✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
La nuit a été longue mais très courte en même temps. Alex vient de partir me laissant seul dans cette chambre d’hôpital. Je n’ai rien à faire, pas de livre, pas de portable, personne à qui parler, ce qui passe à la télévision ne m’intéresse pas vraiment alors la seule chose qui me reste à faire c’est penser. Et bizarrement ce n’est même pas vers la nuit que je viens de passer que mes pensées se tournent mais plutôt sur le lieu dans lequel je me trouve. L’hôpital ça ne me rapporte pas des meilleurs souvenirs de ma vie, sûrement les pires même. L’accident, Victoria, sa mort et je sens presque comme une montée d’angoisse m’envahir. D’autant plus lorsque je me souviens avoir croisé Birdie dans les couloirs des urgences hier soir. Sur toutes les personnes vivant à Brisbane il a fallu que ce soit devant elle que je me retrouve et à cet instant précis je maudis le karma et je me demande pourquoi il décide de s’acharner sur moi comme ça. Je n’ai même pas vraiment cherché à savoir ce qui lui arrivait, après tout ça m’est égal, elle est plutôt du genre à se foutre dans des situations qui lui portent préjudice alors la croiser aux urgences n’est pas forcément étonnant. Je repense donc à tout ça, à sa mort, à l’après. Mon année de dépression et l’année qui a suivi qui n’a pas été beaucoup plus facile et tout ce qui s’en suit. Les séances chez le psychologue, celles chez le psychiatre, les antidépresseurs et anxiolytiques à prendre pendant un an. Malgré moi je suis replongé dans tous ces souvenirs et j’en viens à penser à une chose : je suis incapable de me souvenir depuis combien de temps je n’ai pas été au cimetière. Est-ce que j’ai encore le droit d’y aller ? Vis-à-vis d’Alex, est-ce réellement correct ? Aller voir son ex fiancée alors que je suis en couple et bientôt père des enfants de la toute première femme que j’ai aimé ? Celle avant elle, avant Victoria ? Mais cette pensée me fait culpabiliser parce qu’ainsi j’ai un peu l’impression de l’abandonner et de l’oublier. Or ce n’est pas le cas. Enfin pas vraiment. Elle n’a juste plus la même place dans mon cœur, dans ma vie mais ça ne veut pas dire que je l’ai oublié. C’est décidé, en sortant d’ici je prendrai mon courage à deux mains pour aller sur sa tombe. Mais maintenant c’est une nouvelle question qui me trotte l’esprit. Est-ce que je dois en parler à Alex ? Lui dire où je compte aller ? Quand je l’aurai fait ? Je soupire parce que je n’ai aucune réponse à cette question mais j’ai le temps pour y réfléchir. En attendant une infirmière toque avant d’entrer dans ma chambre pour me faire un nouveau bilan sanguin afin d’analyser je ne sais quoi, je ne lui demande même pas. Je lui laisse mon bras pour faire ce qu’elle a à faire et puis elle m’enlève la perfusion laissant tout de même le cathéter en place, au cas-où m’a-t-elle dit, au cas où on doit m’injecter de nouveaux médicaments. À peine quelques minutes plus tard c’est une aide-soignante qui arrive dans ma chambre pour me donner mon plateau petit-déjeuner et j’en profite pour lui demander si Alex allait pouvoir passer ses nuits ici avec moi dans la chambre le temps de l’hospitalisation et elle me répond qu’il y avait peu de chance que le médecin accepte. Je ne suis malheureusement pas surpris de la réponse tout comme je ne le suis pas non plus du mauvais goût du café servi. C’était comme ça il y a trois ans et les choses n’ont pas changées sur ce point-là.
Après avoir pu prendre une douche rapidement, un des cardiologues passe dans ma chambre pour se présenter, me rencontrer et m’annoncer que d’ici quelques minutes on m’emmènera passer une échographie cardiaque et je lui pose la même question que j’ai posée à l’aide-soignante un peu plus tôt. Je lui explique la situation, que ma compagne est enceinte de vingt-huit semaines, de jumelles et que rester seule à la maison était compliqué pour elle. Il accepte, exceptionnellement pour ce soir me précise que l’on allait devoir trouver une autre solution pour les prochaines nuits. Mais ça me rassure, et sa réponse a le mérite de me faire sourire également. L’examen ne fait pas mal du tout il est même plutôt rapide, les résultats arrivent quasiment spontanément, pas d’autres problèmes en vue et le diagnostic de l’urgentiste commence donc à se confirmer petit à petit. Je remonte donc à ma chambre. Il est bientôt midi, Alex n’est toujours pas rentrée et j’espère que ça veut dire qu’elle en a profité pour s’allonger sur notre lit et se reposer. Moi ici je sais que je n’arriverai pas du tout à me reposer et mes nuits de sommeil ne seront pas bonnes et c’est pile à ce moment que la porte de ma chambre s’ouvre, et je vois Alex apparaître. Instantanément en la voyant je souris et elle fait de même. « Tiens tes cigarettes. Un paquet neuf. J’espère que tu apprécies le geste, parce que pour ça je me suis fais juger sévère par la vendeuse pour t'avoir ce paquet. » Je lâche un petit rire en l’entendant. Je prends le paquet de cigarettes que je pose sur l’adaptable et je lui vole un premier baiser. « Merci. T’es parfaite. » Un deuxième baiser volé. « T’es ma sauveuse aussi. » Je lui souris encore avant de la serrer contre moi, et en lui disant ça je n’abuse même pas un peu je le pense réellement. Elle me sauve parce que je commençais à me sentir un peu nerveux sans mes cigarettes. « Je t’ai ramené des livres que tu disais vouloir lire sans en avoir le temps. Et tiens ton portable. Si un de tes employés se plaint de moi c’est qu’il ment j’ai été vraiment gentille avec tout le monde. Et je n’ai menacé personne, promis. » La première chose que je fais c’est sourire, encore, et rire un peu aussi mais je ne m’attarde pas sur le restaurant ni même mes employés de peur de déclencher une nouvelle dispute mais je prends le sac dans lequel sont mes affaires pour en ressortir les livres dont elle me parle et effectivement, il s’agit bien de ceux dont je lui ai parlé il y a quelques semaines. Maintenant le temps je vais l’avoir alors elle a raison, je devrai en profiter. Je récupère juste après mon portable, je lis les messages non lus datant d’hier soir et ceux de ce matin – la plupart de mes employés me parlant du passage d’Alex –, je relève les yeux vers elle mais je ne lui en touche pas un mot. J’attrape mon chargeur pour le brancher à la prise la plus proche et recharger mon téléphone. « J'ai réussi à repousser le rendez-vous à jeudi matin, et si tu es toujours ici, je te kidnappe pour que tu viennes avec moi, je n'irais pas sans toi en tout cas. » Cette information me soulage et me fait du bien et je n’hésite pas à lui faire savoir. « Je serai sûrement sorti Jeudi, merci beaucoup bébé. » Je lui vole rapidement un baiser, une de ses mains sur ma poitrine, l’autre sur ma barbe, ce qui me fait très vite penser à quelque chose dont je ne lui ai pas parlé et j’espère sincèrement qu’elle y a pensé toute seule. « T’as pensé à mon rasoir ? Et ma tondeuse ? » Parce que se laisser pousser la barbe c’est bien, mais derrière il faut l’entretenir et même si je n’espère pas rester ici très longtemps je préfère avoir tout ça dans ma salle de bain. « Comment tu vas ? Tu as refais des tests ? Tu as revu le médecin ? Ton cœur va bien ? Tu as pu dormir un peu ce matin ? » Comme toujours quand elle est inquiète, Alex me bombarde de questions et c’est à moi de réussir à tout retenir ou bien à réussir à faire le tri dans ses nombreux questionnements. Je commence par hocher la tête et je lui réponds. « Je vais bien Alex, oui. Mon cœur est à 100 battements par minute » je lui montre le scope affichant mes paramètres et je reprends. «, les médecins m’ont expliqué que cet après-midi les infirmières allaient me poser une sorte de petit boitier pour analyse et enregistrer mes pulsations sur 24h et que donc pour l’instant ils ne me donnent aucun médicament pour ne pas fausser les résultats. » Ce petit boitier dont j’ai totalement oublié le nom d’ailleurs. « J’ai passé l’échographie cardiaque tout à l’heure et ça ne montre rien de plus que ce qu’on nous avait dit aux urgences. Le médecin est du même avis que l’urgentiste mais je pense qu’il ne pourra que donner un diagnostic définitif avec le résultat de mes pulsations sur 24h. » Je ne sais vraiment pas si j’ai répondu à toutes ses questions mais avant de lui en poser à mon tour, je bouge un peu dans le lit et je lui tends la main pour l’aider à monter et s’installer avec moi. Une fois fait je l’embrasse sur la joue. « Et toi tu te sens comment ? Tu t’es reposée un peu à la maison ? Les filles ne bougent pas trop ? Tu ne te sens pas trop fatiguée ? T’as mangé un peu ? » Au final je lui pose autant de questions qu’elle voire même bien plus, mais avec tout ça, je m’inquiète pour elle et aussi pour nos filles.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Alex vient à peine d’arriver que je suis maintenant incapable de regarder ailleurs. Mes yeux suivent le moindre de ses mouvements et je lui souris quand elle s’approche de moi, je souris entre deux baisers. Enfin, je suis bien et vraiment heureux de la revoir et je lui fais comprendre avec de nombreux sourires. « Ta sauveuse j'irais pas jusque là quand même, tu sais que ça peut te tuer ce truc. » Est-ce qu’elle est vraiment en train de me mettre en garde sur les dangers du tabac ? Vraiment ? Il y a encore quelques mois je fumais de temps en temps et il est vrai que depuis sa grossesse ma consommation est maintenant quotidienne. En bref, j’ai commencé à fumer bien plus pile au moment où elle a arrêté pour nos filles mais à savoir qu’elle, sa consommation régulière de tabac est bien plus ancienne que la mienne. Alors oui, de sa part c’est plutôt ironique et pas franchement crédible. « C’est toi qui me dis ça, sérieusement ? » Je lui demande en la regardant un sourcil légèrement levé lâchant par la suite un rire amusé. En tout cas ce que je ne peux pas nier c’est qu’elle a pensé à tout, jusqu’aux livres dont je lui parle depuis quelques semaines. Elle est partie me les acheter et je sais que j’ai de la chance de l’avoir. Je pourrais lui redire mais elle est vraiment parfaite à mes yeux, et je me sens encore plus chanceux quand elle m’annonce avoir réussi à décaler l’échographie de lundi de quelques jours. Si tous les examens que j’ai encore à passer sont tous aussi rassurants que celui de ce matin je sais que jeudi je ne serai sûrement plus hospitalisé. Parce qu’il est pour moi hors de question que je ne loupe une seule échographie ou même un seul rendez-vous chez sa gynécologue. Je suis toujours présent pour observer, écouter tout ce qu’elle a à dire, prendre même des notes quelques fois et ce qui est par contre systématique est bel et bien le nombre incroyable de questions que je lui pose à chaque rendez-vous. Parce que je veux faire les choses bien et j’ai peur de ne pas être à la hauteur pour Alex et même pour les filles. « Tu me l'avais pas dis, je suis désolée je n'y ai pas pensé. Mais tu es parfait comme ça chéri, t'embêtes pas avec tout ça. Après s'il te les faut vraiment, je peux te les ramener demain. » Elle a raison, je n’y ai moi-même pas pensé sur le coup et je ne lui avais même pas demandé de me ramener ni mon rasoir ni ma tondeuse et si elle me trouve parfait aujourd’hui c’est seulement parce que je n’ai qu’une barbe de cinq jours et je sais que dans quelques jours son discours changera complètement. « Quand tu repasseras à la maison essaie d’y penser alors. » C’est peut-être con, mais même dans ce lit d’hôpital j’ai envie de lui plaire et je sais bien qu’elle n’est pas forcément fan de la barbe plus épaisse et des cheveux un peu plus longs. Et c’est d’ailleurs en pensant à ça que je me souviens du rendez-vous que j’avais chez le coiffeur demain matin que je vais devoir annuler. « Et tu ne m'as pas répondu. Tu t'es reposé un peu ce matin ? » Une fois qu’elle est vraiment installée avec moi dans le lit je secoue doucement la tête de droite à gauche. « J’ai pas vraiment eu le temps tu sais. » Entre les passages des médecins et du personnel soignant dans ma chambre et l’échographie passée, me reposer n’était pas vraiment en option pour moi ce matin. Mais même si ça peut sembler un peu étonnant après ce qu’il s’est passé hier soir, je vais bien. Je me sens très bien. Un peu fatigué, certes, mais bien. Et même si mon cœur bat entre 100 et 110 depuis que je me suis réveillé ça ne me dérange pas du tout et je ne sens absolument aucune gêne. « T'en fais pas pour moi, je vais bien. Et elles vont bien aussi. Tout va bien pour nous. Mais pour te rassurer parce que c'est pas bon de t'inquiéter en ce moment, je vais quand même te répondre. Alors oui j'ai mangé ce matin à la maison. Et non, je ne me suis pas reposée mais je te promets que ça va, j'ai dormi cette nuit donc ne t'inquiète pas pour moi. » Alors qu’elle me répond une de mes mains se pose sur son ventre et les filles ne réagissent pas, ça ne m’inquiète pas forcément et je me dis surtout qu’elles doivent être en train de se reposer, elles. Si me dire qu’elle a réussi à manger un peu me rassure je me dis simplement qu’elle se reposera un peu cet après-midi ici, avec moi. « J'ai emmené des jeux, mais j'ai pas pensé à quel point tu n'aimais pas perdre, et comme je ne compte pas te laisser gagner, c'est peut-être pas une bonne idée finalement. » Sa réflexion me fait rire alors que mes yeux sont plongés dans les siens ma main toujours sur son ventre et la deuxième sur son visage à caresser sa joue. « Ça tombe bien parce que je ne compte pas perdre. Que le meilleur gagne mon amour. » Et elle a raison, je déteste perdre même si je reste un bon perdant. Je n’aime pas m’engager dans quelque chose sans le réussir dans son intégralité et finir perdant à un jeu n’est plaisant pour personne, non ? En revanche ce qui est bien plaisait c’est le baiser que nous sommes en train d’échanger. Ses lèvres contre les miennes, ma langue cherchant la sienne j’intensifie et je prolonge encore ce baiser qui semble me couper du reste du monde. J’oublie que nous sommes dans un hôpital, j’oublie notre dispute de la veille, j’oublie qu’un tel baiser pourrait ne pas être très approprié surtout si quelqu’un venait à entrer dans la chambre maintenant. Je profite juste de ce baiser magnifique qu’elle m’offre et qui ne me laisse clairement pas indifférent, mais elle finit par rompre ce contact, malheureusement. « J'en avais vraiment envie, mais rassures moi chéri, quand je fais ça, c'est pas mauvais pour ton cœur ? » Encore une fois elle me fait rire, un peu alors que je la regarde dans les yeux tout en me mordant légèrement la lèvre. « Je pense même que ça devrait être le médicament officiel pour mon cœur. » Je lui avoue en souriant un peu. Parce que ce genre de baiser me procure une sensation de bien-être inexplicable, et le bien-être c’est bon pour le cœur, non ? « Tu sais combien de temps tu dois rester ici ? » Je secoue négativement la tête. Non, je n’en sais rien. Sûrement pas très longtemps si j’en crois les dires du médecin que j’ai vu ce matin. « Mais par contre le médecin a donné son accord pour que tu passes la nuit ici ce soir, mais ça sera exceptionnel et pour les prochaines nuits tu devras rentrer à la maison bébé... » La savoir seule à la maison ne me rassure pas vraiment mais je pense malheureusement que nous n’avons pas vraiment le choix. Quelqu’un toque à la porte et c’est une aide-soignante qui m’apporter mon plateau repas, je la remercie et son passage est rapide puisqu’elle quitte tout de suite après la chambre. Je me redresse pour regarder le contenu du plateau et je grimace. La purée est compacte et je peux voir à vue d’œil que les légumes sont trop cuits. « Il est hors de question que je touche à ce truc. » Ce truc, ce repas qu’on vient de m’apporter. Non seulement je n’ai absolument pas faim mais en plus ça a l’air tout simplement dégueulasse. « Vas-y, toi mange, ça ressemble à quelque chose que tu aurais pu essayer de cuisiner à la maison. » Je lui souris, je la taquine même si je suis presque sérieux. Alex n’est pas une grande cuisinière et ceux qui prépare les repas des hôpitaux non plus.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Elle devrait plutôt m’affirmer qu’elle ne fume plus, ça serait bien plus véridique que me dire qu’elle ne fume pas. Je sais que l’arrêt du tabac n’a pas été facile pour elle, c’est tout ce qui lui restait pour palier à sa nervosité. Elle ne boit plus et ne touche plus à la drogue alors la cigarette c’était important pour elle et même si la voir fumer ne me plaisait pas forcément je ne lui disais rien. Sauf qu’aujourd’hui c’est moi qui ai pris sa place, incapable de tenir plus de vingt-quatre heures sans toucher à une cigarette, et là les effets du manque commencent à se faire ressentir. Je fais régulièrement trembler ma jambe pour aucune raison en particulier, je me ronge les ongles, je joue avec mes doigts et je sais très bien que c’est parce que je n’ai pas eu ma dose de nicotine ces dernières heures. Qui aurait cru que je finisse par dire ça un jour ? Pas moi en tout cas. « Faudra sûrement que tu me le rappelle mais oui je te ramènerais ça, si vraiment c'est important pour toi même si je continue à penser que tu es parfait comme ça et que c'est pas urgent. » Je doute très fortement être parfait comme ça, je doute pouvoir l’être tout court. Mais ce dont je suis sûr c’est que si je lui plais ainsi son discours sera différent dans quelques jours, c’est simplement elle qui me l’a déjà dit. J’hausse simplement les épaules sans lui répondre quoique ce soit, pas vraiment motivé à l’idée que l’on entame une conversation centrée sur moi et encore moins sur mon physique. Je préfère largement ce qui suit, un baiser qui transcrit tout l’amour qu’il y a entre nous. Je l’embrasse avec passion et envie, avec amour aussi. Et je suis presque soulagé qu’elle ait eu le courage de mettre fin à cet échange car ce baiser commençait à me donner envie d’aller plus loin. Bien plus loin, ce qui n’est pas vraiment approprié en vue du lieu dans lequel nous nous trouvons. « t'es con bébé, je suis sérieuse moi. » Je ris un peu avant de venir l’embrasser sur la joue, et elle reprend la parole. « Je doute que les médecins te prescrivent ça comme traitement, mais si ça peut aider, alors je me dévoue et je suis prête à me sacrifier pour ton cœur. » Elle m’embrasse à nouveau et je ne boude pas mon plaisir, je profite de ce baiser tout aussi agréable que le premier, je le prolonge aussi un peu alors que mes mains glissent sur son dos que je caresse du bout de dos, redescendant vers ses fesses laissant mes mains posées sur celles-ci. J’en profite, après tout j’en ai bien le droit, et quand je lui annonce que j’ai eu l’accord du médecin pour qu’elle passe la nuit ici, je la vois sourire alors instinctivement je souris à mon tour. « Tu sais que j'ai mis des affaires pour moi dans ton sac, j'avais pas vraiment l'intention de te laisser ce soir et pour les autres nuits, je me cacherais sous la couette, je suis sûre que personne ne remarquera l'énorme bosse sous les draps. » Je rigole une nouvelle fois en l’imaginant essayer de se cacher sous ma couette. L’image est plutôt drôle. « Désolé bébé, m’en veux pas Je t’aime, et je te trouve magnifique que ce soit aujourd’hui avec ce ventre ou bien il y a six mois avant que tu sois enceinte, mais c’est impossible que tu passes inaperçu. » Je la taquine de bon cœur et quand on est comme ça c’est la preuve que tout va bien entre nous. L’ambiance est bonne, l’atmosphère est détendue et c’est pour cette raison que j’en profite pour continuer à la taquiner encore et encore et quand le plateau du déjeuner arrive je ne manque pas de lui lancer une nouvelle pique en comparant sa cuisine à ce que j’ai devant les yeux. Ce n’est ni un compliment pour elle, ni pour les cuisiniers qui ont fait ces plats. « Ah donc j'en déduis que ce n'est pas assez raffiné pour monsieur mais pour nous, c'est pas grave que ce soit immangeable ? » Je me pince les lèvres et me retourne vers elle pour la regarder, amusé. « Mais non. C’est juste que toi t’as l’habitude de manger ce genre de chose quand moi je ne suis pas là. » Je surenchérie et cette conversation m’amuse vraiment. « D’ailleurs tu t’es nourri comment pendant huit ans ? » Peu, et mal je suppose. Mais l’imaginer seule galérer en cuisine est assez amusant. « Vous entendez ça les filles, votre père est prêt à vous laisser manger n'importe quoi, même des trucs aussi infâme que la nourriture d’hôpital, je suis scandalisée. »Votre père. Quand je l’entends prononcer ces deux mots mon sourire s’agrandit davantage parce que c’est à chaque fois que je l’entends m’appeler comme ça que je réalise vraiment que oui, dans quelques semaines je vais être papa et cette pensée me comble de joie et de bonheur. « N’écoutez pas votre mère, elle dit n’importe quoi. Je veux le meilleur pour vous, je vous ferai vos petits pots moi-même. Hors de question d’acheter ça en magasin alors que c’est si simple à faire. » C’est à mon tour de parler à son ventre, je m’adresse à nos filles avec toujours un petit sourire en coin sur le bout des lèvres. « Plus sérieusement, tu crois qu'en tant que chef, tu peux utiliser ton pouvoir et nous faire livrer à manger parce que je ne mangerai pas ça non plus. Je ne suis pas difficile mais tes filles le sont et je t'assure que je ne pourrais pas digérer une telle merde. » Je lâche un petit rire amusé par sa réflexion et me penche vers mon portable. Je l’attrape, et le débranche bien qu’il ne soit pas chargé entièrement et j’ouvre une application de livraison afin de trouver quelque chose qui pourrait nous convenir à tous les deux, je suis prêt à lui proposer des sushis mais je me souviens qu’elle me peut pas manger de poisson cru. « Je nous commande une pizza ? » Une grande pour nous deux. Je commande sa préférée, et elle devrait arriver dans apparemment une vingtaine de minutes. Pendant que je suis en train de passer commande elle se lève et je la vois s’avancer de nouveau vers son sac pour en ressortir une petite boîte que je récupère en fronçant les sourcils. « Tiens, c'est une montre connectée, je sais que tu n'aimes pas trop ça, mais ça peut calculer ton rythme cardiaque. » Je relève les yeux vers elle, ne sachant pas vraiment quoi en penser. Mais si ça peut la rassurer alors, je porterai cette montre. « Ça marche comment ce truc ? Je suis vraiment obligé de la connecter à mon portable ? » Au ton que j’emploie elle comprendra que ça me fait tout de même un peu – beaucoup – chier et que connecter mon portable à une montre ne m’emballe pas des masses. « Tu as le droit de sortir avant qu'ils te posent le truc ? J'ai besoin de marcher un peu, de prendre l'air et je sais que tu meurs d'envie de fumer. Et puis franchement j'aime vraiment pas l'odeur ici. » Oh oui, je meurs d’envie de fumer je le confirme et je prends sa main pour me lever et ressortir du lit et me dirige vers mon sac pour en ressortir des vêtements propres. « Je me change et je vais aller demander aux infirmières. » Je me penche vers elle pour l’embrasser rapidement et je pars dans la salle de bain pour enfiler des vêtements propres, et ça fait du bien, je me sens déjà un peu mieux. Juste après je pars vers le bureau infirmier pour leur demander si je pouvais sortir un peu, elles me disent que oui mais qu’elles aimeraient d’abord me poser l’appareil pour que je sois tranquille l’après-midi. J’accepte et je les laisse faire. Elles posent des électrodes un peu partout sur mon torse en m’expliquant qu’il ne faudra pas y toucher, et aux fils non plus jusqu’à demain. L’appareil n’est pas beaucoup plus grand qu’un portable et il est rangé dans une sacoche que je dois également garder avec moi et après leurs quelques explications je rejoins Alex dans ma chambre un peu plus de cinq minutes plus tard. « C’est bon on peut y aller. » Je la prends par la main et nous quittons le service, on rejoint le hall avec l’ascenseur parce que les escaliers commencent à être compliqués pour elle. Nous sommes enfin dehors et sentir l’air frais me fait un bien fou. Je ferme les yeux quelques secondes pour en profiter un peu plus. Là, je pense tout de suite à fumer, mais je ne le fais pas avant qu’elle m’y invite, parce que je n’ai pas envie de fumer devant elle parce que 1) je sais qu’elle en aura envie et 2) c’est mauvais pour les filles. « Tu préfères qu’on s’assoit sur un banc ou bien qu’on marche un peu ? » Bien qu’il n’y ait pas un grand espace pour marcher, mais je lui laisse le choix.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Chez nous c’est forcément moi qui cuisine la plupart du temps et quand Alex tente quelque chose souvent c’est un raté. Ou bien rien de bien transcendant, bien qu’elle se soit légèrement améliorée depuis notre rencontre il y a dix ans, elle a encore beaucoup de chemin à parcourir pour être considérée comme étant douée en cuisine. Et en soi je ne pense sincèrement pas qu’elle veuille l’être, tant que je suis là pour lui faire des petits plats tous les jours, elle a tout ce dont elle a besoin à la maison. « Pourquoi d'après toi je tiens tant à toi ? Tu sais que si y'a bien une chose dont je ne pourrais plus me passer, c'est de tes plats. » Bien sûr que ça me fait rire, d’autant plus que je sais très bien qu’elle n’est pas sérieuse en disant ça. Du moins pas totalement parce que je ne pense pas que la seule raison pour laquelle elle tient à moi se résume à mes talents culinaires. Même si je ne me considère pas comme étant spécialement talentueux, mais juste bon dans ce que je fais. « Tu sais à Londres y'a aussi des trucs qu'on appelle restaurant. C'est des gens qui cuisinent à notre place, c'est un super concept, tu devrais essayer. » Je pense que tout sa vie Alex a eu quelqu’un pour cuisiner pour elle, et c’est sûrement la raison pour laquelle elle n’a jamais essayé de s’y intéresser un minimum. Petite, je suis sûr qu’ils avaient dû engager un cuisinier pour simplement quelqu’un pour leur préparer leurs repas tous les jours, et puis elle est arrivée à Brisbane elle a découvert les plats à emporter et passait beaucoup de temps au restaurant. Ensuite elle m’a rencontré et c’est moi qui lui faisais déjà à manger tous les jours, ou presque parce qu’elle passait tout son temps chez moi. Et puis elle est repartie à Londres. « Et sinon y'a des plats cuisinés, et tu sais que je maîtrise la cuisson au micro-onde comme personne. Mais tu sais si je suis toujours aussi nulle c'est que j'ai pas vraiment cuisiné à Londres. » Je suis obligé de grimacer lorsqu’elle évoque les plats cuisinés parce que pour moi, et comme pour tout cuisinier qui se respecte ce sont des inventions horribles qui ne devraient même pas exister. «C’est pas des produits de bonne qualité dans les plats déjà préparés tu devrais plus manger ça. C’est super gras et en général beaucoup trop sucré ou salé et pas franchement meilleur que ce que tu ferais toi-même. » Bref, ces choses sont une abomination et personne ne devrait les acheter. Certes ça va vite, c’est simple mais c’est vraiment très mauvais. « Vous savez pas encore, mais vous en avez de la chance, vous allez avoir votre propre chef vous aussi. Vous allez être gâtées. » Je l’écoute en souriant quand elle parle à nos filles, comme à chaque fois que je pense à elles, à la vie qui nous attend dans quelques semaines. J’ai peur certes, mais j’ai surtout hâte. J’ai hâte de les voir, de voir leur sourire, les prendre dans mes bras et pouvoir commencer à créer un vrai lien, établir une réelle connexion entre nous. À peine ma main posée sur son ventre je sens un léger mouvement dans un premier temps, puis un deuxième bien plus caractéristique par la suite. Un grand sourire reste collé sur mon visage alors que je caresse toujours son ventre et les filles bougent presque au même rythme que mes caresses. Jusqu’à ce qu’Alex se lève et ne quitte le lit pour se dégourdir les jambes alors que je nous commande une grande pizza pour deux. Sans même hésiter je choisi la préférée d’Alex voulant absolument lui faire plaisir. C’est le plus important pour moi. « Tu peux le connecter au mien si tu préfères comme ça je peux voir sur mon téléphone ton rythme cardiaque à tout moment. Mais si tu le connecte avec ton téléphone tu pourrais recevoir tout tes sms et tes mails importants dessus, c'est plutôt pratique surtout pour toi qui n'a pas toujours ton téléphone avec toi. Et puis sur celle là, tu peux créer une alerte si ton rythme cardiaque dépasse un certain niveau, ça t'obligerait un peu à t'écouter, enfin à écouter la montre. » Mais moi je m’en fiche de recevoir mes messages ou mes mails là-dessus. Je sors la montre de son emballage tout en l’écoutant me donner des explications mais je n’y réagis pas. Je hoche un peu la tête en observant cette fameuse montre connectée, je fronce légèrement les sourcils un peu dubitatif de son design. Non en fait, très clairement je n’aime pas ce style, je préfère largement une vraie montre. « Après si tu en veux pas, je comprendrais, c'est pas grave. J'irais la ramener, je dois y retourner de toute façon, j'ai encore cassé l'écran de mon téléphone. » Si je lui dis que je n’en veux pas elle va être déçue je le sais, ou peut-être même vexée alors je ne lui dis pas réellement la vérité. Je secoue la tête de droite à gauche. « Non, non merci beaucoup mon amour, elle est super. Mais du coup tu préfères la connecter à ton portable si tu veux suivre mon rythme cardiaque ? » Bien que je trouve ça un peu extrême mais si ça peut l’aider et la rassurer alors je porterai cette montre tous les jours. Et puis au fond c’est une attention assez mignonne que je ne peux pas ignorer. De toute façon je suis incapable de lui refuser quoique ce soit alors quand elle me demande de sortir un peu prendre l’air avec elle, après avoir été voir les infirmières pour qu’elles puissent me poser cet appareil qui va enregistrer mon rythme cardiaque sur 24h, on se retrouve tous les deux dehors main dans la main. Elle me dit préférer marcher un peu alors j’acquiesce d’un signe de tête et je commence à avancer doucement tout en gardant sa main dans la mienne. « Allez fume pendant qu'on marche un peu, je sais que tu en meurs d'envie. » Si j’en meurs d’envie ? Oui, malheureusement. « T’es sûre ? » Je m’éloigne un peu d’elle mais je cède sans qu’elle n’ait trop à insister. Je lâche sa main juste le temps d’allumer une cigarette mais je la reprends tout de suite après, tirant de longues seconds sur la cigarette, je ferme les yeux et je soupire parce que oui, j’en mourais vraiment d’envie et pouvoir enfin fumer un peu me fait un bien fou mais je veille toujours à ce que la fumée n’aille pas vers Alex et lorsqu’elle m’interpelle, je tourne tout de même la tête vers elle. « Je réalise qu'il y a quelques semaines on était là pour … , enfin on était DEJA là, à l’hôpital et que tu avais tout géré tout seul déjà. » On était là pour… Je ferme les yeux parce que même si on en parle jamais, ça reste douloureux pour moi et sûrement pour elle aussi. Elle s’incrimine beaucoup en me disant que les derniers mois n’ont pas dû être faciles pour moi, qu’elle m’en a demandé trop et qu’elle se reposait trop sur moi. Elle continue même en me disant qu’elle aurait dû m’oblige à lever le pied. Je l’écoute, je la laisse parler sans trop lui répondre et j’entremêle nos doigts tout en continuant à tirer sur ma cigarette. « Il va falloir que tu m'aides un peu à être meilleure dans notre vie de couple, mais je ne veux plus que tu t'épuises pour moi ou à cause de moi. » Elle se sent coupable, je m’en doutais et je ne veux pas qu’elle pense être la responsable de mon état aujourd’hui parce que je reste persuadé que même sans elle je serais ici aujourd’hui. Je m’arrête de marcher et me retourne vers elle pour lui faire face. Je la regarde une poignée de secondes et je lui réponds enfin. « Arrête de croire que je suis ici à cause de toi, bébé parce que ce n’est pas le cas. Tu sais très bien que tu n’aurais jamais réussi à me faire ralentir un peu, mais je te promets que je vais passer moins de temps au restaurant. Je ne me suis même pas rendu compte que je te délaissais, je suis vraiment désolé… Je m’en veux beaucoup. » Je finis ma cigarette à ce moment-là et c’est tant mieux puisqu’elle me demande si elle peut venir contre moi et si je ne lui réponds pas verbalement je me contente de la prendre dans mes bras pour la serrer contre moi. Je profite de cette proximité entre nous, de ce moment de tendresse et de sa présence à mes côtés, je dépose un baiser sur le haut de son crâne et après un moment je finis par me détacher un peu d’elle tout en lui murmurant quelques mots doux à l’oreille. « On oublie tout ça, t’es d’accord ? » La dispute que l’on a eu la veille, les mots blessants qu’on a eu tous les deux, je n’ai plus envie d’en parler. J’ai entendu ses remarques bien qu’elles n’aient pas été simples à entendre pour moi. Mon téléphone sonne, et j’y réponds puisqu’il s’agit du livreur de pizza m’indiquant qu’il se trouve devant l’hôpital. « Va t’asseoir sur l’herbe, je reviens dans deux minutes avec la pizza. » Je lui vole un baiser et je m’éloigne pour retrouver le livreur et une fois la pizza en mains je pars rapidement à la cafétéria pour nous acheter une bouteille d’eau et je la rejoins tout en m’asseyent en face d’elle. Je pose la pizza entre nous et lui en donne une part, un peu pour l’obliger à en manger un peu. « Bon appétit ma chérie. » Même si je n’ai vraiment pas faim, je me force à manger un peu et je prends une première part. Je mange en silence repensant à ce qu’elle m’a dit tout à l’heure. Et oui, il y a quelques mois on était déjà tous les deux à l’hôpital, persuadés d’avoir perdu notre bébé. Il s’est avéré qu’au final au départ nous devions avoir des triplés et qu’un embryon n’a pas survécu laissant donc Lucy et Lena seules. « Tu y penses de temps en temps, à ce bébé ? Tu penses que c’était aussi une fille ou un garçon ? » C’est la première fois qu’on en reparle, mais le moment me semble plutôt adapté pour aborder le sujet.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
La soirée d’hier a été difficile, et même si malgré mon arrivée soudaine et rapide à l’hôpital nous a mené à ne plus en parler ça ne veut pas dire que j’ai tout oublié. Je me souviens de ce que j’ai ressenti en lisant son message me disant qu’elle venait de perdre les eaux. Je me suis senti mal, stressé, paniqué, parce que c’est trop tôt pour ça. Une naissance à tout juste six mois ça reste prématuré et donc dangereux à mes yeux. Je me souviens être monté dans la voiture et avoir fait le trajet du restaurant jusqu’à la maison en un temps record. Je me souviens de la peur que j’ai eue en ouvrant la porte, pensant retrouver une maison vide et devoir aller à la maternité où Alex aurait dû se rendre. Et surtout, je me souviens de mon incompréhension que je l’ai vu allongée sur le canapé, elle ne semblait pas souffrir, elle n’avait pas perdu les eaux. Encore aujourd’hui je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça. Enfin si, je sais pourquoi, mais je n’arrive pas à comprendre comment on peut avoir l’idée de me faire croire une chose pareille sans qu’elle ne finisse par se dire qu’elle allait trop loin. En fait, aller trop loin, elle s’en foutait, elle voulait juste se venger de mon annulation de dernière minute. « Ce que j'ai dis hier je le pensais pas. Personne n'a jamais pris soin de moi comme tu le fais, alors ne t'excuse pas et surtout ne t'en veux pas. Tu en fais tellement pour nous, j'ai été injuste avec toi et tu mérites pas ça. » Quoiqu’elle puisse dire aujourd’hui je reste bloqué sur ce qui a été dit hier. Je ne suis jamais là, elle passe ses journées, ses soirées à m’attendre, elle se sent oubliée et si elle l’a dit c’est qu’elle doit forcément le penser un peu. Alors si je me comporte comme ça maintenant j’ai peur de me rendre compte que je serai un très mauvais père, incapable de faire passer sa famille avant son travail. C’est tout ce que je retiens alors avant de lui répondre, je secoue doucement la tête de gauche à droite. « Il y a toujours une petite part de vérité dans ce qu’on dit. » Et s’il y a bien une chose que je ne nie pas c’est que oui, je travaille beaucoup. Peut-être même un peu trop mais je ne pensais juste pas que c’était à ce point. Alors je me promets de faire des efforts, d’apprendre à déléguer plus et de penser un petit peu moins à moi ou du moins, à mon travail. Mais je lui demande de tout oublier, enfin surtout de mettre le sujet de cette dispute de côté. Je l’ai comprise, je l’ai entendue et je vais faire davantage d’efforts parce que je ne suis apparemment réellement pas à la hauteur. Pas comme elle l’aimerait, elle a besoin de plus je l’entends et je me promets de lui donner tout ce dont elle a besoin. Elle est dans mes bras et je profite de ce moment, et après un court baiser elle répond. « On oublie tout. Mais ne me refais plus jamais une frayeur pareil. » J’acquiesce, bien que je n’ai réellement pas choisi de faire un malaise pareil hier soir. Mais je finis enfin par me détacher d’elle pour aller chercher la pizza qui vient d’arriver. La pizza récupérée et une bouteille d’eau achetée je rejoins très vite Alex assise dans l’herbe, je m’assois en face d’elle et lui donne une part de la pizza avant de lui souhaiter un bon appétit ce par quoi elle me répond la même chose accompagné d’un petit surnom qu’elle utilise dans le seul et unique but de me taquiner. Je la regarde en souriant un court instant et le silence s’installe entre nous. Pas forcément anormal vous devez vous dire, puisqu’on est en train de manger, mais en règle générale même en plein milieu d’un repas Alex trouve toujours quelque chose à dire. Mais après ces dernières heures mouvementées un peu de silence est réellement plaisant et je ne m’en plains pas. Sauf qu’au bout de quelques minutes c’est moi qui finis par briser le silence en lui demandant s’il lui arrivait de penser à ce bébé. Le troisième. Celui dont on ne pourra jamais faire la connaissance. Elle me regarde, elle regarde son ventre et puis elle me regarde encore mais elle ne répond pas alors tout de suite, je m’en veux de lui avoir demandé ça. Elle ne voulait pas en parler mais je viens de mettre ce sujet entre nous. Je suis nul, j’aurais dû faire plus attention. « J'y pense oui. » C’est à mon tour de lever les yeux vers elle, ma deuxième part de pizza à la main. J’attends. J’attends pensant qu’elle comptait en parler un peu plus mais elle ne dit rien. Je patiente encore quelques secondes mais je comprends que je n’aurais pas plus d’informations alors je reprends une bouchée de ma pizza sans rien dire de plus fixant l’herbe en face de moi. Moi j’y pense beaucoup. Très régulièrement, mais je n’en parle pas parce que j’ai compris qu’elle ne voulait pas aborder le sujet et en soi, je ne le voulais pas vraiment moi non plus. Je ne me sentais pas prêt à parler de cet enfant perdu dont nous ne connaissions même pas encore la présence. Mais je n’arrive plus à manger quoique ce soit, alors je pose ma part de pizza entamée sur le carton et alors que j’ouvre la bouteille d’eau pour en boire quelques gorgée Alex vient se mettre contre moi. Le dos contre mon torse, ma main vient instinctivement se poser sur son ventre. « Je sais pas, j'y pense mais je crois que je préfère me concentrer sur les filles. C'est plus facile. Parce qu'elles sont là, parce qu'elles ont besoin de moi et que je peux pas m'inquiéter pour elles, et penser à ce qu'il s'est passé. » Je comprends. Elle ne préfère pas en parler, elle préfère se concentrer sur les filles que je peux la comprendre alors je ne dis rien de plus, posant simplement ma deuxième main sur une de ses cuisses. « Enfin je le pouvais pas avant, parce que j'avais trop peur pour elles et pour la suite de la grossesse. J'ai pas oublié les mots du médecin, c'est mon corps qui a rejeté ce bébé, si tu savais comme j'ai eu peur de les perdre elles aussi alors c'était dur de penser à tout ça. » Avant cette soirée-là nous ne savions même pas que nous allions avoir plusieurs enfants. On savait qu’elle était enceinte, qu’on allait avoir un bébé mais c’est tout. On ne se doutait pas qu’ils seraient deux et encore moins trois. Et pourtant c’était le cas. Il y avait trois fœtus. C’est beaucoup, trois enfants et même si l’idée d’avoir des jumeaux me fait peur, j’aurais aimé que ce troisième bébé ait toutes ses chances comme ses sœurs. « C’est ton corps qui l’a rejeté mais ça ne veut pas dire que c’est de ta faute. » Parce que la connaissant je me doute bien que c’est ce qui lui ai passé par la tête mais je ne veux pas qu’elle pense ça. « J'ai vraiment cru que j'étais en train de te priver de ton rêve d'être papa, encore une fois. Alors quand on a su pour les deux cœurs, j'ai concentré mes pensées sur elles, mais j'aurais du en parler avec toi. Je me sentais coupable, je suis désolée de ne pas avoir su trouver la force de t'écouter à ce moment. » Me priver de mon rêve d’être papa, encore une fois. Forcément, à la suite de cette phrase je pense à ce bébé mais aussi à Nathan. Je la sens qui me regarde mais pourtant moi, j’ai baissé les yeux sur l’herbe et ma main qui était initialement sur sa cuisse commence à jouer avec l’herbe, je l’arrache nerveusement alors qu’elle me questionne à son tour. Et je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, je garde les yeux baissés et j’hausse les épaules et après avoir réfléchis à ma réponse je finis par prendre la parole. « Je ne sais pas trop. Je t’avoue que dans un premier temps j’étais tellement soulagé que le médecin nous dise qu’il en restait encore deux que je n’ai même pas vraiment réfléchis à ce bébé qu’on venait de perdre. C’est surtout quelques jours plus tard que je l’ai vraiment réalisé et forcément, ça m’a fait un peu mal. » Et pas qu’un petit peu, même. Je déglutis mais cette fois ce n’est plus l’herbe que je regarde mais un point fixe devant moi, toujours incapable de la regarder dans les yeux quand on aborde un sujet aussi triste et délicat. Surtout pour la première fois. « Tu crois qu'il faudra en parler aux filles plus tard ? » Ça c’est une bonne question à laquelle je n’ai aucune réponse à lui apporter. Je n’en sais pas plus qu’elle finalement. « Je pense oui. Enfin je ne sais pas, j’en sais rien. » Mais pour ça, on a le temps, non ? Cette fois ce sont mes deux mains qui se posent sur son ventre, on peut comme pour m’assurer qu’elles, elles sont bien là. Et elles bougent un peu quand je caresse son ventre, c’est bête mais ça me rassure. « Tu devrais manger. » Je change de sujet, j’ôte une de mes mains de son ventre pour prendre une part de pizza et la lui donner. Elle n’a quasiment rien mangé depuis hier, je le sais, moi c’est pareil. Sauf qu’elle est enceinte elle doit faire bien plus attention que moi
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Je ne sais pas comment j’ai réussi à trouver le courage pour la questionner sur ce bébé perdu il y a quelques mois. On en a jamais parlé, pas une seule fois. Et si pour certain tout en sachant que nous ne connaissions même pas son existence avant l’annonce de sa perte rend la situation bien moins dramatique, ça ne veut pas dire pour autant que ça ne nous a pas affecté. Moi ça m’a fait quelque chose et je suppose que c’est la même chose pour Alex. Mais je suppose que si aucun de nous n’a osé aborder le sujet avant c’est parce que nous avions besoin de temps, peut-être pour faire le deuil de cet enfant dont nous ne connaissons rien. Même pas le sexe. Peut-être qu’on aurait eu trois petites filles, peut-être qu’on aurait eu Lucy, Lena et un garçon. On n’en sait rien et le plus dur c’est se dire qu’on aura jamais de réponse à nos questions. Peut-être que je prends encore les choses trop à cœur, trois bébés d’un coup c’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Et je suis déjà terrifié à l’idée d’avoir des jumelles alors je n’imagine pas mon état de panique si on aurait dû avoir ces trois bébés. Mais une chose est sûre : j’aurais été heureux. Tellement heureux. J’ai toujours voulu avoir quatre enfants et j’ai bien compris qu’Alex ne voulait pas entendre parler d’un autre enfant pour plus tard, alors si nous avions pu avoir ces triplés j’aurais au moins eu la chance d’en avoir trois. « On aurait du traverser ça ensemble et se soutenir, je suis désolée que tu ais souffert encore. » Je n’arrive vraiment pas à comprendre pourquoi elle persiste à se tenir pour responsable de cette fausse couche alors qu’elle ne l’est pas du tout. On l’a simplement géré à notre manière et j’aimerais qu’elle s’enlève ça de la tête, elle n’est en aucun cas responsable de cet événement. « C’est pas de ta faute, arrête de t’excuser. » Alex a tendance à s’excuser quand elle n’a pas à le faire alors que quand c’est nécessaire elle ne le fait pas. « Est-ce que tu aimerais qu'on en parle autour de nous ? Ou que l'on fasse quelque chose pour lui, ou elle ? » Je sens sa main se poser sur mon menton m’obligeant à la regarder et c’est presque au tac-au-tac que je lui réponds. « Non. » C’est clair, direct, précis. Non je ne veux pas en parler à nos proches. J’ai beaucoup de mal à voir ce que ça pourrait nous apporter. Moi je sais que ça ne me ferait pas forcément de bien, au contraire. « Tu fais ce que tu veux, si t’as envie d’en parler autour de toi tu peux mais moi je ne le ferai pas. Ça ne regarde que nous, ils n’ont pas forcément à savoir qu’on a perdu un bébé en début de grossesse. » Je suis catégorique, non je n’en parlerai pas. Mes parents, mes sœurs, mes proches ne seront pas au courant tout simplement parce que j’estime que c’est entre nous et que ça devrait le rester. Et en soi je préférais qu’elle n’en parle pas non plus mais si c’est ce qu’elle veut ou si elle en a besoin elle, je ne peux pas l’en empêcher. « Mais faire quelque chose pour lui ou elle, oui je veux bien. » Mais je ne vois pas du tout ce qu’on pourrait faire. Peut-être qu’au final je n’aurais pas dû en parler parce que je me rends compte que je ne sais pas comment réagir, je ne sais pas encore vraiment mettre des mots sur ce que je ressens. C’est bizarre, regretter quelqu’un qu’on n’a jamais connus et je me sens encore plus démuni quand elle me demande si nous allons devoir en parler aux filles plus tard. Je pense que oui, mais au final je n’en sais rien parce que je ne sais pas ce que ça pourrait leur apporter de savoir ça. « J’aimerais qu’on mette dans la chambre des filles le doudou que je t’avais offert pour l’annonce, pour se souvenir de lui. » Malgré moi je souris doucement en repensant à ce fameux doudou. À cette soirée pendant laquelle a décidé de me faire la plus belle annonce qui soit. Qu’elle était enceinte, qu’on allait avoir un – des – bébé(s). Je revois cette tétine et le moment où j’ai réalisé que j’allais être papa. Enfin. Elle n’avait pas l’air de vouloir s’enfuir mais vous dire que cette peur ne m’a pas hantée les premiers mois serait vous mentir. J’y pensais tous les jours ayant même peur quelque fois de rentrer du travail pour trouver son appartement vide. Comme elle avait fait la dernière fois. Sauf qu’on a acheté cette maison et je pense que cet engagement de sa part m’a quelque peu rassuré et cette peur s’est petit à petit envolée. « Tout ce que tu veux. » Un peu comme un symbole, un moyen de nous rappeler un peu tous les jours qu’il devait y en avoir trois normalement. Je la sens qui se détend petit à petit et alors que je la pousse un peu à manger encore. Parce qu’elle ne se nourrit pas et je n’aime pas ça du tout. Elle doit penser aux filles. Même si elle n’a pas faim elle doit manger parce qu’elle porte mes filles. Et elle boit aussi. Enfin juste un peu. Je me retiens de lui dire qu’elle devrait boire plus, manger plus parce que je ne suis pas sûr qu’elle apprécie et je n’ai pas envie de me disputer avec elle. Pas encore. Pas après hier soir. J’ai eu ma dose et même bien plus encore. Même si la voir manger aussi peu me rappelle le moment où elle buvait, beaucoup, toujours et elle ne mangeait jamais. Elle grignotait à peine et ça avait le don de m’énerver. Ce ne sont pas de bons souvenirs du tout. Moi je ne mange pas plus, tout simplement parce que je n’arrive pas à avaler plus d’une part de pizza. Je profite de ce moment de calme pour caresser son ventre à l’aide de mes deux mains et je sens les filles bouger presque au même rythme que mes caresses, ce qui me fait sourire. « C’est fou comme elles réagissent toujours à tes caresses. » Et là bien sûr que je souris d’autant plus. « Tu trouves ? » Peut-être qu’elle me dit ça juste pour me faire plaisir et que dès que quelqu’un touche son ventre elles réagissent de la même manière. Ou bien peut-être que c’est vrai. « J'espère qu'elles seront comme toi, et qu'elles auront ton sourire aussi. » Là par contre je ne partage pas son avis. Je sais qu’elle aime mon sourire elle me l’a déjà dit plusieurs fois mais moi je ne l’aime pas, et si seulement il n’y avait que ça que je n’aime pas chez moi. « Non moi j’espère vraiment qu’elles te ressembleront bien plus à toi. T’as beaucoup plus de qualités physiques que moi, c’est impossible à nier ça. » Alex n’a aucun défaut physique. Chaque centimètre, chaque millimètre de sa peau, ses yeux, son sourire, son rire, la douceur de sa peau, son odeur, son corps… Enfin, elle est parfaite. Elle l’est vraiment et c’est sûrement pour ça que je la regrette toujours avec des cœurs dans les yeux, parce qu’elle est magnifique. Toujours. Le matin en se réveillant au naturel elle est tout aussi belle que quand elle se maquille pour sortir. Moi à côté je fais tâche c’est sûr. Elle pourrait avoir mieux, Alex, c’est un secret pour personne mais pour je ne sais quelle raison elle m’a choisi moi. « Tu sais qu’elles sont vraiment calmes depuis hier soir mais à chaque fois que tu mets ta main sur mon ventre elles bougent. » Je suis à deux doigts de lui dire que c’est sûrement une coïncidence mais je ne le fais pas, je me contente de sourire un peu. « J’adore les sentir bouger. » C’est toujours aussi magique, aussi incroyable et ça me laisse toujours sans voix. Mais après avoir fini de manger elle se détache malheureusement de moi pour s’étirer, je la laisse faire je ne dis rien. Je prends simplement la bouteille d’eau pour boire un peu à mon tour mais je sens son regard se poser sur moi. Je n’y prête pas d’attention je bois un peu et tout en refermant la bouteille je relève le regard vers elle, elle me fixe toujours. Je fronce légèrement les sourcils et la regarde un petit sourire gêné aux lèvres. « Pourquoi tu me regardes comme ça ? » Ça me gêne un peu, ça me met mal à l’aise elle le sait. « Je t’aime tu le sais j’espère. » Je ne doute pas de son amour. Pas du tout. Je sais qu’elle m’aime et je relève les yeux vers elle tout en me pinçant les lèvres et je souris doucement juste après. « Je t’aime aussi. » Mon petit sourire n’a pas quitté mes lèvres alors que je m’approche d’elle pour l’embrasser quelques secondes. Un baiser léger qui aurait sûrement été bien différent si nous n’avions pas été dans un lieu public. Je la regarde s’allonger et soulever son t-shirt ce qui me permet de voir ce qui pourrait ressembler à un pied bougeant le long de son ventre. Mon sourire s’agrandit davantage et je m’approche d’elle pour laisser mon index suivre les mouvements du pied. « On va être heureux tout les quatre. » Je suis toujours concentré sur son ventre, obnubilé par ce que je vois sans que mon sourire ne diminue bien au contraire, je suis toujours souriant. C’est sûrement un sourire niais que j’ai sur le visage mais je m’en fiche, justement parce que je suis heureux. « Je le suis déjà. » Cette fois je me concentre sur elle, sur son visage, ma main caresse avec douceur sa joue alors que je la caresse du bout des doigts tout en la regardant dans les yeux. « J’aime tellement tes yeux... » C’est dit dans un murmure, et c’est bien loin d’être la première fois que je lui dis ça. Là mon cœur est sûrement en train de s’emballer mais c’est simplement parce que je suis amoureux, heureux et en admiration devant sa beauté. Je me baisse vers son visage pour poser mes lèvres contre les siennes. Mais pour un vrai baiser, cette fois j’oublie même tout ce monde autour de nous et je l’embrasse avec tendresse, avec douceur, avec passion, nos lèvres en parfaite harmonie et je n’arrête pas le baiser, je l’embrasse toujours tout en caressant du bout des doigts sa joue. Je profite de ce moment de tendresse entre nous.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.
Pour une fois on est d’accord tous les deux, c’est assez rare pour être souligné. Pas besoin de débat, pas besoin d’une grande discussion pour trouver un terrain d’entente : aucun de nous ne veut parler de cette perte à qui que ce soit. C’est entre nous, ça ne regarde que nous et personne d’autre, et savoir que nous sommes d’accord là-dessus me soulage un peu. « Mais si tu as besoin ou envie d'en parler, je suis là. » De toute façon il nous a fallu plusieurs moi pour réussir à en parler tous les deux alors je ne vois pas pourquoi j’irai en parler à quelqu’un d’autre. Je n’en ai même pas envie de toute façon. J’hoche doucement la tête de haut en bas avant de venir poser mes lèvres sur sa joue pour y déposer un léger baiser. « Moi aussi je suis là. » Je prends sa main dans la mienne avant de reprendre la parole. « Si tu as envie de parler de quoique ce soit, je suis là. » Parce qu’un couple c’est ça aussi, se soutenir s’écouter, s’épauler, pouvoir se parler de tout, des bons et des mauvais moments, partager ses émotions positives et négatives. C’est déjà un peu ce qu’elle fait quand elle me demande si je serais d’accord pour que l’on mette dans la chambre des filles le doudou qu’elle avait choisi pour m’annoncer la grossesse. Proposition que j’accepte sans aucun mal bien évidement. C’est là-dessus que cette conversation se termine et je n’en demande pas plus. Je ne veux pas continuer à parler de ce bébé perdu, cet enfant qu’on aurait pu avoir. Je voulais simplement savoir s’il lui arrivait d’y penser et maintenant que j’ai la réponse à ma question je laisse la conversation couler, et elle semble faire de même. Préférant largement le sujet qui suit : nos filles et Alex m’affirme qu’elles semblent toutes les deux très réactives à mes caresses ou même simplement à ma présence. Il en faut peu, je vous assure, mais ça me fait sourire énormément alors que mes mains en profitent pour caresser avec douceur son ventre. « Oui oui je t'assure, tu es le seul à pouvoir les faire réagir sur demande comme ça. Enfin y'a tes mains et le sucre à égalité pour les faire s'agiter. » Le sucre aussi alors ? Ça me fait rire, même si elle vient de me dire que mes mains ont le même pouvoir que le sucre sur mes filles, ce n’est pas forcément très positif pour moi mais je retiens le principal : elles sont plus réactives quand je suis là que lorsque je suis absent. Je souris toujours tout en me pinçant les lèvres et alors que je n’ai pas encore arrêté mes caresses sur son ventre je relève les yeux vers Alex. « Tu crois que ça veut dire qu’elles me reconnaissent ? Qu’elles savent qui je suis ? » Pour répondre à ma seconde question, non, elles ne doivent très certainement pas savoir que je suis leur père, ça j’en suis même presque convaincu. Ce que j’espère par contre c’est que physiquement, elles tiendront plus de leur mère. Parce qu’Alex, elle, elle est belle et physique elle n’a aucun défaut alors que moi c’est tout le contraire. Des défauts, j’en ai, beaucoup même. Mon sourire, mon nez, mes oreilles, ma taille, mon corps, et encore j’en passe. Alors qu’Alex…il suffit de la regarder pour comprendre. Je ne veux pas qu’elles me ressemblent trop tout comme je ne veux pas qu’elles puissent bégayer comme moi je l’ai fait les quinze premières années de ma vie. « Je maintien que j'aimerais qu'elles aient ton sourire, il y a un truc dans ton sourire que j'aime tellement. » J’hausse les épaules ne voulant pas la contre dire. Je sais qu’elle aime mon sourire, elle me l’a déjà dit à de nombreuses reprises, mais je n’ai pas envie de la contredire alors je ne dis rien. « Par contre j'adore tes cheveux, vraiment je suis fascinée par tes bouclettes, mais si elles héritent ça de toi, c'est toi qui t'occupe de leurs cheveux, c'est vraiment trop de boulot. » Mes cheveux, ça oui je le sais. J’ai très vite compris qu’elle avait fait une fixation sur mes bouclettes dès notre premier rendez-vous et c’est d’ailleurs l’une des seules choses que j’aime chez moi : mes cheveux. Et je peux confirmer ses dires, c’est beaucoup de boulot pour les entretenir. « Oui enfin, j’ai jamais eu les cheveux très longs. » Le plus long que j’ai pu avoir c’est à sa sortie de cure, la fois où elle m’a dit très explicitement et de manière bien directe qu’elle n’aimait pas du tout cette coupe de cheveux. Sauf que moi, j’aimais plutôt bien. « J'aime aussi énormément ton corps, mais tu as raison sur une chose, mieux vaut pour elles que sur ce point elles me ressemblent. » Comment est-ce qu’elle peut aimer mon corps ? C’est bien la question que je me pose à moi-même mais que je ne formule pas à voix haute, je fronce légèrement les sourcils et je bois quelques gorgées d’eau sans lui répondre, sans même vraiment la regarder après ce compliment qu’elle vient de me faire mais que je ne comprends pas. Tout comme je ne comprends pas le fait qu’elle ne mange pas. Elle recommence, comme avant et je ne sais pas pourquoi. Ça m’inquiète, ça ne me plait pas et ça me rappel de très mauvais souvenirs que je ne lui partage pas.
J’ai l’impression de passer mon temps à caresser son ventre ces dernières semaines et je me demande si ce n’est pas désagréable pour elle, mais en même temps je me dis que si ça l’était vraiment elle me l’aurait dit, non ? Mais je suis heureux à cet instant précis et je ne me cache pas de le lui dire avant de l’embrasser. Laissant de côté ces petits baisers à un vrai. Long. Tendre. Passionné. Langoureux. Un baiser peut-être pas très approprié au lieu public dans lequel nous nous trouvons et elle se prend au jeu, nos langues jouent ensemble. Je sens sa main dans mes cheveux pour redescendre un plus tard sur mon t-shirt qu’elle agrippe. Je prolonge encore et encore ce baiser qui maintenant laisse retranscrire non seulement de l’amour et de la tendresse mais aussi du désir. Beaucoup. Beaucoup de désir. Et ça ne s’arrange pas quand elle glisse ses mains sous mon t-shirt et les miennes se posent sur ses fesses, les agrippant et encore une fois, oubliant complètement que tout le monde peut nous voir. Sauf qu’elle met fin à ce baiser, ce qui me fait râler, parce que moi je voulais continuer encore et encore. « Si tu savais comme j'ai envie de toi. » Mon visage toujours très proche du sien je la regarde en me mordant légèrement la lèvre, enfin dire que je la dévisage serait plus approprié. « On attend quoi pour se trouver un nouveau placard à balais, alors ? » Je lui demande en souriant d’un air amusé, accompagnant même la fin de ma phrase d’un léger clin d’œil. Mais je ne remonte pas ma main pour autant préférant largement la laisser sur ses fesses. Je lui parle d’un placard à balai en souvenir de ce moment passé lors de ma visite quand elle était en cure bien que vu l’état de son ventre actuel faire quoique ce soit là-bas serait compliqué. « Ton cœur ça va ? » Elle relaisse sa tête tomber au sol ce qui me signifie officiellement que ce moment si spécial entre nous est terminé et je le respecte. J’enlève ma main ce qui me rappelle presque que nous sommes juste en face de l’hôpital sous le regard de tous les curieux. Je passe une main dans mes cheveux la laissant tomber sur ma nuque. « Oui, oui, ça va. » Je reprends une part de pizza qui a certes un peu refroidie mais qui est toujours aussi bonne et une fois ma part terminée je souffle doucement et reporte une nouvelle fois mon attention sur Alex. « Tu veux remonter ? » Je ne suis pas sûr que les infirmières souvent très contente si je reste ne dehors du service très longtemps, même si je me sens bien mieux ici.
✧ Si j'avance, avec toi, c'est que je me vois faire cette danse, dans tes bras. Des attentes, j'en ai pas. Tu me donnes tant d'amour, tant de force, que je ne peux plus, me passer d'toi. Si mes mots te blessent, c'est pas de ta faute. Mes blessures sont d'hier. Il y a des jours plus durs que d'autres. Si mes mots te pèsent. J'y suis pour rien. Mais, je t'aime. Je t'aime, du plus fort que je peux.