Will you still love me when I'm no longer young and beautiful ? Will you still love me when I've got nothing but my aching soul ? I know you will, I know you will, I know that you will. Will you still love me when I'm no longer beautiful ?
Cette soirée fut riche en émotions et honnêtement, je ne pensais pas la finir avec Alex dans les bras. À peine rentré du travail d’une dispute violente a éclatée, on se reprochait tout et rien et les mots ont dépassé ma pensée. Du moins pour moi. Je lui ai reproché des choses que je ne pensais même pas et je sais que malgré moi je lui ai fait du mal. Elle est enceinte et au lieu de prendre soin d’elle je la fais souffrir, ce qui va dans la lignée de ce qu’elle m’a dit tout à l’heure ; je la délaisse, je ne prends pas soin d’elle je ne suis pas à la hauteur. Et alors que je pensais que c’était quelque chose que l’on ne pourrait jamais me reprocher l’entendre me dire ces choses ne m’a pas laissé indifférent et m’oblige à me remettre en question. Je sais qu’elle a raison sur au moins un point – et pas que – je travaille beaucoup. Peut-être un peu trop. Je dois apprendre à déléguer plus mais pour moi c’est compliqué. Pas parce que je n’ai pas confiance en mon équipe mais simplement parce que je suis habitué à toujours tout contrôler. Et non seulement j’en suis habitué mais c’est quelque chose que j’aime faire. Prendre les choses en main, diriger, contrôler. Mais je vais prendre sur moi et l’écouter pour être plus présent pour elle parce que l’idée de me dire qu’elle se pense mise de côté ou abandonnée me brise le cœur. Je fais tout pour elle, toujours, tout le temps, je veux qu’elle se sente bien, épanouie, heureuse mais apparemment c’est un énorme échec. Je ne suis pas à la hauteur avec elle alors je ne le serai sûrement pas avec nos filles et cette idée m’est vraiment insupportable. Alors je vais essayer d’être plus présent pour elle, même si ça ne rattrape pas toutes les erreurs et les absences que je lui ai fait subir, je vais travailler là-dessus pour elle. « Elles ont l'air d'aller bien, elles me font un peu mal donc c'est une soirée habituelle pour elles. » Les mains sur son ventre pour la première fois de la soirée je souris doucement quand on parle de nos filles et encore plus quand je les sens bouger. Cette sensation qui devrait maintenant me sembler banale est toujours réellement incroyable pour moi. C’est à ce moment-là que j’entre en contact avec Lucy et Lena et c’est toujours magique pour moi. Même si je suis vraiment heureux de pouvoir les sentir l’idée que cette maladie soit héréditaire me hante l’esprit et je suis tout bonnement incapable de penser à autre chose. « Tu as vu mon téléphone, il faut qu'on regarde ça. » Je regarde un peu partout dans la chambre mais je n’y vois pas son téléphone alors j’en viens à me demander si elle a bien pensé à le prendre mais au vu de la précipitation dans laquelle nous avons quitté la maison le contraire ne m’étonnerait pas. « Et même si c'est pas héréditaire peut-être qu'elles vont être malades elles aussi ? Avoir une maladie de cœur, ou une autre maladie. Peut-être qu'elles sont déjà malades ? » Je ne sais pas pourquoi elle me dit ça, c’est angoissant comme pensée et je ne veux pas imaginer ce genre de chose mais pourtant elle a raison. Peut-être que l’une d’entre elle est déjà malade, ou voire même pire les deux. Alors j’angoisse, je bouge un peu en essayant de chasser cette pensée mais ça me semble compliqué. « Pense pas à ce genre de chose bébé. » Je ne veux pas qu’elle puisse imaginer qu’elles aient une maladie grave, je pense qu’on est déjà assez stressés tous les deux ce soir. Alex semble toujours concentrée sur mon rythme cardiaque, sa tête est sur ma poitrine alors qu’une de mes mains caresse doucement son dos du bout des doigts. Je ne stoppe pas ces caresses, même quand elle me demande pourquoi je ne lui avais pas parlé de mon problème avant. « Tu sais vraiment pas prendre soin de toi. » Venant d’elle cette phrase est plutôt ironique et je lâche un léger rire tout en secouant doucement la tête. « C’est toi qui dis ça ?» Alex ne prend pas soin d’elle, jamais. Il suffit de constater à quoi ressemblait sa vie lors de notre séparation il y a huit ans ; alcool, drogue. Rien de bien glorieux. « Autant tu es doué pour prendre soin des autres, autant tu es incapable de penser un peu à toi et moi j'aimerais que tu penses à toi maintenant, et que tu ne me caches plus jamais ce genre de chose. J'aurais du le voir, je suis désolée mais tu aurais du m'en parler aussi. » J’hoche la tête de haut en bas parce que je la comprends et elle a raison au moins sur un point ; j’aurais dû lui en parler mais par contre je ne peux pas la laisser penser qu’elle aurait dû le remarquer, c’est ridicule. « Je sais, t’as raison. Je suis désolé. Mais tu n’aurais jamais pu le voir, ma chérie. » Je préfère lui dire à nouveau parce que je me doute qu’elle continuera à le penser quoiqu’il arrive alors j’essaie de la rassurer tant bien que mal. S’il y a bien une personne qui devrait s’excuser encore te encore c’est moi. Et seulement moi. Parce que j’aurais dû lui dire que je ne me sentais pas bien ces derniers temps, parce que je ne suis pas à la hauteur et j’aimerais dire aussi que c’est le cas depuis quelques semaines mais malheureusement je pense que c’est faux. Je n’ai sûrement jamais été à la hauteur. Toujours trop pris par le travail et jamais assez attentionné avec elle, même si j’étais persuadé du contraire. « J'irais te chercher tout ça demain matin, mais tes cigarettes vraiment ? Caleb ton cœur est fragile, tu es sur que c'est obligatoire les cigarettes ? » Il y a quelques mois je fumais encore simplement de temps en temps et aujourd’hui je fume tous les jours plusieurs cigarettes et je me demande comment j’en suis arrivé là. « Oui ça l’est. » Parce que si je n’ai pas de cigarettes je vais être sur les nerfs – jamais je n’aurais cru dire ça un jour. – « Mais si c'est ce que tu veux, alors j'irais te chercher ça. Il faudra prévenir tes parents aussi, je te laisse le faire ils seront moins inquiets si c'est toi qui les appelles. Et j'y pense mais le prochain rendez-vous c'était pas lundi ? Je vais appeler pour repousser pour être sur que tu puisses venir. Il faudra aussi prévenir le restaurant, tu t'en occupes ou tu veux que je passes demain pour les prévenir en personne ? Tu me feras une liste de ce que tu veux pour être sur que je n'oublie rien. Et tu me dis si je peux faire quoique ce soit d'autres pour toi. » Beaucoup de questions, beaucoup de paroles et j’essaie de tout imprimer de tout retenir mais je n’y arrive pas. « J’appellerai mes parents demain, je veux bien que tu passes au restaurant pour les prévenir mais ne rentre pas dans les détails par contre. T’es sûre que tu vas pouvoir repousser le rendez-vous ? » S’il faut qu’elle y aille seule, je ne vais pas m’y opposer mais louper un rendez-vous de grossesse ça serait une première pour moi et je sais que je pourrais m’en vouloir. Elle s’excuse par la suite pour ce soir et au final elle n’a même pas à le faire, tout est de ma faute. J’ai été nul, je n’ai pas été tendre avec elle et je m’en veux beaucoup. « Tout est déjà oublié, c’est surtout moi qui suis désolé. Je t’aime mon amour. » Et puis le silence s’installe ente nous, je la garde contre moi, je ne bouge pas parce que j’entends à sa respiration qu’elle est en train de s’endormir et elle me le confirme. Je dépose un léger baiser sur son front, moi aussi je suis fatigué et malgré la tubulure de la perfusion et les fils du scope, je bouge pour l’attirer un peu plus contre moi commençant à mon tour à tomber dans les bras de Morphée.