J’ambitionne de devenir la demie soeur perdue parfaite, ou en tout cas, c’est ce que je veux bien faire croire. En envoyer l’un de ses cheveux et l’un des miens à un laboratoire pratiquant des tests AND, j’ai découvert il y a quelques semaines qu’elle n’avait pas menti quant au lien du sang qui nous uni. Pourtant, je ne suis pas décidée à lui ouvrir grand les bras pour autant, contrairement à ce que je tente de prétendre, sans en faire trop pour ne pas éveiller ses soupçons. J’ai commencé en lui rendant visite à son bureau, j’ai continué en l’invitant à dîner la semain fin juillet, mais les événements du début du mois d’août m’ont fait disparaître des radars. La révélation de la trahison d’Amos m’a brisée le coeur, et lorsqu’il m’a conduite chez Lou pour qu’elle me dise la vérité quand aux Strange et le rôle qu’a joué Mitchell dans la mort de mon ancien compagnon, il m’a mise en terre.

Depuis, j’erre entre semi conscience et trip sous cocaïne. J’ai plongé, bas et vite, et j’ai oublié mes plans concernant la brune, puisqu’elle apparaît à côté de tout ça comme le moindre de mes problèmes. Mon amant me manque et je me déteste de ne pas parvenir à utiliser sa duplicité pour me le sortir de la tête définitivement. Ce serait plus simple, si je pouvais l’oublier d’un claquement de doigt, mais je ne suis autorisée sans trop avoir le choix à en tomber amoureuse, et aujourd’hui je réalise à quel point cela complique tout.

Lorsque j’ai déverrouillé mon téléphone pour y trouve un message d’Halsey ce matin - à quatorze heures - j’ai froncé les sourcils et j’ai dû fournir un effort surhumain pour me rappeler que nous étions copines à présent. J’ai envisagé de ne pas lui répondre, avant de répondre à une pulsion et de lui dire que évidemment cela me ferait plaisir de la voir un peu aujourd’hui. J’ai pianoté les mots clés Brisbane + événement sur mon téléphone et me suis arrêtée sur le premier résultat sans réellement chercher à comprendre, et je lui ai renvoyé un message pour lui proposer la soirée Rockabilly organisée pour je ne sais quelle cause caritative sur un thème rétro. Elle a répondu qu’elle y serait, et si j’ai hésité entre me rendormir et me réveiller à l’aider un petit remontant, j’ai évidemment choisi la seconde solution en glissant un peu de cocaïne sous ma narine, juste de quoi me tirer du lit.

Lorsque je sors de mon appartement, on ne peut pas réellement dire que j’ai fait le moindre effort pour avoir l’air d’être dans le thème. Certes, mon blouson de cuir a un petit air Grease mais c’est tout, et je m’en fous royalement. Arrivée sur place, j’ai glissé mes mains à l’intérieur de mes poches pour me rassurer quant à leur contenu - c’est bon, la drogue est là - et j’ai pris appui contre le mur de la salle de fêtes transformée en véritable salle de danse façon bal de promo pour attendre que la brune ne fasse son apparition.


@Halsey Blackwell

Bien sûr, m’attarder sur la lecture du flyer m’aurait permis d’assimiler le thème de la soirée et d’ainsi pouvoir tenter d’y coller. Sauf que je m’en fous, sauf qu’aussi loin que je me souvienne je n’ai jamais eu de souci avec l’idée de détonner, et qu’en plus de ça la seule chose sur laquelle j’étais focalisée avant de partir c’était de me repoudrer, de voir les étoiles une fois de plus pour être dans les meilleures conditions possibles.

Lorsque, appuyée contre le mur, j’observe les gens défiler et rentrer à l’intérieur de la salle, mon sourire s’agrandit et j’éclate d’un rire nerveux en voyant leurs accoutrements. Le plus drôle serait que la brune ait suivi le thème de la soirée à la lettre et qu’elle aussi ait enfilé une immonde robe à fleurs, un serre tête ou soit passé chez le coiffeur pour une mise en plis façon Olivia Newton John. Je crois que, portée par la drogue, j’exploserais de rire, hilare et ne sachant me contenir. Profitant de l’attente, je sors de la poche intérieure de ma veste mon petit flacon de cocaïne donc je dévisse le bouchon, avant de porter la petite cuillère qui y est accrochée à ma narine pour inhaler juste ce qu’il faut pour me maintenant alerte et sur la bonne pente, pas celle qui descend.

Lorsqu’elle fait son apparition je ne suis pas déçue puisque, si elle n’est pas allée trop loin dans le déguisement, elle a tout de même fait les efforts nécessaire pour entrer dans le thème. Je fixe ses cheveux un instant, comme absorbée, déçue en tout cas de ne pas y trouver une permanente ridicule. « J’adore ta tenue. Vraiment élaborée. » Je pose les yeux sur mes propres vêtement, et il me faut quelques secondes pour comprendre et éclater de rire. « Je préfère nager à contre courant. Mais ça te va bien, le petit bandeau dans les cheveux. » Je la houspille avant de me décoller du mur. « Bon on y va ? Je te préviens j’ai jamais mis les pieds à ce genre de truc. » Si ce n’était pas déjà une évidence à présent qu’elle a constaté ma tenue, ou plutôt mon manque d’effort quand à ma tenue. « Fait pas cette tête, on a presque le même rouge à lèvres, c’est comme si j’étais déguisée. » Et ne dit on pas que la mode est de toute façon un éternel recommencement ? Pour peu, mon jean troué pourrait passer pour la mode des années 70, non ?

« Merci. J’aurais préféré ne pas être la seule à jouer le jeu cela dit. » Et bien, je ne la pensais pas si susceptible la brune, plus bâtie pour encaisser les railleries et sachant pratiquer l’autodérision. Je lève les yeux au ciel théâtralement, je vérifie la présence de ma petite bouteille de poudre dans ma poche machinalement, et je me décolle du mur, prête à affronter la foule qui se presse sur la piste au danse au son des années disco. Excellent. « On peut savoir ce qui a motivé ton choix dans ce cas ? » Un mince sourire étire mes lèvres, et je hausse les épaules dans un geste nonchalant.  « On a des années à rattraper non ? Puis j’étais pas là à ton bal de promo et ça me fend le coeur. » Elle a l’air agacée, elle a l’air agitée et j’ai l’impression que c’est son seul mode de communication, ça et les minauderies.  « J’ai vu un flyer. Je me suis dit que c’était ton genre. » C’est tout sauf son genre, et c’est ça qui a motivé mon choix.

High comme jamais, je la suis sans réussir à fixer mon attention. Je souris trop, je m'enthousiasme trop aussi, et j’ai des airs de pile électrique grâce à l’influence des stupéfiants. « C’est pas grave, on va faire en sorte que tu le sois vraiment. Regarde » Elle essaye d’attirer mon attention et je l’observe se diriger vers le stand à l’entrée qui vend toutes sortes d’accoutrement. « Allez viens, je t’offre un truc. »  « C’est pas mon anniversaire je t’assure. » Non merci. Mais elle m’écoute pas, elle laisse ses doigts courir sur les diffèrent foulard en m’en choisi un peu criard, heureusement. « Ça serait parfait, ça. »  « Je suis sure que le rouge à lèvre ça suffit. Le minimalisme, tu sais bien que c’est mon truc. » Non, pas dans ma façon de m’habiller. J’ai toujours aimé être remarquée mais, sous l’influence de la blanche, j’évolue sans trop comprendre mon environnement, je me contente de mettre un pied devant l’autre et d’avoir l’air distraite. « J’insiste. Ça me fait plaisir. »  « C’est vraiment trop sympa. Mais je vais être obligée de te faire un cadeau après. » Non, à moins que ce soit pour me foutre de sa gueule. D’un geste moyennement assuré, j’attache pourquoi le foulard autour de mon front, s’il n’y a que ça pour lui faire plaisir.  « C’est bon satisfaite ? On peut y aller ?  »

« C’était génial, ça me ferait plaisir de tout te raconter en détail. » De quoi parle-t-on déjà ? J’ai le sentiment d’avoir déjà oublié tant je bouillonne d’idée, tant mes yeux détaillent la fouille et les environs sans réussir à se poser sur une seule chose. Tant je sens mon énergie traverser mon corps et picoter au bout des mes doigts, tant les couleurs me paraissent plus vives et les sensations décuplées. « Si t’as perdu ta virginité ce soir là comme la moitié des gamines de ce pays, je suis pas sûre d’avoir besoin de tous les détails. » Notre relation n’en est pas encore là, elle me l’accorder. Je me reconcentre sur elle, je lui renvoie un sourire ironique et radieux et j’oublie presque qu’elle n’est là à mes côtés que pour que je puisse jouer un rôle. « C’est pas exactement à ça que j’aurais passé ma soirée si j’avais eu le choix mais… » Est-ce que en posant les yeux sur le description de l’événement j’ai pensé que c’était vraiment fait pour elle ? Pas le moins du monde, j’ai été partagée entre l’envie de me foutre de sa gueule et de lui faire payer ses différentes filatures et celle de prétendre vouloir passer pour une soeur parfaite, et je me suis dit que c’était un juste milieu. « T’as dégainé un déguisement en une demie journée pourtant, c’est ce que j’appelle être motivée. » Je hausse les épaules et je la suis sans me poser de questions.

Je n’ai pas peur que l’on me remarque et pourtant, je ne meurs pas d’envie d’accrocher une de ces horreur dans mes cheveux.Je n’accepte que parce que mon état m’empêche de ressentir tout sentiment négatif sur l’heure. Je flotte, je suis surexcitée et même la musique qui n’est pourtant pas nécessairement à mon goût vibre à un tout autre niveau. « Pas de ça ici. » Je lui prends le foulard des mains - il ne manquerait plus qu’elle l’accroche elle même - pour le nouer autour de mon front en faisant retomber une partie de mes cheveux par dessus. « Je veux pas savoir à quoi je ressemble. Et pas de photos ce soir, on en est pas encore à ce stade là de notre relation. » Celui où on rigolera demain autour d’un brunch en se rappelant des souvenirs de la veille. Je la suis à l’intérieur, presque inconsciente de la présence d’autres personne, et je ferme les yeux quelques secondes, un sourire presque béat sur le visage. « Viens, il me faut un verre. Je suis timide. » J’y crois pas une seule seconde mais je la suis. « Là tu parles ma langue. Sauf si tu commande encore une boisson de gonzesse. » Pitié, pas un Gin Tonic ou un cocktail trop sucré pour réellement goûter l’alcool, on construit à peine notre relation, je n’ai pas envie de perdre la foi toute suite.  



@Halsey Blackwell

On parle souvenir de nos bals de promo respectifs, enfin plutôt du sien puisque je n’ai même pas envisagé une seule seconde de mettre un pied à celui de mon lycée, et j’utilise l’occasion pour me payer sa tête, mais quelque chose à changé. Comme si, au milieu de tout le bordel qu’est devenu ma vie, elle n’était plus tout à fait une ennemie finalement, ou en tout cas, un moindre mal par rapport à l’état dans lequel je me sens. Alors je baisse ma garde et je me montre peut-être une peu moins fausse, un peu plus sincère qu’à l’accoutumé. « S’il-te-plaît, j’ai plus de classe que ça. » Je lève les mains devant moi en signe d'innocence, avant de rajouter. « J’aurais pas jugé. On traîne tous nos casseroles. » Je ne crois même pas être en état de me souvenir comment j’ai perdu l’a mienne de virginité, là tout de suite.

Je ne suis en état de pas grand chose. Chaque soirée où mes yeux se posent sur une piste de danses et les corps qui se pressent me rappelle ce que j’ai perdu, me rappelle autant les derniers mots que nous nous sommes adressés le brun et moi que nos instant les plus complices. Je les observe pendant quelques secondes, le regard fixe, avant que la voix de la brune ne m’interpelle. « Toutes les occasions sont bonnes pour faire du shopping, même si c’est pour finir comme ça. » Je lui jette un coup d’oeil. Je me doute que, pétrie d’amour propre et d'orgueil, elle se trouve séduisante. Moi, plutôt que d’abonder dans son sens, je m’amuse. « De toute façon t’es pas là pour ramener quelqu’un chez toi non ? A moins que tu fasses dans le troisième âge ? » Il faut dire que la moyenne d’âge de la soirée elle est plus proche de l'ehpad que du bal de promo. « On est d’accord. » Parfait, pas de photo alors et dès qu’elle me le confirme, je me laisse docilement entraîner jusqu’au bar. High comme je suis je pourrais boire n’importe quoi, mais j’ai des principes et je crois bien que si elle commande encore un cocktail sous mes yeux je le lui jetterai au visage. Excessive vous avez dit ? « Alors choisis pour nous deux, j’ai hâte de voir ce que tu nous réserves. » « Tu vas être déçue, je suis quelqu'un de simple et old school. » Un scotch, point barre. C’est ce que je demande au barman en me penchant au dessus du comptoir, mais face au manque de choix, je suis obligée de me rabattre sur deux verres de Jack Daniel's. Je tends le sien à ma demie soeur, une grimace sur les lèvres. « On ira définitivement chez moi boire le dernier verre que je te montre ce qu’est une vraie boisson. »


@Halsey Blackwell

« Ah oui ? Du genre ? » Je suis peut être éméchée et allumée, mais je ne le suis pas à ce point là. Pas au point de lui partager des informations personnelles sur les cadavres que je traîne dans mes placards, pas au point que je lui partage des secrets, aussi anodins soient-ils. Pour ça, il ne faut pas juste me faire boire, il faut également gagner ma confiance : et ça, elle est loin de l’avoir fait. « Bien essayé Blackwell. » C’est étrange que d’entendre mon propre nom de famille sortir de ma bouche. Ca me fait sourire d’ailleurs, un peu trop pour pouvoir passer pour quelqu’un de complètement sobre mais sur l’instant, je m’en fiche.

« Je m’interroge encore plus sur les raisons de notre présence maintenant que je vois ça. » Je jette un oeil aux autres personnes déjà présentes dans la salle. « Vois le bon côté des choses : si tu choisi quelqu’un en fin de vie, pas besoin de divorce. » Elle n’est pas anodine cette pique. J’ai découvert qu’elle avait divorcé à deux reprises : joli score pour quelqu’un qui a à peine entamé la trentaine. Au bar, j’accepte de reconnaître bon grès mal grès que le choix n’est peut-être pas le plus judicieux lorsque je réalise qu’il sera compliqué de trouver une boisson répondant mes à mes critères exigeants. La musique passe encore, mais je deviens plus tatillonne et désagréable lorsqu’on me fait boire quelque chose qui ne trouve pas rigueur à mes yeux : je suis difficile en m’enrichissant. « Tu penses que j’ai attendu de te connaître pour savoir ce qu’était une vraie boisson ? » Un sourire en coin éclaire mon visage et je réponds, d’un ton provocateur. « T’as commandé un cocktail lors de notre première rencontre et bu un Gin lorsque je suis venue te rendre visite au bureau. » Doux jésus. « Alors je suis plus sûre de rien. » C’est presque désolant finalement qu’on soit de la même famille et qu’elle ait un palais si peu développé lorsqu’il s’agit de boisson alcoolisée. « Du coup je sais pas, je dois passer acheter du Panaché pour te rendre heureuse ? » Je crois que l’on peut affirmer que j’aurais été horrible comme grande soeur en grandissant ou, en tout cas, que j’aurais été l’opposé de l’exemple à suivre. « Mais je serais ravie de boire ce dernier verre avec toi. » « C’est vendu alors. De toute façon, tu connais la route. » Je lui adresse un clin d’oeil en souvenir du matin où elle a légèrement dépassé les bornes en faisant le pied de grue devant mon appartement. Ça lui va mal, le look d’agent secret en planque.



@Halsey Blackwell

J’ai fait mes devoirs. Plus maintenant que je n’ai plus l’impression que ma vendetta / petite enquête (en fonction des jours) est passé au second voire dix huitième plan, mais avant tout ça j’ai creusé ce que j’ai pu creuser concernant le passé de la brune (ou plutôt j’ai fait creuser) et avec application. Un certificat de mariage, ce n’est pas bien compliqué à déterrer. Un certificat de mariage ça ne m’apprends rien de plus que le fait qu’elle ait pu être une romantique finalement déçue par l’amour. Deux par contre en si peu de temps ça m’interpelle, surtout que, si j’en crois la rubrique mariage du journal Daily News de Perth, elle était censé en épouser un troisième il y a quelques temps encore. Que s’est-il passé, s’est elle lassée plus vite encore de celui là que des autres ? Les épouse-t-elle pour les bonnes raison - bonne pour l’opinion publique en tout cas - ces hommes ou bien a-t-elle d’autres sombre dessein ? N’est-elle qu’une jeune femme intéressée par l’argent ou la position sociale ? « Je vois que tu t’es bien renseignée. » Je hausse les épaules, j’oublie aujourd’hui pourquoi je l’ai fais, j’oublie pourquoi j’ai pu voir en elle une menace puisque, de toute façon, j’oublie en ce moment jusqu’à mon prénom certains soir : et c’est le but. C’est le but que de m’anesthésier pour ne plus penser à Amos et à la débâcle de notre histoire, c’est le plus pour ne plus ressasser les trahisons dont j’ai été victime. « J’ai fais mes devoirs. Je suis curieuse. » Ca en revanche, ça n’a pas changé. « Trois fiancé, dont deux ex-époux, à ton âge c’est pas banal. » Au moins ils sont toujours en vie et je n’ai pas à m’inquiéter d’avoir à faire à une veuve noire. « C’est quoi le problème, tu te lasses encore plus vite de hommes que tu t’es lassée de la famille Blackwell côté Charleville ? » Un sourire mauvais étire mes lèvres. « Ou alors tu sais pas les satisfaire ? Ils te trompent et te larguent comme une merde ? »  Sur l’heure, je ne pense pas à la blesser : je ne suis que provocation, comme souvent.

« Je ne suis pas difficile. » Il est question de l’alcool qu’elle boit mais, pour faire écho à notre conversation précédente concernant ses époux et ses relations avec les hommes, je ne peux m’empêcher de rebondir. « Oui, ça j’avais compris. » Un sourire mi innocent mi provocateur étire mes lèvres (si si c’est possible et c’est même la spécialité de la maison Blackwell). Je me demande si Ariane lui a parlé de moi et de notre rencontre. Je me demande si elle lui a dit que je sais le lien qui l’unit à son soit disant détective d’ami. Je me demande si elle tient assez à lui pour qu’il constitue le meilleur moyen de la piquer et, pour l’instant, je garde ce plaisir sous le coude. « A vrai dire, c’était le taxi qui connaissait la route. Je suis une piètre conductrice, même si j’essaie parfois de prétendre le contraire pour faire bonne figure. » « Je croyais que ton hôtel était dans le coin ? » Je lève un sourcil avant d’attraper les verres que me tend le barman et d’en donner un à la brune avant de tremper mes lèvres dans le mien. « Je suis défoncée chérie, pas idiote ou souffrante d’Alzheimer. » Je suis défoncée. L’aveu ne me fait rien, je ne me suis jamais cachée de consommer, ce que je me garde de préciser, c’est la fréquence et l’état dans lequel je me met régulièrement en ce moment, et surtout la raison derrière tout ça.


@Halsey Blackwell

Si je n’ai plus forcément à coeur de tout faire pour percer à jour Halsey, ce n’est pas parce que je ne me méfie plus d’elle. Elle a simplement pris la queue du peloton des problèmes qu’il me faut gérer en ce moment et, étrangement, sa compagnie me paraît presque rafraîchissante. Elle me cache des choses la brune, elle a l’air retorse jusqu’au bout des ongles mais au moins, c’est clairement affiché sur son front : de sa part à elle, rien ne me surprendra et je ne me sentirais pas trahie si elle venait à me planter un couteau dans le dos puisque je l’aurais prévu depuis le début. En résumé, je sais à quoi je m’attendre et, si j’ai cessé mes investigations la concernant au profit de la drogue et d’une errance dont j’ai perdu le contrôle, ce que j’ai découvert avant de mettre mes recherches en pause est intéressant. Assez intéressant pour passer outre l’interdiction de son boy toy de l’approcher, mon enfreindre l’accord que j’ai passé avec lui. « J’ai un goût pitoyable en matière d’hommes, on peut pas être parfaite dans tout. » Je penche la tête sur le côté, un air incrédule peint sur le visage. « Tu fais même pas l’effort d’avoir l’air convaincante. Je t’ai connue meilleure menteuse. » Elle ne crache pas le morceau, mais j’ai presque l’impression qu’elle cherche à se faire prendre. « Et t’en dis pas assez pour satisfaire ma curiosité, c’est pas comme ça que je vais arrêter de poser des questions. Allez, dis m’en plus sur ce qui a foiré avec ces mecs ? » Ce que tu as foiré puisque ça me semble évident.

« Toi par contre, tu sembles avoir tiré le gros lot. » Sa remarque me fait l’effet d’une douche froide. Mon sourire s’efface de mon visage puisque ma relation avec Amos n’est pas des sujets que j’ai envie d’aborder avec elle, surtout maintenant que tout s’est effondré, qu’il m’a menti et que, malgré tout, je souffre du manque tous les jours. J’aurais dû m’y préparer à cette claque, mais je ne l’ai pas fait et, pour retrouver ma contenance, je porte mon verre à mes lèvres. « Ouais c’est ça, le gros lot. » Je déglutis avant de boire une puis une autre gorgée supplémentaire. Dieu que j’ai mal de penser à mon amant, à notre relation et à combien nous étions beaux. Notre complicité s’imposait comme une évidence pour quiconque nous ayant cotoyé, et j’ai mal de me dire que tout reposait sur un mensonge et que je n’ai rien vu venir. J’ai plus mal encore de me dire que je l’ai perdu, et je me sens idiote pour ça. Assez pour avoir envie de m’enfiler un rail supplémentaire.

« Il l’était, mais ce n’est pas comme si je connaissais le quartier comme ma poche. » « Ça ou t’as une étrange obsession pour moi que tu veux pas avouer. Je me demande ce qui me convainc le plus. » Non, je me demande pas du tout. J’avoue sans y prendre garde que j’ai pris quelque chose et, loin de s’en offusquer, Halsey saute sur l’information comme un chien sur son os. Je ne lui fait toujours pas confiance mais ma méfiance semble s’envoler temporairement, en même temps que ma langue se délie. « Tout s’explique maintenant… Tu as pris quoi ? » Je lui jette un regard en coin. « Quelle importance ? » Des choses j’en ai pris des tas dans ma vie. Mon poison du moment, pourquoi l’importe-t-il ? « Me dit pas que t’as jamais rien pris. »



@Halsey Blackwell