Will you still love me when I'm no longer young and beautiful ? Will you still love me when I've got nothing but my aching soul ? I know you will, I know you will, I know that you will. Will you still love me when I'm no longer beautiful ?
18h, et je suis prêt à partir. Tout devrait être prêt pour le service de ce soir, sauf que je ne serai pas là. Ce soir, je suis en week-end et j’ai réservé pour 20h une table pour deux dans le restaurant préféré d’Alex. Une soirée en tête à tête en amoureux, juste elle et moi. Je sais que ça sera sûrement la dernière fois que l’on pourra se retrouver comme ça avant la naissance des jumelles. Je suis bien conscient qu’avoir un enfant a forcément un énorme impact sur l’intimité et la vie de couple mais dans notre cas je n’oublie pas que nous allons en avoir deux. Alors notre vie de couple en sera d’autant plus impactée si ce n’est pas plus. Donc j’ai hâte de retrouver Alex pour un dîner romantique pendant lequel nous allons pouvoir pendant quelques heures tout oublier. Oublier toute cette pression des dernières semaines, le dernier trimestre qui semble être vraiment compliqué pour elle, le stress, oublier que notre vie est sur le point de changer radicalement pour toujours. Se concentrer simplement sur nous, notre amour, nos sentiments, sur son sourire, son rire, ses yeux, sur tout ce que je ressens pour elle quand je la regarde. J’ai non seulement hâte pour cette soirée que nous allons passer mais également pour ce week-end de repos qui m’attend. Week-end que je compte bien passer en sa compagnie à ne rien faire de particulier simplement à m’assurer que tout va bien pour elle tout en étant à l’écoute de ses plaintes, ses envies et ses besoins. 18h30, j’ai officiellement terminé tout ce que je devais faire et alors que je viens tout juste de refermer la porte de mon bureau, un de mes employés vient m’intercepter avant que je ne parte pour m’informer qu’il manque un certain nombre de produits pour le service de ce soir. S’il en manque un, en général je ne dis rien. On fait sans et on prévient chaque client avant de prendre leur commande le plat qui ne pourra pas être servi ce soir. Sauf que là ce n’est pas un ou deux ingrédients manquants mais trois et on ne peut pas se permettre ça. Ce matin ce n’est pas moi qui ai réceptionné la marchandise et je compte bien en toucher quelques mots à celui qui l’a fait. Je regarde ma montre ; 18h34 et je dois aller à l’autre bout de la ville pour aller chercher ce qu’il manque. À cette heure-ci il y a du monde et donc je sais pour coup sûr que je vais devoir annuler mon rendez-vous avec Alex. Elle va me tuer. Je le sais, je la connais et je risque de passer un sale quart d’heure en rentrant ce soir. Ils m’informent également qu’un collègue n’est pas encore arrivé mais je ne m’inquiète pas tout de suite. Il est censé commencer à 18h30 et ce n’est pas au bout de cinq minutes de retard que je me permets de l’appeler pour le lui souligner. C’est en étant en colère que je monte dans ma voiture, j’envoie un message à Alex, je sais qu’elle va m’engueuler. Je le sais. « J’ai un imprévu au boulot, je ne pourrai pas arriver à temps ce soir. Désolé, je t’aime. » Et je ne touche plus à mon portable, parce que je suis sur la route et qu’il y a effectivement du monde. Beaucoup de monde. Je suis pris dans des embouteillages, il y a apparemment eu un accident sur la route principale alors forcément à cette heure-là il suffit d’un rien pour que la route soit bouchée. J’arrive vers 19h30 et je reprends la route en direction du restaurant un quart d’heure plus tard. Quand j’arrive au restaurant il est presque vingt heures et le service a bien commencé. La salle est presque pleine et quand je passe faire un tour en cuisine, le second m’informe que leur collègue n’est toujours pas arrivé. Ils se retrouvent alors que deux pour gérer une salle de quarante couverts. C’est faisable, mais je ne veux pas que la surcharge de travail les pousse à bâcler les assiettes et à potentiellement faire des erreurs alors avant de leur donner un coup de main j’appelle le collègue qui devait venir. Il est malade. Il ne nous a pas prévenu et je lui fais part de mon mécontentement et de ce manque de professionnalisme par téléphone tout en lui précisant que nous aurons une nouvelle discussion après ce week-end. J’appelle alors un autre collègue qui accepte de venir sur sa soirée qui devait normalement être un repos pour lui. Seul hic : il n’est pas chez lui alors il n’arrivera que dans une petite heure. Alors en attendant je reste en cuisine.
Je ne vois pas le temps passer, tout va très vite, il y a beaucoup de monde ce soir, les commandes s’enchaînent les clients partent et à peine quelques minutes plus tard leur table est prise par d’autres personnes. Quand je vois le collègue arriver, je suis soulagé et mon premier réflexe est de regarder l’heure sur mon portable ; 21h10. Alex va me tuer. Cette pensée ne fait que s’intensifier quand je vois sept sms en attente de sa part. je les ouvre et j’ai l’impression qu’à chaque message, elle est de plus en plus en colère. Jusqu’à son dernier ; « J’ai perdu les eaux si jamais on t’intéresse et je suis toute seule à la maison à t’attendre ... » Je sens mon cœur louper un battement. Littéralement. Depuis que je me suis levé ce matin je ne me sens pas très bien, comme une sensation de gêne dans la poitrine, des palpitations qui m’ont dérangées toute la journée mais jamais vraiment inquiétées parce que ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Mais elle me dit avoir perdu les eaux. C’est trop tôt. Beaucoup. Beaucoup. Beaucoup trop tôt. Elle n’en est qu’à six mois de grossesse, elle vient à peine d’entrer dans le troisième trimestre. Si elle accouche maintenant il y a des chances qu’un des bébés ait un problème. C’est donc sans un mot que je quitte le restaurant dans une grande précipitation. Je monte dans ma voiture et je démarre rapidement. J’essaie de l’appeler une fois. Pas de réponse. Je panique. Une deuxième fois. Toujours pas de réponse. Une troisième fois. Une quatrième fois. Elle a perdu les eaux. C’est trop tôt. Je ne me sens pas bien du tout. J’ai peur. Je stresse. Je panique, vraiment beaucoup. J’arrive à la maison en un temps record et à peine la porte ouverte que Dobby s’avance vers moi et je ne le calcule même pas ce qui est assez inhabituel pour moi, je cherche Alex du regard et elle est allongée, tranquillement. Je referme la porte sans la quitter des yeux, un peu confus alors qu’elle se lève. Elle semble aller bien. Physiquement du moins. « Ouah, déjà rentré ? Mais que d'honneur ! Je ne t'attendais plus. Je ne pensais même pas que tu réussirais à m'accorder un peu de ton précieux temps ce soir. » Je ne lui réponds rien, je la fixe les sourcils froncés. Elle m’en veut, oui. Elle est froide, oui. Je regarde partout autour de moi tout en passant une main dans mes cheveux mais elle ne semble pas avoir perdu les eaux et je ne comprends pas. « Tu es vraiment sur qu'il ne va pas y avoir un imprévu au restaurant cette nuit ? Non parce que tu devrais songer à dormir là bas, on sait jamais, ils peuvent pas se passer de toi une soirée, alors une nuit peut-être que ça risque de s'écrouler. » Honnêtement ? Je l’écoute à peine. Je suis perturbé et je ne comprends surtout rien du tout. Elle va bien. Physiquement du moins. Les filles vont bien ? Je n’en sais rien, je suis perdu. «…je comprends pas, tu m’as dit que tu avais perdu les eaux… » Et la confusion s’entend au son de ma voix, je suis complètement paumé, je sens encore cette drôle de sensation dans la poitrine mais je ne dis rien, j’encaisse les yeux fermés quelques secondes le temps que ça se calme. Je la regarde et je vois dans son regard quelque chose d’assez inhabituel. Un regard froid, distant et même presque rempli de haine à mon égard. Elle n’a pas perdu les eaux. Elle voulait juste me faire payer mon annulation de ce soir. Quand je comprends ça l’incompréhension laisse vite place à tout autre chose ; la colère. Je lâche un long soupir tout en fermant les yeux, les mains dans les cheveux comme pour m’aider à évacuer toutes les émotions qui ont traversées mon esprit ce dernier quart d’heure. « J’arrive pas à croire que tu as osé faire ça. » Pour l’instant le ton de ma voix est calme. Je suis encore un peu sous le choc du mensonge qu’elle a utilisé contre moi. « Tu te rends compte de ce que tu viens de me faire, là ? Non, enfin tu t’en fous, tant qu’on ne parle pas de toi t’en as toujours rien à foutre de toute façon. » Cette fois c’est un peu moins calme et beaucoup plus froid. Je lui en veux énormément et là quoiqu’elle puisse dire ou faire, il va me falloir un bon moment pour digérer ça. Son seul et unique objectif était de me faire mal. Me faire peur. Elle a réussi comme souvent. Elle sait comment faire, c’est une vraie professionnelle en la matière parce qu’elle me connait et elle sait où appuyer pour me faire mal. « Tu sais quoi, retournes-y et restes-y puisque ton resto a tant besoin de toi. En tout cas moi je n'ai pas besoin de toi, et j'ai encore moins envie de passer mes soirées à t'attendre. » Elle n’a pas besoin de moi. Elle n’a pas besoin de moi ? C’est le genre de phrase qu’on dit quand on veut rompre avec quelqu’un ça. Est-ce qu’elle veut me quitter ? Peut-être, au final je n’en sais rien. Si elle ne m’avait pas fait croire qu’elle avait perdu les eaux avec trois mois d’avance j’aurais été vraiment désolé et je lui aurais fait savoir mais là, je suis bien trop en colère contre elle. « Je suis désolé, c’est ça que tu veux entendre ? » Mes excuses sont plus ou moins sincères, parce que si je n’avais pas annulé ce rendez-vous elle ne se serait pas amusée à me faire croire qu’elle était en train d’accoucher. « Je le suis vraiment, mais t’avais aucun droit de faire ça. C’était juste de la méchanceté gratuite. Et moi contrairement à toi j’ai jamais voulu te faire du mal. » Je ne voulais pas la blesser alors qu’elle ne peut pas dire le contraire. Alex voulait me faire peur, me blesser, me faire du mal. Et elle a réussi.
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Qu’elle m’en veuille, je peux le comprendre. Qu’elle soit en colère contre moi aussi, je l’accepte et je le comprends. J’aurais largement préféré passer la soirée avec elle et de base, ce n’était pas forcément trop tard pour rattraper tout ça. Il est à peine vingt et une heure trente, sauf qu’elle m’a sauté dessus à peine la porte d’entrée ouverte. Et en soi, ce n’est même pas forcément ça le problème. Elle m’a menti. Elle m’a fait croire qu’elle avait perdu les eaux, qu’elle était sur le point d’accoucher et je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça. Enfin si, je sais pourquoi elle m’a envoyé ce message. J’ai dû annuler notre soirée alors elle a voulu me le faire payer. C’est petit. C’est de la méchanceté gratuite, mais le pire ? C’est que venant d’Alex ce n’est même pas étonnant. À en croire que me faire mal comme ça lui fait plaisir. J’en viens vraiment à me poser cette question. Sauf que moi, j’en ai marre de toujours me laisser faire. La laisser me faire mal, comme ça, tout le temps, volontairement. « Mais oui je m’en fous Caleb. Je m’en fous de toi, de nous, de tout ça. Je m’en fous tellement que j’ai passé toute cette putain de journée à préparer cette soirée pour que tout soit parfait. Et je me suis retrouvée toute seule sur le canapé coincée dans cette fichue robe parce que je suis trop énorme pour la retirer. Parce que je peux plus rien faire toute seule et que tu m’as laissé, parce que le resto avait plus besoin de toi. J’ai fais tout ça pour toi. Pour te plaire. Pour notre couple et c’est moi qui me fiche de tout ? » Elle n’écoute pas ce que je lui dis, elle retient que ce qu’elle veut. Elle peut dire tout ce qu’elle veut je continuerais de penser qu’elle ne prend jamais ce que je peux ressentir en considération. Elle me l’a prouvé en me faisant croire qu’elle était en train d’accoucher bien trop précocement, elle voulait juste me faire mal pour se soulager sûrement. Elle me l’a aussi prouvé la dernière fois quand je lui ai expliqué avoir une peur bleue de la perdre, elle était vexée parce que je lui ai dit que je ne pouvais pas l’épouser maintenant, alors elle n’a pas réellement pris en compte ce que je ressentais. Elle est comme ça, Alex. Égoïste. Et c’est sûrement son plus gros défaut. Je préfère ne pas lui répondre parce que je suis vraiment en colère, et dans ce genre de moment je peux être très méchant dans mes propos sans vraiment le vouloir. Et moi je ne veux pas lui faire de mal, encore une différence entre nous. Puisqu’elle semble adorer le faire, elle. « Tu as même pas daigné m’appeler pour annuler. Juste un sms. Un putain de sms pour évoquer un imprévu au resto alors que j’avais passé ma journée à attendre ce moment avec toi. Je ne fais plus que ça de toute façon parce que tout le reste je ne peux plus ou ne dois plus le faire, pour nos filles. Alors j’attends comme une conne, mais là tu oses me dire que je me fous de tout ? Alors que tu viens de prouver que ton boulot compte plus que nous ? » Je lâche encore un long soupir et cette fois c’est à mon tour de lui lancer un regard froid. Elle m’énerve. Tellement. Elle en a marre de la grossesse, je peux à la limite le comprendre mais quand on l’écoute on a presque l’impression qu’elle la regrette. « Arrête, ne me prends pas pour un con Alex, on sait tous les deux que si je t’avais appelé tu m’aurais fait exactement la même crise. Et tu pourras dire tout ce que tu veux je maintiens ce que je t’ai dit. T’es égoïste Alex, et t’en as rien à foutre des sentiments des autres, tu penses qu’à toi. » Elle va encore essayer de le nier mais ça serait ridicule parce qu’on sait tous les deux que j’ai raison. si elle n’était pas si égoïste et égocentrique elle ne m’aurait pas envoyé ce message, ou bien elle aurait fini par m’en envoyer un autre pour me dire que c’était une fausse alerte et qu’elle allait bien. Mais elle ne l’a pas fait parce qu’elle voulait me faire peur. Pour se venger. Pour me le faire payer. J’accepte ses reproches, je sais que j’ai merdé ce soir mais il y a bien des choses que je ne peux pas la laisser dire. « Tu peux pas me dire que mon boulot compte plus que nous. Je fais toujours tout pour toi et pour nous, alors t’as pas le droit que dire ça. C’est pas vrai. » Quand elle me demande de me libérer un peu, je le fais. Quand elle me demande si je veux bien passer la soirée avec elle au lieu de travailler, je le fais. Elle m’a demandé de partir deux semaines en vacances avec elle en laissant mon portable de côté sans appeler le restaurant une seule fois, je l’ai fait. C’est la première fois que je suis obligé d’annuler une soirée prévue tous les deux à cause du travail. C’est la première fois et elle ose me dire que je fais passer mon travail avant. Que mon restaurant compte plus pour moi. Et je sais qu’elle pense tout ça, mais je ne peux pas la laisser dire ça. Même si je sais très bien que quoique je dise, elle va continuer de crier et que cette dispute n’est pas prête de s’arrêter. « Tu as pas voulu peut être. Sauf que ça m’a fait du mal Caleb et le pire c’est que je me dis que ça va se reproduire encore et encore. » Je secoue la tête de droite à gauche, agacé, énervé, j’essaie de prendre sur moi mais je n’y arrive pas. Moi aussi je commence à hausser le son de ma voix. « Mais putain arrête ça, Alex ! C’est la première fois que ça arrive. Je me plis en quatre pour toi et tes petits caprices, tout le temps. Je fais toujours tout pour toi et pour nous alors s’il te plaît arête d’agir comme si j’étais jamais à la maison et que je te délaissais parce que c’est vraiment des conneries. » Elle ne me regarde pas mais moi je le fais, mon regard est froid et dur. Elle m’énerve tellement. Elle a le droit d’être en colère, déçue, triste, même de m’en vouloir un peu mais elle ne peut pas me dire tout ça parce que ce n’est vraiment pas juste. Elle va presque réussir à me faire croire que je ne fais assez attention à elle et que je la laisse toujours se débrouiller toute seule, tout le temps. « J’aurais pas dû dire ça. J’aurais pas dû me servir de la grossesse, mais ça aurait pu arriver. Tu me poses un lapin par sms sans t’inquiéter de savoir comment je vais, puis tu ne réponds plus à aucun message. Ça aurait pu arriver et j’étais toute seule parce que le restaurant passe toujours en premier. Je n’aurais pas dû, et je suis désolée. C’était méchant de ma part, mais ce soir c’est pas moi qui ait merdé. » Je ne lui ai pas posé un lapin parce que je l’ai prévenu que je ne pourrais pas être là ce soir, je ne l’ai pas laissé en plan comme elle le sous-entend. Je ferme les yeux prenant une grande inspiration. « J’en ai rien à foutre de tes excuses, Alex. » Et le pire, c’est que c’est vrai. « Tu sais quoi ? T’as raison, t’es vraiment à plaindre. Avoir un mec qui fait passer son boulot avant et qui ne prend pas soin de toi ça doit être vraiment très dur. » Ma voix est pleine d’ironie et surtout d’agacement. Parce qu’elle n’est vraiment pas juste dans ses propos. Elle peut être en colère et m’en vouloir pour ce soir, mais elle n’a pas le droit d’avancer ce genre de choses complètement fausses.
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Des petites disputes entre nous ça arrive bien régulièrement. On est jamais d’accord sur rien, mais la plupart du temps on se dispute pour des petits détails, on se fait la gueule quelques minutes ou quelques heures et on se réconcilie très vite. Mais je pense que ce soir ça sera différent. Parce que j’en ai marre de toujours devoir m’écraser devant elle parce que j’ai peur de la blesser. J’ai envie qu’elle comprenne que cette fois, elle n’aura pas le dernier mot. Elle m’en veut, très bien, elle a le droit de m’en vouloir. Mais elle ne peut pas me balancer tout ça en pleine gueule. Et puis ce soir, je vide mon sac. Chose que j’aurais peut-être dû faire il y a bien longtemps, je lui dis ce que je pense. Je la mets face à ce qui doit être son plus gros défaut, avec lequel je commence à avoir de plus en plus de mal à vivre et tout ça ne semble pas lui plaire du tout. « Mais oui je pense qu'à moi, je suis égoïste, c'est ça que tu veux entendre ? Ça te soulage que je l'avoue ? Tu veux aussi que je dise que je m'en fous de toi. Que tu comptes pas ? Je peux te dire tout ça si c'est ce que tu veux entendre, si ça te rassure, de tout façon je vois que tu as déjà une idée bien précise sur moi. » Comme toujours elle en fait des caisses, elle en fait trop. Ça m’énerve tellement que je ne sais même pas quoi lui répondre. De toute façon à chaque fois que l’un de nous prend la parole la situation s’envenime toujours un peu plus. Encore plus quand elle me reproche à de nombreuses reprises de faire passer mon travail avant notre couple, ça, ça me reste en travers de la gorge. Parce que je suis attentionné, je la fais passer avant tout et tout le monde. Avant mon travail, avant moi-même et elle ose me faire ce reproche complètement infondé. Alors je m’énerve encore plus. « A t'entendre, il n'y a que toi qui fait des efforts pour nous, c'est injuste de me dire ça. » Je bloque, je fronce les sourcils cherchant à comprendre pourquoi elle me dit ça. Elle m’invente des propos que j’aurais apparemment tenus sauf que c’est tout sauf le cas. Moi je ne lui ai rien dit de la sorte. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? J’ai jamais dit ça. » Avant c’était le cas. Avant j’étais le seul à faire des efforts pour notre couple mais aujourd’hui je sais que ce n’est clairement plus le cas. Elle est sobre parce que je lui ai demandé de l’être pour moi, pour nous, pour notre couple. Elle est enceinte et elle ne repousse pas cette grossesse. Mais elle invente des choses qui sont complètement fausses parce que je ne lui ai jamais dit que j’étais le seul à m’investir dans notre couple. Et ça m’énerve tellement. Après lui avoir enfin dit qu’elle est égoïste je lui fais part de ses caprices de plus en plus présents. Alex, c’est une fille unique issue d’une famille riche. Elle a toujours eu tout ce qu’elle voulait sans jamais faire le moindre effort pour l’obtenir. Alors aujourd’hui elle espère que ce soit la même chose, sauf que ce n’est pas possible. Moi je ne suis pas riche. J’ai dû travailler d’arrache-pied pour être là où j’en suis aujourd’hui. On vient de deux mondes totalement différents et ce soir, ça se ressent plus que jamais. « Désolée de te pourrir la vie avec mes caprices. On se demande bien ce que tu fais là, ça a l'air d'être un calvaire de vivre avec moi. » Je ferme les yeux, je soupire. Elle cherche à me faire culpabiliser en me disant tout ça et ça marche presque. Et ça m’énerve parce que ça veut dire qu’elle a gagné. Elle va encore obtenir ce qu’elle veut. Inconsciemment et alors que je ne le veux pas du tout, je vais encore céder à son petit caprice du jour. Et je me déteste pour ça. « Arrête ça. » Ma réponse est froide. Elle doit arrêter de toujours faire ça. Me faire culpabiliser pour qu’elle puisse obtenir ce qu’elle attend. Et le pire c’est que moi comme un con, j’ai beau le savoir mais je me fais toujours avoir. Cette fois c’est un long soupir que je lâche tout en passant mes deux mains dans mes cheveux. Je reste silencieux un long moment, je suis à deux doigts de m’excuser pour tout ce que je lui ai dit. Mais pourtant je pense absolument tout. Je n’ai pas à m’excuser. J’abandonne et je lui donne raison sur tout. Je suis un mauvais petit-ami qui fais passer son travail avant, qui ne prend pas soin d’elle et donc si j’en crois tout ce qu’elle m’a dit, un futur mauvais père. Parce que si je suis aussi absent qu’elle le dit je ne vais pas être un bon père et ça, c’est difficile à encaisser. Mais elle a sûrement raison après tout. « J'ai pas dis ça. » Ce n’est pas drôle mais je ris un peu. Un rire sans joie, complètement détaché, ironique. Elle se fout ouvertement de moi en plus, elle me prend pour un con en plus mais je n’ai plus envie de me battre avec elle. J’en ai marre. Elle a gagné, ça doit être jouissif pour elle c’est ce qu’elle attendait après tout. « C’est littéralement ce que tu viens de dire. » Je ne suis plus vraiment énervé enfin si, mais je ne lui montre plus. Je suis fatigué, blasé, j’en ai marre alors je ne hausse même plus le ton. J’ai lâché l’affaire et mon esprit est à moitié absent. « Pourquoi tu comprends pas ? J'ai pas dis que tu prenais pas soin de moi, mais j'avais besoin de toi ce soir. » Il me semble pourtant l’avoir entendue me dire le contraire. Elle m’agace. Elle se victimise encore. J’en ai marre. Je suis fatigué et il y a encore cette sensation de bizarre dans la poitrine qui ne m’aide vraiment pas. « T’as pas besoin de moi, tu l’as dit toi-même. » Et ça, je l’ai bien retenu. Si elle n’a pas besoin de moi je me demande surtout ce que je fais encore là. Je suis inutile, elle me fatigue. Vraiment beaucoup. Le ton de ma voix est monotone depuis ces dernières minutes alors qu’elle soupire, elle souffle je sais ce que ça veut dire ; elle est encore bien énervée. Alors je la laisse se battre toute seule mais je lève tout de même le regard vers elle quand elle reprend la parole. « Si pour toi, les choses sont normales ou presque, moi c'est tout mon quotidien qui change. Je suis fatiguée tout le temps, et bientôt je risque de ne même plus pouvoir quitter le lit toute seule et ça me fait peur d'accord. Cette soirée c'était important pour moi. Parce que ma vie tourne autour de la grossesse, chaque minute me rappelle que je suis enceinte et que je dois faire attention. Et je fais tout ça, parce que c'est important pour les filles, je fais attention. Mais ce soir, c'était censé être nous. Pendant une soirée, je voulais juste être la femme sexy en compagnie de son mec, et pas la femme enceinte. Juste pour une soirée, je voulais oublier mon quotidien, passer du temps avec toi. Être comme avant, toi et moi. Mais non, au lieu de ça, je me retrouve seule. Comme toute la journée, comme les jours d'avants, à attendre que tu rentres de ta journée normale. » Est-ce qu’elle est vraiment en train de me reprocher de vivre ma vie normalement alors qu’elle est obligée de faire attention à certaines choses depuis qu’elle est enceinte ? Je ferme les yeux, par agacement mais aussi parce que je ne me sens sérieusement pas bien. Je n’ai pas eu le temps de manger depuis onze heures ce matin et encore et toujours cette sensation bizarre et désagréable dans la poitrine qui ne me quitte pas depuis ce matin. « Il était même pas encore neuf heures trente quand je suis rentré, Alex. On aurait quand même pu passer une bonne soirée. » Je n’ai toujours pas ouvert les yeux, mes doigts frottent doucement mes paupières et je finis par les ouvrir, et je me lève doucement avant de lui dire dans un soupir. « J’ai besoin de prendre l’air. » Parce que je ne me sens vraiment pas bien, je meurs de chaud alors je fais quelques pas jusqu’à la porte vitrée du jardin. Je m’assieds sur un des transats et je ferme les yeux un court instant profitant de l’air frais mais finalement ça ne change rien du tout, je ne me sens toujours vraiment pas bien. Elle m’a rejoint dehors, alors je reprends la parole. « Je suis désolé, d’accord ? J’aurais pas dû annuler comme ça à la dernière minute mais je n’ai vraiment pas eu le choix. Ça ne m’a pas fait plaisir et j’aurais largement préféré passer la soirée avec toi au restaurant. Et je suis désolé de ne pas être à la hauteur, je fais tout ce que je peux mais apparemment c’est même pas suffisant. » Et elle pourra dire tout ce qu’elle veut mais c’est bien ce que j’ai compris de tous ses discours. Je suis absent, je la laisse seule tout le temps. Enfin c’est ce qu’elle dit.
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Elle s’énerve toute seule, moi j’ai décidé de tout lâcher, j’abandonne. Elle est toujours énervée, elle soupire, elle souffle, et si elle savait à quel point elle m’énerve encore plus quand elle fait ça. « TU fais toujours tout pour MOI. C'est ce que tu as dis non ? Tu fais tout ça et moi je suis l’égoïste qui ne pense qu'à moi. Ce sont tes mots Caleb. J’ai rien inventé. » Ses mots parviennent à m’agacer encore plus mais je n’ai même plus la force de m’énerver. Ni la force ni l’envie. De toute façon elle ne m’écoute pas et elle retient que ce qui l’arrange. On en reviendrait presque à croire qu’elle se plaint de tout ça, oui je fais toujours tout pour elle et à l’écouter on dirait que c’est une chose négative. « C’est vrai que ça doit être super compliqué d’avoir un copain à l’écoute et prêt à tout pour toi. Je te plains, ma pauvre. » Elle m’énerve comme elle m’a rarement énervée. Maintenant elle pourra dire tout ce qu’elle veut, je ne lui répondrais pas. Parce que contrairement à elle je ne veux pas empirer la situation et surtout, pour rien au monde je ne veux lui faire du mal. Sauf que je sais que pour elle, c’était son objectif et que quoiqu’elle en dise, quoiqu’elle fasse elle ne pourra pas m’enlever ça de la tête. Mais ce n’est pas normal tout ça. C’est pas ça l’amour. Quand on aime vraiment quelqu’un on ne veut pas lui faire du mal, alors qu’elle semble bien trop souvent se donner un malin plaisir à appuyer là où ça fait mal dans le seul et unique but de m’atteindre j’en viens maintenant à me questionner sur la vraie nature de ses sentiments envers moi. Quand on aime on ne veut pas faire souffrir. C’est une évidence. À chaque fois que je lui ai fait du mal ce n’était pas intentionnel et c’est là, la grande différence entre nous. Elle ne doit pas vraiment m’aimer ou du moins pas comme moi je l’aime, c’est une certitude qui ne fait que se confirmer un peu plus tous les jours. Elle soupire pour la énième fois quand je lui rappelle ses propres mots ; elle n’a pas besoin de moi, c’est ce qu’elle m’a dit. Et ça fait mal ce genre de mots. Quand la femme que j’aime me regarde droit dans les yeux en m’affirmant ne pas – ou ne plus – avoir besoin de moi, ça fait mal. Alors à quoi ça rime tout ça ? Moi j’ai besoin d’elle mais c’est apparemment à sens unique et rien qu’avec cette simple pensée, je sens mon cœur se resserrer un peu plus dans ma poitrine. « C'est justement parce que j'ai besoin de toi Caleb que je vis mal ton absence, mais tu fais semblant de pas comprendre. » Et maintenant elle a le culot de me dire l’inverse, sûrement pour essayer de se rattraper un peu mais ça ne marche pas et je secoue négativement la tête d’un air agacé. Agacé par ses mots. Agacé par son comportement. Agacé par le ton qu’elle emploie à chaque fois qu’elle s’adresse à moi, aucune considération envers moi. Rien du tout. Je ne lui réponds pas, je garde les yeux fermés quand elle me parle et même quand je prends la parole à mon tour. Je me sens extrêmement fatigué, j’ai chaud et j’ai l’impression que mon cœur va exploser tant il bat rapidement. Ça m’arrive souvent depuis quelques semaines mais en général ça ne dure que quelques minutes et après ça se calme tout seul. Et ça n’a jamais été aussi fort. Je commence vraiment à ne pas me sentir bien, j’ai l’impression d’étouffer alors je sors dans le jardin prendre l’air. Elle ne réagit pas. Elle ne dit rien mais je l’entends simplement me suivre. Assis sur un transat, les yeux fermés je ne dis plus rien le silence s’est installé entre nous. J’entends simplement Dobby courir et malgré l’air frais j’ai l’impression de mourir de chaud. Même si je ne me sens pas bien du tout, même si je n’en ai pas envie je finis enfin par m’excuser sincèrement. Parce que j’ai des torts, je le sais. Je lui dois des excuses parce que je n’aurais jamais dû annuler notre soirée en dernière minute. Elle ne réagit toujours pas. Je fais des efforts. Encore une fois. C’est moi qui fais tous ces efforts et pourtant j’ai l’impression qu’elle s’en fiche complètement. Il lui faut un long moment – plusieurs minutes ? De longues secondes ? – pour enfin réagir « Je suis désolée aussi. Je te dois des excuses pour ce que j’ai dis et fais. » J’ouvre les yeux pour la regarder un instant. Pas trop longtemps, juste quelques secondes. Elle s’excuse, c’est déjà ça. J’en viens à douter de sa sincérité mais les excuses sont là. « Pour t’avoir fait peur et pour t’avoir croire que tu n’étais pas à la hauteur. C’est pas ce que je voulais dire. Enfin je le pensais pas, je sais que tu es investi Caleb. Si je t’ai fais croire l’inverse c’était pas voulu. » Elle ne me l’a pas fait croire, elle me l’a dit. Pas mot pour mot, mais elle me l’a bien fait comprendre en me disant que j’étais absent, que je faisais passer mon travail avant notre couple, qu’elle passait ses journées et ses soirées à m’attendre. Elle me l’a bien fait comprendre et quoiqu’elle puisse me dire maintenant je garde en tête que je ne suis pas à la hauteur, que je suis un mauvais petit-ami et que je vais faire un mauvais père laissant sa femme s’occuper seule de ses enfants. Si on en croit son discours c’est ce qu’il va se passer et penser ça me fait mal à en crever. Je ferme à nouveau les yeux laissant ma tête tomber dans mes mains. Je ne me sens toujours pas mieux au contraire, j’ai la tête qui tourne et je commence à avoir un peu de mal à respirer. Je souffle doucement avec difficulté pour reprendre mes esprits. « Tu devrais peut-être commencer à te demander pourquoi tu prends toujours un malin plaisir à me faire souffrir volontairement comme ça. Je vais plus pouvoir supporter tout ça encore très longtemps. » Ma voix est faible quand je lui dis tout ça mais je n’ai toujours pas bougé. Dobby est monté sur le transat avec moi, je sens qu’il cherche ma présence, il cherche des caresses mais je n’en ai même pas la force. « Quand tu me disais que j’étais quelqu’un de bien tu l’as un jour pensé sincèrement ou tu me mentais depuis le début pour me faire plaisir ? » Est-ce qu’elle vient vraiment de me poser cette question. Cette fois je soupire bruyamment toujours la tête baissée, mes mains se réfugient dans mes cheveux. Elle est encore en train de m’énerver alors que j’avais réussi à me calmer. « Tu me connais vraiment si mal que ça ? » Je relève enfin les yeux vers elle, le regard plein de reproches. Mais si je ne lui réponds pas clairement elle va encore paniquer et se faire tout un film alors je suis obligé de lui répondre bien que ça me semble assez logique. « Bien sûr que je le pensais. » Je me lève pour faire quelques pas, je sens que Dobby me suit, il reste collé à ma jambe et cette sensation d’étouffement est de plus en plus présente. J’ai mal à la poitrine, j’ai l’impression que mon cœur va exploser ou ressortir de ma poitrine. J’inspire, j’expire doucement mais rien n’y fait. Je ne me sentais déjà pas bien du tout depuis ce matin, mais ce soir c’est encore pire et je me sens à deux doigts du malaise. « …Alex, il faut que tu appelles une ambulance, j’arrive pas à respirer, mon cœur va exploser… » Je lui dis ça presque à bout de souffle. Je sens mon cœur battre trop vite, trop fort, j’ai mal à la poitrine, j’ai chaud et je me laisse tomber au bord de la piscine pour y tremper mes pieds dans l’espoir que ce petit geste puisse au moins me rafraichir. Les pieds dans la piscine, je finis par m’allonger gardant les yeux fermés. J’ai toujours beaucoup de mal à respirer, je ne sais pas ce qui est en train de m’arriver mais mon rythme cardiaque ne diminue pas, bien au contraire.
Will you still love me when I'm no longer young and beautiful ? Will you still love me when I've got nothing but my aching soul ? I know you will, I know you will, I know that you will. Will you still love me when I'm no longer beautiful ?
J’ai la désagréable impression que quoiqu’il arrive cette dispute n’aura jamais de fin. Elle a voulu me faire peur, elle a réussi. Elle a voulu me blesser en me disant toutes ces choses, elle a réussi. Elle savait qu’en me disant qu’elle se sentait délaissée elle pourrait facilement réussir à m’atteindre. Elle le sait parce qu’elle me connait mieux que personne. C’est ça aussi qui est terrifiant en amour. Laisser quelqu’un avoir toutes les cartes en main pour nous faire du mal. Et Alex l’a bien compris parce que depuis tout à l’heure elle met l’accent sur tout ce qui pourrait potentiellement me faire mal. « Je ne prends pas de plaisir au contraire, tu peux pas penser ça Caleb. Penser que te voir souffrir me fait plaisir, c'est horrible. » En lui disant qu’elle y prend du plaisir je suis peut-être allé un peu loin et surtout, je sais que je ne le pense pas vraiment. Mais ce qui est sûr c’est que me faire mal ne semble pas vraiment la déranger. C’est sûrement comme ça que j’aurais dû lui dire, je me suis mal exprimé mais pourtant, je ne dis rien de plus. Je ne lui apporte pas des explications supplémentaires qui ont pourtant l’air assez essentielles. Elle de son côté semble penser que je suis capable de lui mentir en la regardant droit dans les yeux. Malgré son égoïsme, malgré ses caprices oui, Alex reste quelqu’un de bien je n’en doute pas une seule seconde. Et même si ce n’est pas franchement flagrant en ce moment, je l’aime. Je l’aime tellement. C’est mon amour inconditionnel pour cette femme qui me pousse à rester malgré les nombreuses difficultés de notre relation. Mais elle me demande si je lui ai déjà menti en lui disant tout ça et en me posant cette question elle me montre qu’elle ne me connait pas si bien que ça. Parce que je ne suis pas un mec qui pourrait mentir sur ce genre de choses, sur les sentiments que j’éprouve pour elle. Elle me pose quand même cette question et ça me déçoit, mais je lui réponds pour apaiser ses doutes même si au stade où on est en ce moment je doute être capable de quoique ce soit pour elle. Je me sens toujours aussi mal, même bien plus qu’il y a cinq minutes. Mon cœur s’emballe encore plus et je vous assure que quand je lui dis que mon cœur va exploser je le pense vraiment et j’en ai réellement l’impression. Et à partir de ce moment tout s’accélère, je l’entends appeler les urgences, je l’entends me parler, j’entends Dobby aboyer encore et encore. Je sens sa main attraper la mienne alors que je tente tant bien que mal de respirer, j’y arrive. Avec difficulté mais j’y arrive quand même et mon cœur bat tellement vite et tellement fort que j’en ai de grosses douleurs à la poitrine. Je serre sa main dans la mienne gardant les yeux fermés essayant de contrôler ma respiration, elle me parle toujours mais je ne lui réponds pas une seule fois. « S'il te plaît, ouvre les yeux. Regarde moi. » Je l’écoute. J’écoute chacun de ses mots et j’ouvre les yeux pour la regarder. « Respire bébé, respire, juste respire ça va aller, je suis là. Tout va bien se passer. » Je fais ce qu’elle me dit, je respire, j’essaie de respirer doucement et les secours arrivent à peu près à ce moment-là.
**
Ça fait environ une heure que je suis aux urgences, on a dû m’injecter un médicament pour ralentir mon cœur et mon rythme cardiaque est maintenant moins élevé. Je suis assis sur le lit d’hôpital, perfusé, scopé et ma main est toujours dans celle d’Alex. Je la regarde, je respire mieux maintenant, ma fréquence cardiaque varie entre 90 et 100 pulsations, je ne ressens plus vraiment de palpitations mais je me sens toujours fatigué. « Bébé ? » Simplement pour attirer son attention et son regard, dès qu’elle me regarde je reprends. « Je suis vraiment désolé. J’ai dit des choses que je ne pensais pas forcément tout à l’heure. » Ou je devrais plutôt lui dire que je m’exprimais mal à certains moments. « Je t’aime Alexandra Clarke. Je t’aime avec tes qualités et tes défauts.» Je ne la quitte pas des yeux en lui disant tout ça et je me penche vers elle pour l’embrasser doucement, laissant une de mes mains remonter sur sa joue. Je m’en veux presque de lui faire subir tout ça. Elle est enceinte de six mois, fatiguée, très fatiguée. Mais ce n’est clairement pas moi qui ai demandé à mon cœur de pulser à plus de deux cent battements par minute. C’est à peu près à ce moment qu’un médecin entre dans ma chambre. Je me redresse. « Vos constantes sont meilleures que tout à l’heure. Votre cœur tape maintenant entre 90 et 100 ce qui est beaucoup moins inquiétant. Votre tension reste un peu élevée mais ça devrait se rétablir. » Je hoche simplement la tête alors que ma main n’a pas quittée celle d’Alex. « Comment vous vous sentez ? » La réponse à cette question n’est franchement pas compliquée et je ne tarde pas à lui donner. « Beaucoup mieux. » Je lâche un petit rire, certainement un peu nerveux parce que j’attends qu’il m’en dise plus. Ce qui vient de m’arriver ne peut pas être normal. Cette sensation de gêne et de malaise depuis quelques semaines, l’état dans lequel je me suis senti ce matin en me réveillant et l’excitation de mon cœur il y a, à peine une heure. Ça ne peut pas être normal, non ? « J’ai regardé l’ECG que les infirmières vous ont fait tout à l’heure et il y a quelques petites anomalies visibles. Est-ce que c’est la première fois qu’une crise de ce genre vous arrive ? » Il y a des anomalies sur l’examen que les infirmières m’ont fait tout à l’heure, et il ne m’en dit pas plus, il commence à me poser des questions alors que moi, des questions j’en ai plein à lui poser. Mais chaque chose en son temps et je lui réponds après un petit haussement d’épaules. « Ça m’arrive assez régulièrement depuis quelques semaines, mais en général ça dure quelques minutes et ça se calme tout seul. Ce matin je ne me sentais déjà pas bien en me réveillant. » Je jette un coup d’œil rapide à Alex, parce que cette gêne à la poitrine que je ressens depuis quelques semaines je ne lui en ai jamais parlé, et je m’en veux un peu maintenant. « Vous pourriez me décrire les symptômes exactes que vous ressentiez tout à l’heure ? » De nouveau mon attention se porte sur Alex, je la regarde, je la fixe quelques secondes et je me retourne vers le médecin pour lui répondre. « Toute la journée j’avais comme une sensation de malaise un peu bizarre, je sentais pas mal de palpitations et je pouvais littéralement sentir mon cœur battre. Et tout à l’heure ça s’est juste empiré, je n’arrivais même plus à bien respirer, j’avais la tête qui tournait, je ne pouvais plus me concentrer sur rien, j’avais comme une sensation d’oppression dans la poitrine. Ça faisait vraiment mal. » Il m’écoute et je vois son regard jongler entre le scope et moi-même. « Votre fréquence cardiaque était à 230 pulsations par minute, les symptômes que vous décrivez sont tout à fait normaux dans ce cas-là. Qu’est-ce que vous étiez en train de faire ? » Encore une fois, je regarde Alex mais sans même m’en rendre compte je serre un peu plus sa main, comme pour lui assurer que je ne lui en veux plus pour cette dispute que nous avons eu. « On était en train de se disputer... » Je me sens un peu con et j’aurais aimé ne pas avoir à parler au médecin de la dispute que j’ai eue avec ma femme tout à l’heure mais lui mentir serait complètement inutile. Mon regard est toujours posé sur Alex et je la regarde d’un air un peu inquiet. « Tu vas bien ? » Je commence seulement à m’inquiéter pour elle, pour les jumelles et je la quitte enfin du regard. « On pourrait lui apporter de l’eau ? Et quelque chose pour manger ? Elle est enceinte et elle n’a pas mangé ni bu depuis un moment. » Mais pourtant physiquement il n’y a aucun signe montrant qu’elle ne se sente pas bien, mais je commence à m’inquiéter et aussi à réaliser qu’avec tout ça, elle n’ap pas mangé ce soir. Elle ne s’est sûrement pas hydratée non plus et je me sens un peu responsable.
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Je me sens beaucoup mieux et les médicaments ont été assez rapides à faire effet. Je suis passé de 230 pulsations à 90 et pendant même quelques secondes alors que mon rythme cardiaque venait de revenir à la normale j’ai presque eu la sensation que mon cœur venait de s’arrêter brutalement. C’est apparemment normal et assez fréquent comme sensation mais le principal c’est que je me sente mieux et je n’ai qu’une hâte : que le médecin vienne me signer les papiers de sortie pour qu’on puisse rentrer chez nous. Ici, ce n’est pas assez confortable pour Alex. Elle est assise sur une chaise, moi allongé dans un lit et je n’aime pas ça. Je suis même à deux doigts de me lever et de lui laisser ma place dans mon lit. Moi être sur une chaise ça m’est égal. Je maintiens toujours un contact physique avec elle, gardant sa main dans la mienne je m’excuse une dernière fois pour les mots blessants que j’ai pu utiliser tout à l’heure. Je ne voulais pas la blesser. Pas du tout. Il y a des choses que je n’aurais pas dû lui dire. Elle est enceinte de six mois et je n’ai pas su la protéger et la ménager ce qui ne fait que confirmer les reproches qu’elle m’a fait, je en suis pas à la hauteur et je ne fais pas assez attention à elle. « Arrête tu n'as pas à t'excuser. J'ai été trop loin, et je le regrette. Je suis désolée de ne pas avoir vu comme tu allais mal. Je suis désolée de t'avoir poussé à bout. Tu avais raison sur moi. Mais je suis désolée de t'avoir fait souffrir vraiment. » Très vite je secoue la tête de droite à gauche ne voulant pas la laisser dire ce genre de chose. Elle s’en veut, elle culpabilise je m’en doutais, je ne suis vraiment pas étonné. Alors qu’elle n’a pas à le faire. « Bébé, c’est pas de ta faute. Je veux que tu t’enlèves ça de la tête d’accord ? » Je m’en veux presque de lui faire subir ça. Elle est enceinte, déjà très fatiguée et elle n’a devrait pas avoir à se soucier de moi ainsi. Je l’embrasse, doucement avec tendresse et ce baiser est sûrement l’un des plus agréables possible. Parce qu’il y a une heure on était en train de se disputer assez violemment et maintenant je veux qu’elle sache ô combien je l’aime. « Je t’aime tellement. » Les yeux toujours fermés, mon front contre le sien, ma main toujours dans la sienne et l’autre sur sa joue je profite de ce moment. « J'ai eu si peur de te perdre. » Je caresse doucement sa joue et je lui murmure quelques mots. « Je vais bien, ne t’en fais pas. » Ou plutôt, je vais mieux oui. Je l’embrasse une deuxième fois mais je ne peux pas profiter de ce baiser comme je l’aurais voulu puisque le médecin arrive à peu près au même moment. Il commence à me poser quelques questions, j’y réponds et assez rapidement il m’annonce avoir trouvé de petites anomalies sur l’un des examens que l’on m’a fait à mon arrivée mais il n’en dit pas plus et continu à me poser quelques questions auxquels je réponds sans difficultés. Jusqu’à ce que je porte un peu mon attention sur Alex et je me rends compte qu’elle n’a pas mangé – enfin je suppose – ni bu depuis un certain temps. Et je m’inquiète pour elle. Pour les filles aussi. Je me demande si elles s’agitent beaucoup, si elles ont elles aussi ressenties la panique d’Alex tout à l’heure. Même si elle m’assure aller bien je demande au médecin à ce qu’on lui apporte de quoi boire et manger. « Merci Caleb mais arrête de t'inquiéter pour moi, je vais bien. Pense à toi pour une fois, et je suis sûre que tu n'as rien mangé toi aussi depuis ce midi. » Elle a raison, je n’ai rien mangé depuis onze heures du matin mais je n’ai pas faim du tout. Et puis, elle est enceinte alors elle doit faire bien plus attention que moi. « Je vais demander aux infirmières de vous apporter un plateau à vous deux. » Je me contente de le remercier d’un signe de tête même si je n’ai pas faim – ou du moins plus faim – je sais qu’il est important que je reprenne un peu de force. « Vous avez parlé d'anomalies visibles concrètement ça veut dire quoi ? C'est grave à quel point ? Pourquoi son cœur s'est emballé comme ça ? Vous devez bien avoir une explication, un diagnostic, quelque chose de clair pour expliquer son malaise non ? Et pour la suite ça se passe comment ? Est-ce qu'il a un risque de mourir ? » Elle le bombarde de questions et si je savais qu’elle était inquiète ça ne fait que me le confirmer. Mais elle doit se détendre, parce que j’ai bien peur que tout ce stress soit très mauvais pour nos filles. Mes doigts se resserrent autour de sa main et mon pouce caresse le dos de celle-ci doucement mais au final les réponses à ses questions moi aussi je les attends. « Avant de confirmer quoique ce soit il va falloir que l’on fasse quelques examens supplémentaires, d’accord ? Mais les anomalies sont l’ECG sont rassurantes, ça pourrait être bien plus grave mais les symptômes que vous me décrivez et ce que j’ai pu voir sur l’examen laissent à penser qu’il s’agirait d’une tachycardie fonctionnelle. Ça s’appelle la maladie de Bouveret et c’est en général un trouble bénin. Le cœur c’est un muscle réparti en quatre cavités différentes, les battements cardiaques se font grâce à des influx électriques et dans le cas de cette tachycardie il y a une microentrée anormale dans une partie du cœur qui l’oblige à battre plus rapidement. » Je l’écoute attentivement et même si je n’y connais rien du tout, j’arrive plus ou moins à comprendre ce qu’il nous explique. C’est apparemment bénin, voire même rassurant si j’en crois ses mots. Mais pour moi toute anomalie cardiaque ne peut pas être rassurante, non ? Le cœur c’est l’un de organes les plus importants du corps humain. Mais il reprend la parole. « Mais avant de confirmer le diagnostic vous allez devoir passer d’autres examens, vous allez être transféré en cardiologie dans environ une heure. Demain vous passez une échographie cardiaque et les cardiologues vous poseront certainement un Holter. C’est un petit appareil qui enregistre votre rythme cardiaque sur vingt-quatre heures. Mais je vous le répète, ce n’est pas quelque chose de grave et en règle générale le rythme cardiaque se stabilise grâce à des médicaments que vous allez devoir prendre, à vie. Et pour répondre à votre dernière question madame, non, il n’y a pas de risque de votre mari décède. » Et c’est de cette manière qu’il m’annonce ça. Des médicaments à vie. D’autres examens. Transfert en cardiologie. J’écoute, j’encaisse mais je pense que je ne réalise pas vraiment tout ce qu’il me dit, la preuve : je ne dis rien. « Est-ce que vous prenez un traitement particulier ? Des antécédents ? » Je souffle doucement tout en me redressant dans le lit et je reprends immédiatement la main d’Alex maintenant toujours le contact physique avec elle qui me semble réellement nécessaire et primordial ce soir. « J’ai été opéré d’un hémo-pneumothorax il y a trois ans et demi. » Il hoche la tête, regarde de nouveau le scope, puis ses yeux glissent vers avant de se poser sur moi. « D’accord. Une infirmière va venir vous refaire un bilan sanguin et elle vous amènera quelque chose pour que vous puissiez manger tous les deux. Vous avez d’autres questions ? » Je secoue négativement la tête et il quitte la pièce me laissant seul avec Alex. Je vais devoir rester ici quelques jours et donc laisser Alex seule et ça, c’est inimaginable pour moi. Elle porte mes enfants et dans moins de trois mois elle va accoucher et à ce moment-là que je l’abandonne ? Je m’en voudrais presque et je lâche un long soupir pour évacuer cette frustration, fermant les yeux quelques secondes. « J’ai pas envie que tu restes seule. Tu devrais rester chez mes parents le temps que je sois ici. Ou bien chez une amie. » Je la regarde, vraiment inquiet pour elle. je lui aurais aussi bien demandé de passer au restaurant pour prévenir tout le monde que je risquais d’être absent un moment mais je n’ose clairement pas en parler sachant qu’il s’agissait du sujet principal de notre dispute.
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Alex pose des questions, beaucoup de questions et le médecin y répond. Il prend soin de tout nous expliquer en utilisant des mots simples. Il parle d’une certaine maladie de Bouveret dont je n’avais jamais entendu parler avant ce soir mais il insiste, il dit plusieurs fois que ce n’est pas grave. J’écoute, je ne dis rien mais j’écoute et malgré les mots rassurants qu’il emploie je commence tout de même à avoir un peu peur parce que même si cette maladie est apparemment bénigne elle n’en reste pas moins une maladie et qui dit maladie dit suivi, examens et médicaments. Il souligne d’ailleurs qu’il y aura un traitement à vie indiqué si les prochains examens confirment son diagnostic. J’ai plein de questions en tête mais pourtant je n’en pose aucune. Je reste mutique, je pense que j’ai besoin d’un peu de temps pour digérer cette information qu’il vient de me donner. Mon cœur ne fonctionne pas bien et ça semble s’être déclenché du jour au lendemain. Enfin, depuis quelques semaines je commençais à ressenti quelques symptômes mais rien de plus. Et je me souviens qu’effectivement après l’accident lors de ma première hospitalisation mon cœur avait tendance à être légèrement au-dessus de la norme mais les médecins et infirmiers ne s’en inquiétaient pas vraiment alors moi non plus. Pendant les explications du docteur je sens la main d’Alex se serrer autour de la mienne. Fort. Et même si elle me fait légèrement mal je ne dis rien et je la laisse faire. « Mais je reste avec toi. Il est hors de question que je te laisse ici tout seul. » J’hoche la tête, presque soulagé de sa réponse et de la détermination avec laquelle elle me l’a donnée. Tant mieux. Parce que moi non plus je ne veux pas qu’elle s’en aille, je veux qu’elle vienne dans mes bras maintenant, je pense que j’en ai besoin mis ma fierté m’empêche de lui en faire part. « Comment tu vas après tout ça ? Tu as peur ? Tu as mal ? » Je lève doucement les épaules ne sachant pas quoi lui répondre. Peur, non peut-être pas mais je ne suis pas non plus très serein. Mon regard est un peu perdu dans le vide alors que je cherche quoi lui répondre exactement. « J’en sais rien… » Au moins je suis honnête puisque je ne sais vraiment pas comment je prends cette nouvelle. « On verra ce que les cardiologues disent demain, et les résultats des prochains examens que je vais devoir passer. Mais non je n’ai plus mal du tout. » Une fois la crise passée, ça va beaucoup mieux. Tant que mon cœur ne se met pas à nouveau à pulser à plus de deux cents par minute je ne ressens aucune gêne ou même douleur à la poitrine. Tout à l’heure oui j’avais mal, j’étais angoissé parce que je sentais mon cœur battre tellement vite que j’avais l’impression qu’il était sur le point d’exploser ou de ressortir de ma poitrine. « Je vais aux toilettes, je reviens, t'inquiète pas je vais bien. Reposes toi un peu. » Elle a du mal à sortir du fauteuil et moi, je suis toujours confortablement installé sur mon lit et je ne peux pas l’aider. Elle est enceinte de jumelles de six mois et c’est elle qui est sur ce fauteuil pas confortable. J’ai vraiment envie de me lever et de lui laisser mon lit. Elle doit avoir mal au dos, elle doit être fatiguée, je veux qu’elle se repose elle aussi. Pour elle pour sa santé mais aussi pour celle de nos filles. C’est à tout ça que je pense quand elle est aux toilettes. Je pense à sa grossesse, à cette maladie que j’aurais apparemment et je ne fais que le lien maintenant… Et si cette maladie était héréditaire ? Et si je pouvais retransmettre les gênes à mes filles ? Je me maudis, je m’en veux terriblement et j’ai envie de sonner pour que les infirmières demandent au médecin de revenir, parce que j’ai envie de lui poser cette question. J’ai envie de savoir s’il y a des chances que je retransmette la maladie à mes filles. Mais je ne le fais pas, parce que je ne veux pas les déranger. Ils ont du boulot, ils courent partout, alors je rétracte même si cette question risque de ne pas quitter mon esprit jusqu’à ce que j’en ai une réponse. Je ne suis pas venu avec mon portable et je ne peux donc même pas faire une recherche internet à ce sujet. Je suis condamné à attendre le retour du médecin. « Je peux venir contre toi ? » Je relève le regard vers elle et je remarque tout de suite ses yeux rouges et brillants, elle vient de pleurer. À cause de moi. Elle a pleuré à cause de moi et je m’en veux beaucoup. Je me recule un peu dans le lit et je l’aide à monter dans le lit et à peine installée, j’embrasse doucement son front et je la prends dans mes bras. Je la serre contre moi, parce qu’elle vient de pleurer à cause de moi et je sens coupable, je ne veux pas qu’elle se mette dans des états pareils par ma faute. Je la serre contre moi sans rien dire, n’apportant aucune remarque. Elle a une de ses mains sur mon cœur alors que moi je la garde toujours contre moi, je la serre dans mes bras et je profite simplement de ce moment après la soirée horrible que nous venons de passer. « Je te laisse pas cette nuit, de toute façon je ne pourrais pas dormir sans toi, pas ce soir. Je reste là, c'est le seul endroit ou j'ai envie d'être. » J’acquiesce d’un signe de tête et je lui réponds dans la foulée. « Je ne comptais pas te demander de partir. J’ai besoin de toi. » Et moi c’est plutôt rare que je lui dise ça mais pourtant, j’ai vraiment besoin d’elle. De la garder avec moi, de sentir sa présence, son odeur qui m’apaise et me rassure, de voir de sourire, entendre sa voix et son accent qui me fait toujours autant craquer, ses yeux et son regard que j’aime tant et surtout de pouvoir l’embrasser dès que j’en ai envie et besoin. Et en ce moment j’en ai beaucoup besoin. « On a besoin de toi, alors tu as intérêt à prendre soin de toi. » Mes deux mains sont sur son ventre et je souris quand je sens une fille bouger, et puis la deuxième. J’ai même presque l’impression de sentir un pied contre ma main, ce qui m’amuse et me plait beaucoup – même si je doute qu’Alex soit aussi heureuse quand elles sont aussi agitées – « Elles vont bien ? Elles sont pas trop réveillées ce soir ? » Parce que si pour nous la soirée a été agitées il en est peut-être autrement pour les filles. « Peut-être que je vais leur retransmettre ça… » Ça, cette maladie qu’on vient de me découvrir, peut-être qu’à cause de moi elles vont être malades. « J’aurais dû demander au médecin si c’était héréditaire mais j’y ai pas pensé sur le coup… » Et je suis même presque sur le point de m’excuser auprès d’elle de ne pas avoir posé cette question. Ma main reste sur son ventre que je caresse doucement. « Pourquoi tu ne m'as pas parlé de ce problème avant ? » Elle doit m’en vouloir et elle aurait plutôt raison. j’aurais dû lui en parler mais je ne l’ai pas fait, je ne me suis pas réellement inquiété de mon état pour être honnête. « Je pensais pas que c’était grave. Enfin tu sais, ça peut arriver d’avoir des petites palpitations quelques fois. » Même si dans mon cas elles n’étaient pas petites et étaient même quotidiennes. « Je ne m’en suis même pas inquiété. » J’embrasse sa joue, sa mâchoire, son cou et je remonte pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Je la regarde dans les yeux un instant avant de lui murmurer un simple je t’aime et je l’embrasse encore sur les lèvres. Un baiser tendre mais tout de même assez rapide. « Ça te dérangerait demain de repasser à la maison pour me récupérer quelques affaires ? Des vêtements, mon portable et mes cigarettes s’il te plaît ? » Je m’en veux de lui demander de faire tous ces efforts pour moi. Parce qu’elle doit se reposer elle aussi.