« Tu peux continuer à parler des étoiles alors. » « Je vais t’offrir les plus belles histoires. » Je pourrais inventer un monde pour son sourire. Lui dire toutes les bêtises qui me traverseront l’esprit tant qu’elle restera proche de moi. Tant que son envie de fuir la maison semble être soudainement mise sur pause. L’instant est éphémère, j’en ai conscience. À l’instant où l’on récupérera les jumeaux, la situation sera de nouveau tendue. Au moins, on se serait donné une chance. On se prouve encore une fois que la complicité n’a pas disparu, qu’il nous faut un temps d’adaptation dans cette vie nouvelle qui débute. Je parlerai des étoiles pendant des heures s’il le faut, pour faire durer le moment, encore un peu plus longtemps.

« Je suis sûre que tu vas être le premier à t’endormir. » Elle va probablement le gagner haut la main son pari, tant il est déjà compliqué pour moi de ne pas fermer les yeux et sombrer. La sieste semble ne pas avoir été suffisante tant le manque de sommeil est important. « Tu veux parier ? » que je lui annonce avec défi. Je préfère en rire que de me plaindre. C’est la vie avec des nouveaux nés et je n’ai plus mes vingt ans où faire une nuit blanche semblait si simple. La défier, c’est mener à nouveau la barque, c’est l’intrigue de la soirée. « J’ai développé une sacrée résistance. » que j’ajoute en faisant danser mes sourcils. Tracy m’aide à tenir la distance quand il s’agit de compter les heures de sommeil en manque.

On partage le petit repas que j’ai préparé. Sous forme de pique-nique et de choses à grignoter. Rien de bien important, tout ce qu’il y a de plus suffisant pour une soirée à deux. « Ok, mais je veux un truc sucré en échange. » Forcément, le deal est serré. Je considère la question, fait durer un peu le suspense, puis lui dévoile le gâteau que j’ai eu le temps de faire cuire durant la sieste des enfants. « Ton préféré. » que j’annonce si fier de moi, pour un truc aussi banal. On oublie les chips désormais, je crois qu’elle en à bien trop manger durant sa grossesse. « Il a peut-être légèrement brûlé sur le dessus. » Parce que mon attention été complètement axé sur Bowie qui gazouillait. « J’avais une mélodie en tête. » que je mens à moitié.

Elle retient un je t’aime entre ses lèvres pincées. Il en fait tant pour elle et pour leur famille. Il en fait tant pour tout le monde, et il s’oublie. ils oublient leur couple aussi petit à petit. Ca lui serre le coeur, et pourtant, elle est aussi fautive que lui. Et pourtant ils s’aiment, vraiment. Mais pas de la bonne manière ces derniers temps. Jill n’arrive pas à l’aimer comme il le mérite, et elle le sait. Elle repousse l’inévitable, et ce soir elle n’a pas envie de penser au fossé ou à la distance qui peut bien les séparer. Elle a juste envie que tout redevienne comme avant, qu’ils fassent comme si rien n’avait changé. “Je crois que je suis prête à parier. T’as quoi comme pari dans ta manche Fitzgerald ?” Ce ton joueur qu’elle avait perdu, son regard qui s’ancre fermement dans celui de son mari et ses doigts qui jouent encore un peu alors qu’ils sont enlacés entre les siens.

Elle négocie de la nourriture, c’est toujours l’obsession des McGrath. Jill se concentre un peu plus sur le sucré ces derniers temps. Bailey sort un gâteau de nul part et Jill en salive déjà. Même s’il a l’air un peu brûlé. “Mais c’est que tu serais presque un homme à marier !” Elle hausse un sourcil faussement étonné. “Légèrement ?” Elle le taquine en lançant une fausse grimace. Elle fronce du nez avant d’en prendre un bout. Elle risque de manger tout ce gâteau. Et elle pensera au sport qu’elle doit faire et à ses kilos en trop un peu plus tard. Elle ne donne pas d’avis, essaie d’avoir un visage inexpressif juste pour qu’il se demande si ce qu’il a fait est bon. “Une mélodie ?” Il est constamment en train de créer Bailey.

Elle veut qu’ils fassent un retour en arrière, Jill n’a pas envie de penser aux bébés ou à quoi que ce soit d’autre que leur couple et ce bon moment qu’ils sont en train de passer tous les deux. Elle passe de l’autre côté du plateau pour aller se glisser sur ses genoux. Elle fait vraiment des efforts, elle sait qu’il en a besoin de cette proximité, et au fond, elle en a besoin aussi.  
 

« Je crois que je suis prête à parier. T’as quoi comme pari dans ta manche Fitzgerald ? » Et sur la folie de l’instant, je voudrais tant parier quelque chose en rapport à notre nouveau rythme de vie. Que celui qui perds change toutes les couches pendant une semaine ou qu’il prenne le tour du biberon de quatre heures du matin. Cela aurait pu être drôle dans une autre dimension, à un autre moment. Alors, je me mords la lèvre et hésite. Je ne sais plus sur quoi parier soudainement. Ça ne devrait pas être comme ça. « Hmm… » Je gagne du temps, croise son regard et semble trouver le compromis parfait. « Celui qui perd organise la prochaine soirée. » Celle qui aura forcément lieu après celle-ci, parce que je reste persuader que tout va finir par s’arranger. Alors on en refera certainement, des soirées comme celle-ci. Au fond du jardin, sur une plage, dans un restaurant. N’importe où tant que l’on est que tous les deux.

Le repas est tout ce qu’il y a de plus, mais je n’ai pas oublié le dessert. Pièce indispensable pour faire plaisir à Jill. « Mais c’est que tu serais presque un homme à marier ! » Je pouffe de rire en cœur avec elle. « Tant mieux que tu sois presque marié avec moi, alors. » Et cette fois, je ne réfléchis pas lorsque je me penche vers elle pour déposer mes lèvres contre les siennes. Juste un instant, dans la douceur du moment. Bien entendu, elle se moque de moi et de l’aspect de mon gâteau. Je me retiens bien de lui en donner la réelle raison tant j’avais gagatiser devant notre fils. On n’abordera pas les sujets qui la gêne ce soir, je lui ai promis. « Une mélodie ? » Je hoche la tête et commence à marmonner le rythme dans ma barbe. Quelque chose de très doux que je tente de composer depuis des jours. « Juste une berceuse. » Une chanson pour les petits tant je refuse de leur chanter toutes les idioties que l’on peut entendre pour les enfants.

Avant que je n’aie le temps de chantonner plus longtemps, Jill vient s’asseoir sur mes genoux. Le geste est tellement inattendu que pendant une seconde, je ne sais plus quoi faire de mes bras, avant de les enrouler autour de ses hanches. Mon nez vient se perdre dans le creux de son cou et je me sens bien. L’odeur de sa peau qui m’avait tant manqué, son souffle qui chatouille ma tempe. « Tu m’avais manqué. » que je murmure si doucement qu’elle ne l’entend probablement pas. Et je profite de l’instant, juste quelques secondes de plus.

Ils marchent sur des oeufs, tous les deux. Et ils font tous les efforts du monde pour que ça se passe bien. Cette soirée doit être parfaite, ils ont tellement besoin de passer du temps rien que tous les deux. Pas de bébés, pas de travail, pas de famille. Juste eux et leur bulle qui les accompagne depuis plus de 10 ans. Elle se sent bien ce soir Jill, elle ressent de nouveau un peu ce besoin d’être proche de lui. Est ce que tout est vraiment en train de s’arranger ou est ce que c’est juste le temps d’une soirée ? Une soirée qui les ramène en arrière, et Jill se dit que c’est peut-être la dernière fois qu’ils font ce genre de choses tous les deux. Elle secoue légèrement la tête, elle y repensera demain, quand tout ira mal de nouveau.

Les lèvres de Bailey se rapprochent de celles de la brune sans qu’elle n’ait l’impression qu’il le calcule. Elle se laisse faire, elle répond. Comme si rien n’avait changé entre les deux. Le défi lui plaît bien, et Jill fera tout pour gagner. Elle tend sa main pour serrer celle de Bailey et sceller la promesse. Celui qui perd organise la prochaine. “Presque ?” Elle hausse un sourcil, elle se considère comme marié avec Bailey même si les papiers ne sont officiels qu’à Bali. C’est leur endroit, et cette plage représente beaucoup pour la jeune femme. C’est là qu’ils ont décidé de vivre ensemble, là que ce mariage surprise s’est organisé sans qu’aucun des deux ne force quoi que ce soit. Il a écrit une berceuse, et elle hoche la tête. Elle ne l’a pas encore entendu, elle n’est sûrement pas assez souvent là pour entendre Bailey la chanter à ses enfants.

Elle se rapproche et se pose sur les genoux du brun. La tête de Bailey se retrouve enfoui dans son cou et Jill passe une main dans ses cheveux. Il la serre contre elle et elle l’entend murmurer dans son cou. Elle ne dit rien, il lui a manqué aussi mais elle se tait. C’est en grande partie de sa faute s’ils s’éloignent autant et aussi vite. Elle voudrait que tout soit comme avant, qu’ils puissent être comme ça à chaque heure du jour ou de la nuit. Mais ce n’est plus possible maintenant que les jumeaux sont nés.

« Presque ? »
« Je suis tout à toi. »

Elle le sait depuis longtemps, bien avant que je ne lui dise oui sur cette plage. Amoureux transi depuis ce qui me semble être une éternité. On avait enfin consolidé notre couple et désormais, il nous fallait entretenir les fondations. Cela passe par une soirée à deux, sans responsabilités, juste comme deux amants qui prennent un peu le temps de s’aimer et de se parler. On oublie le rôle de parents, juste le temps d’une soirée. Encore plus lorsqu’elle se rapproche de moi sans hésiter, lorsque son corps viens se blottir contre le mien. Des gestes que l’on avait pas eu l’un envers l’autre depuis bien trop longtemps. Je prends le temps, de serrer mes bras autour de ses hanches, de laisser mes lèvres parsemer sa peau de baiser. Juste un instant de plus, dans l’harmonie et le silence. Juste nous et le reste du monde bien loin au-delà des barrières de ce jardin.

***

Main dans la main. Pied nu sur le sable, on se balade au gré du bruit des vagues. Logan cours en avant, notre fidèle compagnon qui refuse de quitter nos côtés. Elle est silencieuse Jill, elle me fait peur parfois, lorsqu’elle semble se perdre dans sa tête comme cela. « Est-ce que tu veux parler ? » que je tente tout doucement, dans la plus grande des délicatesses. Elle sait que jamais je ne la forcerai à s’ouvrir à moi. On s'est promis monts et merveilles tous les deux, il y a une éternité de cela. Et les promesses restent. Ne jamais se mentir, ne jamais forcer l’autre à parler. Ce n’est pas constructif. Cela ne nous ressemble en rien. Mes doigts viennent resserrer les siens lentement sans la presser jamais. J’attends… Le silence ou la parole. Je prendrais tout ce qu’elle me donnera.

Cette soirée a comme une saveur de retour en arrière. Elle a l’impression pendant une seconde que tout pourrait être comme avant. Parce qu’il n’y a pas de bébé, pas de discussion qui les concerne et qu’ils sont juste tous les deux contre le reste du monde. Elle se sent bien ce soir la McGrath, elle se sent à sa place et ce n’était pas arrivé depuis un long moment. Ils jouent et discutent pendant un moment qui ne lui semble pas assez long. Elle n’a aucune envie de dormir, et elle mettra de côté la fatigue juste pour pouvoir profiter de cette soirée un peu plus longtemps. Le soleil commence à se coucher et la nuit commence à tomber. Bientôt, ils se retrouveront dans la noir au milieu de leur jardin. Elle s’est assise sur ses genoux et ce genre de proximité lui avait terriblement manqué. Elle l’a repoussé un bon nombre de fois, mais, ce soir, c’est elle qui vient chercher un peu plus de contact.

***

La soirée passe et ils se retrouvent à marcher sur la plage, main dans la main. Elle n’a pas regardé l’heure depuis qu’ils se sont posés dans le jardin, dans l’espoir que la nuit dure une éternité. Elle tourne la tête vers lui, en fronçant les sourcils. “Parler de quoi ?” C’est leur soirée, leur retour en arrière pendant quelques heures. Elle passe devant lui pour mettre ses bras autour de son cou. Des contacts qui n’avaient pas eu lieu depuis des semaines. Elle laisse ses yeux profiter de ceux de Bailey pendant de longues secondes. Elle plonge sa tête dans son cou et elle aimerait rester là pour toujours. “Je t’aime.” C’est nécessaire qu’il le sache après tout ce qu’il s’est passé. Et, quoi qu’il arrive, elle l’aimera toujours à sa manière. Et ce soir rien n’est compliqué, parce que ce soir ils sont juste tous les deux et plus rien ne compte.

Cette plage est éloignée de tout, inconnu des touristes. Notre havre de paix que je chéris depuis les premiers jours, qui est devenu si important à nos yeux désormais. C’est ici que l’on a eu les conversations les plus importantes de notre couple. Ce soir, c’est ici, que l’on a besoin de se retrouver. Rien que tous les deux, entourer par le bruit des vagues et baigner par la lumière du soleil couchant. C’est apaisant de sentir sa main dans la mienne, d’entendre sa respiration si calme. Pourtant, je sens qu’elle m’échappe parfois, qu’elle se retrouve perdu dans ses propres pensées. « Parler de quoi ? » Elle refuse la conversation et je ne peux insister tant, je lui avais promis que ce soir, on ne parlerait pas des jumeaux ou de son accouchement. On doit se retrouver tous les deux avant de passer à l’étape supérieure. Alors, je prends mon mal en patience, je la laisse venir à moi. Ses bras, qui s’enroulent autour de ma nuque, me soulagent plus que de raison. Mon regard se perd dans le sien alors que je lui souris tendrement. Nous n’avions pas été aussi proches depuis ce qui me semble être une éternité et lorsqu’elle vient se blottir dans mes bras, j’ai la sensation que mon cœur vrille à cent à l’heure. « Je t’aime. » Ces quelques mots qui me font frissonner de la tête aux pieds. Mes lèvres qui viennent se loger sur sa tempe, mes bras qui la serre tout contre moi. « Je t’aime aussi, Jill. » Plus que tout. C’est tout ce qui devrait importer.

On se perd l’un contre l’autre pendant ce qui semble être des heures avant que Logan ne vienne nous chercher et que l’on reprenne notre balade. Le soleil a presque disparu à l’horizon, une vague viens lécher mes chevilles. Jill marche devant moi et comme un gamin, je lève le pied pour lui envoyer un peu d’eau, avant de lever la tête au ciel, faisant mine de rien. Pour mieux recommencer une seconde après. Lâcher prise, profiter de l’instant présent. Elle me lance un regard faussement noir et je retiens un rire. « T’as senti des gouttes toi aussi ? » Alors que sa robe est trempée à l’arrière et que mes vêtements sont encore immaculés.

Elle aime cette soirée Jill. C’est en dehors de tout, une bulle qu’ils ont réussi à reformer le temps de quelques heures. Ils se baladent sur la plage et elle en profite pour s’arrêter face à lui et enrouler ses bras autour de son cou pour se serrer contre lui. Ca fait des jours, des semaines que ce n’est pas arrivé et ça lui fait du bien. L’absence de ses enfants était bénéfique, elle respire mieux ce soir sur cette plage. Elle lui dit qu’elle l’aime de la manière la plus naturelle qui soit, elle l’aime même si elle sent que tout est en train de leur échapper, que c’est qu’une question de temps avant qu’elle ne gâche absolument tout. Elle arrive à tout garder en elle encore, un jour elle explosera, et il vaudrait mieux ne pas être dans les parages.

Le temps passe et elle garde sa tête blottit dans le cou de l’homme qu’elle aime un long moment. Le soleil se couche et elle a le temps de le voir décliner à l’horizon. Le moment est suspendu avant que Logan ne vienne aboyer parce qu’ils sont trop lents à son goût. Jill pouffe de rire et ils reprennent leur marche, presque dans le noir. Le silence se fait et elle marche en avant, profitant du sable qui bouge sous ses pieds. Elle adore les plages, le bruit de l’eau, tout est apaisant ce soir. Elle reste un moment dans ses pensées mais un cri de surprise s’échappe de ses lèvres alors qu’elle se prend une vague d’eau dans le dos. Elle se tourne pour faire face à un Bailey espiègle et rieur. Elle lance un faux regard noir et se rapproche doucement avant de lui envoyer des litres d’eau à la figure. “Ouais je crois aussi.” Et elle pouffe de rire avant de mettre de nouveau un coup de pied dans l’eau.

La plage est complètement déserte. Il ne reste que nous et le bruit des vagues. Jill qui marche en avant, mes yeux qui se perdent sur silhouette. J’aime cette robe blanche, ce ne sont que des bons souvenirs. Sur une plage du bout du monde, le jour où l’on s’est dit oui. C’était, il y a une vie de ça. Les jumeaux étaient déjà de la partie sans que l’on soit au courant. Tant de choses on changer depuis. Et plus je l’observe, plus je me demande si un jour elle ne finira pas par vouloir retrouver pleinement sa liberté. J’ai épousé un électron libre et ce n’est pas toujours évident de lui laisser tout l’espace dont elle aurait besoin quand j’ai aussi besoin de sa présence à mes côtés. Un soupire m’échappe alors que je secoue la tête, je ne veux pas laisser ce genre de penser m’envahir ce soir. On s'est promis que tout irait bien et c’est tel un gamin que je finis par arroser ma femme qui marchait juste devant moi. Je lève les yeux au ciel, fait semblant de chercher d’où l’eau aurait bien pu venir pour la taquiner. Je n’avais pas prévu, une seule petite chose, qu’elle se venge. Pas le temps de m’échapper que je me fais arroser de la tête aux pieds. « Ouais je crois aussi. » Son rire me réchauffe le cœur alors qu’elle recommence à m’arroser. « Ah ouais, tu me cherches ? »

Comme deux enfants, on commence à se courir après sur la plage. Elle est plus rapide que moi au départ, mais je finis par la rattraper en passant mes bras autour de ses hanches. « Je te tiens. » Je voulais la ramener au bord de l’eau, mais elle se débat la brunette et ses coups dans le vent me déséquilibre. En une seconde, on se retrouve étaler sur le sable tous les deux. Un vrai éclat de rire nous prend. « Oops désolé. » Je pouffe à nouveau avant d’aller effleurer ses lèvres des miennes. J’allais prolonger le baiser, mais Logan choisi ce moment pour venir nous donner un grand coup de langue. « Logan… » Je soupire et me décale pour me laisser tomber sur le sable. Je ris encore un peu avant de tourner la tête vers Jill. Mes doigts viennent chercher les siens pour garder le lien. « On voit les étoiles. »

Tout est parfait ce soir. Comme s’ils étaient projetés des mois en arrière. La soirée ne sera pas assez longue elle en est certaine, elle aimerait étirer ça pour l’éternité. Alors elle repousse le moment où ils iront dormir, et ils se retrouvent tous les deux à marcher au bord de la plage pendant un très long moment. Ils ne comptent pas les kilomètres, ils regardent seulement le soleil se coucher dans un silence apaisant. Si seulement tous les jours pouvaient être comme ça. Mais elle sait au fond, que ce n’est qu’une parenthèse au milieu du chaos ambiant de ces derniers mois. Il l’éclabousse et elle fait de même, ils vont finir par être trempés et c’est bien la dernière chose qui lui importe. Elle rit à gorge déployée et ils se retrouvent comme deux enfants à courir au bord de la plage. Elle arrive à tenir la distance jusqu’à ce qu’il la rattrape après de longues minutes de course effrénée.

Elle se débat alors qu’il la porte et ils finissent par s’écrouler tous les deux dans le sable, totalement essoufflés. “Tu triche !” Il n’a pas tricher mais elle déteste perdre la McGrath. Il pose ses lèvres sur les siennes et Jill l’aurait continué si Logan n’était pas arrivé au milieu pour capter leur attention. Elle enlace ses doigts à ceux de Bailey alors qu’il s’éloigne. Elle le regarde lui qui regarde les étoiles. “Le ciel est clair ce soir.” Mais elle se fiche des étoiles, Logan est parti en courant pour continuer de se défouler sur la plage et c’est elle qui revient prendre possession des lèvres de son mari. Elle prolonge le baiser avant de poser sa tête sur son épaule et enlace leurs doigts qu’elle dépose sur sa hanche avant de regarder vers le ciel. “J’ai pas envie de dormir.” Elle a juste envie de profiter du temps où ils sont encore seul tous les deux. Parce qu’elle sait que ça ne durera pas.  

Les barrières qui s’étaient forgés entre nous cèdent les unes après les autres, au fil de nos pas sur le sable mouillé. On a laissé nos problèmes dans la maison, loin derrière nous. En rien, on ne s’impose pas une conversation lourde de sous-entendus et avec le besoin primaire de résoudre quoique ce soit. On se contente d’être nous en profitant de l’instant présent. C’est tout ce dont on avait besoin tous les deux. Rien ne pouvoir venir troubler le moment, on se laisse aller à la simplicité. Encore plus, lorsque l’on commence à se chamailler comme deux enfants. C’est simple, c’est sans angoisse et encore moins de tension. On prend le temps de rire à gorge déployée jusqu’à en tomber sur le sable, l’un contre l’autre. Et une nouvelle fois, le temps semble se suspendre.

« Tu triche ! » « Jamais. » que je plaisante, cherchant déjà ses lèvres avec les miennes. Ce genre de baiser qui m’as tellement manqué ces dernières semaines. Allongé sur le sable, je relève les yeux vers le ciel éclairé par de très nombreuse étoiles. Je me perds à rêvasser avant que le visage de Jill s’impose à ma vision. Un sourire se dessine sur mes lèvres, un sourire que je ne réserver qu’à elle. C’est elle qui initie le baiser, bien plus tendre, bien plus long. Ma main vient accrocher sa nuque, mon pouce qui caresse sa joue. Profiter de la proximité du moment, sentir les frissons dans le bas-ventre tel un adolescent. Elle vient se blottir contre moi et ma main vient instinctivement glisser dans son dos, la garder contre moi encore un peu plus longtemps. « J’ai pas envie de dormir. » Un rire m’échappe alors que je viens embrasser son front. « Tu veux juste pas perdre. » que je la taquine, alors que je retiens un bâillement. Je suis réellement fatigué, je pourrais m’endormir sur le sable qu’importe l’humidité, mais je lutte si fort pour ne pas sombrer. Profiter encore et encore de sa présence, de Logan qui est venu se coucher contre mon flanc. « On fera ça souvent, hein ? » En faire quelques choses de trop régulier nous apporterait du stress, l’obligation de tenir cette promesse hebdomadaire. Je voudrais que cela reste une occasion proposer avec le cœur. « Juste tous les deux. »