Lassée de m’entendre lui répéter de pas provoquer d’excès, je jure qu’elle a eu envie de m’arracher les yeux, la Parker. Mais, au moins, quand je suis parti pour rejoindre Jack, j’avais le coeur tranquille. Ari et Rae se sont bien entendues. Elles se connaissent peu, mais sa présence lui sera plus profitable que celle d’Olivia durant cette exprès de confinement forcé dont la seule compagnie est moi. Toujours moi. Encore moi. Sauf qu’elle a besoin de voir un peu de monde, de se changer les idées, de ne pas ressasser notre rupture. Elle a besoin de rire et de sourire même si j’en crève de ne pas être l’instigateur de ces derniers. Ma jalousie et cette peur de la perdre me tuera un jour. Pas aujourd’hui. En cette fin d’après-midi, je me socialise avec le monde extérieur moi aussi. Je m’en vais rejoindre Jack sur son lieu de travail parce qu’il avait l’air affolé au téléphone. Lui, habituellement si taiseux et tranquille, il m’a donné l’impression d’être au bord de la rupture nerveuse et, bien entendu, j’ai accouru. Je lui ai promis que je serais auprès de lui aussi vite que possible parce qu’il m’a prodigué de précieux conseils, qu’il sait être une oreille, que je le lui dois et, surtout, parce que j’en ai envie. Une étrange amitié nous lie, mais elle est là. Elle est tissée dans le coton de la loyauté et, d’instinct, étonné de le trouver sur le trottoir, je me suis d’emblée inquiété. « Jack. Mais, ça fait combien de temps que tu attends là ? » J’ai jeté un coup d’oeil sur le trottoir. Il est jonché de mégots de cigarette. « Et tu en as fumé combien ? Il se passe quoi ? » Je n’ai pas attendu sa réponse pour déverrouiller ma voiture et pour l’inviter à grimper siège passager. Il a été formel : la mienne, pas la sienne. Qu’allons-nous faire exactement ? Mener une filature ? Mais qui allons-nous surveillé d’aussi près ? Une de ses artistes ? Sa journaliste d’amie ? Sa maîtresse (celle dont je ne connais pas le nom par ailleurs, nous ne les citons jamais, mais nous savons dès lors que nous en parlons.) ? Non ! Il est trop remué pour que ça soit aussi “futile”. C’est Ellie. J’en mettrais ma main au feu et, pour être honnête, je m’y attends depuis qu’il a appelé. Je lui fais pas l’affront de vérifié, je me contente de prendre la direction de son chez lui. « Qu’est-ce qu’elle a fait ? » me suis-je enquis, me ravisant aussitôt : l’assertion est trop accusatrice. « Ou… qu’est-ce que tu crois qu’elle fait qui t’inquiète autant, Jack ? » Nul besoin d’être devin pour présumer justement que c’est en rapport avec son mec au bras plus long que les jambes : ils semblent lui pendre jusqu’aux genoux...
« Jack. Mais, ça fait combien de temps que tu attends là ? » un demi paquet de clopes, un poumon à l'abandon, un autre qui motive la toux rauque qu'il se tape depuis un bon trente secondes de trop et toutes autant de tentatives de fermer son putain de portable, d'envoyer un putain de message sous le sens du monde sans avoir l'air d'un analphabète qui réapprivoise les claviers qui ne sont pas ceux des pianos accumulés à l'étage. Depuis tout ce temps-là.
Il rage Jack le père, Jack et son instinct protecteur de merde qui commence à peine à se réveiller, dix-sept ans trop tard. Il est absolument pas en droit de s'inquiéter de la sorte, il sort de nulle part avec ses grands chevaux et ses gros soupirs, mais le voilà qui tape du pied comme il imaginerait autre chose que son pied taperait, pour l'heure. « Et tu en as fumé combien ? Il se passe quoi ? » Amos l'énerve autant qu'il le soulage. Il l'enrage de piquer quand il ne fait que son boulot de pote, il le rassure de voir que ouais, y'a moyen de stresser, y'a raison d'angoisser. « Tu poses trop de questions. Choisis tes combats. »
Celui d'Epstein est clair et précis et du menton, il pointe sa bagnole comme une conclusion bien plus qu'une relance. Taylor est lui bien plus curieux qu'il ne l'a souvent été et dès lors, Jack oscille entre s'adoucir ou se refermer. Il lui doit des explications pour avoir bousiller sa journée en entier, ne sait simplement pas du tout s'il sera en mesure de répondre sans s'emporter plus qu'il ne l'est déjà. C'est donc ça, être une figure paternelle? C'est donc ça, tenter de faire les bons choix pour sa gamine, quand on juge être (enfin) l'adulte de la situation?
« Qu’est-ce qu’elle a fait ? » il a des noeuds dans l'estomac Jack, le moteur ne vrombit pas suffisamment pour s'en servir comme alibi contre les mots d'Amos. « Ou… qu’est-ce que tu crois qu’elle fait qui t’inquiète autant, Jack ? » son soupir est fort, il permet même à sa langue de claquer contre son palais. « Y'a un gars. » comme il perd tout sérieux, comme il perd toute considération, lui qui a été ce gars des dizaines de fois à son âge. Il a un palmarès de conquêtes Jack l'adolescent, Jack qui avait la tête en l'air et le jeans facile à retirer. Jack qui n'a jamais manqué de respect à aucune des filles qui ont croisé son chemin avant Jude, même après. Mais Jack qui sait très bien quel genre de gars est avec elle. Fût un temps, il était le même à peu de détails près. « Elle est avec un gars. » le dire le fait bien plus rager que de le penser, justifiant la présence d'Amos à ses côtés à son paroxysme. Y'en a peu des comme lui, qui arrivent à le calmer quand de base il n'est qu'un long fleuve tranquille Jack, un bohème au caractère aussi doux que possible. « T'as le trajet pour me convaincre que le meurtre est pas une option. » caractère doux, mais quel mirage, un mur de foutaises aujourd'hui.
C’était pas censé se passer comme ça, loin de là. Ils voulaient fêter leur deux mois de couple. Un truc totalement dispensable, quelque chose de carrément délirant. Elle a fait exprès de sécher pour profiter de l’absence de son père… fallait que tout soit parfait. Elle a éparpillé des pétales de rose sur ses draps, a sorti l’une des meilleures bouteilles de champagne de Jack des armoires. Joshua s’est pointé carrément bien sapé avec dans ses mains un bouquet de roses… Il était plein de bonnes attentions, paraissait aussi excité qu’elle à l’idée de célébrer leur amour.
Ils ont bu, ont exprimé chacun leur amour pour l’autre d’une niaiserie incroyable. Ça lui ressemble pas, mais elle est comme ça quand elle est amoureuse, Ellie. Ils ont bu dans ces flûtes que Jack ne sort que pour les grandes occasions, puis ça s’est terminé dans la chambre à coucher de l’adolescente où trônaient bougies et pétales de roses. C’était censé bien se passer, comme d’habitude. Ils se sont désapés, elle a insisté pour qu’il se protège alors que lui voulait marquer le coup. C’était leurs deux mois d’anniversaire, ils pouvaient bien s’en passer… ? Elle a quand même insisté, et ils l’ont fait protégés. C’était beau, c’était même magnifique. Il sait comment la faire sourire, comment la garder avec lui quand elle est sur le point de s’éloigner… et quand ils sont en symbiose, elle a cette impression d’avoir des ailes, de quitter cette vie pourrie qu’elle vit le temps d’un instant et d’en oublier tous les moindres détails. Il a ce pouvoir là.
Pas aujourd’hui, cela dit. Ça s’est mal passé, trop mal passé pour qu’elle n’en retienne que les bons moments. Le préservatif a craqué. Elle ne l’a pas entendu, ne l’a pas vu… Quand elle s’en est aperçue, il était déjà trop tard. Elle a violemment quitté ses bras pour vérifier qu’elle ne s’était pas trompé, et effectivement, ils avaient merdé. La panique, elle s’est mise à avoir peur, à courir jusque la salle de bain pour faire ce qu’elle pensait être le nécessaire… mais c’était pas assez.
Elle sentait les larmes monter, Ellie, alors qu’elle se rhabillait et tapotait violemment sur son téléphone pour contacter l’une des seules personnes de confiance de son répertoire : River. La voix tremblante, elle n’a pas pu lui expliquer son problème, bien trop gênée… alors, elle l’a juste suppliée de la rejoindre à la maison avant de soudainement raccrocher.
« Faut qu’tu partes. » Elle s’est mise à pleurer, elle a pas pu s’en empêcher. Il était là, toujours dénudé dans ses draps défaits, à peine dérangé par cette situation qui la faisait tellement paniquer. « C’est rien, Ellie. Y a rien de grave. » qu’il essayait de la rassurer. Rien de grave, qu’il disait… quel enfoiré. Elle aurait pu l’insulter, lui jeter tout ce qu’elle avait sous la main pour le défigurer mais elle l’a pas fait… au lieu de ça, elle s’activait à rechercher une solution sur internet, elle qui avait bien trop séché ses cours d’éducation sexuelle pour avoir des réponses à ses questions pourtant si simples.
Cinq, dix minutes se sont écoulées avant qu’elle finisse par entendre du bruit au rez-de-chaussée. La gamine entrouvrit légèrement la porte de sa chambre pour avoir une vue sur l’entrée et découvrir River qui appelait son nom. « J’suis là. » Le ton froid, la voix tremblante et les joues toujours humides, elle l’a appelée.
Elle a ouvert la porte de sa chambre pour lui offrir un spectacle inédit, quelque chose que peu étaient donnés de voir… Une Ellie complètement secouée, une gamine qui sait pas quoi faire après s’être mise dans une merde monstre.
« Je… j’suis vraiment dans la merde, River. »
Elle l’a laissée entrer, s’est retournée vers le lit où elle le pensait toujours installé… mais il était plus là. La fenêtre grande ouverte, il a rien assumé du tout… Mais elle n’avait pas le temps, ni la patience de s’y intéresser… « Y a… y a eu un souci, y a la capote qui a… elle a cassé. » Elle avait presque envie de vomir en prononçant ces simples mots qui lui donnaient la nausée… et en ce simple instant, elle sentait sa vie basculer. « Je… j’veux pas tomber enceinte, River. J’veux pas faire un mini Josh. » Elle savait pas comment l’expliquer, comment le dire… mais elle se savait dans une merde monstre, et elle comptait sur River pour l’en sortir alors qu’elle ne pouvait s’empêcher de pleurer.
Première constatation : je n’ai jamais vu Jack dans un état pareil. Sa nervosité est palpable, contagieuse. Il arriverait presque à me faire peur alors que, sur l’heure, je ne sais rien de ce qui l’agite. Résultat : je sors de moi-même. Je parle beaucoup plus qu’à l’accoutumée ce qui me conduit directement vers la seconde constatation : nul ne m’avait jamais fait conseillé de choisir mes combats. Personne. La raison est simple : je le fais ! Bien sûr, j’ai envie d’insister, mais j’apprends doucement à connaître l’homme qui me suit jusqu’à la voiture. Lorsqu’il sera prêt à me confier ce qui le remue, ce qui justifie ma présence et ce qui explique en conséquence qu’il n’a pas traîné dans ma voiture, il videra son sac. Il épluchera l’oignon de sa colère et j’y verrais assez clair que pour l’aider, si tant est que ça soit dans mes cordes. Evidemment, histoire de gagner du temps, je le mets sur la piste. Tandis que le moteur vrombit, je me dirige vers bayside parce que j’ai été père moi aussi, je le suis encore même si ma fille n’est plus, et que de mémoire de cet état, il n’y a que nos enfants pour transfigurer un homme en monstre de rage puisque nous en sommes là.
Ai-je été effaré d’entendre qu’il y a un gars avec sa gamine dans son salon ? Non ! J’ai déjà constaté cette réalité. Je le lui ai soufflé à l’oreille, comme du reste - les joints et les risques qu’il ne connaît que trop bien, Jack Epstein - mais les adolescents n’en font qu’à leur tête. Quand bien même aurait-il réglé cette question avec Ellie, une discussion ne l’empêchera pas de vivre sa vie et ne l’exhortera pas à obéir, à ne pas commettre les bêtises auxquelles les gosses de son âge sont sujets. « Rien de nouveau sous la lune.» La rébellion et l’entêtement à contredire son père, c’est propre aux gosses qui découvrent les joies de l’amour. Toutefois, je sais comme il souffre de voir son bébé grandir. C’est un apprentissage que de regarder son enfant s’envoler du nid. Mais Ellie est jeune encore. Vieux jeu et meurtri par ma propre expérience, j’aurais tendance à penser que c’est trop. « Le meurtre n’est pas une option. C’est suffisant ? » Peu de chance, mais qui sait, peut-être arriverais-je à lui arracher un sourire. « Comment tu l’as appris ?» Pourquoi en est-il aussi sûr ? « C’est le même que l’autre fois ? » me suis-je enquis en stationnement ma voiture à moins de cinq cent mètres de la maison familiale de mon passager. On a vu River Shears - je l’avais oubliée celle-là. J’avais oublié qu’elle était proche de la famille. Elle m’est toujours aussi antipathique - et dans un même temps, le dit Josh - lui non plus, je ne l’aime pas beaucoup - s’enfuir à toutes jambes… par la fenêtre. Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir la poche que Jack a bondi hors de la voiture. Moi, éberlué, j’ai murmuré un « Putain ! » avant de le suivre, de le courser pour le protéger de l’irréparable. Nul doute qu’un gamin va perdre ses dents dans….10, 9, 8….
C’est la merde comme jamais ça l’a été auparavant. Ça avait si bien commencé, pourtant. C’était parti pour être le plus bel après-midi de leur vie… La célébration d’un amour en lequel elle croit, ils croient. Le premier garçon qu’elle « sent » réellement, l’un de ceux qui savent la faire sourire et la rendre heureuse… Alors, bien que ce ne soit pas sa tasse de thé et que ça ne lui ressemble pas aux premiers abords, Ellie est aux anges. Elle se sent aimée, elle se sent appréciée mais elle se sent surtout importante… et ça, ça n’arrive pas souvent puisqu’aujourd’hui, elle n’a pas à s’en persuader… dans ses yeux, elle le sent qu’elle est bien plus qu’un simple coup d’un soir.
River est la première personne qu’elle a pensé à appeler. Jack, c’était hors de question. Ça aurait été trop gênant, puis… pas sûr que ce soit le mieux placé pour lui venir en aide. Non, elle ne l’a même pas envisagé. Elle a aussi pensé à Quinn, la voisine d’à-côté qui s’est montré présente pour elle à de nombreuses reprises… Mais non, il fallait que ce soit River. Parce que River sait garder un secret, parce qu’elle sait s’occuper d’une situation destructrice dans le plus grand des calmes… parce que c’est River, tout simplement.
Les minutes sont passées dans le plus grand des silences. Lui ne sait pas ce qu’il est censé faire, peine à la rassurer… il est plus mal à l’aise qu’autre chose. Elle, elle sèche ses larmes, essaie de se calmer, de relativiser… C’est pas la fin du monde, puis ça veut pas dire qu’elle va finir enceinte, si ? Y a la contraception… C’est le bordel dans sa tête. Les images de drame s’enchainent, elle ne s’est jamais autant sentie sous tension, honteuse de ne pas avoir su gérer une situation à laquelle elle s’est pourtant préparée… Elle a voulu faire les choses bien, au final, ça n’aura servi à rien.
Alors quand River arrive, elle fonce lui ouvrir la porte de sa chambre, lui indique qu’elle est à l’étage alors qu’elle l’observe monter les escaliers, une grosse boule au ventre. Les larmes aux joues, elle ne peut nier son état émotionnel bien qu’elle se soit un peu calmée, convaincue que River saura l’aider… Elle hoche la tête pour lui répondre… C’est tout récent, ça vient d’arriver. Ça ne peut pas déjà être terminé, elle peut bien y faire quelque chose et changer la donne, non ?
River attrape la main de l’adolescente, l’emmène s’installer au bord de son lit encore massacré par les pétales de rose qu’elle évite de regarder… « J’crois qu’il a cru que t’étais Jack, il s’est tiré... putain. » Elle se racle la gorge, la gamine. Elle avale sa salive. Les désillusions s’enchainent. Il a préféré la laisser toute seule dans sa merde… « T’es sûre ? T’es vraiment sûre, River ? Tu me le promets ? » Elle a les mains qui tremblent, Ellie. Elle essuie ses joues humides avec la manche de son t-shirt avant de poser sa tête sur son épaule, le regard perdu dans le vide… Elle a l’impression d’être sur le point de mourir.
« Hein… ? Mais t'es trop intelligente ! » Sa question la surprend, mais elle n’a pas besoin d’en savoir plus pour se redresser presque instantanément et aller se perdre dans la salle de bain près de sa chambre… Elle fait sa petite affaire, Ellie, le téléphone à la main. Elle a l’idée de jeter un œil à cette application qu’elle utilise tous les mois depuis qu’elle a passé l’âge de devenir une femme, depuis qu’elle doit faire attention mais qu’elle ouvre à peine, elle qui n’y pense pas bien souvent et qui a la chance d’avoir un bon rythme. Elle slide, jette un œil au calendrier multicolore qui apparaît à l'écran… puis elle s’exclame depuis les WC. « MAIS C'EST QUOI CETTE CHANCE DE MERDE ?! », prête à exploser son téléphone sur le carrelage... mais elle y tient beaucoup trop.
Lorsqu'Ellie réapparaît dans la chambre à coucher, elle ne pleure pas... elle n'est pas triste, juste totalement déboussolée, malade avec toutes ces hypothèses qui se bousculent dans sa tête. Elle a mal à la tête, elle a le crâne en feu à cause des pleurs. Mais River est là, River va la sauver... L'adolescente l'estime tellement. Elle lui tend le téléphone portable... « Faut... faut vraiment qu'on bouge, faut vraiment que tu m'aides, s'il te plait ? Jack va me tuer. » Et c'est bien la première fois qu'elle s'inquiète des réactions de son père, Ellie, elle qui vit d'habitude au jour le jour sans vraiment lui prêter attention... Mais elle le sait, ça le détruirait autant qu'elle.
fail - chance faible so close - chance moyenne win - chance forte
Dernière édition par Ellie Epstein le Sam 3 Oct 2020 - 23:23, édité 2 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
C'est pathétique qu'il ait attendu aussi longtemps avant d'être un véritable père, une véritable figure d'autorité. Il est ridicule à tourner les pires scénarios possible dans sa tête d'un sens et de l'autre, comme si ça allait régler quoi que ce soit de s'attendre à une situation toujours plus grave que la précédente. C'est comme s'il vivait un crash course en accéléré Epstein, comme s'il apprenait ce que ça devait être et ce que ça faisait, un véritable paternel. Le sien avait mis autant de distance que possible entre lui et ses enfants, résultant en un Jack qui n'avait aucun référent autre que ce qu'il croyait être bon pour sa fille. Et ça, on lui avait prouvé à de nombreuses reprises que ce n'était pas du tout suffisant.
« Rien de nouveau sous la lune. » Amos le calme pas, pas du tout. Amos qui d'habitude trouve toujours les mots - aujourd'hui est ironiquement à sec. Jack lui, il joue avec tout ce qui se trouve à portée de mains. Sa ceinture de sécurité le fait suffoquer, les boutons de la radio ont la vie dure, la fenêtre électrique l'énerve autant lorsqu'elle est ouverte que lorsqu'elle est fermée. Jamais Spring Hill n'avait semblé être aussi loin de Bayside qu'en l'instant. « Le meurtre n’est pas une option. C’est suffisant ? » ahahah, ahah, ah. « Non. » clair, net, sec, et précis. C'est pas la faute de Taylor, mais qu'il prenne le blâme quelques minutes avant que le musicien ne laisse le reste se déverser sur le gars en question est presque une bénédiction. On croirait quasiment que sa rage s'est envolée, dès lors qu'ils finissent par se garer.
« C’est le même que l’autre fois ? » « Quoi?! » le même que qui, que quoi, que comment?!
Ah non, finalement, elle revient en grande pompe, sa colère. Encore plus lorsque l'enfoiré, l'imbécile d'adolescent à la silhouette floue prend les buissons comme une solution. Le sait-il, qu'il vient tout simplement juste de signer son arrêt de mort? Jack ne fait bizarrement pas dans les secondes chances pour l'heure. Les concessions sont loin.
« Putain ! » Amos toujours aussi loquace, la porte de la voiture bat en retraite et l'absence de cardio d'Epstein n'est même plus un sujet qui le dérange. « Toi à gauche, moi à droite. » c'est une chasse à l'homme qu'il lance sans jamais se douter une seule fois que son ami sera le meilleur des alliés. Déjà, ses pas se précipitent dans l'allée.
Bien entendu que ça n’est pas un argument probant. Evidemment qu’il n’arrive pas à l’empêcher de voir rouge et de cogner le gosse qui est, à l’heure actuelle, enfermé dans la chambre de sa gamine. Mais, que pourrais-je lui dire ? Que je comprends, mais que c’est de son âge ? Non ! Il n’est pas prêt pour ça. Je ne l’étais pas non plus quand Sofia avait son âge. Alors, je me tais. Je l’écoute et je n’ouvre la bouche que pour vérifier une hypothèse. Pourquoi se met-il dans cet état, Jack, puisqu’il est supposé être au courant qu’elle a un copain ? Qu’il vient chez elle et qu’ils fument ensemble joints sur joints ? Ellie m’a promis qu’elle lui en parlerait elle-même à son père après que j’ai fait fuir son mec. Force est cependant de constater qu’elle m’a mené en bateau. « Elle devait t’en parler… Elle m’a dit qu’elle le ferait pour pas que je le fasse moi. J’ai choisi de lui faire confiance.» Sous prétexte que j’aurais souhaité qu’on accorde sa chance à ma gosse de prouver qu’elle réalise la conséquence de ses actes. Sauf que c’était une erreur visiblement. « Je suis passé un aprem. Elle était pas seul. Elle était pas clean non plus. » ai-je confessé, profitant d’un feu rouge pour tourner les yeux dans sa direction. Il est à cran et je récupère dans ma poche une cigarette qui a valsé par la fenêtre en même temps que son bon sens une fois arrivé sur Bayside. Le gamin qui investit la demeure se barre par la fenêtre. Il s’extirpait du buisson quand Jack a quitté la voiture en aboyant un ordre à mon intention. L’espace d’un instant, j’ai hésité. Je l’ai regardé courser l’adolescent et je me suis finalement mis en route. Je ne peux pas le laisser s’aventurer dans cette poursuite tout seul. Mon sens de l’amitié me l’interdit alors j’obéis. Je trace ma route à sa suite et je remercie l’intrus que, dans la panique avant sa fuite - sans doute a-t-il flippé par l’intervention de Shears - il n’a pas fermé son ceinturon correctement. Son froc lui est tombé le long des jambes, preuve irréfutable de ses méfaits. Pour son plus grand malheur, il a trébuché, il est tombé et nous avons réduit la distance qui nous séparait. Jack accélère, mu sans doute par la joie que le vent ait tourné et moi, quand je suis arrivé, j’ai rapidement compris que je serais forcé de m’interposer s’il l’attrapait au collet et ça ne rate pas. ça hurle, ça gueule, ça supplie. Je ne sais pas si les coups pleuvent ou, pour être précis, ‘j’ignore où il tombe. Ce que je sais, c’est que si je ne le retiens pas par la taille, il va le tuer. « C’est bon Jack. C’est bon. Là, il est.. pas capable de se relever.» Pas plus qu’il ne l’est de glisser sa main sur son nez pour vérifier s’il saigne ou non ! Il est en hémorragie : je confirme et, tandis qu’il essaie de se relever, je le pointe du doigt. « N’y pense même pas. Tu ne bouges pas. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé la dedans, mais c’est le moment d’assumer. » Epouvanté, il n’a plus osé broncher, sauf pour nous suivre. « On rentre….» C’est non négociable.
River est là pour la sauver, pour l’aider à mettre un pansement sur ces récents bobos qui sont pourtant bien douloureux. Elle n’a pas de limites, Ellie. C’est une petite emmerdeuse, une fouteuse de merde selon certains. Elle n’a pas sa langue dans sa poche, passe son temps à braver les interdits… Et pour une fois qu’elle veut faire les choses de la meilleure des façons, le seigneur décide de la punir ? C’est injuste, c’est complètement démesuré… La petite brune n’a pas l’impression de le mériter. Non, elle mérite bien mieux, bien plus qu’un drame qui risque de détruire toute la vie qu’elle a su se construire depuis son arrivée en Australie.
River est l’une des seules à avoir les mots qui savent la calmer, l’apaiser. Elle la rassure quant à un état, une évolution qui l’effraie. À dix-sept ans, elle est trop jeune pour penser à ces conneries. Elle veut vivre sa vie sans même réfléchir à ce qui lui tombera sur la figure le lendemain, elle veut continuer ses conneries comme elle l’a toujours fait, sans qu’on ne l’en empêche.
L’adolescente a ses yeux noyés dans les siens. Ce que River lui dit devrait lui faire froid dans le dos, l’inquiéter davantage… mais elle la fait se sentir mieux. Rien n’est sûr à 100%, mais elle fera de son mieux pour l’aider… c’est beau, ça lui ressemble… et elle la croit sur parole. Les yeux brillants, Ellie hoche la tête, l’écoute silencieusement, avant de filer aux toilettes pour suivre ses instructions.
Son attention se perd sur son téléphone, sur le calendrier de l’application qu’elle utilise quand elle doute que son corps ne fonctionne pas comme il le faudrait, quand elle s’aperçoit que cette douleur hebdomadaire arrive plus tard qu’elle ne le devrait. Bingo, elle a touché le gros lot… elle est en plein dans la pire des périodes, celle qui l’empêche d’avoir toutes les chances de son côté, celle d’un corps contre lequel elle ne pourra pas lutter. Cette simple vision lui arrache un cri de surprise, mais surtout d’effarement.
Elle passe la porte de sa chambre en brandissant son téléphone en l’air, Ellie, et à cet instant précis, elle compte encore plus sur River pour la sortir de là. « Il va me tuer, River… il va me détruire. » Elle le craint alors qu’elle passe son temps à l’ignorer, à le repousser, à lui cracher dessus sans même qu’il n’ose lui répondre. Elle va le décevoir… et elle n’ose pas imaginer ce que sa mère pourrait penser si elle était toujours parmi eux.
Les bras de la jeune femme s’enlacent autour de son enveloppe frêle. Ce baiser sur son front vient lui donner un peu de cette chaleur dont elle a tant besoin en ce moment plein de solitude.
Elle sent comme une boule dans sa gorge, elle a cette impression d’avoir du mal à respirer. Le mal de crâne, la boule dans le ventre, dans la gorge… elle sent qu’elle va exploser, mais elle tient bon. Blottie contre River, elle la suit jusqu’en bas des escaliers, puis entre dans la cuisine où elle s’installe à table… sur sa chaise favorite, contre le mur. River lui présente son plan, Ellie y pige rien… mais elle l’écoute, l’accepte sans rechigner, elle n’a pas d’autres options. « Mais… ça s’est passé aujourd’hui, River. Elle marchera pas, ta pilule. » Parce que les pilules du lendemain ne fonctionnent que le lendemain… Ellie n’est pas sûre que River ait tout compris, mais elle lui fait confiance. « Et… ton centre, c’est pour faire quoi… pour vérifier que… » Sa lèvre inférieur tremblote à la venue d’un mot qu’elle ne parvient pas à prononcer. Enceinte. Elle ne peut pas l’être, elle ne le sera pas… c’est juste pas possible.
Elle l’observe quand même lui préparer une tasse de thé d’un œil désintéressé, profondément confus… elle a la tête ailleurs, elle n’arrive pas à penser correctement. Cette tasse de thé, elle n’en boit qu’une, deux gorgées après avoir brièvement soufflé dessus. Elle n’a pas le cœur à avaler quoi que ce soit. River le comprend bien, et décide de l’emmener à nouveau à l’étage… sur les lieux du crime, là où tout est arrivé. « J’veux pas que tu m’aides à ranger ma chambre, j’veux que t’ailles chercher quelque chose, un putain de truc pour m’empêcher de devenir la future dévergondée du lycée, River… ? » Non, elle ne montera pas, elle veut s’occuper de la situation dans l’immédiat, se sortir de l’embarras pour pouvoir se remettre à vivre cette vie sans s’empêcher d’avoir à en porter une autre. « J’sais pas… pas maintenant, en tout cas. » River travaille avec Cory, leurs sessions se finissent de plus en plus tard en ce moment… ils ont tout leur temps… c’est ce qu’elle pense.
« Elle devait t’en parler… Elle m’a dit qu’elle le ferait pour pas que je le fasse moi. J’ai choisi de lui faire confiance. » eh ben elle l'a pas fait. Et lui, il réalise au fil des kilomètres qui glissent sous les pneus de la voiture d'Amos ce que c'est, d'être père. Il réalise en retard on en conçoit, lui qui a laissé passer des tas de trucs probablement bien plus pires que ça, qu'un gars à la maison, sans broncher une seule et unique fois. Il croyait que c'était normal, il se disait qu'elle savait faire ses propres choix, se complaisait dans une logique implacable (pour lui) stipulant que plus la gamine était laissée libre dans ses gestes et ses choix, mieux elle apprendrait la vie et ses aléas. « Je suis passé un aprem. Elle était pas seul. Elle était pas clean non plus. » ah ouais non finalement, si ses jointures deviennent blanches en l'instant, c'est parce qu'il réalise à quel point son plan était un plan de merde.
Mais pas autant que le plan du pauvre idiot d'adolescent de raclure de racaille qui file dans le jardin comme si sa vie en dépendait. C'est un peu pas mal le cas finalement, dès que Jack presse le pas et qu'Amos, en excellent allié sans failles se joint à lui. Il ne leur faut qu'à peine une poignée de minutes pour rattraper l'autre qui titube par le collet, et quand Epstein le tire vers l'arrière c'est un sursaut de surprise mêlé à un stress palpable qui guide le reste. Y'en a, des coups. Après une dizaine Jack arrête de les compter, se contentant de compiler chacun des râles et des gémissements de la tête de con qu'il met en cause de tous les maux du monde mais surtout de ceux de sa fille et qui devient de plus en plus cramoisie sous les attaques. Il a pas posé la moindre question, il a demandé aucun fait, ne se contente que d'une mauvaise impression arrivée dix-sept ans trop tard pour justifier les coups et la réflexion qui ne vient que longuement derrière.
« C’est bon Jack. C’est bon. Là, il est.. pas capable de se relever. » de la musique à ses oreilles.
Crachant bien plus de rage qu'autre chose, il se relève le canadien, essuie ses jointures sur le jeans déchiré du gamin qui a fini par dériver par-delà les platebandes de Mrs. Gerrald postée en fourbe à travers les rideaux de sa salle à manger à surveiller le carnage qui a lieu dans son quartier - qui plus est à même ses buissons de bégonias. La classe. « N’y pense même pas. Tu ne bouges pas. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé la dedans, mais c’est le moment d’assumer. » la clope que Jack glisse entre ses lèvres est ornée d'un sourire en coin bien plus mauvais que le gamin pourrait s'y attendre, lui qui est immobilisé dans l'élan par Amos en phase de l'empêcher de fuir. Pour aider au processus, Epstein assène un dernier et ultime coup de pied dans la rotule gauche du pré-pubert qui se tord de douleur à cause de l'impact. Ça devrait le garder de prendre ses jambes à son cou de nouveau.
« On rentre… » le mouvement est initié, et la voix rauque de Jack prend enfin place entre eux trois. « Lui d'abord. » et il le pousse, le fils prodige qui perd le balant par plusieurs fois. Fermant la marche, Jack tire son mégot de clope dans son dos comme dernière attaque aussi immature que satisfaisante avant de passer la porte de la maison le dernier. À la cuisine, Ellie est attablée face à River, du thé fumant entre elles deux. Ses yeux rougis à sa fille, ce sont eux qui lui donnent envie d'éclater la tête de noeud de l'autre con même pas majeur sur le premier comptoir à disposition. Et c'est ce qu'il fait, bien entendu.
La peste m’a mené en bateau et, puisque c’est de son âge, je ne lui en veux pas vraiment. C’est moi que je maudis d’avoir été aussi naïf, de lui avoir alloué ma confiance alors que j’ai été appris lorsque j’étais un jeune père. Combien de fois n’ai-je pas été endormi par Sofia ? Combien de fois n’a-t-elle pas fait des promesses qu’elle n’a jamais tenues ? Combien de fois cette manie a fait enrager sa mère et moi, sourire… lorsque le problème soulevé n’avait rien de grave ? L’est-il aujourd’hui ou est-ce le coeur de père qui souffre de voir son bébé grandir ? Cette sensation aussi, je l’ai expérimentée et je n’arrive pas à me faire à l’idée. Je n’arrive pas à statuer sur ce qu’il y a de justifié et d’irraisonné dans l’attitude de Jack jusqu’à ce que j’aperçoive, en stationnant le véhicule, le mec de sa gamine filer à l’anglaise par la fenêtre. La suite n’a été qu’une succession de décision spontanée de la part de mon partenaire et de réaction mue par la loyauté de ma part. C’est bon que j’ai de l’estime pour lui où jamais je ne me serais engagé sur le terrain de cette petite vendetta. Ses combats ne sont normalement pas les miens, mais ils le deviennent par amitié si je peux aider. Ils le deviennent dès lors qu’il massacre sous mes yeux ébahis le gosse qui se recroqueville sur lui-même, son visage caché par ses bras fermée et ses jambes remontées jusqu’à son torse. Plus Jack cogne, plus il gémit le gosse. Plus il frappe, plus je me demande quand il va s’arrêter. Je soupçonne qu’aveuglé par sa rage, il ne souffrirait sur l’instant d’aucun remord à le tuer. Alors, je m’interpose et je comprends qu’elle est mon rôle. Je comprends pourquoi Jack m’a appelé moi plutôt que tout autre : je lui sers de soupape de sécurité et, à ce jeu, je suis doué quand je ne suis pas directement concerné. Je lui tends une cigarette. Je rappelle l’enfoiré à l’ordre. Il ne bouge plus. Il m’observe d’un regard horrifié. Jack, lui, il sourit, fier de lui, fier que la victime soit prête à pisser dans son froc. Je grogne un proposition qui, pour ce dernier, ressemble à un ordre. Il a du mal à se relever, à soulever sa carcasse endolorie et je ne suis pas réputée par ma patience. Je l’attrape par le cou, il a un mouvement de recul et je lui souffle : «C’est bon ! C’est moi qui frappe, mais si tu te magnes pas, je te promets pas qu’il sera calmé après une cigarette.» La menace agit sur lui comme un moteur. Il se presse quoique je ne le lâche pas. Il est penaud face à une Ellie qui n’en mène pas large. Il baisse la tête et, d’une pression sur les épaules, je l’assois à une table de la cuisine. « River ! » ai-je salué me rappelant ô combien son détachement est agaçant. Je n’ai pas osé demander d’explication. Appuyé contre le mur le plus proche qui se situerait entre la cuisine et la porte de dernière, je veille en soldat, en sentinelle, sans bouger. J’observe et je me tais.
« Tu t’fous de moi, là… ? » Les cours d’éducation sexuelle, elle les a eu peu après qu’elle est arrivée à Brisbane. Elle les passait cachée au fin fond de la classe à utiliser son téléphone et ses écouteurs, tout en se permettant de ricaner de temps en temps, notamment lorsque des mots bien spécifiques étaient utilisés, ou même quand leur professeure se munissait d’une banane pour leur montrer comment utiliser un préservatif… ça la faisait marrer, ça, mais maintenant qu’elle entend River lui énoncer toutes ces choses qu’elle ignorait, ça lui fait mal… elle est presque sur le point de lui dire qu’elle regrette de ne pas avoir écouté en cours, c’est dire… « Attends… parce qu’en plus de ça, y a peut-être aussi moyen que j’ai chopé un truc… ? » Elle entrouvre la bouche avant de baisser les yeux, complètement désemparée. Il y a encore une petite demi-heure, elle vivait sa meilleure vie avec ce garçon qui la rendait heureuse, et voilà qu’on la suspecte d’être bientôt enceinte mais aussi malade… « Nan… c’est pas possible. Il fait attention… j’crois. » Elle croit. Parce qu’avant de se mettre en couple avec elle, il a déjà eu des petites copines, parce qu’elle ne lui a pas non plus demandé l’historique papier de ses aventures amoureuses, ni de ces parties de jambes en l’air qu’ils aiment enchainer, à cet âge-là.
L’adolescente est perdue, tout un tas d’informations fuse dans son cerveau. River est venue pour l’aider mais finit par la mettre encore plus dans l’embarras, elle qui se croyait tirée d’affaire après avoir avalé une foutue pilule… « Aah… arrête, nan, ça m’dégoûte, River… j’veux pas faire ça. » Le dépistage… Elle s’imagine déjà retourner à l’un de ces rendez-vous qu’elle aime sécher et reporter à jamais. Sauf que cette fois-ci, ça parait inévitable… Elle est sur le point de se remettre à pleurer, d’effectuer son record du plus grand nombre de larmes versées en une journée… Mais River la serre dans ses bras, elle lui montre qu’elle est là pour elle, qu’elle n’est pas toute seule… et ça, ça lui fait un bien fou, même si ça ne changera rien à son état émotionnel. Elle a besoin d’elle, et elle est là.
Elle se comporte comme une enfant, la petite Epstein. Elle essuie ses larmes avec le tissu désormais trempé de son t-shirt, laisse s’évader sa tristesse dans les plis de son haut… jusqu’à ce qu’elles se fassent interrompre par la porte d’entrée qui s’ouvre. Au loin, et ce depuis la cuisine, elle aperçoit Josh passer le cadre de la porte dans un état bien différent de celui dans lequel elle l’a quitté, suivi par Jack et Amos… La loose.
Elle les regarde entrer dans la maison pour venir les rejoindre dans la cuisine… silencieuse, elle ne réagit pas, bien trop choquée par la vision qu’ils lui offrent avant de voir Jack faire quelque chose qu’elle ne dirige pas, une nouvelle fois. « Putain, mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait, ces connards ? » Elle avale sa salive en se redressant, presqu’en train de bondir sur le garçon avec qui elle partageait quelque chose de bien spécial une bonne heure plus tôt. Il est là, blessé, carrément bien amoché après avoir reçu une montagne de coups qu’elle devine être ceux de Jack et de son pote.
Ses doigts glissent sur son visage, viennent se mêler à la ligne de sang qui coule de l’une de ses narines. « River… donne un mouchoir, steuplaît. » qu’elle lui demande avant de prendre soin du garçon qui s’est lui barré sans vraiment penser à elle... Elle passe une main dans ses cheveux alors qu’elle essaie d’arrêter le saignement en l’aidant à pencher sa tête en arrière et en lui conseillant de ne pas lâcher ce mouchoir qu’elle lui a collé dans le nez.
Puis son attention se tourne vers les deux connards qui se tiennent dans la cuisine, comme s’ils trouvaient ça normal de tabasser un gamin qui n’a même pas la moitié de leur âge… Elle en veut autant à Amos qu’elle imagine aussi coupable que Jack, mais forcément, c’est lui qu’elle veut insulter. C’est sur lui qu’elle veut cracher sa haine… comme d’habitude. « Toi, ça t’suffit pas de me pourrir la vie, faut qu’en plus tu viennes tabasser mes p’tits copains ? » Elle passe de tristesse à colère en un instant. D’un pas décidé, elle se dirige vers son paternel sur qui elle s’élance, venant donner quelques coups de poings sur sa poitrine qui ne doivent pas avoir grand effet sur lui. Ellie le pousse, cherche à le faire réagir… lui qui est toujours silencieux mais qui ne se gêne pas pour se mêler de ses problèmes quand elle a le dos tourné… comme si elle n’en avait pas assez, il se permet en plus de lui en causer d’avantages. Elle continue de lui donner sa haine, de partager avec eux, avec lui ces mains qui tremblent, ces petites gouttelettes qu’elle ne peut empêcher de couler sur le bord de ses yeux… Elle a trop de problèmes à gérer, et il est trop con pour le comprendre. Les coups cessent, puis elle vient se caler contre lui et utiliser à son tour son t-shirt comme oreiller… pour faire cesser les voix, pour essuyer ces yeux rouges qui lui causent un bon trop gros mal de crâne. Elle comprend pas pourquoi ils s'efforcent tous d'essayer de lui mener la vie dur.