A peine son verre terminé, Elizabeth en reprit un autre. Bien confortable ce siège dans ce bar mais elle n’allait pas dormir ici après tout. Ce n’était pas vraiment une bonne idée, n’est-ce pas ? Depuis le départ de Connor, Elizabeth noyait son chagrin dans l’alcool ; la soudaineté de sa disparition avait été violente à vivre. Elle avait vraiment cru cette fois qu’elle pourrait être heureuse avec un homme. Finalement, elle s’était faite abandonnée comme à chaque fois ; tout le monde partait et il n’avait pas été l’exception…Généralement, Elizabeth se remettait rapidement des absences mais en réalité, elle souffrait, elle accumulait la peine et cette fois-ci le vase était plein. Heureusement ou malheureusement, il n’y avait personne pour juger son état ; elle était seule, comme elle était toujours et elle pouvait boire autant qu’elle le voulait même si elle n’était pas habituée à boire dans de grandes quantités. Il était temps d’arrêter, mais elle ne pouvait pas, elle voulait boire jusqu’à ne plus rien sentir. Jamais, elle n’aurait pensé en arriver là. Karma, c’était le mot qui résonnait dans sa tête mais qu’avait-elle fait pour mériter ça ? La vie était surprenante…Maintenant, qu’allait-elle faire ? Non, elle ne pouvait pas continuer de se noyer ainsi. Oublier n’était pas possible de toute façon, il fallait donc trouver autre chose. Pourtant, l’alcool aidait mais au fond d’elle, elle savait que ça ne suffisait pas pour se sentir mieux, c’était une solution provisoire. Que faire d’autre ? Rien ne lui venait en tête.

Soudain, elle eut une idée, une envie qui vint lui chatouiller le ventre et l’esprit. Traverser la ville en taxi et aller le retrouver, le seul qui avait toujours été là pour elle…Un autre verre qu’elle termina et elle se dirigea vers la sortie. Vite, il fallait qu’elle le rejoigne, il était le seul qui pourrait lui remonter le moral ; d’ailleurs comment n’y avait-elle pas pensé plus tôt car c’était évidemment la solution miracle. Wow, parfois, les réflexions peuvent vous jouer des tours incroyables et en cet instant, Elizabeth se retrouvait être la marionnette de son esprit tordu qui cherchait une porte de sortie car dans l’état dans lequel elle était, comment avait-elle pu penser que c’était une bonne idée ? Xavier Wallace, son prof de mathématiques au lycée, lui disait souvent qu’elle réfléchissait trop face aux problèmes ; et bien là elle ne réfléchit pas, elle se laissa porter. Y’avait cependant peu de chance qu’Elizabeth Warren décide de se laisser porter par sa réflexion à 37 ans…Zut, c’était fait, c’était fait, elle était devant cette porte alors elle sonna.

Cody ouvrit rapidement la porte. Elle sentit une bouffée d’air frais traverser ses poumons. Ca faisait du bien de le voir…Il était en short et torse nu. Avait-il toujours été aussi beau ? Oui, mais l’alcool réveillait un petit papillon dans le ventre. Pourquoi est-ce que Cody et Elizabeth n’avaient pas été le genre à continuer à coucher ensemble même après avoir été séparés ? Ca n'avait jamais été passionnel entre eux mais ils avaient clairement partager de bons moments charnels ensemble. Sinon ils ne seraient pas restés ensemble aussi longtemps. Alors pourquoi s'en étaient-ils privés même après la rupture ? Ah oui, c’est vrai, ils avaient trop de morale pour ça. Mais là aujourd’hui, Elizabeth en avait marre d’être quelqu’un de bien. Ca ne lui apportait rien de toute façon.

« Qu’est-ce que tu fais là? Tu vas bien? »

C’était du Cody tout craché ça, il avait toujours ce côté protecteur. Elizabeth était encore en pleine admiration du corps façonné de Cody qui dégageait de la testostérone de plein fouet. Mais qu'est-ce qui n'allait pas chez elle ?

« Entres, j’attends des sushis, tu veux manger avec moi ou..? »

Cody la fixa, il espérait probablement une réponse de sa part. Oui, ça semblait approprié de répondre à des questions quand on y pense.

« Ca va très bien. Très très bien même. »

Non, ça c’est ce qu’elle disait en temps normal, quand elle cachait tout. Mais là elle voulait lever le voile. Elle était fatiguée de faire comme si tout allait bien.

« Non, en fait ça ne va pas du tout. J'en ai marre de faire semblant comme si ça allait alors que ça ne va pas du tout en réalité » Elle poursuivit « vaut mieux pas que je mange de sushis mais je veux bien rentrer »

Cody se décala naturellement. Sa présence était toujours hésitante. Il ne savait probablement pas comment se comporter avec elle. Et c’est bien normal quand on pense à la dernière discussion qu’ils avaient eu. Elle les avait d’ailleurs apparemment refroidis car ils n’avaient eu que très peu de contacts depuis. Pas de déjeuner ensemble. Ca manquait à Elizabeth d’ailleurs. Dire qu’elle avait déclenché tout ça pour un homme qui l’avait lâchement laissée. Elle s’en voulait sincèrement. Elle avait probablement même fait du mal à Cody qui ne le méritait pas. Ou alors peut-être qu’elle l’avait aidé. S’il voulait être heureux, il valait mieux qu’il soit loin d’elle. Finalement, elle en venait à la même conclusion que quand ils se sont séparés. Cet homme bon méritait un bel amour. Elle n’avait jamais su pourquoi Cody avait accepté la rupture. Car si la décision avait été commune, c’est bel et bien Elizabeth qui avait amené le sujet sur le tapis. Et l’un comme l’autre n’étant pas vraiment doués pour parler d’émotions à l’époque, ils avaient bêtement tourné la page sur leur histoire de couple mais sans pouvoir pour autant se passer l’un de l’autre. Cody était le seul qui avait conservé un lien avec elle. Sur le moment, elle lui en avait voulu de ne pas s’être battu pour leur couple, de ne pas avoir tapé du pied pour qu’elle reste. Il avait acquiescé. Lui aussi l’avait abandonné, il n’avait pas cru en leur bonheur. Ils avaient parlé de mariage bon sang, comment avait-il pu la laisser s’échapper ainsi ? Mais il était tout de même resté après coup, même si ce n'était plus avec un avenir commun. Pourquoi ? Ca, c’était un mystère. Mais Cody était toujours présent encore aujourd’hui pour la protéger du mieux qu’il pouvait. Et c’était pour cette raison que c’était devant sa porte qu’elle était venue et pas devant celle d’une autre personne.

Elizabeth rentra et se précipita sur le canapé pour s’y affaler. Oui, on était décidément face à une Elizabeth qui n’était pas dans son état normal. Jamais elle ne se serait tenue ainsi dans d’autres circonstances.

« Je suis seule Cody ». Elle avala sa salive, dire tout ça à l’oral était encore plus douloureux. « J’ai 37 ans et je suis complètement seule. Si je meurs aujourd’hui, je ne sais même pas combien de temps il faudra avant que quelqu’un s’en rende compte »

Elizabeth sentait les larmes lui monter. Elle qui ne pleurait presque jamais, qui émettait toujours un tel contrôle sur son apparence.

« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Pourquoi tout le monde m’abandonne ? Je n'ai pas le droit au bonheur ? »


@Cody Shephard

« Mais… Tu m’as dit l’autre jour que tu avais rencontré quelqu’un..Tu ne peux pas être seule. »

Cody était surpris et on pouvait tout à fait le comprendre. Il y a quelques semaines, elle lui avait annoncé se lancer dans une nouvelle histoire amoureuse. La voir débarquer dans cet état chez lui devait probablement le décontenancer et lui déchirer le cœur. Mais Elizabeth n’avait pas la force de penser aux conséquences de ses actes. Elle devait juste trouver absolument une issue pour aller mieux.

« Tu dis n’importe quoi… Tu comptes pour beaucoup de monde Eli ! »

Etait-ce vrai ? Alors pourquoi les personnes l’abandonnaient si elle comptait autant pour eux ? Heureusement, la réplique de Cody était la bonne pour éviter qu’Elizabeth se perde davantage dans son amertume et ses pensées noires : il la prit dans ses bras. Son étreinte était chaude et sécurisante. Elle pouvait sentir son odeur, cette odeur familière qu’elle connaissait depuis bien longtemps maintenant. Elle était douce et réconfortante, Cody n’avait jamais aimé les parfums forts mais ce que ne savaient pas les autres c’est que c’était parce qu’il cachait en lui une grande sensibilité. Oui, son Cody il était comme ça. Elle sentit son cœur s’emballer.

« C’était juste un imbécile… Et tu te trompes. »

C’était plutôt elle l’imbécile. Comment avait-elle pu y croire ? Pourquoi avait-elle baissé sa garde ? Finalement, Elizabeth préférerait retrouver son déni de solitude. Il ne faisait peut-être pas soleil dans son monde interne mais elle y était bien mieux que dans cette réalité meurtrie par le chagrin et la grisaille. Elle essaya de se reconcentrer sur l’instant présent afin de ne pas se perdre dans les méandres de sa douleur. Elle observa Cody. Il dégageait de la colère, son instinct protecteur prenait le dessus et pour être honnête, cela rassurait Elizabeth de savoir que quelqu’un se souciait encore de ce qui se passe dans sa vie. Cody lui releva le menton, elle noya son regard dans le sien.

« Tu ne seras jamais seule. Je suis là et je ne t’abandonnerais jamais. »

Elizabeth écarquilla les yeux car elle ne voulait pas laisser les larmes sortir. Oui, Cody était toujours là, à l’épauler. Elle avait essayé pourtant de s’éloigner de lui, de le laisser poursuivre son chemin vers le bonheur. N’avait-il donc pas envie d’être heureux pour s’accrocher à un boulet aussi lourd que celui qu’incarnait Elizabeth ?

« Pourquoi ? Pourquoi tu es toujours là pour moi Cody ? Pourquoi tu ne pars pas comme les autres ? Je t’ai laissé la porte ouverte pour sortir pourtant »

Elle n’était pas sûre de vouloir connaître la réponse, par peur que cela l’achève mais les mots étaient déjà sortis. Son esprit avait un malin plaisir à la torturer. Le moment était intense. Elle ressentait trop d’émotions qui l’envahissaient. Ses yeux n’avaient pas quittés ceux de Cody mais sa tête tournait. L'alcool se déplaçait toujours dans son organisme et franchement, ce n'était pas plus mal car elle n'était pas certaine de vouloir se rappeler de tout ça demain. D'ailleurs, étant donné qu'elle était proche du visage de Cody, il avait pu sans doute sentir des effluves d'alcool s'échapper de son haleine. Mais sans doute le savait-il déjà qu'elle avait bu étant donné son comportement inhabituel.


@Cody Shephard

Cody resta sans voix et mit du temps à lui répondre. Le cœur de la belle allait s’arrêter d’une minute à l’autre si le suspense continuait ainsi. Allait-il lui dire qu’il était temps qu’il soit un peu moins là pour elle ? Cody ne lui dirait jamais ça non…Mais les quelques secondes qui s’écoulèrent étaient plus que suffisantes pour se faire les pires scénarios dans sa tête. Et son état d’ébriété ne l’aidait pas du tout à relativiser. La tension était à son comble et dès qu’elle vit les lèvres de Cody bouger, elle ferma les yeux, incapable de se confronter à ce qu’il allait dire. Elle était lâche…et c’était un trait de caractère haïssable pour elle. Mais elle n’avait pas la force de se montrer encore plus vulnérable qu’elle ne l’était déjà. Ca ne lui arrivait jamais…Mais malgré elle, elle sentit une larme couler sur sa joue. La fatigue, le stress, l’anticipation, la tristesse…Tout s’évacuait.

« Parce que je n’ai jamais eu envie de partir. C’est une bonne raison non? »

Elle rouvrit les yeux. Avait-elle bien entendu ? Cody ne la lâcha pas du regard. Il était très sérieux.

« Et je n’ai toujours pas envie »

Les émotions à l’intérieur d’elle se battaient toujours en duel. Elle était complètement perdue. Son combat interne la remuait dans tous les sens. Elle ne savait plus quoi penser. Il fallait que ça s’arrête. Elle se replongea dans le regard de Cody, toujours aussi bienveillant et protecteur. Plus rien n’existait autour d’eux. Elizabeth avait trouvé un ancrage dans la pupille brillante de Cody. C’était peut-être l’alcool qui parlait mais la seule chose dont elle avait envie en cet instant c’était de se noyer à l’intérieur de lui. Il n’y avait que lui qui arrivait à lui apporter du réconfort. C’était probablement égoïste de vouloir oublier sa tristesse avec lui mais Elizabeth était fatiguée de penser aux autres. Elle avait besoin de retrouver de l’air et Cody était son refuge en pleine nature pour retrouver sa respiration.

Elle se releva légèrement de son étreinte et se pencha pour déposer ses lèvres sur les siennes. Etait-elle en train de faire une erreur phénoménale qu’elle allait regretter plus tard ? Peut-être. Mais elle s’en moquait éperdument. Elle ne pouvait plus laisser cette désolation interne la détruire. Sa tête tournait toujours mais elle sentait les bras forts de Cody la retenir, comme s’il était capable de sentir son déséquilibre et la possibilité de chute. Le baiser était tendre et plutôt timide, elle ne savait pas comment il allait réagir. Mais ce petit aperçu était loin d’être suffisant, il lui en fallait plus. Elle lui fit comprendre qu’elle ne comptait pas s’arrêter là. Elle plaça ses mains sur son torse et commença à explorer cette grande surface à reliefs. Elle remonta ses doigts délicatement jusqu’à sa nuque pour s’accrocher à Cody et l’embrasser plus passionnément. Sa langue explorait la sienne, des retrouvailles impromptues mais fort agréables. Le contact se rompit et ils se regardèrent. Si l'un d'eux voulait arrêter tout ça, c’était maintenant ou jamais.


@Cody Shephard

Si dans un premier temps, Cody se laissait faire, lorsqu’un tout petit temps mort apparut, il s’en saisit, bien conscient de ce qui était en train de se passer comparer à Elizabeth qui n’était clairement pas dans son état normal avec tout l’alcool qu’elle avait bu.

« Eli…C’est pas une bonne idée… tu n’es pas dans ton état normal. »

Oui, clairement, elle n’avait pas tous les neurones qui se connectaient en cet instant mais elle s’en moquait éperdument. C’était peut-être effectivement une mauvaise idée mais une qu’elle avait envie de faire tout de même.

«  Tu mérites bien mieux que ça… Je n’veux pas de ça entre nous. Pas comme ça. Sur un coup de tête et parce que tu te sens mal. »

Elizabeth fut interpellée par la tournure de la phrase de Cody. Pas comme ça ? Est-ce que ça voulait dire qu’il le voulait tout de même ? Mais…qu’était-il en train de sous entendre ? Elle se refusait à laisser sa pensée prendre forme et effaça de suite ce qu’elle avait entendu de sa mémoire, se reconcentrant sur le corps de Cody, qui l'appelait.

« J’ai pas envie d’être ta roue de secours. ». Il lui effleura la joue. La chaleur de sa main venait brûler d’envie la douceur de sa joue : Elizabeth était en feu. « et je ne veux pas profiter de la situation. »

Sa réponse fut instantanée. « Et pourquoi pas ? C’est pas vraiment profiter puisque c’est moi qui me jette sur toi »

Sur le principe, elle n’avait pas tord…« Et c’est pas parce que j’ai bu un verre ou deux que je n’ai pas conscience de ce que je suis en train de faire. Il parait que l’alcool désinhibe. Et bien voilà, c’est moi désinhibée là »

C’est sûr que voir Elizabeth se lâcher ça n’arrivait pas tous les jours…

« J’en ai marre de toujours tout rationaliser. Pour une fois j’ai juste envie d’écouter ce que mon corps me dit. Dis-moi que tu n’en as pas envie toi aussi »

Elle le regarda les yeux brillants. Elle avait juste envie de s’offrir à lui, d’apprécier un moment de plaisir sans penser aux conséquences de ses actes. Soudain, la porte sonna. Cody et Elizabeth mirent du temps à comprendre d’où provenait le son, trop hypnotisés par la bulle qui venait de se créer autour d’eux. On entendit frapper à la porte et cette fois-ci Cody réagit. C’était le livreur de sushis.

Les quelques secondes qui s’écoulèrent où Cody n’était plus dans son champ de vision suffirent à Elizabeth pour revenir à la réalité. Qu’était-elle en train de faire ? Elle entendit en écho les paroles que Cody avait prononcées juste avant. Et c’était comme si, brusquement, tout ce qu’avait dit Cody venait la frapper en pleine figure. Il avait raison…Il ne devait pas être la roue de secours qui était utilisée pour que la voiture continue d’avancer. Elle pouvait s’en sortir seule, ou du moins elle allait essayer…Elle se devait au moins d’essayer pour le protéger, lui. Cody était un homme bon et il méritait bien mieux que l’on se jette à son cou après avoir pris un coup de trop. Et elle ne pouvait nier avoir entendu ce fameux « pas comme ça ». Sans doute allaient-ils devoir en reparler mais là, elle voulait juste fuir la honte qui l’envahissait soudainement.

Cody revint à côté d’elle, avec la poche de sushis.

« Je vais y aller. Ton repas va refroidir »

Comme si des sushis pouvaient refroidir…mais en cet instant, toutes les excuses étaient bonnes pour essayer d’échapper à son regard lui, à elle. Allait-il la regarder différemment après ce qu'il venait de se passer ? Avait-il réellement envie de poursuivre ce qui avait failli se produire ? La Elizabeth qui avait envie de se lâcher, ça ne durait jamais longtemps de toute façon…ses pensées se remirent à voler dans tous les sens à l’intérieur d’elle. Elle sentit les larmes avoir envie de s’échapper de ses yeux.


@Cody Shephard

« Bien sûr que j’en ai envie Eli... mais... »

Voilà, c’était dit. Clair comme de l’eau de roche. Lui aussi le voulait. L’avoir près de lui, sentir leur corps fusionner, laisser l’envie les dominer…Avaient-ils déjà laissés dans le passé une situation leur échapper, eux qui étaient toujours dans le contrôle ? Est-ce que finalement, ce n’était de ça dont ils avaient besoin pour avancer, lâcher prise sur ce qu’il pouvait se passer ? Pourquoi ne pas vivre l'instant présent tout simplement et voir ce que ça leur provoquera en eux ?

Ils furent interrompus par le livreur qui venait déposer le repas de Cody. Elizabeth reprit le contact avec la réalité et changea complètement d’avis. Elle ne voulait pas se servir de lui pour se sentir mieux car lui pardonnerait-il sinon ?

Cody était revenu près d’elle et elle lui communiqua sa décision de partir. Les larmes lui montèrent aux yeux, sans pour autant couler. Elle les retenait tellement fort. Elle mit d’ailleurs le peu d’énergie qui lui restait à cela. Mais impossible de mentir à Cody, il la connaissait bien et était tout à fait capable de sentir son désarroi.

« Pleures pas. J’aime pas te voir comme ça... »

Et là, Elizabeth fut prise de court par la situation. Cody vint coller ses lèvres aux siennes et lui offrit un tendre baiser. Elle sentait sa volonté de partir diminuer à ce contact délicat. Elle répliqua elle aussi en se faisant plus conquérante avec sa langue. Mais son cerveau continuait de tourner à l’intérieur d’elle. Etait-ce un baiser de pitié ? Ce n’était pas ce qu’elle voulait…Mais encore une fois, que voulait-elle vraiment ? Cody était protecteur et bienveillant, il aurait été prêt à tout pour l’aider et elle le sait. Elle ne pouvait pas le laisser se mettre dans cette position.

« Non attends »

Elle recula légèrement pour reprendre de l’air.

« Pourquoi est-ce que tu viens de m’embrasser ? Est-ce que c’est parce que tu en as envie ou juste parce que tu veux m’apporter du réconfort ? »

Elizabeth mit ses mains sur ses tempes, elle sentait que sa tête allait exploser pour cause de surchauffe.

« Oui, j'ai envie de toi mais je ne peux pas prendre le risque de te perdre Cody. Pas toi »

Mais n’était-ce pas déjà trop tard ? S’ils partageaient de nouveau leur intimité, cela soulèverait de nombreuses questions mais s’ils ne le faisaient pas, il y en aurait tout de même. Et finalement, n’était-ce pas utopique de se dire qu’ils pourraient revenir comme avant ? Et que se passerait-il le jour où l’un d’eux se lancerait dans une nouvelle relation, comme Elizabeth avait failli le faire ? Leur lien amical serait-il capable d’être plus fort ? C’était encore une possibilité mais pour cela, ils devaient replacer certaines limites. Le déni dans lequel ils s'étaient placés devrait cesser un jour ou l'autre. Elle sentait comme si elle était dans un train à grande vitesse, prise par ses émotions intenses. Le train était-il en train de quitter le rail ?


@Cody Shephard

Elizabeth devait savoir si la décision de Cody était dirigée par de la pitié ou de l’envie. Elle lui posa la question clairement.

« C’est important la toute suite ? »

Excellente réplique…Oui, est-ce que ça avait réellement de l’importance là ? Elizabeth se sentit légèrement bête mais en même temps elle n’arrivait pas à penser clairement avec tout l’alcool qu’elle avait bu. Cody poursuivit et elle prêta attention à chacun de ses mots.

« Mais pour être honnête c’est pour les deux raisons que tu viens de citer. Elizabeth, j’ai également envie de passer un moment avec toi et j’ai envie plus que tout que tu sois bien. Donc... l’un entraine l’autre. Non? »

Si. C’était tout à fait possible dans ce sens-là et elle n’y avait pas pensé. Elle voyait tellement Cody comme un bon samaritain…Ash rigolerait sans doute s’il pouvait lire ses mots mais Elizabeth s’en moquait, elle savait que Cody était toujours bien intentionné…Et elle pensait qu’il voulait toujours aider en priorité. Tellement qu’elle en oubliait parfois qu’il avait aussi le droit de se positionner par rapport à ses propres envies. Elle lui exprima ensuite sa peur de le perdre.

« Je te suis plus là... ». Il se leva du canapé. « Je vais aller te chercher un verre d’eau. »

En même temps, qui aurait été capable de suivre ce qu'il était en train de se passer ? Cody avait raison d’aller chercher un verre d’eau et de faire pause dans ce ping-pong de désir et de questionnements. Il revint. Elizabeth s'était de nouveau assise sur le canapé et Cody se remit à côté d'elle, conservant une certaine proximité.

« Eli, faut que tu m’expliques la.... »

Un silence s'installa et Elizabeth le rompit en ayant une réaction improbable…Elle se mit à rire. Cette situation était juste impossible à résoudre de toute façon alors autant la tourner à la dérision, non ? Cody la regarda curieusement mais avec le sourire.

« On se prend trop la tête toi et moi non ? »

Ils avaient toujours été comme ça et cela avait amené tellement de discussions houleuses, voire même de disputes qui partaient de légers désaccords. Aucun des deux ne voulait jamais lâché et ils se retrouvaient vite dans un discours de sourds. Le ton montait rarement car ils émettaient tous les deux un contrôle énorme sur leurs émotions mais ils terminaient parfois à faire soirée chacun de leur côté, de façon très froide. Oui, Cody et Elizabeth s’étaient pris la tête plus d’une fois...Alors cette fois-ci, elle ne réfléchit pas et elle se blottit dans les bras solides et protecteurs de Cody. Elle se tut. Pour l’instant, elle voulait juste que le temps s’arrête. Elle sentit la main de Cody caresser ses cheveux et ce contact l’apaisait, elle en était reconnaissante. Elle ferma les yeux et décida de le laisser libre de l'utilisation de ses mains. Elle avait juste envie de lâcher prise, si ça devait se transformer en moment plus intime et bien qu'il en soit ainsi.


@Cody Shephard

Elizabeth avait probablement eu des neurones grillés par l’alcool et s’était mise à rire de cette situation…Avoir descendu tous ces verres avait au moins eu le mérite de lui faire lâcher prise. Peut-être que demain elle regrettera quand elle trouvera la compagnie de Madame Migraine et Monsieur Vomi mais en attendant elle se sentait juste pousser des ailes. Ses pieds n’étaient plus collés au sol, elle n’était plus aussi terre à terre. Et ça faisait du bien.

Elle s’était blottie contre Cody, retrouvant le contact de son corps chaud et rassurant. Mais l’étreinte ne dura pas longtemps. Il la força à se redresser et n’hésita pas une seule seconde à l’embrasser. D’abord tout en douceur puis il se faisait davantage conquérant en y mêlant sa langue exploratrice. Elle sentait ses mains la tenir fermement au niveau du visage. De toute façon, elle n’avait pas du tout envie de s’échapper…Cody semblait déterminé à se laisser guider par son désir. Il la bascula vers l’avant, la poussant à s’allonger. Elle pouvait le voir étendu sur lui, le regard brûlant de désir. Cette vision n’était pas du tout gênante, comme si finalement c’était hier qu’ils avaient eu leur dernier contact physique. La présence de Cody était familière et la scène était presque naturelle.

Elle lui caressa le visage délicatement avec ses doigts, effleurant la surface comme si c'était de la soie et rencontra tendrement ses beaux yeux nuancés. Ils étaient en effet tantôt entièrement gris, tantôt avec des touches de bleus. Elle les connaissait par cœur, elle en avait aperçu chaque recoin. Et là, en les observant, elle fut envahie par une sensation particulière...Elle savait qu’ils seraient toujours là pour l’observer. Etait-ce bizarre comme intuition, de savoir que peu importe ce qui se passait entre eux, ils auraient toujours un lien qui les unirait ? A cet instant précis, Elizabeth sentit ses angoisses s’envoler. La température de son corps augmentait considérablement au fur et à mesure qu’elle s’accrochait à ces pupilles enflammées. Elle se redressa légèrement, tout en conservant le lien visuel avec cet homme qu’elle connaissait si bien. Elle embrassa son torse et elle remonta jusqu’à son cou en suivant sa belle courbe qui lui montrait un chemin tout tracé. Ses lèvres brûlantes laissaient des cendres sur le passage, marquant la peau claire de Cody. Elle se laissait enivrer par son odeur, elle avait envie de se perdre en lui, de le laisser être son roc et la soutenir. C’était peut-être égoïste initialement comme besoin mais il en manifestait clairement l’envie également. Cody s’était de toute façon toujours épanoui dans ce rôle de protecteur qui lui collait à la peau.

Elle utilisa ses mains pour parcourir les collines de muscles de Cody. Le relief était toujours aussi agréable au toucher. Il avait toujours été en très bonne forme physique de par son travail. Elle se releva mais doucement car elle sentait son équilibre encore précaire et entortilla son bras pour qu’il rejoigne la fermeture de sa robe sur le côté. Cody ne perdit pas une miette de ce qui se passait, cherchant sans doute à analyser les mouvements de la belle dès qu’il la sentit bouger. Le bruit de la fermeture se fit entendre alors qu'elle descendait doucement. Ce n'était pas volontaire, Elizabeth galérait tout simplement à l'ouvrir, entre sa position et sa concentration qui était difficile à trouver avec tout l'alcool qui résonnait encore à l'intérieur d'elle. Elle se replongea dans le regard de Cody plein de promesses sensuelles. Elle espérait que le prochain geste de Cody indique quel chemin ils allaient choisir ce soir. Allait-il l’aider à retirer sa robe et couvrir sa douce peau de baisers dévorants ? Allait-il utiliser ces quelques secondes de pause pour arrêter cet échange électrique ? La tension était palpable. L’excitation se propageait en elle aussi vite qu’une fusée et elle était plus que prête à décoller pour atteindre les cieux les plus hauts.


@Cody Shephard