J'y ai passé la nuit. Les nuits, au passage, pas une depuis la dernière semaine n'a été complète tellement je n'y arrivais pas. C'est un casse-tête incroyablement complexe que je gratte du bout des doigts. Mes yeux sont épuisés, ils piquent et ils sautent, rien n'est clair lorsque je tourne page après page, tentant d'arriver à quelque chose de plus que les quelques traductions qui ne suffisent pas à comprendre l'entièreté de la chose.

C'est en latin par moments, en italien à d'autres. Il y a du français aussi et de l'allemand, je jure. Qui mélangent autant de langues sans avoir quelque chose à cacher? Qui juxtapose autant d'indications pour dériver vers un récit d'époque la seconde qui suit? Mes doigts brûlent tant je m'assure de traiter le papier avec autant de délicatesse que possible, incapable de ne voir le tout comme le plus beau - mais aussi et surtout - le plus incompréhensibles des trésors. On m'a dit que ce n'était qu'un papyrus de plus, on m'a dit que ce n'était rien de bien important et qu'au final, je me faisais bien plus de mal que de bien à tenter de comprendre. Mais ce serait me connaître à l'envers que de croire qu'il y a la moindre possibilité que j'abandonne.

Mon bureau est illuminé par les quelques lampes à l'huile éparpillées de ci de là dans la pièce. À l'étage, Seth dort à poing fermé, lui qui a tenté à quelques reprises de se faufiler dans la pièce pour me convaincre de faire de même. Ses baisers et ses murmures à mon oreille n'ont pas suffit, ni même la tasse de thé à la camomille qu'il n'a pas cessée de venir remplir en espérant que les plantes allaient faire leur oeuvre. La lune est bien haute dans le ciel quand je finis par laisser s'échapper un doux, un tout sauf résigné soupir d'entre mes lèvres. Ma silhouette se cale un peu plus dans son siège, mes prunelles ne quittent pas le moindrement les feuilles éparses sur la table de noyer vernis. Encore une minute ou deux et je m'y remets.

Une minute, ou deux, et un craquement de plus. Par la fenêtre entrouverte, j'entends une voix ou ce qui me semble l'être. Une voix bien trop familière pour que ce soit possible, une voix qui ne fait que confirmer que je devrais sûrement aller dormir. Quand je finis par me lever pour aller fermer les carreaux pourtant, aux mots indicibles s'ajoutent une silhouette. C'est impossible, c'est tout sauf réel ; et surtout, c'est lui.

Résonnent encore les détonations et les cris. Le silence n’a plus la même saveur, aujourd’hui. Il est terrifiant. Il me fait penser au moment où on retient notre souffle avant une attaque, il me fait penser au moment où on tire trop près de nous alors que le monde tremble la seconde suivante. Avant, je me targuais de n’avoir peur de rien ni personne. Aujourd’hui, rien ne me terrifie plus que le silence d’un monde qui panse peu à peu ses plaies d’une Guerre qui n’a épargné personne ; la première et la dernière.

La Guerre est finie, pourtant. C’est ce qu’ils ont dit. On a rendu nos armes, on a gagné des étoiles de merdes et des badges et je sais pas quoi, des trucs qui seront à jamais incapables de faire cicatriser nos plaies, celles qui se voient ou les autres. On nous traite en héros, on pleure les morts, et on oublie. Un avion, retour au pays. Nouveau fuseau horaire, nouvelles habitudes que j’ai oublié. Déjà je rêve de pouvoir piloter de nouveau, je rêve de faire quelque chose de mes mains. Je rêve pas de sauver le monde, ça non, j’en ai rien à foutre.

La Guerre est finie depuis un an, en réalité. Je n’ai pas résisté aux recherches menées en Europe, j’ai refusé tous les avions retour, je me suis assis sur des bancs qui étaient réservés aux diplômés et pas aux merdeux dans mon genre ; et pourtant. Mes yeux se sont fatigués sur des inscriptions en tout genre, j’ai attisé la haine de tous les gardiens de musée, moi qui voulait absolument toucher la Pierre de Rosette et tous les autres sarcophages. Voyez le bon côté des choses : mes doigts à moi étaient propres. Là bas j’ai réappris à vivre, aussi. J’ai vu les villes se reconstruire, les familles apprendre à vivre avec la perte de leurs membres. J’ai vu les hommes en faire de même, justement, eux qui avaient perdu des bras et des jambes, des yeux et des oreilles. Dans mon corps d’armée, on perdait tout ou rien. Cette fois-ci, pour moi, ça n’a été rien. Je ne peux pas en dire autant pour mes camarades, ceux qui ont explosé en vol.

On me dit que ce n’est pas le genre d’histoire que les gens aiment entendre, pourtant, que le Monde a besoin d’espoir et d’autres merdes dans le genre. Je grogne, râle, fulmine, et retourne à mes découvertes d’une époque passé. La présente m’ennuie et me consume à petit feu - si je savais ce dont il allait être question, oh, si je le savais. C’est la première fois depuis cinq années que mes pas foulent la terre de l’Australie et c’est avec un naturel déconcertant qu’ils se dirigent vers le musée, vers les bureaux, vers son bureau. Tout semble avoir changé dans la ville mais je me raccroche au fait que mes souvenirs sont sûrement erronés, tout autant que l’est ce silence étrange et cette odeur qui l’est tout autant. Ça sent comme en Europe, et c’est tout sauf une bonne chose. Seul son parfum à elle dénote avec le reste, doucement exacerbé par la proximité avec la lampe à huile. Un sourire étire mon visage lorsque je constate qu’elle ne semble toujours pas avoir brûlé la traduction sur laquelle elle travaille depuis longtemps, si j’en crois l’heure avancée. Je souris parce que les traits de son visage sont les mêmes que dans mes souvenirs, aussi. Anecdotique, vous me direz.

“Ça pue ici.” est la première chose qui me vient à l’esprit dès lors que mon regard croise le sien, mon sourire de merde s’y ajoute peu après alors que ma main, elle, n’a pas cessé de triturer la poche de mon pantalon. “T’aurais pu faire livrer des roses par avion cargo ou écrire mon nom dans le ciel, ça ça aurait été un accueil à la hauteur.” Je hausse les épaules, stupide imbécile qui lui parle à travers la fenêtre, incapable de simplement faire le tour pour entrer dans la même salle qu’elle. J'avais faux sur une chose : elle n'a pas changé, pas du tout.

“Ça pue ici.” et j'éclate de rire, incapable de garder le moindre sérieux en réalisant que c'est lui, qu'il est à ma fenêtre, et qu'autant la situation ne fait aucun sens, autant son sourire et ses insultes ne font que confirmer qu'il est là. Le pourquoi du comment reviendra au flot, les raisons expliquant ceci et cela m'apparaissant presque aussi obsolètes que le reste du monde entier alors que je n'aurais jamais pensé pouvoir le regarder dans les yeux de nouveau. « Ils ont dit que tu étais mort. » ils ont dit qu'il répondrait à mes lettres s'il ne l'était pas. Ils ont dit que le silence doublé des retours à l'envoyeur de mes enveloppes encore cachetées n'auguraient rien, mais alors rien de bon. Ils n'ont pas dit qu'il n'avait aucune adresse fixe et que c'est ainsi qu'ont été triées mes lettres, et ça, personne ne l'a dit non, beaucoup trop occupé à dire tout le reste. Mes mots eux n'en ont rien à faire du suspens, quand à son sourire s'ajoutent mes prunelles qui passent de l'une à l'autre des siennes, tentant de rattraper des parcelles de ce qu'il a vu, aussi horrible que ça puisse être. Ils ont dit qu'il était mort, et pourtant aujourd'hui il est ici.

La Guerre est finie depuis longtemps ; j'ai arrêté de compter les jours et les semaines au bout de deux ans. “T’aurais pu faire livrer des roses par avion cargo ou écrire mon nom dans le ciel, ça ça aurait été un accueil à la hauteur.” j'aurais pu, j'aurais dû. Lorsque mes mains ouvrent la fenêtre un peu plus grande et que mes doigts s'ancrent à sa veste, c'est ce que je dois et ce que je peux faire qui suffisent à justifier un « Entre. » beaucoup trop soufflé, beaucoup trop doux pour montrer à quel point je suis catégorique.

« Les roses puent encore plus que l'huile. C'est la pivoine, le meilleur choix. » un argument comme un autre. Du menton, je pointe la lampe qui orne ma table de travail, et les autres éparpillées partout dans la pièce. Leurs flammes forment des angles exagérés aux murs, dessinent sur les rebords de mes bibliothèques et sur la couverture de mes livres autant de secrets et de toiles aux formes mystérieuses qu'indicibles. Il sent la fumée et le tabac, je sens les fleurs et l'encre, celle qui barbouille mes doigts pour avoir trop transcrit sans arriver à la moindre réponse. Des réponses j'en ai besoin de beaucoup en l'instant. Celles que je cherchais avant oubliées au profit de celles que je veux maintenant.

De ses iris, les miens finissent par dériver jusqu'au haut de sa tête, un sourire de plus qui orne mes lèvres avant de lui faire part de mes réflexions d'ingénue, de gamine encore éternellement sous le choc de ce que son apparition signifie. « Tu as grandi. » depuis la dernière fois. Depuis les adieux, depuis qu'il est parti, depuis que mes doigts ont pu toucher les siens. C'est ce qu'ils font, là, d'ailleurs, l'empêchant de les triturer dans sa poche pour les enlacer avec le plus de délicatesse possible des miens. « C'est drôle, parfois je regardais le ciel en me demandant si c'était toi, qui allait écrire le mien. » par-dessus mon épaule, les parchemins et autres papyrus prennent toute la place sur la table. S'il les voit, je sais qu'il s'amusera à extrapoler, à parler de ce qu'il sait, à l'inventer s'il le faut. Du moins, l'Auden d'avant l'aurait fait sans le moindre doute. L'Auden d'avant me manque. Celui d'aujourd'hui m'intrigue.



WIN : les passages qu'elle n'a pas encore traduits sont faciles à traduire pour lui
SO CLOSE : les passages qu'elle n'a pas encore traduits sont faciles à traduire pour lui - mais ce qu'il arrive à traduire ne fait aucun sens
FAIL : les passages qu'elle n'a pas encore traduits sont faciles à traduire pour lui - c'est ce que son égo dit, mais la vérité est qu'il ne traduit pas la bonne chose

Son rire me fait sourire. Les habitudes ont la peau dure, que voulez-vous. Cinq années loin de l’autre et une Guerre ne suffisent pas à nous changer ; je doute que même la fin du monde tel que nous le connaissons en soit capable. « Ils ont dit que tu étais mort. » J’aurais voulu qu’il ne ternisse pas face à ces mots là mais la mort est devenu un sujet bien trop présent dans mon quotidien pour que je puisse continuer à agir comme si elle n’existait pas. “D’autres l’ont été à ma place.” Je coupe court à cette discussion ci en haussant les épaules. Elle n’a pas besoin d’entendre les détails pour me croire, surtout que cette fois-ci elle peut se douter que rien de ce que j’aurais à lui conter ne sortirait de mon imagination. Je ne peux plus imaginer le pire, pas après l’avoir simplement vécu. « Entre. » On s’entend sur ça au moins et je n'émets aucune objection, faisant le tour du bureau pour passer le pas de la porte, déterminé. La pièce sent un peu plus son odeur encore, au milieu des vieux livres et autres reliques centenaires.

« Les roses puent encore plus que l'huile. C'est la pivoine, le meilleur choix. » “J’y penserai, la prochaine fois que j’irai à la Guerre.”

Elle n’a plus l’air d’une enfant, aujourd’hui. On pourrait presque enfin croire qu’on a le même âge, finalement. Heureusement, je serai toujours là pour préciser que je reste son aîné. De dix jours, certes, mais de dix jours non négligeables. « Tu as grandi. » Posé au centre de la pièce, mon regard s’est abaissé sur le sien autant que ses yeux sont remontés dans les miens. J’ai changé, oui, mais j’imagine qu’il est plus simple de pointer ma taille plutôt que les cicatrices nouvelles. « C'est drôle, parfois je regardais le ciel en me demandant si c'était toi, qui allait écrire le mien. » “Ils ont rajouté une règle à la tout fin de mon contrat qui disait “Auden si t’essayes de dessiner des trucs dans le ciel on te fait la peau”.” J’ai un sourire en coin, amusé, bien plus apte à transformer la réalité selon mes désirs plutôt qu’à lui conter telle qu’elle était. Ce n’est qu’une raison parmi beaucoup pour lesquelles je ne suis pas revenu au pays sitôt la Guerre terminée.

Mes doigts décrochent les siens de ma veste qu’elle tient toujours dans sa paume, mes pupilles s’attardent sur les tâches d’encre au bout de ses phalanges et je ne sais même pas pourquoi je fronce à peine les sourcils d’étonnement. Bien sûr qu’elle est en train de travailler ; quoi d’autre ? Mon regard balaye la pièce puis son bureau alors que je la laisse derrière une fois de plus pour venir m’asseoir sur sa chaise. Je jette un regard intrigué sur les traductions et leur original, pince ma lèvre comme ultime signe de concentration. “T’as encore pris les dernières traductions disponibles, c’est ça ? Celles qui parlent d’une vieille, qui ... mouais, pas top sa vie.” J’articule en même temps que mes yeux balayent la feuille, la traduisent en même temps. Le processus est lent, je n’ai le temps que de traduire grossièrement alors que je ne pose rien à l’écrit encore. Ses notes à elles sont raturées par mille fois, je reprends donc son même stylo à encre pour me tâcher le bout des doigts et reprendre son travail, mot à mot. “Attends …” Mes lèvres s’activent sans qu’aucun son n’en sorte, je relis les mêmes hiéroglyphes encore et encore, fronce les sourcils, lève les yeux au ciel pour repenser à d’autres traductions similaires. Mes yeux remontent finalement dans les siens, intrigués. “Ca provient d’un des sarcophages ? Tu es dans l’équipe qui les a ouverts ?” Ce serait mentir que de dire que cet événement n’avait pas précipité mon retour au pays mais jamais je n’aurais cru la brune si proche de cette équipe, de ce moment historique non plus.

WIN : ils entendent quelqu'un crier en fond, mais ça ressemble quand même beaucoup au bruit du vent ; ils l'ignorent donc et continuent la traduction.
SO CLOSE : auden note frénétiquement ce qu'il arrive à traduire avant de s'arrêter dans sa lancée, intrigué par ce qui semble être un cri. trop fier pour la laisser croire qu'il en a eu peur, il croise seulement son regard.
FAIL : il n'a pas le temps d'avancer la partie intrigante de la traduction qu'un cri sans équivoque se fait entendre. puisqu'il n'a pas encore pour référence aucun film d'horreur, il se lève dans l'optique d'aller voir par lui même ce qu'il se passe.

La nostalgie n'a pas sa place ici, pas quand il revient de ce qui m'apparaît être un autre monde à voir à quel point il a changé. Il a changé, mais il reste toujours lui-même au fond. Il reste Auden le voisin à qui je lançais des cailloux à sa fenêtre pour qu'il vienne me rejoindre dehors en pleine nuit malgré nos couvre-feu de gamins. Il reste Auden avec qui je passais des heures à creuser la terre en bordure de la rivière derrière nos maisons à la recherche de trésors qu'on ne trouvait jamais, moments qui restent tout de même parmi mes meilleurs souvenirs d'enfance. Il reste Auden qui est la cause de presque toutes mes cicatrices aux genoux et aux coudes, nos courses poursuites de bambins qui n'ont jamais fini malgré les années et les cursus universitaires qu'on a toujours suivis l'un en ligne parallèle de l'autre. Aujourd'hui, c'est lui qui a plus de cicatrices que moi.  

“Ils ont rajouté une règle à la tout fin de mon contrat qui disait “Auden si t’essayes de dessiner des trucs dans le ciel on te fait la peau”.”
« Des hommes vifs d'esprit. »

Je pouffe, avant d'inspirer de plus belle sa présence ici. C'est iréel et pourtant, je m'y accommode de mieux en mieux, surtout lorsque nos habitudes d'avant rejoignent notre maintenant. “T’as encore pris les dernières traductions disponibles, c’est ça ? Celles qui parlent d’une vieille, qui ... mouais, pas top sa vie.” il s'installe dans le siège de cuir capitonné, je me hisse sur mon bureau, les papiers derrière et autres tasses de thé sont repoussés de la paume alors que mon attention entière est rivée sur lui. « Te moque pas, aide-moi à la place. » il est probablement l'un des seuls qui à l'époque arrivait à lire aussi vite et aussi bien que moi les différents documents à traduire en faculté de lettres. Mes bouquins d'anthropologie et de théologie n'ont jamais été faciles sur la lecture à première vue, on l'a appris à la dure.

“Attends …” ses sourcils se froncent, les miens se haussent. On a des dizaines de miliers de choses à se raconter alors qu'il apparaît de nulle part, pourtant c'est sur l'histoire de la vieille dame qu'on jette notre entier et complet dévolu. “Ca provient d’un des sarcophages ? Tu es dans l’équipe qui les a ouverts ?” « Oui. » des années, qu'il est parti. Des années où j'ai fini par graduer, rejoindre la faculté de recherche de l'université, adjoindre mes connaissances à une équipe d'historiens en annexe. Fais mes classes, rejoins une autre brigade, esquissé une détour comme maître de conférence, postée désormais à la tête de l'équipe d'érudits grattant les différents artefacts religieux d'une autre vie. La dernière recherche en date nous a tous cloué le bec, bien évidemment. « C'était pas prévu, on allait pas là du tout pour ça, et quand Seth a trouvé le - » Seth qui lui-même dirige les archéologues de terrain, Seth qui était au front lorsque le sarcophage qui devrait le plus intéresser Auden a été exhumé. Seth qui - « T'as entendu ça? »

Dehors, un cri. Je sais à la seconde où mes prunelles s'accrochent à celles d'Auden que oui, il a entendu, et que oui, il se demande tout comme moi de quoi il s'agit. « Je crois que ça venait du jardin. » simple, net et précis. Quand je quitte le bureau pour m'y rendre, je n'hésite pas une seule seconde à lui faire signe de me suivre. La nuit est fraîche mais ma veste restera à l'intérieur. Bien trop occupée, une fois sur le palier, à laisser mes prunelles parcourir le dit jardin à la recherche de quelque signe que ce soit. Oui, la brise se lève et oui, les branches craquent, les feuilles chantent. Mais qu'est-ce que je vois, là?


WIN : l'un repère une silhouette qui se faufile entre les buissons en fleurs et a le temps de la rattraper, l'autre voit le feu qui vient de démarrer au bureau et a le temps d'y rentrer pour récupérer les papyrus en vitesse
SO CLOSE : l'un repère une silhouette qui se faufile entre les buissons en fleurs et a le temps de la rattraper, PERSONNE ne voit le feu qui vient de démarrer au bureau et ne peut donc pas aller récupérer les papyrus en vitesse
FAIL : PERSONNE ne repère la silhouette qui se faufile entre les buissons en fleurs et PERSONNE ne voit le feu qui vient de démarrer au bureau #oopsie

Je savais bien que j’aurais dû m’atteler à traduire la fin du texte, sans aucun doute infiniment plus intéressante que le début. Je savais bien que tout ceci ne présageait rien de bon et que j’aurais dû m’en tenir à ce qui m’intéressait et m’intriguait le plus, bien au delà de ce fichu cri qui aurait pu être causé par une infinité de choses différentes. Ce n’est sûrement pas de notre ressort, de toute façon. « C'était pas prévu, on allait pas là du tout pour ça, et quand Seth a trouvé le - » Il a fallu d’un bruit pour que je pense à autre chose, mais pas pour que je passe à côté du ton avec lequel elle a parlé de ce Seth, prénom qui ressemble étrangement à ce gosse avec lequel on a grandi. « T'as entendu ça? » “On aurait dit un cri.” Le vent, je voulais dire que c’était le vent. Je voulais lui mentir les yeux dans les yeux sans sourciller ; ça aurait dû être facile, routinier. Pourquoi je n’ai pas dit que c’était le vent ?

Puisque je n’arrive pas à mentir alors au moins je la suis dehors pour avoir le coeur net sur la source de ce bruit, lequel reste non identifié tant qu’on n’a aucune preuve. La ville est paisible, personne n’aurait aucune raison de crier, ici. A part s’il a vu un serpent et, dans ce cas là, alors il serait effectivement dans son droit le plus primaire. Les serpents sont une raison suffisante pour bien des choses. « Je crois que ça venait du jardin. » Elle s’y engouffre la première mais je ne résiste pas une seule seconde avant de lui emboîter le pas, la suivant dans un monde qui a infiniment changé.

A l’extérieur, le monde semble différent mais c’est sûrement parce que j’ai perdu l’habitude d’autant pouvoir sentir le sel de l’Océan. C’est parce que j’ai perdu l’habitude d’être sur un si petit continent, une si grande île. J’ai perdu l’habitude de tout, même du silence pesant, de la lune qui n’éclaire pas autant qu’elle le devrait. Les nuages la cachent et moi, je n’en ai rien à faire de savoir qui hurle à la mort ou même pourquoi. Comme guidé par une force supérieure (quand bien même personne ne peut m’être supérieur), je me retourne vers la brune et devient le premier à parler. “Je veux que tu m’épouses.” C’était supposé être une question, j’imagine ? Je n’ai pas le temps pour faire semblant de croire qu’elle n’en a pas envie elle aussi et que mon retour au pays n’est pas une raison suffisante pour enfin lui passer la bague au doigt. En attendant, mes lèvres, elles, repoussent un peu plus sa réponse alors que je viens l’embrasser, plus délicatement encore que lorsqu’on jouait aux amoureux, enfants.


WIN : Ginny n'a pas le temps de répondre, elle est la première à se rendre compte que le bureau brûle.
SO CLOSE : Auden ne lui laisse pas le temps de répondre : alors qu'il se rend compte que le bureau brûle, il entre aussitôt à l'intérieur pour tenter de sauver ce qui peut encore l'être
FAIL : Ouais nan tout va bien, le bureau brûle et le monde se meurt mais oklm elle peut répondre à sa demande en mariage

C'était un cri, pour sûr que c'était un cri. Il le sait autant que moi, et de l'entendre le dire aussi facilement aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais elles sont trop nombreuses les années qui nous ont séparés. Si à l'époque j'avais pu prédire chacun de ses mots et dire la même de ses réactions, aujourd'hui le tout me semble encore si nébuleux que je préfère me raccrocher aux détails, aux différents éléments de surface auxquels je n'ai pas besoin d'ajouter des questions de plus. Où était-il, durant toutes les années qui ont suivi la guerre? Aurait-il tenté de me retrouver, si je n'habitais pas encore dans la même maison qui m'avait jadis vue grandir avec lui en aparté, toujours?

Dehors la nuit est bel et bien entamée, plus proche du lever du soleil que de son coucher. Dans la pénombre, il y a bel et bien quelque chose qui nous fixe, qui s'est posté par-delà les arbres et les fleurs. Ses yeux percent l'obscurité, ils sont vissés d'abord sur moi, puis sur Auden. Ils reviennent se poster sur ma silhouette dès l'instant où je fais un pas de plus sur le palier, alors que rien mais alors rien de ce qui se trame du côté de l'intrus ne fait d'importance tant je ne le vois pas. Mon souffle s'est stoppé dans l'élan, et c'est entièrement la faute d'Auden.

“Je veux que tu m’épouses.” ses mots ne font aucun sens autant qu'ils sonnent comme une évidence lorsqu'il les articule. Il les avance avec tant de confiance que j'en suis bouche-bée, bloquée dans un coup d'oeil qui n'arrive pas à cerner d'où sort la question autant que d'où il sort lui-même. J'ai tant de choses à dire, j'en ai des dizaines de milliers d'infinité de mots qui remontent contre ma gorgée, se bousculent sur ma langue, brûlent mes lèvres. Des mots comme des secrets, des confessions que je n'assume pas avoir en l'instant, une infinité et plus encore à dévoiler sans le moindre filtre lorsqu'il bloque tout en hissant mon visage au sien le temps d'un baiser, un seul. Il cesse le flot de mes pensées et il cesse le rythme de ma respiration. Mes bras restés las de chaque côté de ma silhouette retrouvent un peu de vigueur lorsque mes paumes glissent sur son torse, remontant jusqu'à ses épaules sans savoir si je désire le rapprocher de moi, ou l'éloigner. Je l'aime autant que je le déteste en l'instant. Il mélange toutes les cartes et je maudis son effet de surprise comme je maudis les années où il n'était pas là, où ma vie est restée en suspens en attendant avec autant d'improbabilité que possible cette question-là. Où à un moment, elle a dû se remettre en marche, un coeur brisé au passage.

C'est l'odeur de souffre mélangée à celle de fumée bien plus forte que lorsqu'on alignait les cigarettes en jeunes adultes rebelles qu'on pouvait être jadis qui agissent à titre de signal d'alarme. Quand il se dégage pour filer à l'intérieur, mes pas se précipitent derrière les siens sans le moindre doute, un « Auden fais attention, je veux pas te perdre une seconde fois! » qui s'extirpe de ma bouche au même moment où j'y plaque ma main, horrifiée de la véracité des propos, la terreur au ventre. Lui, il est déjà passé par la porte, il est déjà noyé par les flammes.



WIN : Seth est arrivé en panique, il a éteint le feu à grande chaudière d'eau - et a ainsi noyé tous les documents susceptibles de les aider... ne reste qu'un bout de papyrus que Ginny attrape rapidement, là où sont inscrites des indications les menant à la marina de la ville
SO CLOSE : Seth est arrivé en panique, il tente encore d'éteindre le feu à grande chaudière d'eau mais les flammes n'ont pas dit leur dernier mot et le papyrus est en danger
FAIL : Seth dort encore comme un bébé, le bureau est une catastrophe brûlée et les lampes à l'huile sont les fautives - elles sont aussi éclatées au sol, suggérant que quelque chose ou quelqu'un est passé ici pour mettre volontairement le feu

C’était stupide de vouloir retourner à l’intérieur quand bien même les flammes étaient déjà immenses et la fumée infiniment épaisse. Je me protège la bouche de ma chemise sans que cela ne soit réellement utile ; mes yeux déjà brûlés à cause de la toxicité de l’endroit et de tout un tas d’autre chose. Pour peu, cela me rappelerait le gaz moutarde. « Auden fais attention, je veux pas te perdre une seconde fois! » Ses paroles semblent provenir d’un monde parallèle tellement elle m’apparaît déjà loin et inaccessible, ma demande en mariage déjà derrière nous. Si elle n’a pas eu le temps de répondre alors ça devrait compter comme un “oui”, n’est ce pas ?

Les lampes sont éclatées au sol, le verre craque sous mes pieds et des parchemins je n’en vois plus que les cendres calcinées, souvenirs oubliés d’un monde qui l’est tout autant. J’avance une main pour me repérer au milieu du brasier sans jamais me soucier de mes ongles qui me brûlent ou de ma peau qui semble se décoller d’elle même tant la chaleur est importante. Au bout d’un certain temps, pourtant, je ne peux pas me résoudre à me battre contre un feu si intense et sors du bureau alors que les poutres commencent à montrer des signes de faiblesse. Je rage de ne rien avoir pu sauver, pas même le trésor inestimable sur lequel elle était en train de travailler.

Une fois de nouveau à l’air libre je profite de sa fraîcheur et retient mes mains rouges sur mes genoux pour tousser toute la fumée que j’avais déjà respiré. Mon corps se plie en deux alors que dans ma tête s’alignent les différents scénarios selon lesquels j’aurais pu réussir à sauver quelque chose. Si je n’avais pas littéralement été aveuglé par mes sentiments pour elle, alors je serais rentré plus tôt et j’aurais pu être utile. C’était stupide, si stupide. A tel point que je viens placer mes mains autour de ses bras sans aucune délicatesse et la secoue à peine pour gagner son attention pleine et entière. “T’as travaillé dessus pendant des heures Ginny, souviens toi de ce qui était écrit dessus !” Elle a essayé, elle a essayé encore. J’ai vu les ratures, j’ai vu les essais et les ratés. Elle doit se souvenir.


WIN : Gin aka la meilleure wifey du monde se souvient effectivement de ce qu'il y avait écrit.
SO CLOSE : Gin aka la seconde meilleure wifey du monde (derrière Lily) se souvient de quelques bribes mais heureusement Auden est le meilleur husby et arrive à combler les manques
FAIL : Non, ils sont un duo à chier. Elle n'arrive pas à se souvenir de rien et lui n'a que le début de sa traduction en mémoire, inutile.

Il part et il ne revient pas. Il ne revient pas la minute d'après ni la suivante, à tel point que c'est moi maintenant qui se précipite par la porte d'entrée. Le brouillard est aussi diffus que la fumée me pique la gorge, les yeux, le corps en entier. À l’étage, la lumière de la chambre est toujours fermée, rien ni personne n’a bougé sauf nous deux au rez-de-chaussée. Il n’est nulle part, et sa silhouette est partout l’instant d’après, alors qu’il retourne à l’extérieur et que mes pas le suivent sans perdre une seule seconde.

Ses mains sont bouillantes, sa peau l’est toute autant, alors que je l’entraîne là où le vent est le plus frais, là où il n’y a aucun arbre qui bloquera sa respiration. De la cendre dans ses cheveux que je dégage de mes doigts empressés, la même sur ses joues que je m’attèle à retirer du bout de ma chemise, la tachant au passage sans jamais m’en vouloir une seule fois. Ce n’est que lorsque ses paumes s’enserrent à mes bras et qu’il me rappelle à l’ordre d’un soubresaut et d’un autre que je retrouve ses prunelles des miennes l’un aussi paniqué que l’autre.

“T’as travaillé dessus pendant des heures Ginny, souviens toi de ce qui était écrit dessus !” le papyrus, c’est vrai, c’est ça qu’il y avait à l’intérieur et c’est ça qu’il allait sauver et c’est ça auquel je devrais penser. Pas à la possibilité que sa chair soit noircie par le feu, pas non plus à la silhouette qui a lâché un cri, silhouette et cri que j’ignore désormais. « Ça parlait, ça parlait d’une âme qui erre dans les rues, d’une âme qui est maudite et qui apparemment amènerait avec elle tout un tas de - de malédictions. » je pouffe de rire, voyant de la cendre entre ses sourcils qui lui donne l’air d’en avoir un seul et non deux, me hissant à sa hauteur pour le nettoyer du bout du pouce. « Qu’à l’aide d’une incantation on arriverait à lui permettre de retrouver la paix, à elle, à son âme, et à la ville et Auden ce sont que des histoires et des légendes, je vois pas pourquoi on- »

Pourquoi on y accorde autant d’importance.
Pourquoi j’ai autant un mauvais pressentiment.
Pourquoi le papyrus semble être plus important que le reste.
Pourquoi Seth - oh Seth, j’avais oublié Seth! - apparaît derrière Auden non plus.
Et pourquoi d’un coup, sec, il s’attaque à l’arrière de son crâne le laissant pour inconscient au sol, à mes pieds.
L'instant d’après, c’est à mon tour, c'est moi qui perd le fil quand tout est noir, totalement noir désormais.





WIN : assommés, les voilà qui se réveillent tous les deux dans la cale d'un bateau, là où tout sent le fer et d'où ils entendent des voix résonner de l'autre côté de la porte de la cabine. « Ils vont nous traduire le reste, ils n'ont pas le choix! »
SO CLOSE : assommés, les voilà qui se réveillent tous les deux dans la cale d'un bateau, tout sent le fer, la porte est verrouillée et ils ignorent complètement où ils sont.
FAIL : assommés, on les transporte dans la cale d'un bateau, il est le seul qui se réveille alors que ginny est encore inconsciente