Je suis suivie, encore, et aujourd’hui j’ai envie d’être tranquille. Je ne peux pas faire 100 mètres sans sentir un appareil photo dans mon dos. Depuis que je suis revenue de ROA je suis encore plus médiatisée qu’avant. Ca m’arrange quand je suis avec Jack, quand on s’affiche volontairement et que je contrôle absolument tout ce qu’on peut bien montrer. C’est moi qui décide quand je suis avec lui et ça me va très bien. Et là je suis seule, j’avais envie de faire les boutiques avec les quelques sous que j’ai réussi à gagner avec des couvertures de magazines. Je sens que je vais m’en sortir, et que je peux finir par être encore plus riche que mon père. Il a voulu m’abandonner, il l’a vraiment fait et je lui en veux beaucoup. Mais, tel père tel fille, et un jour il recevra le retour de bâton.

Je me faufile entre les ruelles et finit par entrer dans un endroit que je ne connais pas. Je n’ai même pas besoin de regarder partout que je sais que je vais détester et que personne ne viendra me chercher ici. Je ne retiens pas une grimace et je m’avance pour me fondre dans la foule sans faire attention à qui je peux bien bousculer, ils n’ont qu’à faire plus attention. Je bouscule quelqu’un de bien plus grand que moi et je me retourne, prête à hurler. Mais je me retrouve face à Martin. Mes yeux s’arrondissent et je regarde une fois derrière moi avant de l’emmener dans un coin un peu plus isolé. “Qu’est ce que tu fais ici ?” Ca fait quelques jours, peut-être quelques semaines que je ne l’ai pas vu. Je penche légèrement la tête sur le côté mais continue de faire attention à qui pourrait bien me suivre. “J’étais suivie par un paparazzi et je me suis dit qu’il viendrait pas me chercher ici.” Je donne l’explication avant même qu’il ne pose la question.


@Martin Murphy

Le cheminement de nos pensées à quelque chose d'assez fou et incroyable. On observe une forme ou une couleur, on entend un son ou un mot et rapidement les pensées s'enchaînent de manière à penser à totalement autre chose à la fin. Et c'est exactement ce qui vient de se passer aujourd'hui, là maintenant, alors que je tiens une figurine de la vierge Marie en main. Elle est cassée de partout, sa porcelaine est craquelée par endroit et sa peinture s'effrite. Comme si son maquillage ne tenait plus la route. Et c'est là que mon esprit me joue des tours : Maquillage = femme (en général) mais Maquillage égal aussi 'se faire voir'. Se faire voir = aimer être au centre du monde. Aimer être au centre du monde = High society. High Society = gala. Et Gala est, logiquement, égal à Ivy. Ainsi donc je me surprend à penser à mon ancienne binôme en regardant une statuette religieuse. N'est-ce pas fortement ironique ? Ivy n'a rien d'une sainte, elle est encore moins vierge et sans doute aucunement religieuse. Et pourtant c'est son image à elle qui me vient à l'esprit, me rappelant soudainement aussi le fait que je ne l'ai plus vu depuis longtemps (et que, avouons le, elle me manque) et que j'ai tenté d'ignorer ce qu'on raconte sur elle dans les magasines people. C'est impossible qu'elle ait choisi Jack comme partenaire, non ? Il est tellement plus vieux qu'elle. Sexy et classe, certes, mais la différence d'âge est bien trop grande. Ou est-ce là ma jalousie qui parle ? Je pince les lèvres, pousse un soupire et repose la statuette à sa place avant de me détourner de l'étalage et continuer mon chemin à travers le marché vintage.

Je n'ai, pourtant, pas le temps de faire cinquante mètre que je suis victime d'une collision frontale. J'ai tout juste le reflex de reculer ma tête de façon à celle-ci ne se cogne pas contre celle de l'inconnue, avant de la reconnaître.  «Ivy … ? » soufflais-je, abasourdie. Bien trop surpris de la voir ici, je ne résiste pas lorsqu'elle m'attrape par le poignet pour me tirer derrière elle vers un endroit plus sûr. Là, a l'abris derrière une grosse armoire du 19e siècle, elle me demande ce que je fais ici.  «Je ...quoi ? » ais-je tout juste le temps de bégayer avant qu'elle n'enchaîne en disant avoir été suivie par un paparazzi et qu'il ne viendra sans doute pas ici  «A moins qu'il ne voit Jack à l'entrée hein » grognais-je en me reculant, ma rancœur se faisant bien plus entendre que ce que j'imaginais.  «C'est sûr que c'est pas un endroit où tu traîne toi en général. Mais ça ne devrait pas t'étonner plus que ça de me voir ici  » je laisse échapper un rire puis me recule d'un pas et lance un coup d'oeil vers l'entrée avant de reporter mon attention sur le jolie blonde  « comment tu vas ? Ça fait longtemps...» trop longtemps que je continue dans ma tête.

Je ne regarde personne, je ne pense qu’à moi et à ma fuite. J’ai juste envie de quelques minutes de tranquilité. Apparemment, selon les magazines, je suis possiblement enceinte de Jack et tous les paparazzis ont décidé de dire que nous étions ensemble. Et je ne m’attendais pas à croiser Martin, je ne m’attendais pas à croiser qui que ce soit que je connaisse ici. L’endroit est pitoyable et mes sourcils se froncent quand je nous emmène derrière une armoire pour nous cacher de la vue de tous. Il a l’air complètement perdu et n’oppose aucune résistance à me suivre. On est caché et je tourne enfin les yeux vers lui. Il parle de Jack et mes yeux s’arrondissent. “Quoi ?” Je n’ai pas vu Jack depuis quelques jours, c’est donc impossible qu’il soit là et, oh, est ce de la jalousie que j’entends dans sa voix ? Je souris un peu avant de m’appuyer contre l’armoire. “Qu’est ce que tu sais au juste ?” Qu’est ce qu’il a entendu pour avoir l’air aussi perturbé par la nouvelle ? Ca me plaît bien de le voir dans cet état, et je pourrais prendre un plaisir malsain à le rendre jaloux maintenant que je sais que j’ai ce pouvoir.

“Même venant de toi ça m’étonne.” Je regarde de nouveau aux alentours. “Je suis sûre que ces trucs datent d’il y a au moins mille ans.” Et moi je préfère le neuf, le luxueux et l’innovant, je ne suis pas faite pour acheter des trucs par ici. “Et ça, c’est affreux.” Je pointe la pancarte qu’il tient entre ses mains. Il a vraiment dépensé de l’argent pour acheter un truc pareil ? “Ca fait longtemps c’est vrai.” Le temps passe à une vitesse phénoménale et je me demande depuis combien de temps on a pas pris le temps de se voir un peu. Je suis trop occupée, je planifie sans cesse et passe du temps au label pour aider Jack. “Je vais bien, et toi ?” Je croise mes bras sur ma poitrine et ne lâche pas son regard. Ce qui est étonnant dans tout ça, c’est que ça me préoccupe vraiment de savoir comment il va.  

Je toise Ivy du regard lorsque celle-ci, sourcils arqués, me demande ce que je sais au juste de sa relation avec Jack. Soutenant son regard, je fronce légèrement les sourcils lorsque je remarque le petit sourire en coin qu'elle m'adresse et soupire doucement.  «Rien » secouais-je la tête  «J'suis juste tombé sur un article qui parlait de vous et du fait que vous vous soyez rapprocher et ... » je me tais, incline légèrement la tête sur le côté et relève mon regard sur Ivy  « Vous êtes ensemble ? Genre, comme le dise les ragots ou pas du tout ?» depuis le temps que je voulais lui poser la question, j'avoue que la réponse me fait un peu flipper. Et s'ils s'étaient vraiment mis ensemble tous les deux ? J'avoue que j'aurais beaucoup de mal a accepter cela. Je n'aurais pas le choix, cela va de sois, mais quand même

C'est pour cela que je décide de rebondir sur le changement de sujet instauré par la jeune femme lorsque celle-ci désigne le panneau que je tien en main. Je baisse le regard sur cedit panneau et hausse les épaules  «C'est Robin qui en voulait un comme ça » assurais-je  «Elle refait la déco de sa chambre et ...voilà. Comme on a des chats, elle m'a demandé de lui trouver un truc avec des chats ici » je regarde autour de moi puis souris doucement, reportant mon attention sur Ivy lorsque celle me dit qu'elle va bien et me retourne la même question  «ça va plutôt oui » et là est la totale vérité.  « J'ai enfin trouvé le traitement adéquat qui me fait du bien et j'ai, du coup, pu reprendre ma vie là où je l'avais arrêtée» à savoir : reprendre le boulot, retrouver le bonheur grisant des manifestations et réfléchir aux éventuels prochains road trip que je pourrais faire  « Tu raconte quoi de nouveau toi ?» demandais-je, posant le panneau sur le sol, le calant contre mes jambes et croisant les bras, le regard toujours calmement posé sur la jolie blonde.

Je ne lâche pas son regard et lui non plus. Il a vu des articles et il s’inquiète, il a vraiment l’air de se poser des questions et ça me fait toujours sourire un peu plus. Est ce qu’il est du genre jaloux Martin ? C’est un trait de caractère que je ne lui connaissais pas encore. Je penche légèrement la tête sur le côté encore une fois, je ne compte pas lui parler de ça en public. Il y a bien trop de risques et je me méfie d’absolument tout. “On parlera pas de ça ici. Chez toi ?” Finalement je ne vais peut-être pas passer mon après-midi toute seule, je ne compte pas le laisser tranquille tout de suite. Je ne sais pas s’il avait envie de me voir, mais il n’a pas l’air mécontent d’accrocher son regard au mien. Je ne sais pas si je peux lui dire tout ce qui se trame derrière cet article, toutes les manigances et l’organisation que ça cache. Je pourrais toujours jouer encore un peu, et le laisser croire qu’il se passe quelque chose de sérieux entre Jack et moi.

Il porte une pancarte affreuse et j’en profite immédiatement pour changer de sujet. C’est presque trop facile et je soupire en secouant la tête quand il me donne son excuse. “Robin ? Tu vis avec quelqu’un ?” Je ne la connais pas celle là, on ne se connait pas beaucoup à Brisbane finalement. “Elle n’a aucun goût pour la décoration.” Et j’aurais des tas d’adresses à lui donner pour que sa chambre soit magnifiquement décorée, ça me donnerait une occasion de la rencontrer. “Des projets en perspectives ?” Je suis contente de voir qu’il va bien et que le traitement a l’effet escompté. Je ne lui pose pas plus de questions sur sa maladie et sur comment il la soigne. Je balaie le sujet pour parler de choses bien plus intéressantes. “Je suis en pleine forme.” Je sors presque tous les soirs et m’amuse, peut-être un peu trop. J’apprends un peu à travailler et c’est tout ce que je fais depuis que je suis rentrée de ROA. “On s’en va ?” Je n’aime pas cet endroit et je dois rester en mouvement si je veux échapper à tous ces gens.

Je grimace légèrement à la réponse d'Ivy qui ne me convient absolument pas. Elle est beaucoup trop mystérieuse et ça m'énerve. J'aurais bien aimé qu'elle me dise directement si oui ou non il se passe quelque chose entre Jack et elle. Quitte à répondre par un simple et rapide 'oui' ou alors, au contraire, un 'non' mais je ne supporterais pas qu'elle me laisse avec cette réponse là  « On peut aller chez moi, oui» hochais-je la tête.  «Je n'habite pas très loin de toute manière  » avouais-je, avant de rebondir sur le changement de sujet instauré par la jeune femme.

 «J't'ai jamais dit que j'habitais en colocation ? » demandais-je en fronçant légèrement les sourcils, étonné, car en général c'est une des premières chose que j'avoue.  « Enfin du coup, oui, j'habite avec Robin depuis presque un an et Ariel s'est joint à nous courant avril. » expliquais-je  «Et oui, Robin a des goûts douteux, j'avoue » je laisse échapper un rire amusé et secoue doucement la tête, avant d'hausser les épaules  «Des projets j'en ai tout le temps. Mais j'ai bien envie de partir quelque part assez loin pour Noël et nouvel an cette année. Quitte à ...et ça, ça me brise le cœur de le dire, à prendre l'avion. » je grimace et me passe une main dans les cheveux  «J'avoue que j'aimerais bien retourner en Allemagne. Enfin je sais pas, on verra bien. On n'y est pas encore hein »

je souris doucement puis retourne la même question à la jolie blonde qui m'informe être en pleine forme  «C'est plaisant à entendre » elle a, effectivement, l'air de ne pas aller trop mal, bien au contraire !  « Et ouais on peut bouger. Mais ...» je regarde vers la porte  « On fait comment si celui qui te suivait avant t'attend dehors hm ?» demandais-je, malicieux  « Va falloir te trouver des truc pour te camoufler ...» et rien que l'idée de lui faire essayer des accessoires et des habits vintage me fait rire par avance  «Allez vient, j'ai une idée » et sans plus attendre, je l'attrape par la main et l'entraîne derrière moi.

Je n’ai pas répondu clairement à sa question et je n’ai pas encore décidé si j’allais lui donner une vraie réponse aujourd’hui. Mais il accepte d’aller chez lui, et, là-bas, je sais que je serai tranquille. Il n’y aura personne à ma poursuite, j’en suis certaine. “Il va falloir marcher ?” Et déjà je grogne, je n’aime toujours pas marcher dans cette ville. Je ne suis pas fan de la marche en général malgré ces semaines passées à ROA. Il me parle d’une certaine Robin et mes sourcils se froncent légèrement quand j’entends ses explications. Pourquoi on a jamais parlé de ça et de cette colocation ? Je hausse les épaules, c’est donc une colocataire qui n’a aucun goût. “J’espère que c’est pas elle qui a décoré l’appart.” Il vit aussi avec une certaine Ariel et je ris légèrement. “Et vous vous faites des tresses pendant des pyjamas partys devant les films romantiques netflix ou vous êtes plus branchés plan à trois ?” Spoiler : il n’y a aucune bonne réponse dans ces propositions. Il parle de voyager et là encore je souris un peu. “ça fait des années que je ne suis pas allée en Allemagne.” Ce n’est pas une proposition ni une invitation, juste un constat. “Si t’as pas de chance tu vas monter dans le seul avion qui va se crasher cette année.” Ce n’est pas rassurant pour lui, mais j’aimerais bien avoir l’occasion de le voir dans un avion.

On va partir, et je commence à m’avancer avant qu’il ne me retienne. Je fronce les sourcils, on est en public et je lui ai déjà dit qu’on ne pouvait pas vraiment être proche quand il y avait du monde autour de nous. “Oh…” Il n’a pas tort et je réfléchis une seconde pour trouver une idée. Je ne veux pas être la couverture du magazine de la honte parce que je traine dans ce genre d’endroit. “Me camoufler ?” Il a l’air d’avoir une idée et je le suis. Je sens que ça ne va pas vraiment me plaire. On passe discrètement à travers les stands, et on se retrouve en face d’une vieille femme qui vend des vêtements affreux. “Non non non non non....” je pourrais répéter non pendant encore des heures.

Je laisse échapper un rire lorsqu'Ivy me demande s'il va falloir marcher.  «C'est fou comment cette phrase me manquait » dis-je, amusé, alors que je ne parviens pas vraiment à dire si oui ou non elle est sérieuse quand elle dit ça. Bon, en vrai je connais la réponse et je sais qu'elle n'aime VRAIMENT pas marcher, mais peut-être a-t-elle juste dit pour faire une petite référence à ROA ?  « Mais t'inquiète pas, c'est pas loin. C'est juste à côté, en 10 minutes même pas, on y est» assurais-je et pour une fois je n'exagère en rien la chose.

Ivy évoque ensuite le panneau que je tiens en main, je lui parle de mes colocataires et tout de suite elle assume les deux extrêmes : pyjamas party ou plan à trois ?  «idiote » soufflais-je, amusé, secouant la tête  «On est plus du genre soirée peace and love sous les couleurs de la marijuana  » ce n'est pas totalement faux en fait. C'est même totalement vrai, tant ces derniers temps ces soirées se sont multipliées.  «Et pis elles sont cool Robin et Ariel. Robin est simple et facile à vivre, Ariel est un peu plus compliquée mais je m'amuse bien avec elle  » je lance un regard coin à Ivy  «C'est en rien physique hein. Il ne s'est rien passé et il ne se passera rien » l'informais-je  «Surtout Robin, je la considère comme une sœur et Ariel ...well, je ne suis même pas sûr qu'elle s'intéresse aux hommes en vrai » j'hausse les épaules puis change de sujet parlant de mon envie d'aller en Allemagne et fronce légèrement les sourcils lorsqu'Ivy m'annonce que ça fait longtemps qu'elle n'y est pas aller, elle  « T'es déjà allé en Allemagne, toi ?» demandais-je, souriant légèrement  « Où ça, exactement ?» curiosité quand tu nous tien.


Lorsqu'elle me propose ensuite de partir d'ici, je suis prit d'une furieuse envie de m'amuser un peu et, sous prétexte qu'il ne faudrait pas qu'on la reconnaisse, je l'attrape par la main et l'attire derrière moi vers un stand de fringue vintage. Bien sûr, Ivy se plaint et repête 'non' au moins 36 000 fois avant que je n'attrape un foulard et que je le lui noue autour de la tête  « Arrête de bouger !» ordonnais-je en l'empoignant par l'épaule  «Tu l'as dit toi-même que tu refusais d'être reconnu, c'est comme ça que ça fonctionne le mieux» assurais-je en me retournant pour observer les lunettes de soleil  «Ceux qui te suivent te connaissent, il savent ce que tu portes et que t'es du genre à te balader avec des fringues de luxe.» je lui tend une paire de lunettes de soleil  «Jamais ils n'imaginerons que tu serais capable de porter ça » et je lui tend un autre manteau long et large qui lui tombe jusqu'aux chevilles  « voilà. C'est ça ou tu met cette jupe» je lui montre un Ensemble jupe et chemise exposé par un mannequin à côté de l'étalage.  « Ou alors tu te fait reconnaître dans la ville et tu fais un nouveau scandale.» haussais-je les épaules. Elle n'a pas beaucoup d'options en vrai.

Je soupire avant de secouer la tête en riant légèrement. “Je peux toujours l’enregistrer sur ton téléphone comme ça tu pourras l’écouter avant d’aller dormir.” Je garde mes bras croisés autour de ma poitrine et je ne lâche pas ses yeux. Je n’ai quand même pas envie de marcher “Donc au bout de 10 minutes pile je m’arrête et je m’assois au milieu de la rue.” Il sait que je peux le faire, ce ne serait pas la première fois. Il vit donc dans une colocation, comme moi, et je ne sais pas pourquoi on a jamais parlé de tout ça. “Oh ça c’est intéressant !” Je me fiche de ses colocataires et je n’ai aucune envie de passer du temps avec elles, mais la perspective de passer une soirée à fumer dans l’appartement de Martin me plaît assez. “Donc tu vis avec une folle à chats et une fille qui aime les filles, t’aurais pu trouver mieux.” Je préfère de loin ma colocation à la sienne. “Je suis allée un peu partout dans le monde. Mais j'ai fait Berlin dont je me souvienne, après j'ai pas appris le nom de villes par coeur” J’ai fait tous les pays importants d’Europe donc bien évidemment j’ai passé du temps en Allemagne. “Je parle Allemand même.” Et plusieurs autres langues desquelles je ne me sers pas vraiment depuis que je vis ici.

On s’en va mais Martin a décidé de faire un arrêt avant d’aller chez lui. Je déteste ce que je vois sur ce stand. “Je te déteste.” Et il met un foulard sur ma tête avant de poser des lunettes de soleil affreuses devant mes yeux. “Mais c’est horrible.” Je grogne, je préférerais peut-être avoir des centaines de paparazzis à mes trousses plutôt que de porter ces horreurs. “Je vais être suivi par les fan de l’époque médiévale si je mets des trucs pareils.” Je le déteste tellement que je pourrais lui mettre une gifle devant tout le monde. “Ca ferait scandale si je t’étouffais ici avec un de ces foulard tu crois ?” Je lui lance un regard noir mais je garde le manteau sur les épaules. Ce n’est pas une mauvaise idée, c’est même le seul moyen pour qu’on puisse marcher à l’extérieur sans que personne ne me suive. Je n’ai pas le temps de gérer des rumeurs sur Martin et moi, alors je vais sûrement devoir sortir comme ça. “Je te déteste.” Et je me répète.

C'est un sourire amusé qui s'affiche sur mes lèvres lorsqu'elle me dit qu'elle pourrait enregistrer sa phrase fétiche sur mon téléphone pour que je puisse l'écouter tous les soirs avant d'aller dormir et c'est un rire qui s'échappe de ma bouche lorsqu'elle me menace qu'au bout de 10 minutes elle s'arrêtera et s'installera sur le trottoir.  « T'es mignonne» hochais-je la tête en lui tapotant la tête comme je caresserais un chien ou un chat  «Je t'abandonnerais sur place alors, t'inquiète pas » assurais-je en hochant la tête sans me départir de mon sourire. Et elle aussi elle sait que j'en suis totalement capable, ce ne sera pas la première fois.

Au final, nous en venons à parler de mes colocataires et j'avoue que la description que la jeune femme me fait de Robin et Ariel ne pourrait pas être plus adéquates. Cela dit, je n'ai pas forcément très envie de défendre mes amies maintenant et hausse simplement les épaules  «J'ai pas cherché plus en fait » avouais-je  «J'suis arrivé à Brisbane en septembre dernier et j'ai été abordé par Robin que je connaissais déjà avant. Donc ...voilà. Et j'avoue que ça me convient totalement en vrai. » La discussion dévie ensuite sur l'allemagne et les endroits qu'elle a visité sont assez banal.  « je vois» souriais-je, switchant automatiquement vers la langue germanique lorsqu'elle m'expliquer parler Allemand  «C'est marrant de rencontrer quelqu'un d'autre qui parle la même langue que moi » souriais-je à nouveau. Faut dire qu'en Australie il n'y en a pas beaucoup qui partage ce point avec moi.

C'est alors qu'Ivy me propose qu'on bouge et qu'on aille chez moi que j'ai une idée. Une merveilleuse idée fort amusante. Enfin, une qui en amusera au moins un de nous. L'entraînant derrière moi, je l'embarque vers un stand de fringue vintage. Là je décide de l'habiller de manière à la camoufler aux yeux des éventuels paparazzi. J'ignore ses insultes et des plaintes mais rigole lorsqu'elle me demande si ça ferait scandale si elle m'étouffe avec un de ces foulards.  « pas de scandale j'ai dis» dis-je en imitant sa voix lorsqu'elle me le répètait au gala.  «Oui oui, je sais » soupirais-je alors qu'elle réitère le fait de me déteste  «mais tu me détestera moins lorsque nous seront arrivé sain et sauf chez moi et que ta photo n'apparaîtra pour une fois pas dans les magasines à potins » assurais-je  «Maintenant tu vas me faire une joie de te taire et de me suivre » je file un billet à la vendeuse et pousse Ivy devant moi vers la sortie.

Mes yeux s’arrondissent quand sa main tape sur ma tête, il mériterait un coup de pied bien placé ou une gifle et il le comprend certainement à mon regard quand il récupère sa main. Je ne dois pas attirer l’attention, et c’est bien dommage. “Tu pourrais très bien déjà le faire.” Et me voilà qui lui laisse tout l’espace dont il a besoin pour s’en aller s’il en a vraiment envie. On sait tous les deux que la seule chose dont il a vraiment envie c’est que je vienne chez lui. Il récupère mon attention quand il parle allemand, je lui répond dans cette même langue que je n’ai pas pratiqué depuis quelques temps mais que je connais par coeur. “Tu me testes ?” Il pourrait essayer. “Je parle beaucoup de langues.” Mais ça, il le sait déjà.

Je déteste cette vieille femme et je déteste tous ces habits. Je n’aime pas le ton qu’emploi Martin quand il me dit que je suis mignonne, je n’aime pas qu’il veuille changer mon look qui était absolument parfait, mais je n’ai pas le temps de réagir qu’il se retrouve à me mettre des dizaines de couches de vêtements tous plus affreux les uns que les autres. Je rêve de la façon dont j’aurais pu lui tordre le bras si j’avais eu juste deux secondes de plus. Il se serait excusé et c’est moi qui l’aurait laissé sans regarder en arrière. Je boude, et je suis de mauvaise humeur. Il a tout gagné le con. Mes yeux lancent des éclairs mais il s’en fiche et il continue de jouer avec les tenues. Je le déteste, et je lui répète même si au fond son idée n’est pas mauvaise. Je suis de bien trop mauvaise humeur pour l’avouer.

“Je vais te détester jusqu’à la fin des temps” C’est à peine abusé. Je croise les bras sur ma poitrine alors qu’on avance et qu’il me passe devant lui. “Tu veux vraiment mourir en fait ?” Je fronce les sourcils, il vient vraiment de me dire de me taire ? Je vais le tuer. J’avance et me dégage de son emprise pour marcher par moi même. Je le suis de loin. Ca sera plus facile de l’éliminer quand on sera chez lui et qu’il n’y aura plus de témoins.

Si beaucoup de gens pourraient être impressionné par Ivy et sa langue bien pendue, il n'en est de rien pour moi. Elle a sans doute l'habitude de tout diriger comme ça lui chante à elle, mais j'ai décidé, depuis ROA, de ne pas lui laisser ce plaisir. Certes, il m'arrive de faire des concessions et du coup Ivy est contente d'avoir réussi à avoir le dessus, mais aujourd'hui je suis d'humeur taquine et joueuse. Alors, comme bien souvent, je lui tiens tête, la prend à son propre jeu, ose des choses que beaucoup de gens n'aurait pas oser et fini par avoir le dessus lorsqu'elle se montre au moins assez docile pour accepter de porter des habits qui sont bien loin d'être à son goût.

Elle me répète sans cesse qu'elle me déteste et qu'elle va me détester jusqu'à la fin de temps et pour toute réponse je lève les yeux au ciel  « ça vaaa» dis-je doucement, amusé  « On est en 2020, la pire année que l'être humain ait pu connaître et il nous reste 3 mois ½. Y a moyen que la 'fin des temps' arrive plus rapidement que ce que tu imagines» je lui adresse un large sourire avant d'éclater de rire lorsqu'elle me demande si je veux mourir  «Pas encore, mais je note la proposition si un jour l'idée d'un suicide me venait » lui glissais-je à l'oreille avec un clin d’œil avant de la pousser gentiment vers la sortie.

C'est un amusement sans nom pour moi, mais c'est un vrai walk of shame pour Ivy. Elle qui d'habitude marche le dos bien droit et qui a un port de tête digne de Princesse Diana, se déplace, aujourd'hui, recroquevillé sur elle-même, le regard baisser et les bras serrer autour d'elle. Elle me ferait presque pitié si je ne me délectais pas de toute cette situation. De toute manière, comme promis, nous arrivons très rapidement à destination et lorsque je referme la porte derrière, j'attrape le foulard qui cache ses cheveux et le lui retire.  «Eh voilà » déclarais-je sur un ton théâtral  «Incroyable mais vrai : la jolie Ivy Waterhouse a survécu dans des habits vintage ! » je pouffe de rire avec ma propre connerie puis attrape le manteau au vol alors que la princesse étant entrain de le balancer sur le côté

 «ça va, ces habits de sont pas perdus » assurais-je en déposant le tout avant d'attraper le poignet d'Ivy, l'attirer contre moi et l'embrasser. Ma main gauche se pose sur sa joue alors la droite exerce une légère pression dans son dos, me permettant de la maintenir quelques secondes de plus contre moi avant de la relâcher et me reculer  « Tu veux boire quelque chose ?» demandais-je sur un ton bien plus doux mettant toute moquerie de côté.

On marche dans la rue et je continue à avancer en réfléchissant à ce que je pourrais bien faire pour me venger. Mes bras restent croisés sur ma poitrine et je ne croise le regard de personne sur la route. “C’est la pire année depuis 15 minutes.” Depuis qu’il a décidé de passer cette veste affreuse sur mes épaules. “Je préfère te prendre par surprise.” Je pense qu’il me faudra un peu de temps pour savoir comment faire disparaître un corps sans laisser de traces, alors ce sera pour dans quelques jours, ou quelques semaines. Je suis toujours aussi enragée et je soupire bruyamment quand on arrive devant la porte.

On entre enfin chez lui et à la seconde même où la porte se ferme je jette le manteau dans un coin du couloir, fais pareil avec les lunettes et le foulard. “Ces habits étaient classe sur moi.” Je grogne, je continue de bouder et mes yeux s’accroche sur une bouteille d’eau qui traine sur un des meuble de l’entrée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’attrape par le poignet pour m’embrasser. Je me laisse faire et lui rend son baiser. “Je t’ai manqué à ce point là ?” Mon regard est malicieux, sans qu’il ne s’en rende compte je nous fais marcher dans l’entrée en restant collée à lui. “Pas tout de suite.” Je le fais revenir vers moi et continue notre chemin en posant mes lèvres de nouveau sur les siennes. Je souris puis glisse jusqu’à son cou avant d’attraper la bouteille d’eau dans son dos. “T’as l’air d’avoir soif toi par contre.” Et en moins de 10 secondes le contenu de la bouteille est versé sur sa tête à lui. Je pouffe de rire en voyant sa tête. “Tu l’as cherché.” Je hoche la tête, c’est une gentille vengeance, j’aurais pu faire pire ou le frapper au moment où ses lèvres se sont posées sur les miennes. Mais je préfère m’amuser, et je suis certaine que je l’ai surpris. Il est trempé, et je continue de rire en m’engouffrant rapidement dans l’appartement.

Drama queen un jour, drama queen toujours. Ivy a la foutue manie de toujours tout exagérer et de faire un plat de tout ce qui ne lui plaît pas. Si j'ai trouvé ça insupportable au début, j'ai très vite appris à m'en amusé quite à m'en servir contre elle plus tard. Elle a bien des moments de lucidité où elle se rends compte que finalement la situation n'est pas si pire, mais en général en préfère en faire tout un plat tout de suite. Du coup je décide d'ignorer ses plaintes et son caractère grognon et marche tout simplement vers mon appartement, faisant quand même attention à ce qu'elle me suive. Je retiens aussi un commentaire salace lorsqu'elle me dit qu'elle préfère me prendre par derrière avant d'entrer dans ma colocation.

Là, finalement, c'est moi qui la prend par surprise en l'attrapant par le poignet pour l'attirer contre moi et l'embrasser. Si elle m'a manqué ? Oui, avouons-le. Ce n'est, pourtant, qu'un simple sourire qui s'affiche sur mes lèvres pour toute réponse, alors qu'elle revient lier nos lèvres. Bien trop prit dans le bonheur que me procure ce baiser, j'avoue que je ne peux retenir un cris de surprise lorsqu'Ivy déverse une bouteille d'eau sur moi. Le liquide qui coule dans ma nuque, mon dos et en avant, mouillant mon t-shirt de tous les côtés, me fait frissonner et grincer des dents  «Putain.. ! » grognais-je  «Tu payes rien pour attendre ... » Ivy est déjà entrain de partir de vers le salon.  «Eh eh, pas trop vite ! »

En deux temps trois mouvements je me retrouve à nouveau à sa hauteur, me baisse légèrement et l'attrape par la taille pour la soulever comme un sac à patate sur mon épaule. J'ignore ses plaintes, maintient fermement ses jambes pour éviter de me prendre un coup. Et c'est ainsi, avec ce chargement, que je pousse la porte de ma chambre. Laissant celle-ci se refermer derrière moi, je me dirige vers mon lit king size et dépose Ivy dessus  «T'es vraiment chiante, tu sais » soufflais-je avec malice alors que je retire mon t-shirt qui me colle à la peau avant de me pencher sur la jeune femme  «T'es la pire personne au monde » susurrais-je à son oreille et, avant qu'elle ne puisse répondre quoique ce soit, je dépose mes lèvres sur les siennes, les liant en un baiser bien plus intense que le dernier. J'ai une folle envie de lui faire l'amour depuis que je l'ai croisé dans la rayons du marché vintage et j'espère qu'elle acceptera ma requête.

Je suis plutôt énervée quand on arrive chez Martin. Je soupire, je râle et surtout, j'enlève tous les vêtements affreux qu'il a pu me mettre sur le dos. Je le déteste et je veux me venger. Il a déjà oublié Martin, on a à peine eu le temps de passer la porte d'entrée qu'il se rapprochait de moi pour m'embrasser. Trop facile. Je lui demande si je lui ai tant manqué que ca, bien évidemment je lui ai manqué, et j'aurais été bien plus gentille en arrivant chez lui s'il n'avait pas décidé de me faire chier. Mais je suis joueuse et ma mauvaise humeur s'évapore alors que je reviens poser mes lèvres sur les siennes pour garder toute son attention avant qu'une bouteille d'eau entière se deverse sur son crane. Je m'éloigne alors qu'il est plein d'eau et je cherche à m'enfuir. Je le connais Martin, il pourrait bien me coller sous une douche juste pour que je sois encore plus trempée que lui. 


Il est rapide et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire je me retrouve jetée par dessus son épaule sans pouvoir me débattre. "Tu triche." Il est bien plus grand et plus fort que moi, et il ne me laisse même pas le plaisir de lui coller des centaines de coups de pied pour qu'il souffre un peu. Je me retrouve allongée sur le lit, un grand sourire vainqueur sur les lèvres. La vengeance n'aura pas attendu si longtemps finalement. Il enlève son tee shirt et je ne me gêne pas pour l'observer. "Il paraît" ce n'est pas la première fois qu'on me dit que je suis chiante, ce n'est pas la première fois que lui le dit. Je n'ai pas le temps de répondre une nouvelle fois qu'il s'empare de mes lèvres d'une manière bien plus appuyée que la première fois. Je lui rends son baiser et le pousse pour qu'il s'allonge sur le lit pour que je puisse mettre mes cuisses de chaque côté de ses jambes. J'enlève mon tee shirt et plante mon regard dans celui du brun. "Tu crois vraiment que c'est aussi facile ?" Mon regard se fait taquin de nouveau. Et je me rends compte que des gouttes d'eau venant de ses cheveux perlent sur mon front. "J'avais pas demandé à prendre une douche "