| | | (#)Sam 31 Oct 2020 - 11:56 | |
| J’ai pas envie de croire qu’elle soit coupable mais pourtant, c’est plus fort que moi. Je veux bien essayer de l’écouter, je le lui ai promis, mais j’ai du mal à voir comment la justice peut s’être trompée à ce point à son sujet. D’accord, d’accord, c’est une femme et les femmes, on les écoute moins. Mais elle est blanche, elle a pas l’air de sortir de la rue, et surtout, on l’a quand même foutue en taule pendant 1 mois et demi parce qu’on était sûrs qu’elle était coupable. Ca veut dire que tout poussait la justice à la penser coupable, n’est-ce pas ? Ca veut dire qu’il y avait bel et bien des suspicions et qu’elles se sont avérées être prouvées, non ? Oui, sans doute, mais elle est sortie de taule ducon. Arrête de chercher la merde et écoute-là. J’essaie de la retenir et je crois que ça fonctionne. Elle lâche la poignée de porte sans pour autant se retourner vers moi : elle est toujours prête à se barrer si je respecte pas ma promesse.
« a partir du moment où j’avance que j'suis innocente, j'ai même pas envie de voir un seul doute dans tes yeux. »
Moi qui ai toujours l’habitude de remettre en question ce qu’on me dit tant que j’ai pas la preuve du contraire, ça risque d’être compliqué, mais je veux bien essayer. Je retiens un soupir et déglutis bruyamment à la place. « D’accord », que je finis par dire en essayant de paraître le plus convaincant possible. Je l’ai dit, je veux essayer mais je sais pas ce que ça donnera. « J'vais faire cours parce que j'ai pas envie d’étaler tout ça… j’ai été accusé de meurtre. » Pardon ?! De meurtre ?! J’ai bien entendu ? Pas de vol, pas d’une agression, non, d’un putain de meurtre. Sur le coup, je suis assez content qu’elle me tourne toujours le dos parce que mon regard reste planté au sol, sans que je ne sache comment je me sens réellement vis-à-vis de la situation. Je comprends pas comment elle a pu être accusée de meurtre en fait, j’arrive pas à le visualiser ni à l’accepter pour le moment. « j'suis de ceux qui ont tendance a croire en la justice et ce qu'elle représente… faut croire que j’étais bien naïve. » Ah parce que la justice ne rend donc pas justice ? Je suis d’accord, il peut y avoir des erreurs, mais il y a quand même plus d’accusations qui s’avèrent être vraies que l’inverse, non ? Noa fait partie des quelques personnes qui ont mal été jugées, est-ce qu’on doit condamner toute la justice pour autant ? Elle est innocente, elle n’arrête pas de me le répéter et m’en veut quand je remets sa parole en question, c’est qu’elle est innocente, n’est-ce pas ?
« j'ai subi des interrogatoires a répétitions, j'me suis faite arrêté en pleine rue devant un gamin et sa mere… j’ai passé 40 jours entre quatre murs en espérant que la vérité soit rétablie. t'as besoin de qu’elle autre information pour me croire ? » « Noa… »
Je sens dans son intonation que cet épisode lui reste toujours en travers de la gorge et que ma réaction n’aide vraiment pas à ce qu’elle se confie. Timidement, je finis par relever ma main pour la poser sur son bras, caressant sa peau de mon pouce avant de la tirer légèrement afin qu’elle se retourne vers moi. « Je te crois. » J’avais envie de la croire en tous cas, et même si on ne serait sans doute jamais d’accord sur la justice et son efficacité, je ne pouvais pas me résoudre à penser qu’elle aurait pu commettre un quelconque meurtre. Noa tuer ? Non, vraiment pas. Je la tire un peu plus vers moi pour la prendre dans mes bras et caresser doucement son dos, la culpabilité m’envahissant tout à coup. C’est vrai, comment est-ce que je compte m’engager davantage avec elle si je remets en question tout ce qu’elle me dit ? « Excuse-moi. » Et comme à chaque fois que je demande pardon, ça m’arrache la langue. Je m’étale pas, elle sait pourquoi je m’excuse et elle doit d’ailleurs sentir que je me sens mal d’avoir réagi comme ça. « Comment je peux me faire pardonner ? » |
| | | | (#)Ven 20 Nov 2020 - 19:27 | |
| Forcément qu’il a pas la réaction que j’attendais, forcément qu’il allait pas me sortir son plus beau sourire et me dire qu’il s’en foutait de tout ça, que c’était le passé ou j’sais pas quoi. Non, mais on parle de Greg. Greg qui fait que de se plaindre de son taf mais tout l’monde comprend bien que c’est juste par principe et que ça lui fait du bien d’avoir un truc sur lequel vider son sac de temps en temps. Mais on sait tous aussi que Greg, il lachera pas son boulot pour ouvrir un bar à saucisson comme il aime le crier toutes les semaines quand je lui dis que moi j’en ai vraiment assez de mon taf – et que sans doute moi-même j’pourrais pas le lâcher si facilement – bref. Greg il est flic et j’imagine que c’est pas pour rien, j’imagine qu’il a une certaine confiance en la justice, qu’il croit en son travail et j’espère qu’il fait pas d’erreur aussi grosse que celle dont j’ai été victime. Gregory Morton, lieutenant de police et Noa Jacobs, présumée coupable d’un crime il y a tout juste un an et demi. Franchement, manquerait plus que ce soit lui qui m’aie arrêté et on aurait pu tourner un film digne d’une comédie romantique insupportable. Bref… j’lui demande pas de cracher sur son travail, sur ce qu’il croit juste, j’lui demande juste de ne pas me regarder avec ses yeux méfiants. J’veux juste qu’il ne me considère pas comme une criminelle. Je supporterai pas d’avoir ce statut à ses yeux et si c’était pour le supporter, je préférais m’en aller. Je posais donc le cadre, il était prévenu, s’il ne me croyait pas, je m’en irai. La justice avait réparé sa faute, à lui de l’accepter aussi. Je n’avais plus rien et d’ailleurs, je n’avais jamais rien eu à me reprocher… Le ton n’était pas de me livrer à lui, parce que je n’avais pas envie d’avoir cet échange maintenant, parce que je n’étais pas prête. Je l’informais et point barre. J’suis encore énervée, agacée, blessée sans doute mais tout était dit. « Noa… » je me sens attirée vers lui et fini par lui faire face mais mon regard est fuyant encore, parce que j’ose pas lire ce qu’il pense dans ses yeux. « Je te crois. » ok, c’est un bon début. Ma colère a du mal à laisser place à un sentiment de reconnaissance, mais l’intention est bien présente. J’me demande encore ce qui a bien pu me prendre de lui sortir ça comme ça alors qu’il y a moins de dix minutes, j’étais entrain de lui dire que j’étais amoureuse de lui… j’crois que j’aurai mieux faire de faire l’inverse. On dirait une putain de psychopathe, quelle cruche… « Excuse-moi. » bon okay, cette fois, j’crois que j’peux relever les yeux et enfin le regarder parce qu’il a sorti ses mots magiques. J’sais bien à quel point c’est dur pour lui de prononcer ces quelques mots et que là, j’peux pas le laisser sans réponse. « Comment je peux me faire pardonner ? » J’hausse les épaules. « J’te demande pas de te faire pardonner. » mon cœur qui bat davantage que son pouce caresse mon échine. La pression redescend, la colère redescend. Il suffit donc de deux mots pour me faire passer de la nana hystérique à la nana complètement in love de son mec ? Franchement ? « Le coupable a été jugé pour son crime, j’suis libre et innocenté, j’te demande juste de croire que tout n’est pas parfait dans ton monde. Et de pas remettre en question c’qu’on est à cause de ça. » ce qu’on est… notre couple ? J’veux juste qu’il continue de croire en nous et à ce qu’on pourrait être plus tard… J’me sens vraiment crevée, l’émotion qui tombe, l’énergie que ça m’a pris. « On sort ? » parce qu’il était encore tôt finalement, qu’on avait juste mangé nos glaces et qu’on avait encore du temps devant nous et que prendre l’air ne me ferait pas de mal… |
| | | | (#)Dim 22 Nov 2020 - 11:20 | |
| Elle m’en veut toujours, je le vois dans sa façon de me fuir du regard. Elle n’ose pas relever les yeux vers moi, mais j’ai au moins réussi à la retenir. Alors, du fond de ma gorge, je lâche des excuses, simples, mais des excuses quand même. Et si j’essaie de paraître sincère quand je lui affirme que je la crois, c’est aussi parce que j’ai envie de la croire. Je n’y peux rien si je me méfie encore de ce qu’elle me dit, mais j’ai réellement besoin de me fier à ce qu’elle m’énonce, à ce qu’elle vient de me dévoiler. Où allons-nous, sinon ? Si notre relation continue sur une base mensongère ? Je sais bien que Noa ne veut pas perdre son temps avec un pauvre mec, j’ai bien entendu, un peu plus tôt, les trois petits mots qu’elle m’a sortis. Je suis bien conscient qu’elle s’accroche à moi comme une moule s’accrocherait à son rocher, et c’est justement ce qui me questionne : pourquoi m’avouerait-elle qu’elle a été victime d’une erreur judiciaire (si erreur il y a) si c’était faux ? Elle veut être honnête avec moi, elle n’a aucune raison de me cacher cette part d’elle-même ? Et si la vraie raison, c'était qu'elle ne veut surtout pas que je le découvre par moi-même, peut-être ? Peut-être avait-elle cherché à limiter la casse en me l’annonçant avant que je ne le découvre de moi-même ? Alors, qu’est-ce que je suis censé croire ? Elle, Greg, on a dit qu’on la croyait elle. Oui, mais et la justice alors ? Sors de là, bordel, Greg, t’es con ou quoi ?
« J’te demande pas de te faire pardonner. Le coupable a été jugé pour son crime, j’suis libre et innocenté, » Ah, donc le vrai coupable est en taule, maintenant ? Et qui me dit que c’est lui, le vrai coupable ? GREG, BORDEL, ARRÊTE. « j’te demande juste de croire que tout n’est pas parfait dans ton monde. Et de pas remettre en question c’qu’on est à cause de ça. » C’est dur. C’est vraiment très dur de rien dire et de hocher la tête pour acquiescer. C’est à mon tour de détourner les yeux, faisant mine de regarder Doowap à côté de nous. Je crois que j’ai juste besoin de digérer tout ça, en fait. Peut-être même que j’aurais besoin d’ouvrir le dossier par moi-même, de vérifier la véracité de ce qu’elle est en train de me raconter. C’est con, j’ai pourtant cette intuition qui cherche à me convaincre que, oui, Noa dit la vérité, et je comprends pas ce qui me bloque. (Peut-être la tendance à l’auto-sabotage, non ? C’était trop beau jusque-là : Greg qui s’excuse quand il est en tort, Greg qui fait des efforts pour se projeter et exprimer ce qu’il ressent, Greg qui s’ouvre chaque jour davantage. Il fallait bien que ça casse, non ?) Elle me propose de sortir, et je suis presque soulagé de voir cette discussion se terminer. Je hoche la tête, embrasse distraitement son front et prend la laisse de Doowap. « Ok. On prend le chien avec nous cette fois ? » Je m’efforce de sourire, mais je crois que toutes ces informations m’ont un peu accablé. J’ai besoin d’en savoir plus, en fait.
On redescend du loft et on se met à marcher en direction du parc, en silence. La laisse de Doowap est notre séparation physique : je ne lui tiens pas la main, ni par l’épaule. Au bout d’une petite dizaine de minutes, je brise finalement le silence. « J’ai vraiment besoin d’en savoir plus, Noa. » |
| | | | (#)Dim 22 Nov 2020 - 18:52 | |
| Bon, il a l’air coopératif, il a l’air de comprendre et j’espère que ca va finir par passer et qu’il va avaler la pilule pour qu’on puisse rapidement passer à autre chose, parce que là, j’ai pas du tout envie de m’éterniser sur la question. Puisque j’avais pas le droit de partir – j’le voulais bien aussi – j’proposais à Greg d’aller prendre l’air, ça nous ferait pas de mal de souffler un peu et d’oxygéner nos poumons d’un air plus frais. Doowap était de la partie et heureusement en fait parce que c’était pas tendu dehors, c’était juste glacial. Greg était silencieux, il était loin, j’avais l’impression qu’on était deux inconnus qui empruntaient exactement le même chemin et qui se sentaient con à chaque virage et se demandaient qui suivait l’autre. Doowap était ma distraction, venant tantôt à mes pieds, tantôt à ceux de Greg, comme s’il avait capté qu’un truc ne collait pas. Je commençais à bouillir de l’intérieur, à deux doigts de donner la laisse à Greg et de lui dire que j’allais rentrer chez moi et finalement, c’est lui qui pris la parole en premier. « J’ai vraiment besoin d’en savoir plus, Noa. » Je m’arrête, sentant que Doowap ne s’y attendait pas, mon bras avait presque failli se décrocher alors que lui continuait dans sa lancée. Il avait Besoin de savoir. Un besoin ? Franchement. « Moi j’ai Besoin que tu m’fasses confiance. » ma mâchoire était serrée et je rapprochais les paumes de mes mains juste devant mon visage après lui avoir remis la laisse dans sa main. « J’vais y aller. Avant qu’on ai une bonne raison d’me foutre en taule pour outrage ou violence envers un agent des forces de l’ordre » Parce que j’avais toutes les raisons d’être en colère non ? Toutes les raisons de laisser une trace de ma main sur sa joue mais que je sais pas pour quelle raison, je me retenais. Mon sang était chaud, les poils redressés sur tout mon corps. Mes yeux plantés dans les siens, ce regard qui en disait sans doute autant qu’une gifle. « T'as peur de quoi Greg? De baiser avec une criminelle en fuite ? Que j'me sois évadée d'prison après avoir tuée au môme ? » j'étais si énervée que je me moquais bien de savoir si j'allais attirer l'attention sur moi, sur nous, qu'on m'entende faire ce scandale au beau milieu du parc, là, c'était le dernier de mes soucis. « T'as BESOIN de savoir quoi Greg? » mes bras se relâchent et cette fois, sa réponse ne m'intéressais pas. Je secouais la tête et fit demi tour pour rentrer chez moi, m'éloigner de lui et j’espérai qu’il a bien compris que ce n’était pas le moment de me retenir. |
| | | | (#)Mer 25 Nov 2020 - 17:31 | |
| C’est Noa qui tient la laisse de Doowap. En temps normal, j’aurais trouvé ça mignon, qu’elle prenne l’initiative sans même que je le lui demande, mais ce soir, j’arrive pas à penser à autre chose qu’à ce qu’elle m’a annoncé. C’est fou, j’arrive pas à passer à autre chose. Alors, au bout de 10 minutes, j’avais fini par relancer le sujet, parce que ça me tordait l’esprit dans tous les sens, et que de toute façon, il fallait bien que l’un de nous deux le fasse. « Moi j’ai Besoin que tu m’fasses confiance. » Je soupire. Bruyamment. Merci, j’avais compris ça. C’est pas comme si je faisais pas d’effort sur ce point, mais c’est dur de faire confiance à quelqu’un qui crache sur la justice, et qui, en plus de ça, a été foutue en taule. Tu t’attendais à quoi, Noa, que je te croie sur parole ? Impossible. Vraiment impossible. Elle me tend la laisse, son visage est définitivement fermé à toute discussion. Oh, mais elle s’est braquée, madame Jacobs ? C’est moi qui devrais faire la gueule, pas elle. « J’vais y aller. Avant qu’on ai une bonne raison d’me foutre en taule pour outrage ou violence envers un agent des forces de l’ordre » Je lâche un rire sarcastique, hochant la tête aussi ironiquement que possible. Ah, donc ça y est, on est passé au stade de la violence physique maintenant ? Bien, bien, bien Noa, ça me forcera encore plus à croire que t’es pas si innocente que ça finalement. Ca n’a rien à voir Greg, tu veux juste jouer au plus con là. Continues comme ça, c’est bien, t’es sur la bonne voie. Je récupère mon chien, prêt à me barrer. Surtout qu’elle commence à hausser la voix, alors qu’on est en pleine rue. Putain, ta gueule Noa. C’est la première scène qu’elle me fait en public, mais elle connait pourtant mon aversion pour ce genre de démonstration : ça me dégoûte. Sourcils froncés et regard noir, je la menace du regard : « Baisse d’un ton, s’il te plait. » Mais elle s’en contrefout, en fait, de ce que je lui dis. Elle est partie dans les tours, campe sur sa position et cherche visiblement à m’humilier devant les passants dont les regards se tournent déjà sur nous. Mais t’as quel âge pour faire ça, Noa ? « Arrête de faire l’imbécile, Noa, tu sais très bien ce dont j’ai besoin de savoir. » Et là, elle me tourne le dos. Elle se barre. Elle rentre. Ok. Très bien. Salut Noa. |
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