Cela doit faire vingt minutes que j’hésite, garer sur le trottoir près de l’appartement ou se trouve quelqu’un qui pourrait changer une grande partie de ma vie. Cela fait maintenant près de trois ans que j’ai appris l’identité de mon père, de l’homme qui n’avait jamais été présent dans ma vie, mais dont je n’ai jamais non plus voulu connaître l’identité. Lorsqu’il s’est fait arrêter, ma mère a pris un malin plaisir à m’annoncer qui il est. Depuis, je n’ai jamais voulu en savoir plus, je n’ai jamais cherché à creuser plus, jusqu’à cet article sorti il y a presque huit mois sur l’affaire qui avait inculpé mon paternel quelques années plus tôt. Cet article parlé de son acolyte, mais surtout de sa famille, de sa femme et de sa fille. C’est de détail qui a attiré mon attention, celui de savoir qu’il a une fille. Même si le sujet de la famille a toujours été compliqué pour moi et qu’avoir simplement ma cousine dans ma vie me suffit, je n’ai pas résisté à l’envie de savoir qui elle est, ce qu’elle fait dans la vie. J’ai embauché quelqu’un pour chercher son identité, chercher ou elle vit et si il a fallu des mois, aujourd’hui j’ai appris qu’elle vit à Brisbane. Un monde immense et pourtant elle vit dans la même ville que moi. Je dois avouer que lorsque je l’ai appris, je n’ai rien voulu faire, je n’ai pas eu envie de chambouler sa vie, de débarquer comme ça alors je n’ai rien fait. Mais cela n’a duré que quelques semaines. Plus les semaines sont passés et plus j’ai eu envie de voir à quoi elle ressemblait, envie de la rencontrer quitte à me faire jeter.

C’est donc devant son immeuble que je me trouve depuis vingt minutes, à regarder le petit bout de papier où j’ai noté l’adresse. Je ne suis pas nerveux, pas vraiment du moins, mais je n’ai surtout pas envie de chambouler sa vie si elle en a une belle. Je finis alors par prendre mon courage à deux mains et monter les marches rapidement jusqu’au bon numéro d’appartement. J’hésite encore quelques secondes avant de frapper à la porte. Il ne faut pas longtemps pour que la porte de l’appartement s’ouvre sur une belle blonde. La première chose que je remarque, ce sont ses yeux bleus, d’un même bleu que les miens et sa peau parsemée de tache de rousseur comme l’est la mienne. « Euh… Désolé de vous déranger, je cherche Itziar. Itziar Cortes de Aguilar. » Je lui adresse un léger sourire et je réalise que je ne sais même pas ce que je vais dire à ma ‘demie-sœur’ si c’est elle. Je suis sur le point de lui lâcher une véritable bombe.

@Itziar Cortés de Aguilar

Ce devait être une journée comme les autres. Une journée banale pour Itziar. Elle n'avait pas travaillé hier soir et s'était levée de bonne heure pour aller surfer. Elle était partie tôt avec son surf. Le meilleur moment selon elle pour éviter à la fois les embouteillages et le monde à la plage. Il était bien trop tôt pour les touristes et la plupart des gens présents à la plage à cette heure-ci étaient venus pour la même chose qu'elle : profiter des conditions optimales pour attraper quelques vagues avant de commencer sa journée. C'était ce qu'elle avait fait, jusqu'à ce qu'elle considère qu'elle en avait eu assez, alors que les vagues se calmaient un peu et que les serviettes sur le sable commençaient à se faire plus nombreuses. Elle avait remballé ses affaires et était rentrée à Spring Hill. Après une douche rapide elle s'était versée un bol de céréales avec du lait qu'elle avait avalé en navigant de vidéos en vidéos sur youtube. Elle n'était pas pressée. Elle n'avait pas d'obligation particulière jusqu'à ce soir quand elle irait prendre son shift au bar. Elle avait donc la journée pour elle. Peut-être qu'elle déciderait de sortir en début d'après-midi. pour aller faire quelques courses, pour s'aérer un peu aussi. Elle n'avait rien de vraiment urgent à acheter, mais elle aimait passer du temps hors de l'appartement et profiter de l'extérieur. C'était l'excuse parfaite.

Pour une fois qu'elle n'était pas en retard sur ses projets à rendre pour l'université. Elle n'était pas assise à son ordinateur, avec une bonne dizaine d'onglets ouverts à tenter tant bien que mal de tout finir avant la deadline qui lui paraissait bien plus proche qu'elle n'aurait dû l'être. C'était un changement appréciable et elle n'arrivait pas encore à déterminer si c'était parce qu'elle avait enfin réussi à trouver un rythme qui ne lui faisait pas tout faire à la dernière minute avec une pression incroyable ou si en ce moment, les professeurs étaient tout simplement un peu plus cléments avec eux, ayant considérablement réduit leur charge de travail. Cela dit, le pourquoi du comment n'avait que peu d'importance pour elle. Ce qui comptait le plus c'était qu'elle avait plus de temps pour faire autre chose et profiter de sa journée avant de devoir aller travailler. Elle avait sorti sa guitare et était en train de jouer depuis une petite demi-heure. Se laissant porter par la musique, par les accords que ses doigts lui dictaient de jouer. Elle ne cherchait pas à jouer une chanson en particulier. Si ça avait été le cas, elle aurait tout simplement cherché une partition sur internet. Non le but était plutôt de tester de nouvelles mélodies, au hasard. Jusqu'à ce qu'elle soit interrompue par quelqu'un frappant à la porte. Son premier réflexe bien entendu est de se dire qu'il s'agit d'un voisin. Qu'elle jouait peut-être un peu fort et que ça l'avait dérangé. Il n'en est rien cependant. Quand elle ouvre la porte c'est un jeune homme qu'elle n'a jamais vu qu'elle découvre et il n'a pas l'air là pour la musique. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il la cherche elle. Elle lève un sourcil interrogateur avant de prendre la parole. "Euh ..C'est moi. C'est pour quoi ?" demande t-elle. Curieuse de savoir ce qu'il l'amène ici et surtout pourquoi il semble connaître son nom, mais pas son visage.

Je ne suis pas sûr que cela soit une véritable bonne idée. Je ne suis pas sûr que je devrais être là, devant la porte de ma demi-sœur. Je ne sais pas si je devais lui apprendre qu’elle a un frère dont elle ignore l’existence depuis toujours. Mais… Est-ce qu’elle ignore vraiment mon existence ? Bien sûr que j’ai pensé au fait qu’elle n’est simplement jamais eue envie de me rencontrer. Peut-être qu’elle sait que j’existe, peut être que notre père le sait également mais qu’il n’a juste jamais voulu me voir, me rencontrer, me connaître. J’ai l’impression d’être de retour des années en arrière, lorsque je doutais toujours tout, lorsque je me posais toujours des questions sur les intentions des gens, sur leurs vérités, et je déteste cela. De savoir tout cela sur mon père d’un coup, de savoir qu’il est encore vivant me fait douter, me poser des questions sur tout. Lorsque je ne savais rien sur lui, il était assez facile de ne pas me poser de questions, de laisser les choses tel quel et de mettre toute cette partie de ma vie de côté comme je l’ai toujours fait, comme ma mère l’a toujours fait. Je suis sûr qu’elle a fait exprès de finir par me dire qui est mon père, qu’elle a fait exprès pour me pourrir un peu plus la vie.

C’est l’apparition d’une blonde de l’autre côté de la porte qui me fait sortir de mes pensées. Mes premières pensées vont vers son physique et le fait qu’elle me ressemble un peu. Quelques traits de son visage me rappel les miens et cela me fait un peu bizarre à vrai dire. « Euh ..C'est moi. C'est pour quoi ? » Comment lui lâcher la bombe ? Comment lui annoncer ce qu’elle ne se doute sûrement pas. Je me gratte un peu la gorgée, ouvre une première fois la bouche mais rien ne sort. Je me doute déjà un peu de sa réaction, je me doute qu’elle me poussera surement dehors, du moins c’est ce que j’imagine. « Je m’appelle Matthias, Matthias Calloway et il semblerait que… Qu’on est le même père. » Je ne connais pas toute l’histoire, mais j’en connais assez pour savoir que normalement mon père ne connaît même pas mon existence. « Je sais que je dois sûrement passer pour un dingue mais… J’ai appris son identité il y a pas longtemps. J’ai trouvé des lettres. » Je lui montre la petite pile de lettre que j’ai dans la main. « Si vous ne voulez pas entendre parler de tout ca… Je le comprendrais, mais j’avais juste besoin de vous voir. » J’avais besoin de voir à quoi ressemblé ma demi-sœur. Je hais définitivement ma mère pour avoir une nouvelle fois bouleversé ma vie alors que tout allait bien.

@Itziar Cortés de Aguilar

Elle ouvre la porte, Itziar et elle tombe sur un jeune homme qui semble la chercher. Il connaît son nom complet, mais il n'a pas l'air d'en savoir plus. Il ne semble pas la reconnaître quand elle lui ouvre. Elle se demande alors si elle n'aurait pas commandé quelque chose, mais il a les mains vides. C'est donc la confusion qui peut se lire sur le visage de l'espagnole. Cependant, elle n'est pas du genre à y aller par quatre chemins. Elle est curieuse et sa première réaction quand un parfait inconnu se pointe chez elle est donc de lui demander ce qu'il lui veut. Il commence par se présenter. Matthias Calloway. Elle n'a jamais entendu ce nom avant aujourd'hui et pour le coup, cela ne lui donne pas beaucoup d'information quant à la raison de sa présence devant chez elle. C'est même une information qu'il aurait pu occulter sur le coup puisque bien éloignée de celle qu'elle attend réellement. La suite en revanche, lui paraît ahurissante. Il semblerait qu'ils aient le même père. Il ne lui en fallait pas plus pour la faire exploser de rire. "Pardon ?" qu'elle demande, comme si elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu, pas sûre d'avoir bien compris. Ca lui paraît tellement absurde qu'elle se penche légèrement pour regarder derrière lui, comme s'il y avait une caméra, comme si c'était une blague, mais non, elle ne voit pas de caméra et personne en train de filmer quoi que ce soit. "T'es sûr que tu te trompes de personne ?" demande t-elle, sceptique. Pour elle tout cela n'a aucun sens. Elle se trouve littéralement à des milliers de kilomètres de chez elle, il y avait forcément erreur sur la personne. Elle ne savait pas comment il avait trouvé son nom, mais il y avait sans doute eu une erreur quelque part. Son nom était ressorti par hasard ou alors c'était quelqu'un de son entourage à lui qui voulait lui faire une blague en le faisant passer pour un parfait idiot. Oui c'était probablement ça. Ca avait bien plus de sens. "Je confirme, là je suis à 99% certaine que t'es dingue." lui répond-elle attrapant tout de même la pile de lettres qu'il tient dans la main. Elle en parcourt une rapidement. Elle date d'il y a un moment, elle n'était même pas encore née à l'époque, mais l'écriture ressemble effectivement à celle de son père. Le prénom, griffonné à la fin est lui aussi identique. Elle arrête de rire, son sourire s'efface tout aussi rapidement, alors qu'elle passe à la lettre suivante. Rédigée elle aussi à peu près à la même époque. Cette écriture si familière une fois de plus. Elle ne comprend pas. Elle n'avait pas connaissance d'un quelconque lien de son père avec l'Australie, elle avait eu vent de cette année d'études qu'il avait passé ici, elle n'y avait jamais accordé plus d'attention. Ce n'était pas une période que son père mentionnait particulièrement, notamment parce que ce n'était rien de plus que des souvenirs d'étudiant ayant passé une année à l'étranger. Il parlait encore moins d'un enfant qu'il aurait eu là-bas. Il avait ses secrets, mais il était bien trop tourné famille pour cacher quelque chose d'aussi important. Elle repli les lettres avant de les tendre au jeune homme pour qu'il les récupère. Elle est sans voix. Sur le moment, elle préférerait que ce soit une blague, elle attend que quelqu'un débarque, annonçant qu'elle vient de se faire piéger, mais rien ne vient et le jeune homme est toujours planté là, sur le pas de la porte.

Il lui dit qu'il comprend si elle ne veut pas entendre parler de tout ça, mais qu'il avait seulement besoin de la voir. Ca lui fait de la peine pour lui, parce qu'elle ne sait pas trop ce qu'elle peut faire de plus, ni même ce qu'elle peut bien lui apporter. "Je sais pas vraiment ce que tu veux qu'j'te dise." Déclare, s'écartant tout de même de la porte, lui faisant signe d'entrer. "Si tu m'as trouvée j'imagine que c'est parce que t'as fait des recherches. Si t'as fait des recherches tu dois donc savoir qu'il est en prison. C'est pas franchement la meilleure des situations." Continue t-elle en haussant les épaules. Elle ne sait pas vraiment ce qu'il attend d'elle. Il la vue, il a dit que c'était ce qu'il voulait et puis après ? C'était tout, il avait vu à quoi elle ressemblait et ça suffisait ? "Comment tu m'as trouvée ? Ca t'as pris combien de temps ?" demande t-elle, sa curiosité n'étant jamais bien loin.

J’aurais été le premier à douter, à ne pas croire la personne face à moi si quelqu’un débarquait en me sortant ce genre d’informations. La blonde devait sûrement avoir une petite vie tranquille, une petite vie dans laquelle elle sait parfaitement qui est qui, et moi je viens la bousculer, la changer avec simplement quelques mots. J’ai hésité avant de venir, plus pour elle que pour moi. Concernant ma famille, il n’y a pas grand-chose qui me surprend parce que je sais parfaitement comment est ma mère, je sais qu’elle m’a toujours caché des choses, alors apprendre que mon père n’a jamais connu mon existence, qu’il n’a jamais eu la chance de pouvoir choisir si il voulait être présent ou non ne me surprend absolument pas. Je tente d’annoncer la nouvelle le plus simplement possible, le plus délicatement possible également, mais je crois qu’il n’y a pas vraiment de bonne manière de lacher une telle bombe. Et lorsque je lui dis, la femme qui se trouve face à moi se met à rire. « Pardon ? » Je lui adresse un léger sourire, comme pour lui faire comprendre que ce n’est pas une plaisanterie, mais la blonde n’a pas l’air de croire à mon histoire. Après tout, des gens malhonnête, prêt à mentir et exploiter les autres ne sont pas si rare que cela. « T'es sûr que tu te trompes de personne ? » J’hoche la tête. « Oui, j’en suis sur à 100%. » Parce que j’ai vérifié des millions de fois les informations avant de venir frapper à sa porte. Parce que je ne voulais pas bousculer la vie de quelqu’un qui au final n’était pas le bonne personne. « Je confirme, là je suis à 99% certaine que t'es dingue. » Je comprends les doutes de ma demi-sœur alors je lui tends les lettres que j’ai récupérées chez ma mère, ses lettres qui ne mentionne jamais la grossesse, ou ma naissance. Je ne suis pas surpris à vrai dire qu’elle ne lui ait jamais dit que j’existais, je sais comment est ma mère, et elle m’a toujours menti sur des tonnes de choses. La blonde perd doucement son sourire en lisant les lettres, et je la laisse faire, sachant qu’il est à présent trop tard pour revenir en arrière.

« Je sais pas vraiment ce que tu veux qu'j'te dise. Si tu m'as trouvée j'imagine que c'est parce que t'as fait des recherches. Si t'as fait des recherches tu dois donc savoir qu'il est en prison. C'est pas franchement la meilleure des situations. » « Oui, je le sais. Depuis qu’il est en tôle à vrai dire. Mais je ne savais pas qu’il avait une famille. Je l’ai appris y a seulement quelques mois. » Lorsque j’ai appris qui est mon père et qu’il est en tole, je n’ai pas vraiment chercher à en savoir plus, parce que j’ai accepté le fait qu’il ne fasse pas partir de ma vie. J’ai mis du temps à l’accepter, du temps à avaler le mensonge de ma mère, mais j’ai fini par accepter que je ne le connaitrais jamais. « Comment tu m'as trouvée ? Ca t'as pris combien de temps ? » Je lui adresse un léger sourire. « Est-ce qu’on pourrait discuter de ca… Quelque part d’autre que le hall de ton appartement ? Je te dirais toute l’histoire. » Je ne vais pas la forcer à me laisser entrer chez elle, je comprendrais qu’elle ne veuille pas, mais je ne veux pas faire ca devant le pas de la porte. Si il faut qu’on aille dans un restaurant, ou même chez moi alors faisons cela. Elle semble pourtant hésiter de me fait signe de rentrer. « Pour faire simple, ma mère ne m’a jamais dit qui est mon père jusqu’à ce qu’il se fasse arrêté il y a quelques années. J’ai toujours voulu savoir mais elle n’a jamais rien dit, même pas quelques détails à part s’en servir pour… Me descendre. Mais ca c’est une autre histoire. » Elle n’a pas besoin de savoir tout de suite à quel point ma mère n’est pas quelqu’un de bien. « Quand j’ai su qui il était, ca fait longtemps que j’avais accepté le fait de ne pas avoir de figure paternelle, alors je n’ai pas cherché plus loin, surtout qu’il ne connaît pas mon existence. C’est il y a quelques mois, quand j’ai appris qu’il avait une famille que je me suis intéressé à toi. Je sais que je dois sûrement passer pour un taré mais… Ne pas l’avoir lui dans ma vie, c’est une chose, mais ne pas avoir ma demie-sœur… » Je me passe la main dans le nuque. Je dois sûrement passer pour quelqu’un de bizarre. « J’ai engagé un détective pour te retrouver et quand j’ai découvert que t’habitais à Brisbane… Enfin, j’ai hésité avant de venir te voir, parce que je suppose que je voulais pas chambouler ta vie… » Je lui adresse un léger sourire.

@Itziar Cortés de Aguilar

Ca lui paraît irréel et même si elle a les preuves sous les yeux, elle a encore du mal à y croire. Elle ne veut pas y croire. Elle ne veut pas croire à ce changement, ce bouleversement dans sa vie tranquille. Elle a vécu la vie de château pendant plus de vingt ans, enfant unique, choyée, à qui on obéissait au doigt et à l'oeil. Elle a appris à exister en tant que personne quand elle a tout perdu. Appris que l'argent ne faisait pas tout, qu'elle n'avait pas besoin d'avoir un compte en banque qui déborde pour vivre sa vie. Qu'elle n'avait pas non plus besoin de ses pseudos amis qui ont eu vite fait de lui tourner le dos et de l'oublier quand le scandale a éclaté. Il a fallu du temps pour s'adapter et c'était déjà un bouleversement suffisant pour elle. Elle n'avait pas besoin de plus, elle n'avait pas besoin d'autre changement dans sa vie, mais les faits étaient là. Il avait des lettres, il semblait plus que bien renseigné, la probabilité que tout cela soit une erreur se faisait de plus en plus faible. Une fois de plus elle devait se rendre à l'évidence qu'elle ne savait pas tout de son père et qu'il cachait bien plus que son blanchiment d'argent. C'était comme s'il la trahissait une fois de plus et elle avait du mal à comprendre comment il avait pu garder le silence tout ce temps. A moins qu'il ne soit pas au courant et ça changeait tout. Elle ne sait pas ce que Matthias sait d'Antonio, certes il a ces lettres visiblement envoyées à sa mère il y a des années de cela, mais il n'a peut-être pas grand-chose d'autre. Peut-être ne sait il pas qu'il est en prison. Elle trouve important de lui préciser parce que si son intention était d'entretenir une quelconque relation avec lui, ce n'était clairement pas le bon moment. Il lui apprend cependant être au courant et elle hoche la tête, de haut en bas, machinalement avant de le laisser entrer dans l'appartement, fermant la porte derrière elle. "Le salon est par là !" Lui indique, pointant vers sa droite. "Tu veux boire quelque chose ? Un café ? Une bière ? Dix shots de vodka ?" demande t-elle. L'alcool n'était jamais une solution, mais en même temps, elle ne pouvait s'empêcher de faire un peu d'humour, à sa façon, pour détendre l'atmosphère. Après une annonce comme celle-ci, c'était plus que nécessaire.

Elle le laisse s'installer dans le salon avant d'aller chercher rapidement à boire dans la cuisine. Elle dépose le tout sur la table basse et s'installe à son tour, prête à écouter son histoire. Sa mère ne lui a jamais dit qui était son père et il l'a seulement appris quand toute l'histoire a été dévoilée au grand public. Il a grandi dans l'ignorance totale et a finalement dû se construire avec cette ombre au tableau. Ca lui fait de la peine pour lui, surtout quand elle de son côté a tout eu et n'a jamais eu aucune raison de se plaindre. Il lui apprend aussi que son père, leur père, n'était pas au courant de son existence et ça la rassure un peu, égoïstement, parce qu'elle n'était pas sûre de pouvoir accepter une déception de plus de la part de son père. S'il n'était pas au courant, il ne leur avait rien caché à sa mère et elle et elle n'avait pas à lui en vouloir, il était parfaitement en droit d'avoir eu une vie quand il était plus jeune. "Tu passes pas pour un taré, je m'excuse d'avoir dit que t'étais dingue, c'est juste beaucoup d'un coup, mais je te crois." Lui répond-elle avant d'ajouter. "J'suis désolée que t'ai eu à grandir sans père, je trouve que c'était pas cool de la part de ta mère de te cacher son existence, comme c'était pas cool de lui cacher ton existence. C'est quelqu'un de bien ... Malgré tout." Il avait ses vices et ses défauts, mais c'était un père aimant qui l'avait toujours choyée et traitée comme une princesse. Il avait fait des erreurs dans ses choix, avec ses magouilles, mais elle n'avait rien à lui reprocher quand il s'agissait de son rôle de père. Elle était sincèrement désolée que Matthias n'ait pas pu en profiter. "S'il avait su, je suis sûre qu'il aurait voulu être dans ta vie." Peut-être aurait il été un peu sceptique au début, mais il y avait des moyens infaillibles pour prouver les dires du jeune homme. Cette phase de scepticisme passée, il aurait voulu être impliqué. Il avait toujours été très tourné vers la famille. "C'est un peu raté pour pas chambouler ma vie." Déclare t-elle en riant, haussant les épaules en même temps. "Mais il est bon ton détective, j'ai rien remarqué du tout." Ajoute t-elle. Elle ne connaissait du métier de détective que ce qu'elle en voyait dans les films, c'était peut-être loin de la réalité, mais elle n'avait pas du tout remarqué qu'on se renseignait à son sujet. "Du coup, tu attends quoi de tout ça ? De moi ?" demande t-elle. Maintenant qu'il l'avait vu, qu'il lui avait appris la nouvelle, c'était quoi la suite ? Qu'est-ce qu'ils devaient faire ?

Je ne sais pas vraiment grand-chose de mon père. De un, parce que je n’ai jamais vraiment voulu savoir, ma mère me répétant sans cesse qu’il ne voulait juste pas de moi. Et de deux, parce que ma mère ne m’a jamais vraiment rien dit sur lui. Lorsque j’ai appris son identité, je ne me suis demandé si c’était vraiment lui qui n’avait jamais voulu me connaître ou si c’était encore un mensonge énorme que ma mère avait invité. Je me suis posé la question, mais j’ai fini par laisser tomber, ne voulant au final pas savoir la vérité. J’ai passé ma vie à grandir sans un père, sans une présente paternel, en entendant qu’il n’a jamais voulu de moi et quand il a fini en prison, je me suis dit que c’était mieux comme cela. Cela m’a pris des années, mais je m’étais fait une raison, je m’étais habitué à ne pas vraiment avoir de parents. Ma famille c’était ma grand-mère, ma tante et ma cousine. Point. Avoir une mère comme la mienne n’a pas été facile mais je m’y suis fait. Tout comme je me suis fait à l’idée de ne jamais connaître mon père. Mais c’est lorsque j’ai appris l’existence d’Itziar que les choses ont changés. Une sœur c’est différent, ca change la donne. Alors j’ai fouillé, cherché et j’ai hésité en apprenant sa présence à Brisbane avant de venir. J’ai hésité mais pourtant aujourd’hui je suis devant elle. « Le salon est par là ! » finit-elle par me dire en se poussant pour me laisser entrer. « Merci. » Je la suis au salon, ne pouvant m’empêcher de regarder un peu autour de moi. « Tu veux boire quelque chose ? Un café ? Une bière ? Dix shots de vodka ? » « Je dois avouer que les shots c’est tentant mais je vais rester au café. » J’ai eu du mal à accepter tout cela, alors je n’imagine même pas ce que cela doit faire à la blonde.

Ma demi-sœur me questionne alors un peu sur les raisons de ma venue et surtout sur comment j’ai fait pour la retrouver. Je lui réponds, le plus honnêtement possible, parce qu’après tout, je n’ai rien à cacher. « Tu passes pas pour un taré, je m'excuse d'avoir dit que t'étais dingue, c'est juste beaucoup d'un coup, mais je te crois. » Je lui adresse un sourire pour lui faire comprendre que je ne lui en veux pas. N’importe qui aurait besoin d’un peu de temps pour avaler ce que je viens de déballer à la blonde. Je suis cependant soulagé qu’elle me croit, qu’elle ne pense pas que je suis là pour profiter de je-ne-sais-quoi. « J'suis désolée que t'ai eu à grandir sans père, je trouve que c'était pas cool de la part de ta mère de te cacher son existence, comme c'était pas cool de lui cacher ton existence. C'est quelqu'un de bien ... Malgré tout. » J’hausse les épaules, ce n’est pas sa faute après tout. Mais cela me fait bizarre d’apprendre que malgré tout, malgré la prison et les mensonges de ma mère, mon père est en fait surement quelqu’un de bien. J’hésite quelques secondes avant de prendre la parole. « Je me suis fait à l’idée de grandir sans père, tu sais. Et ma mère est… Disons que c’est pas vraiment quelqu’un de bien. » Ma mère a toujours bien pris soin de me rappeler que je suis une erreur, que je suis un événement qui a gâché sa vie. Si elle est gentille un jour, je sais que c’est simplement parce qu’elle va me réclamer quelque chose. « S'il avait su, je suis sûre qu'il aurait voulu être dans ta vie. » J’ai un peu du mal à y croire, mais après tout, elle le connait mieux que moi, mieux que ma mère ca s’est certains.

« C'est un peu raté pour pas chambouler ma vie. Mais il est bon ton détective, j'ai rien remarqué du tout. » Je lui adresse un léger sourire. Je n’ai pas beaucoup aimé engager quelqu’un pour suivre une personne, mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour la retrouver, pour en savoir un peu sur elle. « Désolé… » Je dis, m’excusant dans le fond un peu pour tout. « Du coup, tu attends quoi de tout ça ? De moi ? » Elle me prend un peu de cours avec sa question parce que, à vrai dire, elle a réagit mieux que je l’imaginais. « Je voudrais juste… Je sais pas, te connaitre. Connecter avec toi je suppose, peut être que tu me parles un peu de ton… Enfin notre père. » Je lui adresse un sourire. « Mais tu sais, si tu préfères que je disparaisse, je t’embêterais pas. »

@Itziar Cortés de Aguilar

Itziar hausse les épaules quand il lui dit qu'il s'est fait à l'idée de grandir sans père. Elle imagine bien qu'il s'y est fait. Après tout, il était adulte maintenant et à un moment il avait surement dû aller de l'avant. Cependant, ça ne rendait pas la situation moins injuste pour lui. "C'est sûr, mais quand même !" Répond-elle. Elle se retient de s'excuser une seconde fois. Elle n'a pas à s'excuser. Elle n'y est pour rien dans toute cette histoire. Ce n'est pas sa faute si son père, leur père n'a jamais rien su de son existence. Ce n'était pas non plus sa faute à elle si la mère de Matthias n'était pas la plus aimante qui soit. "Elle est comment ta mère ?" ne peut elle s'empêcher de demander avant d'ajouter "J'ai l'impression qu'on a eu des vies bien différentes." Elle ne sait pas ce qu'il en a été de l'enfance de Matthias, elle ne sait pas s'il a manqué de quoi que ce soit quand il était plus jeune, mais elle avait eu la chance de vivre avec ses deux parents qui avaient toujours été très aimants, la gâtant bien plus que de raison. De ce que Matthias lui dit, ça n'avait pas forcément d'être le cas pour lui et ça lui fait de la peine de se dire que si les circonstances avaient été différentes, il aurait pu grandir dans un tout autre environnement. Il en fallait peu pour changer le cours d'une vie finalement. Si leur père avait été au courant de son existence, il n'y avait pas de doute quant au fait que les choses auraient été différentes. Il avait ses défauts, certes, comme tout le monde, mais il avait toujours été très tourné vers sa famille. Il trouvait toujours du temps pour passer un moment avec Itziar, même quand il avait des tonnes de choses à faire, des tonnes de responsabilités qui allaient avec la gestion d'une chaîne de casinos. Il prenait le temps, même si ça voulait dire se remettre à travailler à vingt-trois heures au lieu d'aller se coucher. Elle avait eu beaucoup de chance et en toute honnêteté elle ne l'avait réalisé que ces dernières années. C'est pour ça qu'elle lui dit que s'il avait su, leur père aurait probablement voulu être impliqué dans sa vie d'une manière ou d'une autre.

Pour Itziar, c'est étrange de rencontrer quelqu'un de cette manière. Quelqu'un qui partage une partie d'elle-même. Elle ne sait pas bien ce qu'il attend d'elle. Elle ne sait pas non plus ce qu'il veut entendre. Ce qu'il veut apprendre. Elle est très sociable, elle n'a pas de mal à connecter avec les gens, elle a toujours quelque chose à dire. Que ce soit futile ou non, mais pour elle, c'est différent avec Matthias. Alors, elle préfère lui demander ce qu'il veut savoir. Qu'il lui donne une petite idée de ce qu'il attend, qu'elle puisse savoir quoi lui dire. Par où commencer. Parler d'elle est facile, parler de leur père aussi. Il s'agit de sujets qu'elle maîtrise. "Qu'est ce qu'il t'a dit sur moi ton détective ?" demande t-elle pour commencer. Parce qu'après tout, elle se dit qu'il a sûrement quelques informations sur elle et qu'il y a tellement à dire qu'il vaut mieux ne pas répéter ce qu'il sait déjà. Elle ne sait pas trop comment tout cela fonctionne ni même quelles recherches ont été faites sur sa personne. Le travail du détective était peut-être de simplement la retrouver, s'assurer qu'elle soit bien la personne qu'il recherche avant de donner toutes les informations à Matthias pour qu'il puisse la trouver chez elle aujourd'hui. Ou peut-être qu'il en savait plus, peut-être qu'il avait entrepris des recherches plus intensives. Pour ce qui était de leur père, en revanche, ça lui semblait un peu plus simple, bien qu'elle ne savait pas vraiment par où commencer, ni même quelle information valait plus la peine d'être mentionné qu'une autre. "Pour ce qui est de mon père ... Notre père. Désolée, ça va sûrement me prendre un peu de temps pour m'y faire." Se reprend t-elle, avant de continuer. "Sa famille était propriétaire d'une chaîne de casinos en Espagne, jusqu'à ce qu'il fasse tout couler. On a tous des vices et l'appât du gain est le sien. Ironique quand on y pense. Sinon il a beaucoup de côtés positifs. Il a toujours pris le temps de passer des moments avec moi, même quand il travaillait jusqu'à pas d'heure. Un papa poule à sa manière. Il adore voyager et a une passion particulière pour l'Asie. Je compte plus le nombre de fois où on a voyagé là-bas. Il adore l'art aussi, il m'a trainée dans des expositions et musées dès mon plus jeune âge et j'ai un peu attraper le virus moi aussi. Il est quand même très classique au final est peut parfois être un peu vieux jeu." Explique t-elle. "Je sais pas si t'as vu des photos de lui, mais il est plutôt grand, un peu grisonnant et maintenant que je te regarde, je vois effectivement la ressemblance avec les vieilles photos de lui que j'ai pu voir. Je ressemble plus à ma mère qu'à lui cela dit." Conclu t-elle. Le laissant absorber ces informations avant d'aller plus loin. "Et toi, tu peux me parler de toi ? T'es qui ?" qu'elle demande, curieuse. Parce qu'à part son nom et le fait qu'il ressemble à Antonio, elle n'en sait pas beaucoup plus. "Je tiens pas particulièrement à ce que tu disparaisses, je suis trop curieuse pour ça." Ajoute t-elle en souriant avant de boire une gorgée de son café encore brulant.

Moi qui me suis toujours habitué à n’avoir pas grand monde dans ma famille, à devoir me créer ma propre famille en choisissant mes amis, me voilà maintenant grand frère, enfin demi-frère. L’identité de mon père je la connais depuis quelques années, je n’ai juste jamais cherché en savoir plus parce que je ne voulais pas me laisser l’espoir de croire qu’il pouvait être quelqu’un de bien. Les seules personnes bien de ma famille ne sont plus là. Ma grand-mère a quitté ce monde quand j’avais à peine huit ans, cela m’avait brisé le cœur, et ma tante a quitté ce monde il y a un an et demi, sans même que je puisse lui dire au revoir. La seule famille qu’il me reste en réalité, c’est ma cousine, Elora. Cette petite blonde avec qui je n’avais pas eu de contact pendant des années et qui aujourd’hui est pourtant là, mais en train de sombrer doucement à cause de ses propres démons. Je n’arrive en réalité même pas à imaginer ce que c’est de grandir dans une famille aimante, d’avoir des parents présents, normaux, parce que je n’ai jamais connu tout cela. « C'est sûr, mais quand même ! » J’hausse les épaules et lui adresse un léger sourire. « Elle est comment ta mère ? J'ai l'impression qu'on a eue des vies bien différentes. » Et sur ce point, je suis qu’elle n’a pas tord. Nos vies sont à l’opposé, et dans le fond, je suis content de savoir qu’elle n’a eu une vie aussi chaotique que la mienne, qu’elle ai pu grandir avec des parents aimants. « Je crois bien oui. » Je lui adresse un sourire et hésite un peu avant de parler de ma mère, mais je ne vois pas l’intérêt de lui cacher la vérité. « Ma mère est… » Horrible, mauvaise, imbu d’elle-même, égoïste ? Je cherche le bon adjectif pour la définir. « Surement le contraire de la tienne. Egoïste, qui se soucie plus du fric que de son fils et qui n’a jamais levé le petit doigt pour moi, sauf quand cela allait dans son intérêt. » C’est elle qui a lâché l’identité de mon père, mais seulement après son arrestation, elle qui vient de temps en temps en me faisant croire qu’elle est désolée seulement pour me demander de l’argent. « C’est ma grand-mère qui s’est occupé de moi les huit premières années de ma vie. Elle est géniale, absolument génial. » Je souris tendrement aux souvenirs de ma grand-mère. « C’est elle qui s’est démené à fond pour que je ne manque de rien quand j’étais petit, elle qui m’a donné l’amour qui aurait dû venir de celui d’une mère. Je suis sûr qu’elle t’aurait adoré. » Parce que ma grand-mère était la femme la plus généreuse que j’ai jamais connue et qu’en apprenant l’existence d’Itziar elle aurait surement voulu la connaitre. « C’est grâce à elle que j’en suis là aujourd’hui. » Je souris, assez surpris de m’être autant ouvert à la blonde.

« Qu'est-ce qu'il t'a dit sur moi ton détective ? » J’hausse les épaules. « Pas grand chose, je n’avais pas envie qu’il fouille pour les détails, juste qu’il te retrouve. Je sais simplement que tu vis à Brisbane et que tu bosses dans un bar de la ville. Que ta mère est toujours en Espagne si mes souvenirs sont bons, mais je n’en sais pas beaucoup plus. » Je lui avoue. « Je préférais que les informations viennent de toi. » Je ne suis pas très fan de l’idée de tout apprendre sur ma demie-sœur par un detective et non parce qu’elle a choisi de me le dire. Je l’observe quelques minutes, et encore une fois, je ne peux m’empêcher de remarquer que nous avons les mêmes yeux, sûrement ceux de notre père. « Pour ce qui est de mon père ... Notre père. Désolée, ça va sûrement me prendre un peu de temps pour m'y faire. Sa famille était propriétaire d'une chaîne de casinos en Espagne, jusqu'à ce qu'il fasse tout couler. On a tous des vices et l'appât du gain est le sien. Ironique quand on y pense. Sinon il a beaucoup de côtés positifs. Il a toujours pris le temps de passer des moments avec moi, même quand il travaillait jusqu'à pas d'heure. Un papa poule à sa manière. Il adore voyager et a une passion particulière pour l'Asie. Je compte plus le nombre de fois où on a voyagé là-bas. Il adore l'art aussi, il m'a traînée dans des expositions et musées dès mon plus jeune âge et j'ai un peu attraper le virus moi aussi. Il est quand même très classique au final est peut parfois être un peu vieux jeu. Je sais pas si t'as vu des photos de lui, mais il est plutôt grand, un peu grisonnant et maintenant que je te regarde, je vois effectivement la ressemblance avec les vieilles photos de lui que j'ai pu voir. Je ressemble plus à ma mère qu'à lui cela dit. » « Il a l'air plutôt cool quand même. »Je l’écoute avec attention me parler des ses parents, surtout de son père, enfin… Notre père. Il l’a emmené voyager, et cela me fait sourire. Je vois l’amour qu’elle leur porte dans son regard et cela me réchauffe le cœur de savoir qu’elle a eu une meilleure enfance, une meilleure famille que moi. « Je suppose qu’on a ses yeux alors… Tu aurais des photos… Récente ? Parce que celle qu’il publie dans leur article d’arrestation… Je ne suis pas sur que ce soit le mieux. » J’aimerais voir à quoi il ressemble en vrai.

« Et toi, tu peux me parler de toi ? T'es qui ? » Me demande alors la blonde et je ne peux pas lui en vouloir de vouloir en savoir plus sur moi. Mais par ou commencer ? Je lui ai déjà un peu parler de ma grand-mère, alors autant lui parler du reste. « Je tiens pas particulièrement à ce que tu disparaisses, je suis trop curieuse pour ça. » J’hoche la tête et lui adresse un sourire. Je m’installe un peu plus confortablement avant de reprend la parole. « Mon nom complet c’est Matthias Calloway. J’ai grandi à Sydney, ou j’ai étudié le cinéma. A la fin de mes études je suis parti m’installer aux Etats Unis ou j’ai bossé sur plusieurs films indépendants avant de revenir en 2016 en Australie. J’ai pas mal voyagé en Australie les années d’après pour filmer mon nouveau film qui vient de sortir. » Je réfléchi à ce que je pourrais lui dire d’autre. « J’ai été marié, pendant trois ans quand je vivais aux Etats Unis, mais on est séparé maintenant. » Je souris légèrement. « Je crois que tu sais à peu près tout. Oh et j’ai une chienne husky et un chat. » J’ajoute en riant légèrement. « Pas sur que ca tu avais besoin de le savoir mais bon. »

@Itziar Cortés de Aguilar

Elle n'hésite pas à lui demander plus d'informations sur sa mère, ni même à déclarer qu'ils ont probablement eu des vies très différentes. Ce n'est pas un moyen pour elle de le rabaisser ou de lui montrer qu'elle a sans aucun doute eu la vie bien plus facile que lui. C'est un moyen de reconnaître qu'elle, elle a eu de la chance et elle en est parfaitement consciente. Si les circonstances avaient été différentes, il aurait pu vivre la même vie qu'elle, à la place, il semble qu'il ait hérité d'une mère égoïste qui ne lui portait que très peu d'attention. Bien différente de sa mère à elle dont elle est très proche malgré la distance. Elle est heureuse cependant d'apprendre que tout n'était pas tout noir pour lui, qu'il avait été élevé par sa grand-mère qui avait tout l'air d'être une femme extraordinaire, se souciant réellement de lui et faisant en sorte qu'il ne manque jamais de rien. "Je suis contente de savoir que t'étais pas tout seul malgré tout et que t'avais quelqu'un qui t'aimait réellement." Déclare t-elle avant d'hésiter quelques instants, pas certaine que la question qu'elle s'apprête à poser soit des plus appropriées, ni même si elle a sa place ici, dans cette discussion, alors qu'elle vient à peine de rencontrer Matthias. "J'suis désolée de demander ça, mais t'as dit que ta mère ne pensait qu'à l'argent, pourquoi elle a pas chercher à te révéler qui était ton père plus tôt ? Je veux dire, la famille a de l'argent depuis très longtemps, c'est sûr qu'elle le savait. Elle aurait pu avoir de l'argent facilement." Parce qu'il était certain qu'Antonio aurait voulu contribuer à l'éducation de son fils et aurait fait en sorte qu'il ait une vie plus que confortable si sa mère tenait à le garder avec elle en Australie. Ca paraissait donc étrange. Presque un mauvais choix de la mère de Matthias qui n'avait visiblement pas flairé le bon filon.

Elle est curieuse de savoir ce que le détective a bien pu déterrer à son sujet, ce qu'il a bien pu lui dire aussi et elle est surprise de voir qu'il ne lui a pas dit grand-chose. Que le but semblait plus être de la retrouver et non pas de retracer toute sa vie dans les moindres détails. Elle préférait ça finalement, elle ne savait pas trop comment elle se sentirait si elle savait que quelqu'un savait tout sur elle après une brève enquête. "Déjà les infos que t'as sont justes." Répond-elle en souriant avant d'ajouter. "Sinon, que dire sur moi, je suis encore à la fac. En réalité j'avais pas fait d'étude avant d'arriver à Brisbane, ça pourrait d'ailleurs être une histoire pour plus tard. J'étudie la communication et le marketing, c'est pas exceptionnel, mais ça passe. Je me suis découverte une passion pour le surf en arrivant ici, mais d'une manière générale, j'adore à peu près n'importe quelle activité que tu peux faire à l'extérieur. Rester enfermée c'est pas vraiment mon délire et j'ai besoin de bouger, tout le temps. Je sors beaucoup, bien que maintenant que je bosse dans un bar, c'est un peu plus compliqué et je travaille la plupart du temps, mais je dirai jamais non quand il s'agit d'aller faire la fête ou simplement boire un verre et puis euh j'sais pas trop quoi dire de plus, tu me prends un peu de court là." Elle rit, parce qu'elle a l'impression qu'elle pourrait lui donner beaucoup d'informations, mais en même temps, elle ne veut pas l'ennuyer, parce qu'il y a beaucoup à dire finalement, il est presque question de rattraper une vie entière et ça prendra sûrement un peu plus de temps que cela. C'est un bon début cela dit et elle passe ensuite à Antonio. Elle lui donne quelques informations sur lui. De bonnes informations, parce que malgré tout, il reste quelqu'un de bien. Avec ses vices, mais quelqu'un de bien tout de même. Elle ne veut pas que Matthias ne voit que le mauvais côté. Le côté criminel, en prison. Parce que certes c'est une partie de lui, mais ça ne le représente pas entièrement. "Il a ses défauts, mais c'est un très bon père malgré tout. Je peux pas le réduire à ses déboires avec la justice." répond-elle en haussant les épaules avant d'attraper son téléphone sur la table basse et ouvre l'application photos à la recherche d'un cliché de son père avant de tendre son téléphone à Matthias. "C'est la plus récente que j'ai, c'était à Noël, quelques mois avant son arrestation. Tu pourras voir qu'effectivement on a ses yeux." La traditionnelle photo de famille à l'occasion du réveillon. La dernière fête qu'ils ont célébrés avant qu'il ne se fasse arrêter quelques mois plus tard et qu'Itziar mettent les voiles pour Brisbane.

Itziar ne serait pas Itziar si elle ne posait pas de questions et il est tout naturel pour elle de s'intéresser à Matthias après lui en avoir dit un peu plus sur sa personne. Elle est curieuse et elle a l'impression qu'il en sait bien plus sur elle qu'elle n'en sait sur lui. Il faut donc y remédier, après tout, il est lui aussi un des principaux protagonistes de cette histoire. Elle l'écoute donc attentivement. Matthias Calloway, qui fait du cinéma, de Sydney aux Etats Unis, pour revenir à Brisbane, marié puis séparé, un husky et un chat, un film en préparation. Il donne des informations précieuses, qui l'aide à en savoir un peu plus sur lui. "Tu as réalisé quoi comme films ? J'aimerai bien les voir, je suis sûre que je pourrai en apprendre d'avantage sur toi à travers eux. T'as été marié, t'as des enfants ?" demande t-elle en souriant avant de continuer "et puis maintenant que t'as mentionner les animaux de compagnie tu es obligé de me montrer une photo !" C'est une obligation, elle ne lui laisse pas le choix, il n'avait pas à mentionner ce détails. "T'aime faire quoi de ton temps libre ? Enfin quand t'en a, ça doit être prenant d'être réalisateur de films non ?" Ca ne doit pas laisser beaucoup de place pour une vie de famille ou pour beaucoup d'activités à côté.

Il est vrai que j’ai de la chance d’avoir pu grandir quelques années avec ma grand-mère. J’ai pu être éduqué, recevoir de l’amour pendant huit ans et pour cela, je lui serais toujours reconnaissant à ma grand-mère. Elle avait été ma famille, jouant le rôle de mère, mais également de père dans ma vie, et m’apprenant à marcher, à parler, à compter, à lire, à écrire et tout ce qui s’en suit. Sans elle, je ne sais pas vraiment ce que je serais devenu, je ne sais même pas si je serais encore là d’ailleurs. J’aurais sûrement été placé en famille d’accueil, ou bien je serais resté avec ma mère et j’aurais aujourd’hui encore du mal à avancer dans la vie. À huit ans, j’ai dû grandir vite, apprendre à me débrouiller seul, et heureusement, ma grand-mère m’avait tout appris pour cela. À cet âge-là, je savais déjà me faire à manger, pas des plats complexe et rechercher, mais assez pour me débrouiller, je savais faire une lessive, et quelques autres trucs qui m’ont perdu de ne pas dépendre à ma mère et sûrement permis de subir un peu moins ses critiques. Mais cela n’a quand même pas été facile, pas autant que j’aurais aimé que ca le soit. J’ai même tenté de mettre fin à mes jours dans l’année de mes treize ans, et j’en garde aujourd’hui encore les cicatrices, aussi bien physique que moral. « Je suis contente de savoir que t'étais pas tout seul malgré tout et que t'avais quelqu'un qui t'aimait réellement. » Je lui adresse un sourire, vraiment touché par la gentillesse de la blonde qui ne me connaît pourtant que depuis de longues minutes. « Elle était formidable. Je suis sûr qu’elle t’aurait adoré. » Parce qu’elle était comme cela ma grand-mère, elle aurait surement accepter Itziar comme sa propre petite fille même si elle ne l’était pas. Je lui parle d’ailleurs un peu de ma mère, parce qu’elle me demande et que je n’ai rien à lui cacher. « J'suis désolée de demander ça, mais t'as dit que ta mère ne pensait qu'à l'argent, pourquoi elle n'a pas cherché à te révéler qui était ton père plus tôt ? Je veux dire, la famille a de l'argent depuis très longtemps, c'est sûr qu'elle le savait. Elle aurait pu avoir de l'argent facilement. » Elle pose une bonne question qui me fait hausser les épaules. « Honnêtement, j’en ai aucune idée, ca fait longtemps que j’ai arrêté d’essayer de la comprendre. » Longtemps que je me suis fait une raison de qui elle, de son comportement et plus je suis loin d’elle, mieux je me porte.

Je lui parle ensuite rapidement de ce que le détective m’a dit sur elle, ce qui n’est pas vraiment grand-chose quand on y réfléchi. Je n’ai pas voulu tout savoir sur ma sœur avant même de la rencontrer, je préfère que les informations viennent d’elle. « Déjà les infos que t'as sont justes. Sinon, que dire sur moi, je suis encore à la fac. […] j'sais pas trop quoi dire de plus, tu me prends un peu de court là. » Je lui adresse un sourire. « Je suppose qu’on a encore le temps d’apprendre à se connaitre de toute façon, tu n’as pas à me dire tout maintenant. Et puis, ca nous donnera l’occasion d’aller surfer ensemble. » Je surfe depuis que je suis petit et si il y a bien un endroit où je me sens vraiment bien c’est sur une planche ou bien derrière une caméra ou un appareil photo. Et elle mentionne son père, enfin notre père, et je l’écoute attentivement. Il a plutôt l’air sympa quand elle en parle comme cela, et je me dis que je suis vraiment contente qu’elle ai pu avoir une belle enfance, sûrement plus joyeuse que la mienne. « Il a ses défauts, mais c'est un très bon père malgré tout. Je peux pas le réduire à ses déboires avec la justice. » Et cela me fait sourire. Elle a raison, il doit être bien plus que cela. Ma mère me l’a pourtant toujours tellement dresser comme le méchant de l’histoire, comme celui qui l’a abandonné, qu’il me faudra sûrement un peu de temps pour me faire à la vérité. « C'est la plus récente que j'ai, c'était à Noël, quelques mois avant son arrestation. Tu pourras voir qu'effectivement on a ses yeux. » Je vois alors qu’elle me tend son portable ou elle a ouvert une photo et je baisse la tête pour regarder. Il est vrai qu’il a les mêmes yeux bleus que moi, et qu’Itziar. « Je vois enfin à qui je ressemble visiblement. » Je ris légèrement. Je n’ai jamais ressemblé à ma mère et avoir une photo de mon père, de qui je suis visiblement le portrait craché, sous les yeux me fait vraiment bizarre. « Moi qui me suis toujours demandé si je lui ressemblais… C’est bizarre. » J’avoue à ma demie-soeur.

La blonde me questionne alors, comme je l’ai fait sur elle quelques minutes plus tot. Je lui dis ce qui me vient en tête et lui parle forcément de Nanka et Arlo. « Tu as réalisé quoi comme films ? J'aimerais bien les voir, je suis sûre que je pourrai en apprendre d'avantage sur toi à travers eux. T'as été marié, t'as des enfants ? et puis maintenant que t'as mentionner les animaux de compagnie tu es obligé de me montrer une photo ! T'aime faire quoi de ton temps libre ? Enfin quand t'en a, ça doit être prenant d'être réalisateur de films non ? » Son ethousiasme me fait rire. Je suis contente qu’elle s’intéresse à moi, pas parce que j’aime parler de moi, bien au contraire je n’aime pas cela, mais parce qu’au moins cela me montre qu’elle ne veut pas me rejeter et ca me rassure. « Mes films n’ont jamais été très très connus, mais je te filerai tous les DVD si ca t’intéresse, promis. » Je lui dis, ayant toujours été fier de mon travail comme producteur. « C’est plutôt prenant comme métier, mais je trouve toujours un peu de temps. J’aime bien surfer et je fais pas mal de photos aussi. En ce moment je fais quelques shoots pour des magazines. » Je sors alors mon portable et fouille pour trouver une photo de ma chienne et de mon chat. Je tends ensuite mon téléphone à ma sœur. « Ce sont tous les deux des rescues, mais si tu aimes les animaux, je suis certains que Nanka va t’adorer, elle est hyper sociable. Arlo est un peu plus timide avec les étrangers. Tu pourras venir les voir à la maison quand tu veux. » J’en profite pour l’inviter, parce que cela me ferait vraiment plaisir de la revoir, d’apprendre à la connaître un peu plus.

Elle parle d'elle, Itziar. Un exercice plutôt aisé pour elle. La difficulté est d'être concise, de lui donner les informations les plus importantes. Elle ne peut pas délivrer un monologue interminable. Il n'est pas là pour ça, il n'a probablement pas le temps non plus. Il faut donc qu'elle sélectionne, qu'elle choisisse quoi dire, qu'elle dévoile ce qui lui semble être le plus important. Elle fait de son mieux pour lui donner un maximum d'informations, pour qu'il puisse la cerner du mieux possible en peu de temps. Cependant, ce n'est pas une course et comme il le fait si bien remarquer, ils n'ont pas à apprendre tout l'un de l'autre en une seule fois. Elle n'a pas à tout lui dire maintenant et il émet même l'idée que comme ça, ça leur donnera l'occasion d'aller surfer ensemble. Un bon moyen de faire un peu plus connaissance. "Tu surfes toi aussi ?" lui demande t-elle, se rendant compte la seconde d'après que s'il a proposé, c'était sans aucun doute parce que lui aussi était capable d'affronter les vagues debout sur une planche de surf. Il était australien aussi, même si ça ne voulait pas dire grand-chose et que c'était une généralisation plutôt facile, il y avait selon elle 90% de chance qu'il ait appris à surfer en même temps qu'il apprenait à marcher, si ce n'est avant. "En tout cas, ce sera avec plaisir. Après je te préviens, je suis pas la meilleure. Ca fait que trois ans que j'ai commencé et j'ai appris principalement toute seule." Elle avait pris quelques cours en arrivant, pour apprendre les bases quand elle s'était rendue compte que c'était bien plus compliqué que cela en avait l'air puis une fois qu'elle arrivait à peu près à tenir debout sur sa planche et qu'elle commençait à comprendre exactement à quel moment elle devait commencer à pagayer pour finalement se lever, elle avait arrêté les cours et s'était débrouillée toute seule. C'était bien moins onéreux et au final, elle ne s'en sortait pas si mal que ça aujourd'hui. Il demande à voir une photo et elle s'exécute, voyant la ressemblance entre Matthias et son père. Elle en trouve une récente et lui montre, lui faisant remarquer qu'ils avaient effectivement hérité de ses yeux tous les deux. "Je suis sûre que j'en ai d'autre dans mes affaires et sur mon ordinateur, faudra que les cherche pour te les montrer. La ressemblance est sûrement encore plus frappante sur des photos plus anciennes quand il avait quasiment ton âge." Déclare t-elle. Elle n'avait que de vagues souvenirs de son père quand il avait la trentaine, elle était enfant et depuis les souvenirs s'étaient un peu effacés pour remplacer les images plus récentes de son paternel. "Ca te fera sûrement encore plus bizarre. Là, à la limite tu peux t'imaginer à quoi tu ressembleras dans vingt-cinq ans, mais c'est pas le plus représentatif." Ajoute t-elle en souriant. Il faudra qu'elle cherche un peu pour trouver quelques photos, la plupart étant restées à Madrid, mais elle savait qu'elle en avait au moins quelques-unes. Elle pourrait aussi demander à sa mère de lui en envoyer d'autres, peut-être plus tard cela dit, parce qu'elle n'avait pas particulièrement envie d'avoir à tout expliquer à Pilar dans l'immédiat, pas avant qu'Antonio soit au courant, puisqu'il était le principal intéressé, après tout.

Elle est aussi curieuse d'en apprendre plus sur Matthias, pour elle il y a tout autant d'intérêt à écouter les autres parler qu'à parler soi-même et elle se prête volontiers aux deux activités sans la moindre hésitation. Les informations qu'il lui dévoile font naître des questions chez elle et même s'il ne la connaît pas pour l'instant, il se rendra très vite compte que c'est une curieuse maladive qui a toujours besoin d'en savoir plus sur tout, que ça la regarde ou pas. Il se rendra compte aussi qu'elle sait quand elle dépasse un peu les bornes, mais que plus elle sent une proximité entre elle et son interlocuteur, moins elle se soucie de tout ça et les questions deviennent de plus en plus personnelles, comme s'il n'y avait pas de limite, pas d'intimité, pourrait on dire. Pour l'heure, ça reste des questions de surfaces, sur ses films, sur ses animaux de compagnie, sa vie en général. Elle est surtout curieuse d'en savoir plus sur ses films, comme s'ils étaient une fenêtre sur sa personnalité et pouvaient révéler beaucoup de choses sur lui. "Bien sûr que ça m'intéresse. Je m'y connais pas trop en cinéma, donc je pourrai pas te donner de critiques super poussées, mais ça m'intéresse de les voir. C'est quoi ton style ? Pas l'horreur, rassure moi ?" Parce que si c'était le cas, elle devrait peut-être revenir sur ce qu'elle venait de dire, pas certaine de vouloir tous les voir. Elle serait capable de se forcer à en regarder un, cachée derrière un plaid, assise sur le canapé du salon avec toutes les lumières allumées, mais c'était à peu près le maximum de ce qu'elle pouvait promettre si son genre de prédilection était les films d'horreur. D'autant plus s'il y avait beaucoup de sang à l'écran, là, il l'avait complètement perdue. Dans un tel cas de figure, elle se contenterait de s'intéresser à ses animaux de compagnie et au reste de ses activités. "Tu fais des shoots de quoi ? Des portraits ? Ou t'es plus paysages ?" demande t-elle curieuse, une fois de plus, alors qu'en soit, ça ne fait pas de grande différence. C'est un sourire qui se dessine sur son visage quand Matthias lui tend son téléphone avec une photo de son chat et de son chien. "Ils sont super mignons ! Ils s'entendent bien ? On a jamais eu d'animaux à la maison, mais j'adore ça, si t'as pas le temps de sortir la chienne ou quoi, dis-moi, je l'emmène en balade quand tu veux." Déclare t-elle en souriant, s'imaginant déjà les randonnées qu'elle pourrait faire avec un chien qui n'est même pas le sien.

Je l’écoute me parler d’elle Itziar, cette demi-sœur que je découvre doucement. Je l’écoute et de nous trouver des points communs me fait sourire. Elle a l’air simple la blonde, sans trop de prise de tête, plutôt la tête sur les épaules et elle me fait un peu penser à moi sur certaines choses. Si nous avions grandi ensemble peut être qu’on se serait ressemblé encore plus, peut être que nous aurions développé plus de points communs. Je suis sûr que ma grand-mère aurait adoré connaître Itziar, qu’elle l’aurait sûrement considéré comme sa propre petite fille elle aussi et cette idée me fait doucement sourire aussi. Je suis soulagé de voir que notre rencontre se passe bien, que la blonde ne m’a pas jeté dehors, qu’elle veuille entendre parler de moi et surtout qu’elle me parle d’elle. Si je n’aime pas vraiment parler de moi, ma sœur ne semble pas trop rejeter ce process. « Tu surfes toi aussi ? » Je lui adresse un sourire en hochant la tête. Je surfe depuis quelques années maintenant et l’idée de pouvoir faire cela avec elle un jour me fait plaisir. « En tout cas, ce sera avec plaisir. Après je te préviens, je suis pas la meilleure. Ca fait que trois ans que j'ai commencé et j'ai appris principalement toute seule. » « Pas besoin d’être la meilleure, si tu apprécies c’est l’essentiel. » Nous ne sommes pas là pour faire de la compétition, mais pour se faire plaisir. Pour trouver cette liberté qu’est le surf.

Et puis elle me parle de notre père la blonde, elle semble l’aimer énormément, malgré ses erreurs, malgré son arrestation elle ne semble pas en colère contre lui. J’ai grandi en entendant les conneries de ma mère sur celui qui a permit ma conception, à entendre qu’il n’était qu’un lâche qui est parti en apprenant sa grossesse, mais la vérité ai bien différente. Différente et j’ai du mal à me faire à l’idée que mon paternel puisse être quelqu’un de bien. J’ai passé tellement de temps à imaginer qui il pouvait être, pourquoi il est réel parti que je n’ai jamais pensé qu’il puisse, tout simplement, ne pas être au courant de mon existence. Pourtant, connaissant ma mère, le fait qu’elle ne lui ai jamais dit, qu’elle ne lui ai jamais parler de moi ne me surprend pas le moins du monde. « Je suis sûre que j'en ai d'autre dans mes affaires et sur mon ordinateur, faudra que les cherche pour te les montrer. La ressemblance est sûrement encore plus frappante sur des photos plus anciennes quand il avait quasiment ton âge. » Et je me contente d’hocher la tête, avec un léger sourire sur les lèvres, encore un peu sous le choc. Je lui ressemble, à mon paternel, c’est plutôt flagrant lorsqu’on regarde les photos et tout cela me fait bizarre, me secoue un peu plus que je ne m’y attendais en réalité. Ce n’est pourtant pas déplaisant de savoir que je ressemble à mon père. « Ca te fera sûrement encore plus bizarre. Là, à la limite tu peux t'imaginer à quoi tu ressembleras dans vingt-cinq ans, mais c'est pas le plus représentatif. » Je ris un peu. « Oui, c’est sur… » Je souris et reporte une nouvelle fois mon attention vers la photo de notre père.

C’est ensuite au tour de la blonde de devenir curieuse, de me questionner un peu sur moi, sur ma vie, sur mon métier. Je tente de répondre du mieux que je le peux, n’ayant jamais vraiment été très doué pour parler de moi, alors que pourtant dans le métier que je fais je devrais m’y faire. Je tente alors d’être le plus honnête possible, de lui parler de moi le mieux que je peux. Je pourrais cependant parler de mon métier pendant des heures, je suis passionné et j’ai la chance de pouvoir en vivre et de gagner plutôt bien ma vie. « Bien sûr que ça m'intéresse. Je m'y connais pas trop en cinéma, donc je pourrai pas te donner de critiques super poussées, mais ça m'intéresse de les voir. C'est quoi ton style ? Pas l'horreur, rassure moi ? » Je ris un peu et secoue la tête. « Non. Non, je prends toujours des sujets qui me tiennent à cœur. Je préfère faire des films qui me touchent plutôt que de faire des blockbuster tu vois ? Mon dernier film s’appelait ‘Lion’, je ne sais pas si tu connais. » Mon premier film à gros budget, mais aussi mon premier projet qui a eu autant de vues. « Tu fais des shoots de quoi ? Des portraits ? Ou t'es plus paysages ? » « Un peu des deux, ca dépend des projets qu’on me propose. Après la photo c’est beaucoup pour moi aussi. J’adore ca. » Je lui adresse un sourire, me promettant de lui montrer un peu plus de mes projets et de mes photographies si cela l’intéresse vraiment. Parlant de moi, je suis ensuite obligé de parler de Nanka et Arlo, mes deux animaux de compagnies, mes deux gros bébés. Je fouille alors dans mon téléphone pour en sortir une photo avant de montrer à ma demi-sœur. « Ils sont super mignons ! Ils s'entendent bien ? On a jamais eu d'animaux à la maison, mais j'adore ça, si t'as pas le temps de sortir la chienne ou quoi, dis-moi, je l'emmène en balade quand tu veux. » Je lui montre une seconde photos. « Ils s’entendent à merveille oui. Ce sont deux rescues, ils sont absolument adorables. Nanka est… La chienne la plus sociable que j’ai jamais vue et Arlo est un peu plus sauvage avec les étrangers. » Ils sont ma famille tous les deux. « Tu sais quoi. Tu devrais venir diner à la maison un soir. Tu pourras les rencontrer et je pourrais te montrer mes photos et tout le reste si ca t’intéresse vraiment. » Je suis vraiment content que le courant passe si bien entre nous deux.

Elle hoche la tête pour acquiescer quand il lui dit qu'il n'y a pas besoin d'être la meilleure tant qu'elle apprécie. Elle est totalement d'accord avec cette vision des choses. Elle ne fait pas du surf pour être la meilleure, elle ne cherche pas à devenir professionnelle et en faire une carrière. D'ailleurs, les compétitions ne l'intéressent pas non plus. Ce qui compte pour elle c'est de s'amuser. Elle apprécie de se lever aux aurores pour aller prendre les meilleures vagues alors que Brisbane se réveille à peine. Elle aime tenter de nouvelles choses, de nouvelles figures pour se dépasser, pour voir ce dont elle est capable. Elle aime partager ce sport avec ses amis et tout cela, ça lui suffit amplement à Itziar qui n'a pas besoin de plus pour s'épanouir totalement. Ça lui fait plaisir de partager ça avec Matthias. Elle le connaît à peine pour l'instant, mais elle est contente de voir qu'ils arrivent tout de même à se trouver quelques points communs et pas des moindres. Cette discussion ne lui paraît ni forcée, ni étrange alors que pourtant, ce n'était pas donné quand elle a ouvert la porte un peu plus tôt, se demandant bien ce qu'il pouvait lui vouloir. Elle n'irait peut-être pas à dire qu'elle avait totalement digéré la nouvelle, ni même qu'elle l'avait complètement assimilée, mais elle ne croyait plus qu'il s'agissait d'une mauvaise blague et elle était plus que prête à faire la part des choses. Elle ne lui devait rien, c'était sûr, mais elle ne se voyait pas non plus lui claquer la porte au nez et continuer sa vie comme si de rien était. Ce n'était pas elle. Ca prendrait sans doute un peu de temps avant qu'ils ne trouvent un certain équilibre, mais elle était prête à le prendre ce temps, elle ne comptait pas partir de si tôt de toute façon. Ils auraient donc d'autres occasions de faire connaissance et d'en apprendre un peu plus l'un sur l'autre.

Itziar lui montre une photo de leur père et quand elle dit qu'il faudra qu'elle lui en montre d'autres, ce ne sont pas des paroles en l'air. Elle estime qu'il a le droit d'en savoir plus sur Antonio, que sa mère n'aurait pas dû le priver de tout ça et même si maintenant, elle ne peut pas lui offrir beaucoup plus que quelques photos, elle se dit que c'est toujours mieux que rien et un bon début. Il semble d'ailleurs content de pouvoir voir cette photo, comme s'il pouvait enfin se rendre compte qu'il ressemblait bien à quelqu'un et elle, elle se montre un peu plus curieuse. Sur lui, sa vie, son métier. Beaucoup de choses en même temps, parce qu'elle ne sait pas trop se limiter Itziar. Elle trouve ça intéressant d'apprendre quel genre de films il prend plaisir à réaliser. Il n'est pas trop blockbusters et ça la fait sourire. Elle n'est pas très blockbuster non plus, à une culture déplorable quand il s'agit des derniers films à la mode et se contente bien plus de petits films sans trop de prétention qui vous serrent le cœur. Elle ne dit pas non à un peu d'action de temps en temps, mais ce n'est jamais son premier choix. "Déjà tu marques un point avec moi alors. Les films d'horreur je peux vraiment pas, j'ai pas été traumatisée ou quoi, mais ça passe vraiment pas ! Je préfère les films qui font réfléchir ou qui te font verser ta petite larme à un moment donné." Qu'elle répond en souriant avant d'ajouter. "Lion ? C'est le film sur ce petit garçon qui s'est perdu en Inde et a fini par être adopté par une famille australienne ? Si c'est ça, je connais et je peux même te dire que j'ai peut-être un peu pleuré devant." Elle rit à la fin, elle ne sait pas si elle se plante complètement, si elle confond deux films ou si elle a raison, mais dans le pire des cas, il aura eu une anecdote supplémentaire à son sujet ce qui n'était pas si mal que ça. Elle ne pensait pas se tromper cela dit, elle n'était pas la plus cultivée quand il s'agissait de cinéma, mais si elle pensait films récents, il ne devait pas y en avoir des dizaines avec le même nom. "C'est pas les sujets qui manquent ici en plus avec tous les beaux paysages." Déclare-t-elle quand il lui dit qu'il fait de la photo principalement pour lui. Elle, elle se contente de prendre des photos avec son téléphone portable. Ce n'est pas du grand art, mais elle n'a vraiment pas le talent ni l'œil pour faire plus que ça. D'ailleurs, elle n'a jamais vraiment cherché à en faire plus. La jeune espagnole affiche un large sourire quand Matthias lui parle de ses animaux. Elle peut voir à quel point il les apprécie et c'est beau à voir. Elle hoche même la tête vigoureusement quand il propose qu'elle vienne dîner un soir pour qu'elle vienne rencontrer ses animaux et qu'il lui en montre un peu plus sur son travail. "J'adorerai ! Je bosse le soir en général, mais j'ai toujours un ou deux jours de repos donc on devrait trouver un moment qui matche pour tous les deux. Je pourrai peut-être même te faire découvrir quelques spécialités espagnoles si ça te dit ?" Il ne fallait pas qu'il s'attende à des choses très élaborées. Elle n'était pas du tout cuisinière dans l'âme, mais elle pouvait faire un petit effort pour lui faire tester quelques classiques.

C’est vraiment agréable de discuter avec Itziar, d’apprendre à doucement la connaître. Elle me confie quelques trucs sur elle et je fais de même de mon côté. Je sais bien que ce n’est que le début, que c’est la première fois que l’on se voit, mais je ne peux m’empêcher de me sentir soulagé que les choses se passent si bien dès le début. Si nous nous entendons déjà plutôt bien, j’espère que cela va continuer et que nous allons doucement nous rapprocher. Je ne demande pas à ce que l’on devienne inséparable, mais voir ma demi-sœur de temps en temps, partagé des repas, des discussions de famille me ferait vraiment plaisir. Nous avons quelques trucs en commun avec la blonde. J’apprends qu’elle fait du surf elle aussi, même si c’est depuis plus récemment que moi. Je me promets alors de lui proposer un jour qu’on aille surfer ensemble, parce que j’aimerais vraiment la revoir, apprendre à vraiment la connaître.

Elle me montre des photos de notre père, et puis elle me demande de parler un peu de moi et je lui dis ce qu’il me vient en tête. Je pourrais parler cinéma pendant des heures et des heures, je pourrais me lancer dans des tas d’analyse ou de descriptions mais comme elle le fait remarquer, cela n’est pas trop son domaine alors j’essaye de ne pas m’emporter et de lui dire juste le minimum. « Déjà tu marques un point avec moi alors. Les films d'horreur je peux vraiment pas, j'ai pas été traumatisée ou quoi, mais ça passe vraiment pas ! Je préfère les films qui font réfléchir ou qui te font verser ta petite larme à un moment donné.» J’hoche la tête, étant plutôt d’accord avec elle. Je ne suis moi-même pas vraiment un grand fan de film d’horreur, c’est l’un des rares genre de films auxquels je n’arrive pas à accrocher, alors je ne suis pas prêt en produire. Je lui parle alors de mon dernier film, ‘Lion’ qui est sorti en août 2020 et qui, à mon plus grand plaisir, à plutôt bien marché. « Lion ? C'est le film sur ce petit garçon qui s'est perdu en Inde et a fini par être adopté par une famille australienne ? Si c'est ça, je connais et je peux même te dire que j'ai peut-être un peu pleuré devant. » J’hoche une nouvelle fois la tête, agréablement surpris du fait qu’elle connaisse le film. « Ouais, c’est ca. Tu as aimé ? » Je ne peux m’empêcher de lui demander, aimant toujours bien avoir des avis. « Tu sais que c’est tiré d’une histoire vraie ? » J’ajoute, devenant peut être un peu trop curieux ou bavard à mon tour. « C'est pas les sujets qui manquent ici en plus avec tous les beaux paysages. » « Non ca c’est vrai. » Je lui adresse un sourire.

Je finis par lui parler de Nanka et d’Arlo, mes deux gros bébés que j’ai adoptés il y a quelque temps maintenant. J’ai toujours aimé les animaux, j’ai toujours voulu en avoir mais cela n’a jamais été le cas en grandissant alors dès que j’ai eu ma maison, je l’ai fait. De fil en aigus j’en viens même à l’inventer à dîner à la maison, parce qu’après tout c’est un bon moyen de la revoir. « J'adorerai ! Je bosse le soir en général, mais j'ai toujours un ou deux jours de repos donc on devrait trouver un moment qui matche pour tous les deux. Je pourrai peut-être même te faire découvrir quelques spécialités espagnoles si ça te dit ? » Je lui adresse un sourire. « Ca me semble parfait. Tu me diras quand tu es libre, en ce moment je n’ai pas d’emploi du temps trop chargé. »