| | | (#)Lun 21 Déc 2020 - 1:50 | |
| Comme si son affirmation requérait une question, tu surenchères à Asher sans scrupule aucun. Tes pupilles se sont rivées sur son portrait et s'avèrent bien déterminées à y rester focalisées. Tu ne souhaites pas le quitter du regard et si la fatalité dicte que dans quelques heures, dans beaucoup trop peu de temps, vous devriez vous séparer de nouveau, tu exploites le maximum de ce délai imparti en emmagasinant des éléments relatifs au blond.
Les questions se faufilent entre tes lèvres, palpitantes du tambour de ton cœur. Aurait-il répondu à un appel venant de ta part, des semaines après que tu ne lui aies offert qu'un silence radio et un froid glacial ? Figures-tu encore dans sa liste de contacts ? A-t-il attendu un coup de fil de toi ? L'espérait-il ? Le silence s'installe entre vous deux, tu oublies Johnny, l'hôtesse de l'air qui propose machinalement un rafraîchissement. Tu es pendu à ses lèvres et la déception se lit éhontément sur ses traits lorsqu'il coupe court à votre échange. « J’ai prévu de faire des trucs pendant ces deux heures de vols. » Tes épaules s’affaissent même et la mort dans l'âme, tu l'observes visser le casque à ses oreilles et reporter son attention sur le son qui lui est privé. Après quelques dizaines de secondes, tu lèves le regard vers Johnny, lui adresse un sourire en coin poli et extrais un carnet de ton sac à dos.
Tu feuillettes les pages noircies d'encre et de carbone, tes partitions, tes idées, tes projets, tes paroles. Tu les parcours presque religieusement, t'arrêtes sur certaines, dénigres d'autres en n'y accordant aucune seconde de ton temps. Puis, les vestiges des derniers mois parcourus, tu appréhendes une page vierge. Tes doigts effleurent doucement le papier rugueux et déterminé, la mine de ton crayon commencent à l'orner de courbes et de traits.
Oh, well I know you stroke the set-up baby, of all the leaves up in the ground, And I know your song is old but heavy as I see dry leaves fallin' down, oh,
Tu écris, concentré, faisant abstraction de tout ce qui t'entoure, happé par ce besoin vital qu'est d'exorciser tes sentiments, tes sensations, ta vision des choses, en les couchant sur le papier et les animant de la musique que tu t'imagines déjà intérieurement.
With all this fever in my mind, I could drown in your kerosene eyes Oh, you're just a riddle in the sky Oh, where do my bluebirds fly?
Ton crayon tapote nerveusement le carnet. Les termes dansent dans ton esprit, ils s'unissent, s'allient, munis d'une fluidité et d'un naturel désarmant. Tant que tu ne sais plus comment les immortaliser sur ta feuille de papier, tant que tu n'oses plus le faire. Devrais-tu ? Oserais-tu ? Tu inspires profondément, soupires, puis contrariant, je m'en foutiste prodigieux, tu poursuis :
And as the early sigh of dawn will thunder I see you stir the fog around And when you find the voice and gears of sunset we'll hear that high and lonesome sound, oh And I will question every wind if they gone through the glow of your eyes Oh, you're just a riddle in the sky Oh, where do my bluebirds fly? I say where do my bluebirds fly?
Tu oses un regard vers Asher, bon élève concentré sur son casque. Johnny, quant à lui, scroll sur son téléphone portable.
Oh, well I know you stroke your feathers baby upon the ghosts along my trail And I know well I was sold and buried before I knew it was for sale, oh With all this fever in my mind I should aim for your kerosene eyes.
Brusquement, tu arraches la page. Un passager sur la rangée de l'autre côté de l'allée te considère curieusement, aussi surpris qu'intrigué, et tu lui adresses un clin d'oeil provocateur, gage de ton affection inexistante pour les badauds. Tu retournes la page face cachée et la poses sur la tablette en face du Buckley. Oh, you're just a target in the sky. I say where do my bluebird fly? I say where do my bluebird fly? |
| | | | (#)Lun 21 Déc 2020 - 9:39 | |
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Alors que le casque est remis sur tes oreilles, tu remarques l’hôtesse et tu lui fais signe que tu ne prendras rien. Surtout parce que tu ne veux pas redonner une chance à Levi de t’adresser la parole en s’immisçant dans ta conversation contre ta volonté. Tu le sais qu’il en serait capable le petit con. Il pourrait même commander pour toi ou changer ta commande comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Ca mettrait l’hôtesse dans la confusion et il arriverait certainement à ses fins. T’es beaucoup trop en train de penser à tous les scénarios possible si jamais tu bouges le petit doigt. Si jamais tu ouvres la bouche alors qu’il est juste là à côté. Quand tu oses tourner un peu les yeux vers lui tu le vois en train d’écrire. Ton coeur qui bat vite de t’imaginer les mots qu’il couche sur le papier. Quelque chose pour toi ? Une confession ? Des excuses ? Non. Nan ça c’est que dans tes rêves bien sûr. Que dans tes rêves qu’il revient après t’avoir laissé pour affronter une dur épreuve dans sa vie sans toi. Il n’a pas besoin de toi. Il te l’a fait comprendre. Et tu te décides à fermer les yeux parce qu’il est toujours en train d’écrire et ça sert à rien que tu te tortures avec ces mots que tu ne connaîtras certainement pas. T’entends même pas la musique dans tes oreilles, tu switch sur Kublai Khan. Tu fermes les yeux de nouveau, te concentrant sur les mots criés qui te font du bien. Bitch. Et tu le sens qui s’est approché de toi. Son odeur est un vrai délice. Tu ouvres les yeux et voit la feuille sur ta tablette. Are you fucking kidding me. C’est même pas une interrogation à ce niveau là. T’es sur le cul. Il a vraiment mis cette feuille sous ton nez, à ton intention. C’est tellement inespéré, t’aurais pas cru tu… Tu n’enlèves pas la musique de tes oreilles et tu prends la feuille peut être trop vite. T’as pas envie qu’il l’enlève parce que c’est un petit con professionnel Levi, il est capable de tout. Et tu lis. Et tu lis plusieurs fois parce que les cris dans tes oreilles n’aident pas à ta concentration mais tu comprends. Cette chanson. Sa chanson. Il est réellement en train de faire un pas vers toi. Y'a un truc qu'il a sur le coeur et t'espères que ces mots reflètent son amour pour toi. T'es pas mal chamboulé par ces mots que t'as lu même si tu les connais par coeur, ces mots que tu vas relire ensuite, leur donnant mille sens et peut être même pas ceux qu'il a voulu lui mettre dessus. Tu n'oses pas espéré que depuis le début ils étaient réellement pour toi. Tu l'as tellement écouté en boucle celle ci, et toutes les autres qu'il a sorti. Mais dans tous les cas, ce mot là, c'est à toi, c'est pour toi, c'est bien trop de considération pour simplement un coup du sort et des retrouvailles vite fait. Y'a plus. Y'a autre chose.
Tu relèves doucement la tête vers Levi en soignant bien de ne pas le regarder directement dans les yeux. Tu vas lui piquer son crayon des mains, l’effleurant sans le vouloir au passage. Tu es tellement parano que Johnny puisse lire ce que t’écris que tu vas vite, tu caches comme tu peux, tentant d’être un petit peu discret et tu notes ton numéro de téléphone avec un We’ll talk later. Tu peux vraiment pas faire ça là avec Johnny à côté. Tu arraches le bout de papier avec ton numéro pour le lui donner, juste ça. Tu comptes bien garder le reste pour le lire encore et encore les mots écrit de sa main. Rien à foutre si ça s’appelait revient. C’est maintenant à toi.
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| | | | (#)Lun 21 Déc 2020 - 14:23 | |
| La feuille trône grossièrement sur la tablette en face d'Asher, ton regard le scrute sans scrupule aucun, avide du moindre de ses gestes, et promptement, le garçon prend possession du papier laissé à sa disposition pour en prendre connaissance.
Religieusement, tu l'étudies. Ses pupilles qui dansent de la gauche à la droite pour revenir au début de la ligne telle une ancienne machine à écrire. Tes mots sont justes, tes lettres assurées. Il n'y a ni rature, ni bavure, ni hésitation. Tes sentiments se sont couchés sur cette feuille sous la forme de cette chanson comme si cela faisait des semaines que tu les concoctais, des mois que tu les façonnais. La vérité reposait sur le fait que ces paroles provenaient de ton cœur et comme toutes celles que tu avais pu écrire auparavant, lorsque tes chansons provenaient de cet endroit des plus singuliers, il n'y avait jamais de détour ni de suspens. Tout était naturel, fluide, inné.
Son visage s'oriente vers ta personne, ses doigts viennent effleurer les tiens dans l'objectif de te dérober ton crayon. Tu le laisses faire, beaucoup trop curieux de découvrir ce qu'il compte faire. Tu espères qu'il ne rayera pas ton ouvrage, tu pries pour que le message qu'il t'inscrit soit positif, constitue une promesse d'avenir. Un morceau de la feuille t'est offert, le reste de tes paroles précieusement conservées par le Buckley. Un sourire fier apparaît sur tes lippes face à son comportement, euphorique qu'il conserve cette part de toi, te sentant soudainement plus proche de son cœur, comme si son geste t'autorisais à t'imaginer plus aisément dans son sillon. Puis tu prends connaissance des quelques mots écrits à la dérobée. Un numéro de téléphone et un We’ll talk later qui fait bondir ton cœur en plus d'éclairer ton portrait de bonheur.
Tu te mordilles discrètement la lèvre inférieure, porte ton attention sur ton smartphone en mode avion après l'avoir extrait de la poche de ton pantalon. Tu enregistres Asher dans ton répertoire et bien vite, son "later" devient beaucoup trop lointain. Tu désires lui parler maintenant, tu n'as pas envie d'attendre le terme d'interminables dizaines de minutes. Ton crayon tapote nerveusement la tablette en face de toi, tu soupires longuement. Désormais, il t'est impossible de te concentrer sur quoi que ce soit d'autre, ton envie d'avoir cette conversation avec le musicien est plus forte que tout et te consume sans merci. Tu serais capable d'atterrir l'avion ou d'entraîner Asher dans les toilettes du moyen de locomotion tant tu te sens pousser des ailes par son message. Tu te décides de lui envoyer des textos, même s'il ne les recevra que lorsque vos chemins seront possiblement amenés à se distancer.
later is in an awfully long time
it's the only thing i wanna screw
you are the only one with kerosene eyes.
i don't only have the lyrics.
Tu continues de tapoter la tablette du bout de ton crayon, tu lances quelques regards malicieux à Asher, hésitant à lui glisser ton téléphone avec les textos en attente de réseau pour être envoyés afin qu'il en prenne connaissance et ainsi, que vous puissiez peut-être parler via ce moyen. Mais il te faut suivre ses règles, il a bien mérité que tu te plies à ses exigences. "We'll talk later", he wrote. You have to wait, Levi. Pourtant, tes doigts se languissent de rencontrer à nouveau les siens. |
| | | | (#)Lun 21 Déc 2020 - 14:51 | |
| Tu le vois qu’il est impatient à côté de toi. Tu le sens qu’il te regarde presque à tous les instants. Tu te fais violence pour ne pas tourner les yeux vers lui mais parfois, tu dérapes… Et il est sur son téléphone, et il reste plus d’une heure de vol et tu es incapable de faire quoi que ce soit de productif. Tu n’as même pas envie d’écrire de peur que Johnny lise par dessus ton épaule et qu’il fasse vite la connexion entre le mec assis à côté de toi et les mots couchés sur le papier. Tu prends bien soin également de ne pas trop regarder du côté de ton ami côté hublot parce que tu sais qu’il a un milliard de questions à te poser à propos de Levi. Vos comportements n’étaient pas anodin à ton avis, ou peut être que c’est juste ta peur d’être capté avec un passif autre qu’amical avec une personne de sexe masculin ? Tu ne sais pas, mais t’es pas à l’aise qu’ils soient tous les deux si proche de toi en même temps. Levi sait tes problèmes avec ton homosexualité et tu sais aussi qu’il ne fera rien contre ton gré sous l’oeil d’autrui. Mais là c’est de toi que tu n’as pas confiance, parce que tu as très envie de le toucher et les millièmes de secondes où tu as pu touché sa peau en prenant son crayon ont été beaucoup trop courtes. Tu fermes les yeux pour essayer d’oublier qu’il est juste à côté pour le reste du trajet mais il n’y a que lui dans les images mentales que tu formes dans ton esprit. Des scénarios qui te rendent plus ou moins honteux mais tu essaies de te conforter dans la certitude que personne ne peut voir ce qu’il y a dans ta tête.
T’as changé d’artistes ensuite mais t’es resté dans ce qui est assez heavy. T’as besoin d’occuper tes pensées avec du lourd pour que ce qu’il reste du vol se passe avec le moins de frustration possible. Tu sens l’avion qui commence à perdre de l’altitude. T’as rien écouté aux consignes d’atterrissages parce que de toute façon, tu as relevé ta tablette - la feuille de Levi à présent dans ton sac à dos - et tu as ta ceinture sur toi. T’es prêt à toucher le sol de Melbourne.
Tout le monde se lève et tu n’enlèves pas ton casque pour autant de tes oreilles. C’est un peu la manière forte de te protéger de ce que tu pourrais vouloir faire sur une impulsion à Levi. Levi qui est bien trop près de toi physiquement alors que vous prenez le chemin de la sortie de l’avion. Tu n’as pas encore allumé ton téléphone parce que tu as tout oublié là. Il est trop proche pour que ton cerveau fonctionne correctement.
Tu te décides à enfin enlever ton casque de tes oreilles quand tu sais que c’est le moment ou en tout cas, bientôt le moment où tes yeux vont se poser sur Levi pour la dernière fois de la journée. « On se voit au festival. » Tu veux dire tellement plus de choses, mais Johnny est à côté et tes joues sont rosées. Tu te maudis de réagir si facilement à Levi. T’es si faible. Tu n’arrives même pas à lui faire un sourire parce que t’es concentré à pas faire le con. Sa présence te stresse plus qu’autre chose là. Tu préfères pas jeter Johnny parce que ça va ne faire qu’éveiller encore plus de soupçons. « Notre chauffeur est là. C’était cool de te rencontrer Levi. On se capte au festival. » Johnny qui a heureusement gardé le fil de la journée correctement contrairement à toi. Vos noms sont effectivement écrit sur la pancarte de ce type et tu le suis. Espérant que Levi va t’envoyer un message car il a ton numéro, tu as son ancien. Tu espères que c’est toujours le même. S’il te contacte pas tu le feras toi.
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