“All the ladies of the canyon wearing black to the house parties. Crosby, Stills and Nash is playing, wine is flowing with Bacardi”

Lucy et Lena ne sont même pas encore nées, et je suis déjà très fatigué. Parce que justement, leur naissance se rapproche à grands pas et je ne me sens pas prêt et surtout j’ai peur. J’ai peur que l’on ait oublié des choses pour les filles, peur de ne pas être à la hauteur aussi. Parce que deux enfants d’un coup, c’est beaucoup et les choses n’étaient pas prévues comme ça. De toute façon, aucun de nous n’avait prévu d’avoir des enfants cette année bien que cette nouvelle m’ait rendu fou de joie, je n’étais pas sûr qu’Alex soit aussi contente que moi d’apprendre qu’elle était enceinte. Parce que la première fois c’est justement une grossesse qui nous a séparée alors que cette fois elle n’a fait que renforcer notre lien et mon amour pour elle. Mais aujourd’hui je suis heureux et je pense que c’est le principal, non ? Parce que je ne l’ai pas toujours été. Il y a trois ans voire même deux ans, le bonheur était si loin. Il me semblait même complètement inaccessible. Je ne pensais plus y avoir droit et je n’en voulais plus de toute façon. Pour moi, pouvoir apprécier de nouveau la vie était impossible sans Victoria à mes côtés. Et ça l’a été pendant quelques mois, je pense même pouvoir dire plus d’un an. Je n’étais pas de la meilleure compagnie, surtout l’année de sa mort. Je m’en voulais – je m’en veux toujours –, je ne sortais plus de chez moi – sauf pour aller travailler. –  Cette période reste de loin la plus difficile de ma vie. Devoir faire le deuil de la personne qu’on aime, je ne le souhaite à personne. Mais aujourd’hui je vais mieux. Beaucoup mieux. Je suis heureux et de nouveau amoureux et je peux vous assurer que ce n’était clairement pas gagné. Alors que tout le monde me suggérait de sortir pour rencontrer du monde – pour rencontrer des femmes, je pense que c’est surtout à ça qu’ils pensaient mais n’osaient pas vraiment me le dire – moi je m’enfonçais de plus en plus refusant une quelconque nouvelle rencontre avec qui que ce soit.  

Il y a deux ans, on m’avait proposé de m’occuper du buffet d’une soirée de charité. Les propositions de ce genre ne sont pas rares et bien souvent j’accepte sans trop y réfléchir sauf que cette fois, j’ai bien failli refuser. À l’époque, j’avais presque perdu toute motivation pour cuisiner. De toute façon j’avais perdu la motivation pour absolument tout. Au final, j’ai accepté et aujourd’hui je ne le regrette pas. Parce que j’ai fait la connaissance d’Heather, une actrice que je connaissais plus ou moins sans vraiment la connaître. Je l’avais déjà aperçu dans un film ou une série. Enfin, ce n’est pas ça le plus important. Mais ce soir-là elle m’a complimenté sur le buffet. Chose assez banale, vous devez vous dire mais pour moi ça ne l’a pas été du tout. Parce que ses simples mots, ses simples petits compliments m’ont fait un bien fou et m’ont plus ou moins redonnés goût et la motivation pour la cuisine. Cet amour pour l’Interlude et pour la cuisine était toujours là mais je pense que j’avais besoin d’un petit déclic, et mon déclic a été Heather Harris et ces quelques mots échangés sur le buffet que j’avais pu proposer ce soir-là. On s’est revus une deuxième fois et contre toute attente, Heather, moi, je l’aime plutôt bien. Je pense qu’à l’époque j’avais besoin de sa franchise et de son honnêteté – bien que je la trouve un peu trop dure par moment – On n’a pas grand-chose en commun, nos caractères sont considérablement opposés l’un de l’autre et pourtant. Je ne dirais pas qu’elle est une amie très proche mais j’aime beaucoup passer du temps en sa compagnie. Sa manière de voir les choses n’est pas la même que la mienne et je pense que c’est ce qui rend nos conversations plutôt intéressantes voire même amusantes. Raison pour laquelle on se retrouve tous les deux un mardi à quatorze heures sur l’une des tables vides de l’Interlude. Le service de midi est fini et je lui avais proposé de passer à cette heure-ci pour que l’on puisse manger ensemble. « Il me reste un peu de foie gras si tu veux commencer par une entrée. » Et j’espère qu’elle compte accepter, parce que moi, j’ai servi je ne sais combien d’assiettes de foie gras ce midi et je dois bien avouer que ça m’a plutôt donné envie. « Je suis sûr qu’avec du foie gras je pourrais te faire apprécier le vin. Du moins un type de vin.» Je m’avance un peu vite, mais si elle venait à boire un verre de rouge grand cru en accompagnant son assiette de foie gras, je pense vraiment que je pourrais lui faire changer d’avis. Oui, parce qu’elle n’aime pas le vin. Mais je ne m’avoue pas vaincu et mon objectif de la journée ; faire apprécier à Heather au moins un type de vin. C’est faisable, non ?

nightgaunt

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Recevoir des amis à l’Interlude une fois le service terminé n’est pas chose rare pour moi. C’est un moment privilégie que j’aime passer avec eux, et après la pression de chaque service franchement, ça fait un bien fou. Et puis d'autant qu'avec Heather c’est toujours quelque chose d’intéressant : on est tellement différents l’un de l’autre. Dans sa franchise elle pourrait me faire penser à Victoria de temps en temps. Ou bien à Birdie même si là, pour le coup c’est beaucoup moins plaisant. Je ne préfère pas penser à elle. Parce que la dernière fois qu’elle a mis les pieds dans ce restaurant c’était finalement il y a peu de temps et je me serais bien passé de sa visite. Préférant largement me concentrer sur la fin de la soirée à venir je la chasse de mes pensées alors que je termine de nettoyer le plan de travail de la cuisine. Le service est terminé, la salle s’est vidée et restera vide jusqu’à demain et je peux d’autant plus profiter de la soirée sachant que demain je passerai la journée chez moi à me reposer. Ou bien à préparer la naissance des jumelles qui ne devraient pas trop tarder. Elle sourit, Heather, quand je la vois arriver et son sourire est communicatif puisque mes lèvres s’étirent un peu également. S’il faut bien savoir quelque chose sur elle, c’est qu’elle n’aime pas le vin. Le jour où j’ai appris ça j’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre. Parce que j’étais presque sûr qu’avec elle j’allais pouvoir discuter de vin et partager de très bons repas accompagnés de cet alcool que j’aime tout particulièrement.  « C’est quoi le planning culinaire du jour ? Je t’avoue que ça me tente plus que le vin. Tu vas piquer une crise avec moi. Déjà je ne vois pas la différence entre les différentes couleurs et puis le jour où j’ai vu que certain pouvait avoir un gout de pipi chat dans les « bons ». Je n’ai plus cherché a essayé de les apprécier. Mais si tu y arrives franchement, je te paye la bouteille de ton vin préféré. » Ne pas aimer le vin c’est une chose, mais ne pas sentir la différence entre un vin rouge et un vin blanc, par exemple, c’en est une autre. Le goût n’est pas le même. Pas du tout et quand elle compare le vin à du pipi du chat, je grimace. Parce que ça fait mal. C’est en secouant la tête de droite à gauche que je lui réponds. « Du pipi de chat ? » Je répète, un peu comme pour m’assurer d’avoir bien entendu cette comparaison assez osée. « Tu ne sais vraiment pas apprécier les bonnes choses. » Ou bien elle n’est jamais tombée sur quelqu’un qui a su lui faire goûter les bons vins capables de la faire apprécier ce breuvage. Je veux bien accepter ce défi, je m’y connais plutôt bien et je sais quel vin servir avec chacun des plats présents sur ma carte pour le mettre en valeur et donner ce petit truc en plus pour rendre le repas carrément parfait. Je lui tire une chaise vide pour lui indiquer d’y prendre place. « J’ai du foie gras pour l’entrée. Pour le plat principal il me reste de la bouillabaisse, des escargots au beurre persillé, de la blanquette de veau et un steak tartare. » Et si moi je sais déjà ce qui me tente le plus, je la laisse bien évidemment choisir en première le plat qu’elle va vouloir manger. Honneur aux femmes et surtout, moi ce sont des plats que je mange assez régulièrement, ce qui n’est pas forcément son cas. « Et pour le dessert, de la tarte au citron meringuée, des Profiteroles, un fondant au chocolat et une crème brûlée. » Elle en a du choix, au moins. Elle ne pourra pas s’en plaindre et après cette brève présentation de ce qu’elle va pouvoir déguster ce soir je la laisse y réfléchir en m’éclipsant un instant en cuisine pour nous chercher nos deux assiettes de foie gras. C’est sûrement l’une des choses que je préfère manger, le foie gras. Même si les conditions de fabrications laissent clairement à désirer j’arrive à y faire abstraction tant ce plat est délicieux. « J’ai un nouveau fournisseur pour le foie gras depuis quelques semaines, tu me diras ce que tu en penses. » S’il est meilleur ou si l’ancien était mieux, je compte sur elle puisque je sais qu’il s’agit également de quelque chose qu’elle aime particulièrement manger. Ses yeux brillaient tout à l’heure quand je lui ai parlé de ce qui l’attendait pour l’entrée.

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Quand j’aime quelque chose je ne fais pas les choses à moitié, je suis un passionné et je me donne à deux cent pour cent et le résultat avec l’Interlude le prouve. Ouvrir mon propre restaurant, c’est mon rêve depuis toujours. Dès que j’ai commencé à cuisiner j’ai affirmé à mes parents que plus tard, je serai patron de mon restaurant et le chef cuisiner de celui-ci. J’ai toujours eu beaucoup d’ambition et pour en arriver là il en faut absolument. Je pars de rien, mes parents ne sont pas riches bien au contraire. J’ai été élevé dans une ferme que mon père a rénové de ses propres mains, j’ai dû trouver un petit job d’étudiant pendant mes études pour les financer, et j’ai longtemps partagé la même chambre que ma petite sœur. Je viens d’un milieu modeste, plus que modeste même et mon restaurant c’est ma réussite. Ma fierté personnelle. Parce que j’en ai longtemps rêvé et si on regarde d’où je viens, les chances n’étaient pas forcément de mon côté. Pas beaucoup d’argent certes, mais mes parents qui m’ont inculqué les meilleures valeurs qui soient : la générosité, la gentillesse et le partage. Ce restaurant c’est certes, le rêve de toute une vie mais aussi un investissement risqué mais qui a fini par payer. Alors oui, j’y passe beaucoup de temps, j’y mets toute mon énergie mais je ne pense pas qu’on puisse réellement me le reprocher. L’Interlude, c’est mon premier bébé. « Je t’assure, j’ai fait un cours d’œnologie dans un vignoble et ils m’avaient expliqué ça, alors je suis désolée mais du jus de raisin au pipi, si je peux m’en passer je le fais. Par contre si tu me parles d’un bon rhum, là on peut discuter et je peux même te conseiller. » Du jus de raisin au pipi. Du jus de raisin au pipi. Ça fait mal. Je grimace. Mais j’aime sa franchise. C’est d’ailleurs sûrement une des raisons pour lesquelles Heather fait partie des personnes que je vais contacter si j’ai une nouvelle recette à faire tester avant de l’ajouter à la carte. Elle est franche, directe, elle me dira ce qu’elle pense. « J’aime pas trop le rhum… En fait, je suis franchement pas un amateur des alcool forts. » J’aime bien le whisky, mais ce n’est pas vraiment une boisson que je consomme régulièrement bien au contraire. Je préfère de loin un verre de vin plutôt qu’une bière, du rhum, de la vodka ou même du whisky.  « Si je n’aimais pas les bonnes choses, je ne serais jamais revenue manger ici. A moins que tu considères que ton restau n’en fait pas partit ? » Là, elle marque un point. Je souris, amusé par sa répartie et je ne peux pas la reprendre là-dessus. Ma cuisine n’est pas mauvaise j’en suis conscient. Je sais très bien que je suis loin d’être le meilleur par contre, pour moi une grande partie de mes confrères sont bien plus doués que moi. Mais ayant récemment gagné une première étoile pour l’Interlude je suis forcé de constater que mes plats semblent plaire. Le restaurant affiche complet pour presque tous les services, surtout le soir et sans réservation la plupart des clients repartent sans avoir pu s’asseoir à table. Donc apparemment oui, je ne suis pas si mauvais que ça mais je pense avoir encore des efforts à faire.  « Olala tu me vends du rêve avec tout ça Caleb ! Comment tu veux que je fasse mon choix ? Bon évidemment les escargots c’est non, j’en ai mis une fois dans ma bouche ça m’a suffi mais le reste… Je pense que je vais choisir la blanquette de veau. » Bien sûr qu’elle ne veut pas des escargots, bizarrement je ne suis pas du tout étonné. C’est quelque chose qui dégoûte un grand nombre de personne et avant d’avoir été en France je n’y avais d’ailleurs jamais goûté. « Bien cuisiné des escargots c’est super bon tu sais ! » Comme pour tout, j’ai envie de dire. « Enfin, aujourd’hui mon challenge se limitera au vin, les escargots ça sera pour une prochaine fois. » Parce que j’aime les défis, il faut croire. De toute façon, pour ouvrir son propre restaurant il vaut mieux ne pas avoir peur de se lancer des défis et de viser toujours plus haut, c’est bien la seule manière d’arriver à quelque chose et à la bonne réputation de l’établissement.  « Je vais jeter mon dévolue sur la tarte citron meringuée ! Si jamais ensuite je rentre plus dans mes costumes pour la série, je leur dirais que c’est ta faute car tu me gâtes trop. » Un léger rire se fait entendre alors que je lui réponds presque au tac-au-tac. « Ça va, tu risques pas de prendre dix kilos à cause d’une tarte au citron. » Enfin du moins je l’espère. Sinon ça voudrait dire que ma recette a clairement un problème et je devrais revoir ça très rapidement. Je m’éclipse un instant dans la cuisine pour préparer les assiettes de foie gras, que je dresse toujours avec grande attention. J’en suis obligé, c’est une habitude et même chez moi j’ai peut-être tendance à en faire de trop.  « D’accord je vais me mettre en mode critique culinaire. Du coup on fonctionne comment ? A chaque plat tu me fais boire un nouveau vin ? » J’acquiesce d’un signe de tête sans une réponse de plus et je disparais à nouveau un court instant pour revenir avec le vin qui, selon moi s’accorde le mieux à cette entrée. « Pour savoir quel vin boire avec du foie gras ça varie vraiment. Là je te le sers en entrée, donc je te propose du blanc charnu. » On a souvent tendance à servir un blanc moelleux avec le foie gras, hors, selon moi c’est loin d’être la meilleure solution. Et ce n’est pas non plus ce qu’on m’a appris en France. J’ai déjà attaqué mon assiette, un peu de foie gras et une gorgée de vin. Je sais que j’ai fait un bon choix, le mariage des saveurs est parfait. Vraiment parfait et j’espère vraiment pouvoir la faire changer d’avis. « Si j’arrive à te faire apprécier au moins un des vins que je vais te proposer, tu devras venir manger ici avec toute l’équipe de ta série. Ça te va comme deal ? » Et puis moi, ça me fera de la pub en plus, je ne dis pas non. Mais pour ça, encore faut-il qu’elle puisse avouer aimer au moins un des verres que je vais lui servir.

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« Bizarrement je ne suis pas trop étonnée que tu n’aimes pas trop ça. » En plus de ne pas vraiment aimer ça, l’alcool fort ne me réussit pas du tout. Les fois où j’en ai consommé sans vraiment de modération sont rares, donc autant dire que je ne suis pas le plus résistant à ce type de boisson. « Je tiens pas vraiment l’alcool fort, donc quand j’en bois je suis bourré assez rapidement et tu sais à quel point je déteste perdre le contrôle. » De nouveau ce côté control freak qui ressort. Je dois toujours avoir le contrôle sur tout, et ce n’est bien évidemment pas en buvant un grand nombre de verres de vodka téquila ou whisky que je vais pouvoir garder un semblant de contrôle sur tout ce qui m’entoure. Rien ne vaut un verre de vin ou une coupe d’un excellent champagne à mes yeux. Ou bien tout simplement une boisson sans alcool, aussi. C’est un peu ce que je bois le plus depuis qu’Alex est ressortie de cure. Les verres d’alcool en sa présence sont rares voire même quasiment inexistants et je ne veux pas être le responsable d’une envie soudaine de replonger en goûtant à un verre d’alcool. Mais ne plus boire devant elle ne me dérange pas plus que ça, si on oublie le fait que j’aimais de temps en temps accompagner mon repas d’un bon verre de vin.  « Mais si tu veux tout savoir, j’ai eu une période où il était plus fréquent de me voir avec un verre de vodka qu’un verre de vin. Mais c’était en grande partie pour impressionner une fille. » Je lui avoue, tout en lâchant un petit rire. Et maintenant je me rends bien compte que boire ainsi pour impressionner qui que ce soit est vraiment ridicule. Mais j’étais jeune, j’avais vingt ans et j’étais fou amoureux d’une fille qui elle, passait énormément de temps en soirée accompagnée d’autres hommes qui n’avaient certainement pas tous de bonnes intentions.  « Doucement avant de choisir un nouveau challenge, il faut réussir celui-là et déjà c’est pas une mince affaire. Et puis c’est surtout la texture des escargots que je n’aime pas et me rappeler que avant ça ils sont plein de bave. » Sa réflexion me fait rire et en soit, je peux la comprendre. Elle n’est pas la première à me dire ça en tout cas, ça c’est une certitude. « Si c’est la texture des escargots qui te bloque, je peux sûrement faire quelque chose pour toi. » Et puis au final, manger des escargots ce n’est pas quelque chose de si commun ici, voire même pas du tout. « Gratin aux escargots à l’ail et au vin blanc. C’est super bon. » Certes, elle n’aime pas le vin mais cuisiné, ça n’est pas du tout la même chose que le boire directement dans un verre. Peut-être qu’elle pourrait aimer, en tout cas je sais que ma recette plaît à beaucoup de personnes puisqu’elle a déjà été à la carte du restaurant et les retours des clients et des critiques étaient plus que positifs.  « Imagine je prends quelques grammes de trop… Pouf le corset de mon costume devient trop petit et je meurs étouffée. Tragique histoire morte à cause de la tarte au citron de trop. » Grossir au point de ne plus pouvoir rentrer dans le corset que les réalisateurs de sa série prévoient ? J’ai du mal à y croire, mais je ne perds pas mon petit sourire mais qui est cette fois accompagné d’une petite grimace. « Pas sûr que ça me fasse une super pub en plus. » Une actrice qui grossit à cause d’un repas trop calorique ? J’ai connu mieux comme publicité, mais on passe ensuite aux choses sérieuses. Moi je sais à quoi m’attendre, il n’y a aucune surprise, j’aime le foie gras et je trouve qu’il se marie à la perfection avec le vin que je lui ai choisi. Mais j’attends avec grande impatience son avis, je la regarde en attendant son verdict.  « Il a gout au… vin… Je suis désolée mais à part sentir qu’il parait moins sucré que d’autre, ça à le même gout que le dernier verre que j’ai bu. Je préfère vraiment le foie gras tout seul. Il est très bon d’ailleurs, un régal ! »   J’en oublie presque l’avis qu’elle me donne sur le foie gras, alors que je lui ai pourtant demandé. Bien trop perturbé par sa nonchalance vis-à-vis du vin servi. J’hausse doucement les épaules avant d’apporter mon verre à mes lèvres pour en boire quelques gorgées. « Au moins tu le compares pas à du pipi de chat, c’est déjà ça. » C’est presque une semi-victoire, non ? « En plus je suis sûr que pour ne pas avoir à me montrer que j’avais raison, même si tu finis par aimer un des vins que je vais te proposer tu serais capable de me mentir. » Je lui dis ça d’un ton amusé, parce que je suis presque sûr d’avoir raison et pourtant je suis tout sauf un de ces mecs qui déborde de confiance en lui.  « Ok deal si tu arrives à faire en sorte que j’aime au minimum un verre, je ramène le casting principal de la série et je paye le repas à tout le monde. J’aime cette confiance en toi Caleb, ça te va bien ! » J’avance ma main vers la sienne comme pour sceller un deal de manière bien plus officielle, un sourire sur les lèvres. « Et vous devez tous faire un post sur instagram, ou un de ces trucs-là » – on sent bien mon manque de connaissance sur les réseaux sociaux là, non ? – « pour me faire de la super publicité. » Je ne perds pas de vue l’objectif principal de tout restaurateur qui se respecte et qui veut viser toujours plus haut ; avoir toujours plus de clients. « D’ailleurs, ça se passe bien le tournage de la série ? » Parce que moi, je vis dans un autre monde ; je ne regarde pas la presse à scandale, je n’ai aucun réseau social et je ne regarde que très peu la télévision.

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J’ai toujours détesté perdre le contrôle. Je suis ce qu’on peut appeler un control freak mais pourtant lors de ma première relation avec Alex quand je sortais avec elle et tout son groupe d’amis j’essayais de boire presque autant qu’eux. Pour l’impressionner oui mais aussi et surtout pour lui montrer que moi aussi je peux m’amuser comme elle le fait. Même si pour moi, nous n’avons pas réellement besoin d’alcool pour s’amuser au contraire. Mais je sais qu’elle ne partageait pas cette opinion. Et puis il y a eu notre rupture aussi. Enfin, si on peut appeler ça une rupture, mais sa fuite. Et le jour où j’ai compris qu’elle m’avait quitté et que je venais de perdre celle qui était à mes yeux la femme de ma vie mon comportement a complètement changé. Je n’irais pas jusqu’à dire que je sortais et buvais beaucoup mais en tout cas je le faisais bien plus qu’avant. Et dans le seul et unique but de trouver une fille avec qui passer la nuit pour m’aider à oublier celle dont j’étais tombé éperdument amoureux un an et demi plus tôt.  « Il faudra quand même que je t’invite à une soirée un jour, j’ai quand même envie de voir quand tu te détends un peu. Si tu veux tu pourras même amener la fameuse Alex avec toi. » Heather ne connait pas Alex, c’est vrai. Elle ne connait pas la femme qui partage ma vie, celle qui porte mes enfants et sa proposition me fait sourire. « Je te préviens, je peux avoir l’alcool triste. » Tout comme je peux être bien trop joyeux en étant bourré. « Par contre, Alex est sobre depuis le début d’année donc… » Donc il ne faut pas qu’elle espère voir Alex bourrée. Et moi non plus d’ailleurs, parce que depuis qu’elle a arrêté de boire ma consommation d’alcool a encore plus chutée –déjà qu’elle n’était pas franchement très haute. – « Du coup je t’avoue que je n’ose plus vraiment boire moi non plus. J’ai pas envie d’être responsable d’une possible envie de rechute de sa part. » Parce qu’en plus c’est moi qui lui ai demandé d’arrêter et je lui ai d’ailleurs presque pose un ultimatum pour ça. Ne voulant pas vraiment m’éterniser sur ce sujet de conversation moyennement joyeux, on embraye sur les vraies raisons de la présence d’Heather dans les locaux de l’Interlude et alors que je n’ai même pas encore relevé mon premier défi : lui faire apprécier le vin, je m’embarque déjà dans une autre idée. Lui faire aimer les escargots. Et ça semble aussi mal parti que pour le vin.  « Je suis pas certaine que le mélange ail, escargots et vin blanc, soit le mélange le plus sexy pour me vendre du rêve. Mais oui c’est une cause encore plus perdu que le vin. Je le mets au niveau de mon attirance pour les hommes c’est-à-dire inexistante. » Là, elle me fait rire en comparant son attirance inexistante pour les hommes à la possibilité qu’elle puisse aimer les escargots ou le vin. Elle m’amuse, j’en ris et je ne m’en cache pas. « Je te rejoins là-dessus, les femmes sont tellement, tellement plus attirantes que les hommes. » Je lui avoue tout en souriant. De toute façon, je n’ai jamais ressenti la moindre attirance pour les hommes moi non plus et je ne me suis jamais posé la moindre question sur mon orientation sexuelle. « Tu vois, on est au moins d’accord sur une chose. » J’hausse les épaules, amusé. D’accord sur notre attirance mutuelle envers les femmes mais on ne semble pas avoir des goûts culinaires similaires en tout cas. « Ca dépend si ça devient mon mémorial au moins tu auras du monde qui viendra te voir. Je veux des photos de moi sur tout un mur, j’en dédicacerais une au cas où. » Là, elle marque un point. Je souris, j’hoche doucement la tête et je lui réponds presque au tac-au-tac. « J’ai toujours trouvé ce mur un peu vide. » Je lui réponds tout en montrant de la main un des murs de la salle. Là, on pourra exposer ses photos au moins. Ou pas. « Dédicace plusieurs photos, comme ça je pourrais faire des concours pour les faire gagner. » Ce qui inciterait encore plus les clients à venir à l’Interlude. Non seulement pour admirer un mur rempli de photos de l’actrice Heather Harris mais aussi pour pouvoir avoir la chance d’en gagner une dédicacée. En espérant qu’ils viennent aussi parce que la nourriture servie est bonne.  « J’ai essayé d’être polie pour commencer. Tu as tout compris. Tu me connais un peu trop bien je trouve, je n’aime pas beaucoup ça. » La première dégustation de vin n’est pas un franc succès et j’hausse doucement les épaules accompagnant ce geste d’un petit sourire. J’ai toujours été assez doué pour cerner les gens. Mais bien moins doué pour les réseaux sociaux, qui sont pourtant bien plus de ma génération et Heather semble s’en amuser elle aussi.  « « Un de ces trucs-là » Sérieusement ? Tu as quel âge Calen ? Faut pas parler comme un papi encore. Mais oui pas de soucis j’en ferais un. On peut même en faire un aujourd’hui si tu veux. » J’ai l’habitude qu’on se moque de moi sur mon manque de connaissance en matière de réseaux sociaux et j’ai fini par m’en amuser moi aussi. « J’y peux rien, j’y connais rien et je suis super nul pour tout ce qui est réseau social… mais oui vas-y tu peux faire un post maintenant si tu veux. Tant que ma tête n’est pas sur la photo, je ne suis pas du tout photogénique… » Et puis en pus je déteste ça et les photos me mettent toujours mal à l’aise. Je termine mo foie gras et mon verre de vin alors qu’elle me parle de sa série.  « Oui très bien, j’ai bientôt fini le tournage. Cela fait toujours un peu bizarre de terminer une première saison on ne sait jamais si on reverra les autres membres de l’équipe l’année prochaine. J’ai beaucoup aimé, c’était pas du tout le genre de projet sur lequel j’ai travaillé auparavant. C’était un nouveau challenge assez rafraichissant. » Être actrice c’est accepter une certaine instabilité de l’emploi, puisqu’elle ne sait même pas si la série est déjà renouvelée ou pas. Ça doit être assez stressant. « Et tu sais déjà quand elle sera diffusée ? » Peut-être que j’essaierai de regarder même si je ne suis pas le plus grand amateur de télévision, mais là mon amie a obtenu le rôle principal d’une série et je pourrais peut-être faire une exception.

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« Ah oui… On va éviter alors. Je n’ai pas envie de te voir pleurer et de tenter Alex à faire quoi que ce soit de stupide. »  Quatre-vingt-dix pourcents du temps, oui, j’ai l’alcool triste et même si avant qu’elle ne me le confirme je n’en doutais pas je sais maintenant que la raison pour laquelle Heather aurait voulu me faire boire un jour c’est pour me voir complètement bourré et perdre le contrôle. Ça m’est déjà arrivé. Pas régulièrement, mais quand même. « Effectivement je peux comprendre que tu ne veuilles plus trop boire, elle a de la chance de t’avoir. On se fera un repas plus tranquille alors, je suis certaine que je peux trouver un moyen de faire ressortir ton petit côté déjanté qui doit être quelque part. » Mon petit côté déjanté. Elle me fait rire, et le sourire qui s’est dessiné sur ses lèvres ne fait que me prouver sa détermination. Je ne vais pas lui dire qu’elle peut toujours essayer de me faire boire un jour et que les chances pour que je sois plus joyeux que triste ne sont pas si faibles que ça, mais pourtant c’est loin d’être faux. « Mais tellement, je ne comprendrais jamais les femmes hétéros… Heureusement qu’on est d’accord sur ça, sinon je me serais demandée où était passé le Caleb que je connais ! » Un sourire en coin amusé s’étire sur mes lèvres avant que je ne prenne mon verre pour terminer le vin. « Tu dois être exigeante en plus, parce qu’il y a quand même de belles femmes à Brisbane. » Des jolies femmes ici oui, il y en a c’est une certitude. Même si quand on y réfléchit, les deux seules femmes avec qui j’ai entretenu une relation sérieuse étaient Française pour l’une et Anglaise pour ma compagne actuelle. Par cette remarque j’essaie d’en savoir un peu plus sur la vie sentimentale de mon amie, de manière indirecte – ou maladroite je ne sais pas – sans vraiment oser la questionner directement. Parce que je sais que ce genre de question peut facilement être dérangeante voire même énervante.  « Fais plutôt une vente aux enchères comme ça tu auras un peu plus d’argent pour mettre de la décoration à côté de ma photo dédicacée spécialement pour toi. » J’hoche doucement la tête comme si j’acceptais sans problème sa proposition – bien que tout de même, elle me suggère ça en cas de mort imminente de sa part et ça, c’est beaucoup moins plaisant. – « Et je renommerais un plat à ton nom, si tu veux. » Je commence à la connaître un peu Heather, et je suis presque sûr que ce genre de chose pourrait lui faire plaisir. Mais en attendant, il n’est pas encore prévu qu’elle ne meurt dans les jours, semaines voire mois à venir alors on peut laisser tout ça de côté. « Il faut vraiment que tu t’y mettes en plus ça marche super bien les cuisiniers sur les réseaux sociaux, ce qui montre leur plat ou postent des photos de leurs assiettes. Je suis certaine que ça te ferait de la bonne pub et tout. Ah non non si on prend une photo c’est tous les deux ! Ca donnera envie à certaine personne de venir au resto du chef mignon qu’ils ont vu avec moi. » Je grimace à la deuxième partie de sa phrase, parce qu’elle me propose de poster une photo tous les deux sur son compte instagram et on ne peut pas dire que je sois ni photogénique ni à l’aise sur les photos. J’essaie toujours de les éviter un maximum. « J’ai un compte pour le restaurant mais j’ai un peu de mal à m’y mettre. C’est surtout Dani qui s’en occupe. » Elle travaille ici et on s’est rencontrés il y a déjà quelques années et elle est bien plus douée que moi pour ce genre de chose, alors je la laisse gérer. Je sais que le compte est entre de bonnes mains. « Bon ok pour la photo tous les deux…crois-moi t’as de la chance parce que j’essaie toujours d’éviter d’être devant l’objectif. » Même quand Alex me le demande j’ai toujours du mal à accepter, même si au final je finis toujours par céder quand elle insiste un peu. « Oui elle sera diffusée à partir de fin novembre, tu me diras ce que tu en penses, si tu regardes. Sinon on passe à la suite, je suis assez curieuse de voir, le prochain vin que tu me réserves. » Et oui je compte bien regarder ou du moins, essayer avec les premiers épisodes parce que même si je ne suis pas un grand consommateur de télévision, avoir une amie actrice qui a décroché un premier rôle dans une série c’est pas tous les jours que ça arrive. Je débarrasse notre table et laisse une nouvelle fois mon amie seule dans la salle vide du restaurant pour disparaître en cuisine. Tout est déjà quasiment prêt, il ne me reste plus qu’à chauffer un peu la viande avec la sauce et le riz. Je reviens une quinzaine de minutes plus tard avec nos deux assiettes de blanquette de veau. Même s’il n’y a plus que clients autour de nous et que je sers une amie, je ne peux m’empêcher de lui présenter une assiette propre, et parfaitement bien dressée. « J’espère que ça va te plaire. » Et là c’est vraiment du plat dont je parle et pas du vin que je viens d’aller chercher. Le vin pour ce plat, c’est d’ailleurs Dani qui me l’a conseillé et je suis avec précaution ses conseils. « C’est un vin blanc de Bourgogne, et normalement l’association est parfaite. » Je ne vais pas dans les détails de description du vin, je sais qu’elle ne le retiendra pas et que de toute façon, elle s’en fiche.

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“All the ladies of the canyon wearing black to the house parties. Crosby, Stills and Nash is playing, wine is flowing with Bacardi”

« Oh non tu sais, une femme me sourit et j’ai envie de la mettre directement dans mon lit. Tant qu’elle ne sort pas des propos qui brisent le charme, je suis faible fasse aux courbes féminines. » Sa réponse m’amuse légèrement alors je lui souris doucement. En soi je peux la comprendre totalement. Les femmes ont toute un certain charme. Certaines plus que d’autres, ou bien certaines sont plus dans mes goûts et mes attirances, préférences. Moi aussi j’ai eu une période où je préférais de loin mettre une femme dans mon lit sans essayer de développer la moindre chose avec elle. Mais c’est parce que j’avais le cœur brisé, j’étais encore fou amoureux d’une fille qui m’avait abandonné du jour au lendemain sans explication. J’allais mal, et pour moi envisager une quelconque relation sérieuse était impossible. Mais ça n’a pas duré longtemps, parce que finalement j’ai fini par retomber amoureux. Je suis un romantique et je l’ai toujours été. Rien ne vaut une relation pleine de tendresse et d’amour. Pas même une partie de jambes en l’air. « Laisse tomber, je ne suis plus sûr de vouloir te présenter ma copine. Elle est beaucoup trop canon, tu vas craquer sur elle. » Je lui réponds en riant un peu. Il y a une part de vérité là-dedans : Alex, c’est de loin la plus belle femme du monde selon moi, mais en tout cas ce n’est pas pour ça que je ne compte pas la présenter à Heather un jour. « Même si je sais que passer d’une femme à  l’autre ça peut être assez amusant, ça ne te manque pas une vraie relation ? » Tout le monde n’est pas comme moi. Tout le monde n’a pas besoin d’attention, de tendresse, d’amour, de savoir que la femme que j’aime sera là quand je rentrerai du travail et qu’elle sera la première personne que je verrai en me réveillant tous les matins. Je sais que pour certains se contenter du sexe leur va très bien et si c’est le cas pour elle alors tant mieux. «Oh tu sais pour le plat, tu peux même le faire maintenant, je serais plus qu’heureuse d’avoir un plat à mon nom. » Le Heather ou bien le Harris … J’y réfléchis mais non, finalement je ne suis pas sûr que ça sonne assez bien pour un plat. Peut-être pour un cocktail, ou même un dessert mais de toute façon je lui ai promis un plat à son nom seulement si elle venait à perdre de la vie prématurément et pour l’instant ce n’est pas vraiment d’actualité – ou du moins je l’espère. –

Heather n’est pas la première à me vanter les mérites des réseaux sociaux, Alex le fait elle aussi de manière assez régulière. Elle utilise son compte instagram assez régulièrement et si j’ai toujours un peu de mal à en comprendre l’intérêt je n’y porte finalement pas beaucoup d’attention. « Bon tant mieux si tu as quelqu’un qui gère, c’est déjà ça. Allez super approche on va faire la photo ! C’est pour la bonne cause et ça nous fera un souvenir du jour où tu as cru que tu aimerais me faire boire du vin. » Et être sur une photo, c’est encore moins mon truc. Déjà parce que je n’aime pas ça, je ne suis absolument pas photogénique et également parce que je ne sais jamais quoi faire sur les photos. « Tu te plaindras pas si la photo ressemble à rien, je ne suis pas du tout photogénique. » Au moins elle ne pourra pas dire que je ne l’ai pas prévenu. Je la laisse s’installer et quand elle sort son portable je commence à me poser bien trop de questions à savoir comment m’installer, s’il y a des poses particulières à faire mais je me laisse aller au feeling et je la laisse prendre plusieurs photos sans râler plus que ça. Même si je sais d’avance que je ne serai pas satisfait de toutes les photos, parce que c’est toujours comme ça. « Parfait on est magnifique tous les deux, regarde ! Tu vas voir, tu vas avoir de nouveau client et moi je peux me la péter car j’ai un ami super chef de restaurant. » Je regarde les photos qu’elle fait défiler sur son portable tout en hochant doucement la tête. « Ça va elles sont pas mal. Même si elles seraient certainement beaucoup mieux si tu étais toute seule dessus. » Et c’est d’ailleurs sans réellement m’en rendre compte, une phrase que je dis régulièrement à Alex quand elle insiste pour qu’on prenne tous les deux une photo. Chose qui n’arrive pas si souvent que ça ou du moins, ce qui est plutôt rare c’est quand j’accepte. Parce qu’elle n’a pas besoin que je sois sur les photos, Alex, elle est bien assez belle pour être seule dessus. Même si je sais qu’elle veut des souvenirs de nous deux. Une fois la photo prise je m’éclipse quelques minutes dans la cuisine pour la suite du repas, espérant sincèrement qu’Heather aimera non seulement le plat mais aussi le vin. Même si pour le vin, je ne me fais pas beaucoup d’illusions.  « Vu l’odeur j’en doute pas une seconde et l’assiette est vraiment super belle ! Pour le vin on va voir je vais prendre une première gorgée pour te dire ça. » Je pose doucement son assiette devant elle et lui sers un verre de vin avant de reprendre ma place. « Tu sais bien que je ne pourrais jamais servir une assiette pas bien dressée. » Même chez moi, pour servir Alex j’essaie toujours de rendre le plat le plus présentable possible. Déformation professionnelle, dirons certains, ou perfectionnisme bien trop poussé. Peut-être que c’est finalement un mélange des deux, après avoir pris quelques bouchées du plat j’attrape mon verre de vin tout en observant Heather en faire de même. Je m’attends à la voir grimacer, à l’entendre râler, mais non. Elle ne fait rien de tout ça. Je la vois se redresser légèrement et ses traits se détendre, ses yeux pétillent. Moi je me redresse en la regardant, je souris aussi. « Je rêve ou tu es en train de réaliser que tu aimes ce vin ? » Je lui demande tout en posant mon verre. « N’essaie même pas de le nier, ça se voit sur ton visage. » Il faut croire que j’ai fini par gagner notre pari.

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