, alors, il se devait de remercier Mia, mais lorsqu'il se serait remis sur pied, qu'il aurait arrêté d'avoir des excès de rage qui lui perçaient le coeur. Pour le moment donc, il n'en était pas franchement capable, surtout pas alors qu'elle le cherchait de la sorte. Aussi véhémente que lui dans ses propos, pour sûr. "J'en ai rien à foutre, fais ce que tu veux, va." Wren ne voulait pas que Gabriel le voit dans cet état certes, mais il savait tout aussi bien que si la jeune femme le sentait ainsi, elle en abuserait. Personne ne jouait avec lui en sortant indemne de la situation, il était un Doherty, la pire espèce que cette planète ait créé et il n'était pas prêt de rendre les armes. A la place, il se décidait à emmerder Mia jusqu'à ce qu'elle arrête de babiller parce qu'elle lui avait déjà volé ses clés et qu'elle savait très bien qu'il allait finir par se calmer, une fois la phase de descente passée. "Parce que c'est écrit sur ta face, juste." Aucun mystère ne pouvait être préservé en compagnie d'un Wren aussi peu enjoué, sa cigarette se fumant avec élégance parce qu'il allait vraiment devoir suivre Mia dans la voiture et il avait déjà peur de l'envie de dégobiller qui pourrait lui venir dans son état. Autant faire une diversion dans ce cas, user de ce merveilleux briquet, son plus fidèle acolyte en captant le trait de terreur sur le visage de la blonde, exactement l'effet escompté par le suédois. "Qu'est-ce qui te dit que je suis pas déjà pire que lui? Ah Mia, tu parles beaucoup mais il te manque tellement de faits." Comme l'incendie de forêt qu'il avait provoqué, entre autres amusements durant des heures glorieuses mais il n'en dirait rien, s'engouffrant dans le véhicule tant bien que mal, n'attachant même pas sa ceinture car la survie, c'était évidemment surfait à ses yeux. "T'abîmes pas ma bagnole, sinon je pourrais envisager de cramer ton appart' en représailles." Il souriait mais plaisantait-il réellement? Personne n'avait de moyens de le savoir, Wren restait un secret entier. Et ô combien dangereux.
« J’en ai rien à foutre, fais ce que tu veux, va ». Il était incroyable, il ne flancherait pas quoi que je dise et ça m’exaspérait. Si je ne tenais pas autant à mon portable, je lui aurais envoyé dans la figure dans la seconde où il m’avait dit ces mots. J’hésitais, qu’allais-je faire ? Emmerder Gabriel à une heure tardive, qui serait alors inquiet à mort pour Wren et très certainement déçu ? Ou l’appeler parce qu’il méritait d’être au courant que Doherty était encore fragile et qu’il pouvait replonger à tout moment ? le suédois n’avait rien fait, j’étais arrivée à temps… Mon hésitation fut longue. Cependant, il fallait que j’agisse rapidement pour pas lui montrer celle-ci justement. Je m’éloignais alors, lui tournant le dos, plongeant mon attention sur mon téléphone pour chercher le numéro du libraire. Une fois trouvé, j’appuyais à regret sur « appeler » …
Wren continuait à me chercher, pour retourner finalement la situation, essayant de me dire que c’était ma vie qui était pathétique « Parce que c’est écrit sur ta face, juste » Il était fort à ce jeu -là, non pas parce qu’il parvenait à me le faire croire, je n’avais pas besoin de lui pour ça, mais parce qu’il arrivait à m’énerver. Il savait pertinemment comment s’y prendre. Si je voulais avoir la paix, il fallait que je prenne sur moi « Si tu le dis ! ». Voilà, l’ignorance était ma dernière chance. J’entraînais alors le jeune homme avec moi en direction de sa voiture après avoir saisi les clés de sa poche. Je préférais subir ses paroles cinglantes plutôt que de la voir sur un lit d’hôpital. Parce qu’il était dans un état lamentable à cause de l’alcool et qu’il pourrait aussi profiter que je le laisse pour retrouver une autre seringue à s’injecter dans les veines. Et ça, je ne pourrais pas me le pardonner.
Je pensais le faire exploser en évoquant son père. Et pourtant, cela ne l’atteignait pas comme je l’aurai voulu. Au contraire, il se narguait d’être peut-être comme lui « Qu’est-ce qui te dit que je suis pas déjà pire que lui ? Ah Mia, tu parles beaucoup mais il te manque tellement de faits ». Il continuait de glaner que je ne connaissais pas assez son histoire pour me permettre de juger. Il me montrait par là même que je n’étais pas une amie pour lui, que je ne représentais rien. Mais il ne fallait pas que je marche dans son jeu, sinon il gagnerait. Il était entrain de toucher le fond, surtout pour en arriver à dire des choses comme ça. Il était particulier Wren, oui, mais je ne pouvais pas concevoir que ses paroles étaient vraies. Je pouvais le gifler, peut être que cela le ramènerait à la raison… « Tu me raconteras ça sur le trajet » fis je en levant les yeux au ciel. Non en fait il valait mieux que je fasse mine de rien. Il divaguait ça ne servait à rien d’en rajouter. Je le poussais alors du côté passager et refermait la portière. Je fis le tour de celle-ci, entrant à mon tour. Evidemment, il n’avait pas accroché sa ceinture « T’abimes pas ma bagnole, sinon je pourrais envisager de cramer ton appart’ en représailles ». L’envie me pris de l’assommer pour avoir la paix, pour ne plus l’entendre dire des conneries pareilles. J’insérais la clé dans le contact « Ouais c’est pas garanti que je ne l’abîmes pas. Mis à part si tu fermes ta bouche pendant tout le trajet ». Une certaine politesse, ça ne me ressemblait pas face à quelqu’un qui m’énervait. Je démarrais et nous partions alors pour mon appartement qui n’était qu’à une dizaine de minutes de là. Je conduisais tranquillement, bien que je m’amusais un peu à brusquer mes freinages pour emmerder Wren et me venger de ce qu’il était entrain de me faire subir avec ces paroles assassines.
Arrivé à mon appartement, je le sorti de la voiture non sans mal « Tu pus l’alcool Doherty… non en fait tu pus tout court » Une douche ne serait certainement pas un luxe et par la même, cela lui ferait peut-être retrouver ses neurones. Nous entrions dans la résidence, prenions l’ascenseur pour nous retrouver à l’avant dernier étage. J’ouvrais la porte de mon appartement et poussait Wren à l’intérieur, le tirant jusqu’au canapé où il s’affalait littéralement « Bah vas-y fais comme chez toi ». J’étais tellement désespéré que je n’avais plus envie de me battre avec lui.
Il n'essayait jamais d'être plus agréable qu'il ne l'était en réalité, c'était à prendre ou bien à laisser avec Wren et en l'occurrence, il y en avait plus à laisser qu'à prendre. Le suédois n'avait pas envie de faire plaisir à Mia, pas plus qu'il n'avait envie de lui faire miroiter de beaux mensonges parce qu'il n'était pas l'homme auquel elle s'attendait. Comme tous les autres, McKullan devait s'attendre à retrouver un type fringant après toutes ces années parce que le lycée était loin, cette tragédie qu'il avait vécu également, pourquoi envisager le pire alors? La réalité avec un Doherty était toujours différente: même quand tout semblait aller à merveille, il y avait des doutes qui s'immisçaient à l'intérieur de ce cerveau malade que tous les membres de sa famille semblaient posséder. Wren n'était pas différent des autres, il ne pouvait pas faire croire qu'il avait fait du chemin, qu'il s'était amélioré en dix bonnes années parce qu'il avait définitivement sombré en bien des points. La drogue avait vaincu face à lui, notamment l'héroïne quand il se contentait de la cocaïne au lycée. Puis, il y avait le feu, ce fameux alter ego qu'il n'avait jamais pu terrasser totalement, le nordique, et celui-ci l'avait mis à mal. Wren avait craqué, plusieurs fois, mais il n'était pas allé le crier sur tous les toits, réservant ces nouvelles fort surprenantes à une poignée de privilégiés. Pour le moment, le grand brun ne pouvait pas considérer que Mia en faisait partie puisqu'elle l'emmerdait royalement avec ses beaux principes. Qu'elle appelle Gabriel, qu'en avait-il à faire? Il se contenta de sourire donc, s'avançant jusqu'à la voiture en ne répondant pas à une seule réplique, jouant d'un joli doigt d'honneur lorsqu'elle lui implorer de la fermer pour toute la durée du trajet. Il allait se faire un malin plaisir de ne répondre à aucune question, n'être rien d'autre que le chieur de première qui vint s'écraser sur son divan sans plus de cérémonie. "C'est marrant, t'étais celle qui puais le plus à l'époque parce que, bordel, t'étais inarrêtable en soirée hein?" Autant la chercher encore et toujours alors qu'il s'allongeait là, sans regarder Mia parce qu'il avait envie de rire, de titiller, de la faire exploser. Un petit plaisir personnel pour le Doherty, celui de faire vivre un enfer à toutes les personnes qui passaient son chemin et qui désiraient le changer. "Alors, Gabriel vient me chercher? Tu pourras lui dire que j'ai fait la lessive avant de partir. Tu vas te coucher?" Il allumait la télévision, sans se faire inviter à cela parce qu'un Wren ivre était un Wren à abattre. Le plus rapidement possible.
Le fait que j’appelle Gabriel, ou pas, ne fit ni chaud ni froid à Wren. A se demander s’il n’avait déjà pas pris sa dose avant que j’arrive ; il était dans un état second tel que plus rien ne pouvait l’atteindre. Je pensais que cela le rendrait fou de me voir appeler celui qui lui avait tant donné pour l’aider, sûrement ne voulant pas le décevoir mais même ça il s’en fichait. C’était à peine croyable mais en même temps c’était Doherty. Je pense que j’étais à la fois surprise et non surprise de sa réaction. Nous nous dirigions alors vers sa voiture. Je lui demandais juste de me foutre la paix pendant que je conduisais ça et de ne pas parler. Sa réponse fut à la hauteur de mes expériences avec un si beau geste que j’en souris. Bien que je n’en pensais pas moins. Le trajet se fit relativement dans le calme, la voiture berçant un petit peu le Doherty. Arriver à mon appartement, je le traînais jusqu’au canapé, mais il ne se fit pas prier car il se jeta littéralement dedans, avachit comme un malpropre. « C’est marrant, t’étais celle qui puais le plus à l’époque parce que, bordel, t’étais inarrêtable en soirée hein ? ». Moi qui espérais un temps de répit, le voir s’endormir sur mon canap’, c’était une fausse joie. Il recommençait à me chercher, me rappelant une période de ma vie dont j’étais peu fière, où j’avais fait n’importe quoi… Et il en rajoutait, enfonçant encore plus le clou sur cet instant minable. Je lui lançais un regard noir, me dirigeant dans la cuisine pour aller lui chercher un verre d’eau « Ouais grave, j’étais minable ! » Je ne voulais pas flancher, montrer qu’au fond il me mettait dans une colère noire et que j’avais juste envie de… tiens une poêle… Oserais-je lui faire un remake de Raiponce avec Flynn Rider ? Non on me dit que ce n’est pas raisonnable et pourtant, si ça pouvait le faire taire jusqu’à demain matin. Sinon, la nuit risquait d’être longue. Cela voulait dire que j’abandonnais le combat ? Le volcan explosif s’apaisait-il peu à peu ? Le laissais-je gagner finalement ? Je revenais avec le verre d’eau à la main, lui tendant une fois à sa hauteur « Tiens, bois , ça te noiera peut être ». Oui, parce que je voulais bien prendre sur moi et rester neutre (plus ou moins), cela n’allait pas m’empêcher d’envoyer quelques piques moi aussi « Alors, Gabriel vient me chercher ? Tu pourras lui dire que j’ai fait la lessive avant de partir. Tu vas te coucher ? ». Je levais les yeux au ciel « Non, il était trop déçu pour venir. Je lui ai dit que je m’occuperais de toi pour ce soir et cette nuit. Et je pense que la lessive est le dernier de ses soucis là… » Je ne sais pas si mes mots auraient encore une fois une répercussion sur Wren ou non. Je le voyais allumer la télé, le mec prenait vraiment ses aises « Oui, tu m’as épuisé pour la soirée. Tu dors sur le canapé, t’as une couverture là », je l’attrapais sur le fauteuil à côté de lui et lui balançais dessus « et un coussin ici » j’attrapais ce dernier dans un petit coffre à côté du canapé et lui lançais alors dans la tête. Une manière pour moi de me défouler, bien qu’il n’allait sûrement ressentir rien de bien méchant.