| | | (#)Dim 23 Aoû 2020 - 1:13 | |
| C'est à la troisième salle d'exposition de l'immense musée que je le retrouve, Wyatt qui fait tache devant un tableau trois fois plus grand que lui, autant en hauteur qu'en largeur. Il fixe la toile comme s'il attendait qu'elle s'explique d'elle-même, il essaie de gratter des détails et presque d'y trouver un sens à la vie, il fronce des sourcils et il a quasiment l'air prêt à sauter à la gorge du peintre derrière l'oeuvre tellement il la dévisage. Il est un spectacle en soit que je m'amuse à scruter comme lui scrute le canevas, une bombe prête à exploser que je rejoins finalement dans la foulée.
« Tu vas me faire honte. » une fois mes pas arrivés à sa hauteur, c'est à son oreille que je pouffe de rire, lui donnant le mauvais rôle quand au contraire, envers et contre tout il ne se comporte pas si mal que ça dans un environnement qui n'est pas le sien. J'ai bien pu le traîner dans toutes les expositions les plus avant-gardistes et contemporaines de la ville, lui imposer des vernissages d'artistes sombres au talent discutable, il a toujours réussi à retenir ses moqueries pour le chemin du retour. Son regard parle mais ses lèvres restent scellées. Et s'il parle il se contente d'insulter en france les gens tout autour, mes rires de gamine qui couvrent ses insanités donnant presque l'impression qu'il raconte des blagues aux vigiles et ainsi tout va bien. « Encore. »
La précision sert à rien sauf à me faire rigoler, avant que ma silhouette ne quitte ses côtés pour errer vers la prochaine sculpture qui m'intéresse. Elle est moins imposante que la toile qui avait attirer l'attention de Wyatt, pourtant elle est toutes en subtilités et ce serait mentir de dire qu'en un seul coup d'oeil j'ai entièrement compris ce que l'artiste a voulu évoquer et partager, entre ses mains et ses idées. Mes coups d'oeil insistants sur l'oeuvre en presque mouvement m'évitent de voir le reste, aussi. Principalement la salle de photographies à l'argentique que j'évite encore et toujours, le pincement au coeur trop grand pour que je l'assume.
L'argentique c'est l'Australie, l'argentique c'est l'Académie. Et l'argentique, c'est lui.
Dernière édition par Ginny McGrath-Williams le Lun 7 Sep 2020 - 15:43, édité 1 fois |
| | | | (#)Dim 30 Aoû 2020 - 17:36 | |
| Fait exceptionnel, je suis en avance. Fait encore plus rare, je me retrouve seul dans l’une des salles du musée, fasse à ce qui s’apparente à des œuvres d’art. Sans elle, tout perd de sa notion et de sa signification. En rien, je ne me plonge dans l’univers qui m’entoure et tout ne ressemble qu’à des taches de couleurs qui s’accumulent sur un mur immaculé de blanc. Planté entre deux canevas, je me sens dubitatif. Cy Twombly. Monsieur visiblement devenu artiste par le biais de sa propre frustration tant ses œuvres ne sont en réalité que la compilation de nombreux gribouillis qu’un enfant de deux ans pour réaliser dans son sommeil. On lui a simplement confié un Bic en lui demandant de s’exprimer, ce n’est pas possible autrement. L’échec est tout ce qu’il y a de plus transcendant. Comment peut-on payer des millions pour une horreur pareille ? Les minutes s’égrènent et c’est ma frustration qui monte. J’essaye de me souvenir de ce que me raconte toujours une certaine brunette, chaque œuvre à son message. Désespérément, je tente l’exercice, mais tout me rappelle que je ne colle pas avec le paysage. Cette incompréhension qui ne cesse de me gagner et surtout cette vieille femme qui ne cesse de me fixer tant mon blouson en cuir et mes Doc Martens jure avec son tailleur si bien taillé.
« Tu vas me faire honte. » Elle vient sauver l’instant. « Encore. » Mon épaule qui vient bousculer la sienne alors que mon regard ne décolle pas du tableau face à moi. Un coup de couteau bien placé, rendrait le tout bien plus vivant, j’en reste persuadé. « J’ai rien dit. » Pour le moment, mais elle sait que j’en pense déjà des tonnes et que je la bassinerais probablement pendant des heures dès que l’on aura quitté cet endroit qui me désespère. « Mais quand même… Je fais la même chose dès que je suis en manque d’inspiration. » Autant dire que ces dernières semaines, j’ai plus produit des brouillons ressemblant aux œuvres de ce cher Twombly, que quelque chose qui s’apparente à un manuscrit. Mes lèvres se scellent à l’instant où son regard faussement courroucé ce pose sur moi. Je retiens un rire de gamin et finis par la suivre dans le dédale de galerie.
Les œuvres toutes aussi abstraite et intéressante s’enchaînent et se mélange sous notre regard. Jusqu’à ce qu’elle s’arrête un peu trop longtemps devant une œuvre en particulier. Jusqu’à ce que je sente ses doigts commencer à s’agiter contre ma paume. « Tu as amené du papier ? » Si la réponse s’avère être négative, le petit tas de feuille plié en quatre dans le fond de ma poche feront alors l’affaire. |
| | | | (#)Lun 31 Aoû 2020 - 23:14 | |
| C'est l'oeuvre d'une divinité que je ne connais pas mais qui bosse clairement pour moi qui m'assure de ne pas faire le moindre bruit en m'approchant de lui. Il ne m'entend pas ni heurter une chaise de vigile ni faire tomber pléthores de statues et c'est pour le mieux, vraiment. Parce que ça me permet de voir à son insu à quel point il peut avoir l'air dégoûté par une simple et unique toile et ça, juste là, ça me donne presque envie de dégainer mon appareil photo pour l'immortaliser en guise de moquerie. Presque.
« J’ai rien dit. » « Tes yeux parlent pour toi. » et les miens d'yeux, ils se plantent dans son regard quasiment outré qui m'occasionne un rire de gamine. Rire assez fort pour que j'entende derrière moi quelqu'un tousser, indigné, à tenter de calmer l'effrontée que je peux bien être. « Et ton rictus, là. » je chuchote maintenant, docile, pointant du menton le sourire bien plus menaçant que rassurant qu'il arbore sans la moindre gêne. « Oh et me laisse pas aborder tes sourcils, on en aurait pas fini demain encore. » eux qui sont haussés, eux qui ont l'air scandalisés et lui avec.
La galerie est complètement silencieuse désormais. J'ai cessé mes enfantillages et il a arrêté de me pousser de l'épaule. Comme si ça allait calmer les moqueries de fillette qui manquent de frôler mes lèvres à chaque nouveau coup d'oeil excédé qu'il lance à des oeuvres impossibles à expliquer. Peu importe à quel point il peut déteindre dans l'environnement, je trouve toujours une raison suffisamment originale pour l'inviter à suivre. Aujourd'hui par contre, j'ai totalement oublié quelle justification j'ai bien pu dégainer pour que ses bottes de combat et lui viennent sillonner les différentes grandes salles du musée avec moi. « Mais quand même… Je fais la même chose dès que je suis en manque d’inspiration. » que j'éclate de rire n'était absolument pas prévu, ni pour moi ni pour la poignée de gens qui vient de passer l'embrasure de la porte, eux qui ont sursauté dans l'élan. Un désolé se perd en murmure, leurs regards courroucés me fait presser le pas dans une autre pièce là où on ne méritera pas dans leur tête d'être un duo mis à mort.
C'est devant une immense toile blanche ornée d'un minuscule point noir que je me hisse à sa hauteur pour chuchoter, comme la plus insolente des personnes ici présentes. « Tu sais quoi faire si un jour écrire paie pas assez bien. » ou s'il ne recommence pas à écrire, tout court. Vaut toujours mieux trouver des raisons autres que les véritables, quand on bloque. Je l'ai appris à la dure avec lui, autant qu'il l'a compris avec moi. Si on en parle peu, c'est qu'on garde les mots pour les moments où ils comptent vraiment.
« Tu as amené du papier ? » « Pour faire quoi? »
Et aujourd'hui ne fait pas partie de ces moments-là, comme le souligne ma voix aussi fausse que dissipée. La salle des photographies est là, juste là. Elle montre des tas de clichés pris à l'argentique, le même résultat que j'aurais avec le mien au point où sa sangle me brûle la nuque même si je ne l'ai pas mise depuis des semaines, des mois. Depuis qu'il est parti. « J'ai pas de crayons, et les pastels tachent toujours mes affaires quand je les amène. » et que je n'en fais rien.
Des excuses, encore et toujours. Quand ma main dans la sienne se resserre de nouveau, et que mes doigts l'entraînent vers une autre salle. Celle où les sculptures ont l'air plus grandes que nous, plus grandes que tout. Comme si j'avais besoin de me sentir minuscule à nouveau. |
| | | | (#)Sam 5 Sep 2020 - 14:49 | |
| Elle s’amuse tellement de mes réactions que son éclat de rire vient trancher dans le silence vif de la salle. À l’instant même où une famille bien sous tout rapport entrait dans la salle. La femme nous envoi un regard outré tandis que l’homme prend le temps de me juger sous toutes les coutures. Mon terrain de jeu favori : emmerder les riches. « Excusez-là, elle ne sait pas se tenir en public. » Voix mielleuse et sourire de circonstances alors que mon bras vient s’enrouler autour de celui de la brunette. « Vraiment, Virginia tiens-toi bien ! » Ma meilleure imitation alors que je frissonne d’avoir prononcé ce prénom qui l’embourgeoise tellement. Et voilà que je redresse le dos, sors les épaules, relève le menton avant d’envoyer un fuck a toute la belle famille. Déjà ont déguerpi vers une autre œuvre, tout aussi laide, tout aussi inexplicable. Toile blanche et point noir. Incompréhension de ma part, véritablement admiration de la sienne. Ce monde me dépasse. « Tu sais quoi faire si un jour écrire paie pas assez bien. » Ma tête qui se balance d’un côté puis de l’autre en signe de désapprobation. « Je préfère encore me saigner pour écrire une colonne de merde. » Jamais le syndrome de la page blanche en viendrait à me convertir en artiste sans âme, je le refuse. Elle le sait tout aussi bien que moi, mais il fallait que je râle. C’est plus fort que moi. C’est de famille surtout. « Toi en revanche… » Je taquine tout en sachant parfaitement qu’elle aspire a bien plus. C’est son monde, son inspiration, mais Ginny s’exprimera toujours plus qu’un simple point sur une toile. J’en suis persuadé. Qu’importe le blocage qui fait danser ses doigts contre ma paume et l’empêche de prendre un papier et un crayon. « Pour faire quoi ? » Nos regards se croisent et les feuilles dans la poche arrière de mon jean me brûlent la peau. Je voudrais le lui imposer autant que je ne veux en rien la brusquer. Pas encore. « Des avions en papiers. » Je hausse les épaules. « Pour les emmerder tous encore un peu. » Le changement de sujet est total tant, je la vois déjà prendre la fuite sous mes yeux. « J'ai pas de crayons, et les pastels tachent toujours mes affaires quand je les amène. » Un simple sourire pour lui faire comprendre que ce n’est rien. « On verra plus tard. »
Et nous voilà au milieu de statut Grecques, Romaines et j’en passe. Des hommes athlétiques, musclé comme jamais. Ce qui semble plaire à une petite dame guindée et embourgeoisées. « C’est juste imaginaire M’dame. » Tout son corps sursaute tant je l’ai sorti de ses pensées, la cougar. Je retiens un rire face à son air outré avant de me tourner vers Ginny, l’air complètement dépité. « Je m’entraîne touuuuus les jours. » Et je soulève mon tee-shirt pour laisser entrevoir mes abdominaux. « Mais j’ai pas ce résultat-là moi. » Une moue triste sur le visage alors que je me tourne vers l’autre dame. « Je fais l’affaire quand même ? » Elle vire rouge carmin la madame et s’en fuit dans une autre salle alors que je retiens un fou rire. Bien plus intéressant que toutes ces statues à la noix. Mon regard croise celui de Ginny alors que je hausse les épaules. « Je me tiens bien. » que je souligne alors que c’est clairement pire que la dernière fois tant le vigile ne cesse de me tourner autour.
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| | | | (#)Lun 7 Sep 2020 - 15:39 | |
| De l'entendre prononcer un Virginia bien pompeux me fait d'office regretter de lui avoir dit mon véritable prénom dans un moment de faiblesse. Ça allait bien, avant qu'il ne prenne mon sac en otage cette fois-là. Parce que je finissais toujours par l'oublier sur un banc de musée ou sous un siège au cinéma, qu'il décide que c'était lui qui allait le porter pour, et je cite, arrêter de se faire chier à sillonner la ville en entier pour retrouver mes affaires à chaque fois non mais sérieux Gin t'as quoi dans la tête du gâteau au chocolat?!
Je déteste qu'il se saigne pour écrire ces temps-ci. Bien plus que je déteste être incapable de peindre, c'est de l'imaginer faire face à la pire des pages blanches qui me serre le coeur même si son rire est censé m'éviter d'avoir si mal pour lui. C'est que je transpose et je projette, en ayant mal pour nous deux à travers ses mots sur papier qui se font de plus en plus absents. S'il me demande, je dirai simplement que je m'ennuie de lire le Wyatt fluide. Celui qui coulait parfaitement bien fût un temps sur les écrits que j'arrivais à subtiliser dans ses affaires pendant qu'il était sous la douche ou qu'il s'était endormi mollement à travers les infinités de coussins et de couvertures de sa chambre à l'hôtel. Pas ce sur quoi il bosse en ce moment, ce qui le gruge et ce qui ne sonne pas comme Wyatt. Un jour je le lui dirai, mais j'ai trop peur qu'il me le dise lui-même en échange. Qu'on a assez laissé le chaos s'immiscer, qu'on devrait avancer sans eux, maintenant. La blague.
Je ferais quoi, avec des munitions à créer? « Des avions en papiers. » Quand je n'ai plus aucune envie de le faire, quand je hais déjà ce qui s'étalerait sur mes toiles? « Pour les emmerder tous encore un peu. » « Ou pour nous crever un oeil, ou pire deux. » il ricane de plus belle, je pouffe avec lui. On rit jaune, par contre. « On verra plus tard. » c'est un merci silencieux qui presse ma paume un peu plus contre la sienne, initiant nos pas dans une autre direction au fil de ma respiration qui reprend un rythme normal. « Chuuut, apprécie le moment plutôt que de penser au futur. » au jour le jour est la seule chose à laquelle j'arrive à me raccrocher désormais, lui aussi je parie.
Les statues me donnent l'impression d'être minuscule, et tant mieux. Il part de son côté et moi du mien. S'il s'amuse à jacasser, mes yeux eux, décrivent les angles et les lignes. Ils se plaisent à scruter le grain du marbre, à analyser l'humanité des positions utilisées, à chercher ce vers quoi leurs yeux à eux sont braqués.
« C’est juste imaginaire M’dame. » « Je m’entraîne touuuuus les jours. » « Mais j’ai pas ce résultat-là moi. » « Je fais l’affaire quand même ? »
Elles sont deux, les femmes qui le regardent horrifiées. Des anglaises typiques desquelles il se moquera encore demain et le jour d'après. Apprécie le moment plutôt que de penser au futur. « Je me tiens bien. » « T'es l'enfer. » j'éclate de rire, éclat qui résonne contre les parois immenses d'une salle qui l'est toute autant. Ne reste que le vigile qui ne le lâche pas du regard, dès lors que je réduis la distance entre nous deux pour m'assurer de rentrer les pans de son t-shirt à l'intérieur de son jeans, replacer sa veste de parts et d'autres de ses hanches pour lui faire comprendre qu'on ne se compare pas avec les Dieux grecs Wyatt, c'est pas comme ça que ça fonctionne dans le monde réel. Entre deux rires et toutes autant de manoeuvres pour verrouiller ses tissus ensembles, mes doigts s'arrêtent à la seconde où ils sentent quelque chose de famillier contre mon épiderme.
« Wyatt. » ce qui devrait sonner comme une exaspération de plus de voir qu'il a traîné du papier ici en sachant très bien que ce serait pour moi et non pour lui finit en supplication sur mes lèvres. Au creux de ses prunelles, ce que je vois me fais bien plus peur que le reste. « Ton tour. C'est à toi de choisir où on va maintenant. » un jeu parmi des milliers d'autres, celui de nous renvoyer la bombe prête à exploser, celui de nous occuper à la minute près, à chacun de ses passages ici. L'ironie fait mal quand je sais qu'il retournera toujours en Australie. Au moins il revient, lui. « Il est pas là ce soir. » un autre lui, qu'il déteste sûrement, j'ai jamais osé demandé. Bailey est ailleurs, avec Jill fort probablement. À travers mes mots vient une supplication de plus, celle de ne pas rentrer tout de suite, celle d'étirer ce passage-ci un peu plus encore. |
| | | | (#)Lun 7 Sep 2020 - 20:13 | |
| « Ou pour nous crever un oeil, ou pire deux. » « Ce serait très Œdipien ça colle avec le thème. » « Chuuut, apprécie le moment plutôt que de penser au futur. » « On verra quand même. »
Que j’insiste dans un sourire, sans jamais trop forcer, en détournant l’attention la seconde d’après. Tout lui porte à croire que je suis venu hurler sur mon frère pour la énième fois, quand en réalité, j’ai rejoint cette ville grise et morose pour parer le blocage. Le sien peut-être autant, si ce n’est plus, que le mien. Deux artistes paumés et fébrile, qui se dissimule derrière des excuses pour ne pas avoir le temps de créer. À cause de lui, parce qu’elle est absente. Ils nous mèneront à notre perte tant que l’on ne cesse de se projeter sans profiter de l’instant présent.
Par tous les moyens, j’essaye de la suivre. Prétends m’émerveiller devant un bloc de granite censé représenter une énième déesse à qui il manque un bras et un peu de dignité. Telle une enfant elle se faufile entre les présentoirs, sourire qui s’évapore, sourcils qui se froncent à la recherche de la technique, des moindres secrets cacher sous un drapés parfaitement exécuté. Elle savoure, je m’ennuie. Tout n’est que plaisir lorsque j’en viens à ruiner l’après-midi paisible de deux embourgeoisés. Tout n’est que victoire, lorsqu’elle me rejoint son rire ricochant bien trop proche de mes lèvres, elle qui me gronde comme un enfant, ses mains glissant sur mon torse pour me redonner une tenue décente. Ce frisson que je retiens si fort à m’en mordre la langue. Ginny qui soudainement me fait bien trop penser à elle. Battement de cœur qui s’accélère, confusion à son extrême. « T’es l’enfer. » Elle aurait pu dire ça, elle aussi. « L’enfer, c’est les autres. » L’enfer, c’est elle. Le vigile qui se racle la gorge, Ginny qui telle une maman remonte ma fermeture éclair jusqu’à mon menton, l’instant qui se perd, la gêne qui gagne mes joues. « Parfait, t’as fait de moi un coincé. » que je ronchonne en me reculant, mais ses doigts qui trouvent ma poche et son contenu. Recule Ginny. « Wyatt. » Et je me déteste de faire l’amalgame, de l’entendre elle en voyant mon amie. L’hésitation de trop celle qui me faire grogner tel l’animal sauvage. La fermeture éclair que j’ouvre dans un grand geste, la distraction supplémentaire. C’est de la connerie tout ça. C’était juste du papier. On verra plus tard.
« Ton tour. C'est à toi de choisir où on va maintenant. » « Parfait. D’tout façon on allait être en retard. »
Un sourire pour la forme et on quitte cet endroit pourri.
*** Changement de décor. Camden Town. Elle détonne et je donne l’impression d’être enfin arrivé chez moi. À peine sortie du taxi, je l’éloigne des attrapes touristes, au-delà des Stables Marker, on n’est pas venu pour ça. Ma main qui trouve encore la sienne dans une facilité déconcertante. Un dédale de rue que l’on zigzague en silence avant d’arriver à destination. L’endroit est comme je l’avais visualisé, tag, couleurs et autres œuvres en tout genre orne les murs. On passe une allée un peu sombre avant de déboucher sur un jardin paisible et l’immense hangar qui sert à la fois de coffee shop et de studio. Et peut-être que je jure qu’on est là que pour boire un café parce qu’il fait trop froid dans cette ville. Je file au comptoir, assure que nos places sont bien réservées et la rejoins avec un plateau empli de deux tasses fumantes, quelques cookies et des scones à la confiture. Je taquine son chignon et me colle peut-être un peu trop à elle. « J’avais carte blanche, non ? » Déjà une blondinette s’avance au milieu des tables, immense sourire aux lèvres. « Les retardataires sont arrivés. » Je crois qu’elle parle de nous. « Je vais vous présenter l’atelier du jour. »
- les dééééés
WIN : l'atelier est pour les débutants en peinture. jouer avec les couleurs, créer des harmonies. SO CLOSE : c'est un atelier de "couple" l'un doit dessiner/peindre quelque chose, l'autre doit écrire à en s'inspirant de l'image #EnferADeux FAIL : wyatt avait en fait rien lu correctement, l'atelier parle bien de peinture, mais le but est d'écrire la peinture, raconter un tableau. #TuLasCherché
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| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Lun 7 Sep 2020 - 20:13 | |
| Le membre ' Wyatt Parker' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Lun 7 Sep 2020 - 22:19 | |
| Il s'arrête une seconde et une seule. Juste assez longtemps pour que je puisse voir passer une lueur qui m'effraie autant qu'elle me fascine dans son regard. Il bouille Wyatt, il rage et il brûle, et jamais je ne serai ingrate au point de lui demander pourquoi. J'aurais bien trop peur qu'il remarque la même à travers mes prunelles à moi. Qu'il me le demande à son tour.
« L’enfer, c’est les autres. » « Garde ce genre de phrases pour tes romans. » « Parfait, t’as fait de moi un coincé. » « Bienvenue dans mon monde, on s'y sent bien avoue. »
*** Et de mon monde, on passe au sien.
Les passants ont cessé de le fixer lui pour me fixer moi. C'est qu'il se fond bien plus dans la masse à Camden Town qu'en plein musée guindé, c'est qu'il évolue bien plus facilement entre les stands et les marchands. Il a presque l'air de venir d'ici tellement il nous faufile entre les allées et les murs graffés sans même hésiter une seule fois sur quelle allée prendre au détour d'une autre.
« J’avais carte blanche, non ? » qu'il annonce, avec le même sourire fourbe tentant d'amadouer la Terre entière en commençant par moi, le même que j'exhibais quand j'essayais de le faire ralentir entre les foodtrucks pour m'arrêter juste une fois pour une glace frite et juste une autre fois pour une pizza blanche et juste une autre fois pour un - « Les retardataires sont arrivés. » les quoi? « Je vais vous présenter l’atelier du jour. » le quoi? « Qu'est-ce que tu - » et elle nous fait signe de nous lever, à peine déjà qu'on vient d'arriver. Mon coup d'oeil attrape le profil de Wyatt qui suit, les mains dans les poches, ses fossettes de gamin qui prennent le pouls sur les miennes, rangées sous mon air inquiet. Son carte blanche me stresse, assez pour que je ne mentionne absolument pas à quel point le café est bon, suffisamment pour que j'oublie une gorgée seulement plus tard même le gobelet bouillant logé entre mes paumes glacées dès qu'on finit par être postés devant un mur de briques, immense, vierge de tout dessin.
« Tout le matériel dont vous aurez besoin est à vos pieds. J'ai pris le temps de tracer quelques croquis pour vous inspirer, vous pouvez vous en servir pour commencer votre tracé. Je passerai voir chacun d'entre vous le temps de discuter un peu de votre idée de départ avant que vous puissiez commencer à peindre. » « - oh. »
De celle qui agira à titre de professeur du jour, elle qui parle de techniques et de couleurs, mon attention dérive maintenant vers le mur qui s'érige devant moi. Mes doigts cherchent les rainures, les fissures, chaque grain particulier. Les idées ne remontent pas encore et évidemment qu'elles seront lentes si elles décident de se faire une place. Mais l'absence de canevas blanc ajouté à la sortie de zone que faire une fresque signifie pour moi alors que je n'ai jamais laissé mes dessins sortir de mes cahiers ont quelque chose de bien plus grisant que je suis en mesure de désormais affirmer. « Tu l'as cherché. » que je finis par râler, une poignée de minutes de silence plus tard, tout juste après que l'enseignante soit passée à notre station pour nous donner des croquis parmi lesquels choisir le nôtre, des teintes avec. J'ai pris du corail qui ressemble parfaitement à celui que j'ai laissé tomber sans faire exprès sur ses Doc et étalé sans l'avoir prémédité promis sur sa joue. Le même que j'utilisais à l'Académie, le même qui finira sur une seule brique, l'air distrait pour les autres qui n'arrivent pas à voir qu'au final, je savais exactement ce que j'allais faire.
« Si je peins, je me fie pas à ses dessins. » le si qui sonne bien plus comme un quand, au final. |
| | | | (#)Lun 7 Sep 2020 - 23:24 | |
| Je ne connaissais rien du thème. L’idée m’est venu entre deux tableaux, à l’attendre. Un atelier dans un studio de peinture. Porte ouverte, vers un essai, un retour à ses habitudes. Je n’avais rien promis si ce n’est pas de ne pas insister. Quand je l’amène ici, c’est pour un café. Si elle dit non, on fera demi-tour, on ira se noyer dans la masse de touriste, on fera comme si rien n’avait exister. Ne pas tenter, c’est laisser mourir ce feu artistique qui baigne en elle. Celui qui pense s’épanouir dans les couloirs d’un musée quand en réalité sa place est ici, parmi des gens de tout horizon à écouter cette blonde aux mains peinturlurées et aux taches de rousseurs devenu jaune, bleu et verte. Le graphe, ce sera, si loin de son univers guindé et coincé, bien plus proche du mien et de mon passé. Déjà, elle fouille dans les cans de couleurs, déjà elle se plonge dans l’univers tandis que j’écoute tant bien que mal les consignes. On a déjà tagger la voiture d’un voisin avec Ariane. Un beau ‘fuck’ sur sa Honda Civic à chier. C’était y a une vie de ça.
Elle spray mes chaussures, je rage pour la forme. Elles seront uniques en leur genre. Ramèneront avec moi un souvenir d’elle, down under. Pour en faire rager une autre. Qu’importe. Se concentrer sur l’instant présent et ce mur vierge qui se présente à nous. Ginny que j’observe de profil. Son nez qui se fronce, son regard qui cherche le meilleur angle d’attaque quand déjà ses doigts jonglent avec différents capuchons de couleurs. Je gagne, là non ? Il se passe quelque chose. La dynamique change. Elle en oublie complètement le café posé par terre contre le mur, même qu’elle a froid tant ici le temps est affreusement humide. « Si je peins, je me fie pas à ses dessins. » Let’s call it a win. « Laisse parler ton instinct. » que je murmure coller à son dos alors que mes doigts viennent chipé un élastique autour de son poignet. Geste ridicule dans une tentative vaine de rassembler mes cheveux, bien trop longs selon ma sœur, dans un man bun brouillon. Le bandana rouge fusé par le temps qui traîne autour de mon cou fera office de protection au-dessus de ma bouche lorsque je décapsule la bombe noire. Le dessin n’est pas mon art. Je me contente d’un point-virgule, là, au milieu de cet espace qui est le nôtre. Tire sur la manche de ma veste et laisse apparaître le creux de mon poignet et cette encre noire qui y trône depuis des années. « C’est toi l’auteur, la décisionnaire. Tu écris TON histoire et rien n’es terminé. Tout commence. » Mes doigts qui glissent le long de son bras, un regard échangé et je lui laisse tout l’espace dont elle a besoin.
Quelques pas en arrière, mon dos qui heurte le mur et je m’assois juste là, à même le sol. Je l’observe de loin, prendre son envol parmi les couleurs. Et encore une fois, les mots me manquent. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2020 - 4:28 | |
| Il est immense, le mur. Même si on ne nous laisse qu'une infime partie, n'en reste qu'il me donne l'impression d'être constitué de plusieurs milliers de mètres à recouvrir de peinture, et autant de pistes de pression contractant ma cage thoracique. Le souffle de Wyatt sur ma nuque me chatouille, ses mots me font frissonner. « Laisse parler ton instinct. » il sait pas ce qu'il dit. Il sait pas que mon instinct, que mon inné à moi, il est ravalé depuis si longtemps parce qu'il fait trop mal à la seconde où je lui laisse toute la place. Il sait pas que le simple fait de prendre un crayon entre mes doigts ou de manipuler un pinceau me brûle la peau autant que ses mots me brûlent le coeur. Il ignore à quel point c'est difficile de ne plus être moi-même parce que quand je le suis, je déteste le résultat presqu'autant que les raisons qui m'ont obligées à n'être que l'ombre de moi-même. Il ne sait pas, mais au final il sait tout.
Et Wyatt se prête au jeu. Le point virgule qu'il trace sur les briques alignées devant nous fait écho à celui sur son poignet que je regarde un peu trop longtemps. Presque comme si je ne l'y avais jamais vu, comme si j'allais m'en étonner pour quelques raisons que ce soit. « C’est toi l’auteur, la décisionnaire. Tu écris TON histoire et rien n’es terminé. Tout commence. » ma main prend la sienne dès lors que ses doigts quittent mon bras, à mon tour de les perdre sur les marques noires d'ébènes qui ont marqué son poignet, qui dessinent son passé qu'il n'aborde jamais mais qui transparaît dans tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait.
« Arrête de sourire. » j'ai osé. Pendant une poignée de minutes, j'ai coloré, j'ai joué avec les teintes, j'ai aligné des lignes, des gribouillis qui n'en ont que la forme. Il n'y a rien dans ce que j'ai bien pu peindre qui est phénoménal, mais le simple fait de retrouver mes marques au fin fond d'une ruelle m'a donné envie d'en créer de nouvelles. Tout est à recommencer et rien n'est facile. J'ai les chevilles en compote d'avoir été sur la pointe des pieds trop longtemps, mon cou est assailli de torticolis par dizaines et mes yeux piquent presque autant que mon nez de toute la peinture qui a pu s'y envoyer.
Mais lorsque je me pose au sol aux côtés de Wyatt et que ma tête se niche, épuisée, sur son épaule jamais une seule fois mes prunelles noisettes ne quittent le mur et accessoirement la fresque qui s'y révèle devant nous. Une seconde passe, une infinité d'autres. J'en suis à tracer du bout de l'index les tache de peintures qui colorent tantôt mes mains tantôt les siennes quand dans un souffle j'annonce ce qui sonne comme l'évidence. « On revient cette nuit. J'apporterai mes couleurs. » et mes idées. Les miennes, pour vrai. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2020 - 13:11 | |
| Assis là, j'observe cette brunette qui détonne parmi les autres, qui hésite et finalement se jette dans le vide. Petit oisillon qui peine à déployer ses ailes. Les premiers sprays de bombe sont timides, presque invisibles. Au fur et à mesure, c'est son instinct premier qui reprends le dessus. Elle virevolte dans tous les sens Ginny, rien ne semble pouvoir l'arrêter même si chacun de ses gestes semble être dans la réserve et que cela m'énerve. Le noir de mon dessin tranche avec les couleurs qu'elle test, qu'elle aligne dans un million de gribouillis qui ne font sens à personne si ce n'est elle. Elle est en pleine redécouverte et le spectacle en valait la peine.
Et peut-être que mon sourire s'étale un peu trop longtemps sur mes lèvres. Peut-être que j'ai envie de crier victoire alors que ce n'est que les prémices de quelque chose. Peut-être qu'il est un peu trop dangereux, ce nouveau jeu.
« On revient cette nuit. J'apporterai mes couleurs. » Qu'importe, il en vaut la chandelle.
C'est à l'entrée du métro que nos chemins se séparents. Il n'est pas là, mais la règle reste tacite. On se retrouvera.
*** Énième rature sur une phrase sans saveur. Centième soupir mêlé de rage et de frustration. Troisièmes clopes que j'allume alors que le barman me fusille du regard. Ma main qui disparaît par l'entrebâillement de la mini fenêtre laissant la fumée s'échapper vers l'extérieur. Dehors, le jour se fait la malle, laissant place à un début d'obscurité annonciateur du retour de la brunette. Mon ventre grogne à l'odeur alléchante des frites et autres burgers autant que mon cœur rage de ne pas être en mesure d'aligner plus de quatre mots. L'envie est là, bien présente, juste au bout du stylo. L'inspiration, elle, semble être restée dans une chambre quelque part en Australie. Les mots se dématérialisent dans un message qu'elle ne lira probablement jamais tant tout semble avoir pris fin subitement.
Les ratures s'enchaînent sur mon bout de papier. Je fulmine, donnant des coups dans le carton à mes pieds. Les tentatives s'avortent les unes après les autres. Je sors de ma bulle lorsque je sens un regard bien trop insistant poser sur moi. « J'étais à deux doigts de partir sans toi. » Mensonge éhonté. Sourire que je cache derrière mon verre, pour une énième gorgée de bière alors que je tourne ma feuille sur laquelle elle ne cesse de lorgner. « J'ai de l'avenir en tant qu'imposteur ? » La ressemblance avec les toiles de Twombly serait à s'y méprendre. Mes doigts viennent chercher les siens autant que mes lèvres appellent une autre cigarette. Qu'elle s'assoit, que l'on souffle, j'en ai besoin. Du bout du pied, je pousse le carton vers les siens, différentes bombes de couleurs s'y alignent parfaitement. Sur la table, glisse un bandana semblable au mien si ce n'est à sa couleur corail. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2020 - 22:05 | |
| L'appartement est froid, vide, sans vie. Il nous sert de cachette la plupart du temps, quand on vient y reprendre des forces avant d'aller jouer des personnages qu'on n'est pas et qu'on ne sera surtout jamais aux yeux de la Terre entière. Jamais personne ne vient chez nous ; on reçoit mes parents au restaurant, les siens au salon de thé. On invente des projets de rénovation qui rendent le loft invivable pile aux moments où ils proposent un nouveau dîner dominicain en famille et au final, ça doit les arranger de nous avoir sous leur toit. Les manoirs McGrath et Fitzgerald comme des prisons en or massif depuis toujours au final.
Je n'allume pas la lumière, me contente de prendre une plaid pour le passer par-dessus mes épaules, m'enfouissant dans la salle de bain pour lancer le jet d'eau bouillante sans penser une seule fois à prendre une douche. J'ai juste besoin d'un bruit de fond, j'ai juste besoin d'étouffer dans un brouillard bouillant, j'ai juste besoin d'être incapable de croiser mon regard dans la glace embuée. Il faut seulement que je reprenne des forces, que je souffle un peu. Il faut seulement que j'arrête de trembler à chaque fois qu'un pinceau se glisse entre mes doigts, des pastels avec. Il faut seulement que je prenne sur moi et que j'arrête d'associer chaque trait peint, chaque ligne travaillée à des souvenirs de nous, de lui, de l'Australie. Un jour, sûrement. Pas aujourd'hui.
*** « J'étais à deux doigts de partir sans toi. » « J'ai de l'avenir en tant qu'imposteur ? »
Il écrivait ; essayait. Il a la bosse de l'auteur Wyatt, qu'il cache à travers mes doigts quand les siens ironiquement encrés s'y entourent, que je resserre le geste avec toute la douceur dont je suis capable. Mes yeux n'ont pas quitté ses feuilles qui s'amassent sur la table, quand bien même à mes pieds se logent des bombes de peinture de toutes les couleurs. Il réitère en tentant de me distraire d'un bandana corail qui m'est désormais destiné.
« Tu m'as jamais raconté d'histoire. » ma voix souffle, comme un secret parmi des milliers d'autres. Il est auteur et il invente, c'est de son inspiration qu'il vit ; vivait. Si j'ai l'air d'une gamine qui demande son conte avant d'aller dormir c'est un peu le cas, si j'ai l'air de celle qui souhaite juste l'amener à imaginer de nouveau sans lui mettre la pression de le faire, c'est encore plus véridique.
Ma main libre finit par arrêter de jouer avec le morceau de tissu aussi corail que l'est la cannette que j'ai dénichée dans mes affaires au grenier. Celle que je sors de mon sac pour l'ajouter à la sélection qu'il a déjà faite, et qui finira entre mes bras lorsque j'inspire pour deux. Lorsque je l'intime à me suivre comme si panser ses démons devaient d'abord se faire en pansant les miens.
*** Une rue, une ruelle, un trottoir, un immeuble, et on recommence. Ils se multiplient autour de nos pas, les buildings sur lesquels je pourrais m'arrêter pour peindre un détail, à peine qu'on le remarquerait. J'y pense, à ce que je grafferai, à ce qui prendra place sur les briques humides et usées d'une usine désaffectée. Usine que j'ai repérée par miracle en détournant la tête après avoir ravalé un nouveau rire de l'entendre grogner contre le monde au grand complet mais surtout contre un chauffard qui nous a coupé le passage piétons une poignée de secondes plus tôt.
« Pour chacune de mes lignes, t'écris un mot. » je finirai par souffler contre sa peau, une promesse qu'il n'aura même pas besoin de prendre que je sais qu'il saura tenir. N'importe quelle ligne pour n'importe quelle lettre ; on commence doucement, mais on commence au moins. Il a fourni les couleurs et j'ai désormais fourni le papier, les crayons, quand je love entre ses paumes le matériel pour écrire quelque chose, n'importe quoi.
L'instant d'après, je me détourne pour laisser mes iris parcourir le mur en entier, libre de tout dessin pour l'instant. La ruelle est plongée dans la pénombre, isolée du reste on dirait. Tant mieux.
- oups:
WIN : elle trace vingt lignes = il écrit vingt mots SO CLOSE : elle trace dix lignes = il écrit dix mots FAIL : elle trace absolument rien Y'A LES FLICS QUI DÉBARQUENT
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| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Mer 9 Sep 2020 - 22:05 | |
| Le membre ' Ginny McGrath-Williams' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Jeu 10 Sep 2020 - 19:57 | |
| « Tu m'as jamais raconté d'histoire. » « Tu m’as pris pour Père Castor ? »
Toujours répondre à côté, ne jamais trop laisser entrevoir. Creuser pour en savoir le plus sur elle, ne lui donner que des miettes lorsqu’elle attaque en revers. Commander des burgers et des frites pour lui faire penser à autre chose. Sentir son regard incessant, celui qui se veut discret, mais qui hurle un million de questions. Mes histoires, je ne les raconte pas à n’importe qui, n’importe où, n’importe comment. Je n’ai pas encore trouvé le bon moment avec elle, celui qui annoncera le pire des tournants. Celui où je finirais par lui abandonner toute ma confiance.
« On verra plus tard. » que je finis par murmurer face à son sourire tartiné de ketchup et ses doigts graisseux qui tentent de chiper mes frites.
*** Elle essaye de jouer la clandestine avec ses Converses trouées, sa capuche noire trop remonter. Elle se faufile dans l’obscurité telle une ombre oubliée. Apprivoiser Londres, la nuit, un de mes terrains de jeu favori. Ce soir, il est sien. Là dans cette usine désaffecter alors qu’elle jette son dévolu sur un mur immense et vierge. « Pour chacune de mes lignes, t'écris un mot. » Son souffle qui me fait frissonner alors qu’elle glisse du papier entre mes doigts. Écrire un mot, c’est simple. Écrire des mots qui ont du sens, une véritable profondeur, c’est autre chose. C’est ce qui me manque cruellement. Pourtant, je veux me prendre au jeu. Prétendre que tout est okay, que je gère, la tête haute, les épaules droites. Voilà que je m’installe sur le haut d’une poubelle. Face à elle.
L’instant se suspend au bruit du premier capuchon qu’elle décapsule. Bras tendu, geste hésitant et finalement ce premier trait qui dès la seconde d’après en appel un autre, puis un autre. Une dizaine en tout. Dix mots, c’est une phrase. Dix mots, c’est déjà beaucoup trop.
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix. Ginny est une emmerdeuse avec ses idées de jeu à la con.
Ariane est trop conne, Yeyaya me tape sur le système, sale gamin. Lights will guide you home and ignite your bones, and i will try to fix you.
Poétique. Si simple quand on emprunte les mots des autres, ceux qui résonnent en nous avec une puissance qui déstabilise de trop. C’est ce que je voudrais écrire, c’est que j’ai perdu en cours de route, ce que je ne retrouve pas. Mon stylo rage contre la feuille en papier. Ma mâchoire se serre, j’ai cruellement envie de fumer. « Ton jeu, c’est de la merde. » Les feuilles en papiers volent de mes genoux pour attirer dans l’eau, celle qui a recueilli des gribouillis tombe entre ses mains. Je m’échappe pour aller allumer une clope, pour rager aussi, envoyer un coup de pied dans une autre poubelle, hurler sur le pauvre chat qui passait par là. « Peut-être que j’ai plus d’histoire à raconter. » que je souffle sans réellement me retourner, en tirant taffe après taffe comme un forcené. « Puis on s’en branle. » Conclusion hâtive, mais nécessaire. « Aller dessine ! » que je concède excéder par un rien. |
| | | | (#)Jeu 10 Sep 2020 - 22:46 | |
| D'entendre son crayon qui gratte le papier derrière ma silhouette suffit à motiver les quelques couleurs qui s'éparpillent sur les briques s'étalant face à moi. Rien ne fait de sens et tout est improbable, il n'y absolument aucune technique dans mon art. Ça ne pourrait même pas être qualifié comme tel si on me le demandait, si on demandait à quiconque.
Mais mes mains sont tachées de peinture depuis la première fois depuis des semaines. Mes ongles sont corail, jaune, orangé, rouge pétant. L'odeur passe à travers le bandana, elle me monte à la tête elle et son parfum suffocant qui me rappelle les nuits à l'Académie, les tableaux à peindre, et lui qui - non Ginny. Non.
« Ton jeu, c’est de la merde. » « Ton caractère est pas mieux. »
J'ai à peine sursauté au moment où ses pieds se sont abattus sur la première poubelle du bord. Le vacarme se casse sur le bitume comme le fait le cylindre de métal qui résonne et presqu'autant que ses cris lorsqu'il s'en prend à un chat errant qui n'a clairement pas choisi le bon endroit ni le bon timing pour sa balade nocturne. « Peut-être que j’ai plus d’histoire à raconter. » le bruit de son briquet remporte la palme, le silence de la ruelle qui nous borde lui fait écho. La seconde d'après c'est une odeur distincte de tabac grillé qui remplace cette de peinture mouillée qui était omniprésente par ma faute. « Puis on s’en branle. » non, pas du tout. Au ralenti, ma main libre de ne pas avoir rattrapé ses écrits dépose au sol la bombe de peinture qui était restée lovée entre mes doigts. « Aller dessine ! » il est comme un lion en cage Wyatt, incapable de tenir en place, incapable de rester immobile alors qu'à mon tour, mes gestes sont lents, si calmes, sûrement trop. Je n'ai pas laissé à une seule reprise dériver mes prunelles sur ses fameux dix mots, préférant ne pas les lire et ainsi lui laisser le bénéfice du doute pour ça et pour tout le reste au final. « Tu t'es fait mal? » qu'elle demande, ma voix rauque de n'avoir rien dit depuis de longues minutes, terrifiée de voir à quel point j'ai bien pu lui faire du mal alors que jamais ça ne pouvait être mon intention.
Puis, c'est au tour des feuilles détrempées d'avoir mon attention. Mes pas dérivent de la silhouette de Wyatt vers qui je me dirigeais pour bifurquer à la hauteur des papiers noyés que j'extirpe d'une flaque comme s'il s'agissait de la chose la plus précieuse qu'il m'ait été donnée d'avoir entre les mains. Il brûle autant que sa clope, la lueur qui grille la nuit me souffle en tout temps où il se trouve, dès lors que je le rejoins, pas chancelant et prunelles inquisitrices.
« Inventes-en une, alors. » une histoire. « La mienne. » n'importe quoi, sauf celle qui est véritablement la mienne. |
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