Elle qui ne savait pas lorsque ça tournerait mal, voilà que ça arrive enfin. Elle n'a pas su quoi faire, tantôt elle a ressentit de la peur, tantôt de la colère lorsque celui qu'elle veut faire tomber est venu lui faire face. Et ce n'était pas n'importe qui : un client qui était venu, un client qui de son côté, jouait un rôle pour se rapprocher. Et elle s'en veut Alice, de ne pas avoir été plus prudente, de n'y avoir vu que du feu lorsque Mitchell Strange est entrer dans sa pâtisserie une première fois en tant que client et une deuxième fois en tant que criminel venu pour l'intimider. Il lui laisse le choix, c'est ce qu'il lui a dit. Elle quitte la Ruche pour rejoindre le Club ou alors elle reste aux côtés de Lou et sera une cible. En soit, elle devait choisir entre la peste et le choléra, un choix qui en ferait réfléchir plus d'un mais pourtant, un choix qui est déjà tout fait pour elle. Plutôt mourir que de rejoindre les rangs de cet ordure. Elle qui est censée le revoir dans un moment pour lui faire part de sa réponse, elle sait d'or et déjà comment elle lui crachera son refus à la figure.
Mais malgré tout, le peur reste présente. Aujourd'hui, en rentrant de la pâtisserie, elle n'a pas arrêter de jeter des coups d’œil par dessus son épaule et la première chose qu'elle a fait en rentrant chez elle, c'est regarder par la fenêtre. Il faut qu'elle se contrôle, qu'elle se calme, raison pour laquelle elle a décidé de s'installer sur son canapé pour zapper et se changer les idées. Et elle reste comme ça pendant une bonne heure avant de se dire que le comble serait de prendre un bon bain chaud et d'enfin se débarrasser de son jean slim et de son haut rouge en dentelle légèrement décolleté recouvrant son soutient-gorge beige. Mais c'est en se levant qu'elle entend la sonnette. Elle soupire et vérifie son portable avant de se diriger vers la porte. A peine l'ouvre-t-elle qu'elle entend sa voix. « Alice. » Elle reste hébétée en le voyant là, devant elle. Et elle le voit, la regarder de haut en bas. Sa main se resserre sur la poignet et elle n'a qu'une envie, lui fermer la porte au nez en espérant que cette fois, il ne force pas le passage. Et c'est ce qu'elle commence à faire. « Me ferme pas la porte au nez. S’il te plait. J’ai juste besoin de savoir comment tu vas. » Elle s'arrête et fronce légèrement les sourcils avant de la ré ouvrir en grand et de poser son regard sur l'américain, elle remarque comme sa mâchoire se contracte. « Mitchell est venu te voir non ? » Elle n'arrive pas à retenir une certaine surprise à sa question. Est-ce pour ça qu'il est là ? Parce que son frère est venu la voir, parce que son frère l'a menacé ?
« Je peux entrer ? ».
Elle devrait lui dire non. Lui dire de partir, de dégager, de la laisser tranquille. Et pourtant, elle n'en fait rien. Elle le regarde longuement avant de reculer en laissant la porte ouverte. Merde. Elle tourne les talons et retourne dans son salon en le laissant entrer chez elle. Et lorsqu'elle l'entend fermer la porte, elle s'appuie sur le dos de son canapé en se tournant vers lui. Elle l'observe encore une fois avant d'enfin prendre la parole. "Évite de casser mon mobilier cette fois-ci." Elle l'a remplacé, la chaise qu'il avait envoyé valser ainsi que son téléphone qu'il avait détruit en le lançant violemment au sol. Elle vient croiser les bras et ses mains se posent alors aux endroits où il l'avait attraper, aux endroits où les bleus ont aujourd'hui disparu. "Et pour en revenir à ta question, oui, il est venu me voir. Tu devrais être au courant non ?" Parce qu'après tout, ils sont frères, ils doivent tout se dire. Elle se redresse Alice, laisse ses bras tomber le long de son corps avant de faire quelques pas vers l'américain sans le quitter des yeux. "Qu'est-ce que tu fais là, Alec ?" Parce qu'après ce qui s'était passé, elle ne pensait plus jamais le revoir ici, dans son appartement. Après la dernière fois, ils devraient être ennemis, ne plus se voir, se haïr. Ça serait la chose la plus logique. Mais depuis un moment, rien n'est plus logique dans la vie d'Alice.
Elle l'observe, elle le jauge, elle se demande si il y a risque qu'il s'énerve une nouvelle fois, si il y a risque que ça tourne mal. Mais non, il n'est pas en colère Alec. Enfin si, un peu. Pas contre elle non, mais contre son frère apparemment. Il n'ose pas la regarder dans les yeux non, son regard se fait fuyard. Et c'est alors qu'il sort de sa poche un téléphone portable. Alice le regarde en haussant les sourcils. « Je voulais te le donner avant. Mais je me disais que t’avais pas envie de me voir après…la dernière fois. » Elle le regarde lui puis le portable avant de lâcher un léger soupire."T'as raison, depuis la dernière fois je voulais pas te voir." Et c'est toujours le cas mais pourtant, elle l'a laissé entrer. "Mais... Merci. Ca pourra toujours me servir de téléphone de rechange, au cas où." Au cas où il ne lui casserait de nouveau son portable mais ça, elle se retient de le dire et elle se contente de prendre l'appareil et de venir le poser ensuite sur la table du salon.
Puis le sujet qui fâche refait surface. Oui, son frère est venu la voir et pas pour venir compliqué le Koui-Amann qu'il avait acheté la première fois qu'elle l'a vu. « Ca fait longtemps que mon frère ne me tient plus au courant de toutes ses décisions. » Elle s'assoit à moitié sur la table et le regarde, attentive. Et elle le croit, elle le croit parce qu'apparemment il ne le savait vraiment pas que c'était sa sœur a elle qui a été tuée. Elle le croit malgré tout, même si elle ne devrait probablement pas le faire. « Il vient seulement de m’en parler. Il ne sait pas….qu’on se connait. » Et c'est à son tour à lui, de garder des secrets, de ne rien dire à son frère. Et elle hoche légèrement la tête Alice parce qu'elle ne veut pas non plus que Mitchell sache qu'ils se connaissent, qu'ils étaient autrefois amis et qu'aujourd'hui, ils sont... Elle ne le sait même pas, ce qu'ils sont.
« Qu’est ce qu’il t’a dit ? » Voilà pourquoi il est là. Pour la questionner. Pour savoir jusqu'où était allé son frère. Il s'approche d'elle et elle ne bouge pas, elle lui répond Alice, elle lui répond en baissant le regard. "Il m'a fait comprendre que si je ne trahis pas Lou pour rejoindre le Club... Je serais l'une de ses cibles." Simple, clair, précis. "Il me donne une semaine pour réfléchir à sa... 'proposition'." Et elle se demande Alice ce qu'il dira. Peut-être qu'il lui dira d'accepter, de quitter la Ruche pour rejoindre le Club, pour le rejoindre lui, demande auquel elle répondra la même chose qu'elle compte répondre à Mitchell. « J’ai besoin de savoir si tu vas bien. Je… » Elle le regarde et fronce légèrement les sourcils en l'entendant prononcer ces mots et doucement, son regard semble s'adoucir. « Je peux pas juste te sortir de ma vie. » Elle se redresse et s'approche alors de lui. Un pas devant l'autre, elle finit par lui faire face. "Je vais bien, Alec." Son regard n'est plus froid, son regard n'est plus noir, son regard est presque empathique, elle le regarde presque comme avant et elle ose venir délicatement poser sa main sur son avant-bras. "Mais tu m'as déjà sortie de ta vie une fois, je vois pas pourquoi tu ne pourrais pas le faire une seconde fois." Parce que c'est ce qu'il devrait faire. Mais il y a une différence entre ce qu'il devrait faire et ce qu'il veut faire, elle l'a connait cette différence, la présence de l'américain dans son salon après tout ce qu'il s'est passé en est la preuve.
Elle le voit, sa mâchoire qui se contracte, ses poings qui se ferment, son regard qui s'assombrit lorsqu'elle lui dit ce que son cher frère lui a proposé et elle se retient de s'éloigner parce qu'il était aussi comme ça la dernière fois. « Je le laisserais pas te faire de mal. » Ca sonne comme une promesse, il promet de la protéger contre son propre frère, il promet de défier tout ceux qui essaierait de lui faire du mal, qu'ils fassent partis de la Ruche ou du Club. Il lui fait une promesse, promesse qui, en l'entendant, ont comme un effet de papillon dans son estomac. Parce que malgré tout, ils n'y arrivent pas, à oublié le passé, le moment où ils étaient amis, où ils étaient ensemble en train de discuté, de rire, de cuisiner.
Et pour la première fois depuis des mois, elle le regarde d'un autre façon. Son regard est doux lorsqu'elle pose sa main sur son bras, geste qui semble surprendre l'américain, lui qui pense certainement qu'elle le hait plus que tout. Il sourit, tristement, et il la surprend à son tour en attrapant sa main dans la sienne. La différence de taille est flagrante, une main frêle dans une main de géant. Ils se regardent dans les yeux. Il est beau Alec, il le sait. Et cette situation lui fait penser à la première fois qu'ils se sont rencontrés, à la façon dont Alec avait essayé de la charmer, de la séduire. Ils étaient comme ça, face à face, les yeux dans les yeux, la main dans la sienne pendant qu'il lui murmurait des mots doux en s'attendant à ce qu'elle craque, chose qu'elle n'a pas fait parce qu'à cette époque, elle était déjà prise et elle est fidèle Alice. « Pourquoi tu crois que je suis parti Alice ? Pour te protéger de cette vie là. J’connais le chemin, c’est le même à chaque fois. Si je me rapproche de quelqu’un hors du Club. Il y a deux options possibles. J’finis par mentir sur tout, sur ce que je fais, sur qui je suis, sur d’où je viens. Ou je dis la vérité et la personne part, ou est mise en danger à cause de ce que je fais. » Elle fronce légèrement ses sourcils en l'écoutant attentivement, elle remarque son expression, son air fatigué. « Avec toi j’ai préféré partir, avant de commencer à mentir sur toute la ligne. C’était plus simple comme ça. » Et le voilà qui s'éloigne, qui recule. « Tu verras ces deux vies là elles ne sont pas si faciles à combiner. »
Il a raison, elle le sait. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne commence à galérer pour gérer ces deux vies. Elle regarde alors le sol le temps de quelques secondes, ses deux mains se joignent et elle soupire. "Plus rien n'est facile, depuis longtemps." sa voix à elle aussi semble fatiguée. Elle regarde autour d'elle et son regard s'arrête sur la cuisine. "Tu te souviens quand on cuisinait ensemble ? Cette fois où une préparation de gâteau s'est transformé en bataille de farine ?" Voilà la nostalgie qui frappe. Ils en ont passés des bons moments ensemble, lorsque tout était plus simple. Son regard se repose ensuite sur l'américain et sa bienveillance prend le dessus. Elle cherche toujours à comprendre les autres Alice, à essayer de voir le meilleur chez les gens, aussi mauvais qu'ils puissent paraître. "Ca ne sert plus à rien, de mentir." Et elle s'approche de quelques pas. "Et je ne risque pas de partir..." Un léger ricanement échappe de ses lèvres légèrement pulpeuses. "Puis j'suis déjà en danger à cause de mes décisions." Elle plonge son regard dans le siens. "Alors autant dire la vérité, tu penses pas ?" Un léger sourire apparaît au coin de ses lèvres avant qu'elle ne tourne les talons et se dirige vers la cuisine puis, se retourne pour regarder l'américain, l'invitant dans la cuisine d'un geste de la main. "Une discussion à cœur ouvert en cuisinant, ça te tentes ?"Comme au bon vieux temps.
« Oui je m’en souviens…ta cuisine était dans un sale état. Et si je me souviens bien j’ai gagné parce que tu étais recouverte de farine de la tête au pied. » Elle lâche un léger rire Alice. C'est vrai que sa cuisine était sans dessus dessous, qu'il y avait de la farine partout. Et il est vrai qu'elle était celle la plus recouverte de farine. Elle lui avait même dit qu'elle aurait sa revanche. Mais cela c'est passé il y a des années maintenant. Ils s'en souviennent pourtant très bien, parce qu'au fond, ils comptent encore l'un pour l'autre.
Elle lui propose qu'ils cuisinent, comme au bon vieux temps et elle le remarque, qu'il hésite avant d'accepter d'un simple hochement de tête. Il la rejoint dans la cuisine et elle se dirige vers le réfrigérateur. « C’était quoi déjà le nom de ce gâteau que t’adorais ? On pourrait cuisiner celui-là ? » Elle le regarde et sourit légèrement. "Va pour un gâteau marbré alors." Elle ouvre le frigo et commence alors à sortir les ingrédients pendant qu'Alec se lave les mains : beurre, œufs et lait. Elle se retourne et remarque alors qu'il regardait une photo accrochée à l'un des murs, une photo d'elle et Blanche s'enlaçant, toutes souriantes. Mais elle ne dit rien, c'est mieux qu'elle ne dise rien. Elle se contente de donner les ingrédients au cuisinier pour qu'il les pose sur l'un des plans de travail avant d'ensuite ouvrir l'un de ses placards pour en sortir la farine, le sucre vanillé, la levure et une plaquette de chocolat. « Tu sais il a pas toujours été comme ça Mitchell. » Elle s'arrête de bouger en l'entendant prononcer le nom de son frère et se tourne alors doucement vers lui, les bras chargés. Elle s'approche alors pour qu'il l'aide à se débarrasser des ingrédients pour les poser sur le plan de travail et à son tour, elle se lave les mains. « Tu veux la vérité Alice ? » Elle se tourne vers lui en secouant ses mains et croise son regard. Elle attend qu'il reprenne. « Mon prénom, le premier qu’on m’a donné, c’était Finnegan. Mais Finnegan je crois qu’il est mort il y a longtemps maintenant. » Elle reste silencieuse un instant, le temps d'ouvrir l'un des placards en hauteur et d'attraper un grand bol.
"Finnegan." dit-elle en posant le bol près des ingrédients. Elle attrape aussi un tablier qu'elle enfile rapidement puis ouvre un tiroir et en sort un autre, légèrement plus grand que le sien mais sûrement aussi trop petit pour lui. "J'avoue qu'Alec, ça te va un peu mieux j'trouve." dit-elle en lui accordant un léger sourire tout en lui tendant le tablier. "Mais pourquoi tu as changé de prénom ?" Elle est curieuse parce qu'il aurait très bien pu garder son nom, à moins qu'il ait cherché à fuir quelque chose, ou quelqu'un. D'un côté elle ne veut pas y penser mais d'un autre, elle a envie de savoir. Et en attendant une réponse, elle découpe un gros morceau de beurre et le met dans le bol avant d'ensuite ajouter le sucre pour enfin venir travailler le beurre et le sucre avec ses mains "Tu peux attraper un bol et y casser trois œufs s'il te plais ?" demande-t-elle entre temps, venant poser son regard sur lui, regard qui se perd d'abord sur sa musculature avant de finir sur les traits de son visage. Elle avait oublié à qu’elle point il les porte bien les tabliers, même lorsqu'ils sont trop petits. “En séparant le jaune et le blanc mais Master Chef Strange le sait déjà hein ?” Et elle lui offre un petit sourire taquin avant de porter son regard sur ce qu’elle est en train de faire. Et bizarrement, elle se sent bien. Bizarrement, l’ambiance est presque comme avant. Presque. Parce qu’elle ne pourra jamais être la même. @Alec Strange
“C’est ma mère qui l’a choisie, elle aimait les prénoms longs. Personne ne m'a jamais appelé Finnegan de toute façon. C’était Finn. Et personne ne m'a appelé Finn depuis au moins quinze ans. A part Mitch parfois. Et encore. ” C’est la première fois depuis qu’ils se connaissent qu’il parle de sa mère. La première qu’il s'ouvre en quelques phrases. Et bien évidemment, elle lui pose LA question. Pourquoi avoir changé de prénom. Et ile ne répond pas directement Alec, elle s’en doutait alors elle détend l’atmosphère en lui demandant de s’occuper des œufs et pour le taquiner au passage. “C’est qu’on me donne des cours de cuisine maintenant ?” Sans vergogne, elle acquiesce, toujours avec le même sourire tout en continuant à travailler le beurre et le sucre. Elle jette quelques coups d'œil vers lui en l’entendant casser les œufs et ses gestes ralentissent lorsqu’il lui donne enfin une réponse. “ Pour pas qu’on nous retrouve facilement ” Elle fronce légèrement les sourcils, pour pas les retrouver facilement. Qui voulait le retrouver ? C’est la question qui lui vient à l’esprit, question qu’elle décide de ne pas poser. “T’as eu une famille heureuse non Alice ? Des parents aimants, une maison pleine de rire et d’amour ?” Elle n’a pas besoin de lui répondre, il connaît la réponse. Oui elle a eu - et a toujours - des parents aimants qui ont toujours veillé au bien de leurs enfants. Oui, il y avait des rires et des sourires lors des dîners et lorsqu’ils allaient au bowling une fois par mois. Elle a eu une enfance heureuse, elle avait une famille soudée, jusqu’à la disparition de Blanche. Sa mort à tout chamboulé, Alice s’est engueulée à plusieurs reprises avec ses parents parce que ces derniers pensaient qu’elle ferait mieux de revenir vivre en France. Ils ont dû apprendre à surmonter cette épreuve. Ses parents y arrivent mieux qu’elle, pour sûr. “Mitch et moi on a grandi dans un appart miteux à Las Vegas. On était des moins que rien. Le genre de poussière que t'écrase sur ton chemin. Le genre de poussière que notre paternel aimait bien écraser.” Ses mains s’arrêtent de pétrir et doucement, elle vient s’essuyer les mains sur un chiffon tout en le regardant. Il lui tend son bras et elle écarquille les yeux en y remarquant les traces blanches. Elle n’y avait jamais vraiment fait attention avant. “Mitch m’a protégé du plus gros, comme mes sœurs. Ma mère, on était trop jeune pour la protéger de quoique ce soit. C’est lui qui l’a trouvée, veines ouvertes dans la cuisine. Il avait dix ans, j’en avais sept.” Elle ne peut s’empêcher de se sentir mal pour lui, son regard se fait plus triste et doucement, elle s’approche, regarde les traces de plus près avant de venir en toucher quelques unes du bout des doigts et d’ensuite les caresser pendant quelques secondes avant de venir plonger son regard dans celui de l’américain. Lui a tourné la page sur tout ça, il n’y a pas une once de peine, de colère dans son regard. Et c’est lorsqu’il hausse les épaules qu’elle se recule légèrement sans le quitter des yeux, toujours attentive. “C’était facile de tomber dans l’illégalité, c’était la solution à tous nos problèmes. Mitch est tombé amoureux de Mavis, elle l’a entraînée là dedans. Et moi mon frère m’a fait suivre avec. On était jeunes, on avait rien, on voulait tout. Le monde à nos pieds, les rêves réalisés, la fin de la misère..” Elle a du mal à avaler sa salive sur le coup, son empathie ne faisant qu’augmenter sa peine pour la dure vie qu’il a vécu. Elle se retourne et attrape à fouet afin de pouvoir battre les blancs en neige. Mais il ne bouge pas sur le coup, trop occupé à regarder une nouvelle fois la photo des deux sœurs Tirel. “ Et je suppose que quelque part sur le chemin, on a tous les deux changé.” Elle le regarde, la bouche légèrement pincée. Elle ne sait pas vraiment quoi dire. Il mérite mieux Alec, il méritait mieux.
“T’aurais quelque chose à boire ? De fort ?” Et il rit, un rire bien plus léger que le précédent. Alice, elle lui sourit et regarde autour d’elle. “Il me semble qu’il me reste du Rhum quelque part.. Dans ce placard je crois.” Dit-elle en pointant le placard en question. “ Y’a des verres propres dans le lave-vaisselle." Il peut aussi directement boire à la bouteille si il le veut, elle s’en fiche. De son côté, fouet à la main, elle attrape le bol contenant les blancs d'œufs et commence alors à les battre en neige. “Je sais que ce que je vais dire ne va servir à rien…” Dit-elle en gardant les yeux rivés sur le bol. “Mais je suis désolée…” Désolée qu’il n’ait pas eu une vie facile, désolée qu’il ait vécu toutes ces horreurs, désolée que son frère l’ait entraîné avec lui sur le mauvais chemin. Elle jette un coup d'œil vers lui avant de lâcher un soupir. “Malgré tout, au fond, t’es pas une mauvaise personne.” Malgré ses activités illégales, malgré la violence qu’il est capable de montrer et la colère qu’il est incapable de gérer. “Je…” Elle se racle la gorge avant de le regarder en souriant. “Tu peux ajouter le lait, la levure et la farine dans le beurre ?” Elle se retient d’être trop émotionnelle, se concentre sur la préparation du gâteau. Dans d’autres circonstances, peut-être même aura-t-elle involontairement lâché quelques larmes en entendant son histoire.
Elle lâche un léger merci en voyant qu’il lui a servi un verre à elle aussi. Elle n’est pas du genre à boire de l’alcool fort comme ça, le Rhum était là pour les fois où l’envie d’un cocktail se fait ressentir. Elle sait d’ores et déjà qu’elle lâchera une grimace à la première gorgée alors que lui vide son verre d’une traite. Mais elle laisse son verre de côté pour le moment, bien trop occupée à battre les blancs d’œufs en neige, raison pour laquelle elle ne le voit pas approcher. Alors qu’elle vient apporter son index dans sa bouche pour goûter les blancs, elle sent alors les deux mains géantes de l’américain se poser sur ses bras et la tourner vers lui. Surprise sur le coup, elle le regarde dans les yeux, le bout de son doigt toujours dans la bouche avant de l’enlever, confuse. Son touché est beaucoup plus doux que la dernière fois, ses mains se tiennent exactement là où se trouvaient les bleus qu’il avait laissé lors de leur dernière rencontre. Son regard, son visage est d’une froideur alors que ses gestes sont doux. “Te méprend pas Alice. Je suis pas une bonne personne. Mon frère est pas le seul à avoir du sang sur les mains. Il a peut-être proposé l’idée, mais j’ai été très content de rejoindre le Club, d’écraser la concurrence sur notre chemin, d’amasser une belle petite fortune grâce à nos dealers et prostituées pour ouvrir un restaurant, avoir une vie plus que confortable. ” Elle le regarde dans les yeux en l’écoutant. Elle a beau savoir qui il est réellement désormais, elle a beau savoir que comme son frère, il est un criminel, elle a du mal à se l’admette à elle même. Elle ne le voit pas faire de mauvaises choses, prendre part à des activités pouvant détruire la vie de certaines personnes comme elles peuvent détruire la sienne. Et en l’écoutant, à la manière dont il la regarde en prononçant ces phrases, elle pourrait avoir peur de lui. Mais son regard s'adoucit soudainement et voilà qu’un tendre geste, il vient remettre l’une de ses mèches brunes derrière son oreille. Et Alice, elle ne le quitte pas des yeux. “Mais ça veut pas dire que...je te ferais du mal. Ca veut pas dire que parfois...parfois je regrette d’avoir choisi cette vie là.” Elle a envie de l’enlacer, là, maintenant. De lui dire qu’elle aussi, au fond, elle regrette qu’ils en soient arrivés là, qu’elle aussi, elle ne veut pas qu’il lui arrive quelque chose, qu’elle n’a pas envie de lui faire du mal alors que pourtant, leurs positions dans deux gangs rivaux semble mettre à mal une promesse de ce genre. Mais elle se retient, de toute ses forces tandis que lui, son regard devient plus triste, plus vulnérable et il s’éloigne, ses mains se retirent de ses bras et il se retourne pour faire ce qu’elle lui a demandé quelques minutes auparavant. “Mais ça veut pas dire non plus que je le protégerais pas. Parce que mon frère Alice, mon frère je lui dois beaucoup peu importe l’homme qu’il est en train de devenir.”
Elle n’a pas bougé Alice, elle continue de le regarder, une main venant se poser sur sa proche hanche alors qu’elle baisse la tête et regarde le sol pendant un moment. Un soupire s’échappe de sa bouche et c’est à son tour de s’approcher de lui. Doucement, sa main vient se poser sur son dos. “Ta loyauté est admirable Alec. Je trouve ça beau ce que tu es capable de faire pour ton frère. La famille avant tout, pas vrai ?” La famille avant tout, bien qu’elle n’est plus de famille à mettre avant quelque chose depuis maintenant deux ans. “Mais il faut aussi que tu fasses attention. Une loyauté aveugle peut faire bien plus de dégâts que de bien.” Parce qu’il faut aussi qu’il reste loyal envers ses propres règles, envers sa propre morale. Et elle se doute qu’il les sacrifie depuis longtemps pour le bien de son frère alors qu’il ne le devrait peut-être pas. Sa main vient alors caresser son dos en cercle. “Tu es peut-être aussi mauvais que tu le dis. Mais j’insiste, tu es aussi quelqu’un de bien. Si tu ne l’étais pas…” Elle enlève sa main et vient alors attraper le sachet de farine pour l’ouvrir histoire qu’il n’ait pas à le faire. “Tu ne serais pas ici, à venir voir comment je vais.” déclare-t-elle. “Tu ne m’aurais jamais dis que tu me protégera.” Elle s’appuie alors sur le plan de travail à l’aide de son coude tout en le regardant. “Il y a du bon en toi, tu refuses juste de le voir.” Elle lui offre alors un sourire pleins de bonté et de sincérité avant de se retourner vers le bol où se trouve les blancs soigneusement battus en neige pour le rapprocher du bol dont Alec s’occupe. “Mais moi, je le vois.” Une fois à côté de lui, elle vient alors lui donner un léger coup de hanche tout en souriant. Alec est fait d’ombre et de lumière mais lui, il ne choisit que de voir l’ombre alors que la lumière essaie de briller.
« Elle est pas aveugle ma loyauté Alice. Je sais ce que j’ai perdu et je sais ce que je vais perdre. » Elle se retient de lui demander ce qu’il a déjà perdu et ce qu’il pense qu’il va perdre dans le futur. Il est loin d’avoir eu une vie facile et tout ça à cause des décisions de son frère et de son devoir à lui de protéger sa famille. Il est même préférable qu’elle ne pose pas de question alors qu’elle a réussi à rendre l’atmosphère un peu plus légère en lui disant qu’il a du bon en lui. Même qu’enfin, elle réussit à lui arracher un sourire, un vrai cette fois. Elle essaie d’être sincère et l’est en disant qu’il y a du bon en lui, du bon comme du mauvais. Parce que malgré tout, jamais elle ne pourra oublier le Alec en colère et violent qu’elle a eu en face d’elle. « Ca c’est parce que tu vois le bien en tout le monde Alice.» Il n’a pas tord sur ce point. C’est ce qu’elle fait à chaque fois Alice, regarder le bon côté des choses, le bon côté des gens. Pour elle le bien le remporte sur le mal même si ce n’est pas toujours le cas. Elle lâche un léger rire à sa phrase, se tournant et ne voyant pas alors le regard du l’américain devenir malicieux. “Seulement en ceux qui en valent la peine selon moi.” Et pour elle, il en vaut la peine Alec, même si il pense le contraire.
Alors qu’elle se retourne vers lui, elle est surprise par de la farine jetée à son visage. Elle lâche un léger cri et ferme les yeux avant qu’elle ne grimace à cause de la farine ayant atterri dans sa bouche. « Tu vois je suis sûre que tu ne t’attendais pas ça. » Elle ouvre le yeux pour le voir proche d’elle, en face à face. Son doigt se pose sur son nez et en suit la ligne. Elle le regarde dans les yeux et fronce alors le nez alors que lui a l’air bien fière de son lancé de farine. « T’as un peu de farine là, j’dis ça j’dis rien, mais pour une pâtissière c’est pas du travail de pro. » Elle ricane Alice, elle rit avant d’attraper son poignet pour enlever sa main. “Ce qui n’est pas pro c’est de gâcher de la farine alors qu’on est censé cuisiner.” Alors elle attrape le sachet de farine et l’approche de son bol comme pour en ajouter. Elle regarde l’intérieur du sachet et soupire, l’attrape pour venir en verser dans le bol. “Mais t’inquiètes pas… Tu ne perds rien pour attendre.” murmure-t-elle. Et au lieu de verser de la farine dans le bol, elle se tourne soudainement vers lui et secoue le sachet de manière à l' asperger. Une fois qu’elle a fini, elle le regarde et éclate de rire en voyant l’américain avec le visage et une partie de ses cheveux recouvert de farine. Sa chemise aussi en a fait les frais. Elle l’imite alors on venant poser son doigt sur son nez comme il l’avait fait pour elle. “J’crois que toi aussi t’en a un peu sur le visage.” Elle insiste sur le “un peu” tout en le regardant dans les yeux. Et elle le reconnaît, ce regard et elle sait que c’est le moment pour elle de partir en courant avant qu’il ne se mette à lui vider le reste de la farine sur la tête. Elle tourne alors les talons et se rue de l’autre côté des deux plans de travail sur lesquels ils cuisinaient, elle feinte ensuite un départ vers la droite alors qu’elle se retourne pour fuir vers le salon. “Tu salis, tu nettoies !” prononce-t-elle en rigolant tout en continuant de fuir comme elle le peut, se réfugiant à l’autre bout du canapé sur lequel Sumo est assis, regardant sa maîtresse comme s' il ne comprenait pas ce qu’il se passait.. Les voilà qui agissent comme des enfants, les voilà qui agissent comme avant, comme les deux amis qu’ils étaient. Et c’est à ce moment qu’elle s’en rend compte, à quel point il lui avait vraiment manqué.