Tout va très vite, trop vite. Je ne contrôle plus rien, c’est comme si ma tête ne discernait plus le bien du mal. Parce que clairement, si mon cerveau était en marche à cet instant précis, il me hurlerait que c’est une très mauvaise idée. Mais il s’est déconnecté, il est parti au moment où j’ai bu ma première goutte d’alcool. Mes lèvres contre celles d’Enzo, je sens les picotements de sa barbe et cette sensation, qui aurait pu m’agacer auparavant, me remémore nos débuts, et me fait un bien fou. C’est comme faire un bond en arrière, retrouver nos premiers mois d’amour, la passion, l’envie de faire l’amour partout, tout le temps. Je m’excuse de mon premier baiser, mais au final, je recommence. Je plonge les yeux fermés dans quelque chose qui je sais n’est pas spécialement un bien. Je n’arrive pourtant pas à m’en empêcher, l’envie prend le pas sur la réflexion. Il presse mon corps contre le sien, je sens sa main dans le creux de mes reins, et les papillons dans mon bas ventre commencent leur danse folle. Mes mains viennent glisser dans sa nuque, ses cheveux, je perds mon souffle tellement notre baiser est rempli d’envie. Je ne suis pas la seule, Enzo comprend bien vite le message et ne se fait pas prier. Après tout c’est un homme, quel homme refuserait de faire l’amour avec une femme qui le demande ? Ses mains glissent sur mes fesses, puis mes cuisses, et il me soulève d’une facilité déconcertante et j’enroule mes jambes autour de son buste, ne lâchant pas pour autant ses lèvres. Enzo ne perd pas de temps et m’emmène directement dans la chambre, celle que nous partagions il y a encore quelques mois. Il m’allonge sur le lit, et je m’empresse de le déshabiller. Je retire son t-shirt le plus vite possible, m’attaquant à sa ceinture. Je ne veux pas que mon cerveau reprenne le pas sur mes envies, je veux profiter de cet instant avec l’homme que j’ai aimé. Nous ne tardons pas à nous retrouver nus tous les deux, et je retrouve le corps de mon amant. Je le laisse faire, je ne lui ai jamais rien reproché sur sa manière de me faire l’amour. Il a toujours été un homme attentif à mes envies, mes besoins. Il sait quand je veux qu’il soit doux, ou au contraire quand j’ai besoin d’un peu plus de passion. Ce soir, je suis plutôt demandeuse de passion.
Je ne prends plus le temps de réfléchir, mon cerveau est court-circuité par l’alcool qui prend le pas sur mon organisme. Je ne suis plus tout à fait maitre de mes actes, de mes mouvements, mais il y a bien longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien, je dois l’avouer. Sentir ses bras forts autour de mon corps, ses mains douces sur ma peau, la puissante de ses baisers. Mon coeur s’évertue à me faire comprendre que tout ça est une bonne chose, mais mon cerveau essaie parfois de me faire passer des messages, me dire que ce n’est pas une bonne idée. Pourtant, je le fais taire du mieux que je peux, laissant alors mon corps parler pour moi. Je veux le sentir près de moi, contre moi, en moi. Je veux qu’il me fasse l’amour comme il savait si bien le faire avant de partir et m’abandonner lâchement. Et je sais le lui faire comprendre. Après tout, on se connaît presque par coeur, du moins, on se connaissait par coeur. Parce qu’aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Mais nos instincts semble être restés intactes, nous guidant ainsi l’un vers l’autre. Nous ne tardons pas à nous retrouver nus, et je l’incite à continuer, j’ai envie de lui. Au moment où nous ne faisons plus qu’un, un gémissement de plaisir s’extirpe de mes lèvres, lui faisant comprendre que j’apprécie ses gestes, ses mouvements. C’est un instant hors du temps que nous vivons là. Après quasiment une heure de retrouvailles aussi intenses qu’étranges, nous nous endormons dans les bras l’un de l’autre, nous laissant emporter par la fatigue et les retombées de l’alcool. Tout semble si naturel, comme si rien n’avait changé, comme s’il n’était jamais parti, comme si je n’avais jamais rencontré Kelya. Mais au petit matin, tout reprend forme humaine, le cerveau reprend de ses fonctions. C’est les pleurs de Zoey qui me réveillent quasiment en sursaut. J’ai du mal à ouvrir les yeux, mais le pire reste à venir. Je me redresse dans le lit, et c’est à cet instant que je sens une présence, près de moi dans ce lit. Mon regard bascule vers lui. Ce n’était pas un rêve. Putain… Qu’est-ce qu’il m’a pris, qu’est-ce qu’il nous a pris ? Mon coeur s’emballe, ce n’était pas une bonne idée, je n’aurai jamais dû boire, je n’aurai jamais dû céder à la tentation. Je me lève rapidement et enfile mon kimono en soie avant d’aller chercher Zoey pour la calmer. Je me sens tellement mal, tellement honteuse d’avoir cédé. Je reste dans la chambre de ma fille pendant quelques minutes, et rejoins finalement ma chambre, où Enzo semble s’être réveillé. Je reste quelques secondes à le regarder dans les yeux, cherchant quelque chose à dire. « Tu devrais t’en aller. » Je suis froide, je m’en veux, mais je ne veux surtout pas qu’il imagine qu’il y aura une suite à ça. Je le regarde sortir du lit et récupérer ses affaire pour s’habiller. Je détourne même le regard, honteuse d’assister à son corps parfaitement nu devant moi. Je soupire un peu et une fois qu’il est habillé, je lui adresse un nouveau regard. « C’était une bêtise Enzo. On a bu, on aurait pas dû… je veux pas que tu imagines qu’on va reprendre quelque chose je… c’était idiot de te faire rester. Je sais pas ce qu’il m’a pris. Je suis désolée. »