| (Amelyn #27) ► There's nowhere left to fall |
| | (#)Mer 9 Sep 2020 - 19:06 | |
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THERE'S NOWHERE LEFT TO FALL Désorienté par la colère qui bourdonnait comme mille frelons dans mes oreilles, ce fut facile d’ignorer ses premiers sanglots. Ils me semblaient vieillis telle une rumeur passée à laquelle nul n’accorde plus la moindre attention. J’avais donc fonctionné plus ou moins sans mal, me douchant le corps à défaut de me laver de ma honte. Au sortir de la pièce d’eau, je baisai les mains du silence avec une authentique gratitude d’amortir ma culpabilité. Sauf qu’il a fini par m’étrangler de peur, ce cadeau empoisonné. Le sablier s’égraine lentement, le temps le retourne souvent : elle n’a pas encore reparu et je ne perçois rien, rien depuis le dressing, rien depuis sa salle de bain non plus. Mille questions me traversent l’esprit, mille pour un seul point commun : son overdose. Elle m’a fragilisé, Raelyn. Je n’ai de cesse de me demander ce qui serait advenu si je n’avais pas été là au bon moment, au bon endroit, par un hasard heureux puisque j’aurais pu ne jamais lui retéléphoner. Refouler ce souvenir est un combat de tous les instants et, alors que je m’apprête à cuire des pâtes - la sauce mijote à feu doux - je renonce. Le paquet tremble de ma main. Je suis anxieux, envahi par des images funèbres, habité par une macabre prémonition. Je flirte avec la paranoïa, j’ai peur et de battre, mon coeur s’est arrêté de la trouver allongée par terre, étale, à peine remuée par le soulèvement de sa poitrine à chaque respiration. Certes, c’est une bonne nouvelle, elle est en vie. Mais, dans quel état ? D’instinct, j’avance un pas vers elle et je l’interpelle. Comme elle ne réagit pas, je cède à la précipitation : je la rejoins, je la dévisage de mes yeux ronds. Elle est là, Raelyn. Elle est vivante. Engourdie, meurtrie, blessée d’âme et de coeur, mais elle ne rendra pas son dernier souffle. Mon soulagement m’a aussitôt chanté un hymne faiblard à la joie. Il n’a rien d’un chef d’oeuvre, elle m’a quittée il y a longtemps. Il ne jouit pas d’assez d’intelligence musicale pour supplanter la chanson composée par mon coeur. Ses couplets me racontent notre histoire et son refrain, il m’invite à la douceur et je danse. Je danse une valse banale à trois temps : un pour les regrets, un autre pour le remord et un dernier pour les excuses. Je les chuchote avec tendresse et je la berce. Je la couvre de baisers. J’ai desserré ses doigts de la photo parce qu’elle n’en a plus besoin : je suis là, près d’elle, tout à elle, même si mes plaies sont infectées, même si elles suintent mon sentiment d’abandon. Je suis à ses côtés et pour rien au monde je ne troquerais ma place. J’ai brisé un vase, c’est à moi de le recoller. « Je ne te lâche pas. » lui ai-je donc rétorqué, doucement, entre deux caresses distribués par mes lèvres là où elles aiment se nicher.
Je l’ai affirmé sans mentir, sans tricher, en ignorant mes émois contradictoires. Elle est douloureuse, cette proximité. Elle fait d’autant plus mal que l’odeur de sa peau m’enivre et me ramène des mois en arrière. Alors, au détriment de mon orgueil, à la défaveur de ma pudeur sentimentale, je fais la part belle à notre rupture. Je suspens mon geste à hauteur de son front et j’inspire. Je me gorge du parfum de son shampoing, qu’il me tienne chaud durant mes nuits de solitudes. Je me saoule de la sensation de cette peau nue sous la paume de ma main qui sangle sa taille. Je me nourris d’elle et non de sa détresse. Elle, elle m’écoeure. Je m’écoeure. Alors, je les ante, mes humbles excuses. Je les plante dans son esprit tourmenté qu’elle n’en doute jamais. « Je suis désolé. » Pour nous, pour Sofia, pour cette crise, pour son addiction. Je suis désolé de t’aimer avec déraison, de trembler pour toi ou avec toi. Je suis désolé d’être un pauvre type qui se bat pour sauver l’âme de son enfant disparu en négligeant la tienne. Je suis désolé d’avoir échoué dans toutes mes tentatives pour te garder à distance de moi. Je suis désolé et, s’il est des actes que je rêve d’effacer, je te remercie. Je te remercie de m’avoir glorifié parmi les vivants : je n’en méritais pas tant. Regrette-t-elle d’avoir croisé ma route ? J’en mettrais ma main à couper. Sauf que sur l’heure, je ne m’en préoccupe pas. Je ne m’inquiète que de ce corps menu qui s’abandonne contre mon torse, de ces gémissements plaintifs qui me font tant souffrir, qui lui valent d’emblée une salve de baisers supplémentaires et une étreinte plus étrécie. De temps à autre, je lui ai murmuré à l’oreille ô combien je la trouve forte et fière malgré l’adversité. Je lui ai également rappelé qu’au delà de son chagrin et de ses angoisses, elle reste digne à mes yeux. Les seuls aveux que j’ai jalousement conservés, c’est l’étendue et l’intensité de mes sentiments. Elle n’en a pas voulu la première fois. Au vu de ma récente démonstration, elle se réfugiera bientôt derrière la haine. Elle lui servira de rondache dès lors que ses yeux se poseront sur ses poignets et comment la blâmer ? Maintenant qu’elle est plus calme et qu’elle s’épuise en gestes malhabiles pour se revêtir, dès lors que je l’y aide avec cette infinie tendresse qui nous a souvent enveloppé, je me déteste moi aussi. Qu’importe la colère, j’aurais dû tempérer ma force et maîtriser mon sang-froid. J’aurais pu : j’ai appris. J’ai perdu les pédales et quoique dissimulées derrière les amples manches de son pull trop grand, l’ombre de ses futures ecchymoses me narguent toujours : la pâleur de son teint avait déjà rosi. Comment soutenir son regard dès lors qu’elle s’est échappée du confort de mes bras ? Les a-t-elle fui, d’ailleurs ? Que ce Dieu éventuel me pardonne d’être égoïste au point d’avoir simplement dodeliné de la tête pour accueillir ses excuses : je n’en ai pas besoin. Sur l’heure, ce qui m’apaisera, c’est de cueillir ses poignets au creux de mes mains et de déposer sur chacun d’eux une bouche velours. « Il est l’heure de s’occuper de ça. Après, si tu veux…» J’insiste ! Pour cette nuit, elle recouvre toute légitimité d’agir et de décider dans la mesure du possible. « On mangera un morceau. » ai-je ponctué en banalités.
Que formuler qui n’aura pas déjà été susurré ? J’ai toujours préféré les actes aux mots et, doucement, profitant qu’elle soit ankylosée par son abattement, j’ai glissé mes doigts dans les siens, je l’ai guidée sans hâte vers sa salle de bain, j’ai ouvert le tiroir où est rangé le tube d’arnica sans la lâcher, craintif à l’idée qu’elle me fugue et j’ai décapuchonné le tube avec les dents pour d’identique raisons. C’est peu de chose que d’appliquer un peu de baume sur ses hématomes, mais j’y tiens. C’est plus important que mon repentir. A mon sens, bien plus évocateur que tous les “désolé” du monde. Mes gestes timorés sont d’une incomparable délicatesse et, tête basse, mal à l’aise avec ce silence délétère, j’ai répondu à sa question précédente : « Il doit être 22 h. J’ai dormi longtemps ? » Assez pour que son addiction nous rattrape : elle nous coursait de toute façon. « Je n’aurais pas dû m’endormir. J’aurais dû rester avec toi. J’aurais dû...» Me montrer moins con, plus vigilant, plus attentif à ses besoins au lieu de me consacrer aux miens. « Faire les choses autrement, mais je n’ai que ça. » Faire d’elle ma captive quand je devine ô combien elle aimerait me voir partout, sauf ici, avec elle. « Mais, j’ai peur pour toi. C’est pour ça. » lui ai-je expliqué en relevant les yeux vers elle. Ne serais-je pas habité par l’effroi qu’elle m’abandonne définitivement que j’aurais fait preuve de plus de retenue. Je suis cependant incapable de le gommer, à l’instar de ses conséquences, celles que je m’emploie à adoucir : je m’attaque à son second poignet. « J’ai raclé tes fonds de tiroir. J’ai préparé une sauce tomate. Sans oignons. J’ai tenté un sourire : il a manqué de panache. « Ça vaut ce que ça vaut mais… je me suis dit que tu aurais faim et j’avais besoin de me calmer. Tu as faim, pas vrai ? » Au contraire, je mangerai seul. Elle me briserait le coeur si elle se retranchait dans sa chambre, mais qui suis-je pour l’en empêcher ? Qui étais-je pour la retenir prisonnière de mon obsession ?
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| | | ÂGE : 36 ans (23.12.1987) - capricorne ascendant scorpion SURNOM : Raelyn est le prénom qu'elle s'est choisi, elle est née Rachel-Lynn. STATUT : Son âme sœur est morte en prison : elle est veuve depuis le 16.07.2024. Micah a l'âge de poser des questions mais pas celui de comprendre la mort et, de toute façon, Raelyn est trop brisée pour répondre aux interrogations de sa fille. MÉTIER : Boss du Club, la pègre de Brisbane, depuis février 2021. Propriétaire et gérante de l'Octopus, un Casino qui a ouvert ses portes en avril 2021. Baronne de la drogue, reine de la nuit et mère célibataire, une vie somme toute bien remplie. LOGEMENT : Le loft du 721 Daisy Hill Road (Logan City) lui semble bien vide et froid maintenant qu'elle s'endort loin des bras de son époux. POSTS : 34325 POINTS : 3130 TW IN RP : Mention de drogues dures, violences verbales et physiques banalisées, banalisation du meurtre, menaces, univers de la pègre, misogynie, deuil, automutilation. ORIENTATION : J'aime les beaux garçons. PETIT PLUS : des nerfs d'acier et 1m55 de charisme, de magnétisme, d'implacabilité, de jalousie et de violence › accro à la cigarette, alcoolique à ses heures perdues, elle luttera toute sa vie contre son addiction à la cocaïne › opportuniste et prête à tout pour servir ses propres intérêts, elle possède une notion de bien et de mal particulière › longtemps volage, elle l'a été jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse d'Amos › récupère le contrôle du Club en février 2021, devenant le leader de l’organisation criminelle › fin janvier 2023, elle abat Lou Aberline, tuant de ses propres mains pour la première fois. DISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : indianred. RPs EN COURS :
(07) chad #3 › spencer #14 › miles #1 (2005) › danaë #4 (2018) › maxwell #7 › miles #2 › cecilia #2
(ua) maxwell #6 (jurassique)
maxyn #7 & sms ☆ i'm sick, yeah, i'm sick, and honestly, i'm getting high off it. your smoke in my hair hot and dirty like the l.a. air. that face, baby, it ain't fair, but you don't know what you don't know. oh, so you wanna talk about power ? oh, let me show you power. i eat boys like you for breakfast, one by one hung on my necklace. ☽ 1 › 2 › 3 › 4 › 5 › 6 › 7
spencer #14 ☆ you know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. take another walk out of your fake world, please put all the drugs out of your hand. you'll see that you can breathe without no back up, so much stuff you got to understand.
danalyn #4 ☆ what brings you to the lost and found, dear ? won't you pull up a seat ? everybody got a price around here to play, make me an offer, what will it be ? welcome to the playground, follow me. tell me your nightmares and fantasies, sink into the wasteland underneath.
cecilia #2 ☆ there's a pleasure in hiding from the sun. no, i was never one for pretty weather, i'd rather be a creep. there's a bright side to every wrong thing, if you're looking at me through the right eyes. darkness in my name, don't you wanna come and play on the cool side.
miles #1 & #2 ☆ i've been waiting patiently, i built this tower quietly. And when my well of wellbutrin is running dry of serotonin i can say things I don't mean. or maybe it's the truth in me, i feel it building, bubbling up.
RPs EN ATTENTE : aisling #3
RPs TERMINÉS : liste tenue à jour dans ma fiche de liens
amelyn ☆ wasted in love, misunderstood, baby, it's harder to breathe when you're gone. so i hold in my hands pictures of you and dream of the day i was eating for two. all this love, i'm so choked up, i can feel you in my blood, i'm so scared to give you up. valentine, my decline is so much better with you. valentine, my decline, i'm always running to you. and i cover myself in tattoos of us, and dream of the day we embrace and combust. ☽ 1 › 2 › 3 › 4 › 5 › 6 › 7 › 8 › 9 › 10 › 11 › 12 › 13 › 14 › 15 › 16 › 17 › 18 › 19 › 20 › 21 › 22 › 23 › 24 › 25 › 26 › 27 › 28 › 29 › 30 › 31 › 32 › 33 › 34 › 35 › 36 › 37 › 38 › 39 › 40 › 41 › 42 › 43 › 44 › 45 › 46 › 47 › 48 › 49 › 50 › 51 › 52 › 53 › 54 › 55 › 56 › 57 › 58 › 59 › 60 › 61 › 62 › 63 › 64 › 65 › 66 › 67 › 68 › 69 › 70 › 71 › 72 › 73 › 74 › 75 › 76 › 77 › 78 › 79 › 80 › 81 › 82 › 83 › 84 › 85 › 86 › 87 › 88 › 89 › 90 › 91 › 92 › 93 › 94 › 95 › 96 › the end. AVATAR : Lady Gaga CRÉDITS : me (avatar), harley (gif profil, maxyn, spencer, amelyn), fuckyougifs (gif danaë) & jifdirectory (gif cecilia), erikawrites (gif miles) DC : Megan Williams (Sydney Sweeney) & Midas Sterling (Leo Woodall) PSEUDO : stairsjumper INSCRIT LE : 21/02/2019 | (#)Mer 9 Sep 2020 - 21:00 | |
| There’s nowhere left to fall Raelyn Blackwell & @Amos Taylor
Je devrais lui en vouloir ou, en tout cas, c’est ce que toute personne censée s’attendrait à ce que je ressente. J’ai consommé, j’ai trahis sa confiance mais il m’a malmenée et, ce faisant, il a dépassé les limites. Sauf que sur l’instant, alors que je ne suis qu’une barque à la dérive à la recherche d’un point auquel s’ancrer, je ne songe pas même l’espace d’un instant à le repousser. Ses bras me rassurent, la chaleur de son corps à travers ses vêtements me réchauffent puisque je me sens glacée jusqu’aux os, conséquence directe de ma descente. Mes poings serrés se posent contre son torse et j’enroule mon cou pour y dissimuler mon visage alors que je ramène mes genoux vers moi. Je suis pathétique et, si je m’observais de l’extérieur et en plein possession de mes moyens je me raillerais. Je raillerais ce corps décharné qui s’accroche à une histoire qui appartient au passé, je raillerais cet esprit faible qui cède encore et encore face à ses démons, dont il fait partie. Et surtout, je lèverais les yeux au ciel en m’entendant le supplier de ne pas me lâcher. Sauf que sur l’heure, je suis paniquée à l’idée qu’il le fasse. J’y pense et j’angoisse plus encore, j’y pense et j’ai du mal à respirer, je suffoque, j’ai des sueurs froides et mes mains deviennent moites. « Je ne te lâche pas. » Il embrasse ma peau, ses lèvres se nichent sur mon visage et retrouvent leurs habitudes, et je ferme les yeux pour tenter de me calmer. Je me berce de rythme cardiaque, je tente de calquer ma respiration sur la sienne pour arrêter de haleter et de suffoquer, et au terme de longues minutes d’angoisse, de peur, de solitude, de hoquet de peur et de douleur, je m’apaise. Je m’apaise tandis que le poison se retire petit à petit, que les effets de la descente se dissipe et pendant tout ce temps, peut-être une heure, peut-être plus, il tient parole : il ne me lâche pas. Il s’excuse, il murmure à mon oreille qu’il me trouve toujours belle et forte, que je reste digne, que je reste forte - je n’en ai pas le sentiment - et, petit à petit, il me ramène. Je respire mieux, je ne suis plus secouée par des spasmes incontrôlable et j’arrive à me redresser. Je m’arrache de ses bras à regret, mais persuadée que je ne peux y demeurer plus longtemps au risque de ne plus réussir à les quitter. Je me rhabille difficilement en gestes maladroit, et je frissonne lorsqu’il m’y aide.
Ses doigts s’enroulent autour de mes poignets avec douceur, il remonte les manches de mon pull pour déposer ses lèvres sur ma peau meurtrie. Je l’observe, la bouche légèrement entrouverte, calmée mais toujours hébétée. J’ai honte, mais je ne suis qu’un pantin qui s’anime lorsqu’il me donne des indications. « Il est l’heure de s’occuper de ça. Après, si tu veux… On mangera un morceau. » Je hoche la tête doucement, sans le lâcher des yeux. Je me fais l’impression d’une enfant impressionnée et plus tard ce sentiment fragilité me révoltera. Sur l’heure, il m’entoure de douceur et me rassure : j’en ai besoin. Ses doigts glissent dans les miens et je les serre, je me laisse entraîner dans la salle de bain attenante. J’installe sur le rebord de la baignoire, attentive au moindre de ses mouvements. Nos doigts ne se lâchent pas, accrochés par la dernière phalanges, et lorsqu’il étale doucement la crème sur ma peau, je tressaille de temps en temps dans un réflexe nerveux au contact de ses doigts. Je ne brise le silence que pour tenter de me raccrocher à la réalité en retrouvant des repère temporels. J’ai quitté l'hôpital en fin de matiné, mais il pourrait s’être écoulé deux heures comme dix, je n’en ai pas la moindre idée. « Il doit être 22 h. J’ai dormi longtemps ? » Je secoue la tête doucement alors qu’au fond je n’en sais rien. Il m’a semblé attendre assez longtemps pour être certaine qu’il était assoupi avant de me laisser rattraper par mes démons, et je suis restée sur mon lit à profiter de la montée pendant un temps avant d’aller fouiller ses poches, le réveillant. « Je n’aurais pas dû m’endormir. J’aurais dû rester avec toi. J’aurais dû… Faire les choses autrement, mais je n’ai que ça. » Comment lui en vouloir quand, moi même, je me fuirais si je le pouvais ? Qu’il avoue tout de go qu’il n’avait pas envie de me veiller et d’affronter mon air revêche, je le comprendrais, autant que je comprendrais qu’il passe la porte pour ne plus jamais revenir. J’ai cru le vouloir, quand il a accouché de la vérité, mais aujourd’hui l’idée qu’il le fasse me terrorise. « Mais, j’ai peur pour toi. C’est pour ça. » « Je suis désolée... » A nouveau je m’excuse d’une voix rauque, d’une voix d’outre tombe, et je lui tends docilement mon autre poignet lorsqu’il lâche les doigts de ma main droite. « C’est pas grave. » Ma peau rougie, ses hurlement, ses mots qui m’ont remplie d’horreur, que j’ai cédé, la cocaïne, tout s’emmêle et je tente mollement de le rassurer. C’est pas grave, et de surcroît il a raison. De là où je suis j’aperçois mon reflet dans le miroir brisé qui trône au dessus du lavabo et il raison sur toute la ligne : je fais peine à voir. Je ne suis pas maigre à faire peur, mais mes joues manquent de remplissage et mes traits sont tirés comme si j’étais restée éveillée pendant des jours. Mes jambes ne sont pas celles d’une anorexiques mais elles ont fondu le mois dernier et je ne devrais pas être surprise qu’il ne me reconnaisse pas : je ne me reconnais pas moi même. Ma gorge se noue mais je chasse la faiblesse, je garde la tête droite puisque ma fierté est tout ce qu’il me reste, envolé mon amour propre. « Je voulais pas te mentir. » Une partie de moi en tout cas, celle dont il s’est enquit de la présence, celle qui est toujours là, quelque part. Je ne réitère pas mes excuses et un dernier pardon me reste dans la gorge tandis qu’il referme le tube de crème. « J’ai raclé tes fonds de tiroir. J’ai préparé une sauce tomate. Sans oignons. » Je l’observe, toujours groggy est vidée, et je me demande si je les mérite vraiment, ses attentions. « Ça vaut ce que ça vaut mais… je me suis dit que tu aurais faim et j’avais besoin de me calmer. Tu as faim, pas vrai ? » Non. Oui. Je n’en sais rien, comme à chaque fois que les effets du poison se dissipent j’ai faim et ma gorge me brûle. Alors, même si je ne me sens pas la force d’avaler quoi que ce soit pour autant, je hoche la tête. « Je peux avoir un verre d’eau ? » Je tends la main vers le verre posé à côté du lavabo, celui qui me sers généralement à me rincer la bouche après m’être lavé les dents, et je me relève finalement doucement. J’ai beau m’être lavée ce matin à l’hôpital je me sens sale, j’ai envie d’une douche, mais elle attendra que j’ai recouvré un peu d’énergie.
Dans le dressing, alors qu’il m’entraîne à la salle à manger, je suis frappée par une révélation. Mon regard effleure la moquette et l’angoisse me serre le ventre : il ne reste plus rien. Plus une fiole de poudre, plus un sachet qui trainerait quelque part dans mon appartement et je me rappelle que j’avais appelé quelqu’un, mais il a certainement fuit en entendant les hurlements d’Amos. Il ne me reste rien et j’ai peur, je suis terrifiée, persuadée de ne pas pouvoir me passer de mon poison et, de ça aussi j’ai honte.
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| | | | (#)Dim 4 Oct 2020 - 19:11 | |
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THERE'S NOWHERE LEFT TO FALL J’ai maudit quiconque aurait tenté de lui faire du mal. J’ai détesté toute personne qui l’a insultée ou méprisée à mon nez et à ma barbe. J’ai cogné des types qui lui ont manqué de respect quand nous n’étions rien. J’ai été prêt à recommencer mille fois alors que nous formions un couple. J’ai malmené mon ex-femme pour une injure qui, manquant d’éloquence, n’a pas renversé le coeur de Rae. Et, aujourd’hui, alors que je la serre contre moi, qu’assis sur le sol de son dressing pour être à sa hauteur, dès lors qu’elle se replie sur elle-même, son oreille posée contre mon coeur, je ne vaux pas mieux qu’eux. N’y avait-il pas d’autres façons de la secouer ? L’humiliation était-elle réellement nécessaire ? A-t-elle seulement servi à quelque chose ? J’ai peur que ma violence soit aussi vaine et gratuite qu’efficace et efficiente. J’ai peur qu’en conséquence, une fois qu’elle sera retapée, qu’elle renouera avec celle que j’ai toujours connu, elle me jette au visage des reproches d’avoir osé la juger. J’en suis terrifié parce que je n’en suis pas là et que les conséquences de cette méprise nous abîmerait plus encore. Je n’ai pas l’espoir de nous rabibocher - tout du moins, je ne l’ai plus faute à sa trahison ou je le rejette lorsqu’il me chuchote à l’oreille que tout est possible - mais je n’ai pas envie qu’elle pense à moi, à l’avenir, les lèvres tordues par le dégoût. Je n’aspire qu’à rester son plus beau souvenir. Je rêve que, plus tard, lorsque son esprit vagabondera vers nous, quand un autre l’aimera mieux que moi mais que ça sera plus fort qu’elle, elle se souvienne ô combien ces septs ont été intenses, à quel point ils sont incomparables. Egoïste, je désire lui manquer même si elle se pend au cou d’un type plus jeune, plus éloquent, plus honnête, moins cassé. Un type qu’elle n’aurait pas à réparer au détriment de ses propres forces.
A les dépenser pour moi, elle n’en avait plus suffisamment en stock pour lutter contre ses addictions. Dès lors, je lui alloue la mienne, par amour, et non plus laver ma conscience ou soigner ma culpabilité. Elle, elle est mon amie fidèle et perfide. J’aimerais parfois m’en débarrasser, mais je suis démuni sans elle. Quel serait mon moteur dans l’existence puisqu’elle alimente ma vengeance ? Et n’en ai-je pas besoin maintenant que Rae n’est plus tout à fait à mes côtés ? N’est-elle pas primordial compte tenu qu’une fois cette crise passée, je n’aurai plus le loisir d’enlacer ma complice d’hier ? Suis-je un monstre de profiter de sa détresse pour panser provisoirement les blessures de mon coeur qui la pleure et qu’elle soulage en me réclamant ? C’est lui qui prend le pas sur la raison qui, bienséante, me conseille de ne pas me gorger de cette affection renouvelé entre nous. C’est lui qui dicte mes baisers, mes caresses et le balancement d’avant en arrière de mon corps pour bercer ma dulcinée. C’est lui qui décide et moi, j’obéis. J’obéis comme un serf à présent que je l’aide à la se rhabiller, un serf devant son seigneur, car lui seul sait la noblesse de mes sentiments. Le reste serait que les miséreux du peuple : que peut bien valoir la rancoeur en comparaison à l’amour. L’effroi et le trauma de son overdose - il a fait écho à celle de ma fille de surcroît - justifie-t-il la poigne brusque et insistante de mes doigts sur ses poignets ? Non, assurément. Aussi l'ai-je conduite jusqu'à la salle de bain, pour la soigner, pour lui présenter un semblant d’excuses également. Pardonne-moi, c’est trop compliqué à formuler. C’est trop douloureux pour mon orgueil qui, en tête de mule, s'agrippe à ma déception. Elle m’a menti, Rae. Elle a triché. Elle a fait fi de ma bienveillance. Mais, qu’importe… Elle semble s’en vouloir et je m’en contente en priant pour que ça soit l’unique et la dernière fois. « N’y pense pas. Pas aujourd’hui. Pour le moment, ce n’est pas grave.» ai-je remarqué en achevant d’apaiser ses maux. « Et je sais.» Moi non plus, je n’ai pas désiré avec ardeur lui cacher des vérités, dissimuler qui j’étais ou, à une époque, ne pas lui parler de Sarah. Dans la vie, on fait ce que l’on peut, pas toujours ce que l’on veut malheureusement et, posant un dernier baiser sur son front, je ramasse le gobelet que sa main espère atteindre, je le remplis d’eau froid et je le lui tends. Je m’essaie à un sourire également. Il n’est pas bien large, mais je l’espère rassurant. Quel intérêt à ce qu’elle soit mal à l’aise tout au long du repas ? Que gagnerais-je à alourdir son angoisse puisque je souhaite la remplumer un peu, pour la reconnaître, pour qu’elle se retrouve, qu’elle se remémore la femme qu’elle était, celle qui faisait trembler les plus faibles et qui, aujourd’hui, n’hésiterait pas à lui planter un couteau dans le dos pour l’achever.
Durant le repas, j’ai déployé des trésors de verve pour la distraire. J’ai surveillé le nombre de bouchée qu’elle a avalé, comme si j’étais son père, et cette position, je l’ai abhorrée. Je n’aime pas cette impression de la priver de son indépendance. Puis, je me souviens. Je me rappelle que ce n’est pas moi qui la tient en laisse, mais la cocaïne. Au moins, la maison est vide désormais. J’ai fouillé chaque recoin, chaque poche de ses jeans et de ses vestes. J’ai sondé les placards et la console dans l’entrée lorsqu’elle l’a ouverte. J’ai déplacé son matelas et regardé sous le lit. J’ai passé au peigne fin son armoire à pharmacie et sa boîte à bijou. Je n’ai pas palpé le haut de ses placards, jugeant incongru qu’elle ait pu en coller à l’aide de papier collant et sans doute aurais-je dû. Sans doute, oui. Sauf que l’amour rend aveugle, stupide et naïf…
Sujet clôturé |
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